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LA PAROISSE DE COMBOURG

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Origines. — Première donation de Notre-Dame aux moines de Marmoutiers. — Luttes des religieux contre les Boutier, les Le Chat et autres simoniaques. — Existence éphémère d'une paroisse à la Trinité. — Rapports entre le prieur et le recteur de Combour. — Hôpitaux. — Chapelles rurales. — Registres paroissiaux.

La petite ville de Combour s'est formée à l'ombre de son vieux château, comme beaucoup d'autres villes au moyen-âge, mais tout porte à croire que la paroisse de Combour est beaucoup plus ancienne que le château de ce nom construit au XIème siècle. Les paroisses créées autour d'un château, par l'entremise de puissants seigneur, ont toujours été d'étendue fort restreinte, parce qu'elles étaient des démembrements de paroisses plus anciennes : ainsi Bécherel distraite de Plouasne, Lohéac distraite de Guipry, Châteaugiron distraite de Noyal, etc. Combour, au contraire, a eu de tout temps un territoire considérable ; au XIème siècle ce territoire s'étendait même plus loin qu'aujourd'hui, puisqu'il renfermait Trémeheuc en 1053 [Note : Monasteriolum quod vocatur Tremahuc in parochia que vocatur Comburn. (Bibl. Nation., Blancs-Manteaux)]. D'après la tradition locale, saint Lunaire y prêcha l'évangile au VIème siècle ; on voit encore au milieu de la grand'rue de Combour la fontaine et la croix de Saint-Lunaire ; le culte de ce bienheureux est toujours en honneur dans l'église paroissiale ; on y vient vénérer sa statue et les pèlerins se lavent les yeux à sa fontaine ; une des plus anciennes et des plus importantes foires du pays se tient à Combour à l'époque de la fête de saint Lunaire [Note : Reg. paroiss. de Combour].

Sans faire remonter au VIème sièclé la paroisse de Combour, on peut au moins assurer qu'elle fut érigée antérieurement au XIème siècle. Une charte nous apprend que le duc de Bretagne Alain III, décédé en 1040, jouissait d'une portion des revenus de l'église Notre-Dame de Combour, c'est-à-dire de la moitié de ses dîmes de grains et de ses prémices [Note : D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 426]. Ce prince abandonna ses droits à Rivallon, père de Guitmond Le Chat, qui s'empressa d'en faire don aux religieux de Marmoutiers.

De son côté, Rivallon, premier seigneur de Combour, fondant en 1066 le prieuré de la Trinité, donna à moitié du pain offert, toute la cire, tous les deniers et enfin toutes les oblations faites en ladite église de Combour aux fêtes de Noël, Pâques et la Nativité de la Vierge, ainsi que le Vendredi-Saint, jour où l'on venait à Combour adorer la Croix [Note : D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 426]. Cette mention de la Nativité de Notre-Dame semble prouver que ce jour, grandement fêté à l'instar de Pâques et de Noël, devait être alors la fête patronale de la paroisse.

Mais en dotant ainsi les moines de son nouveau prieuré, Rivallon n'oublia pas le prêtre desservant l'église paroissiale de Combour ; il voulut que les Bénédictins cédassent au recteur de Combour la sixième portion de tout ce qu'il leur donnait et qu'ils lui laissassent les oblations entières présentées à l'autel pendant le saint sacrifice de la messe [Note : D. Michel, Histoire ms. de Marmoutiers, 173].

L'on voit par ce qui précède que, comme toutes les églises paroissiales de ce temps, celle de Combour se trouvait au XIème siècle entre les mains de seigneurs laïques, au moins quant à ses revenus ; nous allons voir ce triste état de choses s'accentuer encore.

A la fin de ce XIème siècle l'église de Combour était fâcheusement devenue la propriété de deux familles qui s'en partageaient les revenus : la famille des Guitmond et celle de Rivallon; parlons d'abord de la première :

Guitmond, fils de Gausbert, jouissait de la moitié de cette église : « mais parce que lui et ses pères l'avaient eue par voies simoniaques, il avoit là-dessus de terribles remords de conscience. Les plus gens de bien qu'il consulta lui conseillèrent de s'en défaire en faveur des serviteurs de Dieu, et il n'en trouva point qu'il lui parussent plus saints ni plus dignes de l'avoir que les religieux de Marmoutiers. Il leur en fit donc un don du consentement de Guillaume et de Boutier, ses fils, et de Roséine, son épouse. Guitmond et Guillaume, son fils, qui étoit déja prêtre, poussèrent les choses plus loin ; car, dégoûtés du monde, ils vinrent à Marmoutiers et supplièrent avec instance l'abbé et les religieux de leur accorder le saint habit de la religion. Mais parce que Guitmond avait encore sa femme, elle consentit à la séparation et promit de son côté de garder toute sa vie la continence. Les religieux de Marmoutiers, voyant la générosité et la piété de cette dame, lui promirent de la regarder aussi à l'avenir comme leur sœur et de lui faire tout le bien qu'ils pourroient. Ils promirent même à Boutier, son second fils, de le recevoir aussi parmi eux, s'il vouloit imiter la piété de son père et de son frère ». [Note : D. Martène, Hist. de Marmoutiers, I, 405. — D. Morice, Preuv. de l'hist. de Bret., I, 493].

L'autre famille possédant la seconde moitié de l'église de Combour avait pour chef Rivallon, père de Guitmond dit le Chat et d'Haimon. Après la mort de Rivallon, ses enfants jouirent avec leur oncle Raoul, fils d'Hervé, de leur part de l'église ; mais probablement touché de l'exemple que venaient de leur donner Guitmond et ses fils, sachant d'ailleurs que l'évêque d'Aleth voulait à tout prix faire cesser le triste état dans lequel se trouvaient trop d'églises dans son diocèse, et craignant à juste titre ses anathèmes, Raoul, Le Chat et Haimon renoncèrent aussi eux à leurs injustes prétentions sur les revenus de l'église de Combour et abandonnèrent tous leurs droits aux religieux de Marmoutiers ; Orvenne, femme de Raoul, voulut elle-même confirmer cet acte de restitution. Benoist, évêque d'Aleth, approuva toutes ces donations à Dinan, en présence de ses archidiacres, le jeudi de la première semaine de Carême, l'an 1099 [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 493].

Guitmond Le Chat exécuta sa promesse et les moines de Marmoutiers jouirent paisiblement de l'église Notre-Dame de Combour pendant plusieurs années. Mais après la mort de ce seigneur, Haimon, son fils, « eut la témérité d'enlever de dessus l'autel une oblation qui y avoir été faite, disant qu'il n'avoit point confirmé la donation de son père. Cette action sacrilège parut si impie à l'évêque qu'il l'excommunia, et cette excommunication fut aussitôt suivie d'une maladie mortelle. Alors Haimon, sentant la main de Dieu qui l'avoit frappé, lui demanda pardon avec de très grands sentiments de componction et fit reporter par son médecin le don sur le même autel d'où il l'avoit ravi. Haimon Le Chat, son oncle, qui l'avoit porté à cette violence, éprouva une punition de Dieu encore plus sensible. Etant dans le prieuré de Combour, il perdit la parole depuis neuf heures jusqu'à minuit. Cependant les religieux offrant à Dieu leurs prières pour lui, il recouvra la parole. Le premier usage qu'il fit de cette grace fut d'appeler le prieur, qui se nommoit Etienne, et ses frères. Il demanda pardon à Dieu et supplia les religieux de lui donner leur habit, ce qu'ils lui accordèrent ; en même temps il renonça à toutes ses prétentions, du consentement d'Aremburge, son épouse et de son fils Even : ceci arriva l'an 1132 » [Note : D. Martène, Hist. de Marmoutiers, I, 407].

Mais les Bénédictins n'étaient pas au bout de leur lutte contre les simoniaques.

Lorsque Guitmond, fils de Gausbert, avait le premier cédé aux moines sa moitié de l'église de Combour, une noble dame, Orvenne, femme d'Hamon, avait confirmé cette donation en livrant aux religieux les cordes des cloches de cette église [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 493]. Or cet Hamon était tout simplement le prêtre desservant l'église de Combour ; suivant un usage que les Papes s'efforçaient d'abolir, il était marié et avait trois fils, Jean dit le Moine, Hingant et Orric ; il avait aussi une fille appelée Flandrine, pour le repos de l'âme de laquelle Orvenne fit un don à l'église de Combour. Cette Flandrine mourut au château de Hédé, et Orvenne voulut qu'elle fût inhumée dans le cimetière des religieux, probablement au prieuré de Combour ; à cette occasion, Hingant, frère de la défunte, vint à Marmoutiers, confirmer la donation faite par sa mère [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 463].

Après la mort du prêtre Hamon, son fils Hingant, prêtre lui-même, continua de desservir l'église de Combour ; il finit néanmoins par reconnaître la fausseté de sa position ; il renonça entre les mains de Donoald, évêque d'Aleth, à l'administration de la paroisse et à tous ses prétendus droits sur l'église ; son frère Jean fit une semblable soumission, et, à leur prière, Donoald confia aux religieux de Marmoutiers le soin de régir la paroisse de Combour [Note : [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 463] — Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux].

Mais il y avait encore d'autres simoniaques à chasser de l'église de Combour.

Nous avons vu précédemment les Bénédictins offrir l'entrée de leur monastère à Boutier (Buterus) fils de Guitmond, lorsque ce dernier se désista de ses prétentions sur l'église Notre-Dame. Ils avaient fait davantage : ils avaient laissé la jouissance de cette église au prêtre Guillaume, frère de Boutier, à sa vie durant. Or au décès de Guillaume, loin d'imiter la conduite de son père et de son frère, Boutier rentra violemment en possession de la partie de l'église donnée par Guitmond. Frappé d'ex-communication, il résista longtemps aux instances de Donoald, évêque d'Aleth, de Geoffroy, archevêque de Dol, et de Gilduin, baron de Combour, qui le suppliaient tous de faire restitution. Cédant enfin à leurs prières, Boutier profita, en 1133, de la présence à Combour d'Odon, abbé de Marmoutiers, et de Donoald, évêque d'Aleth, et remit enfin aux moines ce qu'il leur avait pris : il fit approuver cet acte par Thomas, son fils aîné, et par ses autres enfants Simon et Gilduin, clercs. En reconnaissance, les moines accordèrent à ce Simon la jouissance durant sa vie du tiers de l'autel de l'église. De son côté, l'évêque Donoald donna le droit à l'abbé de Marmoutiers de lui présenter le chapelain chargé de desservir cette église, puis il conduisit cet abbé, du prieuré de la Trinité où ils se trouvaient, à l'église Notre-Dame et le mit en possession de ce temple en lui en faisant sonner les cloches [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I. 567 et 568].

Boutier — tige probablement de la famille de ce nom qui se distingua parmi la noblesse du pays de Combour et de Dol — était parent de Guillaume de Combour, abbé de Marmoutiers avant Odon ; il demeura fidèle à ses engagements envers les moines. Il n'en fut pas de même de son fils Thomas, que les chartes appellent Thomas Boteri, c'est-à-dire Thomas, fils de Boutier. Nous venons de voir que l’abbé Odon avait accordé au clerc Simon, second fils de Boutier, la jouissance durant sa vie du tiers de l'autel principal de l'église Notre-Dame de Combour. Il est vraisemblable que Simon mourut encore jeune, et l'on vit alors son frère aîné Thomas s'emparer de cette tierce partie des revenus de l'autel, contre toute justice, puisqu'à la mort de Simon cette portion devait tout naturellement revenir aux moines de Marmoutiers. Il paraît toutefois que Thomas ne persévéra pas trop longtemps dans sa mauvaise action, car c'est une charte de Jean de Dol, sire de Combour, qui succéda en 1137 à Gilduin, son père, qui nous fait connaître la restitution de son chevalier Thomas Boutier, « miles meus Thomas Boteri. ». Cette restitution se fit très solennellement entre les mains de Guillaume de Vitré, prieur de Combour (qu'on retrouve ailleurs en 1145) ; elle fut confirmée par les enfants de Thomas, Jean et Etiennette femme de Guillaume de Langan, et par ses neveux fils de Raoul de la Bouexière. Thomas Boutier et son fils Jean donnèrent au prieur de Combour l'investiture de ce qu'ils lui restituaient en posant un livre missel sur l'autel. Par bienveillance et en esprit de charité, Guillaume de Vitré admit Thomas et son fils au bénéfice des prières de ses religieux, leur offrit un palefroi et une belle somme d'argent, et s'engagea, enfin, à les recevoir l'un et l'autre dans son monastère s'ils voulaient un jour prendre l'habit religieux. Cet acte de restitution eut de nombreux témoins : ce fut, outre Jean de Dol, seigneur de Combour, les prieurs de Marmoutiers, de Dinan et de Fougères, et un grand nombre de laïques, tels que Thomas de Saint-Ouen, Hervé de Gahart, Garnier de Saint-Médard, Ricard de Lanrigan, Haimon de Tramel, Guégon de Riniac, Even Le Chat, etc. [Note : D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 429].

Ce nom de Riniac — un village s'appelle encore ainsi en Combour — nous rappelle qu'avant cette époque, à une année du XIème siècle qu'on ne peut déterminer, Adam de Riniac, fils d'Urvod, et Holèdre, son neveu, avaient fait don au prieuré de Combour de tout ce qu'ils prétendaient avoir de droits sur l'autel de l'église Notre-Dame de Combour [Note : Archiv. d'Ille-et-Vil., fonds de Marmoutiers].

Pour en finir avec toutes ces restitutions, qui peignent bien le singulier état dans lequel se trouvaient nos églises aux XIème et XIIème siècles, relatons encore ce fait contemporain de l'acte de Thomas Boutier.

Normand de Listré, Georges son frère et Geoffroy fils de Normand prétendaient avoir droit à la dîme de Tramel en Combour, appartenant en réalité aux Bénédictins de la Trinité ; Raoul, prieur de Marmoutiers, étant venu à Combour, ces chevaliers, frappés d'excommunication, vinrent à résipiscence et renoncèrent à leurs injustes prétentions en remettant, comme signe d'investiture, un bâton de laurier à Guillaume, prieur de Combour ; celui-ci leur donna 30 sols par esprit de charité, et le baron de Combour, Jean de Dol, s'empressa de confirmer par son sceau cet acte de restitution dont fut témoin Tual du Val [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 430].

A partir de ce milieu du XIIème siècle, l'administration de la paroisse de Combour et la jouissance des revenus de son église furent définitivement réglés : les Bénédictins du prieuré de la Trinité recueillirent les deux tiers des revenus et aumônes provenant d'oblations, confessions, mariages, prières, confréries, services de trentième et septième, etc. ; et l'autre tiers incomba au chapelain chargé de desservir l'église et présenté à l'évêque par les moines. C'est ce qu'approuva en 1172 Albert, évêque de Saint-Malo [Note : D. Morice, Preuv. de l’Hist. de Bret., I, 667].

L'ancien évêché d'Aleth avait, en effet, pris à cette époque le nom d'évêché de Saint-Malo. Combour devint une paroisse du doyenné de Bécherel [Note : L'enquête pour Jean de Dol en 1235 renferme la déposition d'un prêtre doyen de Combour, mais ce doyenné fut absorbé par celui de Bécherel], compris dans l'archidiaconé de Dinan.

Les Bénédictins du prieuré de Combour tentèrent, paraît-il, de créer une paroisse à la Trinité, mais s'ils y réussirent ce ne fut que pour peu de temps. Toutefois cette existence momentanée de deux paroisses à Combour est prouvée par ce qui suit : « Albert, évêque de Saint-Malo, étant venu à Marmoutiers en 1172, confirma le 26 mai à l'abbé Robert et à ses religieux les églises de la Trinité et de Notre-Dame de Combour, avec le droit d'en nommer et présenter les chapelains à l'évêque. Il régla ce qui devoit revenir aux chapelains et ce que les moines devoient recevoir des émoluments de ces églises. Il permit aussi aux paroissiens de la Trinité de s'adresser au chapelain de Notre-Dame et de lui répondre et obéir comme au leur propre. Nous avons d'autres lettres de l'évêque Albert, mais sans date, par lesquelles il témoigne que l'abbé Robert, à sa prière, avoit nommé chapelain de la Trinité et de Notre-Dame de Combour Rag. (peut-être Raginald) son neveu, et comme il n'étoit pas encore prêtre, et qu'il n'avoit pas assez de science, il ordonne que cependant il nommeroit un autre chapelain en sa place, approuvé par l'évêque et par le prieur de Combour, qui pourroit le faire ôter s'il se trouvoit faire quelque chose contraire aux droits des religieux » [Note : D. Martène, Hist. de Marmoutiers, H. 138 et 139].

Cet acte prouve que du temps d'Albert, évêque de Saint-Malo (1163-1184), la Trinité de Combour avait le titre d'église paroissiale, titre bien précaire, du reste, puisqu'un seul et même chapelain ou recteur pouvait la desservir avec celle de Notre-Dame; aussi cet état de choses ne dut avoir qu'une courte durée.

C'est probablement parce qu'ils voulaient faire de la Trinité une église paroissiale que les moines de Combour construisirent deux églises dans leur prieuré : l'une dédiée à la Sainte Trinité et appelée par eux la « grande église » et une seconde, moins importante, réservée à leur usage particulier, dédiée à saint Martin. A cause des trois églises de Combour, une charte de la fin du XIème siècle appelle Notre-Dame l'église-mère de Combour « ecclesia Beate Marie que est mater ecclesiarum totius Comburnii. ». Mais la paroisse de la Trinité n'ayant point subsisté longtemps, les moines firent de l'église de ce nom leur église priorale et y placèrent un autel en l'honneur de saint Martin, sans conserver la chapelle dédiée à ce saint.

Le prieur de Combour, étant le présentateur du prêtre séculier chargé de gouverner la paroisse Notre-Dame, se disait, selon l'usage du temps, recteur primitif de cette paroisse ; il traitait de chapelain ou, plus tard, de vicaire perpétuel ce prêtre desservant l'église ; pour maintenir ses droits de pasteur il avait soin de venir trois fois l’an à Notre-Dame, aux fêtes principales de la paroisse, Noël, Pâques et la Nativité de la Vierge, dire la grand'messe et officier solennellement [Note : Déclaration du prieuré de Combour en 1680].

L'abbaye de Marmoutiers faisait au recteur de Combour une pension, dite portion congrue, estimée 1,500 livres au siècle dernier (XVIIIème siècle). La presque totalité des dîmes de la paroisse était cueillie par le prieur de la Trinité.

Il se trouvait jadis à Combour un grand nombre de chapelles ; nous ne parlerons pas ici de celle du château, dont il a été déjà fait mention, ni de celles qui se trouvent dans la ville même ; nous avons également décrit la chapelle du prieuré ; il ne nous reste donc à rappeler ici que celles élevées dans la campagne, par la piété des fidèles, soit près des manoirs, soit dans les villages.

Parmi les sanctuaires de cette dernière catégorie peuvent se ranger les chapelles des hôpitaux anciens et moderne.

Combour a vu construire trois maisons hospitalières sur son territoire.

La plus ancienne fut une maladrerie ou léproserie fondée au moyen-âge, à quelque distance de leur château, par les sires de Combour. Elle fut établie dans les champs, avant 1146 [Note : Cette année-là Jean de Dol, sire de Combour, donna à l'abbaye de Saint-Sulpice-des-Bois un bourgeois nommé Herbert Chouan, avec toute sa postérité, demeurant en Combour dans un champ près la Maison des Mezeaux. (Du Paz, Hist. généal. de plus. mais. de Bret., 517)], à un quart de lieue de Combour, là, où se trouve encore le village de la Magdeleine. Cette sainte fut, en effet, la patronne de la chapelle de cet établissement. Le duc de Bretagne Jean V accorda, en 1401, une sauvegarde à Jean Taupin, chapelain de la Magdeleine de Combour [Note : Lettres de Jean V, publiées par René Blanchart, II, 75]. Ce chapelain, présenté par le baron de Combour 1, était chargé d'administrer la maison et de desservir la chapelle. Quand, au XVIème siècle, la lèpre eut disparu de nos contrées, la maladrerie n'eut plus sa raison d'être et les seigneurs de Combour créèrent plus près de leur petite ville un hôpital. Mais ils continuèrent de nommer un chapelain pour dire les messes fondées dans la chapelle Sainte-Magdeleirie. La maladrerie, du reste, semble avoir été entretenue dans ce lieu jusque vers la fin du XVIème siècle, car en 1570 Jean de Vaugérault fut encore chargé « de la chapellenie perpétuelle de la Magdeleine et de l'aumosnerie son annexe » [Note : Reg. des insinuations de l'évêché de Saint-Malo].

Mais au siècle suivant nous voyons établis assez près de la ville, au bord de l'étang de Combour, la maison de l'Hôpital et sa chapelle dédiée à saint Sébastien. En 1630, Henriette d'Orléans, marquise de Coëtquen et comtesse de Combour, confia au même titulaire, Malo Le Tourneux, les deux chapellenies de la Magdeleine et de Saint-Sébastien de Combour. Cette dame avait obtenu, de l'évêque de Saint-Malo, l'union de ces deux bénéfices à celui de son château de Combour. Aussi à partir de cette époque voyons-nous le même prêtre desservant ou faisant desservir les trois chapelles de la Magdeleine, de l'Hôpital et du château de Combour [Note : Reg. des insinuations de l'évêché de Saint-Malo] ; en 1748, il avait pour les deux premières 400 liv. de rente et ne devait que quatre messes par semaine, trois à l'Hôpital et une seulement à la Magdeleine [Note : Reg. des insinuations de l'évêché de Saint-Malo].

Cette chapelle de Sainte-Magdeleine, « indigente de réparations » dès l'an 1705, a été détruite complètement depuis. La chapelle de l'Hôpital, rebâtie et bénite en 1789, fut peu de temps après vendue nationalement ; elle vient d'être démolie.

De nos jours, en 1876, M. Delafosse, curé de Combour, a fondé un nouvel hôpital, également à une certaine distance de la ville. Sa chapelle est dédiée à saint Joseph et l'établissement charitable est tenu par des religieuses de la Providence de Saint-Brieuc.

Quelques mots maintenant des autres chapelles rurales de Combour.

Les gentilshommes que nous avons vu précédemment assez nombreux, habitant leurs manoirs disséminés autour du château de Combour, avaient, pour la plupart, construit de petits sanctuaires à côté de leurs nobles demeures. De ces chapelles une seule subsiste, entretenue maintenant, c'est Saint-Antoine du Grand Val. Elle fut bâtie et dotée de 30 livres de rente en 1714 par Antoine Morin, sieur du Planty et propriétaire du Grand Val, l'un des ancêtres de M. Pinot du Petitbois. Les autres chapelles, aujourd'hui démolies ou sécularisées, étaient celles des manoirs de la Bouteillerie, la Châsse, Chasteaux, Lespartz, la Reinaye, Trémaudan et Trémigon.

Il y avait aussi deux chapelles considérées comme frairiennes : l'une au village de Bénouin, dédiée à saint Maurice, avec pèlerinage et assemblée le 22 septembre ; — l'autre construite au village de Tramel en l'honneur de saint Michel [Note : Reg. paroiss. de Combour]. Ces deux sanctuaires n'existent plus aujourd'hui.

Nous terminerons ce chapitre par quelques extraits des anciens registres de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Combour ; quoique ces registres ne remontent pas au-delà de 1635, ils nous fourniront néanmoins bien des notions qui complèteront ce que nous avons dit des seigneurs de Combour et en particulier de la famille de Châteaubriand avant la Révolution.

Nous y voyons tout d'abord que les marquis et marquises de Coëtquen ne dédaignaient pas de tenir sur les fonts baptismaux de Combour les enfants de leurs vassaux, particulièrement ceux des officiers de leur maison. Ils aimaient aussi à faire administrer à Combour les cérémonies baptismales de leurs propres enfants ; détail de mœurs de l'époque, souvent ceux-ci étaient alors tout grands, adolescents même. Ainsi le 23 mars 1651, Malo de Coëtquen, fils d'autre Malo marquis de Coëtquen et de Françoise de la Marzelière, né et ondoyé le 3 septembre 1633, âgé par suite de plus de dix-huit ans, fut Combour « nommé et tenu sur les saints fonts par le procureur de messieurs les bourgeois de Saint-Malo et haute et puissante Henriette d'Orléans, marquise douairière de Coëtquen ; et fit les cérémonies du baptême messire Jean Roger, recteur de Combour ». — Le 21 novembre 1682, les mêmes cérémonies furent conférées à Malo-Jean de Coëtquen, fils d'Henri de Coëtquen, marquis de la Marzelière, et de Guillemette Belin, né et ondoyé le 22 janvier 1676 ; son parrain fut Malo marquis de Coëtquen et baron de Combour.

Arrivons à la famille de Châteaubriand.

Le 8 janvier 1780, les deux sœurs aînées de Châteaubriand fiancèrent solennellement dans la chapelle du château de Combour, l'une avec le comte de Marigny, l'autre avec le comte de Québriac. Trois jours après, Malo-René Sévin, recteur de Combour, vint dans ce même sanctuaire bénir ce double mariage. Voici l'acte qu'il dressa à la suite de la cérémonie :

« L'onze janvier 1780, après la proclamation unique faite canoniquement sans opposition tant en cette église (de Combour) qu'en celle de Saint-Léonard de Fougères, diocèse de Rennes, et ce en vertu des dispenses des deux autres bans accordées tant par le seigneur évêque de Rennes le 2 janvier, insinuées et controlées le même jour au greffe des insinuations ecclésiastiques dudit diocèse de Rennes, que par notre seigneur évêque de Saint-Malo, en date du 8 du présent, insinuées et controlées le même jour au greffe des insinuations ecclésiastiques dudit diocèse de Saint-Malo, haut et puissant messire François-Jean-Joseph Geffelot, chevalier, comte de Marigny, capitaine à la suite des Dragons, fils mineur de feu haut et puissant François Geffelot, en son vivant comte de Marigny, et de haute et puissante dame Jeanne de la Roche-Saint-André, comtesse de Marigny, né et domicilié de la paroisse Saint-Léonard de Fougères, diocèse de Rennes, — et haute et puissante demoiselle Marie-Anne-Françoise de Châteaubriand, fille aînée de haut et puissant messire René-Auguste de Châteaubriand, chevalier, et de haute et puissante dame Apolline-Jeanne-Suzanne de Bédée de la Bouëtardaye, comte et comtesse de Combour, seigneurs de Gaugray, Godheu, Plessix-Lespine, Boulet, Malestroit-à-Dol et autres lieux, née en la ville et paroisse de Saint-Malo et domiciliée de cette paroisse (de Combour), le tout du consentement et en présence des susdits comte et comtesses de Châteaubriand et de Marigny, et ce en vertu du décret de justice rendu au siège royal de Fougères en date du 4 du présent au rapport du sieur Le Sueur en faveur du susdit comte de Marigny mineur, ont reçu de moi soussigné recteur la bénédiction nuptiale dans la chapelle du château de Combour, témoins les soussignants » [Note : Reg. des mariages de la paroisse de Combour. (Archives municipales de Combour)].

L'acte de l'autre mariage est à peu près semblable au précédent, sauf les noms des conjoints qui sont : « Haut et puissant messire Jean-François de Québriac, chevalier, chef de nom et d'armes, comte dudit nom, seigneur de Blossac, de Halouze, de Patrion et autres lieux, fils majeur de feu haut et puissant messire Jean-François-Xavier comte de Québriac, et de haute et puissante dame Jeanne Chobé, dame comtesse de Québriac, né et domicilié de Saint- Léonard de Fougères, — et haute et puissante demoiselle Bénigne-Jeanne de Châteaubriand ».

Voici maintenant les signatures de ces deux actes de mariage : François Geffelot de Marigny — Marie-Anne-Françoise de Châteaubriand — Jean-François de Québriac — Bénigne-Jeanne de Châteaubriand ; ce sont les mariés. Voici leurs parents : René-Auguste de Châteaubriand — Jeanne de la Roche Saint-André de Marigny — Chobé de Québriac — de Bédée de Châteaubriarid. Cette dernière signature tracée d'une main un peu tremblante peint bien Mme de Châteaubriand, telle que nous l'a fait connaître son fils.

Les frères et sœurs des mariées : de Châteaubriand de Combourg — François de Châteaubriand — Julie de Châteaubriand — Lucile de Châteaubriand. La signature de Châteaubriand est nette et belle, celle de sa sœur Lucile sent l'âme rêveuse qu'avait cette jeune fille.

Des parents des divers conjoints : Geffelot de Marigny — de Châteaubriand du Plessix [Note : Frère du seigneur de Combour] — Céleste-Adelaïde de Québriac — Moreau de la Meltière — de Bédée de la Bouëtardaye fils — le comte de Bédée de la Bouëtardaye — Caroline de Bédée.

Enfin des amis voisins : François-Jean Raphaël de Montlouët de Brunes — Marie de Montiouët.

De ces derniers nous connaissons, par les Mémoires d'Outre-Tombe de Châteaubriand du Plessix et Moreau de la Meltière, oncle et cousin de Châteaubriand, et le châtelain de Montlouët en Pleine-Fougère.

Les actes de fiançailles de Mmes de Marigny et de Québriac présentent à peu près, les mêmes signatures, mais Châteaubriand, qui signa deux fois au double mariage de ses sœurs, ne signa à leurs fiançailles qu'au bas de l'acte concernant Mme de Marigny.

En 1782 eurent encore lieu dans la chapelle du château de Combour de nouvelles fiançailles, célébrées le 20 avril et suivies du mariage le 23. Ce fut l'union de « haut et puissant messire Annibal-Pierre-François de Farcy, chevalier, seigneur de Montavallon et autres lieux, capitaine au régiment de Condé-infanterie, fils majeur de feu haut et puissant Annibal-Marie-Auguste de Farcy, chevalier, et de feue haute et puissante dame Perrine-Claire Frain de la Villegontier, seigneur et dame de Montavallon, domicilié de Saint-Léonard de Fougères, — et de haute et puissante demoiselle Julie-Marie-Agathe de Châteaubriand » [Note : Reg. des mariages de la paroisse de Combour].

Au pied de cet acte le frère aîné de Châteaubriand signe : J. de Combourg et leur père : R. de Châteaubriand. Le grand écrivain ne signe pas de la même façon aux fiançailles et au mariage : dans le premier acte il signe, comme en 1780 : François de Châteaubriand ; dans le second : le chevalier de Châteaubriand.

Voilà donc cinq signatures de l'auteur des Martyrs qui rendent précieux ces registres des mariages de Combour. On y retrouve encore ailleurs les signatures de son père et de sa mère, ainsi que celles de ses sœurs. M. de Châteaubriand, sa femme et ses filles, continuant les vieilles traditions des comtes de Combour, assistaient aux mariages des officiers de leur seigneurie et tenaient sur les fonts sacrés les enfants qui provenaient de ces unions. Mais les deux fils du vieux seigneur, ayant quitté Combour, leurs noms ne paraissent plus sur les registres de la paroisse après 1782.

Châteaubriand était à Cambrai lorsque mourut son père en 1786 ; voici l'acte de la sépulture de ce dernier :

« Le corps de haut et puissant messire René-Auguste de Châteaubriand, chevalier, comte de Combourg, seigneur de Gaugré, Godheu, le Plessix-Lepine, Boulet, Malestroit-à-Dol et autres lieux, époux de haute et puissante dame Apolline-Jeanne-Suzanne de Bedée de la Bouëtardaye, dame comtesse de Combourg, âgé de 69 ans environ, mort en son château de Combourg le 6 de septembre environ les 8 heures du soir, a été inhumé le 8 dans le caveau de la dite seigneurie placé dans le chanceau de notre église de Combourg, en présence de messieurs les gentilshommes, de messieurs les officiers de la juridiction et autres notables soussignants. SIGNE : Le comte de Montlouët — du Petitbois — de Châteaudassy, le fils — Delaunay — Noury de Mauny, avocat — Morault, avocat — Petit, avocat et sénéchal Hermer, procureur — Le Bret, procureur — Robion de la Tréhonnaye — Garnier — Robiou — Cortal — Le Douarin de Trévelec, doyen de Dingé — Sévin, recteur de Combourg. Nota. Le corps dudit seigneur a été inclus dans une châsse ancienne de plomb placée dans le caveau du côté de l'évangile » [Note : Reg. des sépult. de la paroisse de Combour].

Châteaubriand a reproduit, mais incomplètement, cet acte de décès dans ses Mémoires d'Outre-Tombe. Il l'a fait suivre de celui de la mort de sa mère et a accompagné ces deux actes des réflexions terminant ce chapitre :

« Le douze prairial, an VI de la République française [Note : 31 mai 1798], dévant moi, Jacques Bourdasse, officier municipal de la commune de Saint-Servan, sont comparus Jean Baslé, jardinier, et Joseph Boulin, journalier, lesquels m'ont déclaré qu'Appolline-Jeanne-Suzanne de Bedée, veuve de René-Auguste de Châteaubriand, est décédée au domicile de la citoyenne Gouyon, situé à la Ballue, en cette commune, ce jour, à une heure après midi » [Note : Reg. des décès de la commune de Saint-Servan].

« Dans le premier extrait, l'ancienne société subsiste : M. de Châteaubriand est un haut et puissant seigneur, etc., etc. ; les témoins sont des gentilshommes et de notables bourgeois ; je rencontre parmi les signataires ce marquis de Montlouët, qui s'arrêtait l'hiver au château de Combourg, le curé Sévin, qui eut tant de peine à me croire l'auteur du Génie du Christianisme, hôtes fidèles de mon père jusqu'à sa dernière demeure. Mais mon père ne coucha pas longtemps dans son linceul : il en fut jeté hors quand on jeta la vieille France à la voirie.

Dans l'extrait mortuaire de ma mère, la terre roule sur d'autres pôles : nouveau monde, nouvelle ère ; le comput des années et les noms mêmes des mois sont changés. Madame do Châteaubriand n'est plus qu'une pauvre femme qui obite au domicile de la citoyenne Gouyon ; un jardinier et un journalier, qui ne sait pas signer, attestent seuls la mort de ma mère ; de parents et d'amis, point ; nulle pompe funèbre ; pour tout assistant, la Révolution » [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, I, 202 et 203].

(abbé Guillotin de Corson).

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