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LA VICOMTÉ DE ROHAN ET SES SEIGNEURS

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Alain de Porhoet, troisième fils d'Eudon Ier, comte de Porhoet, fut le premier seigneur de Rohan, la tige de l'illustre maison de ce nom. Cet Alain mourut en 1128. Dès l'origine, la vicomté de Rohan semble avoir eu l'étendue que lui donnent plus tard positivement les aveux détaillés qui nous en restent, et dont les plus anciens datent du XVème siècle. En effet, la notice de fondation du prieuré de la Couarde (D. Morice, Preuves I, 552 et 553 ; Cartulaire Roton. Ms., fol. limin. v°) et une charte de l'abbaye de Marmoutier (D. Morice, Ibid., 554) mentionnent formellement, parmi les possessions de cet Alain Ier, fils d'Eudon de Porhoet, Rohan, Gredin, Châteaunoix ou Castennec, Bieuzi, Melrand, Guern, Perret. Et par les titres de la fondation de l'abbaye de Bonrepos, en 1184, nous voyons encore que les domaines d'Alain III de Rohan, petit-fils d'Alain Ier, comprenaient, entre autres, Pontivi, Saint-Aignan ou Saint-Ignan (ecclesia sancti Inuani). D. Morice a imprimé par erreur sancti Junani, qui ne se rapporte à aucune localité), la forêt de Quénécan (Kenescam), Gouarec, Rosquelfen, Merléac, Plussulien, Corlé, etc. (Voy. D. Morice, Preuves I, 697 et 724, 725).

Sans plus nous arrêter à ces recherches, qui n'amèneraient aucun résultat suffisamment complet, nous allons donner ici la nomenclature des paroisses comprises dans la vicomté de Rohan, à l'époque la plus ancienne où nous en pouvons connaître l'étendue avec certitude.

Mes sources sont : le Mémoire du vicomte de Rohan pour la préséance aux Etats de Bretagne, rédigé en 1479 et imprimé au t. II de l'Histoire de Bretagne de Morice et Taillandier ; l'aveu de la vicomté de Rohan, de 1471 ; celui de la châtellenie de Corlé, de 1576, et un autre de même date de la principauté de Guémené, enfin les deux aveux du duché de Rohan, de 1639 et de 1682.

La première résidence d'Alain Ier, tige des Rohan, fut Châteaunoix ; aussi est-il intitulé vicomte de Châteannoix (Vicecomes Castri Noici) dans la notice de fondation du prieuré de la Couarde. Dans les dernières années de sa vie, Alain Ier fit construire le château de Rohan (voy. D. Morice, Preuves I, 554), qui donna son nom à la seigneurie et en demeura longtemps le chef-lieu ; toutefois, au XVème siècle, et d'après l'aveu de 1471, il semble que Pontivi était déjà la capitale effective ; privilège qui lui fut officiellement confirmé, depuis l'érection de Rohan en duché, en l'an 1603, puisque les divers sièges de juridiction du nouveau duché relevaient tous en appel de celui de Pontivi.

Suivant l'aveu de 1471, la vicomté de Rohan était divisée en trois membres : 1° La seigneurie proprement dite de Rohan, que j'appellerai, pour faire court, châtellenie de Rohan ; 2° La châtellenie de Gouarec ; 3° la châtellenie de Corlé.

1° La châtellenie de Rohan comprenait 46 trêves ou paroisses, dont voici le dénombrement, en allant du Nord au Sud et de proche en proche :

1. Mur — 2. Saint-Guen, trève de Mur — 3. Saint­Connec, id. — 4. Saint-Caradec — 5. Saint-Gonneri — 6. Croixanvec — 7. Neuilliac — 8. Kergrist, trêve de Neuilliac — 9. Hémonstoir, id. — 10. Cleguerec (la partie Sud seulement) — 11. Séglien (moins sa trêve de Lichernin ou Lescharlin qui était en Guémené) — 12. Malguenac — 13. Stival, trêve de Malguenac — 14. Guern — 15. Pontivi — 16. Noyal-Pontivi — 17. Saint-Geran, trêve de Noyal-Pontivi — 18. Gueltas, id. — 19. Kerfourn, id. — 20. Saint-Thuriau, id. — 21. Saint-Gouvri — 22. Saint-Samson sur l'Oust (les villages les plus voisins de Rohan) — 23. ROHAN — 24. Credin — 25. Pleugriffet — 26. Reguini — 27. Radenac — 28. Saint-Fiacre, trêve de Radenac — 29. Naizin — 30. Moustoir-Remungol — 31. Plumeliau — 32. Bieuzi ou Buzy — 33. Castennec ou Châteaunoix, trêve de Bieuzi — 34. Melrand — 35. Baud — 36. Guénin — 37. Remungol — 38. Moréac — 39. Locminé ou Moustoir-Locminé — 40. Saint-Allouestre — 41. Buléon, trève de Saint-Allouestre, selon l'ancien Ogée — 42. Bignan — 43. Saint-Jean-Brevelay (la partie Nord‑Est seulement) — 44. Moustoirac — 45. Plumelin — 46. Camors.

La forêt de Loudéac, quoique enclavée dans le comté de Porhoet, était aussi regardée comme faisant partie de la châtellenie de Rohan, suivant l'aveu de 1471. Mais je ne note ici ce fait que pour mémoire : car cette forêt, comprise originairement dans le comté de Porhoet, n'en avait été distraite qu'au XIIIème siècle, par suite de partages.

2° La châtellenie de Gouarec, deuxième membre de la vicomté de Rohan, s'étendait sur treize paroisses ou trêves, à savoir :

1. Plourai — 2. Mellionec — 3. Plouguernevel — 4. Saint-Gilles, trêve de Plouguernevel — 5. Gouarec, id. — 6. Plelauf, nommé Pellan ou Pellan dans les aveux du XVIIème siècle — 7. Lescouet — 8. Penret ou Perret, trêve de Silfiac — 9. Sainte-Brigitte, trève de Cleguerec — 10. Silfiac — 11. Cleguerec (la partie Nord seulement) — 12. Saint-Ignan ou Saint-Aignan, trêve de Cleguerec — 13. Saint-Caradec-Tregomel, enclavée dans la seigneurie de Guémené.

La résidence seigneuriale du vicomte de Rohan, dans la châtellerie de Gouarec, était le manoir de Penret, aussi appelé les Salles de Penret, et plus simplement le château des Salles, sur la lisière de la forêt de Quénécan, en Sainte-Brigitte.

3° La châtellenie de Corlé ou Corlai, troisième membre de la vicomté, comprenait 12 paroisses ou trêves, à savoir :

1. Corlé — 2. Saint-Martin-des-Prés — 3. Merléac — 4. Le Quilio, trêve de Merléac — 5. Saint-Mayeuc — 6. Saint-Gilles-Vieux-Marché, trève de Saint-Mayeuc — 7. Caurel, id. — 8. Laniscat — 9. Saint-Guelven, trêve de Laniscat — 10. Rosquelfen, id. — 11. Saint-Igeau, id. — 12. Plussulien.

La résidence seigneuriale du vicomte de Rohan en cette châtellenie était le château de Corlé.

En réunissant les paroisses et trêves comprises dans les trois membres de la vicomté, on arriverait au chiffre total de 71, que l’on doit réduire à 70, puisque, dans la nomenclature qui précède, la paroisse de Cleguerec est employée deux fois, à savoir : une première fois pour sa partie Sud dans la châtellenie de Rohan (n° 10), et une autre fois pour sa partie Nord dans celle de Gouarec sous le n° 11. Ainsi, en 1471 la vicomté de Rohan comprenait 70 paroisses ou trèves. Cependant, d'après l'art. 38 du Mémoire de 1479 pour la préséance, la vicomté se serait étendue sur 112 paroisses, dont on ne nous donne point d'ailleurs la nomenclature. Entre cette assertion, qui n'est soutenue d'aucune preuve, entre l'autorité du Mémoire et celle des aveux il n'y a point à hésiter. Les aveux ayant été reçus à la chambre des comptes sont des documents officiels et authentiques ; le Mémoire est simplement un factum, un plaidoyer élogieux en faveur de la puissance et de l'illustration de la maison de Rohan ; rien d'étonnant qu'on y trouve quelques exagérations. Au reste, le chiffre de 70 paroisses, en place de 112, est encore fort respectable.

Telle était la vicomté de Rohan en 1471. Mais plusieurs démembrements et aliénations que je vais indiquer, et qui sont presque tous, je crois, postérieurs à la date susdite, en avaient dès le commencement du XVIIème siècle réduit notablement l'étendue.

1° La châtellenie de Corlé tout entière, avec ses douze paroisses, fut, dans le cours du XVIème siècle ou sur la fin du XVème, distraite de la vicomté de Rohan en faveur de la branche de Rohan-Guémené, ainsi qu'on le voit dans l'aveu rendu au roi en 1576.

2° De la châtellenie de Gouarec on détacha de même, en faveur des Rohan-Guémené, les quatre paroisses de Saint-Caradec-Trégomel, Plouray, Mellionec et Plouguernevel (presque en entier), lesquelles furent annexées à la seigneurie ou principauté de Guémené, comme on le voit par l'aveu de 1576, où l'on trouve encore, parmi les dépendances de Guémené, une grande partie des paroisses de Lescouet et de Silfiac, qui avait dû être démembrée en même temps de la châtellenie de Gouarec.

Outre ces deux grands démembrements pris sur la partie Nord-Ouest de la vicomté, les cinq seigneuries suivantes furent démembrées, au Sud, de la châtellenie de Rohan, telle qu'on l'a décrite plus haut ; c'étaient :

3° La châtellenie de Pleugriffet, contenant toute la paroisse de ce nom.

4° La seigneurie du Gué de l'Ile-Naizin, dont le chef-lieu était situé en Naizin, et dont les principales pièces on dépendances se trouvaient dans les paroisses de Naizin, Noyal-Pontivi, Pluméliau, Remungol, Moustoirac, etc.

5° La seigneurie de Kergrois qui avait son château en Remungol, et ses principales pièces en Moréac, Plumelin, Guénin, Remungol et Moustoir-Remungol.

6° La châtellenie de Baud, comprenant les paroisses de Melrand et de Baud en entier, et en grande partie Guénin, Plumelin et Locminé.

7° La seigneurie de Kerveno, qui s'étendait sur une grande partie de la paroisse de Pluméliau.

Les cinq dernières seigneuries, démembrées de Rohan, dont on vient de parler, comprenaient en totalité les paroisses de Pleugriffet, Remungol, Plumelin, Guénin, Baud, Melrand, et une grande partie de Moustoirac, Locminé, Moréac, Naizin, Moustoir-Remungol et Pluméliau.

Ces divers démembrements restreignirent sensiblement les bornes primitives de la vicomté ; aussi, en l'an 1603, lors de l'érection de Rohan en duché, on trouva que cette seigneurie ainsi réduite n'était plus en état de soutenir convenablement son nouveau titre ; on l'agrandit en y annexant la châtellenie de La Chèze, qui fut distraite, à cet effet, du comté de Porhoet, et comprenait 21 paroisses. Il faut donc se garder de confondre le duché de Rohan avec l'ancienne vicomté de ce nom, dont la circonscription, comme on l'a vu, différait essentiellement.

En raison de son étendue, la vicomté de Rohan avait dû être partagée ab antiquo en plusieurs ressorts de juridiction, dont les sièges, suivant le Mémoire de 1479 (art. 38), étaient à Corlé pour la châtellenie de Corlé, à Loudéac pour la forêt de Loudéac et le territoire en dépendant, à Gouarec pour la châtellenie de Gouarec, à Baud pour une petite partie de la châtellenie de Rohan, et enfin à Pontivi pour tout le reste de cette même châtellenie. Il n'y avait point alors de siège de juridiction à Rohan ; seulement un juge de la Cour de Pontivi y allait tenir audience une fois la semaine, ce qui dura jusqu'à l'érection de Rohan en duché.

Au XVIIème siècle, les aveux de 1639 et de 1682 nous font connaître un état de choses assez différent. Par suite des démembrements ci-dessus indiqués, les juridictions de Corlé et de Baud ne dépendaient plus de la terre de Rohan ; et le nouveau duché, en y comprenant, bien entendu, la châtellenie de La Chèze, se trouvait divisé entre six juridictions, savoir : La Chèze, Loudéac, La Trinité dans l'ancienne châtellenie de La Chèze ; et dans ce qui restait de l'ancienne vicomté de Rohan : Gouarec, Rohan et Pontivi. Ce dernier siège était de plus tribunal d'appel, au premier degré, à l'égard des cinq autres (A. L. B)..

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LA VICOMTÉ DE ROHAN ET SES SEIGNEURS.
AVANT-PROPOS.

On s'imagine difficilement, à notre époque, l'importance que revêtaient, sous l'ancien régime, pour les classes privilégiées, les questions d'extraction. L'élévation et le rang d'une famille, les honneurs rendus à ses membres, étaient la conséquence de l'ancienneté, ou de la noblesse de cette extraction.

Quand, en 1588, parut l'Histoire de Bertrand d'Argentré, première œuvre vraiment complète et sérieuse sur la Bretagne, ce fut une profonde déconvenue pour la maison de Rohan. Le duc de Rohan, fort mécontent, invita les Etats à faire corriger cette Histoire ; l'auteur, prétendait-il, avait voulu exalter la maison de Laval au détriment de la sienne.

Mais, ce fut bien autrement grave, lorsque, un siècle plus tard, Dom Lobineau, attaché à la vérité pure, publia le beau monument de la science bénédictine. Dans sa thèse sur l'établissement des Bretons en Armorique, D. Lobineau, reprenant l'opinion de Dom Gallois, supprimait catégoriquement Conan Meriadec, premier souverain d'Armorique, issu des rois de la Grande Bretagne, dont se réclamaient les Rohan, comme auteur de leur race. Depuis, de nombreux arguments ont été produits qui répondent aux exigences actuelles de la critique. La Borderie a tranché la question d'une façon définitive.

Cependant, les Rohan ne pouvaient rester sous un coup si pénible porté à leurs prétentions d'origine. Les démarches qu'ils avaient entreprises pour amener Lobineau à accepter les préjugés des anciens auteurs étaient restées vaines ; ils envisagèrent une oeuvre nouvelle conçue sous leurs auspices, et, à peine le savant bénédictin était-il descendu dans la tombe, qu'ils chargèrent Dom Morice d'étudier la généalogie de leur maison et de reprendre le travail historique des religieux de Saint-Maur.

L'idée n'était pas nouvelle. A plusieurs reprises déjà, les Rohan avaient intéressé à l'histoire de leur famille des travailleurs bretons, principalement des officiers de leur entourage. Henri de Rohan signait, en 1608, des concessions importantes en faveur de François de la Coudraye, sieur de la Boulaye-Kerboutier, pour l'encourager dans une entre prise historique ayant pour sujet la maison de Rohan [Note : B. N., ms. 22343]. Du Paz qui, un des premiers, fit des recherches pour le Nobiliaire de Bretagne, laissa en mourant plusieurs cahiers sur le Porhoët et le Rohan. Un secrétaire de la princesse de Guémené, Martin Gaignart, donna cinquante années de son existence à un dur labeur, et il mettait la dernière main à un ouvrage considérable, lorsque Dieu l'appela à lui, en 1685. MM. Burlot, Turquest, Autret, Jallet, de Lizien, de Carcado... collaborateurs, ou simples correspondants, de Gaignart, passaient pour posséder une ample moisson sur le même sujet [Note : B. N., ms. 22313].

De recherches si nombreuses, de tant de travaux ébauchés, seule l'Histoire des Maisons de Porboët et de Roban, par Dom Morice, a été sauvée. Cette généalogie, assez compléte et qui s'étend aux rameaux détachés, reste inédite. Le travail original, provenant de Blain, est conservé à la Bibliothèque Municipale de Nantes ; il comprend un volume d'histoire généalogique et un volume de piéces justificatives [Note : Bibl. Nantes, Fonds Bizeul, ms. 1720 et 1721]. Les Archives Nationales en gardent une copie fort soignée ayant appartenu aux Guémené [Note : MM 758 et 759]. L’œuvre a été rédigée sur l'initiative du Cardinal de Rohan-Soubise, c'est dire que le travail converge vers une seule idée : la grandeur et la puissance de la Maison de Rohan. Dom Taillandier dit à ce propos que « le zéle de Hyacinthe Morice, en cette occasion, lui mérita de la part de l'illustre famille des marques de bonté et de bienveillance dont elle ne cessa de l'honorer jusqu'à la mort » [Note : Introduction à l'Histoire de Taillandier].

Cependant pour l'Histoire Généalogique de Rohan, comme pour l'Histoire Générale de la Bretagne, il est aisé de relever certaines faiblesses de l'auteur et certaines erreurs aujourd'hui connues. Ces défauts ne diminuent en rien la tâche de D. Morice, ni le mérite d'avoir transmis à la postérité, avec l'aide de D. Taillandier, une masse de documents formant trois volumes de Preuves, qui restent une source incomparable pour tout ce qui touche à la Province et aux familles bretonnes. Il est juste de reconnaitre qu'il a complété ainsi l'œuvre de Lobineau.

Les actes tirés, dans cette circonstance, des archives provinciales et seigneuriales, sont d'autant plus précieux que beaucoup de chartriers privés ont été ruinés à l'époque révolutionnaire, et que même des fonds publics ont été violés et dispersés.

Après les archives du château de Nantes et de la Chambre des Comptes, le chartrier de Blain était considéré, avec celui de Penthièvre, comme le plus important dépôt de la Province. Il renfermait les titres de Porhoët, de Rohan, de Léon, de Trifaven et d'autres fiefs provenant des familles de Clisson et de Parthenay-Soubise. Lobineau qui ne peut accusé de partialité, écrit en parlant du chartrier de Blain : « Il y a peu de seigneurs particuliers qui aient des titres en si grand nombre et il n'y a rien de surprenant à cela, cette illustre Maison étant alliée à tant de couronnes et ayant eu dans tous les temps une si grande part aux affaires publiques ». Le savant historien aurait pu ajouter qu'aucune famille bretonne ne comptait de plus nombreuses et plus belles seigneuries.

Les ouvriers de l'Histoire de Bretagne le visitèrent longuement à diverses reprises [Note : B. N., ms, 22313, et Bibi.. Nantes, ms. 1724].

Du trésor des chartes de Blain, il ne nous est malheu reusement parvenu que le contenu d'une armoire, sauvée de la destruction de 1793. Ces débris ont été légués à la Bibliothèque de Nantes par M. Bizeul, fils du dernier archiviste de Blain ; ils forment une collection d'actes du plus haut intérêt, du début du XIIIème siècle à la fin du XVIIIème, comprenant un grand nombre de titres de famille : contrats de mariage, accords, testaments..., mais aussi des chartes ducales et des pièces se rapportant à l'histoire générale de la Province [Note : Bibl., Nantes. Fonds Bizeul].

Les archives des abbayes et des prieurés, sans être très riches, avaient leur importance au point de vue des relations de ces établissements religieux avec les seigneurs fondateurs et avec les vassaux. Au moment de la vente des biens nationaux, leurs chartes ont été jetées à tous les vents ; cependant le hasard a ramené certaines pieces sous la sauvegarde des dépôts départementaux qui se sont partagés l'ancien territoire du duché de Rohan. Les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) gardent ainsi précieusement les actes de fondation de Bon-Repos et de Lantenac et quelques dossiers se rapportant à ces abbayes. Aux mêmes archives départementales, on retrouve des documents épars relatifs aux sièges particuliers du duché (Loudéac, La Chèze, La Trinité) et à la maîtrise des forêts ; tandis que le Morbihan a recueilli les Registres de la juridiction principale et les derniers comptes de régie trouvés au château de Pontivy.

Nous n'entrerons pas ici dans le détail des sources privées qu'il nous a été permis de consulter ; toutefois nous mentionnerons les archives de trois anciens domaines de Rohan — les Forges des Salles, les Forges de Lanouée et Kerguehennec — qui ont été particulièrement utiles à notre étude.

Il est superflu, par ailleurs, de rappeler la richesse actuelle des archives de la Chambre des Comptes, du Parlement de Bretagne, et surtout celles du château de Nantes, auxquelles il est souvent nécessaire de se reporter, bien que la plupart des titres aient été publiés par les bénédictins. L'idée de remonter, en vue d'une documentation plus précise, aux pièces ou copies authentiques, nous a conduit à voir également les cinquante in-folio de l’ancienne collection des Blancs-Manteaux ; nous en avons tiré des matériaux inédits en assez grand nombre [Note : B. N., ms, fr. 22308-2235].

Après nous être imposé l'étude de ces sources, nous nous sommes efforcé d'édifier un travail d’après la méthode critique la plus rigoureuse, qui consiste à. restreindre le plus possibte la part de la conjecture et à mettre en œuvre les documents de façon à retracer uniquement, grâce à eux, la suite des faits dans leur enchaînement réel. Nous nous sommes attaché non moins à la vérité pure qu'à l'exactitude des textes, estimant qu'il est aussi nécessaire de connaître les erreurs et les fautes de nos devanciers, que les actions qui leur ont acquis le plus de gloire.

Les Rohan-Chabot sont restés à l'écart des discussions que nous avons rappelées et qui eurent pour objectif de restaurer la dynastie de Conan Mériadec dont la légende cependant avait trop longtemps altéré l'origine de nos annales. Sans remonter à cet ancêtre fabuleux, la maison de Rohan pouvait, par les Porhoët, se rattacher avec vraisemblance aux Comtes de Rennes qui ont donné plusieurs souverains à la Bretagne. C'était la une origine suffisamment ancienne et glorieuse pour leur valoir, parmi les grands feudataires de la Province, une situation particulièrement avantageuse. Les ducs l'ont ainsi compris et ont témoigné de leur considération en alliant plusieurs fois leur famille à celle des Vicomtes de Rohan et en leur réservant des honneurs particuliers : c'est entre les mains des Vicomtes de Rohan que le nouveau souverain, le jour du couronnement, prêtait serment de maintenir les droits et franchises de la Bretagne; c'est entre leurs mains également que le duc remettait le gouvernement de la Province lorsqu'il devait se rendre hors du duché. Les Rohan, si rapprochés de la maison de Bretagne par le sang et les intérêts, purent prétendre, non sans raison, à la couronne en cas d'extinction de la lignée directe. Qu'avaient-ils à envier aux plus illustres maisons du royaume, lorsqu'à la fin du XVème siècle ils arrivèrent à la Cour de France

Par la faveur constante et intime des rois, ils jouirent des prérogatives les plus flatteuses, mais tandis que l'orgueil entraîna les Guémené sur une pente fatale, les Chabot soutinrent leur rang avec dignité, exacts à la présidence des Etats de Bretagne et relativement fidèles à leur fief d'origine qu'ils n'abandonnèrent jamais complètement.

Ailleurs, nous avons montré ce qu'a été le vaste territoire qui a donné naissance à la Vicomté. Comme le fief de Poutrecoët, le Rohan subit, à travers les siècles, plusieurs démembrements ; cependant, malgré ces diminutions — par suite de son étendue, du nombre des vassaux et de l'importance des places fortes, — il a, de tout temps, occupé un rang supérieur dans la hiérarchie féodale.

Depuis de longues années, nous nous sommes appliqué à l'étude du régime seigneurial. Si nos recherches antérieures ne nous avaient conduit insensiblement à nous occuper de la seigneurie de Rohan, cette terre, à d'autres titres, eût attiré notre attention. Elle caractérise le grand domaine noble, offrant toutes les conditions d'un état en miniature, rattaché au gouvernement suzerain par le simple lien de mouvance. Les seigneurs, entourés d'une véritable cour d'officiers et de dignitaires, affectent les manières de petits souverains : ils ont une cour plénière avec juridiction sans appel, une chambre des comptes, un code particulier dont est sorti l'usement de Rohan, et un droit d'imposition incontestable.

De bonne heure, la volonté du pouvoir ducal d'abaisser les grands feudataires et de dépouiller la noblesse de si hautes prérogatives, suscita des changements importants dans cette situation ; mais, à l'origine, la Vicomté de Rohan nous apparaît pourvue de tous les organes nécessaires à une existence complète et indépendante.

C'est un tableau de cette administration du domaine et du fief que nous avons voulu tout d'abord retracer, en présentant dans ce cadre la suite des seigneurs.

La première partie, qui s'étend jusqu'à l'érection en duché (1603), est particulièrement intéressante, parce que les seigneurs, durant cette période, ont été constamment mêlés aux grands faits de l'histoire provinciale et que le fief en a subi les conséquences heureuses ou malheureuses. Dans la suite, le Rohan, grandi en dignité, mais abaissé du fait de l'éloignement des titulaires, devient une seigneurie dont la valeur se mesure au revenu. Pour être plus connue, cette phase du régime seigneurial, qui fera l'objet d'un second volume, n’en est pas moins suggestive ; sous l'effet, entre autres, d'une administration parfois peu soucieuse de ses devoirs, et d'un état de choses périmé, la transformation sociale s'opére d'une façon lente mais sûre.

De cette longue histoire de plusieurs siècles, il reste le passé d'un peuple et d'une famille ; ce passé qui semble aboli et cependant vit en nous, sur lequel s'est édifié le présent, nous pouvons nous en enorgueillir ; il a formé une race forte qui est restée inébranlable devant les drames les plus cruels.

On ne saurait contester que, par cette formation, le passé entre pour une large part dans les sentiments qui ont suscité de nos jours, dans tous les rangs, depuis l'humble tenancier jusqu'au descendant des fiers Vicomtes, ces sacrifices admirables qui ont étonné le monde et sauvé la France.

Voir   Vicomté de Rohan et ses seigneurs " L'origine de la Vicomté de Rohan (XIIème siècle)

Voir   Vicomté de Rohan et ses seigneurs " La Vicomté de Rohan au XIIIème siècle

Voir   Vicomté de Rohan et ses seigneurs " La Vicomté de Rohan au XIVème siècle

Voir   Vicomté de Rohan et ses seigneurs " La Vicomté de Rohan au XVème siècle

Voir   Vicomté de Rohan et ses seigneurs " La Vicomté de Rohan au XVIème siècle

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Voir   Bretagne " Banqueroute de Henry de Rohan-Guémené (Bretagne)

Voir   Bretagne " Le tombeau d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan

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