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VOYAGES DE JACQUES CARTIER

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VOYAGES DE JACQUES CARTIER (Extrait de la Marine française).

L'explorateur français Jacques Cartier

Si les sanglants démêlés de la France avec l'empire et la guerre que le monarque français soutenait contre Charles-Quint, n'avaient pu l'empêcher de pourvoir à l'expédition de Verazzani, devra-t-on s'étonner, que, cédant aux sollicitations de Philippe de Chabot, et jaloux de prendre part aux trésors que les Espagnols tiraient de l'Amérique, François Ier ait, en 1534, or donné une seconde expédition pour cette nouvelle partie du monde, et qu'il en ait confié le soin à Jacques Cartier, capitaine malouin, dont le courage et les talents étaient universellement estimés.

L'explorateur français Jacques Cartier

Parti de Saint-Malo, le 20 avril, à la tête de deux petits bâtiments et de cent vingt-deux hommes d'équipage, Cartier mouilla, le 10 mai suivant, au cap de Bonavista, dans l'île de Terre-Neuve. Quelques jours après, il trouva au sud-sud-est un port où il relâcha et qu'il nomma Sainte-Catherine. Ensuite, il fit presque entièrement le tour de Terre-Neuve, mais ne put s'assurer que ce fût une île. Alors il cingla vers le sud, et entra dans une baie profonde qu'il nomma baie des Chaleurs, à cause de l'ardeur excessive qu'y faisait déjà sentir le retour de l'été. Les vaisseaux y trouvent un havre sûr et commode ; et, depuis la mi-mai jusque la fin de juillet, on y pêche un grand nombre de loups marins. Une bonne partie des côtes environnant le golfe qui s'ouvre à l'ouest de Terre-Neuve furent visitées par Cartier.

Ce navigateur prit possession de cette contrée au nom du roi de France ; et, le 15 août, il mit à la voile pour Saint-Malo, où il arriva le 5 du mois suivant. Déterminé par la relation qu'il publia, le vice-amiral Charles de Mony lui obtint une commission plus étendue que la première, et lui fit donner trois vaisseaux bien équipés.

L'explorateur français Jacques Cartier

Voici le texte de la commission autorisant Cartier à faire son deuxième voyage : « PHELIPPES CHABOT, chevalier de l'ordre, compte de Buzançoys et de Charny, baron d'Aspremont, de Paigny et de Mirebeau, seigneur de Beaumont et de Fontaine franczose admiral de France, Bretaigne et Guyenne, gouverneur et lieutenant général pour le roy en Bourgongne, aussi lieutenant général pour monseigneur le daulphin ou gouvernement de Normandie, au cappitaine et pillote maistre Jaques Cartier de Sainct Mâlo — salut. Nous vous avons commis et depputé, commettons et deputons du voulloir et commandement du roy pour conduire, mener et emploier troys navyres équippées et advitaillées chacune pour quinze moys au parachevement de la navigation des terres par vous jà commencées à descouvrir oultre les terres neufves, et en icelluy voaige essayer de faire et acomplir ce qu'il a plu audit seigneur vous commander et ordonner, pour l'equippaige duquel vous achapterez ou freterez à tel pris raisonnable que adviserez au dire de gens de bien à ce congnoissans, et sellon que verrez et congnoistrez estre bon pour le bien de ladite navigation, lesdites troys navires prandrez et louerez le nombre des pilotes, maistres, et compaignons marynyers telz qu'il vous semblera estre requis et nécessaire pour lacomplissement d'icelle navigation, desquelles choses faire equipper, dresser et mettre sus, vous avons donné et donnons povoir, commission et mandement espicial, avec la totale charge et superintendence d'iceulx navires, voaige et navigation, tant à laller que retourner. Mandons et commandons à tous lesdits pillottes, maistres et compagnons mariniers et aultres qui seront esdits navires vous obeyer et suyvre pour le service du roy en ce que dessur, comme ilz feroint à nous mesmes, sans aucune contradition ne reffuz, et ce sur les peines en tel cas acoustumés à ceulx qui se trouveront desobeissans et faisans le contraire. Donné soubz noz seing et scel d'armes, le pénultieme jour d'octobre l'an mil cinq centz trante quatre. Ainsi signé Phelippes Chabot, et saellé en plat quart de cire rouge (in the inargin) — " Collationné avecq loriginal " ».

Voici le rôle de l'équipage de Cartier, lors de son second voyage Note : Nous avons adopté l'orthographe des noms, telle que donnée par M. Joüon des Longrais, dans son livre intitulé : " Jacques Cartier, Documents nouveaux", Paris, 1888. Les noms en italiques sont copiés d'après les " Documents inédits sur Jacques Cartier " publiés par M. Alfred Ramé, en 1865. Comme on le verra, il y a quelques variantes entre les listes, malgré qu'elles soient supposées avoir été, toutes deux, copiées sur l'original].

« Le mercredy dernier jour de mars apres Pasques mil Vcc XXX V d l'abaye Sainct Jehan …. Et a celluy Poulet aparu le rolle & numbre des compaignons que led. Cartier a prins pour lad. navigation & a esté mis entre mes mains pour incerer cy dessous, & a celluy Poulet protesté de en dymyer du numbre de XXV à trente & d'en prendre d'aultres à son chouaix. L'incertion desd. maistres, compaignons, mariniers & pillotes s'ensuyvent :

1. JACQUES CARTIER, cappitaine.

2. THOMAS FOURMONT, maistre de la nef.

[Note : Ce nom s'écrit indifféremment Fourmont, Frosmond et Fromont. Le Brief Récit donne Frosmond. Thomas Fourmont, dit de La Bouille, fut un des rares compagnons du deuxième voyage, qui suivirent encore le capitaine en 1541 ; il ne devait jamais revenir de cette expédition].

3. GUILLAUME LE BRETON BASTILLE, capitaine et pilote du galion.

4. JACQUES MAINGARD, maistre du galion.

5. MACÉ JALOBERT, capitaine et pilote du Corlieu.

Marc. (Il était le beau-frère de Cartier, ayant marié Alison des Granches, soeur de Catherine).

6. GUILLAUME LE MARIÉ, maistre du Courlieu.

7. LAURENT BOULAIN. (Laurens).

8. ESTIENNE NOUEL.

9. PIERRE ESMERY dict TALBOT. (Pierres).

10. MICHEL HERVÉ.

11 . ESTIENNE POMMEREL. (Princevel).

12. MICHEL AUDIEPVRE.

13. BRIEND SAUBOSCQ. (Bertrand Sambost).

14. RICHARD COBAZ. (Richard Le Bay).

15. LUCAS SAUMUR. (Lucas Fammys).

16. FRANÇOIS GUITAULT, apoticaire.

17. GEOROET MABILLE.

18. GUILLAUME SEQUART, charpentier.

19. ROBIN LE TORT.

20. SANSON RIPAULT, barbier. (Samson).

21. FRANÇOIS GUILLOT.

22. GUILLAUME ESNAULT, charpentier.

23. JEHAN DABIN, charpentier.

24. JEHAN DU NORT, charpentier. (Jehan Duvert).

25. JULIEN GOLET.

26. THOMAS BOULAIN.

27. MICHEL PHILIPOT. (Phelipot).

28. JEHAN HAMEL.

29. JEHAN FLEURY.

30. GUILLAUME GUILBERT.

31. COLAS BARBÉ. (Barbe).

32. LORANS GAILLOT. (Laurens).

33. GUILLAUME BOCHIER.

34. MICHEL EON.

35. JEHAN ANTHOINE.

36. MICHEL MAINGARD.

37. JEHAN MARYEN.

38. BERTRAND APVRIL.

39. GILLES RUFFIN. (Gilles Stuffin).

40. GEOFFROY OLIVIER. (0llivier).

41. GUILLAUMIE DE GUERNEZÉ.

42. EUSTACHE GROSSIN.

43. GUILLAUME ALLIECTE. (Allierte).

44. JEHAN DAVY. (Ravy).

45. PIERRE MARQUIER, trompette. (Pierres).

46. GUILLAUME LE GENTILHOMME.

47. RAOULLET MAINGARD.

48. FRANÇOIS DUAULT.

49. HERVÉ HENRY.

50. YVON LE GAL.

51. ANTHOINE ALIECTE. (Alierte).

52. JEHAN COLAS.

53. JACQUES PRINSAULT. (Poinsault).

54. Dom GUILLAUME LE BRETON.

55. DOM ANTHOINE.

[Note : La bibliothèque du Parlement, à Ottawa, possède un fac-similé de la liste de l'équipage de Cartier, avec la note suivante, au bas de la 1ère page : " Liste revue avec soin sur le Fac-similé, par C. H. Laverdière, Bibliothécaire de l'Université de Laval, 22 Novemb. 1859 ". Vis-à-vis de chaque nom, à la marge, se trouve son épellation moderne, laquelle diffère bien peu des deux versions que nous donnons ici. Dans l'espace compris entre les noms de " Dom Guillaume Le Breton " et de " Philippe Thomas, Chazpentier," l'on remarque certains caractères, ayant quelque peu l'apparence de la particule qui précède le premier de ces deux noms et que les paléographes rendent par la préfixe " Dom," suivis par une espace vide. Au bas de la page se trouve la note suivante : " Ce nom, omis dans l'original, a été suppléé par Mr. Cunat dans la liste qu'il a publiée à St. Malo le 4 Décembre 1858 "].

56. PHILIPPE THOMAS. charpentier. (Philipes).

57. JACQUES DU BOYS. (Duboy).

58. JULLIEN PLANCOUET. (Plantirnet).

59. JEHAN GO.

60. JEHAN LE GENTILHOMME.

61. MICHEL DONQUAN, charpentier. (Douquais).

62. JEHAN AISMERY, charpentier.

63. PERROT MAINGARD. (Pierre Maingart).

64. LUCAS CLAVIER.

65. GOULHET RIOU. (Goulset Riou).

66. JEHAN JAC, DE MORBIHEN. (Jehan Jacques Morbihen).

67. PIERRE NYEL. (Pierres).

68. LE GENDRE ESTIENNE LE BLANC.

69. JEHAN PIERRES.

70. JEHAN COUMYN.

71. ANTHOINE DES GRANCHES.

72. LOUYS DOUAYREN. (Douayrer).

73. PIERRES COUPEAUX. (Coupeaulx).

74. PIERRE JONCHÉE (Pierres) ».

S'étant embarqué sur la Grande-Hermine, Cartier mit à la voile au mois de mai 1535 ; il fut, durant un mois, contrarié par les vents et séparé de ses deux autres navires. Ainsi séparés les uns des autres, les vaisseaux français eurent à essuyer les plus épouvantables tempêtes. La Grande-Hermine fut jetée au nord de Terre-Neuve, d'où elle manœuvra vers le golfe, rendez-vous dont on était convenu en cas de séparation. Le lendemain, Cartier fut rejoint par ses deux autres vaisseaux. Surpris par un gros temps, il entra dans le port de Saint-Nicolas, à l'embouchure du fleuve, vers le nord, et il planta une croix décorée des armes de France.

Le 10 août, il pénétra dans le golfe, auquel il donna le nom de Saint-Laurent, dont, ce jour-là, on célébrait la fête. Le 15, l'île d'Anticosti, dont s'approcha Cartier, reçut de lui le nom d'île de l'Assomption, qu'elle tenait déjà des Anglais.

L'explorateur français Jacques Cartier

Notre navigateur remonta ensuite le fleuve Saint-Laurent ; et, le 1er septembre, il reconnut l'embouchure du Saguenay. Il côtoya le rivage dans un espace de quinze lieues, mouilla près d'une île ombragée de coudriers ; et, huit lieues au-delà, en trouva une autre plus grande, plus belle et couverte de vignes, qui la firent appeler île de Bacchus. Il nomma Sainte-Croix une petite rivière qu'il découvrit dix lieues plus loin, et que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de Jacques Cartier.

Il y fut visité par le chef Donacona, près duquel il eut pour interprètes deux sauvages qu'il avait emmenés en France l'année précédente, et qui savaient un peu de français. Par eux, il avertit le chef qu'il était dans l'intention d'aller à Hochelaga, gros bourg dans l'île, qu'on nomme aujourd'hui Montréal, et qu'on avait fort vanté à Cartier. Monté sur la Grande-Hermine, et accompagné de deux chaloupes seulement, ce navigateur se mit en route le 19 septembre. Il fut arrêté, le 29, par le lac Saint-Pierre, que son navire ne put passer.

Il continua son voyage sur ses chaloupes armées, qui, le 2 octobre, le firent débarquer à Hochelaga, avec MM. de Pontbriant, de la Pommeraie et de Goyelle. Les habitants de ce bourg, qui parlaient le huron, accueillirent fort bien les Français, leur donnèrent des fêtes, leur offrirent des présents, et en reçurent de leur part. Les armes, les trompettes, les longues barbes et le costume des Européens excitaient l'étonnement et l'admiration des sauvages

Cartier : l'ancien Hochelaga

Cartier visita la montagne qui domine Hochelaga, et lui donna le nom de Montréal, qui s'est ensuite étendu à toute l'île. Du haut de son sommet, il vit une vaste et belle contrée, dont l'aspect lui persuada qu'il ne pouvait choisir un meilleur canton pour un établissement.

L'explorateur français Jacques Cartier

Il partit d'Hochelaga le 5 octobre, et revint en France, où l'état déplorable auquel le froid et le scorbut avaient réduit ses équipages, ne permit qu'à très peu de personnes d'ajouter foi aux éloges donnés par lui aux contrées qu'il venait de visiter : « …Pour comble de malheur, un fléau bien plus redoutable que les glaces et la neige allait frapper la petite colonie. Vers les premiers jours de décembre, les Français remarquèrent, sans toutefois en connaître la raison, que les visites des sauvages devenaient de plus en plus rares. Ils surent bientôt pourquoi. Le scorbut s'était déclaré à Stadaconé ; la maladie et la mort ravageaient la bourgade. Le fléau se communiqua bientôt aux navires, et les uns après les autres, les hommes de l'équipage tombèrent victimes de cette funeste épidémie ; vers le milieu de février, sur les cent-dix personnes qui accompagnaient Cartier, huit étaient morts, plus de cinquante étaient dangereusement malades, et il n'y en avait point dix qui n'en eussent plus ou moins ressenti les effets. Malheureusement cette infection était complètement inconnue aux étrangers ; ils en ignoraient également la cause et le remède. Ils furent bientôt réduits à une si triste condition qu'ils n'avaient plus la force d'enterrer leurs morts, pouvant à peine les enfouir sous la neige. Il ne restait plus personne qui fut en état de soigner les malades, car presque tout l'équipage était attaqué, à l'exception du capitaine " qu'il plût à Dieu de toujours conserver en santé ". On pourrait difficilement imaginer une situation plus désespérante que celle de ces pauvres gens. A mille lieues de leurs familles et de leurs amis, au sein de forêts sauvages sans limites, où pas un Européen ne les avait encore précédés ; emprisonnés par la neige et les glaces ; entourés de sauvages dont l'amitié leur avait plus d'une fois paru douteuse, et, pour comble de malheur, assaillis par un fléau qui avait déjà fait vingt-cinq victimes et mettait le reste en danger de mort ; leur condition était certainement des plus pénibles et de nature à détruire tout espoir dans les coeurs les plus résolus. Réduit à la dernière extrémité, Cartier eut recours au Tout-Puissant, par une démonstration d'un caractère particulier. Il ordonna que tout le monde se mit en prières, et fit ensuite porter une image de la Sainte-Vierge, qu'il plaça contre un arbre, distant du fort d'une portée d'arc. Puis il organisa une procession solennelle, à laquelle prirent part tous ceux qui étaient en état de le faire, chantant les psaumes de la pénitence et les litanies, et implorant la Mère de Dieu d'intercéder auprès de son Divin Fils pour qu'il eut pitié de ses serviteurs. " Celuy jour," selon la chronique, " trépassa Philippe Rougemont, natif d'Ambroise, de l'âge d'environ vingt ans". Parkman profite de cette circonstance pour décocher un de ces traits railleurs, contre la foi et le culte de l'église catholique, dont la rencontre, à notre avis, dépare singulièrement ses brillants écrits. " La Sainte-Vierge " dit Parkman, " ne daigna point répondre autrement." Et cependant, sur la même page, il ajoute que quelques jours après, toute cette troupe de moribonds (woe­begone men) qui, les yeux hagards, chancelants, et les membres tuméfiés par des plaies nombreuses, avaient marché en procession vers le sanctuaire de la Vierge, furent merveilleusement guéris du fléau et rendus à la santé, sans en excepter un seul » (J. Pope).

L'explorateur français Jacques Cartier

« Le 3 mai 1536 (avant de lever l'ancre le samedi 6 mai 1536, pour rentrer en France et arriver à Saint-Malo le 6 juillet 1536), fête de l'invention de la Sainte-Croix, Cartier, en l'honneur de la solennité du jour, fit planter une belle croix, de la hauteur d'environ trente-cinq pieds, sur la traverse de laquelle un écusson en bosse, aux armes de France, portait l'inscription suivante : FRANCISCUS PRIMUS DEI GRATIA FRANCORUM REX REGNAT »

L'explorateur français Jacques Cartier

François Ier reçut Cartier avec beaucoup de bienveillance et voulut entendre, de la bouche même du capitaine, le récit de ses aventures, dont il lui demanda, plus tard, une relation par écrit :

Parmi les moins incrédules se distingua un gentilhomme picard, nommé Roberval, qui demanda et obtint pour lui-même la permission de continuer les découvertes.

Chargé d'armer cinq vaisseaux pour cette expédition, Cartier consentit à n'y avoir que la qualité de pilote ; et, comme l'artillerie et les munitions nécessaires ne pouvaient se rassembler à Saint-Malo aussi promptement qu'il l'aurait fallu, Roberval, qui devait commander la flotte sous le titre de vice-roi et de lieutenant-général, résolut détendre les pièces de canon qu'il faisait venir de Normandie et de Champagne, et d'équiper deux autres vaisseaux pour lui-même. Cartier, se trouvant par ce retard obligé de partir d'avance avec les siens, fut revêtu de la dignité de capitaine-général, et mit à la voile le 23 mai 1540.

Voici le texte même des Lettres Patentes émanées en faveur de Jacques Cartier, à l'occasion de son troisième voyage. « FRANÇOIS par la grâce de Dieu Roy de France, et (à?) touz ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Comme pour le désir d'entendre et avoir congnoissance de plusieurs pays que on dict inhabitez, et aultres estre pocedez par cens sauvaiges vivans sans congnoissance de Dieu et sans usaige de raison, eussions des piecza à grandi fraiz et mises envoyé descou­vrir esdits pays par plusieurs bons pillottes et aultres noz subjectz de bon entendement, sçavoir et expérience, qui d'iceux pays nous aurioent amené divers hommes que nous avons par long (temps) tenuz en nostre royaume les faisans instruire en l'amour et crainte de Dieu, et de sa saincte loy et doctrine chrestienne, en intention de les faire revenir esdicts pays en compaignie de bon nombre de noz subjectz de bonne volonté, affin de plus facillement induire les autres peuples d'iceux pays a croire en nostre saincte foy, Et entre autres y eussions envoyé nostre cher et bien amé Jacques Cartier, lequel auroict descouvert grand pays des terres de Canada et Ochelaga, faisant un bout de l'Azie du costé de l'Occident, lesquelz pays il a trouvez, ainsi qu'il nous a rapporté, garniz de plusieurs bonnes commodittez, et les peuples d'iceux bien formez de corps et de membres et bien disposez d'esprit et entendement, desquelz il nous a semblement amené aucun nombre que nous avons par long temps faict vivre et instruire en nostre saincte foy, avecq nosdictz subjectz, en considération de quoy et vu leur bonne inclination, nous avons advise et délibéré de ren­voiër ledict Cartier esdictz pays de Canada et Ochelaga et jusqu'en la terre de Saguenay, s'il peult y aborder avec bon nombre de navires et de nosdictz subjectz de bonne volonté et de touttes qualitez, artz et industrie pour plus avant entrer esdictz pays, converser avec lesdictz peuples d'iceux et avecq eux habiter si besoin est, affin de mieux parvenir à nostre dite intention, et à faire chose aggréable à Dieu nostre créateur et rédempteur et qui soict à l'augmentation de son saint et sacré nom et de nostre mère sainte église catholicque, de laquelle nous sommes dictz et nommez le premier fils, Pourquoi, soict besoing pour meilleur ordre et expédition de ladicte entreprise députer et establir un capitaine général et maistre pillotte des dictz navires, qui ait regard à la conduitte d'iceux et sur les gens officiers et soldatz y ordonnez et establiz, sçavoir faisons, que Nous à plain confians de la personne dudict Jacques Car­tier, et de ses sens, suffizance, loyaulté, preudhomie, hardiesse, grande dilligence et bonne expérience, icely pour ces causes et aultres, a ce nous mouvans, avons faict et constitué, ordonné et estably, faisons, constituons, ordonnons, et establissons par ces présantes Capitaine général et maistre pillotte de tous les navires et autres vaisseaux de mer par nous ordonnez estre menez pour ladicte entreprise et expédition, pour ledict estat et charge de capitaine général et maistre pillote d'iceux navires et vaisseaux avoir, tenir, et esercer par ledict Jacques Cartier aux honneurs, prérogatives, preéminances, franchises, libertez, gaiges et biens faictz tels que par nous luy seront pour ce or­donnez, tant qu'il nous plaira, et luy avons donné et donnons puissance et auctorité de mettre, establir et instituer ausdcitz navires telz lieutenantz, patrons, pillottes et autres ministres nécessaires pour le faict et conduicte d'iceux, et en tel nombre qu'il verra et congnoistra estre besoing et nécessaire pour le bien de ladicte expédition. Si donnons en mandement par cesdictes présentes à nostre admiral ou visadmiral que pris et receu dudict Jacques Cartier le serment pour ce deu et accous­tumé, iceluy mettent et instituent ou facent mettre et instituer de par nous en possession et saisine dudict estat de capitaine général et maistre pillotte et d'iceluy ensemble des honneurs, prérogatives, prééminances, franchises, libertez, gaiges et bien­faictz telz que par nous luy seront pour ce ordonnez, le facent, souffrent et laissent jouir et user plainement et paisiblement et à luy obeyr et entendre de tous, et ainsi qu'il appartiendra es choses touchant et concernant ledict estat et charge, et oultre luy face, souffre et permettre prendre le petit Gallion appellé l'Esmerillon, que de présant il a de nous, lequel est jà viel et caduc, pour servir à l'adoub de ceux des navires qui en auront besoign et lequel nous voulions estre pris et appliqué par ledict Cartier pour l'effect desusdict, sans ce qu'il soit tenu, en rendre aucun autre compte ne relicqua, et duquel compte et relicqua nous l'avons deschargé et deschargeons par icelles présantes par lesquelles nous mendons aussy à noz prévost de Paris, baillifs de Rouan, de Caen, d'Orléans, de Bloys et de Tours, sennechaux du Maine, d'Anjou et Guyenne et à tous nos autres baillifz, sennechaux, prévostz et allouez et autres nos justiciers et officiers tant de nostre dict Royaume que de nostre pays de Bretaigne uny à iceluy, par devers lesquelz sont aucuns prisonniers accusez ou prévenus d'aucuns crimes quelz qu'ilz soinct, fors des crimes d'hérézie et de leze majesté divine et humaine envers nous et de faulx monnayeurs, qu'ilz ayent incontinent à délivrer, rendre et bailler es mains dudict Cartier, ou ses commis et deputtez portans cestes présantes ou le duplicata d'icelles, pour nostre service en ladicte entreprise et expédition, ceux desdictz prisonniers qu'il congnoistra estres propres suf­fizans et cappables pour servir en icelles expédition jusqu'au nombre de cinquante personnes et selon le choix que ledict Cartier en fera, iceux premièrement jugez et condannez selon leur démerittes et la gravité de leurs meffaictz, si jugez et condamnez ne sont, et satisfaction aussy préalablement ordonnée aux parties civilles et intéressées, si faictes n'avoict esté, pour laquelle toutteffois ne voulions la déliverance de leurs personnes esdictes mains dudict Cartier s'il les trouve de service, estre retardée ne retenue, mais se prendra laditte sattisfaction sur leurs biens seullement, et laquelle déliverance desdict prisonniers, accusez ou prévenuz nous voulions estre faicte esdites mains dudict Cartier pour l'effect dessus dict, par nos dictz justiciers et officiers respectivement, et par chacun d'eux en leur regard, povoir et juredition, nonobstant oppositions ou appellations quelconcques faictes ou à faire, relevées ou à relever, et sans que par le moyen d'icelles, icelle délivrance en la manière dessus dicte soict aucunement différée, et affin que plus grand nombre n'en soict tiré outre lesdictz cinquante, nous voulions que la déliverance que chacun de nosdictz officiers en fère audict Cartier soict escripte et certifiée en la marge de cestz présantes, et que néantmoins registre en soict par eux faictz et envoyé incontinent par devers notre amé et féal chan­celier pour congnoistre le nombre et la quallitté de ceux qui ainsi auront esté baillez et delivrez, Car tel est nostre plaisir, en tesmoing de ce nous avons faict mettre nostre scel à cesdictes présantes. Donné à Sainct Pris le dix septieme jour d’Octobre l’an de grâce mil cinq centz quarante et de nostre regne le vingt sixiesme. Ainsi signé sur le reply : Par le Roy, vous Monseigneur le Chancelier et autres présans, De la Chesnaye, et scellées sur ledict reply à simple queue de cire jaulne ».

« Ausquelles lettres est attaché soubz contre scel autres lettres battantes dont la teneur ensuict : HENRY fils aisné du Roy, Dauphin de Viennois, duc de Bretai­gne, compte de Vallentinois, et de Diois, à nos amez et féaux les gens de noz conseil et chancellerie, sénéchaux, allouez, lieutenantz, et à tous noz autres justiciers et officiers en nos dictz pays et duché, salut. Nous vous mendons que suyvant le con­tenu es lettres patantes du Roy nostre trés honoré seigneur et pere, données en ce lieu de Sainct Pris, le dix septiesme jour de ce présant mois, ausquelles ces présantes sont attachées soubz le contre scel de nostre chancelerie, vous ayez à incontinent dé­livrer, rendre et bailler entre les mains de nostre cher et bien amé Jacques Cartier, capitaine général et pillotte de tous les navires et autres vaisseaux de mer que le Roy nostre dict seigneur et pere envoye ès pays de Canada et Ochelaga, et jusque en la terre de Saguenay ... Pour les causes à plain déclarées esdictes let­tres, ou à ses commis et deputtez portant lesdictes lettres et cesdictes présantes, les prisonniers estans par devers vous accusez ou prévenus d'aucun crime, quel qu'il soict, fors de crime d'hérézie et leze majesté divine et humaine et faulz monnayeur, que le dict Cartier congnoistra estre propres, suffizans et cappables pour servir audict voiaige et enterprise jusqu'au parfaict du nombre de cinquante personnes et selon le choix que ledict Cartier en fera, iceux premièrement jugez et condamnez selon leurs demerittes et la gravitté de leurs meffaictz, si jugez et condamnez ne sont, sattisfaction aussi préalablement faicte aux parties civilles et interessées, si faicte n'avoict esté, sans touttefois pour la dicte sattisfaction retarder la délivrance de leurs personnes esdictes mains dudict Cartier s'il les trouve de service comme dict est, mais ordonner icelle sattisfaction estre prise sur leurs biens seullement et afin qu'il n'en soict tiré plus et grand nombre que cinquante, chaicun de vous respectivement regarderez la marge desdictes lettres, combien il en aura esté délivré au dict Cartier, et ferez escrire et certifier en icelle marge ceux que luy ferez delivrer, et néantmoins en tiendrez registre que vous envoirez à nostre très cher et féal le chancelier de France et le nostre pour congnoistre le nombre et qualité qu'ainsi auront esté délivrez, le tout selon et ainsi qu'il est plus au long contenu et déclaré esdictes lettres du Roy nostre dict seigneur et père, et que ledict seigneur le veult et mande par icelles. Donné à Sainct Pris le vingtieme jour d'Octobre l'an mil cinq centz quarante. Ainsi signé, par Monseigneur le Dauphin et duc, Clausse, et scellées à queue de cire rouge ».

L'explorateur français Jacques Cartier

En butte pendant trois mois aux vents contraires, il arriva enfin à Sainte-Croix. Les sauvages n'eurent pas plus tôt aperçu le pavillon français, qu'ils le reconnurent et se rendirent à bord dans plusieurs canots, sur l'un desquels était Agona, successeur de Donacona, qui était mort en France, où Cartier l'avait conduit. Ce nouveau chef, ayant demandé et appris le sort de son prédécesseur, prit un bonnet de peau qui lui tenait lieu de couronne, et le plaça sur la tête du capitaine français, au bras duquel il mit ses bracelets et autres ornements. Il engagea ensuite ses sujets à se réjouir, et les y excita par son exemple. Cartier lui rendit son bonnet, distribua quelques présents à ses femmes, et alla visiter, à quatre lieues de là, une petite rivière et un port, qu'il trouva très commode pour ses vaisseaux. Cette rivière arrosait un beau pays, ombragé de grands arbres de différentes espèces. Ce ne fut pas sans un vif plaisir que les Français y virent, au sud, quantité de vignes chargées de raisins moins doux que ceux de France, mais aussi noirs que des mûres. Les graines de divers légumes que Cartier y fit semer poussèrent dans l'espace de huit jours.

Sur le bord oriental de la rivière s'élève une colline très escarpée ; les Français y pratiquèrent des degrés pour y monter, et y construisirent un fort où ils transportèrent leurs vivres. Ils y découvrirent une source d'eau vive, qui leur rendit ce poste très commode. Ils trouvèrent, non loin de là, une espèce de cailloux qui renfermaient une matière semblable à du cristal ; ils la prirent d'abord pour des diamants. Mais ils découvrirent bientôt un plus juste sujet de joie : en remuant le sable de la rivière, ils y découvrirent des feuilles d'or.

L'explorateur français Jacques Cartier

Cependant, les vivres qui commençaient à manquer, les sauvages qui donnaient des inquiétudes, et Roberval, qui n'arrivait point, décidèrent Cartier à retourner en France avec tous ceux qui l'avaient accompagné.

Parti quelque temps après pour le Canada, Roberval y fit, dans la suite, plusieurs voyages avec son frère ; mais dans le dernier, il périt ainsi que tous ceux qui l'accompagnaient.

Navigateur Jacques Cartier  Tentative de colonisation au Canada (1541-1543)

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