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TOMBEAU DU DUC FRANCOIS II.

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François II. Maison de Montfort. Duc de Bretagne du 26 décembre 1458 au 9 septembre 1488. Né le 23 juin 1433 au château de Clisson. Fils de Richard d'Etampes et de Marguerite d'Orléans. Marié à Marguerite de Bretagne et à Marguerite de Foix-Navarre. Décédé le 9 septembre 1488 à Couëron. Il s'agit du père de la duchesse Anne de Bretagne. Enterré à Notre-Dame des Carmes de Nantes.

LE TOMBEAU DE FRANÇOIS II.

Sur le marbre couchés, le Duc et sa compagne 

Semblent dormir en paix et respirer encore 

Et leur fier lévrier, au collier bouclé d'or, 

Veille à leurs pieds, portant l'écusson de Bretagne. 

Autour du lit ducal, saint Louis, Charlemagne, 

Apôtres et Vertus, descendus du Thabor, 

Protègent le dernier souverain de l'Armor, 

Et lui gardent sa place à la sainte montagne. 

0 sculpteur ! ton ciseau cher à nos coeurs bretons 

En dentelant la pierre anima ses festons : 

De l'immortalité ton oeuvre a l'assurance ; 

A tes noms empruntant une double beauté, 

De la blanche colombe elle a pris l'élégance 

Et du grand saint Michel l'austère majesté. 

R. KERVILER. 

Le sonnet de M. Kerviler n'est qu'une note, mais une note singulièrement juste dans le concert de louanges qui s'élève depuis tant d'années autour de ce chef-d'oeuvre. S'il fallait citer toutes les notices, tous les écrivains qui ont parlé du tombeau de notre dernier Duc, ce travail de bibliographie demanderait de bien longues pages. Le monument de François II est donc trop connu pour que nous ayons la présomption d'en donner ici une nouvelle étude. J'estime du reste qu'il est malaisé de dire en prose tout l'enthousiasme et le sentiment de profonde admiration qu'inspire cette radieuse merveille. Bornons-nous donc à donner par ordre quelques documents, les uns inédits, les autres peu connus.

Tombeau du duc de Bretagne, François II 

Le tombeau de François II a été commencé en 1502 et achevé en 1507. Une lettre de Jean Perréal au secrétaire Marguerite d'Autriche, publiée par Bin Fillon (Poitou et Saintonge, p. 10), contient le curieux passage que voici : « Monseigneur, je vous ay envoyé le patron de la sépulture du duc de Bretaigne tout ainsy qu'elle est faite, sans y adjouter ni diminuer. Les Vertus on VI pieds de hault, les gisants VI et demy. Ledit patron j'ay fait juste : j'ay été toujours quand on le faisait ou le plus du temps. Je l'ay posé en son lieu, comme autrefois vous ay conté. Quand au marbre on l'a fet venir de Gènes. Michel Coulombe besongnait au mois et avait pour mois 20 ecuz l'espace de sinc ans ; il y avait deux tailleurs de maçonnerie antique italiens qui avaient chacun 8 écus pour mois, l'espace de sinc ans. Il y avait deux compagnons tailleurs d'images soubz Michel Coulombe, qui avait chacun 8 écus pour mois. On paiait tous fers asserés, tous outilz. Finalement la chose a esté si bien achevée que je l'ay posée au lieu désiré par la dite dame (Anne de Bretagne) et cousta à poser, tant pour faire la voute, pour mettre les corps que pour les engins, pour l'enrichir d'un peu d'or, la somme de 560 livres, car j'en ai tenu le compte »

Ainsi Jean Perréal, peintre ordinaire du roi Louis XII,flut chargé du plan et de la direction des travaux ; Michel Colombe, aidé de deux élèves, Guillaume Regnaud, son neveu, et Jean de Chartres, exécuta les figures et les statues. L'ornementation fut confiée à deux artistes italiens, que B. Fillon croit être Domenico et Bernardino de Mantoue, qui seraient venus en France à la suite de l'expédition de Louis XIII dans le Milanais. 

J'ai trouvé au cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale le fac-simile d'un tableau encadré de noir avec deux moulures jaune d'or, jadis placé « contre la muraille dans l'église des Carmes de Nantes, au côté gauche de la tombe de François II duc de Bretaigne ». Sur ce tableau est peinte l'inscription suivante : François 2 duc de Bretagne et Marguerite de Bretagne sa première épouse ayant été sept ans ensemble sans avoir d'enfonts, firent voeu de donner à N. D. des Carmes de Nantes, si par son intercession ils avaient un fils, son pesant d'or, ce qu'ils exécutèrent le 27  d'août 1463, comme il est porté par l'article du dit même jour devant Dubois, Trésorier, la Duchesse ayant obtenu par l'intercession de cette Vierge un fils qui fist nommé comte de Montfort et mourut jeune un peu auparavant la Duchesse sa mère. Le Duc retira le dit trésor avec les autres joyaux qui restaient dans ce couvent à la valeur de 30 marcs d'or, pour s'ayder contre ses ennemis, comme il est porté par le contrat du 19 avril 1488

Le tombeau de notre dernier Duc n'attendit pas pour être violé les sombres jours de la Révolution. En 1727, sur la demande du Procureur syndic, du maire et des échevins de la ville, on procéda brutalement à l'ouverture du tombeau. Un extrait des registres du greffe de Nantes nous donne sur ce fait les indications suivantes : L'an 1727, la jeudi 16 d'octobre, entre midy et une heure, Nous Gérard Mellier, nous sommes transportés avec notre greffier dans le choeur de l'église des Carmes et fay venir devant nous les ouvriers par nous nommés d'office ..... (Suit la description extérieure du tombeau et de la balustrade qui l'entourait) .... Entre laquelle balustrade a été trouvée, sur du vélin, l'inscription suivante : Le corps du duc François II et des deux duchesses Marguerite de Bretagne et Marguerite de Foix ses épouses, avec le cœur d'Anne de Bretagne, héritière Duchesse de Bretagne, fille du duc et de Marguerite de Foix, et deux fois Reine de Bretagne, gisent sous ce royal et magnifique tombeau que cette Reine fit construire à la mémoire du très haut et très magnanime prince et duc de Bretagne, François II son père, par l'art et l'industrie de M. Michel Colombs, premier sculpteur de son siècle, originaire de l'évéché de Léon. Et au surplus le dit tombeau est en face du grand autel dont il est éloigné de 17 pieds, et le dit tombeau est isolé dans le chœur de la dite église. Et ayant fait l'ouverture de la pierre tombale qui a 4 pieds 10 pouces de large sur 3 pieds 10 pouces, nous avons fait entrer dans ledit tombeau un des ouvrier. Et l'ouverture du dit caveau ayant été faite assez grande pour y descendre, avons vu, par la dite ouverture, trois grands cercueils de plomb. Celui du milieu est parsemé d'hermines en relief. Vers la tête et au côté droit est une inscription où est écrit ce qui suit en caractères gothiques :  Cy dedans gist le corps du Duc François second de ce nom, lequel régna trente ans, Duc de Bretagne, puis trépassa à Couaron, le neuf septembre l'an 1488, et fust céans ensépulturé. Au bout dudit cercueil, à la tête, est un écu des armes de Bretagne en relief, sur une table de plomb, avec une couronne au-dessus »

Sans nous arrêter à cet acte brutal de vandalisme, à cette violation de sépulture par voie administrative, remarquons le passage de ce texte qui nous donne l'ancienne physionomie du mausolée tel qu'il était en sortant des mains de Michel Colombe. Dressé dans la partie la plus élevée du sanctuaire, bien éclairé par les verrières du choeur qui projetaient leur jour doré sur ses blanches statues, le monument de notre dernier duc devait avoir une merveilleuse beauté qu'il nous est difficile de retrouver aujourd'hui. Placé maintenant de plain-pied dans un des côtés sombres de la cathédrale, il n'est plus au point voulu par les maîtres qui l'ont exécuté. De plus, on la entouré d'une grosse grille de fer qui sert de vestiaire aux fidèles pendant les offices ; c'est à travers une haie de parapluies, de manteaux et de chapeaux que l'on entrevoit les idéales figures du chef-d'oeuvre de notre Renaissance !. 

A la Révolution, le 17 février 1792, l'église des Carmes ayant été vendue nationalement, les sieurs Crucy, architecte, Lamarie, sculpteur, et Recommencé, sous-ingénieur du département, furent chargés de diriger la démolition du tombeau ducal et de le faire reconstruire dans la chapelle Saint-Claire de l'église cathédrale. Mais, dès le mois suivant, nous voyons, par les registres du Directoire du département, que ce projet de reconstruction fut abandonné. Les précieuses statues du tombeau des Carmes furent heureusement sauvées par M. Crucy. 

Après la Révolution, un autre danger vint les menacer. Sous l'Empire, on eut le dessein bizarre d'utiliser les quatre figures du tombeau pour les placer à la base d'une colonne élevée à la mémoire des braves ! La Tempérance, la Sagesse ont sans doute paru hors de place dans cet agencement, et une lettre de Lucien Bonaparte, datée du 22 thermidor an VIII, notifie au préfet de Nantes l'abandon de ce malencontreux projet. Sous le règne de Louis XVIII, on restaura enfin l'admirable tombeau de François II, tel que nous le voyons aujourd'hui (P. de Lisle du Dréneuc).

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