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SAINT CORENTIN, un des 7 saints fondateurs de la Bretagne.

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De même que pour saint Patern, la vie de saint Corentin est difficile à étudier ; elle est enveloppée de nuages obscurs et nous n'en connaissons d'une façon certaine que quelques traits. Cela tient à ce que son plus ancien biographe, qui vivait entre le IXème et le XIIème siècle, n'a fait que reproduire des lieux communs assez médiocres, où l'on peut à peine relever quelques traces antiques plus ou moins défigurées. Il a dans tout son récit mêlé la légende à l'histoire. C'est en invoquant tantôt l'une, tantôt l'autre — car souvent la légende vient au secours de l'histoire — que nous allons essayer de retracer ce que fut l'existence du premier titulaire du siège de Quimper.

Corentin dut naître vers l'an 460. Il était fils d'un seigneur breton qui avec tant d'autres était venu de la Grande-Bretagne en Armorique. Ses parents forts pieux l'appliquèrent de bonne heure à l'étude. En très peu de temps il fit de grands grogrès dans les belles-lettres et plus encore dans la science des saints. Pour mieux travailler à sa perfection il se retira dans la solitude, au sein de la forêt de Nemet, en Cornouailles, qui au Vème et au VIème siècles ombrageait les pentes du Menez-Hom, et couvrait tout le pays de Porzai. Cette immense forêt avait deux sortes d'habitants : des loups, des cerfs, une quantité de faunes ; puis des anachorètes, cachés dans des trous de rochers, sous des racines d'arbres, dans des cellules où l'on n'entrait qu'en rampant. Deux de ces pieux solitaires se faisaient des visites : un vieux, nommé Primaël, et un jeune, Corentin. Primaël, à barbe blanche, n'ayant pas de source sur son terrain, était obligé d'aller, traînant la jambe, chercher de l'eau assez loin. Corentin, au contraire, avait tout contre son rocher une très belle fontaine, où son ami venait puiser, et dans laquelle vivait un poisson merveilleux, dont, pour se nourrir, il coupait chaque jour une tranche qui repoussait aussitôt.

Nous approuvons pleinement la réflexion suivante faite à ce sujet par un chanoine de Quimper : « Nous avouons ne pas comprendre, dit-il, que plusieurs auteurs, en particulier M. de la Borderie et l'abbé Guillotin de Corson, expliquent le miracle de ce poisson, tous les jours mutilé et toujours vivant, comme un symbole de l'Eucharistie. Ce symbole, figure de Jésus-Christ, fut, il est vrai, à l'époque des persécutions, familier aux chrétiens de Rome, mais il est difficile d'admettre qu'il ait été connu des Armoricains, même au temps du légendaire de Corentin, que celui-ci soit du IXème ou du XIIème siècle. Que ce miracle du poisson soit réel ou faux, qu'on en pense ce que l'on voudra, mais qu'on renonce à l'expliquer » (Albert LE GRAND. — Loc. cit. Annotations p. 688).

Quoi qu'il en soit, empruntons maintenant à Albert Le Grand une page, où il raconte dans son style d'un charme si captivant ce qu'il advint par la suite : « En ce trips-là, le roi Gradlon, étant allé à la chasse, donna jusques dans la forêt de Nemet et, ayant chassé tout le jour, sur le soir il s'égara, et enfin se trouva près de l'ermitage du saint avec une partie de ses gens, ayant tous bon appétit. Ils descendirent et s'adressèrent au saint ermite, et lui demandèrent s'il ne pourrait pas les assister de quelques vivres. " Oui, répondit-il, attendez un petit, et je vous en vais quérir ". Il s'en alla à sa fontaine, où son petit poisson se présenta à lui, duquel il en coupa une pièce sur le dos et la donna au maître d'hôtel du roi, lui disant qu'il l'apprestât pour son maître et les seigneurs de sa suite. Le maître d'hôtel se prit à rire et à se moquer du saint, disant que cent fois autant ne suffirait pas pour le train du roi. Néanmoins contraint par la nécessité, il prit ce morceau de poisson, lequel — chose étrange — se multiplia de telle sorte que le roi et sa suite en furent suffisamment rassasiés. Le roi, ayant vu ce grand miracle, voulut voir le poisson duquel le saint avait coupé ce morceau, et alla à la fontaine, où il le vit sans aucune blessure dans l'eau. Mais quelque indiscret en coupa une tranche pour voir s'il deviendrait entier, dont il resta blessé jusqu'à ce que Corentin y vînt qui, de sa bénédiction, le guérit et lui commanda de se retirer de là de peur de semblable accident, à quoi il obéit » (Albert LE GRAND. — Loc. cit. p. 684).

Impressionné par ce miracle, le roi qui avait déjà le goût des conversations pieuses, prit un grand plaisir à celle de Corentin, dont la piété, l'humilité et la prudence le charmèrent. Il conçut tant d'estime pour lui que, par reconnaissance et pour lui donner des marques de sa générosité, il lui céda un grand canton de la forêt qui lui appartenait. Le solitaire se mit alors à l'œuvre, défrichant et cultivant toute cette contrée, qui devint bientôt la belle paroisse de Plomodiern, au pied du Menez-Hom. Peu de temps après, Gradlon, ayant résolu de doter la Cornouaille d'un évêché, jeta les yeux sur Corentin et le choisit pour occuper ce nouveau siège. Il fit plus encore : le jour même où le jeune évêque célébrait sa première messe pontificale, il lui offrit le palais qu'il avait à Quimper, c'est-à-dire le château situé au confluent de l'Odet et du ruisseau nommé Le Frout. Ce fut là que l'ancien anachorète de Plomodiern bâtit sa cathédrale et le monastère où, entouré de ses religieux, il vécut longtemps, et ce fut aussi l'origine, le centre d'une ville, appelée en breton Kemper, qui veut dire Confluent, et que pendant de longs siècles, en l'honneur de son fondateur, on ne désigna que sous le nom de Quimper-Corentin.

Le saint évêque, se voyant chargé du soin d'un nombreux troupeau, redoubla de ferveur et multiplia ses prières, afin d'obtenir de Dieu les grâces nécessaires pour s'acquitter dignement des devoirs de l'épiscopat, et consacra tout son temps, toute son attention, et tous ses travaux au salut de son peuple et au sien. Il passa ainsi de longues années dans les exercices laborieux de la pénitence et de la charité, quand, affaibli par l'âge et consumé par les mortifications, il rendit son âme à Dieu son Créateur vers l'an 535.

Dans un chapitre en vers de la vie de saint Guénolé on trouve un bel éloge de saint Corentin ; c'est le plus ancien titre qui le concerne : « Corentin, dans sa haute dignité, dans la splendeur dont l'environnait le corps sacré du Christ, apaisait la soif du peuple, en lui distribuant le breuvage précieux de la foi. Il mérite d'être appelé le premier des contemplatifs, car, voué à la plus profonde contemplation, à la vie la plus austère, il fallait pour le tirer du désert les plaintes des églises ; avec soin et diligence il les examinait, il rendait aux peuples une paix solide, puis retournait à la vie d'où il s'était arraché » (Vita S. Uinualoëi, II, cap. 19). Et bien des siècles plus tard, le Père Maunoir, dans une épître qu'il adressait au premier évêque de Quimper, s'exprimait ainsi : « Car Dieu avait envoyé dans ces dernières limites de la Gaule celtique sept brillantes lumières pour dissiper le ténèbres de l'incrédulité. Vous, Corentin, avez esté entre ces beaux astres de l'Eglise ce qu'est le soleil parmy les planettes, vous avez esté le premier maîstre des roys d'Armorique, et l'Eglise, le jour de votre feste, vous donne cet éloge : Pater orphanorum, Patronus oppressorum, Magister regum » (LEVOT. — Biographie bretonne, I, p. 446).

Saint Corentin fut inhumé dans son église cathédrale et ses reliques y furent conservées avec respect jusqu'à l'arrivée des Normands. A cette époque, de peur qu'elles ne fussent profanées, on les retira du lieu où elles étaient renfermées et, plus tard, en 965, Salvator, évêque d'Aleth, les porta à Paris, où elles furent déposées dans l'église de Saint-Barthélemy de la Cité. Elles furent ensuite partagées : la célèbre abbaye de Marmoutiers en reçut la plus grande partie et en particulier son chef, mais il en resta une partie encore fort importante dans la ville royale. Ce fut de Marmoutiers que l'évêque de Quimper obtint, en 1643, un bras de saint Corentin qui fut placé dans la cathédrale et devint l'objet de la piété des fidèles de tout le pays. A la Révolution, par miracle, ce précieux dépôt, comme tant d'autres ossements vénérés, ne fut pas détruit, deux habitants le cachèrent chez eux et purent ainsi le soustraire à la fureur des sans-culottes. Pendant de longues années on l'oublia et ce n'est que le 11 Décembre 1886 que ce Bras, dans une fête d'une solennité incomparable, fit son entrée triomphale à la cathédrale. Depuis cette époque il y est exposé dans un splendide reliquaire et entouré de la dévotion la plus touchante et la plus continue.

Comme nous l'avons dit précédemment, saint Corentin construisit la première cathédrale de Quimper sur l'emplacement que lui avait donné le roi Gradlon, et il la dédia à Notre-Dame. Depuis, une autre d'après M. Trévédy, plusieurs d'après M. Le Men, furent successivement bâties. Celle qui existe aujourd'hui est sans contredit la plus belle, la plus harmonieuse, la plus richement ornée des cathédrales de Bretagne. Nous n'avons pas l'intention d'en décrire toutes les splendeurs ; qu'il nous suffise de rappeler quelques dates pour donner un aperçu de son histoire. Elle fut commencée en 1239 par l'évêque Rainaud auquel on doit le chœur ; les bas côtés furent élevés en 1280 et en 1335 ; les voûtes du chœur en 1408-1416. La nef est terminée en 1460 et en 1469 le clocher est construit ; recouvert de plomb, il fut incendié et détruit en 1620. En 1475, 1487, 1493 furent élevés le transept et ses voûtes. Mgr Graveran, au moyen du « sou de saint Corentin » donné pendant cinq ans par chacun des diocésains, commença en 1854 les flèches qui furent terminées en 1856. Véritable chef-d'œuvre d'architecture, elle est un poème en l'honneur de saint Corentin, qui y est représenté partout dans les vitraux, les bas-reliefs, les statues, les peintures, les chapelles, etc...

Il est non seulement le patron de cette cahédrale, mais encore de plusieurs églises : à Carnoët, à Saint-Connan, à Loperhet, et de beaucoup de chapelles, entre autres à Plomodiern, Baud, Berrien, Poullaouen et Scrignac.

(A. Millon).

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