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LA COLLEGIALE DE NOTRE-DAME DE CLISSON

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Le 23 avril 1407, mourait, en son château de Josselin, chargé d'années et couvert de gloire, le brave et fier con­nétable de Clisson, qui tint si dignement l'épée du com­mandement entre Bertrand-Duguesclin et Arthur de Bretagne.

Sa fortune ne fut pas égale : les revers et les trahisons lui firent goûter le plus amer de la vie, au milieu même de ses succès et de ses triomphes. Il n'avait que sept ans quand son père devint victime de ce lâche assassinat dont Philippe de Valois restera responsable devant l'histoire. Sa mère, Jeanne de Belleville, le conduisit un jour devant le sanglant trophée qui décorait une des portes de Nantes : « C'est là, dit-elle, la tête de votre père ; jurez avec moi de le venger ». Ce serment, qui rappelle celui du jeune Annibal promettant une haine implacable au peuple romain, sur l'autel de la patrie, tint au coeur de Clisson qui, plus tard, après son retour d'Angleterre, où il s'était exilé, se mit en peine de reconquérir l'héritage paternel. Sa puissance devint telle qu'il put dicter des conditions au duc de Bretagne et traiter avantageusement avec lui ; c'est à lui-même que son ennemi, vaincu par sa générosité, confia la garde du duché. Mais tant de loyaux services n'ont pu lui assurer le bonheur de ses dernières années.

Etendu sur son lit de mort, prêt à paraître devant Dieu, il fut accusé de trahison et de magie ; il dut payer, pour la seconde fois, une rançon de cent mille livres, et c'est ainsi que, quitte avec les hommes, il expira doucement le lende­main, à l'âge de soixante et onze ans.

Olivier de Clisson fut inhumé au milieu de l'église de Notre-Dame du Roncier, où son tombeau se voit encore.

Il laissait d'immenses richesses, fruit de ses conquêtes, de ses héritages et de ses alliances. Sachant que tous les biens terrestres ne sont qu'un prêt que le Seigneur nous fait, il donna une large part à Dieu et aux pauvres.

Voici les premières lignes du fameux testament, daté de février 1406, dont Lobineau nous a conservé la copie, pour la gloire du grand homme et du grand chrétien (Voir Mémoires, tome II, col. 779), et dont l'original se trouvait aux archives du château de Nantes : « En nom de la sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Amen. — Sachent tous présent et à venir que je, Olivier, sire de Cliczon et Belleville, considérant la fragilité d'humaine nature qui chacun jour laboure en tirant homme et femme à la fin, et qu'il n'est chose plus certaine que la mort, ne moins certain que l'heure d'icelle et que toute humaine créature est si subjecte à la mort que de nécessité luy convient une fois luy payer son devoir dont le terme est à la disposition de Dieu le Tout-Puissant, notre Créateur ; désirant à la grâce d'iceluy pourvoir au salut de mon âme et ne décéder de ce siècle intestat (que Dieu ne veuille) ; pour ce est-il que moy, estant (la mercy de Notre-Seigneur) en saine pensée, bon propos et vray entendement, combien que je sois aucunement malade et infirme de corps, faiz, establiz et ordonne mon Testament et ma dernière volonté des biens temporels qu'il a pleu à Dieu me donner et administrer en ce siècle, en la forme et manière qui en suivent ».

Après ce début, si simple et si humble, l'illustre guerrier, qui n'est, à ses propres yeux, devant sa fin prochaine, que le dernier des hommes, choisit sa sépulture dans l'église de Notre-Dame de Josselin, à côté de celle de sa femme, Marguerite de Rohan ; puis il fait diverses fondations, entre autres :

« Je vueil et ordonne que un collège de chanoines ou chappelains, clercs et serviteurs en tel nombre et qui aient tels revenus comme les commissaires qu'il plaira à N. S. Père le Pape ordonner sur le fait d'icelle fondation, verrait que les rentes, terres et revenues que je ordonne pour cette cause pourront soustenir pour la fondation et dotation duquel collège, je donne et laisse quitte et transporte dès le temps de présent à la ditte église de Notre-Dame de Cliczon et aux gens et chanoines, chappelains, clercs et serviteurs des susdits, ma terre et chastellenie de Montfaucon que j'ai conquise et fait amortir pour cette cause ; par ce que je retiens et reserve à moi et à mes hoirs successeurs et ayant cause de moy, seigneurs de Cliczon, le patronage et la présentation d'iceux bénéfices, toutesfois et quantes ils vacqueront ou aucun d'iceux vacquera. Item je laisse à laditte église de Cliczon une ymaige d'argent de Nostre Dame, du poids de XX marcs … »

Suivent différents legs particuliers à diverses églises et à sa famille.

« Item à Maistre Jehan Reyrant, pour poursuivre envers N. S. Père le Pape la confirmation et décret de ma fonda­tion du collège de Notre-Dame de Cliczon et d'un couvent de Frères-Mineurs que j'ai ordonné et ordonne estre fondé à Cliczon, et pour en payer les bulles et lettres, 100 #.

Donné et fait en mon chasteau de Josselin, au diocèse de Saint-Malou, le 5 février 1406 ». [Note : Ogée, dans son Dictionnaire de Bretagne, t. 1, p. 184, affirme que le connétable de Clisson fit son testament à Paris ; mais il ne peut en fixer la date. D'après ce testament annulé, s'il a jamais existé, l'auteur porte le fortune d'Olivier à 1,500,000# ].

Nous devions placer cet important document en tête de la notice historique que nous entreprenons sur la collégiale de Notre-Dame de Clisson.

Aussitôt que la fille du connétable, Marguerite, dame de Clisson, eut terminé ses démêlés avec le duc Jean V, qui se porta contre elle aux derniers excès en essayant de saisir sa personne et ses biens, elle se mit en devoir d'exécuter les volontés paternelles. Au mois de septembre 1420, elle bâtit an faubourg de la Trinité un couvent de Cordeliers, et obtint, dix ans plus tard, la confirmation de la collégiale de Notre-Dame de Clisson par bulles expresses de Jean XXIII [Note : Archives Départementales, série G, cahier 345 — C'est une copie de le bulle papale, portant la date de 1420], grâce aux soins et diligences des évêques de Saint-Malo et de Saint-Brieuc, exécuteurs testamentaires du feu sire Olivier de Clisson.

Les commissaires nommés pour l'arrangement de cette affaire décidèrent que, suivant les revenus allouée, la collégiale serait composée ainsi : un doyen, six chanoines proprement dits ou prébendés, six chapelains perpétuels ou semi-prébendés, quatre serviteurs d'église et quatre enfants de choeur. Il n'y avait point d'autre dignité que le décanat, si ce n'est le chanoine le plus ancien, qui partageait avec le doyen le privilège d'être logé. La chantrerie était purement honorifique [Note : Archives Départementales, série G, cahier 112 — Bulle papale de 1589, concernant les dignitaires des divers chapitres]. Tout ce personnel se trouvait à portion congrue, car la châtellenie de Montfaucon ne pouvait rapporter plus de 4,000#. Dans la suite, cependant, les revenus s'augmentèrent un peu par l'union de la cure au chapitre et par diverses fondations particulières. Dans un rapport détaillé de 1750, l'auteur, après avoir fait la balance des charges et des biens, rappelle que Mgr de Sanzay, en cours de visite, avait affirmé devant témoins que le chapitre de Clisson n'était point riche.

Nous allons donner ici le résumé du rapport pour faire connaître l'état de la fondation, quoique la pièce porte la date de 1750 ; nous n'en avons pas trouvé de plus ancienne [Note : Archives Départementales,  série G, cahier 345, Collégiale de Notre-Dame de Clisson].

Clisson: collégiale de Notre-Dame

Comme la part distributive de chacun variait suivant la récolte de l'année, on passait souvent des arrangements ; c'est ainsi que dans le document, que nous venons de citer, on rappelle celui qui se fit en 1644. Telles étaient les bases de cet arrangement : Les chanoines lèvent les deux parts des gros fruits qu'ils se distribuent également entre eux, à l'exception du doyen, qui perçoit le double ; l'autre tiers se partage par égale portion entre les chapelains (Archives Départementales, série G, 52, Brevet de visites, 9 mai 1683).

Le service religieux se faisait dans les conditions suivantes : office divin et messe canoniale tous les jours à 9 heures ; vêpres solennelles à 4 heures ; 4 messes chantées avec procession, aux fêtes de saint Marc et des Rogations, dans les églises voisines de Gorges, la Madeleine, la Trinité et Saint-Jacques ; 17 fêtes doubles célébrées avec le grand orgue ; 2 processions à Saint-Jacques et au château, et tous les dimanches, avant la grand'messe, autour de l'église collégiale ; 686 messes chantées et 833 basses de fondation. (Voir Etat du diocèse de Nantes en 1790, par l'auteur, p. 111). La messe canoniale sert de messe paroissiale ; cependant une messe basse se dit à la même intention, tous les 15 jours, le dimanche avant matines ; de plus, on célèbre solennellement les lundis de Pâques et de la Pentecôte et les jours de Saint-Étienne et Saint-Jean-l'Évangéliste.

L'office canonial est réglé à l'instar du Chapitre de Saint-Pierre pour les choses non mentionnées dans la fondation, dit le procès-verbal de l'archidiacre Binet en visite (1683).

Les chanoines, faisant fonction d'aumôniers du seigneur de Clisson, célébraient tour à tour dans la chapelle du château. Le même seigneur pouvait avoir près de sa personne deux chanoines à titre de chapelains, en quelque lieu et pour n'importe quel temps qu'il lui plaisait. C'est ainsi qu'à la visite de 1683, Guy Leclerc et René Blandin se trouvaient momentanément à Paris auprès du sire de Clisson.

Une ordonnance de 1649, insérée aux registres de l'officialité de Nantes, régla tout ce qui concernait le Chapitre de Clisson pour ses charges et ses obligations.

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La petite ville de Clisson, par ses souvenirs historiques, ses ruines imposantes et ses paysages enchanteurs, est connue de la France entière. Les poètes et les historiens se sont plu à en redire les gloires et les beautés dans maints ouvrages : ce n'est point ici le lieu d'emprunter à ces auteurs.

Bâtie dans une position très avantageuse, au confluent de deux rivières, sur un rocher escarpé, elle fut regardée, dès les premiers siècles de notre histoire, comme un point stratégique fort important ; les Romains eux-mêmes l'auraient occupée. Cependant les commencements de cette localité sont demeurés obscurs, et la première mention que l'on en connaît d'une manière certaine remonte seulement au IXème siècle. Gislard, usurpateur du siège épiscopal de Nantes, forcé d'abandonner la position au pasteur légitime, se retira au pays de Guérande et laissa à Actard les doyennés de Retz et de Clisson. Dès cette époque, Clisson était donc un chef-lieu ecclésiastique. Par l'importance que lui donnèrent ses seigneurs, il devint plus tard la capitale des Marches communes de Bretagne et de Poitou. Il partage avec Machecoul l'honneur d'avoir été un des centres religieux dans ces premiers siècles où la rive gauche de la Loire dépendait encore du diocèse de Saint-Hilaire de Poitiers.

Il faut de toute nécessité admettre l'existence d'une paroisse antérieurement à l'établissement de l'illustre famille qui rendit son nom si célèbre dans les annales du moyen âge.

A l'époque de la fondation de la collégiale, Clisson renfermait trois paroisses peu étendues et encore moins peuplées. Une statistique de 1426 donne 8 feux imposables pour Notre-Dame, 6 pour Saint-Brice et 13 pour la Madeleine. Les deux autres paroisses qui se sont fondées postérieurement n'étaient alors que des prieurés conventuels, Saint-Jacques et la Trinité, dépendant de la fameuse abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes.

On ne peut donner une date certaine à la reconstruction de l'église Notre-Dame qu'Olivier de Clisson avait choisie pour y établir son Chapitre. Toutefois, il n'y aurait pas de témérité à fixer le XIIIème ou le XIVème siècle ; il est, en effet, vraisemblable qu'en même temps que les sires de Clisson rebâtissaient leur place forte et l'entouraient de fossés et de murailles, ils ne pouvaient négliger de remettre à neuf l'antique église de Notre-Dame, qui, renfermée dans l'enceinte de la ville, était regardée comme une annexe du château. Les pans de murs et le portique que la torche incendiaire de la Révolution a laissés debout, comme un témoin muet du passé, ne sauraient contredire ce que nous avançons. Elle a reçu la consécration, ainsi que le maître-autel et celui de Sainte-Anne placé dans une chapelle en appentis. Le procès-verbal de la visite qui se fit en 1683 fixe l'anniversaire de la dédicace à la veille de l'Assomption, fête patronale du lieu. Ogée, dans son Dictionnaire, la met au 28 février. Il vaut mieux s'en rapporter au procès-verbal qu'au Dictionnaire qui, d'ailleurs, contient plusieurs erreurs notables à l'article Clisson. Les autels qui ornaient l'église, outre ceux que nous avons nommés, étaient Notre-Dame-de-Pitié, Sainte-Luce, Saint-Samson, Saint-Jean-Baptiste, la Trinité, Saint-Yves et Saint-Maudez ; l'office paroissial se faisait devant ce dernier.

Quoique les droits et les fonctions du Chapitre et de la paroisse eussent des limites bien arrêtées, cet état de choses fut sujet à bien des difficultés de part et d'autre, d'autant plus que nous sommes porté à croire que le titre décanal, qui autrefois n'était pas vain, dut être porté par le chef du nouveau Chapitre au détriment du curé de Notre-Dame qui en jouissait de temps immémorial ; quand la fonction devint purement honorifique, on donna le nom de doyen rural au recteur de Saint-Sébastien-d'Aigne, près de Nantes ; le premier recteur que nous connaissions investi de ce titre est Guy Bourdin, qui, en prenant possession de son bénéfice, s'appelle doyen de Clisson ; son prédécesseur immédiat dans l'acte de résignation est simplement désigné par ces mots : Rector parrochiae Sancti-Sebastiani de Agnis (Voir Insinuations ecclésiastiques, avril 1620).

On ne sait comment, grâce à la faveur des sires de Clisson, le Chapitre put obtenir de l'Ordinaire l'absorption complète de la paroisse ; on ne peut non plus attribuer une date précise à ce fait incontestable qui, selon toute vraisemblance, dut se produire quelques années après la fondation. Nous avons une preuve qui en vaut une autre : en parcourant les registres des Insinuations qui remontent à l'année 1555, nous n'avons trouvé aucun acte concernant la cure de Notre-Dame de Clisson ; le Chapitre, étant devenu curé primitif, faisait desservir la paroisse par un de ses membres à son choix, n'ayant que le titre de vicaire perpétuel.

L'union de la paroisse au Chapitre entraîna avec elle la desservance de tous les bénéfices simples fondés dans l'église Notre-Dame, sauf le droit de présentation, qui restait aux fondateurs respectifs. Ces chapellenies étaient au nombre de onze : Notre-Dame d'Angleterre, Saint-Maudez, Sainte-Luce et Saint-Eutrope, Evrin, Saint-Jean de Lesnerac, les Guerriers, Saint-Pierre et Saint-André, Saint-Samson, Saint-Yves et la Chenardière ; qu'il suffise de les énumérer ici simplement, nous y reviendrons plus loin en les complétant.

Le vicaire perpétuel de Notre-Dame jouissait de certains privilèges : il était logé de plein droit, touchait la portion congrue (500# primitivement et ensuite 700#) ; son casuel pouvait être évalué à 25# ; il était de plus titulaire d'une petite fondation de 12 messes, rétribuées 17#.

La fabrique n'avait que 12# 6d. de revenus ; elle percevait 3# pour chaque fosse d'adulte et 1# 10s pour celle d'enfant, creusée dans l'église collégiale. Les chanoines seuls avaient droit d'enfeu et les laïcs se faisaient inhumer au cimetière Saint-Gilles, hors la ville.

On ne payait au denier de Saint-Pierre que 1 sol 2 deniers, redevance exigible à l'époque du synode de la Pentecôte ; on contribuait aux décimes pour 52# depuis 1746.

En dehors du chapitre, il n'y avait que deux fabriqueurs et trois témoins synodaux.

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Après avoir rapporté la fondation pieuse d'Olivier de Clisson et l'exécution des dernières volontés de celui-ci, il serait du devoir de l'historien de dérouler sous les yeux du lecteur la trame des événements ; mais, le fil en étant rompu en mille endroits, il n'est plus possible de le suivre. De ce passé rien on presque rien n'a survécu au naufrage du temps.

Nous sommes persuadé d'ailleurs que les archives de notre collégiale n'ont jamais été conservées soigneusement. Dans le procès-verbal de la visite dressé par l'archidiacre en 1634, il est dit « qu'il n'a point encore été fait d'inventaire des papiers, meubles et ornements de la paroisse et que personne n'en est chargé ; qu'il n'y a point de petit coffre-fort pour mettre les archives » (Archives départementales, série G, 42, Livre de visites).Tout ce qui restait de manuscrits et de chartes a péri dans l'incendie qu'alluma l'insurrection du mois de mars 1793.

Notre chronique ne sera donc formée que par un petit nombre de faits incohérents et sans suite, dont les témoignages écrits, disséminés ça et là ont pu à grand'peine être recueillis. Nous ne composerons notre gerbe que de rares épis, glanés sur ce long chemin de quatre siècles. Quelques peu abondante que soit notre moisson, nous nous empressons de la faire pour qu'elle ne se perde plus ; tout incomplète que sera la page que nous écrivons, elle entrera dans cette œuvre qu'on désire si vivement et qu'on appelle l'Histoire du Diocèse de Nantes.

Ces hommes de prière que le grand connétable en mourant avait placée près de son berceau et sous la protection de son illustre nom ont été témoins de bien des événements, auxquels ils se sont forcément mêlés.

A peine le collège était-il formé que des guerres malheureuses vinrent jeter le trouble dans cette petite ville de Clisson, devenue si célèbre dans nos annales bretonnes.

Marguerite, la fille indomptée du connétable, ne respirant que la haine et la vengeance, souleva le duché et mit toute la province en armes. Désespérée de vaincre dans cette lutte suprême, elle se retira au château de son père ; mais quand Jean V se présenta devant Clisson pour signer le traité, il n'y trouva personne : Marguerite s'était enfuie en Poitou. Le duc donna Clisson à son frère Richard, malgré la résistance acharnée du parti des Penthièvre. La ville subit un siège qui finit par la reddition. Ainsi Clisson sortit de la famille qui porta glorieusement son nom pour devenir un apanage d'un cadet de Bretagne. Celui-ci en fit sa demeure favorite, après avoir relevé ses ruines. Le chapitre par là même fut obligé de reconnaître le patronage du nouveau seigneur. François, comte d'Etampes, fils de Richard, sut animer la vieille forteresse par des fêtes multiples et brillantes. Après son mariage avec Marguerite de Foix, célébré à Clisson, il donna la châtellenie à l'aîné de ses fils bâtards, avec le titre de baron. A son lit de mort, il n'oublia pas le lieu de sa naissance, car il donna par son testament fait à Couëron, le 8 septembre 1488, une somme de cent livres aux cordeliers ; mais il ne fit aucune disposition pour le chapitre.

La maison d'Avaugour continua de posséder la châtellenie et le patronage de Clisson jusqu'au 2 septembre 1746, époque à laquelle la seigneurie passa aux mains du prince de Soubize, duc de Rohan-Rohan, qui en était encore possesseur en 1789.

A la guerre civile avaient succédé les dissensions religieuses. Le protestantisme fit son apparition à Clisson en l'an 1563. Un prêche y fut établi dans l'église de Saint-Gilles hors les murs, dont les calvinistes s'étaient emparés par force. La Réforme fit peu de sectaires, mais de Montaigu, qui était alors un de ses boulevards les plus redoutables, elle fit d'affreux ravages jusqu'aux portes de Nantes. Pour y mettre fin, le duc de Mercœur, chef de la ligue, fortifia la place de Clisson et y enferma tant d'hommes d'armes et de munitions de guerre qu'elle résista avantageusement au roi de Navarre. Ce contre­temps fit échouer les projets du Béarnais. Le chapitre de Notre-Dame et les églises de la ville échappèrent ainsi à la spoliation et aux profanations.

Dans le XVIIème siècle, nous n'avons à enregistrer que quelques faits dont le souvenir nous a été conservé aux registres de l'Officialité de Nantes.

Dans sa séance du jeudi 19 décembre 1649, le tribunal official faisait comparaître Messire Pierre Provost, prêtre chanoine de la Collégiale, représentant le chapitre, pour lui signifier que les charges de la fondation devaient être strictement remplies ; entre autres on précisait les mentions suivantes (Archives Départementales, série G, 71. Officialité de Nantes) :

1° Depuis Pâques jusqu'à la Toussaint, on sonnera le premier son des matines à 5 h., le 2ème à 5 h. 1/2 et le 3ème à 6 h. ; depuis la Toussaint jusqu'à Pâques, ce sera à 5 h. 1/2, 6 h. et 6 h. 1/2.

2° La grand'messe se célébrera à 9 h. en, été, et en hiver à 9 h. 1/2.

3° On annoncera vêpres par trois fois distinctes de demi-heure en demi-heure ; le premier son commencera à 2 h.

Des difficultés surgirent quelques années plus tard à l'occasion des processions de Fête-Dieu. Ce fut d'abord avec les PP. Cordeliers qui, en qualité de réguliers, se croyaient dispensés de figurer dans ces solennités. L'officialité fulmina une sentence contre le Gardien, qui fut obligé de se soumettre. La requête venait de la part du recteur de Notre-Dame de Clisson (Archives Départementales, série G, 77. Officialité de Nantes).

Dix ans après le Présidial de Nantes dut se mêler à une affaire du même genre, en donnant et confirmant au chapitre le droit de préséance dans les cérémonies religieuses. Telles sont ses conclusions : « Nous requerrons pour le Roy que les dits doïen et chanoines du chapitre de N.-D. de Clisson soient maintenus dans la pocession de porter le Corpus Domini à la procession de Fête-Dieu, où seront tenus d'assister, tant le dit Joubert, vicaire perpétuel de la paroisse de la Trinité, que les dits religieux cordeliers, et d'y marcher dans la manière accoutumée, avec défense au dit Joubert de prendre la qualité de recteur et de curé et porter ou causer à l'avenir aucun trouble dans la procession ou cérémonie de Fête-Dieu ».

La même interdiction est également lancée contre le vicaire perpétuel de Notre-Dame.

Par cette ordonnance, les droits et privilèges du chapitre ont été reconnus, malgré les prétentions des paroisses et des communautés de la ville (Archives Départementales, série G, 345. Collégiale de Notre-Dame de Clisson).

Depuis que la rectorie de Notre-Dame était réunie au chapitre, les chanoines devaient à ceux de Saint-Pierre une rente annuelle de six sols tournois, pour droit d'oblation. On ne sait comment cette redevance, qui parait imprescriptible, dut être rappelée à la bonne foi des chanoines clissonnais. Nous avons rencontré trois sommations faites contre eux à diverses époques en bonne et due forme : la première date de 1574 ; en 1626, il est reconnu de part et d'autre les charges suivantes : « 1° 5 soubs monnoie par an à cause de la cure de Notre-Dame ; 2° 7 soubz 4 deniers monnaie à cause de la cure des SSte Brice et Gilles ».

Enfin l'accord fut définitif « entre le chapitre de Saint-Pierre et entre nobles doyen et chanoines de Notre-Dame de Clisson, par lequel la rente de six sols tournois étaient deüe à la feste de la Pentecoste ». Cet arrangement est daté du 3 août 1698 (Archives Départementales, série G, 99. Notre-Dame de Clisson).

Le XVIIIème siècle, dont la fin devait être si funeste au chapitre de Notre-Dame, comme à toutes les institutions catholiques, n'a laissé à notre connaissance qu'un seul fait concernant le sujet qui nous occupe.

Un des membres du chapitre avait été condamné à trois mois de réclusion dans le Séminaire, à la privation de la prébende jusqu'à entière soumission. Cette condamnation était sérieusement motivée dans le jugement. Le prévenu en rappela à l'évêque et même au parlement de Bretagne ; son entêtement ne lui réussit pas, car il fut débouté de sa demande et paya les dépens et aussi l'amende au roi.

Nous devons clore cette chronique, peu remplie faute de documents, par l'ordonnance épiscopale de 1771, ayant pour objet la réunion de la cure Saint-Gilles au prieuré de Saint-Jacques dans les faubourgs. « Vu la requeste des chanoines de l'église collégiale de N. D. de Clisson, par nous répondue le 3 avril 1769, ce soit communiqué à notre promoteur, tendant à faire réunir ensemble les petites paroisses et cures de Notre-Dame, Saint-Jacques, Saint-Gilles et la Magdeleine de Clisson, vu les conclusions du promoteur du lendemain 4 avril ; notre ordonnance du 5 du dit mois ; nous avons nommé M. de Romaceul, chanoine de notre église cathédrale, l'un de nos vicaires généraux et notre vice-official, pour faire le procès-verbal de la commodité et de l'incommodité, etc., etc.

Le tout vu et mûrement examiné et considéré, le nom de Dieu invoqué, nous avons pour la gloire de Dieu et la plus grande utilité des habitants des paroisses de Saint-Jacques et Saint-Gilles supprimé et éteint, supprimons et éteignons la petite cure et paroisse Saint-Gilles, attendu la grande modicité de son revenu, le très petit nombre de ses habitants et la proximité où elle est des autres églises paroissiales, et en unissons le spirituel et le temporel, sous le bon plaisir du Roy, à la cure Saint-Jacques....

Laquelle suppression et union n'aura lien toutefois qu'à la mort ou cession des pasteurs actuels …..  » (Insinuations ecclésiastiques, fol. 301 et suivantes, 25 juillet 1771).

L'enquête dont il est ici question avait duré plusieurs jours à l'auberge « ou pend l'enseigne du Grand-Louis » à Clisson. S'y étaient présentés les intéressés, à savoir M. Aug. Lesayeulx, commissaire délégué du chapitre, qui demandait l'union ; le curé de Saint-Gilles et les membres de la confrérie de Saint-Jean, qui s'y opposaient ; le vicaire perpétuel de Notre-Dame, qui se mettait hors de cause ; les habitants de Saint-Jacques, favorables au projet ; le commissaire de l'Ordre de Malte et le curé de la Madeleine, qui se prononçaient contre les prétentions du chapitre.

L'ordonnance épiscopale fut publiée trois dimanches de suite au prône de la messe paroissiale dans les deux églises réunies et reçut l'agrément du roi.

Cependant le curé de Saint-Jacques devait chaque année faire une procession solennelle à l'église Saint-Gilles le jour de la fête patronale pour la dévotion du peuple.

La réunion de fait n'eut lieu que par la démission de M. Bouet, en 1789.

En cette affaire, dont les chanoines avaient pris l'initiative, le succès ne couronna pas leurs efforts ; ils furent moins heureux que ceux de Guérande qui, en un autre temps, étalent parvenus à réunir toutes les paroisses de la ville à celle de Saint-Aubin.

Il est une lacune que nous aurions vivement désiré de combler, c'est de reconstruire la nomenclature complète des doyens du chapitre de Notre-Dame de Clisson ; nos recherches, si longues qu'elles aient été, n'ont point donné de résultat satisfaisant. Les Insinuations ecclésiastiques étaient la source toute naturelle où nous devions puiser ; le registre des délibérations capitulaires étant perdu. La première mention que nous ayons rencontrée dans cet important recueil, qui commence à l'an 1555, ne remonte pas au delà du XVIIème siècle. Les bénéfices de Clisson auraient-ils joui de l'exemption des décimes ? Nous ne pouvons connaître la cause de ce silence.

Voici donc les noms que nous avons pu relever :

1647. — Claude de Saffré de Gages.

1665. — Jean Dugast.

1660, 27 juillet. — Jean April.

16.. — Guy Leclerc.

1703, 15 mai. — Thomas d'Adémac.

1729. — René d'Avaugour, écuyer sieur de la Ferté.

1751, 5 janvier. — Jacques Bureau.

1765, 14 mai. — Pierre Bretin.

1773, 1er février. — Charles Hallouin de la Pénissière.

1776, 9 janvier. — Pierre Hallouin de la Pénissière.

Le patronage du chapitre de Notre-Dame fut toujours laïc et toujours attaché à la seigneurie de Clisson : c'est ainsi qu'il passa des mains de la famille fondatrice en celles des ducs de Bretagne, puis de celles des barons d'Avaugour en celles des Rohan-Soubize. Ce droit s'exerçait en tous les mois, même en ceux réservés au pape. Quant à la collation, elle appartenait exclusivement à l'ordinaire ; le métropolitain ne pouvait en dessaisir l'évêque du diocèse. C'est ce que prouve un acte illégal dont le souvenir est conservé aux Insinuations et qui se passa sous l'épiscopat de Mgr. Gabriel de Beauveau (Voir Insinuations, fol. 216, 3 août 1664).

Parmi les privilèges du chapitre, nous n'avons à signaler que l'exemption de la régale, du serment de fidélité et de joyeux avènement. Il ne pouvait se choisir que des officiers du bas-choeur et le personnel de service, les prébendes et les semi-prébendes ainsi que la dignité étant à la nomination du patron. Le doyen avait la préséance sur tout le clergé séculier et régulier de la ville ; il était ordinairement chapelain de Saint-Lazare en Cugand. Nous avons dit qu'il était logé, ainsi que le premier chanoine et le vicaire perpétuel ; il jouissait de la seule dignité reconnue dans le collège capitulaire : le titre de grand-chantre était purement honorifique ; on le décernait au plus ancien des membres, sans lui donner droit à percevoir une part plus grande ni à porter le bâton d'honneur (Abbé Grégoire).

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