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ETHNOGRAPHIE DU CLOS-POULET |
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Avant l'ère chrétienne, les Celtes peuplaient une grande partie de l'Europe. Ils étaient de race aryenne comme les Grecs et les Latins. Mais tandis que ceux-ci subissaient l'influence de l'Orient, les Celtes demeuraient fidèles à leurs anciennes traditions.
Deux rameaux celtiques nous intéressent : les Gaulois et les Bretons.
Les Gaulois occupaient les territoires qui forment la France et la Belgique actuelles. Après la conquête romaine, les Gaulois se laissèrent dominer et assimiler par les vainqueurs. Un nouveau peuple, d'éducation latine, prit naissance : les Gallo-Romains.
Quand l'Empire romain s'effondra, il leur fut impossible de résister aux invasions barbares. Et le plus puissant de ces peuples envahisseurs, celui des Franks, donna son nom au pays. C'est de ce mélange de Celtes, de Romains et surtout de Francs qu'est née la France actuelle.
Les Bretons ont une origine toute différente qu'il importe de connaître.
Lors de la conquête romaine, en 57 avant Jésus-Christ, l'Armorique formait une confédération celtique. Le Clos-Poulet était habité par les Redones.
Quand Jules César eut achevé la conquête de la Gaule et de l'Armorique, il voulut aussi s'emparer de l'île de Bretagne. Les Bretons opposèrent une vive résistance. Malgré la guerre et l'occupation, ils continuèrent à vivre selon leurs traditions et à parler leur langue. Dès qu'ils le purent, ils se libérèrent du joug romain.
Mais, vers la fin du IVème siècle, ils eurent de nouveau à lutter contre des envahisseurs saxons qui s'emparèrent de toute la partie orientale de l'île. Ne voulant à aucun prix se soumettre, ils durent se retirer dans la Cambrie et le Pays de Galles. Trop nombreux, ils se sentaient à l'étroit. Beaucoup cherchèrent refuge ailleurs. La plupart se dirigèrent vers l'Armorique, où les ravages des barbares avaient beaucoup diminué la population.
Les Bretons, qui étaient de la même branche celtique que les Armoricains et toujours restés en relation avec eux, s'installèrent en Armorique sans trop de difficultés, semble-t-il. Ils l'occupèrent en totalité, sauf les territoires de Rennes et de Nantes conquis plus tard sur les Francs par les rois Nominoë et Erispoë.
Dans leur nouvelle patrie, les Bretons, loin d'être absorbés par les indigènes, leur imposèrent leurs organisations sociale, politique et religieuse. Le breton devint la langue du pays. Des noms bretons furent donnés aux différents lieux et l'ensemble du territoire fut appelé Brittania.
Les immigrations eurent lieu surtout de 450 à 550 environ. Les Bretons arrivaient en Armorique sous la conduite de chefs civils ou de chefs religieux. La plupart des immigrants étaient chrétiens. Les principaux chefs religieux qui intéressent le Clos-Poulet sont Saint Samson qui débarqua à Dol ; Saint Malo, à Aleth ; Saint Colomban, à Saint-Coulomb ; Saint Suliac, sur les bords de la Rance, près du Mont-Garrot.
Certains ont prétendu que le Clos-Poulet n'avait jamais été bretonnisé, les immigrants ne faisant que passer ou n'étant pas assez nombreux pour s'imposer. Erreur un peu grossière et facile à démentir.
Il est bien évident que les Bretons ont peuplé le Clos-Poulet et que la langue bretonne y a longtemps été parlée. Les saints et chefs qui ont transmis leurs noms à la postérité sont nombreux, et il est bien certain qu'ils ne sont pas venus seuls s'établir ici. Beaucoup de lieux portent encore un nom breton, ce qui prouve clairement l'emploi de la langue pendant longtemps. Depuis que le breton n'est plus connu dans la région, certains noms, mal compris, ont été déformés. Mais on reconnaît très bien leur origine : Cancale, autrefois Konk-Aven qui signifie Port sur la Rivière ; Carfantin, autrefois Kerfeunteun, Belle-Fontaine ; Châteauneuf, autrefois Chastel-Noë, du breton Kastell-Nevez ; Clos-Poulet, c'est le Pays d'Aleth ; Dorlet, ou Porte d'Aleth ; le Herpin, ou Her-Penn, Tête-Altière ; Lillemer, autrefois Ile Mawr, veut dire Ile-Grande ; le Minihic, de minihi, Refuge ; Mordreuc, ou Mor-Drouiz, Mer des Druides ; Routouan est le diminutif de roudou, Petit-Gué ; Saint-Coulomb, de Sant-Koulm, nom breton de Saint Colomban ; Saint-Père, pour Sant-Per, Saint-Pierre ; Saint-Ideuc, pour Sant-Iltud...
Dans le parler populaire certaines tournures rappellent bien la syntaxe bretonne.
Dans tous les pays ayant subi l'influence romaine, la langue savante et officielle fut le latin jusqu'au XVème siècle. Il en fut ainsi en Bretagne, d'où la difficulté pour savoir à quelle époque le breton a cessé d'être parlé dans le Clos-Poulet. D'après les historiens et linguistiques, il aurait subsisté jusqu'à la fin du XIIème siècle.
Le christianisme pénétra assez tôt en Armorique. Cependant il y fit peu d'adeptes au début, en particulier dans les campagnes du Clos-Poulet. Le peuple restait attaché aux superstitions et pratiques druidiques entachées du polythéisme romain.
L'évangélisation de l'Armorique fut l'oeuvre des moines bretons, qui accompagnaient les immigrants déjà convertis, mais pas toujours chrétiens exemplaires.
Les évêques bretons ignoraient le diocèse avec ses limites précises. Ils établissaient des abbayes-évêchés, aux territoires pas très délimités et parsemés de monastères et d'ermitages.
L'organisation de l'Eglise bretonne, ses moines-évêques avec leur indépendance, son clergé monastique avec règles et tonsure celtiques,... tout cela choquait les évêques francs. Ainsi s'établit, entre l'Eglise bretonne et l'Eglise franque, une séparation très nette, qui s'accentua encore par suite des hostilités continuelles qui mettaient aux prises Bretons et Francs sur les marches du pays.
Les monastères devinrent des centres religieux, intellectuels et agricoles, qui formèrent ensuite des paroisses. Chaque monastère possédait un institut où l'on enseignait les sciences religieuses et profanes. Ces écoles monastiques entretenaient une culture intellectuelle très avancée.
Pour s'attacher au pays, il faut en remuer le sol. Les moines prirent l'initiative du défrichement, de la culture et de l'élevage. Les immigrés les imitèrent et se fixèrent au pays. C'est ainsi que « nous sommes redevables à nos vieux moines de la fondation de la nation bretonne ».
Le Clos-Poulet comptait deux abbayes-évêchés : Aleth, fondé par Saint Malo ; Dol, fondé par Saint Samson ; et de nombreux monastères sous la direction d'un abbé, autour desquels les habitants se groupèrent.
Note : Le Clos Poulet se compose des communes ou anciennes communes de Saint-Malo, Saint-Servan-sur-Mer, Paramé, Saint-Coulomb, Cancale, Saint-Père-Marc-en-Poulet, Saint-Suliac, La Ville-ès-Nonais, Saint-Jouan-des-Guérets et d'une partie de celles de Saint-Méloir-des-Ondes, La Gouesnière, Bonaban et Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine. Le Clos Poulet comptait à la Révolution 11 paroisses auxquelles s'ajoutaient deux enclaves de Dol : Saint-Coulomb et Saint-Ideuc.
(Abbé Auffret).
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