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SAINT PATERN, un des 7 saints fondateurs de la Bretagne.

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Au sujet du saint dont nous allons nous occuper, M. de la Borderie a fait cette réflexion : « D'ordinaire la critique reproche aux traditions concernant l'origine des églises de vouloir faire remonter ces origines à une antiquité exagérée. La source de ces prétentions fabuleuses est la vanité. Pour Vannes, c'est le contraire. On a reproché à cette église de se contenter pour son origine d'une antiquité insuffisante. Reproche qui suppose les Vannetais au rebours des autres. Ils se seraient plu à fabriquer de fausses légendes pour diminuer l'antiquité de leur église. Cela semble incroyable » (DE LA BORDERIE. — Loc. Cit. I, p. 203).

On peut expliquer en quelques mots ce qu'entendait dire par là l'éminent historien. Il est un fait certain, admis par la tradition constante de l'église de Vannes, qu'un saint Patern a été le premier évêque de cette ville. Or, vers la fin du IXème siècle, quelques Vannetais, fuyant les invasions normandes, passèrent dans la Cambrie et y portèrent le souvenir très vivace de leur évêque. Les Gallois, très amateurs de vieilles histoires, accueillirent leurs récits avec empressement, mais, comme ils avaient eu, eux aussi, un saint Patern vers l'an 338, ils fondirent en un seul, malgré l'anachronisme, ces deux personnages et brouillèrent leur histoire. Ils fabriquèrent alors une légende où tout est fable. La tradition vannetaise n'est donc pas sortie de cette légende, c'est au contraire cette légende qui a corrompu la tradition. De plus, au VIème siècle, l'église d'Avranches a eu aussi elle un évêque qui portait le même nom que les deux précédents. En présence de ces trois saints Patern, et comme il était difficile de les distinguer, les biographes, en intervertissant les dates, les ont confondus les uns avec les autres, et c'est ainsi qu'Albert Le Grand raconte avec de multiples détails la vie de l'évêque de Vannes qui, en réalité, est celle de son homonyme d'Avranches. Essayons, au milieu de tous ces doutes, de toutes ces erreurs, d'apporter quelque certitude, de faire briller dans ces obscurités quelques rayons de clarté et de vérité.

Patern naquit en Armorique d'une famille noble. Comme l'indique son nom, il était certainement gallo-romain. La date de sa naissance ne saurait être précisée ; on peut par estimation la placer vers 420. Eclairé de bonne heure sur les dangers que le monde fait courir à la vertu, il se retira dans la solitude et embrassa la vie religieuse. « Il s'associa à quelques moines qui quittaient l'Armorique pour aller dans la Bretagne insulaire, et, quoique le plus jeune de la troupe, il fut élu Abbé par ses compagnons dans le monastère qu'ils y bâtirent ». Quel était ce monastère? On l'ignore... Revenu en Armorique, il fut ordonné évêque dans le concile de Vannes, tenu en 465, par Perpetuus, métropolitain de Tours (Propre du diocèse de Vannes, de 1660).

Patern, se voyant pasteur des âmes, ne retrancha rien de ses austérités, il se livra au contraire avec plus de ferveur à la prière, à la pratique du jeûne et des veilles. Aux belles qualités qu'on avait jusqu'alors admirées en lui, il joignit une ardente charité envers les pauvres et les étrangers qui réclamaient de lui l'hospitalité. Les miracles qu'il opéra, soit en délivrant les possédés, soit en guérissant les malades, contribuèrent puissammment à mettre en honneur la piété chrétienne et à convertir les infidèles. Et comme ces moyens ne suffisaient pas, il voulut bâtir un monastère, où les âmes d'élite pourraient pratiquer les conseils évangéliques et retremper lui-même ses vertus. Il éleva donc un ermitage et une église à une petite distance de Vannes, peut-être à l'endroit qui s'appelle aujourd'hui l'Hermitage, entre Trussac et Conleau (LE MENÉ. — Histoire du diocèse de Vannes, I, p. 38).

Tous les évêques des Gaules aidèrent Clovis dans la grande œuvre qu'il avait entreprise, et qui n'était rien moins que la création de la France. Patern, sans nul doute, y participa aussi, à en juger par les rapports très intimes et très affectueux qu'il eut avec le roi. Nous en avons une preuve, et c'est un chroniqueur qui, dès le IXème siècle, dans son naïf langage, nous la fournit : « Dans les commencements de cette naissante église de Vannes, la douceur de la miséricorde divine se montra en ce que Clovis, d'heureuse mémoire, très illustre roi des Franks, lui transmit, par l'intermédiaire de notre patron saint Patern, un trésor des plus précieux, savoir : une partie de la bordure du vêtement de Notre-Seigneur, une partie des vêtements de la Sainte Vierge, une dent de l'apôtre saint Pierre, des cheveux de la très glorieuse pêcheresse sainte Marie-Magdeleine. Ce roi lui accorda encore, par les mains du bienheureux Patern, des reliques de saint Maurice et de quatre de ses compagnons : Exupère, Candide, Victor et Innocent. O que ces précieux vêtements sont bien propres à couvrir la nudité de notre église ! O heureuse nudité de notre église qui a obtenu de si précieux vêtements ! » (Bibliot. Nat. ms. lat. 9.093. N° 13).

Un autre document montre que l'établissement des Bretons dans le Vannetais dut être contemporain de la fondation de l'évêché, c'est-à-dire aux environs de 465. C'est le début d'un sermon prêché dans la cathédrale de Vannes, à la fin du XIIème siècle, à l'occasion de la translation des reliques de cette église dans une nouvelle châsse donnée par l'évêque Guéthenoc : « Nous devons, nos très chers frères, louer la grandeur de la bonté divine qui a visité notre église et l'a miséricordieusement comblée de ses grâces. Bien plus, dans la fondation et, on peut le dire, dans la création première de cette église-ci, éclata le comble de la bonté divine, puisque le bienheureux Patern, sollicité par l'ange du Seigneur, obtint du roi Caradauc, surnommé Brech-Bras, ce lieu où s'élevait sa demeure royale pour y fonder le temple du Seigneur, que ce prince fit construire à ses propres frais et dédier à Dieu en l'honneur de saint Pierre, prince des Apôtres. Quel heureux changement pour ce lieu, palais d'un prince de la terre, pour devenir palais du roi du ciel ! ». Ainsi le premier chef des Bretons établis dans le Vannetais fut ce Caradauc, qui, ayant établi à Vannes le siège de sa petite principauté, à la demande sans doute de l'évêque, lui céda son palais pour construire sa cathédrale (DE LA BORDERIE. — Loc. cit. I, 307).

Mais la vertu de Patern, si désintéressée qu'elle fût, devait être éprouvée ; un disciple si fidèle de Jésus-Christ devait acquérir une ressemblance plus parfaite encore avec son Maître, en souffrant comme le Sauveur de l'injustice, de l'ingratitude et de la jalousie des hommes. Il semblait que sa sainteté fît ombrage à de mauvais chrétiens, qui en étaient les témoins, et ne voulaient pas en être les imitateurs. Le saint prélat n'opposa longtemps qu'une douceur constante et une patience invincible à la malice de ses persécuteurs, mais à la fin, voyant que sa présence à Vannes ne faisait que les aigrir davantage contre lui et que son église ne pouvait jouir de la paix, il se décida à abandonner sa ville épiscopale. Ordonné en synode, il profita d'un autre synode pour se démettre de ses fonctions, et quitta le bâton pastoral. A quelle époque eut lieu cette retraite ? On l'ignore. Où se retira-t-il ? Le Propre du diocèse dit : « dans l'intérieur des Gaules », ce qui est un peu vague. Peut-être de l'autre côté de la Loire : « Là, continue le Propre, il vécut encore quelque temps dans une grande pureté de vie. Enfin il tomba malade dans un village et, sentant son corps usé par l'âge et les travaux se dissoudre peu à peu, il reçut le saint viatique et mourut un 16 Avril, au jour où l'église de Vannes célèbre sa mémoire ». La date de sa mort est incertaine ; il convient sans doute de la placer entre 498 et 510 (LE MENÉ — Histoire du diocèse de Vannes, I. p. 50).

Les Venètes semblaient avoir oublié leur ancien évêque quand, à la suite d'une sécheresse qui durait depuis trois ans et de la famine qui en fut la conséquence, ils se rappelèrent que saint Patern avait quitté son diocèse sans le bénir, et ils en conclurent que Dieu vengeait ainsi les mauvais traitements dont ils avaient accablé et dont avait tant souffert son serviteur. Les principaux habitants de Vannes se rendirent alors au lieu de son refuge et de sa sépulture. Là, le tombeau fut ouvert, mais il fut impossible d'en retirer le corps. Impressionné par ce miracle, un des plus riches et des plus notables des voyageurs se confessa publiquement. Il avoua avoir jadis refusé à l'évêque un terrain qu'il lui avait demandé pour construire une église, et promit que maintenant, non seulement il était prêt à l'accorder, mais encore qu'il donnerait tout l'argent nécessaire pour la constuire (C'est aujourd'hui l'église Saint-Patern). Dès que cette promesse fut formulée, le corps du saint put être retiré sans peine, on le plaça sur un brancard, et il fut transporté à Vannes, où aussitot une pluie bienfaisante succéda à la sécheresse (Albert LE GRAND. — Loc. cit., annotations p. 149).

Les reliques de saint Patern, déposées dans l'église construite pour les recevoir, y restèrent jusqu'aux invasions normandes. Elles furent alors transportées par les moines de Ruis, d'abord à l'abbaye de Déols, puis à Issoudun et y furent vérifiées, le 12 Mars 1186, par Henry de Seuly, archevêque de Bourges. En 1793 elles devinrent la proie des révolutionnaires ; il n'en existe plus rien. Mais au XIIème siècle, sur la demande de l'évêque Guéthenoc, un moine avait apporté à Vannes « une partie du chef du saint et quelques os » (Enquête de 1400). Pendant tout le Moven Age ces reliques restèrent exposées à l'intention des pieux voyageurs qui faisaient le pèlerinage des Sept Saints. Malheureusement ces ossements conservés pendant si longtemps à Vannes ont perdu leurs étiquettes, et se trouvent confondus avec d'autres anonymes appelés Corpora Sanctorum. On ne possède plus d'une manière certaine et distincte qu'un os du pouce cédé à Mgr Bécel, cinq osselets des doigts gardés par le Chapitre, et une parcelle du crâne gardée dans l'église paroissiale de Saint-Patern, et exposée dans un buste en bois peint à la vénération des fidèles.

(A. Millon).

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