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Le cénotaphe ou gisant d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan.

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Les restes d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan et la restauration de leur tombeau dans la basilique de Notre-Dame de Josselin.

Olivier V de Clisson, né le 23 avril 1336 au château de Clisson et mort le 23 avril 1407 au château de Josselin, est un grand seigneur féodal breton, connétable de France, comte de Porhoët, baron de Pontchâteau. Il est le fils d'Olivier IV de Clisson et de Jeanne de Belleville. Époux de Catherine de Laval (fille de Guy X de Laval et de Béatrix de Bretagne) puis de Marguerite de Rohan. Marguerite de Rohan (vers 1330-1406), noble bretonne issue de la famille de Rohan, est la fille d'Alain VII de Rohan et de Jeanne de Rostrenen, et successivement l'épouse de Jean de Beaumanoir, maréchal de Bretagne et héros du combat des Trente, puis d'Olivier V de Clisson, connétable de France.

Josselin (Bretagne) : château des Rohan.

Josselinais qui d'habitude s'occupent de la décoration de la Loggia Saint-Martin pour la grande fête annuelle du 8 septembre, ont dernièrement retrouvé, une partie des restes du connétable. Olivier de Clisson et de sa femme Marguerite de Rohan.

Cette découverte a été faite dans les conditions suivantes : Depuis plusieurs années, on connaissait dans les combles de la vieille chapelle Saint-Martin, au milieu d'un amoncellement de boiseries, de ferronneries, d'objets divers provenant de la Basilique Notre-Dame du Roncier, un coffret en plomb mesurant 0m, 43 de long, 0m, 225 de large, Om, 16 de hauteur, ne portant aucun signe extérieur remarquable rien ne pouvait attirer sur lui une attention particulière il y a quelques mois, un jeune ouvrier, curieux comme on l'est à son âge, eut l'idée de desceller et de soulever légèrement un angle du couvert. Ayant reconnu que le coffret contenait des ossements, il s'empressa de le refermer. Malgré son silence, le fait vint à la connaissance des décorateurs de la Loggia et éveilla leur curiosité. Le 9 septembre dernier, ils firent ouvrir le coffret à l'aide d'un ciseau, et constatèrent qu'il contenait des ossements et quelques lambeaux d'étoffe ; sur la paroi interne du couvert, ils lurent l'inscription suivante, gravée au poinçon :

OSSEMENS D'OLIVIER DE CLISSON ET DE MARGUERITE DE ROHAN SON EPOUSE - 1830 - AVRIL.

Josselin (Bretagne) : tombeau (ou cénotaphe ou gisant) d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan.

M. le chanoine Lanco, curé de Josselin, M. Bouédo, maire, et Madame la duchesse de Rohan, prévenus, vinrent constater la trouvaille, et le coffret fut porté au presbytère. Un procès- verbal fut dressé et signé des personnes présentes ; les signatures furent légalisées et le procès-verbal remis à Madame la duchesse de Rohan, qui a demandé à la Commission des Monuments historiques l'autorisation de déposer le coffret dans le mausolée élevé en mémoire du Connétable dans la Basilique et qui est aujourd'hui classé.

L'authenticité des ossements est-elle bien certaine ?

Les registres officiels, paroissiaux et municipaux, sont muets sur ce qui a pu se passer en 1830, date de l'inscription. Mais en 1829, le chevalier de Fréminville écrivait dans les Antiquités de Bretagne : « M le préfet du Morbihan a fait faire des fouilles dans l'emplacement qu'occupait dans le principe le mausolée de Clisson. On y retrouva quelques ossements et quelques débris d'étoile de soie verte, mêlée de broderies d'or, provenant des vêtements de Marguerite de Rohan. Mais d'après ce que m'a rapporté un habitant de Josselin, ce tombeau avait déjà été fouillé en 1793, et on y avait retrouvé toutes les pièces de l'armure du Connétable, qui avait voulu être enterré revêtu ; de toutes ses armes. Ces intéressants objets d'antiquité ont été dispersés et perdus ».

Plus tard, en 1847, M. Cayot-Délandre a apporté dans son ouvrage, Le Morbihan et ses monuments, un témoignage non moins intéressant : « Dans les dernières années de la Restauration, on eut l'idée de rétablir le tombeau de Clisson dont beaucoup de fragments existaient encore. Madame la duchesse de Berry, étant venue en Bretagne en 1828, en exprima le désir et accorda immédiatement 2.000 francs pour cet objet. On fouilla l'emplacement qu'avait occupé le tombeau on y trouva quelques débris d'ossements, quelques lambeaux des riches habits de Marguerite de Rohan. On réunit tout cela ». Le coffret retrouvé en 1924 portant une inscription avec la date de 1830, contient précisément quelques débris d'ossements et quelques lambeaux de vêtements.

En 1858, M. de Bréhier, né en 1824 dans une famille aux attaches toutes josselinaises, presque contemporain des fouilles ordonnées par M. de Chazelles, écrivit dans la Revue de Bretagne et de Vendée, 1858 : « Des fouilles exécutées en 1829 firent retrouver une partie des ossements, quelques fragments de riches étoffes, et la partie supérieure d'une mule de femme en soie bleue lamée d'argent, d'un joli travail. Ces objets furent déposés dans le ridicule monument élevé au Connétable par les soins de M. de Chazelles ».

Plusieurs personnes actuellement vivantes ont encore le souvenir très précis d'avoir entendu leurs parents, qui en avaienT été les témoins, raconter, dans quelles conditions avait été faite cette trouvaille.

Les assertions du chevalier de Fréminville.et de M. Cayot-Délandre sont nettes et formelles : elles ne laisseraient place à aucun doute si les fouilles avaient été faites réellement à l'emplacement même du mausolée. Mais M. de Bréhier nous dit qu'en réalité elles furent faites dans un caveau sépulcral situé à l'angle sud-est de la chapelle Sainte-Catherine, sous une arcade communiquant avec le choeur de l'église et supportée par de lourds piliers romans pouvant remonter au XIème siècle.

L'ancien aveu du comté de Porhoët de 1679 décrivait ainsi ce caveau : « Et au côté dudit coeur vers le nord-est une chapelle dite de Sainte-Catherine dans laquelle, et en partie sous la voûte plus haut vers le sanctuaire, est un charnier en terre auquel se voient les corps des anciens seigneurs de Porhoët et d'autres membres de leur maison ». Les sacristains qui guidaient les touristes dans la visite de la Basilique, à la fin du XIXème siècle, ne manquaient pas de leur montrer ce caveau, quoiqu'il fût en partie comblé ; on pouvait encore descendre dans une excavation de 1m, 50 de superficie sur 0m, 60 de profondeur. Cet enfeu, qui était certainement celui de Porhoët, a toujours passé, et passe encore, dans le public pour celui de Clisson.

M. de Bréhier dit qu'il fut violé en même temps que le mausolée, et il ajoute : « les deux cercueils en plomb, les barres de fer qui les soutenaient à quelques pouces du sol, qui était recouvert de ciment, furent enlevés, et le caveau rempli de décombres ». Ces lignes offrent à première vue une, certaine ambiguïté et peuvent faire douter de l'accord de M. de Bréhier avec M. Cayot-Délandre. Ce doute ne peut subsister longtemps : à l'emplacement même du mausolée, au milieu du choeur, il n'existe aucun caveau sépulcral . l'enfeu dés Porhoët n'est séparé que de 3 ou 4 mètres de cet emplacement ; le mausolée ne fut d'ailleurs élevé que de nombreuses années après la mort du connétable, qui, par sa femme,appartenait à la famille des Porhoët. M. de Bréhier parle de deux cercueils, et l'on sait que le connétable avait voulu être inhumé auprès de sa femme ; tous les deux devaient nécessairement avoir été inhumés dans l'enfeu de famille ; enfin la croyance, populaire et la tradition ont toujours dit que l'enfeu était celui de Clisson. Il y a donc une très grande vraisemblance, ou même certitude, que ce sont bien. les restes d'Olivier de Clisson et de sa femme qui ont été réunis en 1829 dans le coffret en plomb récemment retrouvé, et déposés dans le tombeau élevé en 1830 par les soins de M. de Chazelles.

M. de Bréhier nous apprend que de nouvelles fouilles furent faites dans les décombres du caveau vers 1855, et qu'on y trouva encore quelques ossements brisés et quelques petits morceaux d'étoffe lamée en or et en argent mais il ne nous dit pas ce qui en a été fait.

En étudiant l'histoire de. la restauration du mausolée, nous apprendrons comment le coffret contenant les restes d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan a échoué dans les combles d'une vieille chapelle éloignée de la Basilique.

Le connétable Olivier de Clisson mourut au mois de juin 1407. Aux termes exprès de son testament, il fut inhumédans l'église Notre-Dame de Josselin, près de sa seconde femme, Marguerite de Rohan, morte en 1405. Son testament, répétant en cela celui de son épouse, portait en outre :  « qu'une belle tombe et honneste soit faite et mise sur les corps de ma dicte compaigne et moy, et dessus ycelle soient les ymaiges de nous deux ». Quelque cinquante ans après sa mort, dans la seconde moitié du XVème siècle ; ses dernières volontés reçurent leur exécution, et un magnifique mausolée fut élevé au milieu du chœur de l'église. Une gravure, dessinée par Fr. Jean Chaperon, et représentant le mausolée, est reproduite dans l'Histoire de Bretagne de dom Morice et dans celle de dom Lobineau.

Josselin (Bretagne) : tombeau (ou cénotaphe ou gisant) d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan.

Vinrent les jours sombres de la Révolution. Ce Monument historique, et d'un art remarquable, fut détruit par les vandales de 1792 : « Les fines découpures de marbre blanc volèrent en éclat, écrit M. de Bréhier ; les statues décapitées, mutilées à coups de pioches, roulèrent dans la poussière ; les dais placés au haut de la tête des personnages et la table supérieure du tombeau résistèrent seuls au marteau des iconoclastes, en raison de leur épaisseur et de la dureté du marbre de Sicile dont sont faits ». Les profanateurs avaient espéré trouver des objets de valeur ; ils n'y trouvèrent que des objets de caractère historique, qu'ils dédaignèrent, et qui disparurent pour toujours.

Avec la Restauration se fit jour lentement l'idée de restaurer le mausolée. En 1821, le conseil d'arrondissement de Ploërmel formula un voeu qui fut transmis au Conseil général du Morbihan. Les ressources du département n'étaient pas brillantes, et, il faut l'avouer, la mentalité de l'époque ne portait pas à la conservation des monuments historiques. En exprimant d'ailleurs tous ses regrets, le Conseil général rejeta le voeu du conseil d'arrondissement de Ploërmel le 7septembre 1822, puis le 22 août 1827.

En parfaite connaissance de cause, puisqu'il avait visité Josselin avant de publier son travail, le chevalier de Fréminville avait décrit l'état lamentable du monument, et lui aussi il en réclamait en vain la restauration : « Quelque mutilées que soient les Statues de Clisson et de son épouse, elles pourraient être restaurées à peu de frais, et elles devaient l'être », écrivait-il.

Il fallut la Visite en Bretagne de la duchesse de Berry dans le courant de juin 1828 pour tenter un commencement de restauration. Elle accorda une somme de 2.000 francs, sans doute sur sa cassette personnelle, car il n'en est fait aucune mention dans les délibérations du Conseil municipal de Josselin, ni dans celles du Conseil général. A cette époque le préfet du Morbihan était M. le comte de Chazelles, un homme de goût et d'étude, qui s'intéressait vivement à tout ce qui touchait à l'art, à l'histoire et aux sciences ; à la protection de qui la Société Polymathique doit peut-être son existence. M. de Chazelles fit son oeuvre de la restauration du mausolée d'Olivier de Clisson. Pour parfaire les fonds nécessaires, il fit appel à toutes les bourses. En fait foi, une lettre de M. Oudard, secrétaire des commandements. du duc d'Orléans, plus tard Louis-Philippe, datée du 3 novembre 1829, qui avise de Chazelles que « Son Altesse Royale accordait une somme de 400 francs, pour contribuer à la restauration du monument élevé dans votre département à la mémoire du connétable de Clisson ».

D'après M. Bréhier, le projet de restauration. serait dû à un M. Boulage. L'exécution en fut confiée à M. Pincé, marbrier à Rennes. A vrai dire, le projet comportait non une restauration, mais la construction d'un nouveau mausolée, sur lequel on placerait les deux statues restaurées du XVème siècle.

Pincé se mit à l'oeuvre, et, le 14 mars 1830, il pouvait annoncer à M. de Chazelles qu'il était prêt à se rendre à Josselin pour le placement du tambeau. Le 2 avril, le tombeau était élevé, et l'on y plaçait le coffret en plomb contenant les reliques recueillies dans les fouilles de 1829. Quelques jours après, le 21 avril, le marbrier proposait, pour la restauration des statues, un devis signé Barré, rue Nantaise, Rennes. Le nouveau monument ne rappelait en rien celui que la Révolution avait détruit, malgré une inscription contre laquelle s'élèvent la vérité et le bon sens : « Tombeau érigé en 1407 au connétable de Clisson et à Marguerite de Rohan, son épouse, détruit pendant les troubles révolutionnaires, et restauré en 1830 ». Ce monument péchait contre l'esthétique au point que Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments historiques de France, écrivait en 1837 dans ses Notes d'un voyage dams l'ouest de la France : « Il était impossible de le faire de plus mauvais goût, et, pour la barbarie, cela peut se comparer avec les tombeaux les plus ridicules du Père-Lachaise ».

Vinrent les événements de 1830 ; les statues restèrent chez le marbrier, M. Pincé, ou, plus exactement, chez le statuaire, M. Barré, où elles avaient été transportées dès  1829, dans une charrette de foin, ce qui nous fut appris par une lettre du préfet d'Ille-et-Vilaine à celui du Morbihan, du 4 janvier 1842. Jusqu'en 1836 il n'est plus question du mausolée d'Olivier de Clisson. Il existait encore toutefois des Josselinais qui ne perdaient pas de vue un monument intéressant l'histoire de leur ville. Le Conseil d'arrondissement se fit à nouveau leur interpréte auprès du Conseil général. Appelé à en délibérer, celui-ci considère que « le tombeau était construit, et il ne restait plus qu'à y placer les deux statues, lorsque la révolution de juillet, reportant nos esprits à des idées plus graves, est venue interrompre ces travaux. Il pense qu'il ne faut pas abandonner à la destruction deux statues intéressantes et par le travail et encore plus par les personnes qu'elles représentent, et il invite M. le Préfet à lui faire connaître, à sa première session, ce qu'il en pourrait coûter pour achever ce monument ». En réalité, cette décision équivalait à une fin de non recevoir. On le vit dans la suite.

Le Conseil général était réuni en août 1838. M. Pincé, le marbrier de Rennes, demanda audience au préfet pour lui présenter une pétition qui fut communiquée le 25 août au Conseil. Le pétitionnaire rappelait qu'il avait été chargé, en 1829, par M. de Chazelles, alors préfet du département, de rétablir, dans l'église de Josselin, le tombeau du connétable Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan, sa femme, pour le prix convenu de 6.000 francs, sur lequel il aurait reçu dès lors un acompte de 3.000 francs. A l'appui de sa demande, il montrait une lettre de M. de Chazelles. Il demandait en conséquence que le solde de 3.000 francs lui fût payé, « si mieux n'aime le Conseil, avant faire droit, ordonner une expertise contradictoire ». Il demandait en outre l'autorisation de faire les travaux complémentaires non compris dans le marché primitif, et dont le devis, joint à la pétition, s'élève à 1.627 francs. Le Conseil répondit : « considérant que le sieur Pincé ne représente pas le marché passé entre lui et M. de Chazelles, considérant qu'il résulte de ses registres que jamais M. de Chazelles n'a été autorisé à passer un semblable marché, invite M. le Préfet à voir M. Pincé, à prendre de lui tous les renseignements qu'il croira propres à éclairer la religion du Conseil, pour, sur ces renseignements, être statuéce qui sera vu appartenir ». La question revint à l'ordre du jour de la séance du lendemain 26 août. A la suite d'un exposé du préfet, le Conseil rejeta la demande de M. Pincé. « Il invita néanmoins M. le Préfet à se retirer devant M. le Ministre des Travaux publics et du Commerce pour obtenir de lui les moyens d'achever la restauration d'un monument qui intéresse notre histoire ». M. Pincé manifesta la déception que lui causait une pareille décision, dans une lettre du 9 septembre à M. Fautrel, chef de bureau du cabinet du préfet : « Vous connaissez mieux que personne les chagrins et la perte que m'ont occasionnés mille entraves faites à M. le comte de Chazelles, dont, par contre-coup, j'ai été la première victime ». M. de Chazelles était préfet d'un régime déchu, et les tenants du nouveau régime ne pouvaient voir que défavorablement les actes de leurs prédécesseurs ; la politique leur faisait abandonner toutes leurs entreprises, surtout celles qui portaient leur empreinte personnelle.

Josselin (Bretagne) : tombeau (ou cénotaphe ou gisant) d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan.

Le conseil municipal de Josselin suivit le Conseil général. Le 3 avril 1841 « sur la proposition de M. Roussin, l'un de ses membres, il a été unanimement d'avis de réclamer à M. Pincé, marbrier à Rennes, les statues du Connétable duc de Clisson et de dame Catherine Delaval, son épouse, avec les accessoires qui ont été enlevés de l'église de Josselin en 1830, sans aucune autorisation, et donne les pouvoirs à M. le Maire d'exercer la revendication de ces objets, statues et accessoires, et d'effectuer des poursuites contre le détenteur de ces objets qui appartiennent à la ville de Josselin ». Ayant eu connaissance de l'aveu du comte de Porhoët de 1679, le Conseil avait oublié le nom de l'épouse auprès de laquelle Clisson avait voulu être inhumé. Ce qui est plus piquant encore, c'est qu'il demande des poursuites contre l'artiste qui réclame paiement de son travail et que, pour cela, il obtient l'appui du Conseil général le 30 août 1841. « Le Conseil général, dans une précédente session, a déjà repoussé la réclamation du sieur Pincé relative au tombeau de Clison placé dans l'église de Josselin ; mais il invite M. le Préfet à prendre les mesures nécessaires pour contraindre le marbrier à rendre les deux statues appartenant à ce monument et qu'il n'a pas le droit de garder ». Quelques semaines après avoir eu communication de cette décision, M. Pincé écrivit au préfet : « D'après l'arrêt fulminant qu'a pris le Conseil général au sujet de ma réclamation bien fondée pour ce qui m'était dû pour mes travaux du tombeau d'Olivier de Clisson, j'attendais d'un jour à l'autre que vous m'auriez fait connaître quelles étaient vos intentions pour me contraindre à rendre les deux statues appartenant à ce monument, que je tiens à vôtre disposition, et que je ne peux plus garder ; mais qu'il est de toute justice que le département, dont vous étes l'organe, me rembourse les frais de transport de Josselin à Rennes, que j'ai payés ; plus, la garde de ces statues qui sont chez moi depuis 12 ans ». En réponse sans doute à cette lettre véhémente, le préfet du Morbihan pria son collègue d'Ille-et-Vilaine de désigner un architecte pour reconnaître l'état des statues et les faire enlever. M. Couétoux, l'architecte désigné, se présenta. chez M. Pincé, mais se heurta à l'opposition du marbrier, qui réclamait au préalable le paiement de ses débours (4 janvier 1842) .En 1843, aucun moyen de contrainte n'avait encore été exercé et, le 24 avril, M. Pincé, écrivait au maire de Josselin qu'il était toujours disposé à remettre les deux statues, chez lui depuis 14 ans « par l'envoi qu'avait ordonné le comte de Chazelles » contre le paiement de ses débours, 150 francs environ. « Qu'il me soit permis, ajoutait-il en post-scriptum, d'en user ainsi d'après la perte que m'a faite le Conseil général en rejetant ma demande pour une somme de 3.000 francs comme ancienne créance à moi due pour solde de mes travaux exécutés dans l'église de Josselin, usant de cette loi barbare de prescription ». En 1847, au témoignage de Cayot-Délandre, « les deux statues, le lion, le lévrier, un panneau des ornements latéraux du sarcophage, enfin à peu près tout ce qui restait de l'ancien monument » était encore dans la cour de son atelier, exposé à de nouvelles mutilations.

La pensée de restaurer l'ancien monument, et non plus seulement de placer les statues sur le monument de 1830, fut reprise quelques.années après.

Dès le 6 mai 1842, le ministre demandait au préfet un devis pour le rétablissement des fragments du tombeau, sans y comprendre la restauration des statues, qui pourraient être replacées au lieu qu'elles occupaient, dans leur état actuel.

Dans sa session d'août 1843, le Conseil général vota un crédit de 700 francs à cet effet, et le préfet fit toutes démarches utiles pour obtenir une subvention du Ministre de l'lntérieur. Elles furent longues et nécessitèrent une volumineuse correspondance, à laquelle prit une large part M. du Noday, conseiller général de Josselin. Le Ministère réclama successivement une note explicative sur le monument, un devis, des dessins. Le 22 mai 1846, il annonça au préfet que sa demande était prise en considération, mais qu'il lui fallait des renseignements sur l'artiste qui serait chargé des travaux, renseignements devant d'ailleurs être contrôlés par un membre de la Commission des Monuments historiques. Le Préfet porta son choix sur M. Barré, de Rennes, sans aucune doute qui avait donné un devis en 1830 et qui, depuis 1829, gardait effectivement les statues dans ses ateliers. Le 3 juin, le préfet fit valoir au Ministre que cet artiste avait obtenu plusieurs médailles et récompenses à une exposition à Rennes, qu'il avait la réputation d'un statuaire distingué et qu'il jouissait dans sa ville, d'une grande considération artistique. Le 24 juillet, le Ministre confirma le choix du préfet. Les formalités n'étaient pas terminées : avant d'accorder une subvention, le Ministre voulut savoir (20 août 1847) par quelles ressources le département ou l'administration locale entendait subvenir aux compléments de la dépense. Le préfet fit connaître le vote, par le Conseil général, d'un crédit de 700 francs ; avec autorisation au préfet de prendre sur cette somme celle qui serait jugée nécessaire pour rétablir les statues. Le 12 novembre, le Ministre voulut des précisions sur les intentions du conseil municipal de Josselin, Entre temps, M. du Noday, avec l'autorisation du préfet, s'était mis en relation avec M. Barré et, le 18 janvier 1848, il proposa au préfet un projet de contrat.

Josselin (Bretagne) : tombeau (ou cénotaphe ou gisant) d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan.

Quelques jours après, le 27 janvier, le préfet avisa le maire de Josselin de ses démarches et des résultats obtenus, en lui faisant connaître que la commune de Josselin, devait pourvoir au déficit, si les sommes allouées par le ministère et le département ne suffisaient pas à la dépense. Il lui transmettait en même temps les propositions de M. Barré, dont le devis montait à 1.500 francs, non compris l'emballage, le transport et la pose des statues. Le conseil municipal, réuni le 6 février, fit remarquer que le sculpteur ne mentionnait que les réparations à faire aux bras, au nez, et à quelques parties des statues, et qu'il oubliait divers ornements, entre autres une levrette et un lion. « Le conseil municipal devait rappeler que ces ornements faisant une partie essentielle du monument, il est indispensable qu'ils soient restaurés et rendus à la ville de Josselin avec les statues ». Un crédit de 300 francs fut voté, en réservant de régler la pose sur plans et devis. Le conseil manifesta ainsi qu'il n'était plus question d'achever le monument de 1830, mais de restaurer le mausolée du XVème siècle, détruit en 1792.

La révolution de 1848 suivant de quelques jours la délibération du conseil municipal de Josselin mit un nouvel arrêt à la restauration.

A Josselin, aussi bien qu'à la préfecture, on tenait pourtant à cette restauration. Le 31 janvier 1819, le préfet rappela au ministre les promesses de son prédécesseur : « La délibération du conseil municipal de Josselin, écrivait-il, arrivée ici au moment de la révolution de février, fut classée en attendant l'établissement du nouveau gouvernement, et ensuite perdue de vue... ». Il adressait au ministre une nouvelle copie de cette délibération, que le maire lui avait envoyée en l'accompagnant de cette réflexion : « En votant cette dépense, le conseil municipal n'avait certainement, pas plus que le conseil général, en vue de glorifier la féodalité : nous n'avons tous voulu que réparer autant que possible un acte de vandalisme, rendre à la ville de Josselin et au pays un monument de son histoire, un objet d'art et de curiosité ».

Une longue correspondance suivit, entre le ministère, la préfecture, la sous-préfecture et la mairie de Josselin. Elle n'eut au début qu'un résultat, et cela par l'action de M. du Noday, celle de confier à M. Pincé, l'auteur du monument de 1830, quelques gros travaux pour lesquels il dut recevoir environ 1.200 francs.

Quant à M. Barré, il attendait toujours une réponse à ses propositions. Le 18 janvier 1852, le sous-préfet, intervenant en sa faveur, transmit une fois encore au préfet la délibération du conseil municipal du 6 février 1848. Quelque temps après, le préfet signa le contrat, sans attendre plus longtemps la subvention si instamment réclamée du ministère.

Le 26 décembre 1852, un josselinais, M. de Bréhier, dont le goût, la science archéologique, le sens artistique étaient bien connus et fort appréciés, présenta au conseil municipal des plans et devis pour la restauration complète du monument. Le conseil les accepta à « comme plus exactement semblables au tombeau existant avant la révolution de 1793, d'après les restes que l'on a trouvés dans l'église, et d'après la gravure qui se trouve dans l'Histoire de Bretagne de dom Lobineau. Le conseil, connaissant l'obligeance de M. de Bréhier et son bon goût pour l'architecture, l'a prié de vouloir bien surveiller l'exécution de ce monument. M. de Bréhier aimant à être utile à son pays, et à rendre service à ses concitoyens, a déclaré accepter ces fonctions. Le conseil vote un crédit de 500 francs et prie instamment MM. le sous-préfet, du Noday et le maire de vouloir bien être son interprète près de l'administration supérieure pour obtenir d'elle les fonds complémentaires ».

La routine administrative fit qu'en 1854 de Bréhier n'était pas encore agréé officiellement par l'administration supérieure. Sans attendre cette investiture, il s'était mis à l'oeuvre. Sous son inspiration (23 février 1853), il avait été décidé que le mausolée serait édifié non à son ancien emplacement au milieu du choeur, mais dans la chapelle Sainte-Catherine (tout aussi rapprochée. de l'enfeu des seigneurs de Porhoët).

L'administration supérieure se décida enfin à contribuer à la restauration du monument, et le 26 mai 1854, le préfet reçut du bureau de comptabilité du ministère de l'Intérieur une ordonnance de délégation d'une somme de 2.800 francs. Les travaux purent enfin commencer d'une façon vraiment active. Au cours des travaux, le ministère réclama souvent l'état d'avancement, sans d'ailleurs allouer de nouvelles subventions.

Un document de ce genre du 4 juin 1856 est particulièrement intéressant : « L'encadrement en marbre blanc, délicatement orné de niches, de pinacles et de moulures, qui entoure les deux statues sur le dessus du tombeau, va être terminé sous quelques jours. Les arcades et colonnettes, et autres ornements à jour qui doivent recouvrir le fond de marbre noir, sont faits pour l'un des côtés du tombeau, sauf une des arcades, pour laquelle on a manqué de marbres, n'ayant pas eu suffisamment de fonds pour en demander davantage, lors de la dernière demande à Paris, non plus que pour faire les têtes et autres restaurations de statuettes. La plinthe du côté droit est complètement restaurée, et le tout va être remis en place, dès que l'on aura reçu les marbres noirs devant servir de fond à ces ornementations.... Quand les travaux qui sont exécutés seront placés, on pourra juger complètement du monument, puisque l'une des faces sera restaurée, sauf de peu importantes fractions, telles que les statuettes : deux seulement sont conservées et pourront être placées de suite après de légères retouches. Ayant utilisé et replacé les fragments antiques qui ont été retrouvés, les archéologues et les artistes pourront juger si l'on a été fidèle dans l'exécution de ces travaux, pour l'exécution desquels on s'est borné à imiter scrupuleusement les parties qui nous sont parvenues, sans rien innover ni changer ».

La table supérieure du mausolée avait résisté au marteau des destructeurs de 1793 et était demeurée intacte. C'était une énorme table de marbre noir, autour de laquelle était écrite en caractères gothiques carrés l'inscription suivante : « Chi gist noble et puissant seigneur Monseigueur Olivier de Clisson, jadis Connétable de France, seigneur de Clisson, de Porhoët, de Bellevue et de la Garnache, qui trespassa en Apvril le jour Saint Jorge, l'an MCCCC et VII. Priez Dieu pour son âme. Amen ».

Une lettre de M. de Bréhier du 29 août 1857 nous fait connaître ses projets pour l'achèvement du monument. « Je me suis occupé de faire le dessin de la partie restaurée du tombeau du connétable Olivier de Clisson, ainsi que celui que je propose pour les deux bouts de ce monument. Je n'ai pas cru devoir me laisser emporter par mon imagination à créer une place plus ou moins de fantaisie.. Mettant donc tout mon amour-propre de côté, j'ai répété le dessin des arcades latérales, qui ne sont elles-mêmes que les copies de l'arcade antique que nous avons retrouvée, ce qui a l'avantage de conserver au monument son caractère d'unité. L'espace restant au milieu du dessin exigeait par son étendue une décoration particulière ; j'ai tâché de l'orner dans le même style, en y ajoutant pour l'un des bouts seulement les écussons de Clisson et de sa seconde femme qui repose dans le même tombeau. Il est fort probable, en l'absence de tous renseignements et gravures relatifs aux deux gravures du massif, et en se reportant aux usages et aux idées du moyen âge, que ce genre de décoration n'y avait pas été oublié, ce que doit faire présumer la présence d'armoiries sur presque tous, sinon tous les tombeaux de la même époque.... ».

Josselin (Bretagne) : tombeau ou cénotaphe ou gisant d'Olivier de Clisson et Marguerite de Rohan.

Cette lettre de M. de Bréhier avait pour but d'obtenir du ministère une nouvelle subvention pour le monument. Ce fut en vain. La demande du préfet fut rejetée en 1857, comme elle l'avait été en 1855 et 1856. M. de Bréhier du moins eut la satisfaction de recevoir de nombreuses marques d'encouragement et de félicitations. Le conseil-municipal et le Conseil général ne manquèrent pas à plusieurs reprises de reconnaître officiellement le goût parfait et le grand désintéressement de cet artiste, sous la direction de qui deux jeunes ouvriers josselinais, les frères Royer, exécutaient le travail matériel.

En 1858, le mausolée était réédifié : les statues d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan avaient repris leur place sur la table du tombeau. Mais M. de Bréhier ne paraît pas avoir été très satisfait de l'oeuvre du statuaire de Rennes. Il reconnaît l'habile modelage de la nouvelle tête du connétable, mais il lui trouve un air de douceur contrastant avec l'énergique expression de l'ancienne statue et avec le caractère historique du boucher des Anglais. Il s'étonne aussi de l'extrême délicatesse des mains, peu propres à saisir la massive poignée de l'épée.

Après 1858, des difficultés d'ordre financier mettent encore arrêt aux travaux de restauration. Elles eurent leur écho dans une longue correspondance de 1859 à 1863. Et cependant personne ne se désintéresse de cette restauration. De nombreux moyens de résoudre ces difficultés sont proposés, de nombreuses suggestions examinées. Le monument, croit-on, n'est pas encore classé parmi les monuments historiques : faut-il en demander le classement ? Sera-t-il possible de l'obtenir, alors que l'église n'est pas classée ? Les imperfections du travail de M. Barré ne mettront-elles pas obstacle au classement si le gouvernement vient à les connaître ? En soumettant ces réflexions à M. de Bréhier, le maire ajoutait : « La crainte que j'ai de vous voir échouer dans l'accomplissement de l'oeuvre commencée m'a déterminé à vous faire part de toutes mes appréhensions ».

Sur l'invitation du maire, M. de Bréhier prépara de nouveaux plans et devis, mais très réduits : le conseil municipal les examina le 8 février 1863. « D'après le devis approximatif pour l'achèvement du tombeau du connétable de Clisson, présenté par M. de Bréhier, il résulte que la restauration complète du monument s'élèverait à la somme de 3.543 fr. 25, négligeant les deux extrémités du tombeau qui demeureront unies et sans ornement, on ne s'occupe que de la restauration du second grand côté du sarcophage, le premier étant terminé, sauf les statuettes des niches qui n'ont pu encore être restaurées, ni remplacées, la dépense ne s'élèverait qu'à la somme de 1.679 fr. 50. Le conseil, consulté sur l'ouverture d'un crédit nécessaire pour cette restauration, fait observée que la commune s'est déjà imposé de grands sacrifices, que ce n'est pas seulement à 200 francs que se sont élevée les dépenses qu'elle a faites pour ce monument, comme le croit M. le Préfet par sa lettre du 3 décembre, mais bien à 900 fr., y compris les 100 francs votés en 1861 et qui sont encore en caisse. Le conseil, vu l'état des finances de la commune, ne peut donc, dans les circonstances présentes, qu'exprimer des voeux poux la restauration complète du tombeau d'Olivier de Clisson, et prie M. le Préfet d'employer son influence pour que l'État le prenne à sa charge, en le classant comme monument historique, la commune prenant l'engagement, de concert avec la fabrique de l'église Notre-Dame, de restaurer la chapelle où se trouve ce monument ».

Le conseil municipal espérait que le classement du monument emportait l'allocation d'une forte subvention.. Il commettait une double erreur. Il ignorait que le monument était déjà classé : l'octroi de la subvention prélevée par le Ministère sur les crédits des Monuments. historiques, le 26 mai 1854, avait suffi, au point de vue de l'administration, pour opérer le classement ; le préfet d'alors le savait si bien que, le 30 juillet 1855, il invitait M. Lambert, architecte de la Commission des Monuments historiques, en tournée dans l'Ouest, à visiter « le tombeau de Clisson qui existe dans l'église de Josselin, classé au rang des monuments historiques, et dont la restauration a été entreprise par M. de Bréhier » . Ce n'est que la loi du 30 mars 1887 qui a édicté des règles spéciales pour le classement. D'autre part, comme le fit remarquer le préfet au sous-préfet de Ploërmel, le 21 mars 1863, le classement ne pouvait suffire pour mettre la restauration à la charge complète de l'État, et, concluait-il, « il n'y a pas grand chose à espérer de l'administration supérieure ». De fait, sa demande de subvention fut rejetée une fois de plus dans les premiers jours d'avril 1863. Faute d'argent, les projets de restauration durent être complètement abandonnés.

Une délibération du conseil municipal du 4 novembre 1866 consacre cet abandon, en faisant un curieux rapprochement entre le connétable breton et Jeanne d'Arc, l'héroïne française. « M. le Maire donne lecture de la circulaire du président du Comité central pour l'érection d'un monument, à élever dans la ville de Rouen, en l'honneur de Jeanne d'Arc, et le rachat de la tour où cette héroïne a été enfermée et d'où elle a pu voir les instruments préparés pour sa torture, cette circulaire adressée à tous les maires et conseillers municipaux de France, afin que ce monument soit essentiellement national. Le conseil municipal de Josselin s'unit d'intention et de coeur aux personnes qui ont eu l'heureuse, idée de rendre les honneurs qu'elle mérite à cette héroïne qui a sauvé la France et a été si indignement martyrisée ; mais avec un budget si obéré, et la vue du tombeau de Clisson qui reste inachevé dans l'église de Josselin, faute de quelques centaines de francs nécessaires à son achèvement, le conseil croit devoir borner sa coopération au monument de Jeanne d'Arc à des voeux bien sincères qu'elle forme pour que la souscription soit suffisante, à l'achèvement d'un monument digne et qu'il ne reste pas inachevé comme celui de Clisson dans notre ville ».

Pendant la seconde moitié du dernier siècle, il y eut, dans l'église de Josselin, deux monuments commémoratifs du connétable de Clisson : au bas de l'église, près des fonts baptismaux, s'élevait le monument si critiquable, tant au point de vue de l'art que de la vérité historique, dû à l'initiative du comte de Chazelles ; dans la chapelle Sainte-Catherine, à quelques mètres de son ancien emplacement, près du choeur, le mausolée construit à la fin du XVème siècle, détruit en 1792, et restauré de 1852 à 1858. Les touristes, les pèlerins qui visitaient l'église de Josselin n'étaient, pas peu surpris de l'existence de deux tombeaux, et ils n'en trouvaient pas toujours l'explication.

M . Simon, curé de Josselin, fit cesser cette situation bizarre.

Le 14 septembre 1885, M. l'abbé Simon fut nommé à la cure de Notre-Dame de Josselin. Dès son entrée en fonctions, il dut songer à la restauration de son église, oeuvre de Clisson. Le temps l'avait mise dans un état de délabrement qui menaçait de devenir irréparable. Le nouveau curé était entreprenant, il avait un sens artistique très averti, un goût sûr ; il eut un amour, presque un culte pour son église, et il forma de grandioses projets ; pour les réaliser, il sut trouver un architecte habile, M. Libaudière, de Nantes ; et un entrepreneur consciencieux, M. Raymond, de Josselin.

Ses projets comportaient la transformation de la chapelle Sainte-Catherine en chapelle dédiée à la Vierge du Roncier, et par voie de conséquence la translation du mausolée historique de Clisson. L'idée était heureuse : la chapelle-Sainte-Catherine était devenue une salle de débarras où l'on avait entassé de vieux saints en bois ou en pierre, des colonnes de marbre, et mille autres objets ; les bedeaux et choristes enavaient fait leur vestiaire, et dans ce désordre le mausolée risquait encore de subir de graves mutilations.

La restauration de la nef de son église achevée, le curé Simon commença la transformation de la chapelle Sainte-Catherine. Il fit transporter le mausolée de Clisson au-bas de l'église, près des fonts baptismaux et du monument de 1830. Plus tard, il restaura la chapelle Sainte-Marguerite, séparée du choeur par l'oratoire de Clisson, et fit transporter, pour y rester définitivement, le tombeau de Clisson sous l'arcade qui sépare la chapelle de la nef principale. C'est dans ce même temps, vers 1900, qu'il fit disparaître de l'église le monument construit par M. Pincé ; c'est aussi à ce moment que le coffret contenant les restes du connétable et de son épouse vint échouer à Saint-Martin, où il fut oublié.

Les transferts successifs du tombeau de Clisson dans des chapelles placées sous le vocable de Sainte-Catherine et de Sainte-Marguerite amènent, comme en 1806, un rapprochement avec Jeanne d'Arc. Ce sont les voix de ces deux saintes qui inspirèrent sa mission à l'héroïne française, qui l'ont encouragée et soutenue dans cette mission jusqu'à son supplice.

Actuellement, le mausolée de Clisson est dans le même état très incomplet de restauration où M. de Bréhier l'avait laissé en 1858. Tout dernièrement, M. l'abbé Lanco, successeur de M. Simon à la cure de Josselin, a fait placer sur une tablette de marbre, accolée au mur de l'oratoire, les morceaux de statuettes et de motifs décoratifs que M. de Bréhier n'avait pu utiliser.

Vers 1905, un voyageur de commerce fit proposer au duc Alain de Rohan une levrette en marbre qu'il disait être celle du tombeau de Clisson, enlevée au moment de la Révolution, et vendue à Paris, où elle se trouvait encore dans son magasin. L'affaire ne manqua pas d'intéresser le duc, qui dut s'en occuper. Aucun résultat ne fut pourtant obtenu : Josselin ne possède qu'une levrette en plâtre, aujourd'hui dans les combles de Saint-Martin, après avoir figuré quelque temps aux pieds de Marguerite de Rohan.

Lorsqu'il eut restauré le château de Josselin, le duc Alain de Rohan avait d'ailleurs très sérieusement songé la restauration du mausolée de Clisson, et il eut à ce sujet des pourparlers avec l'illustre sculpteur Frémiet ; mais il dut abandonner ces projets.

La découverte du coffret contenant les précieux restes du connétable de Clisson et de Marguerite de Rohan, l'heureuse idée que la duchesse de Rohan a eue de placer ce coffret dans le mausolée, seront peut-être l'occasion de reprendre les travaux de restauration inachevés en 1858.

(Louis Kerrand).

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