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LE PRIEURÉ SAINT-SAUVEUR DE BERÉ (ou BÉRÉ) A CHÂTEAUBRIANT(possession de l'abbaye de Marmoutier) |
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Dans la première moitié du XIème siècle, Brient Ier, seigneur de Châteaubriant, et Innoguent sa mère, voulant édifier à peu de distance de leur château, mais de l'autre côté de la Chère, une église et un petit monastère, envoyèrent demander à Cavallon, abbé de Saint-Sauveur de Redon, un moine qui pût diriger l'entreprise. Ce moine n'ayant pas réussi au gré d'Innoguent, cette dame en fit venir, de l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes, un autre qui n'obtint pas un meilleur succès. Alors Brient et Innoguent donnèrent le lieu de Beré et ses dépendances à l'abbé de Marmoutier, Albert, lequel satisfit enfin convenablement au désir des donateurs par la construction de l'église et du prieuré. Tous ces faits durent avoir lieu de 1030 environ à 1050. Car l'abbé Cavallon se démit du gouvernement de Redon en 1041 ; Albert prit celui de Marmoutier en 1037 ; et enfin en 1050 Airard, évêque de Nantes, confirma aux moines la possession de ce lieu de Beré, où ils avaient déjà, dit-il, construit une église (D. Morice, Preuves I, 402).
Parmi les biens qui furent donnés à l'abbaye de Marmoutier avec Beré et comme dépendants de ce lieu, la charte de Brient nomme, entre autres, une charruée de terre sise à Beré même, deux métairies en Piré, la dîme de l'église de Saint-Aubin (du Pavail) située, dit l'acte, dans ce même territoire de Piré, une masure (mansura) en Bain, la dîme de toutes les coutumes des foires et marchés de Châteaubriant, tous les revenus de la foire de Saint-Hilaire, etc. (D. Mor., Pr. I, 401).
Peu après, Brient donna aux moines de Beré l'église paroissale de Saint-Pierre de Piré avec tous les droits ecclésiastiques (Id. ibid., 695), et Gautier de Méral la chapelle du Boistrudan en Piré (Bibl. Imp., Mss. lat. Cart. Maj. Mon., t. III, p. 330).
Mais les moines de Marmoutier ne jouirent pas d’abord tranquillement de tous ces dons. Les moines de Redon vinrent prétendre que Beré leur ayant été donné en premier lieu, la donation faite ensuite à Marmoutier devait être annulée et le monastère leur revenir. Cette cause fut débattue le 9 février et le 29 juin 1062 devant l'évêque de Nantes, juge naturel. Brient était déjà mort ; mais sa mère Innoguent, encore vivante, affirma par serment que, s'il était vrai qu'elle eût appelé successivement, pour bâtir le monastère de Beré, des moines de Redon, de Saint-Melaine et de Marmoutier, elle n'avait fait de donation qu'à ces derniers. L'abbé de Redon n'ayant pu produire au contraire ni titre ni témoin, fut débouté de sa demande par l'évêque, mais en appela au pape, en même temps qu'il se faisait soutenir, à prix d'argent, par un seigneur du nom de Tehaide (Tehaidus), que je pense être le même qu'un fils de Brient Ier, appelé ailleurs Tehaire (Teherius), et qui avait dans son fief le lieu où se trouvait bâti le prieuré de Beré. Le pape condamna itérativement l'abbé de Redon et ordonna à Tehaide de rendre Beré à Marmoutier. Puis, sur leur refus de se soumettre à sa décision, il les excommunia. Tehaide s'en effraya et ne persévéra dans sa résistance que sur la promesse de l'abbé de Redon de le faire absoudre. Au lieu de l'absolution, vint une sentence d'excommunication définitive : cette fois Tehaide céda, et les moines de Marmoutier furent réintégrés. Ceux de Redon, ainsi battus de tous côtés, ne cessèrent néanmoins de renouveler leurs chicanes jusqu'à l'année 1107, que Gérard, évêque d'Angoulême et légat du Saint-Siège, tenant un concile à Nantes ménagea un accord définitif entre les deux abbayes. Redon renonça définitivement à toute prétention, et Marmoutier lui céda la partie de l’île d’Her qui dépendait du prieuré de Donge (D. Mor., Pr., I, 417-422).
Ce long procès ne mit point obstacle aux libéralités des seigneurs voisins envers les moines de Beré. Hervé de Rougé et Main ou Mainon, son frère, leur donnèrent, celui-ci une métairie en Ercé, au lieu de la Chapelle, celui-là une borderie ou bordage (bordagium) en Piré (Id. ibid., 695), et cela avant la fin du XIème siècle. Vers la même époque, Raoul fils d’Abelin de Janzé donna aussi à l'abbaye de Marmoutier, l'église de Saint-Martin de Janzé, une maison près de cette église, des terres considérables en et hors le bourg, un moulin, etc. (Id. ibid., 695 ; et ci-dessous, Liasse, 1ère, n° 6). Cette donation paraît avoir fourni le noyau principal de cette réunion de biens qui, sous le nom d'annexe de la Franceule, resta jusqu'en 1789 un membre dépendant du prieuré de Beré. La terre de la Franceule (en Janzé) n'est point nommée cependant dans la notice des dons de Raoul de Janzé. Il n'en est pas moins sûr que les moines de Beré la possédaient dès le commencement du XIIème siècle, puisqu'en 1123 Étienne et Hervé du la Guerche renoncèrent à toute prétention sur une masure de terre possédée par les religieux de Marmoutier résidant à la Franceule (ci-dessous, Liasse 1ère, 9).
Dans le courant du XIIème siècle, Aufroi de Sion voulut aussi avoir près de chez lui un moine de Beré, pour desservir la chapelle qu'il se proposait de construire en l'honneur de la sainte Vierge et de saint Jacques (ci-dessous, Liasse 1ère 15) ; et en 1248 un autre Aufroi de Sion, descendant du premier, ayant fondé et doté libéralement près de son château de Damenèche ou Domenèche (dont les ruines se voient encore en la forêt de ce nom, paroisse de Lusanger), une autre chapellenie, la donna à Marmoutier, sous la condition que cette abbaye la ferait desservir par un moine établi sur le lieu même, ou résidant avec un autre moine « dans le prieuré de Sion » (ci-dessous, Liasse 1ère, 26).
Les chartes de Beré nous font connaître, en ce lieu et à Châteaubriant, l'existence ancienne de cinq églises, avant le XIIIème siècle, savoir : 1° la chapelle propre du prieuré ou église Saint-Sauveur, 2° Saint-Jean de Beré, 3° Saint-Pierre de Beré, 4° Notre-Dame de Châteaubriant, et 5° Saint-Nicolas de Châteaubriant. Deux seulement de ces églises étaient paroissiales, Saint-Jean et Saint-Pierre ; mais cette dernière étant fort petite et n'ayant plus que treize paroissiens, la paroisse fut supprimée et réunie à Saint-Jean en l'an 1252 (ci-dessous, Liasse 1ère, 27). Notre-Dame était, je crois, la chapelle primitive du château (Ibid., 11), et Saint-Nicolas, qui ne fut jusqu'en 1789 qu'une simple chapelle dépendente de Saint-Jean, est aujourd'hui la paroisse de la ville : on la trouve déjà mentionnée avec quelque détail dans un acte de 1197 (Ibid., 17).
Notons aussi que, dès le XIIIème siècle, Châteaubriant avait des écoles, dont le maître devait être nommé en commun par le prieur de Saint-Sauveur et le curé de Saint-Jean de Beré (Ibid., 27).
Suivant le livre des prieurés de Marmoutier, écrit en 1587, le prieuré de Beré était pour six moines, plus le prieur. Il devait chaque année à la mense de l'abbaye mère 15 livres tournois, 48 sous aux offices claustraux, et 16 livres 9 sous pour l'entretien des moines de Marmoutier qui allaient étudier à Paris. Du prieuré dépendaient les cures de Sion, de Janzé, de Saint-Aubin du Pavail et celle de Piré avec la chapelle de Boistrudan ; les trois dernières à cause du membre de la Franceule (Bibl. imp., Mss. lat. Cart. Maj., Mon., III, 359). Le prieur avait aussi en l'église Saint-Jean de Beré certains droits utiles ou honorifiques, qui donnèrent lieu à plusieurs contestations suivies d'accords, du XIIème jusqu'au XVIIème siècle (ci-dessous, Liasse 1ère, 12, 17, 18 ; Liasse V, cotes X, 1 et C 2).
Quant au temporel du prieuré, il était disséminé dans un assez grand nombre de paroisses, sous la mouvance de plusieurs seigneuries, à savoir, le comté ou domaine ducal de Rennes, la baronnie de Châteaubriant, la châlellenie de Piré et la seigneurie du Désert en Janzé.
Du Duc et ensuite du Roi, à cause du domaine de Rennes, relevaient la terre de la Franceule en Janzé, les fiefs et rentes que possédait le prieuré en la paroisse de Janzé aux masures du Breil, de la Hallerie, de la Bournichaie, des Thebregières et de la Rongeraie ; en Piré aux masures de la Chaterie, du Plessix-Rabelays, de la Couture, de l'Oliverie, de Crevain, de la Hurelière et du bourg de Piré ; tout ce qu'il y avait en Saint-Aubin du Pavail ; la métairie du Fail en la paroisse du Teil ; et encore les dîmes et portions de dîme que prenait le prieur aux quatre paroisses susdites et en celles d'Essé, Retiers, Bain et Messac (Arch. dép. de la Loire-Inférieure, fonds de Beré, Liasse III, pièces cotées D 3 et F. 3).
Du seigneur de Piré le prieur de Beré et la Franceule tenait, en la paroisse de Piré, la métairie de la Poitevinière, celle de la Moinerie ou Monnerie près la chapelle du Boistrudan, et de plus tous les fiefs et rentes qu'il avait aux masures de la chapelle du Boistrudan, de l'Asnerie, de la Cussonnière, de l'Etrangère, de Monmelloux, de la Rivière, de l'Engaigé, de la Visseulle, de Segrée et de la Painetière ou Pentière (Ibid., C 3 et F. 3 ).
De la châtellenie du Désert à Janzé, relevait la métairie de Villeraud et tout ce que le prieur de Beré avait de fiefs et rentes en la masure du même nom et celle de la Godefrière, le tout paroisse de Janzé (Ibid., O 3).
Enfin sous la baronnie de Châteaubriant étaient les bâtiments, église et pourpris du prieuré, et, entre autres possessions, les métairies de la Grange, de la Goupillière et de la Rousselière en Beré ; près le cimetière de Beré, le champ de foire, appelé champ Saint-Père en 1543, où se tenait la foire Sainte-Croix, dont les redévances appartenaient, aux moines, et enfin le fief de Beré s'étendant par endroits dans les trois paroisses de Beré, Rougé, Erbrai (Ibid., Q 4).
Le prieur de Beré avait sur tous ses vassaux haute, basse et moyenne justice, avec tous les droits qui étaient, en Bretagne, l'attribut ordinaire du seigneur justicier.
La commende s'était introduite dans le prieuré de Beré dès la première moitié du XVIème siècle (Fonds de Beré, Liasse IV, pièce cotée L 2). Cependant en 1586 il y avait encore cinq religieux dans le prieuré, et la discipline y était, régulièrement observée (Ibid., Liasse V, pièce X 1). Mais bientôt les usurpations et les abus des prieurs commendataires réduisirent la mense conventuelle à ce point qu'il devint impossible d'entretenir dans le prieuré un nombre de moines suffisant et de conserver les bâtiments en état. Dès lors la discipline fut anéantie ; le désordre une fois introduit ne fit que s'accroître, et la réforme de Saint-Maur elle-même, après qu'elle eut été introduite dans l'abbaye de Marmoutier, ne put parvenir à le réprimer. C'est pourquoi l'abbé de Marmoutier et le supérieur de la congrégation de Saint-Maur consentirent très-facilement à céder, sous des conditions peu onéreuses, la propriété de l'église et des bâtiments de Saint-Sauveur de Beré aux religieuses Ursulines de Châteaubriant, qui passèrent traité pour cet objet avec les RR. PP. Bénédictins en 1654 et en 1655 (Fonds de Beré, Liasse IV, pièces R. 2, D 3). Depuis cette époque, les prieurs commendataires, quand ils voulurent résider dans leur bénéfice, habitèrent la maison de la Franceule, pendant que les débris de la mense conventuelle allaient augmenter le revenu des autres monastères de la congrégation de Saint-Maur où était rétablie la discipline.
Je me suis un peu étendu sur le prieuré de Beré, parce qu'il est certainement le plus important de ceux qu'a possédés Marmoutier dans le diocèse de Nantes. Les autres nous occuperont moins longtemps.
TITRES DU PRIEURÉ DE BERÉ.
Le fonds du prieuré de Beré se compose d'onze liasses et d'un volume d'inventaire.
Inventaire.
C'est un volume in-f° en papier, qui semble avoir été écrit vers le milieu du XVIIIème siècle.
Les pièces analysées dans cet inventaire y sont réparties en cinq chapitres, savoir : Chap. 1er Baux à ferme ; — chap. II. Domaine, justice, etc. ; — chap. III. Baux à perpétuité et titres de rente ; — chap. IV. Dîmes, droits honorifiques, etc. ; — chap. V. Déclarations et aveux rendus au prieur de Beré par ses vassaux. Ce dernier chapitre se divise en huit articles ou sections, dont chacune n'est pas moins considérable que chacun des quatre premiers chapitres.
Dans chaque chapitre et dans chaque section du chapitre V, les pièces sont cotées par les lettres de l'alphabet accompagnées de chiffres, pour distinguer les alphabets successifs, chacun de 22 lettres, parce qu'on n'y emploie ni J, ni K, ni U. Ainsi les 22 premières pièces vont de A 1 à Z 1, les 22 suivantes de A 2 Z 2, et ainsi de suite.
Les analyses de cet inventaire sont généralement bien faites et assez complètes, du moins pour les titres qui pouvaient servir à défendre les droits utiles et les intérêts pécuniaires du prieuré. Les actes les plus anciens, qui n'avaient plus au XVIIIème siècle qu'un intérêt historique, ont été, au contraire, très négligés. Il semble toutefois que depuis la rédaction de l'inventaire, mais avant 1789, on avait eu le dessein d'en faire une section, à part, puisqu'on en avait réuni les titres dans un petit catalogue séparé, mis en tête de l'inventaire général, et lui-même intitulé : Inventaire des chartres contenant la fondation, donation priviléges et immunités du prieuré de Beré.
Cette disposition a été conservée, et toutes les chartes antérieures à l'an 1300 sont réunies aujourd'hui dans une liasse particulière, la première du fonds. L'analyse de ces titres intéressants pour l'histoire, étant très insuffisante, j'ai cru devoir reprendre cette partie du travail, comme on le verra ci-dessous.
Du reste, les archives départementales ont conservé la moitié à peine du total des pièces analysées dans l'ancien ïnventaire ; ainsi, par exemple, des huit sections qui formaient le chap. V, il n'en reste que deux. Les articles dont on a pu constater l’absence ont été indiqués par un M. en marge de l'inventaire.
Cet inventaire est fait en double.
Liasse première.
On y a réuni toutes les pièces du fonds de Beré antérieures à l'an 1300, dont suit l'analyse [Note : J'ai cru qu'il était utile d'indiquer celles de ces pièces qui ont été publiées en tout ou partie par D. Morice dans les Preuves de l'Histoire de Bretagne quand le tout ou la plus grande partie de la pièce a été donnée, j'emploie le mot Impr. (imprimé), et le mot Extr. (extrait) quand il n'y a qu'un court extrait].
1.
XIème SIÈCLE, avant 1050. — Charte de Brient, seigneur de
Châteaubriant. Il donne à l'abbaye de Marmoutier un lieu appelé Beré dédié sous
le vocable de Saint-Sauveur, avec toutes ses dépendances : Quendam locum mei
juris, dit-il, qui vocatur Bairiacus, in honore S. Salvatoris
constructum, cum omnibus sibi subjectis rebus. Brient déclare faire cette
donation quatinus ego et pater meus Teuharius et mater mea Ignoguent, filii
quoque mei Guaffridus et Teuharius, nec non et conjux mea Aldelendis eorum (i.
e. monachorum Majoris Monasterii) orationibus adjuti, omnium illorum qui
elemosinis Divinoe Majestati placuerint, mereamur adjungi consortio. On voit par là que le père de Brient
s'appelait Teuhaire (Teuharius) et non Tihern, comme les Bénédictins l'ont
imprimé dans l'extrait d'une autre charte (D. Mor. Pr. I, 402). A la
souscription, la femme de Brient est appelée Hildelendis. Cette donation fut
faite sous l'abbé Albert, et avant 1050, puisque, cette année-là, Airard évêque
de Nantes, en la confirmant insinue qu'elle date du temps de ses prédécesseurs
et que les moines de Marmoutier ont déjà bâti une église au lieu de Beré (D.
Mor. Pr., I, 402). Cette charte porte la croix autographe du donateur. —
Orig. Parch.
Nota. Outre cette lettre de fondation, on en rédigea peu après une
autre, que nous n'avons plus, mais qui a été imprimée en entier par Du Paz
(Hist. généal. pp. 4b-6b) et en extrait par D. Morice (Preuves, I, 401) ; elle
contient de plus que la nôtre l'énumération des biens donnés à Marmoutier comme
dépendances de Beré, et de moins, la clause dont j'ai rapporté le texte
ci-dessus, où est nommé Teuharius, père de Brient.
2.
XIème S. 1040-1066. — Notice relatant que Conan II, duc de Bretagne [Note : Il succéda à son père Alain III en 1040 et mourut en 1065], donna à Marmoutier toutes les coutumes qu'il avait droit de lever à Piré sur une certaine terre dépendant de cette abbaye ; il reçut en reconnaissance une somme de 6 l. ; et Cario fils de Caradoc, ayant reçu de son côté 5 s., renonça au tonlieu (telonneum) qu'il levait en cette même terre. — Orig. parch. détérioré par l'humidité.
3.
XIème S. — Notice relatant que Fromond Frasier (Frotmundum quendam qui dicebatur Fraserius) donna à Saint-Sauveur de Beré, audit lieu de Beré, la sixième partie des droits ecclésiastiques qu'il avait en l'autel de Saint-Jean et un bordage de la terre Bernouin (unum bordagium terrae Bernuini). — Orig. parch.
4.
XIème S. — Notice relatant qu'Isaac de Beré (Isahac de Bairiaco) donna au prieuré de Saint-Sauveur dudit lieu, quatre arpents (jugera) de terre situés apud villam ipsius Isahac juxta terram Aremberti, et renonça au droit qu'il prétendait sur quatre autres. — Orig. parch.
5.
XIème S. — Notice. Chauvi, fils de Gicquel, et Rivaud, son frère (calvicum filium Judicaelis et Rivaldum fratrem ejus), vendirent, pour 36 sous, au prieuré de Saint-Sauveur de Beré une terre sise contre l'église dudit lieu, et qui devait contenir une demi-masure (dimidia mansura) ; mais comme il fut prouvé qu'elle contenait moins, les moines s'adressèrent à Aufroi (Alfredus) seigneur du lieu, en le priant d'autoriser la vente et d'obliger les vendeurs à compléter cette demi-masure. Ce qu'ils firent en ajoutant à la terre vendue celle qu'avait possédée Lambert le tessier. Et sur cette demi-masure il était dû à Aufroi 12 deniers de cens annuel. — Orig. parch.
6.
XIème S. — Notice relatant que Raoul, fils d'Abelin de Janzé, du consentement de ses propres fils, Geoffroi et Sevestre (Silvester), donna à Marmoutier l'église de Saint-Martin de Janzé, la maison qu'il avait vis-à-vis cette église, trois hôtes (hospites) à Janzé, autant de terrain qu'il leur en faudrait pour une grange et un verger, la terre de Villeraud (terra Ville Raaldi), celle du Saule et le moulin de Néron, quatre seterées de terre proche le cimetière, de l'argent pour faire un calice, et une croix d'or et d'argent. — Orig. parch. Il y a une copie de cette pièce au n° 10. Impr. D. Mor, Pr. I, 695.
7.
XIIème S., vers 1107-1110. —
Chirographe contenant l'accord définitif entre les abbayes de Marmoutier et de
Redon au sujet de Beré, que la dernière réclamait sur l'autre. Redon renonce à
ses droits, et Marmoutier lui cède toute la partie de l'île d’Her (insula
Areae) qui dépendait du prieuré de Donge. Cet accord fut conclu à Nantes, dans
le temps que Gérard, évêque d'Angoulême et légat du Saint-Siége, y présidait un
concile [Note : Le concile se tint en 1107, selon Travers, Hist. de Nantes,
t. I. p. 233, mais D. Lobineau et D. Morice dans leurs Histoires de Bretagne,
le mettent en 1110] ; et à ce moment même, en témoignage de cette convention, les moines
de Marmoutier donnèrent à ceux de Redon un ornement ou chapelle de prêtre du
prix de 20 livres (et capellam quandam sacerdotalem XX. libris comparatam eis
pro testimonio contulerunt). Puis ils envoyèrent quelques-uns d'entre eux à
Redon, où cet accord fut confirmé en présence de Robert d'Arbrisel et de
l'ermite Graphion (presente Roberto de Arborella et Graphione heremita). Après
quoi il fut de nouveau confirmé à Marmoutier devant l'abbé de Redon et
quelques-uns de ses moines, venus précisément pour cet objet. — Orig. parch.
Impr. dans D. Mor., Pr. I, 421.
7 bis.
XIIème S., vers 1107-1110. — Minute ou copie contemporaine du chirographe précédent. Parch.
8.
1115. II° Kal. April. (31 mars) luna secunda. — Charte de Brice (Briccius) évêque de Nantes. Il confirme à l'abbaye de Marmoutier ses diverses possessions au diocèse de Nantes, à savoir ce qu'elle avait :
In Beriaco et in Sion (Beré
et Sion),
et in Pontecastello (Pontchâteau),
et in Dangiaco et Preuenquer
(Donge et Prinquiau),
et in Pontello quod dicitur Peregrinum (le Pellerin),
et Machecol (Machecoul),
et in S. Medardo de Dolon (Doulon),
et in Capella Bassameri (la Chapelle-Bassemer),
et in Foresta (la forêt de Puzarlès, dite
depuis la Magdelaine-en-Bois (paroisse de Carquefou), dépendante du prieuré de
Sainte-Croix de Nantes),
et in Enort (Nort),
et Varesda (Varade).
Il est réglé que le prieuré de Beré et Sion paiera chaque année, le jour Saint-Pierre, à l'église de Nantes deux deniers d'or du poids de deux deniers mançois, et le prieuré du Pellerin, un denier d'or. — Le clerc qui a écrit cette charte l'a signée en quelque sorte, mettant son nom à la fin, un peu à part de ceux des témoins, ainsi : Bartholomeus clericus ejusdem cartis (sic) scriptor. — Orig. parch. était sc.
9.
1123. — Chirographe constatant qu'Hervé et Étienne de la Guerche, pour l'amour de leur frère Girard, prêtre, et surtout de leur autre frère Guérin, moine de Marmoutier, se sont désistés des prétentions qu'ils élevaient sur une masure de terre possédée par les religieux de cette abbaye résidant à la Franceule (apud Franciolam). Deux autres individus, Guérin et Bonenfant (Bonus Infans), qui élevaient aussi des réclamations sur le même bien, s'en désistèrent pour une somme de 30 s., une fois donnée, et pour un cens annuel de 6 d. Parmi les témoins j'en remarque un qui s'appelle Walterius Sine Manica, Gautier Sans-Manche ou peut-être Sans-Gant. — Orig. parch.
10.
1133 et 1162. — Copie en papier, écrite, au XVIIème siècle, de cinq pièces ou extraits de pièces, dont les trois premières sont dites avoir été prises « d'un livre en parchemin et en latin contenant 125 feuillets, collationné par Maille, notaire et secrétaire du Roy ». Je range ci-dessous ces cinq pièces par ordre chronologique ; le chiffre romain placé en tête de chaque analyse indiquera l'ordre réel que chacune des pièces occupe dans la copie [Note : Cette remarque doit s'appliquer aussi aux n°s 19 et 22 du présent fonds de Beré, qui sont de même des copies de plusieurs pièces].
V. —
XIème S. Copie de la pièce inventoriée ci-dessus au n° 6.
IV. — 1333. Charte
d'Hamelin, évêque de Rennes, où il confirme à Marmoutier l'église de
Saint-Martin de Janzé donnée à ladite abbaye par Marbode, prédécesseur
d'Hamelin. — Cop. coll. à l'orig.
I. — 1156-1166 ou 1168-1178. Charte
d'Étienne, évêque de Rennes [Note : Etienne de La Rochefoucaud a été évêque de
Rennes de 1156 à 1166, et Étienne de Fougères, de 1168 à 1178], où il confirme à Marmoutier ses possessions
dans le diocèse de Rennes.
II. — 1162. Bulle du Pape Alexandre III confirmant
à l'abbaye de Marmoutier ses possessions dans le diocèse de Rennes.
III. —
Extrait du catalogue des bénéfices de
Marmoutier dans le diocèse de Nantes, concernant Beré.
11.
1142-1147. — Charte d'Itier, évêque de Nantes (de 1142 à 1147). Du consentement de l'archidiacre Normand et du doyen Isaur (Isaurus), il donne à Guérin, abbé de Marmoutier, et à son abbaye la chapellenie [Note : Il faut remarquer toutefois qu'au XIIème siècle le mot capellania indiqua souvent la charge, non-seulement d'un chapelain, mais d'un curé] de l'église Notre-Dame de Châteaubriant (Capellaniam ecclesie S. Marie de Castello Brient), à condition que les moines établis en ce lieu paieront à l'église de Nantes, le jour de Saint-Pierre, un cens annuel de 6 deniers angevins. Geoffroi, seigneur de Châteaubriant, avait remis préalablement aux mains de l'évêque tout le droit qu'il pouvait avoir en ladite église. Parmi les témoins, un Geoffroi Bevin. — Orig. parch. était sc.
12.
1147-1170. — Charte de Bernard, évêque de Nantes (de 1147 à 1170), où, sur le différend mû touchant les droits de sépulture entre les moines de Beré et le curé de Saint-Jean (qui se nommait alors Garsire, Garsirium), il décide que quand le curé aura pour une sépulture de 5 à 14 deniers, les moines en auront 2 1/2 ; ce droit leur ayant été concédé par les évêques de Nantes, prédécesseurs de Bernard, pour l'entretien du luminaire de l'église de Saint-Sauveur de Beré (qui était l'église propre du prieuré). — Copie collationnée, en papier, du 27 nov. 1649.
13.
XIIème S., fin. — Charte de Geoffroi de Châteaubriant, où il notifie que Geoffroi Souvain (Gaufredus Silvani), faisant moine son fils Souvain, donna au prieuré de Beré nemus de Deserto, quod apud Riné situm est, ab antiqua via de Rogé usque ad landan. Et ce, du consentement d'Agnès, femme dudit Souvain ; de Hervé Richard (Herveus Ricardi), Gautier et Jean, ses fils ; de ses frères Guillaume Souvain et Hervé Souvain (Guillelmus, Herveus Silvani). Parmi les témoins Geoffroi de Lamballe, prieur de Beré. — Orig. parch. était sc.
14
XIIème S., fin. — Charte d'accord entre Philippe de Châteaugiron et les moines de Beré. Ledit Philippe prétendant, malgré les moines, avoir l'avenage de leur maison de la Franceule, y avait commis de graves excès, qui lui avaient valu mainte excommunication. Les deux parties convinrent de s'en rapporter au témoignage de trois hommes de la Franceule. Lesquels jurèrent que ni Philippe ni personne n'avait droit, à l'avenage, si ce n'est l’aîné d'Amanlis pour la garde et la communauté qu'il avait en ladite terre (preter primogenitum de Amanliis, qui primogenitus pro custodia et communitate terre sue avenagium annuatim accipiebat). Philippe, en conséquence, renonça à ses prétentions par la remise d'un livre des collectes sur l'autel de Saint-Pierre, et il eut, en charité, d'Alain, prieur de Beré, une somme de 60 sous. Parmi les témoins Jean, Païen et Hervé Agullon ; Alain de Chateaugiron (de Castro Gilonis), Geoffroi de Janzé (de Jaanze), Geoffroi de Nouvoitou (de Nouestol). — Orig. parch. était sc. de 2 sceaux.
Nota. — Cette charte et la précédente font voir que les noms patronymiques, même ceux qui venaient de quelque sobriquet (car ceux tirés des noms de terres sont les plus anciens), étaient déjà fort usités en Bretagne dans le courant du XIIème siècle. Ainsi ce n° 14 nous offre trois témoins portant tous le surnom d'Agullon ou Aiguillon, et nous verrons encore ci-dessous, au n° 16, un Raoul Aiguillon du même pays et très-probablement de la même famille. Dans le n° 13 nous rencontrons un Geoffroi Souvain, dont les deux frères et au moins l'un des fils avaient le même surnom ; on doit croire qu'il appartenait aussi à deux autres fils (Gautier et Jean), dont, le surnom n'est point explicitement indiqué. Mais, comme pour montrer que cette transmission héréditaire des noms patronymiques n'était point encore d'un usage universel, il y a un quatrième fils, Hervé, qui, au lieu de porter le surnom de Souvain, a celui de Richard, Herveus Ricardi.
15.
XIIème S., fin. — Charte d'Aufroi
de Sion (Aufredus de Syon), où il donne à Marmoutier la maison et la vigne au
Prêtre (domun et vineam Sacerdotis), plus 4 sous de rente, à condition que le
prieuré de Beré enverra à Sion l'un de ses moines célébrer l'office divin pour
les bienfaiteurs dans la chapelle qui sera construite (in capella que
construetur) en l'honneur de la sainte Verge et de saint Jacques. — Orig. parch.
était sc.
Extr. D. Mor. Pr. I, 940.
16.
1195. — Chirographe. Charte de Geoffroi, abbé de Marmoutier. Il donne l'usufruit de la maison de la Franceule à un clerc nommé Païen, neveu de Geoffroi du Perré (Gaufridus de Pereio) et admis en considération de ce Geoffroi à la fraternité du monastère, auquel il s’était d'ailleurs donné soi et ses biens. Ledit Païen acquittera de toutes charges la terre de la Franceule ; il paiera 100 livres de pension au prieur de Beré à la Saint-Martin d'hiver, 50 à la Saint-Martin d'été ; il hébergera l'abbé de Marmoutier, le prieur de Beré et les moines de l'abbaye qui iront de ce côté. Il tiendra maison en bon état, mais ne pourra rien engager, vendre ni aliéner de ce qui en dépend. Dans sa vie ou à sa mort, quand il voudra, il pourra prendre l'habit, monastique et remettra au prieur de Beré tout ce qu'il possédera en ce moment. Geoffroi du Perré, Raoul Aiguillon (Aculeus) et les frères de Païen jurèrent avec lui cette convention, qui fut scellée du sceau du chapitre de Marmoutier. — Orig. parch. était sc.
17.
1197. — Chirographe. Charte de Philippe, abbé de Saint-Julien de Tours, et d'André, archiprêtre d'Amboise, juges donnés par le Saint-Siège pour juger en dernier ressort le procès mû entre les moines de Beré et Hilaire, curé de Saint-Jean, procès renouvelé après avoir été une première fois terminé par Robert, autrefois évêque de Nantes. Le prieur prétendait avoir le droit, 1° de célébrer l'office en l'église Saint-Jean à cinq jours de l'année (Noël, la Purification, Pâques, la nativité de saint Jean-Baptiste et la Toussaints) ; 2° de prendre les deux tiers des offrandes à ces cinq jours, et en outre dans l'octave de Noël, et du Vendredi-Saint au lendemain de l'octave de Pâques ; 3° de prendre les deux tiers des prémices ; 4° d'avoir 2 deniers 1/2 par sépulture, quand le curé en aurait au moins 5. De tout quoi le curé ne voulait laisser jouir les moines depuis dix ans. Mais enfin, il reconnut, en présence des juges ci-dessus, qu'il avait eu tort et promit de garder à l'avenir le droit des moines. De plus, comme il réclamait de ceux-ci certaines procurations aux octaves de Noël et de Pâques, il y renonça, sauf à celles auxquelles il avait droit les cinq jours où le prieur venait officier dans l'église Saint-Jean. Il reconnut enfin qu'aux cinq jours de fête ci-dessus nommés, il ne pouvait, sans l'assentiment du prieur, célébrer l'office en la chapelle Saint-Nicolas à Châteaubriant, vu que cette chapelle n'est qu'une fille de l'église mère de Saint-Jean (cum et ipsa capella filia sit matricis ecclesie) ; s'il l'y célébre du consentement du prieur, celui-ci aura les deux tiers des offrandes faites en cette chapelle, comme de celles faites en l'église Saint-Jean. Mais au lieu de percevoir réellement les diverses portions d'offrandes auxquelles ils avaient droit, les moines accordèrent que le curé leur servirait une pension annuelle de 40 l., payable par moitié à Noël et à Pâques ; mais ils se réservèrent de reprendre directement leur part des offrandes en renonçant à la pension, si cela leur convenait, dix ans après la date de cet arrangement. — Cop. coll. en pap. du 27 nov. 1649.
18.
XIIIème S., commencement. — Charte de R., abbé de Saint-Julien de Tours, de J., doyen de l'église de Tours, et de N., archiprêtre d'Amboise, juges donnés pour le Saint-Siége pour prononcer au procès mû entre les moines de Beré et Hilaire curé de Saint-Jean (dudit lieu de Beré).
Ils décident que les parties devront observer sans y rien changer l'accord fait entre elles par-devant Robert, jadis évêque de Nantes, Philippe, jadis évêque de Saint-Julien de Tours, et André, jadis archiprêtre d'Amboise. Ils règlent que les dîmes du chanvre, du lin, des oignons et des aulx étant de menues dîmes, il en sera disposé comme des prémices entre le curé et les moines. Orig. parch. était sc. de 3 sc.
19.
XIIIème
S., commencement. — Charte de Geoffroi Roussel, de Janzé, chevalier, où il
renonce à un certain droit d'avenage, par lui prétendu sur les hommes de
Marmoutier habitant à Villeraud (apud Villam Arraudi), et à l'occasion duquel
il avait commis contre eux plusieurs excès. Ce désistement fut fait à Janzé, en
présence de Robert de Chantelou, sénéchal de La Guerche, dont Geoffroi Roussel.
emprunta le sceau pour sceller sa charte, vu qu'il n'avait point le sien. Pour
reconnaître cette renonciation, Pierre, prieur de Beré, donna audit Roussel 45
sous tournois.
— Orig. parch. était sc.
20.
1217. — Copie de deux pièces, dont l'une, la première, est la charte de
fondation de Beré inventoriée au n° 1, et la seconde suit.
II. — 1217. —
Charte de Geoffroi, seigneur de Châteaubriant, où il confirme à Marmoutier le
lieu de Beré avec toutes ses dépendances, dont les principales sont : deux
métairies à Piré et la dîme de l'église de Saint-Aubin, au même lieu ; une
masure (unam masuram) à Bain ; la dîme des moulins de Châteaubriant, celle des
coutumes des foires et marchés dudit lieu, les coutumes de la foire de la
Saint-Hilaire. Geoffroi leur accorde le droit de moudre leur blé gratis au
nouveau moulin qu'il a construit sur la Seiche, et de prendre du bois mort pour
leur usage en la forêt de Juigné. — Cop. coll. pap. du 13 juillet 1673.
Impr.
avec la date de 1218, D. Mor., Pr. I, 834.
21.
1232 — Charte de Guillaume de Léberte, chevalier. Il donne à Marmoutier ce que ses ancêtres et lui-même ont pu et pourraient avoir sur la maison et les hommes de la Franceule. — Orig. parch. sc.
22.
1240. — Charte de Jean, évêque, et d'Ad., archidiacre de Rennes, notifiant ce qui suit : Guillaume de Fontenai (de Fonteneio), chevalier, mari d'Agnès, fille de Goranton de Vitré, chevalier, prétendait que, ses ancêtres ayant donné au prieuré de Beré la maison de la Franceule, il avait droit d'exiger de ce domaine le service d'ost (exercitus) et de juger les contredits de la cour du prieur. Mais une enquête ayant prouvé qu'il n'en était rien, Guillaume de Fontenai renonça à ses prétentions, comme à tous les autres droits qu'il pourrait, dans le présent et dans l'avenir, avoir ou prétendre sur la Franceule. Jean, prieur de Beré, est nommé dans cette charte. — Orig. parch. était sc. de 2 sceaux sur lacs de soie rouge et blanche. Extr. D. Mor., Pr. I, 918.
23.
1243. — Charte de Pierre de Bain (Petrus de Baym), chevalier. Ce Pierre de Bain avait une part des coutumes de Châteaubriant, dont les moines de Beré étaient en possession de prendre la dîme, ce qu'il les empêchait de faire ; de plus il prétendait avoir, dans le prieuré de Beré, droit de procuration ou gîte une fois l’an, et droit de breuvage (potura) pour ses chevaux, toutes fois qu'il lui plaisait de les y envoyer ; à quoi les moines résistant, il avait, pour s'en venger, fait de grands dommages au bourg et au prieuré de Beré : ce qui lui avait valu d’être excommunié. Enfin, mieux conseillé, il rendit la dîme aux moines et reconnut n'avoir droit ni à breuvage pour ses chevaux ni à gîte ou procuration pour lui. En retour, les moines le firent absoudre de l'excommunication et le tinrent quitte des dommages et des arrérages qu'il leur devait. — Orig. parch. était sc.
24.
1245 et 1281. — Copie en papier, écrite au XVIIème siècle, des cinq pièces ci-dessous :
V. — 1197. — Copie de la pièce inventoriée ci-dessus au n° 17.
III. — 1217. — Copie de la pièce inventoriée au n° 20.
IV. — 1243. — Copie de la pièce inventoriée au n° 23.
I. — 1245, mars. — Charte de Mathieu du Teil (Matheus de Tilia), sénéchal de Bonabe, seigneur de Rougé, constatant que Geoffroi Leigné ou Lainé renonca au huitième qu'il réclamait en la dîme de « la Gillerrie, » paroisse de Saint-Aubin, possédée par les moines de Beré : sous la condition toutefois qu'il jouirait personnellement de ce huitième jusqu'à sa mort, et que les moines lui fourniraient, chaque an, trois miches (tres panes qui miche vocantur) et une demi-bouteille (dimidiam lagenam) de vin. Lui mort, le huitième de la dîme reviendrait aux moines à perpétuité, ainsi que la rente des trois miches et de la demi bouteille de vin.
II. — 1281, mai. — Charte, de Geoffroi, seigneur de Châteaubriant, contenant l'échange suivant : Les moines de Beré cèdent audit Geoffroi leur moulin de Choisel, en la paroisse de Saint-Jean de Beré, et tout ce qu'ils avaient droit de prendre annuellement sur la cohue et la coutume de Châteaubriant et aussi sur la coutume dont jouissait Senebrin de Bain, plus leur droit d'usage en la forêt de Juigné (in foresta de Junegio, ce nom paraît mal écrit).
En retour, le sire de Châteaubriant donne aux moines tous ses revenus de la foire de Sainte-Croix de Beré, et les rentes suivantes qu'il avait sur les domaines du prieuré, savoir : 3O s. de charnage sur les hommes du prieur en la paroisse de Beré ; 40 s. sur les hommes du prieur en la paroisse de Piré, et trois prébendes (prebendarios) d'avoine sur la métairie de la Paitevinière, appartenant au prieur.
Nota. Il faut rapprocher de cette charte la pièce ci-dessous inventoriée au n° 31. Impr. D. Mor., Pr. I, 1059.
25.
1248, juin. — Charte d'André, seigneur de Vitré, notifiant ce qui suit. Les hommes de la Poitevinière, dépendant du prieuré de Beré, et ceux de Brialène, relevant du sire de Vitré, se disputaient la terre de Landelles, sise entre les deux fiefs, et que chacun d'eux voulait s'attribuer tout entière. Guillaume de Couai, chevalier, et Raoul du Maz (do Maz), sénéchal de Vitré, choisis pour arbitres, décidèrent que la partie de la terre de Landelles sise entre la Poitevinière et le grand chemin (magnum chiminum), appartiendrait aux hommes de la Poitevinière, et l'autre partie, entre le grand chemin et Brialène, à ceux de Brialène, à charge par ces derniers de payer au prieur de Beré 10 sous de cens annuel à la Nativité de la Sainte Vierge. Faute de paiement audit terme, le prévôt du sire de Vitré à Bais (prepositus meus de Bayes, dit André de Vitré) délivrera au prieur un gage (nanna) pris sur les gens de Brialène jusqu'à la valeur de 10 s. et de 15 s. en outre pour l'amende. Au défaut du prévôt de Bais, le sénéchal de Vitré fera délivrer ce gage au prieur, et de plus un autre gage de 15 s. pour l'amende du prévôt, si ce dernier ne peut prouver, par serment, à Bais ou à Moulins, qu'il n'a point été suffisamment requis par le prieur. — Orig. parch. était sc.
26.
1248, décembre. — Charte d'Aufroi de Sion (Aufredus de Syun), chevalier. Il donne à la chapellenie par lui fondée près de son manoir ou hébergement de Damenesche. (auj. Domenèche), en son fief Herbert Marie, tout le fief de l'hébergement Herbert Marie et au delà de ce fief une terre ainsi désignée : Et terram totam ultra dictum feodum, limitatam a magna quercu ad magnam quercum, et a quercubus dictis ad publicam stratam Rubei Gerruei ; plus, le droit d'usage en la forêt de Domenèche pour chauffage et construction ou réparation d'édifices, et le droit d'y mettre bestiaux en pâture ; plus le fief de la Coquerie, en la paroisse de Saint-Aubin des Châteaux (S. Albini de Castris), et celui de la Meluchonère, paroisse de Saint-Vincent, deux fiefs qu'Aufroi de Sion tenait de Brient Le Bœuf (de domino Briencio Bovis) et dont il lui devait hommage. Il donne en outre 10 s. de rente annuelle sur le fief Bochart, sur le fief Geoffroi des Landes et le moulin de Saint-Aubin ; et 10 autres sous de rente sur ses coutumes de la Coyere et de la Melesardere. Puis enfin, cette chapellenie ainsi dotée, il la donne à l'abbaye de Marmoutier, à la condition que l'office divin y sera célébré par un moine qui résidera au lieu même, ou qui demeurera avec un autre moine dans le prieuré de Sion (in prioratu de Syun). Aufroi fait sceller la charte de son sceau et de celui du doyen du lieu (sigillum decani ejusdem loci), sans doute le doyen de Châteaubriant. — Orig. parch. était sc. de 2 sc. Extr. D. Mar. Pr. I, 940.
27.
1252 (v. s.), le vendredi après l'Epiphanie. — Charte que je suppose être de l'évêque de Nantes, parce que l'auteur de la charte dit qu'il a plusieurs fois requis le prieur de Beré de mettre un curé dans l'église Saint-Pierre de Beré : sepius monuimus priorem de Bereio ut rectorem poneret in eadem (ecclesia S. Petri). Car l'auteur ne se nomme point, la pièce commence ainsi : In nomine Patris et Filii et Spiritus Amen ; et le sceau est tombé. L'évêque, donc, notifie que, quoiqu’il eût averti plusieurs fois le prieur de Beré de mettre un curé dans l'église de Saint-Pierre dudit lieu, sise vis-à-vis (juxta) celle de Saint-Jean, et depuis longtemps sans pasteur, le prieur n'en avait rien fait, alléguant la pauvreté de ladite église Saint-Pierre et le petit nombre des paroissiens, qui n'étaient que treize. En conséquence, l'évêque, du consentement de l'abbé de Marmoutier, supprime la paroisse Saint-Pierre et la réunit à celle de Saint-Jean, à charge cependant au prieur d'entretenir décemment l'église Saint-Pierre. En même temps, statuant comme arbitre sur quelques différends entre le prieur de Beré et le curé de Saint-Jean, il décide, entre autre choses, que l'institution du maître des écoles de Châteaubriant, réclamée concuremment et exclusivement par le prieur et le curé, appartiendra à tous les deux en commun. Et s'ils ne peuvent se mettre d'accord sur la personne, l'élu du prieur gouvernera les écoles pendant deux ans, celui du curé pendant les deux années suivantes, et ainsi de suite alternatirement. — Orig. parch. était sc.
28.
1253. — Charte de Guillaume de Coimes, chevalier. Il donne aux moines de Beré tout ce qu'il a en la paroisse de Saint-Jean de Beré entre le mur et le pressoir du prieuré d'un côté, et d’autre la maison et le jardin de Clément Gautier, à charge au prieur de lui fournir tous les ans, le lendemain de Noël, une miche (micam) et un picher (picarium) de vin. Frère Pierre de Carnas prieur de Beré, est nommé dans cet acte. — Orig. parch. était sc.
29.
1275, juillet. le vendredi après l'octave des apôtres saint Pierre et saint Paul. — Charte de Robert, doyen de Châteaubriant. Il notifie que Pierre Lubin et Agathe, sa femme, ont fait remise au prieuré de Beré d’une rente annuelle de trois miches et trois ---- de vin, qui leur était due le lendemain de Noel sur le fief de feu Rivallon Boilevre, de la Clemen---. — Orig. parch. était sc.
30.
1280, le mardi après la Saint-Martin d’hiver. — Charte d’Etienne, abbé de Marmoutier, contenant l'accord fait entre lui et Galeran de Châteaugiron. Ce Galeran ayant fait construire une chaussée qui nuisait grandement au moulin de la Franceule, à sa chaussée et à sa pêcherie, aux chemins et aux prés avoisinants, l'abbé de Marmoutier lui avait fait procès, pour qu'il fût condamné à la détruire. Par accord intervenu entre parties, Galeran put maintenir sa chaussée, en payant 14 l. de rente annuelle au prieur de Beré, et sous la condition qu'elle fût disposée de manière à ne point faire tort au moulin de la Franceule. Quant aux dommages, on convint qu'ils seraient réparés, suivant l'estimation qu'en ferait le prieur de Lehon. — Orig. parch. était sc.
31.
1281, mai. — Charte de Geoffroi, seigneur de Châteaubriant. Les moines de Beré avaient, par échange, transporté audit Geoffroi le moulin de Choyssel, en la paroisse de Châteaubriant. Or, il y avait eu précédemment, au sujet de ce moulin, procès et puis transaction entre les religieux de Beré d'une part, et d'autre part madame Aliénor (Alienordam) et Brient de Coimes, son fils ; et la transaction portait que celle des parties qui manquerait à en observer la teneur, paierait à l'autre 20 l. monnaie. Au cas où la cession de ce moulin, faite par les moines à Geoffroi de Châteaubriant, pourraît être considérée comme une violation de cette transaction, ledit Geoffroi s'engage à donner aux moines les 20 l. en question, et aussi à les indemniser, si par hasard il haussait la chaussée dudit moulin de manière à inonder les terres du prieuré de Beré plus qu'elles ne l'étaient jadis. — Orig. parch. était sc.
32.
1281, août. — Charte de Jean Ier, duc de Bretagne, notifiant que Galeran de Châteaugiron, pour indemniser les moines de Marmoutier et le prieuré de Beré des torts causés à leur moulin de la Franceule par la chaussée de son moulin d'Amanlis (voir le N° 30), a assigné, sur le produit de ses passages et coutumes de la châtellenie de Châteaubriant, 14 l. de rente annuelle, dont 7 l. payables le lendemain de la Nativité de la Vierge, et 7 le lendemain des foires de l'Invention de la Sainte-Croix, à Châteaugiron. Galeran reconnaît aussi qu'il ne pourra pêcher au-dessus des bornes marquant la fin de son étang, etc. — Orig. parch. était sc.
33.
1281 (v. s.), le samedi après Invocavit me [Note : C'est le premier dimanche de carême, dont l'introït commence précisément par ces mots]. — Charte de Robert, doyen de Châteaubriant. Il notifie que Jamet Chérel et sa femme, Simon Benoît et sa femme, ont vendu au prieur de Beré, pour la somme de 7 l., toutes les dîmes ou portions de dîme qu'ils avaient, en la paroisse de Sion aux lieux ci-dessous dénommés, savoir : « en la Mictonière, en la Sallentaie, en l'Oriodaie, et en la Chinnardaie ». — Orig. parch. était sc.
******
Pour compléter ce qui précède, je transcris ici, telles qu'elles sont dans l'inventaire manuscrit, au catalogue préliminaire dont j'ai parlé, les mentions de dix-neuf pièces antérieures au XVIème siècle, qu'on ne retrouve plus aujourd'hui dans le fonds de Beré, Je suis encore ici, autant que possible, l'ordre chronologique, fort mal observé d'ailleurs dans l'inventaire ancien.
1050. — « Chartre
d'Airard, cardinal (et évêque de Nantes), confirmative de la fondation,
donation, privilèges et immunités, appartenants à la chapelle de Beré ».
Impr. D. Mor. Pr. I, 402.
XIeme S. milieu. — « Notice de donation, faitte par
Briant [Note : Il s'agit de Brient Ier, seigneur de Châteaubriant et fondateur
de Beré], de l'église de Saint-Pierre de
Piré, en faveur des religieux de Beré, avec la dixme et la terre qu'il possedoit
en cette province. Sans dabte ».
Extr. D. Mor. Pr. I, 695.
XIème S., milieu. — « Notice de donation faitte par Briant, de terre à Chateaubriant, en
faveur de Saint-Sauveur dudit lieu, avec la métaierie d'Odilardus, scize à Piré.
Sans dabte ».
Extr. D. Mor. Pr. I, 401.
1062, le 3ème des calendes de
juillet (29 juin). — « Notice d'accord fait entre les religieux de Marmoutiers et
ceux de Rhedon, touchant le droit prétendu par ceux-ci sur Saint-Sauveur de
Beré ».
Impr. D. Mor. Pr. I , 417 ; voy. aussi la col. 419.
1064-1084. — « Un mémorial de ce qui s'est passé à Beré du temps de Barthélemy, abbé de Marmoutiers. Sans dabte ».
XIème S. — « Autre notice de donation, faitte par
Hervé de Rougé à Saint-Martin et à l'église de Saint-Sauveur de Beré, d'un
bordage nommé Telidelle, assis à Piré. Sans dabte ».
Extr. D. Mor. Pr. I,
695.
XIème S. — « Autre notice de donation faitte à Saint-Martin et à
l'église de Saint-Sauveur de Beré, d'une metaierie à Erçay (ou Ercé), au lieu qui
s'appelle La Chapelle, par Mainon, frère d'Hervé de Rougé. Sans dabte ».
Extr. D. Mor. Pr. I, 695.
XIème S. — « Notice de donation, faite à Saint-Sauveur de Beré par Gautier de Mairal (ou Méral), de deux métairies, dont l'une est à Rougé et l'autre à Piré. Sans dabte ».
1129. — « Donation faitte par Julienne de Bain, de la somme de trois livres dix sols, à condition qu'elle seroit inhumée dans la chapelle de Beré » [Note : D. Morice a imprimé (Pr. I, 834) une charte de Pierre de Bain, où il dit que sa femme Julienne, ayant été, sur son désir, inhumée en l'église de Saint-Sauveur de Beré, il a donné à ce prieuré 60 s. de rente, dont il fait assiette par le même acte. Cette charte est datée, dans D. Morice, de l’an MCXCIX (1199), et dans une copie manuscrite des Bénédictins que j'ai vue à Paris, de l'an MCCXIX (1219), qui paraît être la vraie date, altérée dans D. Morice par la transposition du second C après le premier X, ce qui donne MCXCIX au lieu de MCCXIX, et dans l'inventaire ms. de Beré, où le nombre est en chiffres arabes, par la transposition du 2 après le second 1, ce qui fait au lieu de 1219, 1129. Toutefois, n'ayant point à cet égard de certitude complète, je laisse ici subsister la date portée à l'inventaire ms].
1170-1181. — « Chartre confirmative de la donation faitte par Geoffroy de Chateaubriant, de la chapelle Notre-Dame dudit lieu (au temps de l'évêque Robert). Sans dabte ».
1170-1184. — « Autre chartre confirmative de la donation de la chapellenie de Chateaubriant en faveur des religieux de Beré, auxquels elle avoit été donnée et confirmée par Yterius, évesque de Nantes, et antérieurement par Geffroy, seigneur dudit Chateaubriant, la présente confirmation par Robert, évêque dudit Nantes. Sans dabte ».
XII S.? — « Donation, faitte par Grégoire de Syon, de la dixme de Minerel à l'église de Saint-Sauveur de Beré. Sans dabte ».
XIIème S.? — « Accord fait entre les religieux et un prêtre de Syon pour les oblations de Beré. Sans dabte ».
XIIème S., fin, ou XIIIème S., commencement. — « Autre accord fait entre le sieur Berault
[Note : Ce Berault (en latin Beraldus et Berardus)
surnommé le Vieil, est témoin dans la charte de Pierre de
Bain publiée par D. Maurice (Pr. I, 834) avec la date de 1199, mais qui
est plutôt de 1219] et les religieux de Marmoutiers, touchant quelques contestations sur la
terre de Beré. Sans dabte ».
Impr. D. Mor. Pr. I, 777.
1219. — « Donation faite par Guillaume de Beré [Note : Le rédacteur de l'inventaire paraît avoir fait ici une méprise considérable. D. Morice a en effet, publié (Pr. I, 834) une charte de 1219, où Geoffroi III de Châteaubriant, dont le nom est indiqué seulement par son initiale (G. dominus Castri Brientii), donne au prieuré de Béré la moitié de son moulin appelé le Moulin-Neuf, en Piré (medietatem molendini mei quod dicitur Molendinum Novum, in parochia de Pyré situm). On ne peut donc douter qu'il ne s'agisse ici de la même donation. L'auteur de l'inventaire a traduit à tort l'inituale G. par Guillelmus, et comme la charte originale portait apparemment Castri Brien. par abréviation, il aura lu Bereii en place de Brientii ; méprise, assez facile à concevoir d’ailleurs si l'écriture n'était, pas très-régulière] aux religieux de Marmoutier, de la moitié d'un moulin nommé le Moullin-Neuf, scis à Piré ».
1232. — « Donation faitte par Guillaume Léberte de tout ce qu'il avoit à la maison de Béré ».
1240, septembre. — « Acord entre le prieur de Beré et la dame Alionardis de la Galiçonniere et Briant de Coesme son fils aîné, par lequel ils ceddent au prieur entre autres choses la dixme de son dommainne et plusieurs autres droits ».
1245, septembre. — « Requête présentée au Pappe par Geffroy de Chateaubriant, tendante à faire exempter le prieur et prieuré de Beré, qui étoit de la fondation de ses predecesseurs, du payement de trois escus d'or, demandés par le nonce du Saint-Père sur ledit prieuré ».
1262. — « Accord fait entre les religieux de Marmoutiers et le prieur de Beré d'une part, et l'abbesse de Saint-Sulpice d'autre, au sujet des dixmes de Saint-Sulpice ».
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Enfin Beré possédait jadis un cartulaire, dont il est juste de dire ici quelques mots. Ce manuscrit n'est point venu aux Archives départementales, et il paraît même, comme on le verra tout à l'heure, avoir été distrait dès le XVIIème siècle des archives du prieuré. Il avait été écrit au XIIème siècle, selon l'opinion de dom Morice, plus porté cependant à rajeunir les manuscrits qu'à les vieillir, et qui, dans un Catalogue de quelques manuscrits historiques concernant la Bretagne, désigne celui-ci sous le titre de « Cartularium Bairiaci prioratus, Ordinis Sancti Benedicti, prope Castrum Brientii, XIIème siècle » [Note : Biblioth. Imp. Mss., Blancs Manteaux XLII, p. 318]. Quelques notes manuscrites, dont je dois la communication à M. Dugast-Matifeux, me permettent d'ajouter à cette mention trop brève une petite description du cartulaire et l'indication sommaire de ce qu'il renfermait.
Les notes en question proviennent des papiers d'un certain abbé Chotard, vivant au commencement du XVIIIème siècle, et qui, après avoir été attaché au service de la reine de Pologne, avait obtenu un canonicat à la cathédrale de Nantes, sous l'épiscopat de M. de Tressan, c'est-à-dire de 1717 à 1723. L'un des parents de cet abbé, peut-être son père, avait été, sur la fin du XVIIème siècle, intendant des affaires du prince de Condé, alors seigneur de Châteaubriant ; il s'appelait Jacques Chotard. C'est évidemment des papiers de ce dernier que l'abbé avait lui-même tiré ces notes, dont je transcris ici toute la partie intéressante, et suivant lesquelles le cartulaire de Beré est « Un gros livre latin, escrit sur parchemin, en vieilles lettres gothiques, relié en bois couvert d'un cuir noir, sans fin ni commencement. Au commencement duquel livre il y a partie d'un calendrier où sont plusieurs remarques de ce qui s'est fait au couvent de Saint-Sauveur de Beré, signé Julien Daligauld et Animadab, avec paraphe. Ensuite est la règle de Saint-Benoist, à la fin de laquelle sont soixante-treize chapitres sur ladite règle, et puis une espèce de rituel pour le prieuré de Saint-Sauveur, à la fin duquel est un chapitre intitulé De quibusdam consuetudinibus elemosinœ... ; signé, après quelqu'autres remarques, contenues en un feuillet, concernant ledit prieuré de Saint-Sauveur de Beré, Jean de la Couësre, avec paraphe. Suivent immédiatement après plusieurs chapitres concernant le procès entre les religieux de l'abbaye de Marmoutier et ceux de l'abbaye de Saint-Melaine [Note : Lisez « l'abbaye de Redon, ». Il n'y a jamais eu de procès entre Marmoutier et Saint-Melaine au sujet de Beré. L'auteur des notes aura confondu abbatia Rotonensis avec abbatia Redonensis, et pris l'abbaye de Redon (Rotonensis) pour celle de Rennes (Redonensis), c'est-à-dire Saint-Melaine], dont ensuit la teneur du premier : Prœceptum de ecclesia Sancti Salvatoris de Beriaco. Quisquis fidelium ardore succensus, etc. [Note : Cet acte, dont l'abbé Chotard a copié le texte, est mot pour mot la charte de fondation publiée par Du Paz et, en partie par D. Morice, comme je l'ai dit ci-dessus]. Ensuite de cet acte il y en a un autre De terra capellœ Santa Petri ». Et en marge de ces notes, que l'abbé Chotard avait prises sur un extrait du cartulaire fait à la fin du XVIIème siècle, on lit encore : « Les susdits extraits ont esté tirez et collationnez par nous, notaires soubsignez de la baronnie de Chasteaubriant, sur ledit livre, à nous représenté par noble homme Me Jacques Chotard, intendant des affaires de Mgr le Prince (de Condé), qui nous a déclaré l'avoir tiré du trésor (des titres) de S. A. S. Mgr le Prince, à Chasteaubriant. Fait à Chasteaubriant le 24 novembre 1688 ». Les noms des notaires manquent. Mais ce renseignement peut fournir certain secours pour retrouver le cartulaire, s'il existe encore. Il y en a quelques extraits au volume XLVII des Blancs-Manteaux.
Liasse II.
Elle répond au chapitre Ier de l'ancien inventaire, et contient les baux à ferme des divers biens du prieuré, de 1585 à 1755.
Liasse III.
Elle répond au chapitre II de l'ancien inventaire, et contient les titres concernant le domaine du prieuré, ses droits de justice et de fief, de 1404 à 1727, etc. On y trouve, sous les cotes 0 2, C 3, D 3, E 3, F 3, G 3, II 3 L 3, M 3, 0 3, P 3, S 3, X 3, D 4, H 4, Q 4, une suite d'aveux rendus par le prieur de Beré, au duc de Bretagne et au roi de France, aux seigneurs de Châteaubriant, de Piré et du Désert, pour diverses parties de son temporel, depuis 1408 jusqu'à 1716. L'ancien inventaire mentionne aussi sous ce chapitre les deux articles suivants :
« 1551, 1er juillet. — Inventaire des reliquaires, croix, calices, chappes et autres ornements de l'église du prieuré de Beré, fait par les notaires de Châteaubriand. Cotté N 3 ».
« 1640, 28 février et 3 novembre. — Deux inventaires de l'argenterie et des ornements de la sacristie du prieuré de Beré, passez devant les notaires de la Galissonnière. Cotté Y 3 ».
Malheureusement, ces inventaires, qui devaient être curieux, manquent aujourd'hui dans la liasse.
Liasse IV.
Elle répond au chap. III de l'ancien inventaire, et contient les cessions, baux perpétuels ou arrentements, et en général les titres concernant les rentes dues au prieuré. Ces pièces sont comprises entre les années 1368 et 1769.
Sous la cote L 2 est un « Registre de recepte des fruits profits et revenus du prieuré de Beré, fait par Jean Rabault, receveur dudit prieuré, pour l'année 1543, » où l'on rencontre des détails qui pourraient devenir l'objet d'une curieuse comparaison avec l'état actuel. Voici, par exemple, ce que dit ce registre de la métairie de la Goupillère, près de Châteaubriant :
« La mestayrie de la Goupillère me a valu (dit le comptable) et rendu pour ce dit an, par Guillaume Amyot et Jehanne Galicier sa femme, mesteyers par destroit de avoirs [Note : C'est-à-dire de "bestiaux"], par une foiz 4 l. 10 s. tournois ».
« Item Pour une genice quelle ay vendue 45 s., et le mesteyer en a eu une aultre ».
« Item dempuys, pour une moytié de deux jeunes thoreaulx venduz 10 l. tournois 2 s. moins, ay receu 4 l. 18 s. ».
« Par laine 15 livres, quelle ay vendue 30 s. ».
« Par moutons, deux, queulx avons euz ».
« La moytié des jeunes veaulx despendus ceans ».
« Par chapons..... ».
« Par poulletz queulx ay euz, six ».
« Le tout du seille (seigle) de ladite mestayrie se monte pour ceste année 136 boisseaux ; pour semences en a est élevé 24 bx ; et en avons eu chaseun 56 bx ».
« L'avoine grosse pour le tout se monte 126 bx, grand mesure, dont a esté levé pour semences 20 bx, et en avons eu le mesteyer et nous, chascun 53 bx ».
« L'avoine mynue de ladite mesteyrie, pour le tout 57 bx, qu'est à chascun 28 bx 1/2 ; dont en ay rendu pour une moytiè des semences 7 bx 1/2 ».
Une autre pièce importante de cette même liasse est le traité, fait pour l'entrée des religieuses Ursulines dans les bâtiments du prieuré de Beré ; l'ancien inventaire en donne l'analyse suivante :
1654, 18 décembre, et 1655, 27 février. — « Traité fait entre les religieux de l'abbaye de Marmoutiers et les religieuses Ursulines de l'ordre de Saint-Augustin de Châtaubriant, par lequel lesdiz religieux, sous le bon plaisir de l’évesque de Nantes, de l'abbé de ladicte abbaye et du prieur commendataire du prieuré de Saint-Sauveur de Beré, ont ceddé et délaissé à perpétuité auxdictes religieuses la propriété de l'église et de tous les lieux réguliers dudit prieuré, cour, jardin et pourpris dont jouissoient les religieux obédienciers d’iceluy prieuré, pour, par elles, y exercer leurs fonctions regulières, suivant les règles et constitutions de leur Ordre, sans que ladite cession puisse préjudicier au droit de collation appartenant audit abbé, ny aux autres droits concernant le spirituel ou temporel dudit prieuré ; à la passation duquel traité intervint ledit prieur, qui, pour l'accroissement du culte divin, quitta et délaissa aussi à perpétuité aux mêmes religieuses son logis prioral dudit lieu, avec ses appartenances et dépendances, pour en jouir ainsi que desdiz lieux à elles delaissez, à la réserve des droits spirituels et temporels, ensemble des droits honorifiques et de préeminence en ladite église, En la chappelle de Notre-Dame de laquelle eglise s'obligèrent lesdictes religieuses, à toujours, de faire dire et célébrer tous les samedis de l'année, la messe de fondation qui s'y doit acquitter, comme aussi le service divin auquel lesdiz religieux pouvoient être obligez ; d'entretenir ladite église, maison prioralle, cours et lieux réguliers, cy dessus à elles délaissez, de toutes refections, reparations et ornements généralement quelsconques. Au moyen de laquelle cession le dit prieuré de Beré, pour demeurer quitte et dechargé de ce qu'il était obligé de fournir annuellement auxdiz religieux obédienciers, qui demeuroient audit prieuré, a ceddé et abandonné aux religieux de Marmoutiers les métayries de la Rousselière et de la Goupillère, les terres qui étoient à la metayrie de la Grange anciennement demolie, et generalement tout le fonds de la conventualité dudit prieuré, consistant en prez, terres labourables, rentes, profits casuels, moulin à vent ; les dixmes des paroisses de Saint-Jean de Béré, Rougé, Saint-Aubin des Chateaux, Herbray, la Chapelle-Glain, Noyal, Fercé, Tourie, et antres paroisses qui peuvent être des appartenances du dit prieuré, dans l’étendue de l'évesché de Nantes seulement. Les dites cessions faites sans préjudice auxdits religieux de Marmoutiers des tables abbatiales, droits des écoliers du collége, et officiers dudit Marmoutiers. Ledit traité en parchemin, receu devant Gary et son confrère, notaires à Paris, le 18 décembre 1654.
Ensuite duquel est un acte fait entre les religieux de Marmoutiers, le prieuré de Béré et les religieuses, par lequel, en conséquence dudit traité, et pour raison des délaissements et cessions faits par lesdits religieux aux religieuses, elles se seroient obligées de leur payer ou plutôt de fournir par chacun an, à perpétuité, le jour de Saint-Martin d’hyver, un cierge de cire blanche pesant cinq livres, pour mettre et servir à la chapelle de saint Martin de ladite abbaye. Ledit acte étant ensuitte dudit traité, dabté du 27 febvrier 1655. Ensemble une obligation souscrite par les religieux au profit des religieux, par laquelle elles auroient promis leur payer la somme de 4000 l., en entrant en possession des lieux religieux énoncez au traité, moyennant quoy ils se seroient obligez de satisfare le sacristain et religieux obédienciers dudit prieuré de Béré de toutes les prétentions justes qu’ils pourroient avoir et de les placer ailleurs. Ladite obligation portant mesme datte et que le traité. — Cotté R. 2 ».
Voir aussi sur ce sujet la cession de l’enclos lieu et pourpris de la Grange, faite aux Ursulines par les religieux de Marmoutier par acte du 26 décembre 1674, sous la cote D. 3.
Liasse V.
Elle répond au chap. IV de l’ancien inventaire ; les pièces qu'elle contient sont relatives en général aux dîmes et aux droits honorifiques possédés par le prieuré de Beré, ainsi qu'à toutes les contestations que la possession de ces dîmes et de ces droits a pu soulever. Les pièces de cette liasse vont de 1315 à 1754.
Sous la cote S 1 figure un accord, de l'an 1315, entre l’évêque de Nantes, Daniel, et Jean, abbé de Marmoutier, touchant les droits de visite et de procuration des évêques de Nantes dans le prieuré de Beré. Il est réglé que quand l'évêque ira visiter l'église paroissiale de Saint-Jean de Beré, le prieur de Saint-Sauveur sera tenu de lui payer, pour tout droit de procuration, une somme de cent sous ; mais l'évêque ne pourra exiger du prieur plus d'une procuration dans l'année.
Les deux articles suivants de l'ancien inventaire me semblent aussi mériter d'être reproduits.
1586 et 1600. — « Concordat fait entre les prieur, religieux et sacristain du prieuré de Beré d'une part, et Guillaume Nicole, doyen-recteur de l'église de Saint-Jean Beré d'autre part, au sujet des oblations de ladicte église, des dixmes, processions, prééminences, et de tous autres droits honorifiques appartenant auxdites parties dans ladite église, et des charges et devoirs dout chacunes d'elles sont tenues les unes envers les autres, le tout y détaillé et amplement spécifié par le menu. Par lequel icelles parties seroient convenues, entre autres choses, que, suivant l'ancien usage, les deux tiers de toutes les oblations appartiendroient audit sacristain et l'autre tiers audit recteur, qu’iceluy sacristain aurait droit de percevoir les deux tiers des laines de dixme en ladite paroisse, depuis le chemin qui conduit de Martigné à Chateaubriant et de Chateaubriant à Nantes, à main droite vers soleil couchant, et ledit recteur l'autre tiers, et qu'il auroit pareillement droit de prendre et percevoir dans l’étendue du fief du prieuré de Beré toutes les dixmes et prémices d’agneaux, laines, lins et chanvres y croissants, mesme sur la métayrie de Choisel, à l'exclusion du recteur. En parchemin, receu devant Huet, notaire à Chateaubriant, le 19 avril 1586. Ensuitte duquel concordat est une enqueste, faitte le 21 desdits mois et an, à la réquisition desdites parties, devant ledit Huet, notaire, de tout ce qui y est contenu ; où apert que sept personnes anciennes y dénommées auroient toujours vu pratiquer et observer toutes les clauses et articles dudit concordat au nombre de 33. Auxquels concordat et enqueste est jointe une transaction faite entre lesditz prieur, religieux et sacristain d'une part, et François Bourgillault, doyen de Chateaubriant, recteur de la paroisse de Saint-Jean de Beré, et son vicaire d'autre part, sur le procès meu entre eux par rapport aux processions, oblations et droits honorifiques exprimez audit concordat, par laquelle les parties, en l'expliquant et interprétant, seroient convenues que ledit sacristain ou l'un des autres religieux, seroit tenu de conduire la procession de ladite paroisse, et célébrer la grande messe en ladite église, les jours et feste de Noël, Purification, Pasques, la Saint-Jean Baptiste et la Toussaint, auxquels jours lesdits recteur ou son vicaire serviroient de diacre, et le clerc de paroisse de sous-diacre, qu'auxditz jours, ledit sacristain prendroit les deux tiers des oblations et offrandes, mesme des deniers de la communion du jour de Pasques, Vendredy Saint à l'adoration de la Croix, et les autres jours suivants de l'octave de Pasques seulement ; à la charge par ledit sacristain de donner le jour de Pasques à dîner audit recteur ou vicaire et audit clerc dans le prieuré, comme aussy de donner, le Vendredy Saint, à l'un des deux premiers, deux miches dudit prieuré et deux pots d'eau, à l'issue du service ; et qu'à l'égard des processions, elles se feroient suivant l'ancienne coustume. Ladite transaction recue devant ledit Huet, notaire, le 15 juin 1600. Le tout en parchemin. Cotté X 1 ».
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XVIIème S. — « Attestation donnée par les prestres et habitans de Chateaubriant, comme les matines et grandes messes étoient celebrées tous les dimanches de l'année, excepté certaines fêtes de Vierge dans l'église de Saint-Jean de Béré, et qu'auparavant que Jean Le Noir fût doyen de Chateaubriant, lesdits habitans et paroissiens étoient processionnellement conduits par lesdits doyen et prestres, chaque premier dimanche du mois, dans l'église du prieuré de Beré, ensuitte ramenez en ladite eglise de Saint-Jean pour y entendre la grande messe. En papier, sans datte. Cotté C 2 ».
Liasse VI.
Aveux et déclarations faits au prieuré de Beré de 1550 à 1560. — Cette liasse répond à la 2ème section du chap. V. de l'ancien inventaire.
Liasse VII.
Aveux et déclarations faits au prieuré de Beré de 1610 à 1731.
— Cette liasse répond à la 7ème section du chap. V de l'inventaire ancien.
— Au contraire, les quatre liasses qui vont suivre sont formées de pièces non portées à cet inventaire.
Liasses VIII et IX.
Aveux et déclarations faits au prieuré de
Beré, rangés selon
l'ordre alphabétique des noms des avouants, de 1614 à
1731.
Liasse X.
Acte des ventes, d'échanges et de partages de biens, faits par la cour et sous le fief du prieure de Beré, de 1410 à 1686.
Liasse XI.
Pièces diverses, de 1458 à 1775, concernant, entre autres choses : Diverses rentes dues au prieur de Beré, — les droits et les devoirs de l'office du sacriste du prieuré, — les droits des moines sur la foire de Sainte-Croix, — leurs droits sur les cures et les dîmes de Piré et de Janzé, — les réparations et reconstructions des bâtiments du prieuré de la Franceule, membre de Beré, au XVIIIème siècle, avec un plan, — etc.
(M. A. de la Borderie).
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