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CHATEAUBRIANT |
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La commune de Châteaubriant ( Kastell-Briant) est chef lieu de canton. Châteaubriant dépend de l'arrondissement de Châteaubriant, du département de Loire-Atlantique. |
ETYMOLOGIE et HISTOIRE de CHATEAUBRIANT
Châteaubriant (Castellum Brientii) vient du nom du fondateur de la ville, Brient (ou Briant) Ier.
Béré se serait d'abord appelé Bériac. Saint Pater est, semble-t-il, un des premiers évangélisateurs du pays. Le territoire de Béré appartient au début du XIème siècle à l'évêché de Nantes. Béré fut longtemps la paroisse primitive (c'est-à-dire la capitale religieuse du pays de la Mée "archidiaconé de la Mée"). L'origine de la Cité, remonte au XIème siècle, époque à laquelle Briant (ou Brient) Ier jette les bases d'un château féodal. En effet, Brient Ier, fils d'un chef breton nommé Teuhaire et proche du comte de Rennes, édifie un château sur un promontoire situé face de Béré. Un prieuré y est fondé avant l'an 1000 (pour certains historiens) ou vers 1040 (pour d'autres historiens) sous le vocable de Saint-Sauveur-de-Béré. Le bourg se développe sur l'axe reliant le château à Béré. Le prieuré de Béré est d'abord confié aux moines de Saint-Sauveur-de-Redon (au XIème siècle), puis aux moines de Marmoutier (au XIIème siècle). C'est aux environs de ce prieuré qu'a lieu, le 3 mars 1223, la célèbre bataille de Béré, entre Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, et ses vassaux révoltés, soutenus par Amaury de Craon, sénéchal d'Anjou.
Parmi les seigneurs, barons de Châteaubriant, nous devons mentionner : - Geoffroy Ier, fils ou petit-fils de Brient Ier, dit Gaufred ou Goscho (en breton le Vieux) et qui prend part à la première croisade. - Geoffroy II, qui fonde le prieuré de Saint-Michel, au bord du parc de son château, en 1204. Il dote ce prieuré de bons revenus et y est enterré, avec son épouse Guessebrune. - Geoffroy III, qui fonde le prieuré de la Primaudière, et fait restaurer la chapelle de son château. Il est inhumé, avec son épouse Béatrix de Montrebeau, au prieuré de Saint-Michel. - Geoffroy IV, neveu du précédent. Il accompagne à la croisade saint Louis et Pierre Mauclerc, père du duc de Bretagne, et partage leur captivité. Son épouse, Sybille, qui le croyait mort, avertie de son retour, meurt de joie en l'embrassant. Tous deux sont inhumés dans la chapelle du couvent de la Trinité, à Châteaubriant, que Geoffroy avait fondé. - Geoffroy V, dont le troisième fils, Brient, épouse Jeanne de Beaufort et devient chef de la branche cadette des Châteaubriant-Beaufort, laquelle compte parmi ses membres François René, vicomte de Châteaubriant, seigneur de Combourg. - Geoffroy VII qui épouse en secondes noces Jeanne de Belleville, laquelle, devenue veuve, se remarie avec Olivier de Clisson et devient mère du célèbre connétable de Clisson. - Geoffroy VIII, qui embrasse le parti de Charles de Blois. Il est tué au combat de la Roche-Derrien, en Bretagne. Ce Geoffroy étant mort sans postérité, la baronnie passe alors entre les mains de sa soeur unique, Louise de Châteaubriant. Celle-ci épouse Guy XII, comte de Laval, dont elle n'a pas d'enfant. Elle lègue la baronnie à son neveu Charles de Dinan et meurt en 1383. Avec elle s'éteint l'illustre maison de Châteaubriant. - Charles de Dinan, prend part à la bataille d'Auray, où il délivre Du Guesclin, puis aux sièges de Bécherel et de Brest. Il épouse quatre femmes dont Jeanne de Beaumanoir, qui est inhumée à la Trinité de Châteaubriant. - Robert de Dinan, fonde, dans sa forêt de Teillay, le couvent de Saint-Martin, et y meurt sous l'habit de Cordelier. - Bertrand de Dinan est fait maréchal de Bretagne et gouverneur du château de Nantes. - Françoise de Dinan, nièce de Bertrand. Elle a huit ans et déjà fiancée à un fils du comte de Laval, lorsque Gilles de Bretagne, frère du duc régnant, l'enlève. A quinze ans, elle est contrainte d'épouser le comte de Laval, père de son fiancé, puis enfin, âgée de près de soixante ans, se remarie secrètement avec un simple écuyer. - François de Laval, fils de Françoise de Dinan. Ce baron prend part aux guerres de l'indépendance de Bretagne et meurt à la Cour de Louis XII, à Amboise, en 1503. Il est inhumé, ainsi que sa femme Françoise de Rieux, qui lui survit 29 ans, à la Trinité de Châteaubriant. - Jean de Laval, fils aîné du précédent, est, très jeune, fiancé à Françoise de Foix, en 1506. En 1508, il a d'elle une fille qui ne vit que 13 ans. Il prend une part active aux guerres d'Italie, sous François Ier, et il est nommé par ce roi, gouverneur de Bretagne, en 1531. Sa fortune lui permet d'élever le palais de la Renaissance qui fait face à la forteresse de Brient. - Jean de Laval est le dernier baron résidant de Châteaubriant.
Châteaubriant dispose aussi, à partir 1250 environ, d'un « Couvent des Trinitaires » (situé à l'emplacement actuel du Parc de la Trinité). « Ce fut sur le chemin qui conduit de la ville de Châteaubriant au prieuré de Béré » dit encore l'Abbé Goudé. « Geoffroy assigna aux Pères de la Sainte-Trinité la somme de 200 livres de rente sur ses forges des forêts de Juigné et de Teillay » (août 1252). Ce couvent, créé par Geoffroy IV, seigneur de la ville, a obligation d'entretenir un hôpital dont la porte était toujours ouverte aux pauvres de tout âge et de tout sexe.
Comme place de guerre, le château de Châteaubriant va subir de nombreux sièges. En 1235, saint Louis envoie dans le comté de Nantes une armée qui s'empare de Châteaubriant. Des remparts sont édifiés vers 1250 pour protéger la ville de Châteaubriant. Le territoire des seigneurs de Châteaubriant est érigé en baronnie. Le baron de Châteaubriant doit à Jean II duc de Bretagne, un groupe de chevaliers armés. Son fief comprend alors Rougé, Soulvache, Ruffigné, Erbray et Juigné. La famille Brient qui s'éteint au XIVème siècle, est remplacé par la famille Dinan (Françoise de Dinan est la gouvernante d'Anne de Bretagne), puis la famille Laval (héritière des Dinan). Jean de Laval, époux de Françoise de Foix, habite d'abord le logis joignant le donjon et la chapelle, mais dès 1525, les époux commencent à édifier le beau château renaissance qui fait face à l'ancien. L'itinéraire "des Rois de France" nous apprend que François Ier, qui avait déjà visité Châteaubriant une première fois en 1521, y revint en 1531 et en 1532. François Ier y est reçu en 1532, alors qu'il passe un mois à Châteaubriant, avec sa cour, afin d'obtenir la réunion de la Bretagne à la France. Les époux perdent leur fille Anne qui venait d'être fiancée, et Françoise de Foix, elle-même, décède en 1537. Henri II, puis Charles IX visitent Châteaubriant. La baronnie de Châteaubriant est ensuite offerte à Anne de Montmorency. On sait que Jean de Laval, Baron de Châteaubriant, mort en février 1543, avait donné le tiers de sa fortune à Anne de Montmorency, dès le 5 janvier 1539, c'est-à-dire environ 15 mois après la mort de son épouse Françoise de Foix. Anne de Montmorency ne résida pas à Châteaubriant. Après sa mort à la Bataille de St Denis en 1567, ce fut son fils, Henri Ier, Duc de Montmorency, qui devint Baron de Châteaubriant jusqu'à sa mort en 1614. Mais lui non plus ne résida pas à Châteaubriant. La baronnie est ensuite octroyée au prince de Condé.
Du côté des seigneurs de Châteaubriant, les bourgeois avaient obtenu quelques privilèges. Dans les archives de la ville on trouve par exemple, à la date du 1er octobre 1446, une lettre du Duc de Bretagne, François Ier, exemptant à perpétuité les bourgeois de la ville close de Châteaubriant de l'impôt des fouages, en considération des dommages qu'ils ont souffert, pendant les dernières guerres (la Guerre de Cent ans). La lettre évoque le siège de Pouancé, et la difficulté pour les habitants d'aller « marchander hors la ville » car, sitôt qu'ils en sortaient « ils étoient prins et empeschés de corps et de biens ». François Ier, Duc de Bretagne, accorde donc une exemption « de tous fouaiges, tailles et subcides », tout en rappelant à ses sujets qu'ils doivent faire « guet, arrière-guet et garde de portes à ladite ville, ce que n'avoint pas accoustumé faire ». Plus tard, en 1490, deux ans après le siège de Châteaubriant par les Français, la Duchesse Anne de Bretagne accordera une exemption de « 35 feux de fouage » en raison des grands dommages causés par la guerre à la paroisse de Béré et de la détresse qui en est résultée pour les habitants « grans pouretés, deppopulacions, brullement de maisons et indigences de biens ». En 1555, Henri II, roi de France, confirme les privilèges et exemptions accordées par le Duc François Ier aux castelbriantais ; le roi Charles IX en fera autant en 1565 (rappelons que la Bretagne a été rattachée à la France en 1532).
Vers l'an 1500, Châteaubriant avait deux églises. L'une, la plus importante hiérarchiquement était l'église paroissiale : Saint Jean de Béré. L'autre était la chapelle Saint-Nicolas (qui s'est appelée au départ Chapelle ou Eglise Notre Dame). L'église paroissiale de Châteaubriant fut, pendant tout le moyen-âge et jusqu'à la révolution française, Saint-Jean-de-Béré, située à environ un kilomètre au-delà des murs de la ville. Il résulta de cet état de choses la nécessité pour les habitants de Châteaubriant de posséder une autre église dans l'enceinte même de leur ville. Geoffroy IV, l'un des plus illustres barons de Châteaubriant, le comprit parfaitement et ordonna en 1262, par testament, de parachever et d'accomplir à ses propres dépends une église dans les murs de sa ville. Son successeur Geoffroy V exécuta les dernières volontés de son père et l'église nouvelle fut dédiée à Notre-Dame. Le 20 septembre 1587, au prône de la Grand'Messe en la paroisse de Saint-Jean-de-Béré, on annonce que les manants et habitants de Châteaubriant sont invités à se réunir au logis du Sénéchal de la Baronnie. Là, en présence du gouverneur de la place de Châteaubriant (le sieur de Bellefontaine) et des officiers seigneuriaux, il est décidé, à l'unanimité, que les affaires de la cité seront désormais administrées en forme de « Communauté de ville ». Le premier procureur-syndic est Jan de Coussy, sieur de la Mathaudaie. C'est le premier « maire » de Châteaubriant (en fait le titre officiel de « maire » n'apparaît que par un édit de Louis XIV en août 1692).
La ville de Châteaubriant est prise le 8 mars 1590 par l'armée catholique des Ligueurs. A partir de Châteaubriant le Duc de Mercoeur mène des expéditions notamment contre Craon, et contre Derval. La ville de Châteaubriant est reprise par le Connétable de Montmorency le 16 avril 1597. « Les familles rivales à la Cour des Valois : Condé et Guise protégèrent l'une les protestants, l'autre les catholiques. Les rois voyaient les uns et les autres : exemple Charles IX dans son voyage à Châteaubriant en 1565, logea chez son connétable Anne de Montmorency (héritier de Jean de Laval qui avait fait construire le beau château Renaissance de cette ville), mais fit visite à Blain à Henri de Rohan, ardent protestant. Les Montmorency, seigneurs suzerains de la région qui nous occupe étaient au premier rang du parti catholique, et Anne de Montmorency trouva la mort en 1566 à la bataille de Saint-Denis, ce qui n'empêche que beaucoup de leurs vassaux adoptèrent avec ferveur la religion réformée, notamment quelques seigneurs de Rougé, de Fercé et de Sion. Parmi les vassaux fidèles à leur suzerain et à leur vieille église, il faut citer Jacques de Kerbondel, seigneur de Courpéan en Erbray, le plus zélé défenseur de la cause des Guise, Montmorency et Mercoeur. — Un " Monsieur de Noyal " lieutenant de Jacques de Kerbondel. — Il y eut un grand réveil dans les deux camps. Les protestants eurent des temples : à Vitré, où les registres révèlent 2752 baptêmes, à Sion (il reste des ruines du temple), à Châteaubriant, à Blain. Devant les progrès des protestants les catholiques sentirent la nécessité de se réformer, de se défendre ; ce fut l'oeuvre des Jésuites et des Ligueurs : l'épée et le mousquet. La lutte d'idées nous intéresserait davantage, mais il reste peu de renseignements. Des combats régionaux il nous reste au contraire des preuves. Il y eut d'abord la guerre civile entre partisans adverses (pillage d'une part de la Raimbaudière et de Saint-Martin-de-Teillay ; d'autre part, pillage du Rouvre, de Chambellan) ; mais il y eut surtout la mainmise sur Châteaubriant (1590 à 1597) par l'armée catholique des Ligueurs. Le gouverneur de Châteaubriant fut Jacques de Kerbondel précité. La même mainmise se fit vers 1590 et 1592 sur Coësme et la Guerche avec garnison d'Espagnols en cette dernière ville. L'armée d'Henri IV, devenu roi, armées des royaux, combattait pour faire cesser cet état de choses. Il ne cessa qu'avec l'Edit de Nantes qui satisfit à la fois protestants et catholiques » (A. Gernoux, Le Protestantisme dans la région de Châteaubriant).
A la fin du XVIIIème siècle, Châteaubriant qui s'était développé devient la capitale, et Béré entre dans sa banlieue. Le 2 avril 1789, deux cahiers de doléances sont rédigés à Châteaubriant : l'un chez les Trinitaires autour de Jean René Guibourg, signé par une trentaine de personnes, l'autre à l'hôtel de ville avec le maire Louard et l'avocat Jean-Nicolas Méaulle et 120 personnes environ. (à noter qu'il y en eut un troisième, signé le 31 mars 1798 par les « habitants, propriétaires et bientenants » de Saint-Jean-de-Béré, alors paroisse de Châteaubriant). Lors de la levée de masse en mars 1793, des agitations se produisent. Des bandes de Rebelles (au nombre de 3 000), à la tête desquels se trouvent le royaliste Fresnais de Beaumont, parcourent la campagne, pillant et massacrant. Margat, alors maire de la commune de Châteaubriant, demande le secours des gardes nationales des environs, dont environ 7 000 hommes venus de Retiers, La Guerche, Craon et Laval. De 1793 à 1800, Châteaubriant (et sa région) soumis à des mouvements insurrectionnels prend l'aspect d'une ville de garnison. On transforme les églises et le château en casernes. Un détachement de l'armée de Mayence, commandé par Muscar et Sigisbert Hugo stationne à Châteaubriant. C'est à cette époque que le capitaine Hugo s'éprend de Sophie Trébuchet, résidant chez sa tante Robin, rue de Couëré. A la tête des bandes, la tradition a gardé les noms de Terrien dit "Coeur de Lion", de Pacory dit "Coeur de Roi", de Lemaître dit "Léopard". Les chefs royalistes sont Fresnais de la Bryais et de Bourmont de la Jonchère. Le Concordat met fin à ces dissensions.
Note 1 : Françoise de Foix naît en 1494. Ses trois frères Lautrec, Lescure et Lesparre sont trois vaillants capitaines, émules de Bayard. Elevée à la Cour de la reine Anne de Bretagne, dont la mère est Marguerite de Foix, Françoise y rencontre François Ier et Jean de Laval. En 1506, elle épouse ce dernier, et l'année d'après, elle a à Châteaubriant, une fille Anne dont le parrain est le maréchal Gié, seigneur de La Motte-Glain. De 1515 à 1525, elle est la maîtresse attitrée du Roi-Chevalier. Anne de Laval meurt en 1521, à l'âge de 14 ans, au moment où l'on prépare son mariage avec le baron Vitré. Françoise de Foix meurt le 16 octobre 1537, l'année même de l'achèvement du corps de logis seigneurial. Elle est inhumée dans la chapelle du couvent de la Trinité, à Châteaubriant. On lui éleva un monument sur lequel reposait sa statue couchée. Une épitaphe louangeuse, composée par Clément Marot, ami de Jean de Laval, et surmontée de ses armoiries, était gravée sur une pierre de schiste qui dominait le tombeau. Ce tombeau a été détruit sous la Révolution (la pierre sur laquelle est gravée l'épitaphe existe toujours). Le baron de Châteaubriant meurt en 1543, à l'âge de 56 ans, après avoir fait donation de son immense fortune au connétable de Montmorency. Les seigneurs successifs de Châteaubriant sont : Anne de Montmorency de 1543 à 1567, Henri Ier de Montmorency de 1567 à 1614, Henri II de Montmorency de 1614 à 1632, Henri II de Bourbon-Condé (époux de Charlotte-Marguerite de Montmorency, fille de Henri II de Montmorency) de 1632 à 1646, Louis II de Bourbon-Condé de 1646 à 1686 (Le Grand Condé), Henri-Jules de Bourbon-Condé de 1686 à 1709, Louis III de Bourbon-Condé en 1710, Louis Henri de Bourbon-Condé de 1710 à 1740, Louis Joseph de Bourbon-Condé de 1740 à la Révolution de 1789.
Note 2 : le premier maire (1587) est Jean de Coussy, sieur de La Mathaudais, procureur et syndic de la ville. On trouve ensuite : Pierre Bouschet (en 1590), Françoys Aubin, sieur de la Confordière (en 1591), Julien Raguydeau, sieur du Chesne-Vert (en 1592), Jan Daguyn, sieur du Clos au Potier (de 1593 à 1595), Louys Hudhomme, sieur de Loirye (en 1596), Pierre Moyson (en 1597), René Hamel, sieur de la Grand-Haye (en 1598). Voici ensuite la liste non exhaustive des maires de la commune de Châteaubriant : de 1598 à 1656 (archives perdues), Pierre Legrand, sieur du Moulin Neuf (en 1657), de la Tousche-Aubin (en 1660), Delaunay-Aubin (en 1661), Jan Aubin, sieur de Launay puis Jan Philippe Leray, sieur de la Courjonnais (en 1666), de la Tousche-Aubin (en 1667), de la Bossardière (en 1675), Rondel (en 1685), Yves Haicault, sieur du Breil (en 1689 et en 1693 avec titre de maire), Toussaint Haicault, sieur du de la Jambuère (en 1703), Leray, sieur des Guillardais (en 1718), René Yrou, sieur de la Cantrais (en 1721), Jolly de la Roussière (en 1723), Joseph Yrou de la Buffrays (en 1723), Jolly de la Roussière, réélu (en 1724), Du Breil du Châtelier (en 1730), André Boucher de la Goyère (en 1737), Bernard Dutreil (en 1740), Joseph Yrou de la Buffrais, réélu (en 1748), Du Breil du Châtelier, réélu (en 1751), Defermon des Chapellières (en 1759), Ernoul de la Chenellière (en 1769), Luette de la Pilorgerie (en 1773), Maujouan Dugasset (en 1776), Fresnays de Lévin (en 1778), Vissault des Penthières (en 1782), Brossays de Louvrinays (en 1785), Louard (en 1787), Fresnays de Lévin (le 18 janvier 1790), Louis Joseph Julien Margat (le 25 mai 1790), Benjamin Lejeune (le 16 mars 1795), Guy Bain (le 11 mai 1795), Régnier avec titre de Président du Corps Municipal (en 1797), Lefebvre, avec titre de Président du Corps Municipal (en 1799), Dauffy du Jarrier (en 1800), Bain de la Coquerie (sous la République et le Ier Empire), Martin Connesson (sous la Restauration), Jean Baptiste Lafond (en 1824), Nicola Ballais (vers 1827), Gérard-Girardais (sous le règne de Louis Philippe, avec Delourmel de La Picardière, Cocault-Duverger, Monnier, Bongérard, Lemarié de Laubrière), Brossays (en 1837, secondé par Arnaud, J.B. Provoté, Gautron, Bivaud, ....), Jules Luette de La Pilorgerie (vers 1848, avec pour adjoints Aristide-Daniel Lacombe et Pierre Dorange), Delourmel, Béchu du Moulinroul (de 1856 à 1877, avec Coirre, Grimault, Picot de Plédran, Davost, Artuis), Michel Grimault (de 1877 à 1887), Gaston Barbotin (avec pour adjoints Couchot puis Emile Coulbaut), Louis Aubin (de 1900 à 1904, avec Coulbaut Emile et Isidore Néret), Lecoconnier (assure l'intérim un moment), Jules Huard (de 1904 à 1908), Armand Franco (de 1908 à 1912), Ernest Bréant (de 1912 à 1941, conseiller général, député, sous secrétaire d'Etat), François Noel (de 1941 à 1944), Paul Huard (de 1944 à 1959), Xavier Hunault (à partir de 1959, député, conseiller général), ......
Note 3 : Un acte de 1222 mentionne " l'école Saint-Sauveur " et " l'école Saint-Jean-de-Béré ", et dît que la nomination des maîtres d'école appartient alternativement au prieur du Couvent Saint-Sauveur et au recteur de Saint-Jean de Béré. En 1462, la Baronne de Châteaubriant, Françoise de Dinan, s'arroge le droit de nommer les maîtres d'école. Le 15 octobre 1567, un certain Jean Gérard, fait don aux castelbriantais d'une maison située rue des Quatre Œufs (appelée « le légat des Marchants »), pour qu'elle serve de collège. Les premiers enseignants sont Frères ou Prêtres séculiers et sont nommés pour deux années par le prieur de l'abbaye Saint-Sauveur ou le recteur de Béré. En 1582, le Frère Yvon Robert, maître d'école, est autorisé à une rente de 100 écus d'or sol pour "l'entretènement d'un régent du collège rue des Quatre-Oeufs". Le collège est fermé de 1736 à 1792. A partir de 1760, il existe 3 écoles de garçons, une école gratuite pour filles, et une autre tenue par "deux demoiselles". Le 10 avril 1811, un nouveau collège est ouvert au château. En 1846, s'ouvre, rue de Vitré, une école de garçons dirigée par des " Frères quatre-bras ". Cette école " Sainte-Marie " est ensuite fermée et les bâtiments sont attribués à la ville de Châteaubriant par décret de juin 1913 pour y loger des familles déshéritées. La première école communale est édifiée Place des Terrasses. Une institution privée " Saint-Joseph " est créée au château en 1843 et une institution " Nazareth ", fondée par l'abbé Legrand pour " les filles pauvres " en 1716.
Instruction publique à Châteaubriant. — Les petites écoles de Châteaubriant sont nommées dans un acte très ancien : un accord de 1222 conclu, selon toute vraisemblance, par l'entremise de l'évêque du diocèse de Nantes, nous apprend que le prieur de Béré et le curé de Saint-Jean de Châteaubriant, se disputaient le droit d'instituer en fonctions les maîtres des écoles de cette ville. Après avoir entendu diverses dépositions, l'arbitre du différend déclara que les deux rivaux étant fondés dans leurs prétentions, jouiraient en commun de la collation qu'ils revendiquaient et décida que dans le cas où il y aurait désaccord sur le choix du maître, ils nommeraient à tour de rôle un titulaire pour deux années [Note : Item cum inter priorem de Bereio et personam S. Joannis de castro Briencii super collatione scholarum ejusdem castri contentio mota esset … taliter esse ordinavimus quod prior de Bereio persone idonee regimini scholarum ad duos annos conferre poterit dictam scholam et persona S. Joannis eidem persone vel alteri ad duos alios annos (Histoire de Châteaubriant de l'abbé Goudé, p. 425 et 426)]. Il ne peut pas y avoir de doute sur la nature de ces écoles ; il s'agit bien ici des écoles, rudimentaires d'alphabet, de grammaire et de catéchisme que le clergé établissait partout et dans lesquelles il recrutait non seulement des clercs pour la célébration des offices, mais encore des aspirants au sacerdoce. Quel a été le sort de l'instruction, à Châteaubriant, dans les siècles suivants ? Nous l'ignorons, seulement il y a un fait qui demeure. Si, dès le XIIIème siècle, le personnel enseignant faisait naître des conflits opiniâtres, nous pouvons bien croire que les âges postérieurs ont assisté à des luttes du même genre, ont vu des supérieurs jaloux de leur autorité, ou des maîtres empressés à se dérober à leur surveillance. Les besoins qui ont amené la création des écoles au XIIIème siècle ne se sont pas éteints subitement, ils se sont perpétués dans le cours du Moyen-Age et ont fourni un aliment aux institutions scolaires. A Châteaubriant, comme ailleurs, le clergé comptait beaucoup plus de membres qu'il n'en fallait pour le service religieux des paroisses, il est donc naturel de penser que les enfants en général, et les enfants des familles aisées en particulier, n'ont jamais manqué d'instituteurs. Il y a, du reste, une autre démonstration qui ressort de l'existence du collège dont nous parlerons plus loin et qui paraît avoir été fondé au XVIème siècle. Nous verrons que plusieurs habitants généreux ont pensé à pourvoir la ville de régents, qu'ils ont offert de quoi les loger et les entretenir. Toutes les donations que nous rencontrons sont faites en faveur des écoles secondaires et non pour les écoles primaires, et pourtant celles-ci servent d'introduction nécessaire à celles-là ; nous sommes donc forcés d'admettre que les unes appellent les autres et qu'elles sont contemporaines. Il y a une institution qui a longtemps fait défaut à Châteaubriant, c'est l'école gratuite : la première fut fondée pour les filles par les Ursulines lorsqu'elles s'établirent dans la maison du Palierne, (la cure actuelle) en 1643. Leur déplacement au couvent de Saint-Sauveur de Béré, eut lieu en 1655 et elles y demeurèrent jusqu'en 1786 (Histoire de Châteaubriant, p. 448, 449). Le bien qu'elles ont fait dans le pays est resté ignoré, mais nous connaissons parfaitement les services que rendit l'oeuvre fondée par l'abbé Louis-Alexis Legrand. Ce vénérable prêtre, ancien régent du collège, aidé par l'abbé Olivier, missionnaire de Nantes, et quelques personnes charitables, entreprit d'ouvrir une maison de secours dont les gardiennes devaient être en même temps des institutrices pour les filles et des assistantes pour les malades [Note : Pierre Bodier, prêtre missionnaire de l'évêché de Rennes, Elisabeth Dannai, de Nantes, doivent aussi être comptés parmi les coopérateurs de l'oeuvre]. Le 20 octobre 1716 il acquit, comme procureur de l'abbé Olivier, une maison avec jardin, sise près la Porte-Neuve, et désigna de suite pour propriétaires Anne Amelin et Marie Besnier, deux filles de dévouement qui avaient fait leurs preuves. Il est stipulé au contrat qu'elles ne sortiront que de leur consentement et qu'après leur décès, le choix de leurs remplaçantes appartiendra au doyen de Châteaubriant et aux deux plus anciens prêtres de la ville (Carton des écoles – Archives départementales, D. - Acte au rapport de M. Lourmel, notaire). Les plus incrédules furent bientôt convaincus que l'oeuvre nouvelle avait beaucoup de chances de succès. Voici ce qu'en disait le syndic des habitants aux échevins et bourgeois assemblés le 28 juillet 1720 : « Toute la ville, dit-il, regardait comme téméraire son entreprise d'établir une école charitable pour les filles. Cependant en fournissant seulement une petite subsistance à deux pauvres dévotes, il a fait instruire et continue encore d'instruire, avec grande édification, tantôt trente, tantôt quarante pauvres enfants, de leurs prières, de leur catéchisme, à filer et à brocher. Ces pénibles exercices n'empêchaient pas ces filles, consacrées au service des pauvres, d'aller à l'ordre du sieur Legrand, secourir les malades de la ville, des faubourgs et des campagnes … L'on a regardé comme un prodige que dans ces derniers temps de calamités et de misères, la seule idée d’une école charitable ait pu empêcher deux à trois cents personnes de mourir de faim » (Délibérations de la ville de 1720 – Archives municipales, BB). L'abbé Legrand voyant avec quelle générosité il avait été secondé dans l'exécution de ses desseins, et confiant dans l'avenir, s'imagina de suite qu'il trouverait à Châteaubriant assez de ressources pour faire subsister une école charitable de garçons. Bien qu'il n'eut pas même de quoi payer les frais de contrat, il acheta près de la porte de Couëré, une maison où il espérait loger un maître et des enfants (Histoire de Châteaubriant, p. 491). La mort, qui vint le surprendre à Nantes, pendant ses prédications (1720), ne lui laissa pas le temps de parachever ce qu'il avait si bien conçu ; cependant, les personnes pieuses qui admiraient sa foi et son zèle tentèrent un effort pour donner la vie à son projet. Elles offrirent à la municipalité la somme nécessaire au paiement de la maison et du jardin voisin, c'est-à-dire 1.000 livres, à la condition que l'immeuble servirait à fonder une école gratuite de garçons. La proposition méritait d'être examinée attentivement, car on ne voyait pas comment le nouveau maître serait payé et il était à craindre que la charité publique, trop de fois mise à l'épreuve, ne refusât les secours qu'on attendait d'elle. La prudence commandait de bien assurer l'avenir de l'école charitable des filles, si utile aux malheureux, et de lui consacrer même la dernière offrande, jusqu'au jour où l'on aurait tous les revenus qu'exigeait l'entretien d'une école de garçons. Cet avis prévalut au Conseil des bourgeois (Histoire de Châteaubriant, p. 493). En acceptant le don de 1.000 livres des amis de l'abbé Legrand, la Ville arrêta que les directrices de l'école charitable percevraient le loyer de la maison des garçons, que tous les dons faits à l'école des filles seraient soumis à l'agrément de la municipalité, que l'asile supporterait sa part des impôts publics, et qu'en cas de suppression ou de déchéance, les fonds de ces écoles tomberaient au profit des pauvres de l'hôpital. Ces conditions rigoureuses ne cachaient pas de malveillance, ainsi qu'on pourrait le croire au premier abord. Pour ceux qui connaissent les difficultés au milieu desquelles fut créé l'hôpital de Châteaubriant et avec quels expédients on parvenait à le soutenir, il est évident que les bourgeois se tenaient simplement en garde contre les concurrents qui vivaient d'aumônes. Les charges qu'ils avaient à supporter leur paraissaient si lourdes, qu'ils n'étaient pas disposés à en accepter de nouvelles. L'abbé Legrand avait trop présumé des forces de celle ville : le supplément de secours dont il avait besoin pour assurer l'existence de l'école charitable des garçons ne vint jamais et les filles seules recueillirent le fruit de sa généreuse initiative. Les premières directrices de l'école charitable des filles furent les demoiselles d'Oultremer, issues d'une famille noble et honorablement connue dans le pays par sa bienfaisance. Elles furent remplacées, en 1720, par Marie Leray de la Mataudais, une sainte femme dont l'unique ambition fut de porter le titre de mère des pauvres et de passer sa vie au milieu des infirmités humaines (Histoire de Châteaubriant, p. 494). Après avoir gouverné la maison toute seule pendant 44 ans, sans épargner son propre bien, elle s'adjoignit une compagne, Madeleine Preau, fille de dévouement, qui, depuis 9 années, portait des secours aux malheureux de Fercé et des environs (1764). Mlle. Marthe-Louise du Boispéan de la Minière prit la succession, en 1789, et pour que l'institution ne perdît pas son caractère privé, elle s'empressa de faire acte de propriété sur les meubles, puis sur les édifices. Elle acquit une petite maison voisine de l'école, mit le tout par terre et fit élever sur l'emplacement une construction vaste et plus commode que l'ancienne (Carton instruction – Archives départementales, L). Les demoiselles Preau et de Fermont, qui remplissaient les fonctions de servantes des pauvres, sous sa direction, s'entretenaient à leurs dépens et ne réclamaient pas même un logement, bien qu'elles y eussent droit. On ne comptait pas moins de 60 pauvres filles dans leur classe ; renseignement se faisait deux fois par jour et comprenait même les ouvrages à l'aiguille. Les malades de la ville ou de la campagne, qui appelaient ces dames, étaient sûrs de les voir accourir à leur chevet les mains chargées de remèdes et d'aliments réconfortants. Leur principale ressource consistait en deux constituts, valant 235 livres de rente, sur les Etats de Bretagne, dont les capitaux avaient été légués, en 1785, par Marguerite Guinement, veuve Goyon de Beaucorps, et en une part de loyer de 25 livres sur une maison sise à la Haute-Barre (Minutes du notaire Lorette). Les bienfaits qu'elles semaient partout autour d'elles leur avaient conquis de nombreuses sympathies dans le peuple ; aussi quand vint le moment d'exécuter les décrets de confiscation contre les communautés religieuses, un grand émoi se manifesta en ville. Le 20 août 1790, les administrateurs du district de Châteaubriant se dirigeant vers l'école charitable, pour dresser leur procès-verbal, rencontrèrent sur leur passage de forts attroupements de femmes qui les suppliaient de respecter l'institution de Mlle. du Boispéan (Carton instruction – Archives départementales, L). On ne tint pas compte de ce témoignage public d'attachement et de reconnaissance. Les directrices, malgré leurs protestations, furent assimilées aux fonctionnaires et invitées à prêter le serment civique, le 12 juillet 1791. Saisissant leur refus comme un acte d'hostilité déclarée, la municipalité ordonna, le 6 septembre 1791, à la demoiselle Preau de sortir de la ville, dans les vingt-quatre heures, et ne put vaincre sa résistance qu'en employant la force armée. Son expulsion de l'école eut lieu en octobre 1792 [Note : Mlle. du Boispéan émigra à Guernesey, où elle mourut, et Mlle. Preau se retira à Redon, où elle devint supérieure do l'hôpital]. Le mobilier fut vendu ou dissipé et la maison avec ses revenus fut annexée à l'hôpital. Dans le rapport des commissaires, il est constaté que les enfants avaient entre les mains différents livres dont voici les titres : Les principes de la langue et de l'orthographe. - Le sage entretien. - Le Magasin des pauvres, par Mme. Le Prince de Beaumont. - L'Ancien Testament. - Le premier et le second Catéchisme de Nantes. En dehors de l'école charitable, les filles pouvaient prendre des leçons, en 1760, dans une autre classe tenue par deux demoiselles, dont je n'ai pas les noms, et en 1790, les parents avaient le choix entre trois maîtresses : Marie Briand, au haut de la Grand'Rue, Anne Bouëtel, rue de Couëré, et Jeanne Luce, qui prêta le serment civique avec la précédente (Brevet de 1760, cité par M. l'abbé Goudé dans son Histoire de Châteaubriant, p. 483). Le brevet rédigé en 1760, par le doyen Guérin, fait mention également de trois petites écoles de garçons, et les titres de 1790 en indiquent encore deux en dehors du collège : l'une, tenue par Pierre Errien , et l'autre, par Pierre Midard, dans la Grand'Rue ; leurs noms nous sont révélés par les actes de leur prestation de serment (Carton instruction – Archives départementales, L). Etant donné ce personnel, on est surpris que l'instruction primaire n'ait pas progressé dans le peuple. La Municipalité, interrogée sur les écoles, répond, en 1792, au Ministre qu'il n'y a pas de villes où les artisans soient aussi ignorants. Le Directoire fait la même remarque au sujet des officiers municipaux (Histoire de Châteaubriant, p. 485). Cette série de documents est interrompue par un intervalle immense : elle nous transporte du XIIIème siècle, sans transition, au XVIIIème, toutefois on conviendra qu'elle a son éloquence. Si deux époques aussi éloignées l'une de l'autre se répondent par des analogies frappantes ; s'il y a, dans les secrets du passé, des révélations aussi inattendues, la prudence nous défend de médire des générations qui restent enveloppées dans le mystère, car, elles aussi, elles pourraient bien un jour rompre le silence et infliger un démenti à leurs détracteurs (L. Maître).
Voir " L'ancien collège de Châteaubriant ".
Note 4 : La plus ancienne confrérie est celle de Sainte-Catherine qui est fondée en 1465, rassemblant quantité d'ecclésiastiques, de première noblesse et d'autres. On trouve notamment dans la liste de ses membres divers seigneurs de Châteaubriant : Bertrand de Dinan, Françoise de Dinan, Jean de Laval. La Confrérie du Saint Rosaire est établie à Châteaubriant en 1580. La confrérie des Dames de la Charité, en 1654, conduit à l'édification de l'hôpital en 1677. La confrérie de "Nostre Dame de la Mercy" se constitue en 1663, pour la rédemption « des captifs du diocèse ». La confrérie du Très Saint Sacrement de l'Autel est créée en 1673 par bulle du pape Clément X. La Confrérie de Saint Blaise est établie en 1680 par bulle du pape Innocent I (elle rassemble les maîtres peigneurs de laine qui font ériger un autel dans l'église de Béré, en 1694). Plusieurs autres confréries sont créées : la confrérie de maîtres sargers, la confrérie de boulangers (ou de Saint Honoré), la confrérie de maréchaux-serruriers (confrérie Saint Eloi) et celle de Saint Sébastien et Saint Roch.
Note 5 : Industries dans la région de Châteaubriant. « I. Verreries. — La région de Châteaubriant, région de forêts, vit naître l'art noble de la verrerie au 17ème siècle. Javardan en la vicomté de Fercé fut le principal centre. Il y eut aussi Héric, mais qui dura peu (1605 à 1654). C'est en 1656 qu'Antoine de Borniole et son associé de Sarode, tous deux d'origine italienne, vinrent à Javardan et prirent bail avec le vicomte de Fercé. Le gendre de Borniole, Virgile de Massar, italien, continua l'exploitation de la forêt et de la verrerie. Il prit bail de 9 ans en 1665 moyennant la somme de 750 livres. Ses descendants se succédèrent comme maîtres-verriers jusqu'en 1780. La branche cadette des Massar s'y enrichit et acheta la vicomté de Fercé. Javardan a plus de 300 hectares. On l'exploitait en 9 coupes successives. — Le sable, le salpêtre, des débris de verre arrivaient par bateau à Nort-sur-Erdre, et de là par charrois à Javardan. Outre les maîtres-verriers, cette industrie occupait bon nombre de journaliers de Fercé, Noyal, Villepôt, Thourie … qui coupaient le bois, pilaient la terre, faisaient les transports. Les objets fabriqués étaient : verres à boire en cristal, bouteilles, figuettes, carafes, pommadiers, pots à confitures, encriers, cloches pour melons, alambics pour liqueurs, etc... II. L'industrie de la laine. — On élevait beaucoup de petits moutons noirs qui pacageaient dans les landes. La petite foire de Béré, 13 septembre, était spécialement consacrée aux transactions de l'espèce ovine et on l'appelait la " foire aux moutons ". Une confrérie de peigneurs de laine fut créée à Châteaubriant en 1678, avec pour patron Saint-Blaise dont il reste encore une statue à Soulvache. Le métier de peigneur n'étant pas difficile, beaucoup de bras libres s'y consacrèrent. En 1693 la confrérie de Saint-Blaise comptait à Châteaubriant plus de 500 membres. Elle avait ses prévots avec leurs fers de marque, sa torche ; elle fit bâtir à ses frais, en l'église de Béré, un autel de tuffeau et de marbre dédié à Saint-Blaise. Des sergers avec leurs métiers étaient rassemblés en nombre dans les rues de Rigalle et de Couëré à Châteaubriant. De nombreuses piles à foulon fonctionnaient le long des cours d'eau de la région ; les marchands et sergers devaient se rendre à la pile à foulon de leur seigneurie. Ce monopole était une ressource pour la noblesse comme celui des moulins à eau et à vent » (A. Gernoux). Le fer dans la région de Châteaubriant. — La région est particulièrement riche en minerai de fer. Jusqu'aux environs de 1870 les forges anciennes de Moisdon, la Hunaudière, la Jahotière furent alimentées par les gisements de la Minière en Rougé, l'Oiselière en Saint-Aubin-des-Châteaux. la Haute Noë en Sion, la Jahotière en Abbaretz, la Minière en Saint-Vincent-des Landes... Le combustible était le bois de nos forêts. Il y eut un périclitement brusque de toutes ces exploitations. En 1880 surgit l'usine moderne de Trignac. D'autre part un ingénieur civil des Mines, Monsieur Davy, qui habite Châteaubriant depuis 1882, détermina avec précision tous les gisements ferrifères du bassin de Châteaubriant avec leur valeur. Les Minières connurent alors un renouveau (1880 à 1920), à Abbaretz, Nozay, Sion, Lusanger, Saint-Vincent, Teillay, Rougé. La Minière en Rougé, la seule carrière encore exploitée vers 1923-1924, occupe à cette époque encore 50 ouvriers produisant 75 tonnes de minerai par jour. A partir de cette date, l'exploitation en galeries ou mines va l'emporter. Différentes sociétés se partagent déjà le sous-sol de la région. Ces firmes et d'autres, feront du « pays de Châteaubriant » l'arrière région rêvée du « pays de la Basse-Loire ». La plus importante mine se trouve alors à Bonnefontaine-en-Soulvache ; elle est dite Mine de la Brutz. Les galeries atteignent déjà une longueur développée de trois km. Le filon de minerai a une épaisseur de deux à trois mètres. On suppose quatre couches dites A. B. C. D., seule B, très riche, est exploitée. La teneur du minerai est en moyenne de 52 % de fer et 11 de silice. La production journalière est d'environ 300 tonnes transportées par decauville à la gare de Rougé. Il y a 230 ouvriers et employés. Le minerai, expédié présentement au port de Saint-Nazaire, sera plus tard dirigé sur Basse-Indre où un quai spécial est construit à cette intention (A. Gernoux). Le service d'eau fonctionne à Châteaubriant depuis 1928. Alimenté au début par des sources au bord de la Chère, il a été renforcé, en mai 1958, par des eaux de Bonne-Fontaine en Soulvache. La ligne de chemin de fer Nantes - Châteaubriant - Sablé est inauguré le 23 décembre 1877, celle de Châteaubriant - Redon en 1878 et celle vers Rennes en 1879. Le petit chemin de fer à voie étroite, créé en 1887 pour desservir la ligne d'Ancenis, est supprimé le 30 novembre 1947. Une usine à gaz (de houille) est installée par la ville en 1876 et, le 1er février 1899, M. Besnard qui y travaillait, en devient propriétaire et directeur. Revendue à la Société André, l'usine est nationalisée en 1946 puis fait place, en septembre 1963, au gaz naturel de Lacq.
Note 6 : liste non exhaustive des gouverneurs du château et de la ville et de leurs lieutenants (incomplète) : - Yves Pières, seigneur de la Belle-Fontaine, gouverneur (en 1561), - Charles Pières, seigneur de la Belle-Fontaine, gouverneur (en 1587), - Jacques de Kerboudel, sieur de la Courtpéan, capitaine et gouverneur (en 1590), - Jan Dufresne, sieur de Saint-Gilles, capitaine et gouverneur (en 1597), - Guillaume Brûlé, capitaine et gouverneur (en 1598), - Georges de Neufville, sieur du Glion, gouverneur (en 1604), - Anne Pières, chevalier, seigneur de Belle-Fontaine, gouverneur (en 1644), - Mauchien, sieur de la Mare, lieutenant de la ville et château (1655), - M. l'abbé Barrin, capitaine et gouverneur (en 1662), - Dubois-Geffroy, lieutenant (en 1666), - Le sieur du Clos-Neuf, lieutenant (en 1675), - Ecuyer Etienne Legrand, sieur de la Griolays, gouverneur (en 1722), - De Lézonnet, gouverneur (en 1729).
Note 7 : les premiers registres de la primitive paroisse (Béré) datent de 1491. On connaît le nom des recteurs de Béré depuis 1142. En voici quelques-uns : Isaur (1142 à 1147), Garsire (1147 à 1170), Hilaire (1197 à 12..), Robert de Fercé (1252 à 1281), Pierre des Charbonnières (en 1307), Geffroy (en 1398), Etienne Dutertre (1558 à 1568), Robert Truillot (1571 à 1575), Guillaume Nicolle (1578 à 1586), Geoffroy Jumel (1588 à 1590), Romain Amyce (1591 à 1593), François Galpin (1593 à 1598), François Bourguillaud (1598 à 1635), Jean Lenoir ou Le Noir (1635 à 1659), Pierre Blays (1659 à 1706), Legrand de Creneuc (1706 à 1720), Jan-André de Mareil (1720 à 1721), Simon Viennot (1721 à 1724), Martin Maugars (1725 à 1738), Mathurin Vis-de-Loup (1738 à 1739), Guérin (1739 à 1783), Aimé Marie Pierre Bedard (1783 à 1815), Michel François Armand Delsart (1815 à 1821), Jacques Charles Ribot (1821 à 1858), .....
Note 8 : Précis des faits les plus remarquables qui se sont passés à Châteaubriant de 1666 à 1869 : — 1er août 1666 : Construction du puits de Rigalle aux frais du quartier. — 14 août 1678 : Passage du duc de Chaulnes pour l'établissement de l'hôpital. Il est reçu par quatre compagnies de la milice bourgeoise, commandée par M. Hamel de la Bothelière. Cette milice, dont la ville nommait les officiers, n'avait pas d'uniforme. — 1er janvier 1692 : Le roi d'Angleterre devant passer par Châteaubriant, la ville fait venir de Rennes un traiteur pour le repas qu'elle veut lui donner. — 4 avril 1700 : Le syndic remontre que, lorsque la moindre bourgade voisine a une horloge, Châteaubriant n'en a pas ; qu'il est nécessaire d'en placer une dans le clocher de la chapelle Saint-Nicolas avec l'autorisation de S.A.S. L'horloge coûta 390 livres, la charpente 115 livres, le tout garanti pour trois ans. La ville accorda 30 livres pour la conduire , la monter et fournir l'huile. Cette horloge ne fit pas un long usage, car, 27 ans plus tard, le donjon du château étant tombé en ruines, on fut obligé de descendre l'horloge et la cloche qui s'y trouvaient : ce qui était fort incommode pour les ouvriers et journaliers. La ville s'adressa au Prince pour lui demander cette horloge, afin de la placer dans la lanterne de Saint-Nicolas. Ce qui fut accordé et exécuté en 1730. — 30 décembre 1705 : Terrible ouragan nommé vimaire. — 1715 : Mort de Louis XIV. Il fut délibéré « que le corps de ville se transportera en habits de cérémonie, précédé de ses héraults, à l'église paroissiale et assistera aux prières qui s'y feront, et où chacun fera sa communion et ses aumônes à sa dévotion, pour le repos de l'âme du feu roi Louis XIV, grand de nom, de corps et d'esprit, en valeur et en vertu , et pour la confirmation de Sa Majesté régnante à qui le Roi des rois veuille donner un aussi long et aussi glorieux règne que celui du feu roi, son bisayeul, incomparable que par son sang successif (!), et pour que le peuple, touché de la perte qu'il vient de faire, soit à lieu de rendre ses devoirs, il est ordonné à tous les habitants de fermer leurs boutiques, avec défense de faire aucun travail public jusqu'à ce que les prières soient fini auxquelles assisteront au moins un de chaque maison ; que l'église sera tendue et les plates-formes avec les placards des pompes funèbres, et enlu minés à tous les autels de serges blanches colorées de noir par endroits sur toutes les corniches ; et pour y donner ordre, est nommé le sieur de la Percherie, fabriqueur en charge, qui se donnera les soins de faire la recom mandation de l'âme par le Réveilleux, accompagné de deux autres, couverts chacun d'une robe noire, et faire rendre les pauvres de l'hôpital à l'église ». — 4 juin 1717 : Les droits d'octroi pour une pipe de vin venue du de la province et débité dans les cabarets de la ville et des faubourgs de 5 livres ; 3 liv. 6 s. 8 d. pour le vin du crû de la province ; 1 liv. 13 par pipe de cidre (Note : la pipe de vin contenait 232 pots ou 464 pintes de Paris ; la barrique était la moitié de la pipe). En 1772, ces droits furent portés au double, pour acquitter les dettes de la ville. — Avril 1720 : Passage du maréchal de Montesquiou. La ville chercher à Teillay, dans une chaise roulante, avec une escorte des tables bourgeois, à cheval. Une seconde députation lui offre en 12 bouteilles de vin, qui coûtèrent 11 livres 18 sols. — 1721 : La ville n'avait pas de drapeau qui lui fût propre ; celui dont elle se servait était aux armes de S. A. S. monseigneur le duc Henri de Bourbon-Condé, parsemé d'H et de fleurs de lys. Dans la séance du 11 mars 1815, il fut dit qu'il existait une délibération de la communauté constatant le dépôt d'une ordonnance royale du 6 février 1698, portant confirmation des armoiries de la ville. Le maire fut chargé de poursuivre la confirmation de ces armoiries près de la commission du sceau des titres. Nous supposons que ce sont celles dont Châteaubriant se sert aujourd'hui. — 27 juin 1722 : Réception d'Etienne Legrand, sieur de la Griolays, en qualité de gouverneur de la ville et du château, à la place de l'abbé Barin, décédé. Les habitants se mirent sous les armes ; on lui fit compliment à porte de la ville dont on lui présenta les clefs, et on lui offrit en don des bouteilles de vin, la ville, à, ce qu'il paraît, n'ayant rien de mieux à lui offrir. — 1725 : Fêtes pour le mariage du roi. Te Deum solennel à, la chapelle-Nicolas ; illuminations de toutes les maisons particulières, sous peine de 10 livres d'amende pour l'hôpital ; feu de joie sur la place ; rafraîchissements au peuple et à la milice, composée de 130 hommes. La dépense s'éleva à 105 livres. — 1726 : La ville n'avait alors de promenade qu'un modeste emplacement Motte-à-Madame, où il ne restait qu'un ormeau. Le sieur André fut à y planter 70 ormeaux, en allée, pour la somme de 20 livres, garantis pendant 3 ans, sauf destruction violente. — 1727 : Jusque-là, la paroisse de Béré n'avait été imposée qu'à un ou deux miliciens pour aller garder les côtes, et encore assez rarement ; voilà qu'en cette année , on lui en demande cinq. Réclamations et plaintes ; si l'intendant ne la décharge d'une partie de ces miliciens, la paroisse prétend que l'agriculture est perdue. — 1736 : Réjouissances pour la naissance de monseigneur le prince de Condé. La milice est sous les armes ; illuminations dans la ville et les faubourgs ; Te Deum ; feu de joie ; tous les soirs, pendant huit jours, on tire 30 coups de canon ; les boutiques sont fermées pendant trois jours et le vin coule en forme de fontaine sur le champ de foire et sur les terrasses à la discrétion des habitants. — 1737 : L'enlèvement des boues de la ville était mise à l'adjudication à qui pour moins voudrait, pendant six ans. La ville donne 60 livres à l'adjudicataire. — 1737 : La ville est autorisée à donner 150 livres de gages à un chirurgien, à condition qu'il soignera gratis les pauvres de l'hôpital, ceux de la ville et de la paroisse. — 1739 : Grande disette de grains dans le pays. La ville en fait acheter à Nantes pour 3.000 livres et le revend au peuple au prix coûtant. — 1750 : Le pont Glémois appartenait au seigneur qui l'avait fait construire et l'entretenait à ses frais. C'est pour cela qu'il percevait un droit de péage ou coutume sur toutes les denrées qui entraient au marché par ce pont. — 1752 : Les courriers n'arrivaient à Châteaubriant que deux fois par semaine. La ville ne put avoir un troisième ordinaire à cheval, par Derval, qu'en faisant payer un sou de plus pour chaque lettre. — 1760 : Arrivée de monseigneur le duc d'Aiguillon. Réception solennelle, comme précédemment. — 1760 : M. de la Chenellière-Ernoul a le titre de subdélégué de monseigneur l'intendant de la province, ce qui équivalait à la place de sous-préfet aujourd'hui. — 1761 : Aplanissement de la Motte, pour y transférer le champ de foire, qui devra s'appeler place d'Aiguillon. — 1762 : Pendant le cours de cette année, le duc d'Aiguillon passe deux fois en cette ville. — Janvier 1764 : Sur la dénonciation du procureur fiscal, le sénéchal fait défenses de s'assembler à la porte des veufs ou veuves qui passent en secondes noces, le soir et la nuit de leurs épousailles ; d'y traîner des chaînes, frapper sur des poëles et chaudrons ; d'y casser des pots et d'y faire des cris de charivaris, sous peine de la prison. — Cet abus, qui existait depuis longtemps existe encore. — Janvier 1764: Conformément à une délibération du 30 mars 1764, le sieur Desloges est autorisé à toucher la somme de 110 livres pour trois lan ternes et illumination sous les halles. Elles devront être allumées au déclin du jour, garnies chaque soir d'une chandelle de bon suif blanc d'un quaternon et bien proportionnée. — 1781: La route de Châteaubriant à Angers n'était encore faite que jusqu'à Candé ; la ville demande son achèvement, vu l'importance des communications entre Rennes et Angers. — 14 mai 1817 : Les travaux et plantations que M. Connesson avait fait exécuter sur les terrasses du château avaient fait de ce lieu une promenade. Mais la ville fut alors obligée de donner un acte de reconnaissance de propriété au prince, qui lui en accorda la jouissance et l'entretien. En 1820, on combla la douve qui existait le long des grands jardins et on y planta des arbres et des buissons : ces travaux, exécutés pour donner du travail aux ouvriers, coûtèrent 500 fr. donnés par le département, et 167 fr. par la ville. Enfin, le 15 janvier 1853, M. Delourmel, remplissant les fonctions de maire, racheta pour le prix de 10.000 fr. ces promenades qu'il rétrocéda à la ville, faisant en cela acte de bonne administration. — 1818 : Le pont Glémois, reconstruit et replacé dans l'axe de la porte Saint-Jean, est livré cette année à la circulation. — 1820 : Plantation d'arbres de la Barre à l'Eperon. — 1er janvier 1821 : La ville place à la caisse du Trésor royal une somme de 5.000 fr pour y produire intérêts. Jamais elle ne s'était trouvée si riche. Sous le Consulat l'Empire, le vieux château et le château neuf avaient été vendus par lots à divers particuliers. En 1819, la presque totalité de ces lots était rentrée dans les mains du prince de Condé, qui, à son tour, voulut s'en défaire. M. Connesson, comprenant quel besoin avait la ville d'une. prison, d'un tribunal, d'une gendarmerie, d'une mairie, entra en pourparlers avec le prince, qui lui fit répondre qu'il lui vendrait volontiers à lui, mais qu'il ne voulait point traiter avec l'administration, avec laquelle il n'avait déjà pu s'entendre. Alors, le maire, autorisé par le Conseil municipal et le préfet, acheta et rétrocéda : 1° au département, le pavillon des Champs pour faire une prison, pour le prix de 7.550 fr. avec les frais ; 2°. à la ville, le pa villon du Nord, la salle des gardes, le château neuf, les galeries, les grandes écuries, les cours, douves, promenade et terrain au midi, etc., pour la somme de 13.900 fr. Comme on le verra, ce fut une superbe spéculation pour la ville. — 1er juillet 1822 : Après ce dernier service rendu à Châteaubriant, M. Connesson donna sa démission. — 1824 : Ouverture d'une rue à travers l'impasse du four à ban et le mur de ville : dépense, 5.500 fr. On lui donne le nom de rue Bourbon. Démolition de la voûte de la porte Saint-Jean, — élargissement de l'entrée du pont : dépense, 800 fr. — 1825 : On palâtre le ruisseau du fond de la douve, qui va de la porte Neuve à la tour du Four ; on veut la combler entièrement, afin d'agrandir le champ-de-foire et de parer aux dangers de la pente rapide et profonde qui tait le long du fossé. — 1827 : Achat de l'hôtel Bois-du-Liers pour y établir la cure, 13.000 fr. ; et pour faire face à cette dépense, la ville vend les landes du Drouillays. — Juillet 1830 : Au changement de gouvernement, une grande partie des membres du Conseil municipal sont suspendus pour refus d'assister aux séances ; les autres donnent leur démission. — 25 novembre 1832 : La ville vote 1.130 fr. pour l'acquisition d'une nouvelle horloge fournie par l'Ecole des Arts-et-Métiers d'Angers. Elle est placée dans le clocher de l'église, en 1834 ; à cette occasion, la ville fait faire le fronton triangulaire qui est au-dessus de la porte sud de l'église. — 1834 : Sur la proposition de M. Guibourd, membre du Conseil municipal, le cimetière de Béré est clos, embelli de plantations d'arbres et agrandi. — 1835 : Achat d'une pompe à incendie. Organisation du corps pompiers. Etablissement de lavoirs publics sur l'étang de la Torche, au pont Glémois, sur les douves au nord de la ville. — 1836 : On achève de combler la douve et de continuer l'aqueduc de la tour du Four jusqu'à l'Eperon. — 1837 : Destruction de la tour de la Poudrière et de la tour du Moulin, qui formaient la porte de la Torche. Plantation de peupliers sur les cha loupes flottantes que les eaux avaient détachées et amenées sous les murs du château. — 1838 : Démolition de la porte Saint-Michel, la dernière qui encore debout. — 1839 : La ville adopte le projet des ponts-et-chaussées, qui proposent de faire passer la nouvelle route par les rues Dos-d'Ane et Saint-Michel, formant jusqu'alors des impasses. — 24 juin 1842 : Pose de la première pierre du prolongement de l'église Saint-Nicolas par monseigneur l'évêque de Hercé. — 15 décembre 1844 : M. de la Pilorgerie, président du Conseil municipal, à défaut de maire, fut assez heureux pour vendre au duc d'Aumale toutes les parties du château dont la ville était propriétaire, et dont elle était embarrassée. La vente se fit au prix de 70.000 fr. L'approbation royale donnée que le 14 février 1845. Etablissement des Frères des Ecoles chrétiennes. Cette grande oeuvre de l'instruction des enfants pauvres, un moment en péril, paraît désormais assurée, grâce aux fondations de plusieurs personnes généreuses, surtout en ces derniers temps, par les libéralités de M. Lepays de la Riboissière, qui s'honore d'employer sa belle fortune au soulagement des pauvres et au soutien de toutes les oeuvres que la religion lui recommande. Etablissement d'une salle d'asile. Après plusieurs tentatives demeurées jusque-là infructueuses, M. de la Pilorgerie réussit enfin à doter la ville de cette utile institution. — Juin 1845 : Percement de la rue des Vieilles-Halles à l'Hôtel-de-Ville à travers le mur de ville et les Douves. — Avril 1846 : Ouverture du collège Sainte-Marie. — 3 décembre : Baptême d'une cloche par monseigneur l'Evêque de Rennes : parrain et marraine, Leurs Altesses le duc et la duchesse d'Aumale. — 1848 : Construction de la mairie et de la halle aux grains. M. Chénantais, architecte. Devis de 42.062 fr. — 1849 : Pavage et nivellement de la place Saint-Nicolas. 8.339 fr, Pont sur les Douves conduisant à la mairie. — 1854 : Formation d'une Société de secours mutuels. — 30 mai 1856 : Le Conseil vote la somme de 2.700 fr. pour l'achat d'une horloge à placer à l'Hôtel-de-Ville. — Juin 1857 : Adoption d'une caisse d'épargnes et de ses statuts. — 24 juin 1860 : Etablissement du télégraphe électrique. — 1865 : Démolition complète des vieilles halles. Construction du pont en pierres sur la Chère, destiné à relier la ville un nouveau quartier qu'on pourrait appeler faubourg ou quartier de Bel être. — 18 avril 1869 : Bénédiction de la première pierre du bâtiment de l'hô pital, destiné à remplacer celui qui fut élevé en 1680 par le doyen Blays. (abbé Ch. Goudé).
Voir " Cahier de doléances de l'assemblée des habitants tenue dans l'hôtel-de-Ville en 1789 ".
Voir " Cahier de doléances de l'assemblée des habitants tenue dans l'église des Trinitaires en 1789 ".
Voir " Délibérations de la communauté de ville de Châteaubriant en 1788-1789 ".
Voir " Cahier de doléances de la paroisse de Saint-Jean-de-Béré en 1789 ".
PATRIMOINE de CHATEAUBRIANT
l'église Saint-Jean-Baptiste (XII-XIXème siècle). L'église Saint-Jean de Béré est sortie de terre au XI-XIIème sous l'impulsion de Geoffroy Ier (surnommé aussi, semble-t-il Goscho), fils de Brient. Cette église appartient à l'origine à un prieuré fondé par Brient Ier (fondateur de Châteaubriant). Elle s'enorgueillit d'être une des plus anciennes paroisses de Loire-Atlantique. L'édifice du XIIème est réaménagé au XVIIème par le doyen Blays qui y installe les retables chers à la Contre-Réforme. A noter que le doyen Blays gouverne la paroisse de Saint-Jean-de-Béré depuis 1658 jusqu'en 1706. Le chœur date du XIIème siècle : il est entouré de deux absidioles. La nef date du XI-XIIème siècle. Le clocher est détruit par un ouragan en 1705 puis restauré. L'auvent ou le chapiteau date du XVème siècle. Le retable du maître-autel, œuvre du sculpteur Gaspard Robelot, date de 1660-1665. Le retable, œuvre du sculpteur René Moreau, date du XVIIème siècle. Celui de la Vierge est achevé en 1658. L'autel de la nef date de 1693 et porte l'inscription "donné par les comfreres de la comfrairie de S.T. Biaise - 1693". La statue de la Vierge à l'Enfant date du XIVème siècle. La statue de Saint-Julien date du XIVème siècle. La statue de Saint-Augustin, qui vient du prieuré Saint-Sauveur, date du XVIIème siècle. La statue de Sainte-Elisabeth de Hongrie, qui vient du prieuré Saint-Sauveur, date du XVIIème siècle. A noter que Sainte Elisabeth de Hongrie (1207-1231) est la fille d'André II, roi de Hongrie. L'église Saint-Jean-de-Béré fut fermée pendant la Révolution et mise en vente, la chapelle Saint-Nicolas ayant été déclarée chef-lieu de la paroisse de Châteaubriant. Elle est rouverte en 1838. Les retables mutilés pendant la tourmente révolutionnaire, sont restaurés, et l'on construit l'autel Saint-Louis et celui de Notre-Dame de Pitié. Les statues isolées de ce dernier et deux petits bas-reliefs représentant la Flagellation et le Couronnement d'épines, datés de 1842, sont du sculpteur nantais Grootaers ;
Nota : Voici une description de l'église de Saint-Jean-de-Béré en 1663 (procès verbal du 11 septembre 1663) : "Sur les deux anciens piliers de bois qui soutiennent le tabernacle sont gravés deux escussons qui portent de Chasteubriant. A la première vitre, dans la nef, du côté de l'épitre, nous avons vus trois escussons, dont le supérieur porte : d'argent au chef de gueules chargé d'une face de Christ d'argent. Celui du milieu, qui est demi-brisé, porte : de sable aux macles d'argent, et le troisième, au-dessous porte : d'argent à trois bandes de gueules dentelées, avec la couronne de comte. Ledit escusson posé depuis peu dans ladite vitre par le seigneur du Bois-Briand, ainsi qu'il nous a été dit". Le Bois-Briand est, en effet, un château situé dans la paroisse de Béré, qui appartenait alors à René de la Motte de Kerdreuz, fils ou époux de la dernière héritière du Bois-Briand, du nom de Montoire. Depuis près de deux siècles, les Montoires possédaient le Bois-Briand. Les premières armoiries ci-dessus décrites sont celles de la famille de Montoire, et les deux autres écussons appartiennent aux deux familles de la Motte de la Vallée et de la Motte de Kerdreuz. "Au-dessous de ladite vitre, est un banc clos, sur l'accoudoir duquel il y a deux écussons gravés, l'un pareil audit écusson supérieur, qui porte en chef la face du Christ, et l'autre audit écusson d'argent à trois bandes de gueules dentelées. A l'autel proche dudit banc, est un parement imprimé en toile où sont figurées les deux derniers escussons. Au haut de l'église, proche la balustrade du maistre-autel, du côté de l'évangile, est un petit banc clos, sur l'accoudoir duquel sont les armes de Montmorency. Un peu au-dessous, est un grand banc clos, sur lequel il n'y a aucunes armes ; ledit banc servant aux officiers de son Altesse Sérénissime". Il y avait dans la paroisse de Béré une autre terre assez importante, c'était la Galissonnière. En 1658, Jacques Barrin, seigneur de la Galissonnière, obtint l'érection de la Jannière, en Monnières, en marquisat, sous le nom de la Galissonnière. Quant à la Galissonnière, en Béré, elle devint la propriété d'une dame Dreux, dont le mari ou le fils Thomas Dreux, conseiller au parlement de Paris, était seigneur de la Galissonnière en 1680. Il appartenait à la noble famille de Dreux-Brézé. Les seigneurs de la Galissonnière jouissaient du privilège d'avoir un banc armorié à Béré, car voici ce que dit le procès-verbal : "Dans la chapelle de la Vierge, est un autre banc, sur l'accoudoir duquel est un escusson chargé de trois papillons (qui est Barrin), et au côté dudit banc, est un autre escusson écartelé dont les deux premiers portent de France et les deux autres de Bretagne. Ledit banc et ladite chapelle prétendus par la dame Dreux à cause de sa terre de la Galissonnière". On construisit alors la sacristie de l'église de Béré, car "au costé de l'épistre du maistre-autel par le dehors de l'église, il y a un commencement de bastiment fait depuis quelques années, au costé duquel, vers midi, est un pilier de pierre au haut duquel est enchâssé un écusson en pierre grise, semblable à celui qui est référé cy-devant, portant d'argent à trois bandes dentelées de gueules et couronne de comte (qui est de la Motte) ; au-dessous est chiffré 1657 et sur le haut dudit pilier est une pierre verte non attachée, mais seulement soustenue par quelques autres, sur laquelle les armes de Son Altesse Sérénissime sont gravées avec le même chiffre au pied, et a été décerné acte de ce que ledit nouveau bastiment n'est couvert et de ce qu'il y a une porte faite depuis peu, entrant dudit bastiment dans la balustre dudit maistre-autel".
Voir " Le prieuré Saint-Sauveur de Béré possession de l'abbaye de Marmoutier ".
Nota : Le Bon Dieu de Pitié. (Coutume pour faire marcher les petits enfants). Il existe à Châteaubriant une vieille coutume pour faire marcher les tout petits enfants. Sur le côté sud de l'église Saint-Jean de Béré, se trouve un petit chapiteau, abritant jadis un autel où l'on disait la messe au temps de la Peste Noire, à laquelle messe le peuple assistait sur le coteau en face où se trouve actuellement le cimetière de Béré, ce qui a fait nommer cet autel : l'autel du Dieu de Pitié. Ce fait est constaté sur les registres paroissiaux. En 1560, on trouva un enfant exposé sur l'autel du Dieu de Pitié, et, en 1668, on en trouva un autre dans le cimetière près des portes. Cet autel existe toujours et porte le même nom ; on y a placé des bas-reliefs très mutilés, que l'on a trouvés en faisant des fouilles autour de l'église, et c'est à cet endroit que, depuis cette époque, on mène les petits enfants pour les faire marcher. Voici en quoi consiste la cérémonie. Le premier vendredi de chaque mois on mène les petits enfants à cet autel, où autrefois on les roulait ; maintenant on se contente de les placer dessus et de les faire marcher autant que possible, puis on leur fait faire le tour extérieur de l'église en ayant bien soin de ne pas les porter, mais en les tenant de manière qu'ils posent leurs pieds à terre. On entre ensuite à l'église, pour les mener à l'autel de Notre-Dame des Sept-Douleurs, où on leur fait embrasser le crucifix. En sortant on dépose une légère offrande dans un tronc se trouvant à l'autel du bon Dieu de Pitié. La coutume est de faire ce voyage trois fois, mais souvent dès la deuxième fois les enfants marchent tout seuls (Pierre de Béré).
l'église Saint-Nicolas (1875-1894), œuvre des architectes Eugène de Boismen et François Bourgouin (pour le clocher). Cette église se compose d'une grande nef et de deux collatéraux de six travées, d'un transept, et d'un choeur de trois travées sans déambulatoire. L'église, de style néo-gothique, est construite sur l'emplacement de l'ancienne chapelle seigneuriale qui, depuis le XIIème faisait office d'église paroissiale. La bénédiction de la première pierre a lieu le 25 avril 1875, par Mgr Fournier, évêque de Nantes. Le choeur, les sacristies, le transept et cinq travées étaient seulement construits à l'époque de la consécration, qui fut faite le 1er février 1881 par Mgr Le Coq, successeur de Mgr Fournier. Les fondations du clocher et de la travée qui restait à construire furent commencées au mois de juin 1892. La tour et la flèche date d'août 1894 et comporte cinq cloches : l'énorme bourdon "St Nicolas" qui pèse 4 027 kg (donne le La), la cloche "Anna" de 1 552 kg (donne le Ré), la cloche "Marie" de 1 067 kg (donne le Mi), la cloche "Joséphine-Jeanne" de 726 kg (donne le Fa dièze) et la cloche "Henriette-Victorienne" de 450 Kg (donne le La, octave du bourdon). L'église est située au cœur de la cité, là où, jusqu'en 1763 se tenait, de mai à octobre, le marché aux bestiaux. La chapelle Saint-Nicolas, reconstruite par le frère de Philibert Delorme au XVIème siècle, est placée initialement sous le vocable de Notre-Dame. La chapelle primitive est édifiée par Geffroy IV et un texte en atteste l'existence en 1263. Trois siècles s'étaient toutefois à peine écoulés depuis cette construction que la chapelle ou l'église Notre-Dame menaçait ruine. La chapelle Saint-Nicolas est alors en partie démolie en 1518, et reconstruite plus spacieuse grâce à la démolition d'une maison voisine et le soutien financier de Jean de Laval, baron de Châteaubriant. En 1518, on ne fait qu'entamer la nef, laissant subsister le chœur de l'ancienne chapelle. En février 1530 est posée la première pierre et ce n'est que vers 1530 que les murs de la nef sont achevés mais le mauvais état des finances du Baron Jean de Laval, puis la mort de Françoise de Foix en 1537 et la mort du baron lui-même en 1543 font que l'édifice n'avait pas de charpente « de sorte que les murailles demeurèrent couvertes de genêts jusqu'à l'an 1551 ». Ce n'est qu'à partir de 1551 que le baron Anne de Montmorency fait entreprendre les derniers travaux. La dédicace de la nouvelle église a lieu le 5 novembre 1561 en présence du coadjuteur de l'évêque de Nantes et l'on changea, nous ignorons pourquoi, le nom de Notre-Dame en celui de Saint-Nicolas. "Le même jour le Saint-Sacrement est apporté de la chapelle du château à la nouvelle église et le même jour aussi est transporté à la même église le corps de Jean de Laval renfermé dans une châsse de plomb". Ce dernier seigneur avait désiré voir Saint-Nicolas érigée en collégiale, mais ce voeu ne fut point exécuté : toutefois cette simple chapelle, vaste comme une église, partagea jusqu'à la Révolution les honneurs du culte avec l'église paroissiale de Saint-Jean de Béré. Au XV-XVIème siècle, les baptêmes se font tous à Saint-Jean-Baptiste de Béré, mais les messes, les vêpres, et nombre de cérémonies se font à la chapelle Saint-Nicolas, pour des raisons de commodité car elle est plus proche du bourg de Châteaubriant. A la fin du XIXème siècle, Saint-Nicolas était devenue la principale église paroissiale de Châteaubriant, ayant Saint-Jean de Béré pour succursale. L'huile sur toile intitulée "légende de Saint- Isidore", œuvre de José Leonardo, date du XVIIème siècle (il s'agit d'un don de M. Chefneux-Cressus en 1926). La statue de la Vierge à l'Enfant date du XVIIème siècle. Les vitraux sont remplis par des figures de saints personnages. Dans le transept, se voient les tombeaux des curés qui ont édifié l'église : - du côté de l'Evangile, celui de l'abbé Mahé, curé de 1858 à 1890, qui fit construire le choeur, le transept et une partie de la nef, - du côté de l'Epitre, celui de l'abbé Langevin, curé de 1890 à 1896 qui fit élever le clocher. Le tableau représentant "l'Agonie du Christ au Jardin des Oliviers" (oeuvre de Dubouloz, 1840), fut donné à la paroisse par le duc d'Aumale. La hauteur du clocher de l'église Saint-Nicolas est de 65 mètre. L'église mesure 65 mètres de longueur, la longueur du transept est de 26m50, et la largeur des nefs de 17m50 ;
Nota : Voici une description de l'église de Saint-Nicolas en 1663 (procès verbal du 11 septembre 1663) : "Estant à la porte qui fait l'entrée ordinaire d'icelle, nous avons trouvé deux escussons gravés sur le bois de ladite porte ; l'un desquels porte d'or à la croix de gueules accompagnée de seize alérions d'azur, armes de Montmorency ; en l'autre party de Montmorency et d'une table d'attente. En estant entrés en ladite chapelle nous n'avons remarqué aucunes armes dans les trois vitres principales qui couronnent le maistre-autel, auquel rebasty de neuf nous avons vu deux escussons gravés sur les pierres dudit autel, le premier du costé de l'Evangile portant les armes de Monseigneur, et l'autre, du côté de l'épistre, de gueules à fleurs de lys d'or sans nombre, armes de Chasteaubriant. Au-dessus desdites armes il y a deux portes, chacune portant un escusson ; dans celle qui est du côté de l'évangile sont figurées les armes de Monseigneur et dans l'autre ledit escusson my-partie de Montmorency et de ladite attente à fond d'or non remplie. Au haut de la vitre qui est dans la chapelle de la Vierge, et du côté de l'évangile est peint un grand écusson qui porte plein de Chasteaubriant, et à celle qui est du côté de l'épître est un autre escusson pareil en grandeur qui porte de Montmorency". Comme on le voit, les principales armoiries de cette ancienne église Saint-Nicolas étaient celles de la famille seigneuriale de Châteaubriant et des barons, le connétable Anne de Montmorency et le prince de Condé, le Monseigneur du procès verbal. Mais continuons : "Dans le grand tableau du maître-autel est peint un escusson party au 1er de sable avec un autour d'or, soutenu d'un croissant d'argent, et le 2ème porte d'argent avec une bande de sable cantonnée de deux croix de gueules potencées". Le donateur de ce tableau était Julien Bouschet, sieur de la Haute-Moraye. "Nous avons en oustre remarqué à la vouste principale de ladite chapelle quatre grands escussons différents ; le premier qui est du côté de l'orient porte de France, le second de Chasteaubriant, le troisième de Montmorency, le quatrième est party de Montmorency et de ladite attente à fond d'or, comme cy-devant. Entre le balustre du maistre-autel et celui de la Vierge est un banc clos fait de neuf, sur l'accoudoir duquel sont gravées les armes de mondit seigneur (le prince de Condé). Dans la chapelle de la Vierge est un autre banc ancien sur l'accoudoir duquel sont les armes de Chasteaubriant. Sous la voûte qui sépare la nef du chanceau est une pierre tombale sur laquelle est un écusson relevé qui porte les armes cy-devant référées dans le grand tableau du maistre-autel, autour de laquelle pierre nous avons lu ces termes : Cy-gist le corps de noble homme Julien Bouschet, vivant Seigneur de la Haute-Moraye, Pr (procureur) d'office de Châteaubriant qui décéda le vingt et un novembre mil six cents cinquante neuf. Et dans la nef, au-dessous du crucifix, est un grand banc où se mettent ordinairement les officiers de mondit seigneur et est tout ce que nous avons vu en ladite chapelle que nous ayons cru digne de rapport". C'est aussi dans cette église que le 25 mars 1666, est enterré le gouverneur André Barrin, le premier des officiers du prince de Condé chargés de visiter les églises de la baronnie de Châteaubriant.
l'ancienne chapelle des Ursulines. Il s'agit du seul vestige de l'ancien prieuré Saint-Sauveur de Béré, fondé vers le milieu du XIème siècle par le premier seigneur de Châteaubriant, Brient 1er. Le prieuré est donné aux bénédictins de Marmoutier. Le procès qui suivit cette fondation, engagé entre les moines de Marmoutier et ceux de Redon, possesseurs, semble-t-il, d'une église nommée Saint-Pierre de Béré, est un triste mais curieux épisode de ces temps anciens. Les moines de Marmoutier restèrent définitivement possesseurs du prieuré de Béré. Quant à l'église Saint-Pierre, elle disparut complètement, ainsi que les moines de Redon. Les bénédictins de Marmoutier abandonnèrent ensuite eux-mêmes leur prieuré, et, grâce au bon vouloir du prieur Gratien Renoul, les bâtiments claustraux de Béré furent cédés sans aucun revenu aux religieuses Ursulines. A noter que les moines de Saint-Sauveur-de-Béré seront remplacés en 1643 (ou 1655) par des Ursulines. Elles établirent un hospice, et des écoles, grâce au concours du doyen Blays. A proximité, au nord, se trouve la chapelle Saint-Jean-de-Béré, ancienne église paroissiale de Châteaubriant ;
Nota : Voici une description de l'église de Saint-Sauveur-de-Béré en 1663 (procès verbal du 11 septembre 1663) : "Où estant nous avons remarqué en la première et principale vitre de ladite église lesdites armes dudit seigneur du Bois-Briant, scavoir ledit écusson qui porte d'argent au chef de gueules chargé de ladite face du Christ (qui est de Montoire). Et proche ledit balustre, sous la principale voûte du choeur est un banc clos prétendu par ledit seigneur du Bois-Briant, sur l'accoudoir duquel sont deux escussons, dont l'un est semblable au dernier par nous référé et l'autre depuis peu mis et attaché avec cloux sur ledit accoudoir, porte trois bandes dentelées avec une couronne de comte (qui est de la Motte). Dans la vitre de la chapelle de la Vierge, qui fait l'aile droite de ladite église, est un escusson qui porte d'argent au fretté de gueules. Et au-dessous de ladite vitre, est un petit banc en accoudoir, sur lequel il n'y a aucunes armes. Dans la vitre de la nef, du mesme costé, est un escusson party de Montmorency et de Savoie (qui est de Magdeleine de Savoie, mariée au duc de Montmorency, seigneur de Châteaubriant)". Il n'est point ici question des tombeaux des seigneurs de Châteaubriant. Cependant Geoffroy Ier, dit Goscho, mort en 1114, Brient II, mort en 1116, Amaury de Châteaubriant mort en 1343, avaient tous reçu la sépulture dans cette église, avec d'autres personnages distingués.
la chapelle Saint-Cosme-et-Saint-Damien (XIII-XIVème siècle). La chapelle primitive est reconstruite au XIVème siècle. "Elle est bien bâtie, disait le doyen Blays, elle a de grands vitraux peints, un jubé au bas, deux autels, un vieux jeu d'orgues, un beau clocher, et au bout, un appartement et un beau jardin pour le chapelain" (doyen Blays, 1658-1706) ;
la chapelle (1819), située rue Denieul-et-Gastineau. Cette chapelle est édifiée en même temps que se déroulent les travaux de réfection de l'ancien hôpital de Châteaubriant en 1819. L'histoire de l'hôpital débute en 1250 avec la fondation par Geoffroy IV, baron de Châteaubriant, d'un premier établissement hospitalier compris dans le couvent de la Trinité. En 1680, un hôpital est sensé accueillir des déshérités, puis en 1795 des blessés de guerre ;
l'ancienne chapelle au Duc, aujourd'hui disparue. Le duc de Bretagne François II affectionna singulièrement Châteaubriant, qui appartenait de son temps à Françoise de Dinan, comtesse de Laval, parente du prince et gouvernante d'Anne de Bretagne. Ce duc construisit, en 1460, près du château, une chapelle en l'honneur de saint Sébastien. "Elle est magnifique, disent les mémoires, et digne de la magnificence de son fondateur ; elle est toute en pierres de taille vertes ; elle a cinq grands vitraux"(doyen Blays). L'acte de fondation dit, au reste, la même chose : "Ladite chapelle étant magnifique et somptueux édifice telle que les chapelains ne pourraient du tout l'entretenir et maintenir en dues réparations, eu égard au grand de la fondation d'icelle, nous voulons, etc ..". Il y avait aussi "un beau logement auprès pour le chapelain dans un grand pré dépendant de ladite chapellenie". Cette chapelle fut démolie en 1818 par des "vandales" qui employèrent ses matériaux sculptés aux plus grossiers usages ;
l'ancienne chapelle de la Malorais, aujourd'hui disparue. Elle aurait été "bâtie par les seigneurs de Châteaubriant, en l'honneur de saint Mathurin, sur les confins de Béré et de Saint-Aubin, pour la commodité de leurs vassaux" ;
l'ancienne chapelle de Saint-Vincent, aujourd'hui disparue. Elle avait été construite dans le cimetière de ce nom, à Béré. Elle existait encore, semble-t-il, en 1663, car la chapelle de la Bagaye, bâtie peu après, n'était encore que projetée à cette époque ;
l'ancien hôpital. L'édifice est construit par le recteur Blays entre 1677 et 1680, à l'emplacement de l'hôpital actuel. En 1737, la ville de Châteaubriant paie 150 livres de gages annuels à un chirurgien qui "doit soigner gratis les pauvres de l'hôpital et de la ville". Restauré en 1819, puis reconstruit en 1878, l'édifice est abandonné au XXème siècle. En 1878, on démolit l'hôpital vétuste et le 18 avril 1879 a lieu la bénédiction de la première pierre du nouvel hôpital ;
la croix du cimetière de Béré (XVème siècle) ;
l'ancienne croix (XVIème siècle), située devant le prieuré de Saint-Michel ;
le château (XIII-XVème siècle). Le château médiéval est construit entre le XIème et le XIVème siècle par la famille Brient (ou Briant), dont les successeurs sont les Dinan, les Laval et les Condés. Le château va subir de nombreux sièges. En 1235, saint Louis envoie dans le comté de Nantes une armée qui s'empare de Châteaubriant. En 1488, le château soutient un siège mémorable, qui lui est néfaste. C'est en effet de cette année 1488 que date la destruction du château édifié par Brient Ier. L’entrée est surmontée par la Tour (ou porte) des Champs (XIV-XVIème). L’accès au château se fait par le châtelet, un bâtiment de quatre étages dont il ne subsiste que deux tours jumelles. Le donjon du XIII-XIVème siècle est remanié au XVème siècle. L'ouvrage est en partie détruit en 1488 par l'artillerie de La Trémouille, lors du conflit qui oppose François de Laval au roi de France Charles VIII. Le château renaissance est construit de 1532 à 1537 par Jean de Laval et son épouse Françoise de Foix qui fut la maîtresse du roi François Ier de 1515 à 1525 environ. Le domaine est ensuite donné au connétable de Montmorency par Jean de Laval mort sans postérité. Il passe ensuite aux Condés, puis au duc d'Aumale qui vend le château au Département. La galerie méridionale du pavillon appartenant au château date du XVIème siècle. Le grand escalier date du XVIème siècle. Le châtelet, ancienne porte du château médiéval, date du XVIIIème siècle. Le logis seigneurial date du XIVème siècle : il comporte deux logis construits en équerre. La maréchaussée s'y installe dès 1795 dans l'aile Sud-Est (complètement détruite en 1944 par un bombardement aérien). Reconstruit, cette partie de l'édifice avec ses quatre salles abrite la bibliothèque municipale depuis le 7 février 1886. Dès 1791, on procède au nivellement de la rue et de la place des Terrasses et, en 1817, le maire Connesson, fait combler en partie des douves et édifier l'esplanade ;
Note 9 : Louis XI qui convoite l'héritage de René d'Anjou, prépare déjà l'annexion de la Bretagne à la France. Il bataille sur les frontières de Bretagne, vers 1466 et s'empare de la Guerche et d'Ancenis, mais n'ose pas attaquer Châteaubriant. Sur les ordres du roi Charles VIII qui continue la politique de son père, le fameux La Trémoille, lieutenant-général de ses armées, prépare à Pouancé, en terre angevine, le siège de Châteaubriant. Parmi ses hommes de mains se trouve un corps de cinq mille Suisses qui forme à peu près la moitié de son armée. La Trémoille arrive en vue de Châteaubriant dans la matinée du 15 avril 1488. De son côté, François II, duc de Bretagne, a placé dans le château douze cents des meilleurs soldats bretons, car il s'agit, dans cette guerre acharnée, de l'indépendance de la Bretagne entière. D'après Jaligni, historien de Charles VIII, l'armée française comptait alors douze mille hommes soutenus par une puissante artillerie. Le siège est mis devant le château le mardi 15 avril, environ midi. La garnison repousse quatre ou cinq sièges, mais capitule le 23 avril 1488 (le siège avait duré huit jours). Après leur victoire, les Français étant entrés dans la ville"abattirent incontinent le chasteau, les tours et clostures, tellement qu'aujourd'huy, à l'entrée de la basse-cour, reste seulement la marque de la forteresse ancienne, et peu d'habitation" (Argentré, Histoire de Bretagne). Deux cent trente-six maisons, presque toutes, sont brûlées dans la ville. Rien n'est négligé pour que de Châteaubriant, ville et forteresse, il ne reste qu'un monceau de ruines. Le 19 mai suivant, Ancenis, qui appartient au maréchal de Rieux, beau-père de François de Laval, baron de Châteaubriant, subit le même sort que cette dernière ville. L'armée française se rabat ensuite sur Fougères, qu'elle assiège, et d'où la Trémoille envoie alors une partie de son armée attaquer le château de Saint-Aubin-du-Cormier. L'avant-garde de l'armée bretonne est commandée par le maréchal Rieux, la bataille par le prince d'Orange et le duc d'Orléans, et l'arrière garde par François de Laval, baron de Châteaubriant. Cette dernière place est prise par l'armée française le 28 juillet 1488. Trois ans après, Charles VIII épouse Anne, fille du duc de Bretagne, préparant ainsi l'annexion de la Bretagne au royaume de France. Le nouveau mariage d'Anne, devenue veuve, avec Louis XII, vient encore cimenter cette annexion, qui n'est pourtant définitive que sous François Ier, après la réunion des Etats de Bretagne, en 1532.
Françoise de Dinan, dame de Châteaubriant, qui possédait la jouissance de la seigneurie de Châteaubriant, attend la pacification de la Bretagne, pour faire réédifier, au moins en partie, le château de Châteaubriant. Françoise de Dinan fait reconstruire le corps de logis seigneuriale, restaurer la chapelle et transformer le donjon. Le château-fort de Brient servira d'habitation aux barons et aux dames de Châteaubriant jusqu'à l'achèvement du nouveau palais construit par le petit-fils de Françoise de Dinan, le baron Jean de Laval.
Note 10 : L'enceinte de Brient (de forme quadrilatère irrégulier de 160 mètres de longueur, sur 120 mètres de largeur), était flanquée jadis de onze puissantes tours ou bastions, à savoir : - une tour cylindrique à l'angle Nord-Ouest, près de la chapelle, - le grand donjon, marquant le milieu de la façade septentrionale, - un bastion entre ce donjon et l'angle Nord-Est, - une tour cylindrique à l'angle Nord-Est, - deux autres tours cylindriques sur la façade orientale, - une tour cylindrique à l'angle Sud-Est, - le donjon d'entrée, au midi, - une tour cylindrique et un bastion en demi-lune à l'angle Sud-Ouest, vers la ville, - une tour, disparue, près du châtelet de la forteresse, - une tour cylindrique, ruinée, sur la façade occidentale. Du château édifié par Brient Ier, il ne reste plus que des ruines. La façade méridionale du donjon, la base de la tour du beffroi, et enfin l'extrémité de la muraille ont été reconstruites à la restauration qui suivit le siège. Le donjon, de plan carré, possède des faces mesurant environ 18 mètres de large, à la base, et des murailles ayant 3m90 d'épaisseur vers l'intérieur, et 3m vers l'extérieur, jusqu'à la hauteur des mâchicoulis qui le couronnent sur trois de ses façades. Le donjon de Châteaubriant est un des plus anciens de France. Ses principales particularités sont ses mâchicoulis de maçonnerie, sa base et la situation de son beffroi. Lors de la restauration, après le siège de 1488, on pratique dans les façades de larges fenêtres à meneaux croisés et moulurés. C'est à l'angle formé par le donjon et la courtine que La Trémoille concentre ses efforts lors du siège de 1488. La chapelle, placée à tort sous l'invocation des saints Come et Damien (ancienne fondation) est bâtie sur la muraille du nord. Il s'agit d'une construction rectangulaire de 25 mètres de longueur environ, éclairée par trois hautes fenêtres ogivales ouvertes, semble-t-il, sous Geoffroy III, au commencement du XIIIème siècle. En 1508, ont lieu dans cette chapelle le baptême d'Anne, fille de Jean de Laval et de Françoise de Foix, puis en 1535 le mariage de Guy XVII, comte de Laval, neveu de Jean, avec Claude de Foix, nièce de Françoise. Lorsque Jean de Laval décède, en 1543, son corps est déposé en attendant l'achèvement de la chapelle Saint-Nicolas, dans laquelle il voulait fonder une collégiale. Le bâtiment d'habitation est construit dans l'angle Nord-Est de la cour intérieure.
Note 11 : A signaler que la vaste demeure seigneuriale des barons de Châteaubriant renfermait jadis trois chapelles : - la chapelle Saint-Cosme et Saint-Damien (voir description ci-dessus), - la chapelle privée des barons "outre cette belle grande chapelle, il y a encore une autre chapelle au bout de la galerie des Petits-Jardins, dont les seigneurs se servaient en cas d'infirmités" (doyen Blays, 1658-1706). Il est probable que cette chapelle privée fut construite au XVIème siècle, lorsque Jean de Laval fit élever son beau château et la riche galerie qui entoure la cour d'honneur. Malheureusement, il ne reste pas pierre sur pierre de cette chapelle seigneuriale, - la chapelle Saint-Antoine, "il y a encore une troisième chapelle dépendant du château dans les Grands-Jardins, en dehors du château : c'est la chapelle Saint-Antoine, mais elle tombe en ruines" (doyen Blays, 1658-1706). Cette dernière chapelle semble avoir été affectée spécialement aux nombreux serviteurs des barons de Châteaubriant. Il n'en reste plus de traces.
Note 12 : Les ruines du château de Châteaubriant (Extrait du Nouvelliste de l'Ouest, 17 mai 1895) : "Il n'est pas facile de dater le massif de ruines qu'on désigne sous ce nom. Je trouve Jouanne bien hardi quand il résout ce problème compliqué en une seule phrase : « Ce château est du XIème siècle. » Oui, sans doute, il y a eu sur cet emplacement une forteresse à l'époque que le guide nous indique, mais ce n'est pas là ce que demandent le public et le chercheur. Chaque visiteur voudrait savoir le secret de cette diversité de constructions qui se succèdent et s'accumulent sur le même point, pourquoi, après avoir franchi une porte fortifiée, on en rencontre une autre avec des douves intérieures ; les plus illettrés sentent comme les autres qu'il y a là plusieurs habitations féodales accolées, et ils sont curieux de savoir comment les générations ont modifié par des additions la création primitive. Les titres ne nous apprennent rien de précis, si ce n'est pour les constructions les plus récentes, et là ils sont inutiles, car il n'y a pas d'embarras pour reconnaître, dans la partie occupée par le tribunal, une oeuvre contemporaine de François Ier. Les fines sculptures de l'escalier à paliers qui dessert le greffe et les archives, les meneaux et les pinacles des vastes fenêtres démontrent assez le talent des architectes de la Renaissance. Il en est de même de la galerie à colonnes de schiste noir qui supporte une longue salle maçonnée de briques, il est visible qu'elle appartient à l'art de la fin du XVIème siècle, puisqu'elle fut faite pour relier la partie ancienne avec la partie neuve. Tous ceux qui ont visité les châteaux des bords de la Loire y retrouveront des souvenirs de leur voyage. Il y a beaucoup d'unité dans les dernières constructions ; d'un coup d'oeil on les embrasse et on les classe dans sa mémoire. L'impression est toute différente quand on se retourne du côté des ruines, les yeux s'égarent au milieu d'une foule de choses incohérentes et de contradictions. On aperçoit des tours carrées, des tours rondes très vieilles, percées de jeunes fenêtres, des escaliers d'un style différent du logis, des cheminées, des machicoulis, des meurtrières et des embrasures de toutes les époques, des mortiers jaunes, rougeâtres et blancs. Enfin on voit que plusieurs générations ont mis la main à l'édification de la forteresse et cédé à la tentation de toujours rajeunir la construction, de l'augmenter et de l'embellir. Quand les archives se taisent, on a recours ordinairement à l'appareil des pierres, aux marques de tâcherons gravées sur les moëllons, aux dispositions des assises de la maçonnerie ; ici, ces auxiliaires nous font défaut. La pierre du pays de Châteaubriant se prête mal à une taille régulière ; elle n'offre à l'oeil aucun point de repère ; son effet en parement n'est pas du tout décoratif. Il faut alors nous rabattre sur les corps de bâtiments uniformes, sur l'emploi courant de certains matériaux et procéder par comparaison. On remarque d'abord que le calcaire ou pierre blanche est employé dans les jambages et linteaux des ouvertures là où la pierre d'ardoise est complètement mise de côté, et que cette dernière porte toujours des sculptures et des moulures évidentes du XVème siècle. Ce sera déjà un fil conducteur. Ensuite, nous aurons à tenir compte de la forme des tours et des meurtrières, qui ont varié selon le perfectionnement des armes offensives et défensives. Il est évident que les tours anguleuses, par exemple, ne sont plus possibles quand apparaît le canon parmi les assiégeants : elles offriraient trop de prises aux boulets et succomberaient en peu de temps, tandis que le mur curviligne présente plus de résistance ; c'est pourquoi nous voyons croître le rayon de la courbe décrite par nos ingénieurs de châteaux dans l'enceinte de la Ville de Châteaubriant, qui n'avait pas autant de moyens de tenir l'ennemi à distance. Tel est le flambeau qu'il nous a paru bon de prendre en main avant de pénétrer dans la place. Les bases de ce qu'on appelle le donjon, en face de la porte d'entrée, au centre même du château, sont les seules traces qu'ait laissées le XIème siècle ; c'est bien ainsi que se logeaient les premiers seigneurs féodaux quand ils abandonnèrent leurs tours en bois ; c'est là qu'habitaient les fils de Briant, le fondateur de la ville, entourés de quelques bâtiments de servitude, qui occupaient l'emplacement compris entre le tribunal et les deux tours neuves, voisines de la sous-préfecture, à l'extrémité d'un promontoire s'avançant au milieu du marais de « La Chère. » Ce donjon carré a 3m 20 d'épaisseur ; il était si solide qu'il a pu supporter sur trois côtés les additions postérieures, qu'on a élevées avec une épaisseur moindre. Ne cherchez pas d'ouvertures du même temps, il n'en reste aucune. Au XIIème et au XIIIème siècle, je ne crois pas qu'on ait modifié notablement l'état de la forteresse, je ne vois qu'une petite tour éventrée, renfermant une cheminée du XIIIème siècle entre le donjon et les tours jumelles, et intéressante à considérer, parce qu'elle contient deux archères verticales qui regardent sur l'ancien fossé comblé à l'ouest et ne permettent pas de douter de la transformation sur laquelle je vais insister, car elle est capitale pour l'histoire monumentale du château. Au XIVème siècle, le remaniement fut considérable. D'abord, on annexa à l'enceinte primitive tout le terrain sur lequel s'élèvent la gendarmerie, la chapelle et la sous-préfecture, au moyen de murs de soutènement et de remblais ; on fixa le périmètre actuel des douves de l'est et de l'ouest, en élevant la ceinture de tours et de courtines qui se dressent en face de la ligne de chemin de fer. L'une de ces tours, non, retouchée comme ses sœurs, porte encore dans ses flancs la lumière étroite qu'on faisait avant les armes à feu. Le bâtiment carré d'entrée, dont on a fait la prison, est aussi du XIVème siècle, il est bien conforme à la méthode, alors consacrée, d'ouvrir la porte d'une place à travers une grosse tour comme à Blain ; les arcs en ogive, qui supportent le premier étage et qu'on aperçoit dans le passage, confirment ma conjecture, d'autant qu'ils sont en pierre blanche comme les accessoires des autres bâtiments que je signale plus loin. Les murs sont très épais. Il y avait un pont-levis pour les cavaliers et une entrée pour les piétons qui a été bouchée à droite. En construisant les deux tours jumelles qui touchent la sous-préfecture, on eut l'idée de clore, plutôt que de défendre, le second château et la nouvelle cour à laquelle elles donnent accès ; elles sont percées de fenêtres qui n'accusent pas la préoccupation de soutenir un siège ; les encadrements des ouvertures intérieures et extérieures façonnées en pierre blanche dans le logis que masquent les tours, trahissent la main qui a bâti la chapelle. Cet édifice religieux est d'un style qui ne souffre pas de méprises. Les hautes fenêtres élancées, qui l'éclairaient à l'époque de sa splendeur, sont bien celles que faisaient les architectes du gothique lancéolé avec des colonnettes et des chapiteaux minuscules, ornés de feuilles de chêne. Le logis de la gendarmerie fut élevé dans le même temps pour servir de logement soit au chapelain, soit aux officiers. Ses ouvertures primitives ont été aveuglées et remplacées par d'autres au siècle suivant, mais on aperçoit bien les reprises dans le parement de la façade. L'arc brisé d'une porte façonné en grès, au rez-de-chaussée, seul a été respecté. Les corbeaux des machicoulis vont nous aider aussi à préciser le temps où le donjon fut surhaussé pour fournir des chambres supplémentaires. Ils sont maçonnés grossièrement avec des matériaux ordinaires sur les tours jumelles, sur le pavillon de la prison, et sur le donjon, tandis que, dans les perfectionnements ultérieurs, ils sont façonnés avec trois moellons de granit de grosseur progressive. Comme ils sont en place sur les jumelles datées du XIVème siècle, nous sommes conduits à conclure que la transformation du donjon commença au XIVème siècle, au début, sans doute, de la guerre de Cent ans. Le plus petit escalier, de 0m90 de rayon, est de la même époque; il fut construit pour desservir la plate-forme établie au sommet. La génération du XVème siècle est celle qui a le plus cédé à la manie de retoucher toutes les ouvertures pour les agrandir, et pour cela elle s'est servie de ces tables d'ardoise qui se débitent si facilement en grandes longueurs dans nos carrières de Nozay et de Pierric ; elle en a fait des linteaux, des jambages, des bandeaux et des palâtres, qui sont autant de témoins de son passage. On a fait tomber tout le côté ouest du donjon, on a refait les cheminées de tous les étages, on a ouvert une porte en arc brisé à la base pour communiquer avec la chapelle, on a supprimé le commencement du petit escalier pour faire une large rampe droite conduisant à un escalier nouveau à vis, dont les marches ont 1 m 70 de rayon et dont la cage est étranglée entre l'angle du vieux donjon et le manoir du XIVème siècle. Les appartements auxquels il conduit ont été percés de larges fenêtres qui montrent bien que, de ce côté, la forteresse n'avait rien à craindre des boulets. Auparavant, on avait creusé dans l'épaisseur des murs du rez-de-chaussée une sorte de guérite avec escalier conduisant à une meurtrière ; il n'est donc pas étonnant que le vieux donjon soit la partie la plus lézardée et la plus voisine d'une ruine complète. Le pavillon d'entrée tiendra plus longtemps et cependant, lui aussi, il a subi les modifications imposées par la mode. Le petit escalier à vis qui dessert tous les étages est du XIVème siècle comme la construction ; cela n'empêche pas qu'il soit éclairé par des ouvertures du XVème siècle. En résumé, nous avons à Châteaubriant divers spécimens de l'architecture militaire et civile qui méritent d'être conservés pour notre instruction, comme types de comparaison. Le donjon tombera bientôt sous le poids des additions qu'on lui fait supporter depuis longtemps ; qu'on le réduise au premier étage et en le gazonnant on le sauvera pour bien des années. Il importe aussi qu'on déblaie son rez-de-chaussée à la profondeur du rocher et qu'on couvre la cage de l'escalier à la hauteur des combles de la gendarmerie. Quant à la chapelle, elle est si solide qu'il serait encore facile de l'utiliser pour y loger les collections scientifiques entassées dans les chambres trop étroites du Musée. L'installation actuelle est absolument insuffisante. Les vitrines ne seraient pas mal placées dans une grande salle longue éclairée par une grande baie du XIVème siècle, ornée de vitraux. Voilà un desideratum à formuler devant notre assemblée départementale par la Société archéologique de Nantes". (Léon Maitre).
le logis de Jean de Laval (XV-XVIème siècle). Les tours datent, semble-t-il, du XIIIème siècle. La façade donnant sur le jardin date de 1538. Le logis neuf date du XV-XVIème siècle : sa construction est entreprise par Françoise de Dinan et achevée par Jean de Laval. Les peintures murales datent du début du XVème siècle ;
Note 13 : Le château de la Renaissance, ou "Château-Neuf", s'élève en regard de la forteresse de Brient. Du château primitif, il subsiste trois tours cylindriques qui ont été restaurées, et auxquelles viennent s'adosser les corps de logis construits au XVIème siècle. Le château est édifié par Jean de Laval, le plus riche des seigneurs de Châteaubriant. Ce dernier possédait à cette époque une immense fortune tant en Bretagne qu'en Anjou : les baronnies de Châteaubriant, Derval, Candé, Malestroit, les châtellenies de Chanzeau, de Vioreau, de Nozay, d'Issé, de Teillay, de Bain, les seigneuries de Jans, de Guémené-Penfao, de Beauregard, du Theil, de Combourg, de Châteaugiron, d'Amanlis, de Fougeray, du Guildo, de Beaumanoir, de la Hardouinaye, du Bodister, des Huguetières en Retz, de Largoët, etc …
Note 14 : Le "Château-Neuf" se compose de cinq parties bien distinctes : - les pavillons et le corps de logis du Nord. Cette partie est élevée par Jean de Laval, après son premier voyage en Italie, c'est-à-dire vers 1524. - les pavillons et le corps de logis central, ou habitation seigneuriale. Cette partie n'est construite semble-t-il que vers 1532. Un bel escalier principal desservait les grands appartements. - la colonnade, la galerie qui la surmonte et le pavillon de l'escalier extérieur. Cette partie aurait été ajoutée à la fin du XVIème siècle (ou vers 1538). - le corps de logis du Sud et la tour qui le termine, - le pavillon d'entrée, appelé Pavillon-des-Champs. Le Pavillon-des-Champs est construit au XVIème siècle sur les substructions de l'ancien donjon d'entrée du château-fort. L'ensemble des bâtiments s'étend sur toute la façade orientale de l'ancienne forteresse, et en partie sur la façade méridionale jusqu'au Pavillon-des-Champs. Le connétable Anne de Montmorency, héritier de Jean de Laval, reçoit en 1551, à Châteaubriant, le roi Henri II, qui y donna l'édit contre les "écoles buissonnières" appelé "Edit de Châteaubriant". En 1565, Charles IX visite une première fois Châteaubriant, puis en 1570, y reçut le célèbre Bertrand d'Argentré. Le domaine de Châteaubriant devient la propriété des princes de Condé par le mariage de Marguerite de Montmorency avec Henri II de Bourbon-Condé. Ils le possèdent jusqu'à la Révolution. L'Empire donne le château à la Légion-d'Honneur, puis le fait vendre par lots en 1807. Pendant la Restauration, la plupart des acquéreurs en font la remise au prince de Condé, mais celui-ci le revend en 1823 au maire de Châteaubriant qui le rétrocède, partie à la ville, partie au département. En 1825, les services judiciaires s'y installent et y demeurent jusqu'en 1844, époque à laquelle la ville vend au duc d'Aumale les parties du château dont elle est propriétaire. Le duc en ordonne la restauration complète, mais les événements de 1848 viennent faire avorter un si beau projet. Cinq ans plus tard, le département acquiert l'ensemble et y loge divers services administratifs. La restauration du château de Châteaubriant a été décidé par le Conseil général de la Loire-Inférieure (tiré de l'ouvrage de Joseph Chapron).
le manoir de la Trinité (XIXème siècle). En 1262, à l'emplacement du manoir de la Trinité, Geoffroy IV, seigneur de Châteaubriant, fonde un couvent de Trinitaires. Geoffroy IV, avait suivi le roi saint Louis en Terre-Sainte et s'y était brillamment conduit, mais, fait prisonnier à la bataille de la Mansourah, il avait dû en partie sa liberté aux bons offices des religieux trinitaires établis pour la rédemption des captifs : aussi plein de reconnaissance, après son retour inespéré dans ses domaines, le seigneur de Châteaubriant voulut-il fonder une maison de l'ordre des Trinitaires non loin de son château. En 1262, Geoffroy de Châteaubriant dote les moines du prieuré d'une somme de 200 livres à prélever sur les revenus des forges qu'il possède dans les forêts de Juigné et de Teillay. Le couvent de la Trinité offrait aussi des logements pour recevoir et soigner les pauvres. Mais, au fil des années, se produit un « relâchement des Trinitaires » à tel point qu'en 1753, le procureur fiscal de la Baronnie de Châteaubriant est obligé de faire procès à Sainthoran (ministre du culte) pour le forcer à respecter ses obligations : celui-ci en effet, avait fait raser l'hôpital attenant à son couvent, pour « s'affranchir de tous les devoirs de la charité » envers les pauvres. Dans la chapelle, aujourd'hui détruite, sont inhumés les corps de Sybille, l'épouse de Geoffroy IV, de Françoise de Foix (décédée en 1537) et de Jean de Laval. C'est pendant la Révolution que sont profanés les tombeaux des personnes enterrées dans la chapelle du Couvent de la Trinité : Sibylle, Geoffroy IV, Jeanne de Beaumanoir épouse du Baron Charles de Dinan, François de Laval et sa femme Françoise de Rieux, Françoise de Foix et Anne sa fille : le plomb des cercueils a été utilisé pour faire des balles de fusils. Au XVIIIème siècle, les Trinitaires sont toujours à Châteaubriant. On les retrouve en 1781 prêtant leur chapelle pour un Te Deum solennel pour la naissance d'un fils du Roi Louis XVI ou pour … dresser des procès-verbaux « contre le maire, pendant une cérémonie religieuse ». En 1789 la maison de la Trinité ne comprend plus que 4 religieux. Les derniers religieux Trinitaires quittent leur couvent en 1791. La chapelle du couvent sert alors de magasin et d'écurie aux troupes républicaines. Le bâtiment principal, où siége le tribunal révolutionnaire, est vendu avec tout l'enclos comme « bien national » à Sébastien Hanet, juge du Tribunal Révolutionnaire. Il y installe une prison. En 1801, le sieur Hanet revend le couvent à Paul Ernoul de la Chenelière, avocat et lieutenant de la baronnie de Châteaubriant. Son fils Achille en hérite en 1817. En 1823 on trouve un nouveau propriétaire, la famille Gaudin de Candé, qui revend l'édifice à Auguste Jacques de Boispéan, sous-préfet de Châteaubriant, en 1823 pour la somme de 60 000 F. Le couvent est alors rasé et remplacé par un manoir. La chapelle est aussi détruite. De 1885 à 1912, le manoir de la Trinité est occupé par la petite fille de M. du Boispéan et son mari M. de Cambourg, qui partirent ensuite habiter au château de Caratel (en Louisfert). En 1914, M. de Cambourg propose le château pour y loger des réfugiés venus du Nord. Le Courrier de Châteaubriant, en date du 14 novembre 1914 précise qu'il y avait 50 réfugiés, hommes, femmes, enfants, vieillards et que « la population a prêté et fourni les lits et le matériel nécessaire » Le manoir et ses dépendances sont achetés en 1922 par M. Durand qui y installe une entreprise de bonneterie-filature. En 1962, lorsque la manufacture Durand-Richer ferme, la propriété est achetée par la ville de Châteaubriant. La partie atelier abrite des entreprises diverses et les autres bâtiments sont affectés à diverses associations ;
Nota : Voici une description de l'église conventuelle de la Trinité en 1663 (procès verbal du 11 septembre 1663) : "...En suite de quoy nous nos sommes transportés en l'église conventuelle de la Trinité, située proche l'un des fauxbourgs de ladite ville de Chasteaubriant appelé Couéré ; où estant nous n'avons observé aucun ban de son Altesse Sérénissime (le prince de Condé). Dans l'enclos du balustre du maistre-autel sont deux monuments enfoncés dans le mur à la hauteur de quatre pieds et demy de terre ; l'un du costé de l'évangile et l'autre du costé de l'épistre. Dans le premier est la figure d'une femme au près de laquelle est une pierre verte qui porte inscription, épitaphe et lettre d'or et d'argent dont est PEV DE TELLES : l'un des costés porte : PROV DE MONS. ; l'autre costé : POINT DE PLVS; et le corps dudit épitaphe refert en ces termes : Soubs ce tombreuv gist Françoise de Fois - De qui tout bien tout checun soullait dire, - Et le disant oncq une seule voix - Ne savancza d'y vouloir contredire. - De grant beaute, de grace qui attire - De Bon savoir, d'intelligence prompte - De biens, d'honneurs et mieux que ne racompte - Dieu esternel richement l'estoffa. - O viateur, pour t'abreger le compte - Cy gist un rien la ou tout triompha. Et au-dessous est escrit : DECEDEE LE 16 OCTOBRE 1537, avec les armes au-dessous My-Chasteaubriant et de Foix. Le second monument soustient la figure d'un homme au côté duquel est un bouclier chargé des armes de Chasteaubriant et nous a dit un des religieux de la Trinité présent, qu'au dessous desdits monuments il y avait deux caves et charniers où reposent les corps qui sont représentés par lesdites figures. Ce chevalier, inhumé près du maître-autel, nous semble être le fondateur du couvent de la Trinité, le vaillant et pieux Geoffroy IV. Parmi les autres personnages illustres dont les corps reposaient dans ces charniers dont parle le manuscrit, il faut signaler : Sybille, femme de Geoffroy IV, morte en 1250, - Jeanne de Beaumanoir, femme de Charles de Dinan, baron de Châteaubriant, mort en 1398, - François de Laval, baron de Châteaubriant, mort en 1486, - Françoise de Rieux, veuve de ce dernier seigneur, inhumée près de lui en 1532, - et enfin Anne de Laval, fille du baron Jean de Laval et de Françoise de Foix et reposant près de sa mère : elle était morte en 1521. Il y avait six verrières dans l'église de la Trinité. Il semble que la première vitre du chanceau où il n'y avait aucune arme, "représentait la dame de Châteaubriant, Sybille, qui meurt de joie en voyant son mari, qu'elle croyait mort, de retour près d'elle de la guerre des croisades" (vitrail historique vu par le R. P. Du Paz en 1602). Au-dessus du tombeau de la femme de Jean de Laval, au côté de l'évangile, était une vitre au haut de laquelle étaient "deux écus en parallèle dont l'un porte de Chasteaubriant et l'autre party de Chasteaubriant et de Laval". Jean de Laval ou plutôt ses ancêtres, le comte Guy XIV de Laval et sa femme Françoise de Dinan, dame de Châteaubriant, avaient probablement fait construire cette verrière de concert avec la famille dont l'écusson placé au-dessous des blasons de Châteaubriant portait "écartelé au 1er et 4ème de gueules à trois poissons d'argent ; et les 2 autres d'azur à la bande d'argent et deux étoiles d'or". Au-dessus du tombeau de Geoffroy IV, c'est-à-dire "au haut de la vitre qui est du costé de l'épistre est une bannière de gueules chargées de fleurs de lys sans nombre" (qui est Châteaubriant) et un peu au-dessous est un escu qui porte d'argent à trois chevrons brisés de gueules, et encore au-dessous nous avons vu quatre escus en parrallèle, les tous my-party : le premier de Bretagne et desdites armes fond d'argent aux chevrons brisés de gueules ; - (le troisième party de même) et de Rohan - et le quatrième party desdites armes fond d'argent aux chevrons brisés de gueules et d'une table d'attente à fond d'or". "Au haut de la seconde vitre qui est du côté de l'évangile nous avons vu deux escussons dont l'un porte d'or à la croix de sable, qui est Retz, et l'autre d'or aux vairées d'azur, qui est Rochefort, et au bas de ladite vitre est un petit escu qui porte d'azur au poisson d'argent, qui est Brochereuil. A la seconde vitre du côté de l'épistre sont deux escussons, l'un écartelé dont le premier et le dernier quartier portent d'or et table d'attente, et les deux autres quartiers portent d'argent aux vairées d'azur. L'autre escusson porte de gueules à quatre fusées d'argent, deux d'icelles étant au milieu, chargées d'hermines (Ce dernier blason est peut-être celui de la famille de Dinan, dont une branche posséda la baronnie de Châteaubriant). Au haut de la vitre de la grande porte, entrée ordinaire de ladite église, est un escusson qui porte d'azur à six quarreaux d'argent, et au bas de ladite vitre sont deux escussons en parrallèle, dont l'un porte de gueules à deux pommes de pin d'or, et l'autre porte d'argent à deux chevrons brisés de gueules. Il y a dans ladite église qu'un petit banc non clos au-dessous de l'autel de la Vierge, sur l'accoudoir duquel sont gravées lesdites armes fond d'azur au poisson d'argent (Ces dernières armoiries semblent être celles de la famille Brochereuil, qui possédait plusieurs terres seigneuriales aux environs de Châteaubriant).
l'ancien prieuré de Saint-Michel, aujourd'hui disparu et fondé en 1204 par Geoffroy II, baron de Châteaubriant "au joignant du parc de Chasteaubriant, à la vue du chasteau". Ce prieuré est donné par la suite à l'abbaye de Saint-Jacques-de-Montfort, nouvellement fondée par les chanoines réguliers de Saint-Augustin ;
Nota : Voici une description de l'église Saint-Michel en 1663 (procès verbal du 11 septembre 1663) : "...Et ledit jour nous nous sommes transportés en l'église de Saint-Michel, située dans l'un des faubourgs dudit Châteaubriant, qui porte son nom, et estant dans ladite église, nous avons vu au haut de la vitre principale les armes de Chasteaubriant, sans y remarquer aucune autre chose que nous estimions devoir emploier au présent ; après quoy, et la nuit étant proche, nous nous sommes retirés audit Chasteaubriant". Nos visiteurs se retirèrent tellement vite, qu'ils ne prirent pas garde aux tombeaux que renfermait cette église : Geoffroy II et sa femme Guessebrune, Geoffroy III et Béatrix de Montrebeau, son épouse, avaient enterrés à Saint-Michel : le premier baron, fondateur du couvent, en 1206, et le second, en 1233. Augustin du Paz vit les tombeaux des fondateurs au commencement du XVIIème siècle : "et s'y voyaient encore leurs effigies sur une pierre tombale au milieu du choeur", mais ce monument avait en partie disparu déjà, semble-t-il, en 1663, car le doyen Blays, écrivait à la même époque "On y voyait encore il n'y a pas longtemps dans l'église de Saint-Michel le tombeau du fondateur et de son épouse avec les quatre figures des quatre vertus cardinales, dont il reste encore deux". Quant au tombeau de Geoffroy III, peut-être était-ce le monument ainsi désigné dans un manuscrit de François Simon, chapelain de la chapelle au duc : "Les restes d'un mausolée sont aux côtés de l'autel ... On y voit une figure d'homme à genoux, armé de toutes pièces, revêtu d'une cotte d'armes de gueule semée de fleurs de lys d'or" (cette note est d'environ 1731). La chapelle priorale de Saint-Michel-des-Monts n'existe plus à Châteaubriant, et l'ancien couvent était devenu par la suite, comme la Trinité, une maison particulière.
la maison (XVI-XXème siècle), située dans le passage Sophie-Trébuchet ;
la maison (XVIème siècle), située au n° 22 rue Couëré ;
le manoir (XV-XVIème siècle) du Bois-briant ;
la maison de l'Ange (fin du XVème siècle), située au n° 24 rue Couëré ;
la maison (XV-XVIème siècle), située au n° 38 de la Grand-Rue ;
le manoir (XVI-XVIIème siècle), situé à La Muloche ;
la maison (XVIIème siècle) en pan de bois, située rue des Quatre-Œufs ;
la ferme (XVII-XVIIIème siècle), située aux Nardais ;
l'hôtel de la Bothelière (XVIIème siècle), situé rue du Pélican ;
l'hôtel de la Houssaye (1769), situé au n° 29 de la Grande-Rue et édifié par François Hochede de La Pinsonnais. Les Hochede (ou Hochedé), hommes de loi des familles Laval, Montmorency et Condé, s'allièrent aux Picot de Plédran, Duhamel de La Bothelière, Kerboudel de La Courpéan et Le Normant de La Baguais. C'est par mariage en 1780 que l'officier de marine François de la Houssaye, originaire de Saint-Martin-sur-Oust (Morbihan) en devient l'occupant. La belle-mère de François de La Houssaye est Catherine Normant. L'une de ses filles épouse un de Virel, châtelain du Plessis en Saint-Aubin-des-Châteaux, l'autre un de Villemorge, de Candé, qui conservera l'Hôtel de la Grand'Rue. Les descendants le vendent à la famille Leroy-Ney-Yves Cosson. L'escalier en fer forgé est splendide. Les plaques foyères, ont été fondues à Moisdon, Riaillé ou Martigné : l'une est aux armes des Condés "3 fleurs de lys, avec la brisure" et une autre "3 croissants en alliance avec 2 épées croisées" rappelle l'union des Kerboudel de la Chaussée (Moisdon) avec la famille La Chalotais ;
l'hôtel particulier (XIXème siècle), situé au n° 4 rue Guy-Moquet ;
l'ancien collège (1846-1890), situé rue des Déportés - Résistants ;
l'hôtel de Ville (1849-1853), situé place Ernest-Briand et œuvre de l'architecte Chénantais et du sculpteur Bousquet. Au début et jusqu'en 1940, le rez-de-chaussée est utilisé d'abord comme halle puis comme lieu de réunions et de bals. A gauche de l'entrée se trouvait jadis la conciergerie et, à droite, la justice de paix. Précédemment la mairie de Châteaubriant se trouvait successivement à la Porte Neuve, Place Saint-Nicolas côté Sud, hôtel de la Botelière, puis au château de 1837 à 1848 ;
l'hôtel de la Sous-Préfecture (1820). Depuis le 2 avril 1800, dix Sous-Préfets occupent leur poste à Châteaubriant jusqu'à la nomination de M. Grignon-Dumoulin ;
la mairie (1848). Au début et jusqu'en 1940, le rez-de-chaussée est d'abord utilisé comme halle, puis comme lieu de réunions et de bals. A gauche de l'entrée se trouvait jadis la conciergerie et, à droite, la justice de paix. Précédemment, la mairie se trouvait successivement : à la Porte-Neuve, Place Saint-Nicolas (côté Sud), hôtel de la Bôtelière, puis au château de 1837 à 1848 ;
le manoir (1850), situé aux Fougerays. Cet édifice est transformé en clinique en 1931 par André Bernou ;
le manoir de la Galissonnière (1854) ;
le manoir (1860), situé à La Ferrière et œuvre de l'architecte Emile Heurtin ;
l'hôpital (1879). Le premier bâtiment de l'hôpital de Châteaubriant est édifié par le recteur Blays ou Blais (décédé en 1706, à l'âge de 81 ans) entre 1677 et 1680 à l'emplacement de l'hôpital actuel. En 1737, la ville de Châteaubriant paie 150 livres de gages annuels à un chirurgien qui "doit soigner gratis les pauvres de l'hôpital et de la ville". En 1878, on démolit l'hôpital vétuste, et le 18 avril 1879 a lieu la bénédiction de la première pierre du nouvel hôpital ;
la tour du four à ban (XVIème siècle), située place de la Motte ;
8 moulins dont la tour du moulin (XVIème siècle) située boulevard Victor-Hugo ;
A signaler aussi :
la porte Neuve (XVI-XVIIIème siècle). Il s'agit de la dernière porte encore existante de la ville close. Cette dernière symbolise, de 1550 à 1789, le pouvoir du Baron de Châteaubriant : dans sa salle «d'auditoire», au premier étage, ses officiers rendaient la justice. La tour attenante servait de prison. Le porche est agrandi au XVIIIème siècle ;
la place de la Motte-à-Madame est née de la fantaisie du Prince de Condé, Henri II de Bourbon, qui fait élever, en 1635, une butte artificielle pour servir de promenade aux Castelbriantais. Cette motte est arasée en 1750 pour doter la ville d'un champ de foire qui le restera jusqu'en 1963 ;
la carrière des Fusillés, située à La Sablière, présente un monument édifié par le sculpteur Rohal pour commémorer le souvenir des vingt-sept otages fusillés par les nazis en octobre 1941 ;
l'ancienne usine à gaz (de houille), installée par la ville en 1876. Propriété de M. Besnard le 1er février 1899, elle est revendue ensuite à la société André, avant d'être nationalisée en 1946. Elle fait place, en septembre 1963, au gaz naturel de Lacq. L'éclairage électrique remplace l'éclairage au gaz le 11 novembre 1922. A signaler aussi que le service d'eau à Châteaubriant fonctionne depuis 1928 (alimenté au début par des sources au bord de la Chère, il est renforcé en mai 1958 par les eaux de Bonne-Fontaine à Soulvache) ;
l'ancienne ligne de chemin de fer Nantes-Châteaubriant-Sablé est inaugurée le 23 décembre 1877, celle de Châteaubriant-Redon en 1878, et celle vers Rennes en 1879. Le petit chemin de fer, à voie étroite, créé en 1887 pour desservir la ligne d'Ancenis, est supprimé le 30 novembre 1947 ;
ANCIENNE NOBLESSE de CHATEAUBRIANT
La baronnie de Châteaubriant : C'est en faveur de deux nobles bretons, Tihern et lnnogwen sa femme, que le duc de Bretagne créa, au commencement du XIème siècle, la vaste baronnie qui nous occupe. Leur fils aîné, Briant Ier mari d'Hildelende, construisit sur les bords de la petite rivière de Chère une forteresse qui prit de son fondateur le nom de Châteaubriant et devint le berceau d'une des plus illustres familles de Bretagne. Geoffroy Ier, fils de Briant, lui succéda et suivit Alain Fergent à la croisade ; il mourut en 1114 et fut inhumé au monastère de Béré que son père avait fondé avant 1050 à peu de distance de sa demeure. Parmi les successeurs de ce baron signalons Briant II tué à la guerre dès 1116 ; — Geoffroy II dévoué à la cause du jeune prince Arthur de Bretagne, marié à Guessebrune et inhumé en 1206, avec elle, au prieuré de Saint-Michel bâti par lui, au joignant du parc de son château ; — Geoffroy III époux de Béatrice de Montrebeau ; — Geoffroy IV compagnon de saint Louis en Terre-Sainte, fait prisonnier par les Turcs et réputé défunt ; à son retour inattendu en Bretagne sa femme Sibille mourut de joie ; délivré de captivité par les religieux Trinitaires, il fonda à Châteaubriant, en esprit de reconnaissance, un monastère de cet ordre et y fut inhumé en 1263. D'après la tradition, ce fut le roi saint Louis qui autorisa Geffroy IV à remplacer en son blason les plumes de paon sans nombre que portaient ses ancêtres par des fleurs de lys d'or sur champ de gueules (nota : de là, la belle devise des Châteaubriant, mon sang, teint les bannières de France). Geoffroy V, baron de Châteaubriant, fils et successeur du précédent, maria l'un de ses fils cadets, nommé Briant, avec Jeanne de Beaufort et celui-ci fonda la branche des Châteaubriant-Beaufort qui subsiste encore et de laquelle sortit l'immortel auteur du Génie du Christianisme. — Geoffroy VI épousa Isabeau de Machecoul, dame des Huguetières, et mourut en 1301 ; sa veuve lui survécut jusqu'en 1316 et fut inhumée dans l'église des Cordeliers de Rennes ; — Geoffroy VII s'unit à Jeanne de Belleville si célèbre par sa vaillance et mourut en 1326 ; — Geoffroy VIII fut le dernier représentant mâle de la branche aînée des sires de Châteaubriant ; il fut tué au siège de la Roche-Derrien en 1347, ne laissant point d'enfants de sa femme Isabeau d'Avaugour. La baronnie de Châteaubriant échut à la soeur du défunt, Louise de Châteaubriant, qui épousa Guy XII baron de Laval ; mais cette dame ayant vu mourir ses enfants au berceau, donna Châteaubriant à son neveu Charles de Dinan. Décédée en 1383, elle fut inhumée en l'abbaye de Clermont près Laval. Charles de Dinan, seigneur de Montafilan, devenu baron de Châteaubriant, joua un grand rôle près des ducs Jean IV et Jean V et décéda en 1418. Il laissait, entre autres enfants, trois fils : Rolland, Robert et Bertrand, qui furent successivement barons de Châteaubriant après lui ; tous trois moururent sans postérité et ce fut leur nièce Françoise de Dinan — fille de leur frère cadet défunt Jacques de Dinan seigneur du Bodister — qui hérita de leur baronnie de Châteaubriant en 1444. Françoise de Dinan, dame de Châteaubriant, est célèbre dans l'histoire de Bretagne : fiancée au malheureux prince Gilles de Bretagne, mariée après son assassinat à Guy XIV comte de Laval, puis devenue veuve remariée secrètement à Jean de Proësi, elle eut l'honneur d'élever, en qualité de gouvernante, la bonne reine-duchesse Anne de Bretagne et mourut le 3 janvier 1500 ; son corps fut inhumé au chœur des Dominicains de Nantes. Son fils François de Laval, baron de Châteaubriant, ne lui survécut pas longtemps ; il décéda à Amboise en 1503 et fut apporté au couvent de la Trinité de Châteaubriant ; sa veuve Françoise de Rieux ne mourut qu'en 1532. Ils laissaient un fils aîné Jean de Laval, baron de Châteaubriant, marié en 1509 à la belle Françoise de Foix si connue à la cour de François Ier. Jean de Laval, un des plus-riches seigneurs de son temps, lieutenant général pour le roi en Bretagne, décéda sans postérité en 1543. Il avait perdu en 1537, sa femme inhumée à la Trinité de Châteaubriant ; lui-même fut enterré dans l'église Saint-Nicolas qu'il avait bâtie pour en faire une collégiale dans sa ville de Châteaubriant. Dès 1539, frustrant en partie ses héritiers naturels, Jean de Laval avait donné au connétable Anne de Montmorency sa baronnie de Châteaubriant et plusieurs autres importantes seigneuries, s'en réservant seulement l'usufruit jusqu'à sa mort ; le 5 mars 1540 le connétable en prit possession (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, III 1035). Avec Jean, de Laval disparurent les barons de Châteaubriant résidant en leurs terres. Leurs successeurs furent de grands seigneurs étrangers dont il suffit de donner brièvement les noms : le connétable Anne de Montmorency, (décédé en 1587) ; — François, duc de Montmorency et maréchal de France (décédé en 1579) ; — Henri Ier, duc de Montmorency et connétable de France (décédé en 1614) — Henri II, duc de Montmorency et maréchal de France, décapité en 1632. Louis XIII confisqua alors la baronnie de Châteaubriant, mais il ne tarda pas en faire don à Henri de Bourbon, prince de Condé, qui avait épousé, en 1609, Charlotte de Montmorency, soeur de l'illustre victime de Richelieu. Dès 1634, le prince de Condé fit aveu au roi pour Châteaubriant. De son union sortit Louis de Bourbon, prince de Condé, dit le Grand Condé, qui rendit aveu au roi, en 1680, pour sa baronnie de Châteaubriant. Vinrent ensuite les descendants de ce héros : Henri Jules de Bourbon (décédé en 1710) ; — Louis-Henri, duc de Bourbon et prince de Condé (décédé en 1740) ; — et enfin Louis-Joseph, duc de Bourbon et prince de Condé, qui forma pendant l'émigration l'armée dite de Condé, fut le dernier baron de Châteaubriant et mourut en 1818.
Châteaubriant, baronnie d'ancienneté, relevait directement du duc, puis du roi, sous leur domaine de Rennes, quoiqu'elle fût en grande partie située dans l'évêché de Nantes. La baronnie. se composa à l'origine des quatre châtellenies de Châteaubriant proprement dit, Teillay, Châteaubriant-en-Piré et Châteaubriant-en-Cornuz. A ce groupe primordial vinrent s'ajouter de bonne heure deux autres grandes châtellenies : le Désert dans l'évêché de Rennes, et Vioreau ou Joué dans l'évêché de Nantes. En 1294, le sire de Châteaubriand déclara ne devoir pas moins de sept chevaliers à l'armée du duc de Bretagne : quatre pour Châteaubriant, deux pour le Désert et un pour Vioreau (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 1112). A cette même époque, le baron de Châteaubriant se trouvait l'un des quatre principaux seigneurs nantais devant porter l'évêque de Nantes à sa première entrée solennelle dans sa ville épiscopale ; pour récompense le sire de Châteaubriant avait de droit de saisir, après la cérémonie, le cheval ou la haquenée qu'avait monté le prélat avant de s'asseoir dans la chaise soutenue par les barons. Plus tard, la belle châtellenie du Désert et les seigneuries de Châteaubriant-en-Piré et Châteaubriant-en-Cornuz furent distraites de la baronnie, elles ne firent point partie du don que fit Jean de Laval au connétable Anne de Montmorency. En revanche, ce dernier reçut du sire de Châteaubriant grand nombre d'autres seigneuries importantes situées aux environs de Châteaubriant. En avril 1554, le connétable obtint du roi l'union de toutes ces terres à la baronnie de Châteaubriant : c'étaient les châtellenies de Rougé, Teillay, Derval, Jans, Guémené-Penfao, Nozay, Beauregard et Martigné-Ferchaud (Archives du Parlement de Bretagne, 3e reg. 18). Dès lors la baronnie comprit plus de trente paroisses et la juridiction seigneuriale fut établie comme suit :
- Sous le ressort du présidial de Rennes, la baronnie s'étendit en douze paroisses Saint-Jean-de-Béré — c'était la paroisse de Châteaubriant même, cette ville close n'ayant pas d'église paroissiale dans ses murs — Erbray, Juigné (Juigné-les-Moutiers), Soudan, Rougé, le Teil, Ruffigné, Ercé-en-la-Mée (Ercé-en-Lamée), Saint-Sulpice-des Landes, Lalleu, Carbay et Tresbœuf.
- Sous le ressort du présidial de Nantes, la même baronnie engloba le tout ou partie de onze paroisses : Moisdon (Moisdon-la-Rivière), Joué (Joué-sur-Erdre), Abbaretz, Treffieux, Saint-Julien-de-Vouvantes, Auverné, la Chapelle-Glain, le Pin, Issé, Louisfert et Saint-Donatien de Nantes (Archives d'Ille et Vilaine, C 1819).
Mais on voit que dans cette énumération ne figurent point les paroisses composant les seigneuries de Derval, Jans, Guémené-Penfao, Nozay, Beauregard et Martigné-Ferchaud unies à Châteaubriant en 1554, or ces six châtellenies s'étendaient bien dans une dizaine de paroisses.
Le baron de Châteaubriant avait aussi, en 1718, une maîtrise des eaux, bois et forêts, comprenant le territoire des seigneuries de Châteaubriant, Derval, Nozay et Martigné-Ferchaud (Archives d'Ille et Vilaine, C 1819).
Comme nous nous proposons de parler séparément — si nous ne l'avons déjà fait — des châtellenies du Désert, de Rougé, Derval, Issé, Nozay, Beauregard et Martigné-Ferchaud, nous nous bornerons à faire connaître ici ce qu'étaient seulement la baronnie de Châteaubriant proprement dite et la châtellenie de Vioreau, sa très ancienne annexe.
- 1° Baronnie de Châteaubriant, proprement dite. — Elle comprenait sept paroisses à peu près en entier : Saint-Jean-de-Béré, Juigné, Erbray, Rougé, Ruffigné, Soudan et Carbay, et s'étendait en outre en Ercé-en-la-Mée , Saint-Sulpice des Landes, Piré, Cornuz, etc. Sa haute justice s'exerçait à Châteaubriant même et ses fourches patibulaires à six piliers se dressaient sur la lande de la Justice au bord du chemin de Châteaubriant à Nantes. Le sire de Châteaubriant était seigneur supérieur de toutes les églises paroissiales bâties dans sa baronnie et fondateur des églises paroissiale et priorales de sa ville de Châteaubriant, ainsi que des chapelles de son château. Châteaubriant avait d'importantes mouvances ; les principales étaient les châtellenies de Rougé, Porteric, la Galmelière et Bœuvres, les seigneuries avec haute justice de la Courpéan, la Cour de Soudan, Vouvantes, Le Rouvray, Haultbois, Chamballan, Le Boisbriant, Le Rouvre, La Grée, La Roche-Giffart, la Minière, etc., les prieurés de Béré, Saint-Michel, La Trinité, Teillay et Juigné. Le baron de Châteaubriant jouissait des droits de prévôté, coutumes, pavage, bouteillage et tournage à Châteaubriant même, — de la coutume et du trépas de Juigné ; de ban et étanche « sur les vendants, vins et cildres à Chasteaubriant pendant quinze jours chaque année, du mardy avant la Pentecoste au mercredy veille du Sacre, etc. ». Il avait aussi certain droit original sur les poissonniers : « Ceux qui pendant le Caresme trempent et vendent poisson sec, morue, harang et aultres poissons en la ville de Chasteaubriant doibvent se présenter devant le seigneur dudit lieu ou ses officiers, sur la chaussée de l'estang de la Torche et là recognoistre leur debvoir de saulter en ledit estang et à cet effet doibvent saulter une fois pendant les féries de Pasques ; et doibt ledit seigneur fournir un basteau pour les recevoir après lesdits saults et leur doibt du feu (pour se sécher), une pièce de boeuf et du vin (pour se reconforter) ; et les défaillants à obéir et saulter en l'eau doibvent chacun deux chapons de Cornouaille et 60 sols d'amende » (Déclarations de Châteaubriant en 1628 et 1680). La première lamproie mise en vente à Châteaubriant était due au baron ou, en son absence, au capitaine de son château. Certains habitants de la ville devaient aussi à leur seigneur, chacun une paire de gants blancs chaque année. Enfin le seigneur de la Courpéan en Erbray, ayant obtenu de son suzerain permission de fortifier son manoir en 1596, lui devait, en reconnaissance, tous les ans, une paire d'éperons dorés évalués un écu (Déclarations de Châteaubriant en 1628 et 1680).
Le domaine proche de Châteaubriant comprenait : « Le chasteau de Chasteaubriant avec ses tours, chapelles, enclos, douves garnies d'eau à l'entour, et la ville de Chasteaubriant close de murailles et garnies de quatre portes fermant à herse et pont levis, en laquelle ville ledit seigneur a halles, four, prison et forteresse » ; — le parc dudit lieu comprenant mille journaux de terre, clos de murailles, « auquel y a jardin et logis de plaisance, bisches, daims, cerfs et grands refuges à connils » ; — la forêt de Juigné (4 000 journaux), — la foret de Teillay aussi étendue « avec les mottes et emplacements du chasteau de Teillay entouré d'estangs », — le bois du Drullay (2 000 journaux), — les étangs de la Torche, Chaicheu, Daille et Choisel, — quatre moulins à eau et trois moulins à vent, — de vastes prairies tant en Saint-Jean-de-Béré qu'en Ruffigné, etc.
- 2° Châtellenie de Vioreau en Joué. — Cette grande seigneurie relevait à, l'origine de la baronnie d'Ancenis. Elle vint de bonne heure aux mains des sires de Châteaubriant, peut-être par une alliance demeurée oubliée. C'est dans son château de Vioreau que vers 1260, Geoffroy IV de Châteaubriant fit son premier testament ; mais il semble que son père, nommé aussi Geoffroy et fils cadet de Geoffroy II avait eu Vioreau en apanage, ce qui ferait remonter au XIIème siècle environ l'annexion de cette châtellenie à la baronnie de Châteaubriant. En 1284, le baron d'Ancenis renonça à sa suzeraineté sur Vioreau (Archives de Loire Inférieure, E 249) qui, depuis lors fit toujours partie de Châteaubriant. Vioreau, qualifiée souvent de baronnie, s'étendait en sept paroisses : Joué, Abbaretz, Moisdon, Auverné, Melleray, Treffieux et Saint-Julien-de-Vouvantes. Cette seigneurie était de toute antiquité divisée en deux châtellenies ayant chacune à l'origine sa haute justice et appelées Vioreau-à-Joué et Vioreau-à-Melleray. Elle avait de belles mouvances, dont plusieurs hautes justices, telles que la Chauvelière, les Rivières d'Abbaretz et d'Auverné, la Haye et le Val d'Auverné, la Bothelière, l'abbaye de Melleray et les prieurés de Moisdon et de Melleray. A partir de 1554 la haute juridiction de Vioreau exercée jusqu'alors tant à Joué (Joué-sur-Erdre) qu'à Melleray (Melleraye-de-Bretagne), fut transférée à Châteaubriant ; mais ses ceps et colliers demeurèrent au bourg de Melleray, et les quatre poteaux de sa justice patibulaire restèrent sur une lande avoisinant ce bourg.
Chaque premier jeudi de Carême, les, nouveaux mariés de la paroisse de Moisdon devaient courir la quintaine et briser leurs lances contre un poteau aux armes de la seigneurie, élevé à cet effet « au bout du pont et pavé du la chaussée de Moisdon » (Déclaration de Vioreau en 1560) — A la fête de Noël les paroissiens d'Auverné devaient présenter au seigneur de Vioreau, à l'issue de la messe du point du jour, une soute à jouer. — A chacune des trois fêtes de Pâques, la Toussaint et Noël, le prieur de Moisdon était tenu d'offrir à son seigneur, en son château même de Vioreau, « deux pots de vin blanc d'Anjou, deux pots de vin rouge du cru nantois et quatre flanchées de pain blanc » (Déclaration de Vioreau en 1680). Le sire de Vioreau avait deux sergents féodés nobles pour recueillir ses rentes : les seigneurs de la Prôvoté et des Mouffais ; il jouissait des droits de coutume et trépas sur les marchandises passant aux bourgs de Joué, Auverné et Moisdon, — d'un droit de menée à la cour de Nantes, — d'un droit de hue pour ses chasses, etc., etc.
Le domaine proche de Vioreau n'était pas moins considérable. C'était d'abord le château de Vioreau, dont on n'aperçoit plus aujourd'hui que les fondations, mais que l'aveu de 1560 décrit encore ainsi : « Le domaine, cour et maison de Vioreau, en la paroisse de Joué, contenant y compris un petit parc à mettre bestes sauvages environ dix journaux, joignant d'un costé l'estang de Vioreau, d'aultre le moulin et sa chaussée et d'aultre la Forest de Vioreau », — les étangs de Vioreau et de Joué, chacun avec deux moulins, — quatre autres moulins en Moisdon et un cinquième à Auverné, — la forêt de Vioreau et la forêt Pavée, ayant chacune une lieue de longueur, — un four banal au bourg de Melleray, etc. (Déclaration de Vioreau en 1680). Du château de Vioreau il ne reste plus rien, avons-nous dit, mais on raconte aux alentours la légende d'une dame du lieu assassinée par son mari ; ce semble bien être un souvenir de Françoise de Foix, dame de Châteaubriant, qu'on accusa Jean de Laval d'avoir mise à mort.
De beaux vestiges, au contraire, du château de Châteaubriant subsistent encore et nous regrettons de ne pouvoir en faire la description : c'est d'abord le superbe donjon carré démantelé en 1488 et première résidence des barons ; puis c'est le bel édifice de style renaissance qu'éleva Jean de Laval vers 1520 ; il renferme d'élégants escaliers, de vastes salles et surtout l'admirable appartement sculpté, dit Chambre dorée, qu'habita Françoise de Foix. C'est, dit du Paz, « un beau et excellent chasteau et une des plus plaisantes, agréables et salutaires demeures qui se puissent trouver ». Actuellement même, quoique bien dégradé, le château de Châteaubriant justifie cet éloge ; naguères propriété du duc d'Aumale, héritier des princes de Condé, il appartient aujourd'hui partie à la ville de Châteaubriant, partie au département de la Loire-Inférieure (abbé Guillotin de Corson).
(à compléter)
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