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HISTOIRE DE COMBOUR ou COMBOURG |
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PRÉLIMINAIRES.
Châteaubriand, Combour ! Voilà cieux noms associés maintenant, pour la
glorification de la petite ville dont nous voulons nous occuper.
Depuis
surtout qu'ont été publiés les Mémoires d'Outre-Tombe, le nom de Combour se
trouve plus intimement que jamais uni à celui de l'illustre auteur des Martyrs :
« C'est dans les bois de Combourg — écrit-il —que je suis devenu ce que je suis »
[Note : Mémoires d'Outre-Tombe, édit. de 1860, I, 179]. Aussi rappellerons-nous
souvent dans le cours de cette étude le souvenir de
Châteaubriand, et aimerons-nous à reproduire les pages, brillantes mais
toujours mélancoliques, qu'il a consacrées au pays de sa jeunesse.
Nous n'admettrons pas néanmoins toutes les idées du grand écrivain au sujet de l'histoire de Combour. Il se trompe certainement quand il dit que son père, « désirant rentrer dans les biens où ses ancêtres avaient passé, » et ne pouvant traiter ni pour la seigneurie de Beaufort, ni pour la baronnie de Châteaubriant [Note : Remarquons ici que le nom de la ville de Châteaubriant et celui de ses anciens barons se terminent par un t, tandis que la famille actuelle de Châteaubriand, bien qu'issue sans conteste des barons dudit lieu, écrit son nom par un d], « tourna les yeux sur Combourg, que plusieurs branches de sa famille avaient possédé par des mariages avec les Coëtquen » [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, I, 26]. A l'appui de son dire, il cite une prétendue famille de Coëtquen-Châteaubriand qui n'exista jamais et il fait la duchesse de Duras, Maclovie de Coëtquen — celle-là même qui vendit Combour à son père en 1761 — « née d'une Châteaubriand » [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, I, 26], tandis qu'elle était en réalité fille de Marie Loquet de Grandville [Note : Voy. comtesse de la Motte-Rouge, Les Dinan et leurs juveigneurs, 221]. Avant l'acquisition de Combour par le père de Châteaubriand, aucun membre de sa famille n'avait possédé cette terre.
Comme tous les poètes, Châteaubriand exagère encore quand il écrit du château de Combour : « Douze êtres vivants disparaissaient dans ce manoir, où l'on aurait à peine aperçu cent chevaliers, leurs dames, leurs écuyers, leurs varlets, les destriers et la meute du roi Dagobert » [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, I, 125]. Le château de Combour était certainement une belle forteresse, mais bien inférieure cependant à nos grands châteaux du moyen-âge tels, par exemple, que ceux de Vitré et de Fougères.
On a prétendu aussi qu'il avait inventé les noms de la rivière de la Dore et de la tour du More :
Ma sœur, te souvient-il encore - Du château que baignait la
Dore,
Et de cette tant vieille tour - Du More, - Où
l'airain sonnait le retour - Du Jour ?
Le fait est que la rivière sortant de l'étang de Combour, au pied du château de ce nom, s'appelle le Linon ; mais on nous a assuré qu'un minuscule affluent du Linon portait réellement le nom de la Dore. Quant à la tour du More, si cette dénomination vient vraiment de Châteaubriand, son génie l'a consacrée ; désormais on n'appellera point autrement la plus ancienne tour, le donjon, de Combour.
Nous ne nous arrêterons point ici à disserter sur les origines de Combour, avant la construction de son château. Cependant il est nécessaire d'en dire quelques mots.
Tout d'abord, quelle est l'étymologie du nom de Combour et comment doit-il s'écrire ? Voici l'explication assez rationnelle qu'en donnait naguère M. Moët de la Forte-Maison :
« Combourg, dit-il, est appelé en latin Combore et Combure, ou Combornium et Comburnium [Note : Voy. les chartes des XIème et XIIème siècles publiées par D. Morice et du Paz]. Quoique cette diversité de noms paraisse singulière au premier abord, elle ne présente cependant que deux leçons différentes qui ne s'excluent pas l'une l'autre ; car toutes deux ont un sens identique et signifient le Val ou la Vallée de la limite (vallis ad finem). Seulement la leçon Combore est plus ancienne que celle de Combornium, et c'est d'elle que vient le nom de Combour, devenu mal à propos Combourg. En effet, Combore vient de Comb en breton (vallis), ou de Cumba qui dans la basse latinité avait le même sens ; et de or et ore, en ancien breton bord, fin, terme (ora) ; ou de ore et orée, en langue romane bord, lisière : vieux mot encore cité dans la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie. Combornium vient également de Comb ou Cwmm (vallis), ou de Cumba ; et de bonn aussi en breton, bonna, borna et burna dans la basse latinité ; bonne et boune en roman, borne en français » [Note : Album breton, 2e série : Ille-et-Vilaine, 26].
Le nom de Combour s'explique par la situation de cette localité dans une vallée, aux limites des diocèses de Saint-Malo et de Dol, et il ne doit pas s'écrire Combourg, puisqu'il ne vient point de Comburgum, nom inconnu au moyen-âge.
Le monument le plus ancien de Combour est évidemment une allée couverte mégalithique, ou dolmen ruiné, située au Clos de la Pierre, non loin de l'ancienne maison noble de Chevrot [Note : Bezier, Inventaire des monuments mégalithiques d'Ille-et-Vilaine, 37]. C'est là qu'allait rêver Châteaubriand «« Au Nord du château (de Combour) s'étendait une lande semée de pierres druidiques : j'allais m'asseoir sur une de ces pierres au soleil couchant. La cime dorée des bois, la splendeur de la terre, l'étoile du soir scintillant à travers les nuages de rose, me ramenaient à mes songes : j'aurais voulu jouir de ce spectacle avec l'idéal objet de mes désirs » [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, I, 157].
Peut-être fût-ce sur ces pierres de Chevrot que fut conçue la première idée de Velléda, la prêtresse des Druides, si merveilleusement dépeinte dans Les Martyrs ?
Après les Celtes et les Gaulois voici les Romains à Combour : « MM. Gaultier du Mottay et Toulmouche ont fort bien décrit la voie gallo-romaine de Corseul à Jublains, qui se détachant de la grande voie de Tours à Reginea (Erquy) au-dessus de Tressaint, passait par Meillac et Combour » [Note : Kerviler, Géographie de la presqu'ile armoricaine à la fin de l'empire romain. (Mémoires de l'Association bret., classe d'archéologie, 1873, p. 118)]. Voilà cinquante ans, on retrouvait en Combour cette vieille voie « très apparente et très bien conservée » [Note : Toulmouche, Hist. archéol. de Rennes, 27]. Elle passait au Sud de la ville, à la queue de l'étang, près des mottes appelées les Vieux-Châteaux et du village actuel du Vieux-Châtel.
Combour est une localité fort ancienne, antérieure au XIème siècle, époque à laquelle fut construit son château seigneurial, mais c'est à peu près tout ce qu'on peut dire de certain sur son existence en ces temps reculés.
Voir " Les seigneurs de Combourg ".
Voir " Le comté de Combourg ".
Voir " Le château de Combourg ".
Voir " Les manoirs de Combourg ".
Voir " Le prieuré de Combourg ".
Voir " La paroisse de Combourg ".
Voir " La ville de Combourg ".
(abbé Guillotin de Corson).
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