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NOTICE SUR CLISSON |
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Clisson, Clissonium ou Clichia, est une petite ville de la Loire-Inférieure située au sud-est de Nantes, possédant une population de 3.000 habitants environ, et bâtie au confluent de la Moine et de la Sèvre nantaise, sur la limite des deux départements de la Vendée et du Maine-et-Loire. Construite en amphithetre sur deux collines, des deux côtés de la Sèvre, qui la traverse au milieu et la divise en deux parties égales, cette ville, avec ses maisons étagées couvertes en tuile et groupées parmi des masses de verdure, offre un contraste frappant d'effets et de sentiments.
C'est d'abord la disposition, architecturale des rues. Des deux côtés, sur le sommet de la colline, de larges voies, des avenues droites, régulières, pleines de lumière. Dans le centre, qu'on pourrait décorer du nom de cité, de petites rues étroites tortueuses, obscures et si escarpées que les noms pittoresques. de rue Tire-Jarrets, rue de l'Echelle du Château, donnent une idée juste de la pente qu'elles ont.
Le voyageur pénétré de souvenirs historiques y vient contempler les ruines de son château très fortifié, regardé autrefois comme un des remparts de la Bretagne et qui fut le berceau et le principal fief de la maison illustre de Clisson. En face de ces ruines, maintenant habitées par les corbeaux et les oiseaux de proie, il évoque ces temps de la féodalité, cette époque de la barbarie et de la cruauté, où la devise des seigneurs était « Pour ce qu'il me plaît ». Au milieu de cette forteresse démantelée, il croit entendre résonner l'écho des trompettes guerrières, entendre le cliquetis des armes ; il contemple ces oubliettes profondes, se demandant quels crimes avaient bien pu commettre les malheureux prisonniers qu'on y jetait.
Le paysagiste, l'amateur d'un beau site, y admire ses constructions dans le goût des fabriques italiennes, qui rappellent particulièrement les sites de Tivoli ; il reste frappé des beautés inouïes de çe paysage, de ces tableaux si pittoresques, que la nature a créés à profusion ; de ces masses de verdure, de rochers, suspendus à des hauteurs prodigieuses.
Le poète vient rêver à l'ombre des grands chênes antiques ou des pins toujours verts qui bordent la rivière de la Sèvre, au bruit des cascades que produit la différence du niveau des eaux.
L'origine de Clisson est inconnue. Certains historiens prétendent qu'avant 855, il n'est pas fait mention de Clisson, et cepeadant Ogée, dans son Dictionnaire historique et géographique de la Bretagne, assure que les Romains avaient tracé une route qui allait de Condivincum (Nantes) à Limonum (Poitiers), passant par Clisson. Il est certain qu'en raison de cette situation privilégiée et de l'importance de ce point stratégique, ces guerriers, qui ne négligeaient aucun moyen de défense, ont dû à cette époque élever une forteresse sur le roc où existe actuellement le château. D'autre part, on sait que Clisson faisait partie des Hautes-Marches de Bretagne et du Poitou dont on parle déjà sous le règne de Clovis et qui ont été rétablies sous Charlemagne. Clisson était aussi un doyenné, c'est-à-dire un centre important dans l'administration diocésaine.
Les premiers seigneurs de Clisson dont on trouve les noms cités dans l'histoire, entre l'an 1038 et l'an 1223, sont au nombre de dix. Tous sont de vaillants guerriers ; mais l'histoire réelle de Clisson commence avec son château, c'est-à-dire avec le premier Olivier, en 1223. Celui-ci, après avoir pris part à la révolte des barons de Bretagne, voit ses terres dévastées, ses châteaux rasés, et se retire à Clisson, son dernier asile ; il s'y fortifie, et c'est lui qui fit construire le château tel qu'on le voit dans sa partie la plus ancienne, où il reçut saint Louis et sa mère, la reine Blanche. Pour augmenter sa défense, il entoura la ville de fossés et d'une enceinte de murailles dont on voit encore les ruines. Le château possède un caractère oriental, cet édifice est un souvenir des croisades, une copie de la tour des Pélerins au château de Césarée.
Cent-cinquante ans après, le connétable fait augmenter et achever ses remparts, et le duc de Bretagne François II les fait entièrement réparer en 1464. Les fortifications du château de Clisson ont fait l'admiration de tous les ingénieurs. Toujours est-il que, dans les différents sièges qu'il eut à soutenir, les armées ennemies furent obligées de se retirer, et les boulets de Canon de Henri IV et du duc de Mercœur ne purent ébranler des murs de seize pieds d'épaisseur. Ce château n'avait d'abord qu'une porte, très bien conservée encore dans toute sa pureté de style, avec la forme de ses créneaux et de ses mâchicoulis, mais Olivier Ier avait pratiqué de nombreux souterrains dont les issues s'ouvraient sur la campagne.
Trois noms illustres, Olivier Ier, dont nous venons de parler, Olivier IV, le connétable, et François II, ont animé le château et y font un long séjour. Raconter leur histoire, c'est faire l'histoire de Clisson. C'est d'eux seulement que nous avons l'intention d'entretenir le lecteur.
De l'infortuné Olivier III, qui, sur l'ordre de Philippe de Valois, eut la tête tranchée à Paris et ensuite exposée sur une lance il l'une des portes de la ville de Nantes, et de Jeanne de Belleville, son épouse, naquit au chiiteau.de Clisson, en 1336, le héros de cette maison, l'illustre Olivier IV, dernier du nom, frère d'armes de Duguesclin et son successeur dans la haute dignité de connétable cle France.
La légende raconte qu'Olivier III laissant sa femme dans les douleurs de l'enfantement au cri de « Voici les Anglais ! », court à l'ennemi, et le repousse l'épée dans les reins jusque sur la crête du coteau. A ce moment, arrive un écuyer en toute hâte « Monseigneur un fils vous est né ! ». Le guerrier s'arrête, baise la poignée en croix de son épée : « Allons ! dit-il, joie dans la ville, joie hors la ville. Toutes Joies ! ». A cette heure même, Jeanne de Belleville, apprenant la défaite des Anglais et la victoire d'Olivier, s'écrie de son côté « Notre-Dame, Toute Joie vient de vous ». En reconnaissanee de cette victoire et en souvenir de la naissance d'un fils, on bâtit une chapelle, Notre-Dame-de-Toutes-joies. Elle se trouve sur la route de Cholet et vient d'être entièrement reconstruite. Le 15 août, elle est le but d'un pèlerinage pieux, qui amène en cet endroit plus de 2.500 pèlerins.
Olivier IV avait sept ans, à la mort cruelle de son père. Sa mère lui raconte la perfidie du roi de France. Elle le conduit à Nantes, s'arrête à une porte de la ville et, lui faisant voir ce sanglant trophée : « C'est là, dit-elle, la tête de votre père ! ». Dans ses baisers, dans ses étreintes, elle lui communique sa haine, ses idées de vengeance. Elle commence la lutte sur terre, mais, poursuivie par le roi, elle se jette dans une barque à la merci des flots, erre pendant six jours ; le plus jeune de ses enfants meurt de faim ; Olivier résiste, et il est recueilli avec sa mère à Hennebont, par Jeanne de Montfort. Elevé avec le fils de la comtesse, prétendant. au duché de Bretagne, il livre bataille à Charles de Blois, favori du roi, et, à la fameuse journée d'Auray, lui enlève le trône et la vie ; lui-même perdit un oeil dans cette bataille Son père est vengé ; il abandonne Montfort et les Anglais, pour qui il sentait grandir sa haine, se déclare pour la veuve de Charles de Blois et court rejoindre Duguesclin. A cette époque mourait le roi Charles V, qui par testament donnait à Olivier l'épée de connétable, et Charles VI la lui remet, le jour de son sacre, au milieu de tous les seigneurs de France. Ce jour de gloire eut un triste lendemain Jean IV, feignant une réconciliation, l'invite à son château, à une grande fête, le fait emprisonner traîtreusement et ne lui rend la liberté qu'en obtenant un traité avantageux et la livraison de ses châteaux.
Olivier, libre, court aux armes, reprend ses places et ramène à Clisson sa fille Marguerite, qu'il marie au fils de Charles de Blois pour narguer le duc de Bretagne. Les noces furent célébrées au château, avec la plus grande magnificence. Après des querelles continuelles, après une tentative d'assassinat sur sa personne de la part de Pierre de Craon, après une réconciliation complète et sincère avec le duc de Bretagne, il meurt en son château de Josselin, regretté de toute la France, qu'il avait sauvée en continuant l'oeuvre de Duguesclin, abhorré des Anglais qui lui donnèrent le surnom de Boucher, redouté de ses vassaux, qu'il avait écrasés d'impôts, mais avec la réputation d'un grand homme, d'une bavoure admirable, d'une infatigable vigueur et d'un courage indomptable. Avant sa mort, il avait chargé son ami de Beaumanoir de reporter à Charles VI son épée de connétable.
Le règne de Clisson est fini. Malgré les prétentions de Marguerite, sa fille, au duché de Bretagne et malgré la prison qu'elle fit subir à Jean V au château de Clisson, les murs de cette demeure seigneuriale ne porteront plus les armes de gueules au lion d'argent du connétable.
Clisson sort de la famille qui porta son nom, pour devenir l'apanage d'un cadet de Bretagne, Richard, comte d'Etampes, époux de Marguerite d'Orléans, comtesse de Vertus, fille de Louis de France.
Sort fils, François II, fait avec le connétable l'illustration de cette forteresse.
Tout est transformé au château de Clisson ; les fêtes y sont continuelles. Tout ce que la France a de plus illustre s'y donne rendez-vous. La devise des chevaliers devient : Patrie et amour. Après la chasse, les tournois dans cette prairie des guerriers, qui existe encore sur les bords de la Sèvre, au pied du château, tout près du moulin seigneurial et de la porte d'Enfer, là où combattaient les preux chevaliers sous l'oeil de leur dames d'amours. François II aime Clisson, qui fut son berceau parce qu'il y vit a côté de sa maîtresse, la belle Antoinette de Magnelais, dans l'enthousiasme de fêtes continuelles et brillantes, abandonnant la duchesse Marguerite de Bretagne, sa femme, à son château de Nantes, où elle finit par mourir, accablée de tristesse et de chagrin. Cependant Marguerite de Foix, dite Sein de Lys, lui fait oublier Antoinette, et il se décide à l'épouser en secondes noces au château de Clisson. C'est à ce moment qu'il se console, en s'occupant de la réparation de sa demeure.
De ce mariage n'ayant qu'une fille, Anne de Bretagne, il abandonne Clisson à l'aîné des fils adultérins qu'il avait eus d'Antoinette de Magnelais et qui prend le titre de baron d'Avaugour.
La grandeur de ce château est passée. Ce fils ingrat, le seigneur de Clisson, favorise les intérêts du roi Charles VIII, l'ennemi déclaré de son père, et lui livre la ville et le château.
L'hermine de Bretagne s'unit au lis de France. C'est l'agonie de la Bretagne ; car la duchesse Anne, pour sauver son héritage, doit épouser Charles VIII. C'est alors une suite ininterrompue de visites à ce château.
En 1492, la reine de France vint à Clisson donner des fêtes splendides. Elle y revient en 1499, avec son second mari, Louis XII. En 1518, c'est François Ier, son gendre, qui vient s'y reposer et donner de magnifiques chasses.
En 1532, c'est encore François, accompagné du Dauphin, qui veut revoir ce pays dont il a gardé de si agréables souvenirs.
En 1565, Charles IX, l'héritier de François Ier et sa mère, Catherine de Médicis, après avoir traversé le Poitou, voulurent voir Clisson. Mais les luttes de la Ligue rendent à ce château son importance militaire et les partis ennemis se disputent cette forteresse. Ni Henri de Navarre, ni Mercoeur ne peuvent ébranler la puissance de ces murs.
A cette époque, Henri IV arrivait à Nantes pour éteindre les dernières étincelles des guerres de religion. Le baron d'Avaugour, Vème du nom, qui s'était déclaré pour lui, y fut reçu avec bienveillance de la part du roi. Il se trouvait a la maison des Tourelles, sur la Fosse, lorsque le roi y signa l'Edit de Nantes (1598).
La maison d'Avaugour continue d'habiter le château de Clison comme une maison de plaisance jusqu'en 1746, s'occupant du bien-être de la population, créant un hôpital, qui existe toujours sur les bords de la Sèvre, puis s'éteint sans postérité.
Par droit d'hérédité, Clisson passa à la maison de Rohan-Soubise.
Ses nouveaux maîtres n'y habitèrent jamais. Le château, du reste, non entretenu, tombait en ruines. Le vieux donjon venait de s'écrouler. Les Rohan-Soubise se partagèrent les terres, vendirent les meubles, et le château devint la résidence de quelques familles jusqu'en 1791, où il devint propriété nationale.
En 1793, la ville est attaquée par 4.000 Vendéens. 60 gardes nationaux la défendent et n'offrent aucune résistance. Le 6 septembre, arrive de Mayence le général Kléber avec les débris de sa courageuse armée ; le 17, il se trouve à Clisson ; il apprend que les Vendéens ont pillé la ville, se met à leur poursuite et se trouve en face de la grande armée d'Anjou. Le choc fut terrible. Après une lutte de sept heures, la victoire reste aux Vendéens. Les Mayençais, sous le feu des royalistes, battent en retraite et se replient sur Clisson. Irrités, grisés par l'ardeur du combat, ils pénètrent dans le château, et, au lieu de Vendéens, ils trouvent quelques femmes, des enfants. Dans l'enivrement de la colère, ils les précipitent au fond du puits de cette cour d'honneur, où l'on a planté, depuis, un arbre funéraire ; ils allument l'incendie ; tout devient la proie des flammes, et la ville de Clisson subit le même sort ; les archives de la commune et les titres historiques disparaissent.
En 1794, un nouvel incendie, sur l'ordre de Cordelier, qui ne voulut pas pardonner cette population d'avoir repoussé les prêtres jureurs, détruisit absolument tout.
Ainsi, des murs noircis et léchés par les flammes, des décombres, quelques toits respectés par l'incendie, le silence absolu pendant quatre ans, voilà Clisson, de 1794 à 1798.
C'est alors qu'un Nantais, Pierre Cacault, passionné, pour la peinture qu'il avait cultivée à Rome, se hasarda à pénétrer dans cette partie du Bocage et vint contempler ces ruines. Il avait entendu parler des beaux sites des bords de la Sèvre ; mais, en arrivant à Clisson, il ne trouva personne pour le guider et fut obligé d'errer seul parmi les décombres, comme une âme en peine. Il s'éprit de ce tableau, qui frappa son imagination si vivement qu'il acheta une propriété et vint y habiter, dés cette même année. Son frère, François Cacault, qui avait occupé en Italie des fonctions diplomatiques importantes et y avait fait un long séjour, fut le second habitant de Clisson. Il apportait avec lui une immense collection de tableaux, de statues et de gravures, et cédant au désir de son frère, il exposa à Clisson toutes ces beautés artistiques dans un musée qui porta son nom, le musée Cacault. Ce musée renfermait 1.400 tableaux, 76 pièces de sculpture, 164 volumes et 10.646 estampes, dont une grande partie était des plus grands maîtres. Malheureusement, la mort vint faucher trop tôt cette existence, et son frère, ne pouvant supporter les lourdes charges qu'ils s'étaient imposées, fut obligé de céder sa collection à la Ville de Nantes pour une somme modique, afin de ne point en priver le Département.
Deux jours après l'approbation do cette vente, Pierre Cacault mourait à Clisson.
Mais un autre artiste, que François Cacault avait connu en Italie et avec qui il s'était lié d'amitié, avait parcouru, lui. aussi, les rivages de la Sèvre. La nuit le surprenait toujours le crayon à la main dans ces lieux enchanteurs.
François-Frédéric Lemot, grand prix de Rome en 1790, dont les oeuvres les plus connues sont les statues équestres de Henri IV sur le Pont-Neuf à. Paris et de Louis XIV à Lyon, avait goûté les merveilles de Clisson et avait résolu de s'y fixer.
Il acheta le parc de la Garenne et ces belles ruines du château, afin, suivant ses propres paroles, qu'elles fussent respectées, du moins tant qu'il vivrait.
Mais que reste-i-il aujourd'hui de cette splendeur d'autrefois, de ce château ? Un donjon, des tours, des créneaux, des ruines, mais des ruines majestueuses, que de toutes parts on vient admirer. Avant de franchir le pont en pierre construit sur les douves et qui a rernplacé le pont-levis, les visiteurs se plaisent à contempler cette porte d'entrée, si bien conservée. Elle présente l'ogive pure du XIIIème siècle et le véritable cachet de l'architecture orientale et mauresque.
En entrant dans la cour d'honneur, se trouve l'ancien corps de garde, maintenant habité par le concierge ; à droite, deux bâtiments côte à côte, deux prisons, celle des femmes et celle des hommes, où fut enfermé Jean V ; en face, donnant sur la rivière, une tour d'une hauteur prodigieuse et, un peu à sa gauche, la chapelle ; puis, revenant près de la cour d'honneur, du même côté et plus à gauche, le bastion des Ormes, qui doit son nom à deux arbres gigantesques. Franchissant deux fossés intérieurs, on arrive à une belle esplanade, Plantée de beaux arbres et entourée de fortifications. La science archéologique nous apprend que ces constructions sont l'oeuvre de plusieurs époques et nous indique les bâtiments édifiés par Olivier Ier, par le connétable et par François II.
De l'autre côté de la Sèvre, de ce bois délicieux de la Garenne le baron Lemot a fait le lieu le plus- enchanteur de Clisson. Son génie y a tout disposé avec goût. Là-haut de belles allées droites, ornées de statues antiques ; ici, sur le coteau bordant la Sèvre, le château moderne, construit dans le style italien ; plus bas, des sentiers ombreux, tantôt au milieu des lilas, tantôt au milieu des roches, conduisant à des tapis de verdure ; la borne milliaire indiquant qu'une voie romaine passait là ; les bains de Diane, à l'ombre d'arbres majestueux., où l'eau franchit en écumant la multitude de petits rochers qui font obstacle à son cours ; le temple de Vesta, semblable à celui de Tivoli, où vint se reposer la duchesse de Berry, de passage à Clisson en 1828.
Les curieux qui visitent cette garenne ne manquent pas d'aller voir cette grotte mystérieuse, qui cacha les amours d'Héloïse et d'Abélard ; car ils ont erré dans ces sentiers solitaires, s'abandonnant aux charmes d'une nature enchanteresse et aux doux épanchements d'une affection réciproque, au moment où Héloïse Dans les murs du Pallet vint, pour y mettre au jour - Un fils, cher et malheureux gage - De ses plaisirs furtifs et de son tendre amour.
De l'autre côté du rivage, on aperçoit un temple : c'est le tombeau des deux frères Cacault, maintenant le mausolée de la famille Lemot.
A côté de la garenne Lemot, se trouve la garenne Valentin. Celle-ci offre un tout autre aspect : elle n'a point les coteaux de la première. Elle est plus sombre, plus morne, je dirai plus sauvage, dans une partie de son étendue. Cependant la Moine, qui la traverse au milieu de belles pelouses toujours vertes, l'anime et en fait un séjour agréable. Cet enclos était celui des moines de l'ordre de Saint-Augustin en 1105, qui furent remplacés par les religieuses bénédictines.
Chaque quartier, chaque rue de Clisson présente une curiosité, un intérêt, qui charme l'esprit :
Entre les deux garennes, à l'embouchure de la Moine, c'est un beau Pont moderne, un admirable viaduc, d'une belle largeur, d'une grande élévation, duquel se déroule le panorama de la ville. Les voûtes ressemblent à une magnifique nef d'église.
Plus bas, dans le quartier dit de la Vallée, c'est un pont étroit qui traverse la Sèvre, d'une construction bien curieuse et qui a huit siècles d'existence. Du côté du courant, entre les arches, on remarque des éperons ressemblant à la proue des navires, formant comme autant de petites jetées qui diminuent l'effort des eaux ; sur le tablier ils servent de refuges aux piétons.
Clisson possédait autrefois cinq paroisses : Saint-Gilles, Saint-Jacques, la Madeleine-du-Temple, la Trinité et Notre-Dame.
De Saint-Gilles il ne reste plus rien. Les ruines de la Madeleine, de la commanderie des Templiers, depuis, de l'ordre de Malte, de cet édifice du XIIème siècle, et celles du grand Pin Sauvage qui sont à côté, dont le propriétaire mourut sur l'échafaud ; les ruines de l'église, moitié grecque, moitié latine, de l'antique prieuré de Saint-Jacques avec son petit clocher cintré, méritent une visite.
Il ne reste plus que deux églises paroissiales : l'église de la Trinité, qui est le plus vieil échantillon d'architecture que possède Clisson, a été restaurée à l'intérieur, mais son portail et sa tour carrée sont restés intactes : Notre-Dame, qui est l'ancienne paroisse du château et de la ville, a été reconstruite en 1887 et le talent de René Menard, l'architecte qui l'a édifiée dans le style byzantin, a bien su trouver le caractère particulier qui s'harmonisait avec celui de la ville. Son originalité fait honneur assurément à cet artiste, mort la fleur de l'âge, dans toute la puissance de ses moyens et qui a conçu là sa dernière oeuvre. En creusant les fondations de cette église, on a découvert le sarcophage de l'épouse de Charles de Bretagne, baronne d'Avaugour.
Telle est l'histoire de Clisson.
Maintenant l'industrie a su profiter de la différence du niveau des eaux de la Sèvre, de ses cascades. Elle a construit des barrages, des chaussées qui retiennent l'eau et la font tomber d'une hauteur d'un mètre environ. Cette hauteur de chute donne l'impulsion à des roues, à des turbines et produit une grande force motrice. Les chaussées de Clisson, de Gervaux, de la Feuillée, de l'Arsenal, de la Forge, alimentent des filatures de laine et de coton, des minoteries, des tanneries. A la chaussée de Plessard, existe un centre d'énergie électrique qui donne la lumière à la ville de Clisson. A la chaussée d'Antiers, on peut visiter la papeterie de M. Gouraud, établissement de premier ordre, où les derniers procédés de l'industrie sont mis en usage et où la pâte de bois a remplacé les chiffons dont on se servait autrefois pour la fabrication du papier.
En raison de ses sites ravissants, de ses beautés pittoresques, de ses chefs-d'oeuvre de la nature, semés partout sur les bords de la Sèvre et de la Moine ; en raison de son château, de cet édifice si imposant par son passé et ses ruines majestueuses qui s'offrent à la vue de presque toutes les parties de la ville, Clisson est devenu le rendez-vous de tous les paysagistes. Des peintres de salon bien connus, Lansyer, Ballue, des grands maîtres, Harpignies, Français, qui avait là une maison d'habitation et un atelier, ont trouvé, rassemblé dans cette partie du Bocage, tout ce qu'on va chercher en Suisse et en Italie. (Dr. DOUSSAIN, 1896).
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