Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

TOMBEAU DU DUC JEAN III.

  Retour page d'accueil       Retour " Tombeaux des ducs de Bretagne "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Jean III, dit le Bon. Maison capétienne de Dreux. Duc de Bretagne de 1312 à 1341. Né le 8 mars 1285 à Châteauceaux. Fils d'Arthur II de Bretagne et de Marie de Limoges. Marié à Isabelle de Valois (1292-1309), à Isabelle de Castille (1283-1328) et à Jeanne de Savoie (1310-décédée en 1344). Décédé le 30 avril 1341 à Caen. Enterré dans l'église de Ploërmel.

TOMBEAU DU DUC JEAN III.

La mort de Jean III fut le signal de si terribles événements, que la Bretagne n'eut guère le loisir de songer à construire un monument à la mémoire de ce prince. Ogée avance cependant que Montfort « lui fit ériger un magnifique tombeau de marbre aux Carmes de Ploërmel ». Rien de plus douteux que cette assertion : de 1341 à 1345, date de sa mort, Montfort fut presque toujours captif, et ces quelques mois de liberté furent si activement employés en guerres, voyages et démarches de toutes sortes, qu'il n'eut certes pas un moment pour s'occuper du tombeau de Jean III. D'ailleurs, comment aurait-il pensé à rendre cet hommage à son prédécesseur sans savoir s'il lui succéderait jamais.

Un autre motif qui me fait rejeter cette attribution, c’est que le style des statues de Jean II et de Jean III est beaucoup trop différent pour qu'il n'y ait eu, entre leur exécution, que le court espace de temps qui s'est écoulé entre la mort de ces deux princes.

Tombeau du duc de Bretagne, Jean III

Ce ne fut donc au plus tôt que sous le règne de Jean IV, longtemps après la mort du duc Jean III, que l'on put faire exécuter son tombeau. Il était mort dans la ville de Caen, au retour d'une expédition dans les Flandres, où il avait été rejoindre Philippe de Valois. Son corps fut solennellement ramené en Bretagne et déposé dans le choeur de l'église des Carmes de Ploërmel, en face du maître autel et à la suite de celui de Jean II, c'est-à-dire plus éloigné dudit maître autel que celui de son aïeul.

Ce monastère, qui comptait parmi ses fondateurs Jean Ier et plusieurs de ses descendants, avait une grande importance. L'église conventuelle, d'après la description d'Ogée, avait la forme d'un tau, était vaste et fort magnifique. « Au grand autel étaient quatre colonnes de cuivre, avec de petits anges, et une crosse pendante dans laquelle on déposait la sainte hostie ».

Celle église « aussi belle quo les cathédrales de la province » fut complètement détruite pendant la Ligue. En 1593, les huguenots, à l'instigation d’un seigneur du Crévy, qui désirait s'affranchir d'une rente annuelle au monastère, décidèrent que les bâtiments abbatiaux nuisaient à la défense de Ploërmel. Les carmes avaient eux-mêmes commencé à détruire les parties de leur établissement qui pouvaient compromettre la sûreté de la ville ; mais ce sacrifice fut inutile, on procéda militairement à la destruction de l'église et du couvent, et les huguenots déployèrent en cette occasion un zèle véritablement impie.

Les carmes se retirèrent dans la ville de Ploërmel, au prieuré de Saint-Nicolas, qui se trouvait dans l'espace occupé actuellement par l'hôtel de ville. Le procès-verbal, relatant la translation des tombes de nos ducs, a été conservé dans la collection des Blancs-Manteaux. On y voit ce qui suit : « Le mardi 21ème jour de juing, l'an 1593..., en compagnie et présence des dits prieur et religieux des Carmes, etc.. . , nous nous sommes transportés audit lieu et endroit ou estait le dict couvent, et dans la grande nef de l'église, vers le haut d'icelle, avons veu et trouvé un tombeau assis sur une voute faicte en pierres, qui est le sépulchre de l'un des dicts seigneurs ducs, à sçavoir : Jehan, troisième de ce nom, ainsi qu'il apparaissait encore par rescrit et épitaphe estant à l'entour du dict tombeau de marbre noir ; et ayant faict découvrir et fouir sous le dict tombeau, entrez en iceluy par la descente et entrée d'iceluy, avons veu et trouvé une longue châsse de plomb en forme carrée ; et la dicte châsse tirée hors et faicte ouvrir, avons veu les os du corps y étant tout entier et la tête avec des cheveux de couleur jaune ; et apparaissaient encore dans la dicte châsse grandes quantités du baume du dict corps. Ce faict, a été faict ouverture de l'autre voulte et sepulchre estant au-dessus du précédant (Jean II). Occasion de quoy les dicts ossements ont été mins dans l'autre châsse avec ceux du dict duc Jean second (pour 3ème) et portée solennellement dans le choeur du dict prieuré Saint-Nicolas auquel lieu et endroit la dite châsse et ossements des dits deux seigneurs ducs ont été enterrés, et faict dresser le tombeau du dict marbre noir et sur iceluy mins le portroict des dits deux ducs de marbre blanc, en bosse avec leurs écussons et armoeries, comme ils étaient do paravant au dit couvent ».

Cette relation a un intérêt tout particulier, car elle va nous permettre de retrouver avec certitude le tombeau de Jean III. Pour cela, il nous faut d'abord rectifier une attribution erronée qui depuis quarante ans a été rééditée dans tant de guides, de notices et de catalogues, qu'elle est aujourd’hui reçue sans conteste. Or, il est malaisé de faire rentrer dans l'ombre une erreur qui s'étale au grand jour depuis si longtemps.

Nous avons à Nantes un tombeau de marbre noir provenant de l'enclos des Carmes de Ploërmel, et il a toujours été connu ici sous le nom de tombeau de Jean II. De fait, sa ressemblance avec la tombe de Jean II sur la planche des bénédictins est suffisante pour qu’on ait admis cette attribution.

En examinant de près ce monument, je fus frappé de certains détails qui, au lieu de se rattacher comme style à la date de la mort de Jean II (commencement du XIVème siècle), me semblaient au contraire beaucoup plus voisins du XVème siècle. Ainsi, les chapitaux des colonnettes sont peu évasés au sommet, et rattachés par une bague anguleuse qui, au lieu de pourtourner leur base, s'écarte de chaque côté et vient en pénétration se fondre dans la partie unie de la pierre. Les socles qui soutenaient les statues ont des moulures prismatiques encore plus rapprochées du style flambloyant. Tous ces indices nous portèrent à lui assigner comme date plutôt la fin du XIVème siècle que le commencement. Ce n'est donc pas là le tombeau de Jean II, mais bien celui de Jean III, dont l'époque s'accorde mieux avec le caractère architectural de ce monument. Reste à prouver notre assertion par des documents.

Dans le procès-verbal de 1593, que nous venons de citer, on voit que les témoins n'ont retrouvé qu'un des tombeaux « en marbre noir et portant l'épitaphe de Jehan troisième ». La destruction du tombeau de Jean II s'explique aisément par ce passage d'Ogée, qui nous montre les soldats anglais ruinant les mausolées des ducs : « En descendant la charpente de l'église, ils prenaient plaisir à jeter dessus les grosses pièces de bois et les plus grosses pierres lors de la démolition des murs ». Aussi, lorsque les carmes eurent transporté au prieuré Saint-Nicolas les débris de ces monuments, ils relevèrent seulement « le dict tombeau de marbre noir et sur iceluy mirent le portraict des dits deux ducs de marbre blanc et en bosse ».

En 1601, grâce à la générosité de Henri IV, on put restaurer l'ancien sanctuaire des Carmes, qui avait été si endommagé « qu'il ne restait que les seules arcades de l'église, y ayant des boulevarts et esperons jusques au milieu de la dite église ».

Plus tard, « le second jour de mars de l'an 1618 … les corps des ducs furent rapportés et placés en leur premier lieu dans l'un des sépulchres, parce que l'autre avait été rompu à la démolition du couvent ».

C'est pourquoi, lorsque dom Chaperon vint dessiner les mausolées de Jean II et de Jean III pour l'Histoire de Bretagne, il ne trouva qu’un seul tombeau supportant l'effigie des deux princes, et il le répéta deux fois, d'abord avec la statue de Jean II, puis avec celle de Jean III.

Le tombeau ducal du Musée de Nantes ne peut donc être que celui de Jean III, puisqu'il est le seul à avoir résisté à la destruction de 1593, comme l'attestent tant de témoignages.

Au XVIIème siècle, après la restauration de la tombe des ducs, les religieux composèrent deux longues et pompeuses épitaphes qui nous ont été conservées dans le Dictionnaire de Bretagne :

Passant, tu vois ici les tombeaux magnifiques

De deux et souverains ducs des peuples armoriques,

Princes lorsqu'ils vivaient, puissants et valeureux,

Issus du sang royal des vieux comtes de Dreux.

Le premier assista saint Louis, roi de France,

Aux pays d'outre mer contre la mécréance

De la race ottomane, et fut au Mont-Carmel

D'où les carmes premiers vinrent à Ploërmel,

Amenés par ce bon et dévot prince

Désireux d'établir cet ordre en la province,

Et après qu'il les eut logés commodément

En ce couvent par lui bâti superbement,

Au voyage qu'il fit à Lyon, sur le Rhône,

Où Clément V reçut la papale couronne,

Là, par un grand malheur, ce bon duc trépassa

Par la chute d'un mur qui tout son corps froissa.

Sa dépouille mortelle est sous ce marbre enclose :

Plaise à Dieu qu'à jamais son âme au ciel repose !

L'autre, de qui tu vois l'effigie marberine

Portant un écusson semé de mainte hermine,

C’est Jean, tiers de ce nom, et fils du duc Artus,

Et qui, sage, unissant les royales vertus

A la dévotion de son aïeul et père,

Fut plein d'un saint amour pour ce monastère.

En retournant de Flandre, où contre les Anglais

L'avait mené le roi Philippe de Valois,

Il se vit investi d'une prouance maladie

Qui le fit trépasser à Caen, en Normandie.

Ici, près son aïeul, sont inhumés ses os.

Son âme vive au ciel en éternel repos !

En 1793, le couvent fut détruit et les tombes de nouveau saccagées.

Sous la Restauration, le Conseil général du Morbihan fit élever, dans le transept, du côté de l'épître de l'église Saint-Armel, un édifice d’assez mauvais goût, sur lequel furent placées les deux statues. Au lieu de restaurer la base du tombeau de Jean III, dont les débris étaient réunis dans le cloître des Carmes, on construisit un lourd soubassement de marbre surmonté d'une urne du style le plus lamentable. Les deux statues furent placées sur ce mausolée avec cette inscription : « De tous temps la fidélité bretonne rendit hommage à ses souverains ».

La statue de Jean III est fort belle, l'artiste lui a donné les traits d'un jeune homme de 25 ans, bien que le duc eut à sa mort plus du double de cet âge.

Statues des ducs Jean II et Jean III à Ploërmel

Les cheveux longs sont entourés sur le front d'une mince couronne de pierreries. Les hermines qui décorent sa cotte d'armes sont du plus délicieux modèle ; elles n'ont point la rigidité ordinaire de cet emblème héraldique, mais elles sont légèrement florencées. Au côté gauche est l'épée ; à droite une petite dague.

La longueur totale de cette statue est de 1m95.

Le dais de marbre blanc qui protège la tête du duc se compose de trois arcatures trilobées, ornées de volutes et de feuilles d’eau que l'on attribuerait aisément au XVème siècle.

Il y a une quinzaine d'années, on déplaçait de nouveau ce monument pour le mettre dans un coin sombre, tout au bas de l'église, où il est fort difficile de le voir. Lorsque je fis part au recteur de mon étonnement en voyant déloger ces tombes princières comme s'il se fût agi d’un simple confessionnal, il me fut répondu que ce tombeau n'avait pas l'intérêt que je lui supposais, parce que les corps ne s'y trouvaient plus (P. de Lisle du Dréneuc).

 © Copyright - Tous droits réservés.