Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE PRIEURÉ DE COMBOURG

  Retour page d'accueil       Retour page "Histoire Ville de Combour ou Combourg" 

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Fondation au XIème siècle du prieuré de Combour. — Donations nombreuses au moyen-âge. — Le monastère en 1319. — Revenus du prieuré en 1680. — Seigneurie et droits féodaux du prieuré. — Anéantissement du prieuré conventuel par les commendataires. — Eglise priorale de la Trinité.

Nous ignorons ce qui a pu induire Ogée à écrire l'assertion suivante répétée de nos jours par la plupart des auteurs parlant de Combour : « Le prieuré conventuel de la Trinité de cette ville (Combour) fut fondé l'an 1093 par Main seigneur de Combourg. Hamon, son fils, approuva et augmenta cette fondation l'an 1095. Ce prieuré fut ensuite donné à l'abbaye de Marmoutiers » [Note : Dict. de Bret., nouvelle éd., I, 194]. Tout cela est plein d'erreurs : on ne connaît point de seigneurs de Combour portant les noms de Main et d'Hamon et le prieuré de la Trinité est bien antérieur à la fin du XIème siècle.

Le P. du Paz n'est pas plus exact quand il recule jusqu'au XIIème siècle la date de fondation de ce prieuré de Combour, qu'il appelle Notre-Dame [Note : Du Paz, Hist. généal. de plusieurs maisons de Bret., 513], confondant ainsi l'église paroissiale N.-D. de Combour avec priorale de la Trinité. Enfin Châteaubriand lui-même se trompe, en disant que ce prieuré fut fondé en l'an 1149 [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, I, 67].

C'est en réalité en 1066 qu'eut lieu la fondation du prieuré de Combour en faveur des Bénédictins ; mais ces religieux avaient tenté précédemment de s'établir à Combour, et voici comment :

Pendant qu'Albert gouvernait l'abbaye de Marmoutiers (c'est-à-dire de 1034 à 1064), un certain Rivallon, — qu'il ne faut pas confondre avec le premier seigneur de Combour, mais qui fut la tige d'une famille Le Chat assez importante dans les paroisses de Combour et de Dingé — fit une donation aux religieux de saint Martin. D'après une charte publiée par du Paz, mais fâcheusement interpolée, il leur donna la moitié des revenus de l'église Notre-Dame de Combour, qui était la principale du lieu et dans le diocèse de Saint-Malo ; il y ajouta trois métairies, dont l'une située dans la paroisse de Combour et les deux autres dans celle de Saint-Ouen de la Rouairie. Conan II, qui gouverna la Bretagne de 1040 à 1066, approuva cette donation [Note : Du Paz, Hist. généal. de plusieurs maisons de Bret., 514].

L'abbé de Marmoutiers et ses moines ne purent pas immédiatement profiter de la bonne volonté que leur témoignait ce seigneur; ils en furent empêchés par les mauvaises dispositions de quelques-uns des enfants de Rivallon qui rentrèrent injustement dans la possession de leur moitié de l'église de Combour.

Voici comment fut définitivement fondé le prieuré de la Sainte-Trinité de Combour :

Du temps du bienheureux Barthélemy, abbé de Marmoutiers après Albert, Rivallon seigneur de Combour, du consentement d'Aremburge, sa femme, et de ses enfants Guillaume, Jean, Gilduin et Havoise, donna aux religieux de Marmoutiers une terre de son domaine avec une église construite, en l'honneur de la Trinité, à Combour même, dans l'espoir d'obtenir par les prières de ces moines de se rendre agréable au Seigneur. A ce don il ajouta des rentes importantes, tant pour bâtir les lieux réguliers que pour y entretenir des religieux. En faisant cette fondation, il pria l'abbé Barthélemy, qui se trouvait alors au prieuré de Beré, près de Châteaubriant, de lui envoyer quelques moines à Combour, lui laissant d'ailleurs une entière liberté, tant pour le nombre et la qualité des religieux qu'il y enverrait que pour la disposition des biens du nouvel établissement. Rivallon fit tout cela avec beaucoup de solennité à Combour ; mais, afin d'y donner plus de vigueur, il fit confirmer la fondation de son prieuré par Conan II, duc de Bretagne, qui imprima le signe de la croix sur la charte et investit lui-même l'abbé Barthélemy dans le cloître du monastère de Beré [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 425. — D. Marlène, Hist. de Marmoutiers, I, 405].

Barthélemy étant devenu abbé de Marmoutiers en 1064 et le duc Conan II étant mort à la fin de 1066, c'est nécessairement entre ces deux dates qu'il faut placer celle de la fondation du prieuré de Combour ; on croit, d'ailleurs, que Barthélemy fit le voyage de Bretagne au commencement de 1066.

Rivallon compléta sa fondation par le don qu'il fit aux religieux de Combour de l'église de Saint-Ouen de la Rouairie, au diocèse de Rennes, avec sa dîme et ses oblations. Ce don est également antérieur à la fin de l'année 1066, car Conan II, Aremburge et les enfants du seigneur de Combour l'approuvèrent avec empressement [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 426]. Vers la même époque, et toujours sous le gouvernement de l'abbé Barthélemy (1064-1084), les moines de Marmoutiers reçurent les églises paroissiales de Cuguen et de Noyal-sous-Bazouges, qu'ils unirent, pour quelque temps du moins, à leur prieuré de Combour [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 492].

Nous avons dit que Rivallon Le Chat n'avait cédé qu'une moitié des revenus de l'église Notre-Dame de Combour aux moines de Marmoutiers. Cela venait de ce que cette église était alors partagée entre deux familles. Nous avons ajouté que certains fils de Rivallon, oubliant l'exemple donné par leur père, avaient injustement repris possession de cette moitié. Cependant les évêques d'Aleth ou de Saint-Malo parvinrent, avec le temps, à déterminer tous ces simoniaques à remettre Notre-Dame de Combour aux mains des religieux de Marmoutiers, et ceux-ci, après diverses péripéties dont nous reparlerons, en demeurèrent enfin seuls maîtres.

De 1104 à 1124, l'abbaye de Marmoutiers fut gouvernée par un religieux appelé Guillaume de Combour. Fils d'Arengrin et d'Aremburge, cet abbé appartenait, selon dom Martène, à une noble famille de Combour, mais ne possédait rien de la seigneurie dudit lieu. Vers l'an 1108, Guillaume vint à Combour et y reçut de sa sœur Adelèse la terre de la Bigotière pour son prieuré de la Trinité. Cette dame se fit ensuite religieuse Marmoutiers, où se trouvait alors un couvent de femmes voisin du monastère des hommes. Adelèse avait plusieurs enfants, entre autres Tugdual, seigneur de Lanrigan, Garin de Lanrigan, religieux à Marmoutiers, et Yvedette, qui confirmèrent tous la donation de leur mère au prieuré de Combour [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 522].

Jean I de Dol, seigneur de Combour, digne héritier de Rivallon, confirma tous les dons faits au prieuré de Combour. Il y fonda lui-même dans l'église priorale, alors dédiée à la Sainte-Trinité et à saint Martin, une messe tous les samedis en l'honneur de la Vierge et une lampe ardente perpétuelle ; il voulut, en outre, qu'on augmentât de trois le nombre des pauvres que traitaient les moines le Jeudi-Saint. Guillaume de Vitré, prieur de Combour, accepta cette fondation, à laquelle acquiescèrent Innoguent, mère de Jean de Dol, et Basilie, femme de ce seigneur. Les nobles vassaux du sire de Combour, Eudes l'Espine, Thomas Boutier, Jean Le Bouteiller, Guégon de Riniac souscrivirent également à cet acte [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 454, 455].

Ce Jean de Dol, seigneur de Combour, approuva plusieurs autres donations faites aux moines de son prieuré, soit par Adam Boutier, soit par Even Eveillart [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 769 et 865]. Il confirma au prieuré de Combour un droit d'usage dans la forêt de Tanouarn que lui avait concédé son père. Son fils et successeur Gilduin continua de marcher sur les traces de ses aïeux et de favoriser le monastère de la Sainte-Trinité.

Jean II de Dol, seigneur de Combour en 1147, ne témoigna pas moins de bonne volonté aux fils de saint Benoît. Il approuva les dons que firent à Guillaume de Saint-Briac, prieur de Combour, les deux frères Jean et Robert de Herlant lorsque ceux-ci prirent l'habit religieux, recommandant bien à ce prieur de marier convenablement la fille de ce Jean de Herlant [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 779].

Jean II de Dol confirma également la donation que fit Main Chaorcin de ses dîmes du Chastellier à Boutier, prieur de Combour [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 779]. Ce furent encore des dîmes qu'abandonna vers le même temps à Eudon, prieur de Combour, Jean de Saint-Jean, sénéchal de Dol [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 781].

En 1172, Albert, évêque de Saint-Malo, offrit aux religieux de Combour l'appui de son autorité, en les confirmant dans la possession de tout ce qu'on leur avait donné, notamment de deux portions des revenus de l'église de Notre-Dame de Combour, provenant des oblations, professions, mariages, prières, confréries, services de trentième et de septième, etc., faits dans ce sanctuaire [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 454, 667, 769, 779].

Harsculfe de Soligné, devenu par sa femme Iseult de Dol seigneur de Combour, témoigna à son tour un vif intérêt au prieuré de la Trinité. A plusieurs reprises, vers la fin du. XIIème siècle, il approuva de nombreuses donations de dimes faites aux religieux de Combour, tant par Jean Ramart et Alain de la Chapelle que par d'autres seigneurs des environs [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 693 et 694].

Le duc de Bretagne Pierre Mauclerc et Alix de Bretagne, sa femme, confirmèrent par deux fois les dons faits au prieuré de Combour par Jean de Dol. Une première fois ce fut par lettres données à Vincennes près de Paris, au mois d'avril 1215 [Note : A. de la Borderie, Actes inédits des ducs de Bret. (Mémoires de la Société Archéol. d'Ille-et-Vilaine, XVII, 415)] ; la seconde fois ce fut à Combour à l'occasion suivante : Le duc et la duchesse, revenant de faire un pèlerinage au Mont Saint-Michel, en avril 1217, s'arrêtèrent au prieuré de Combour pour y entendre la messe ; elle fut célébrée par Geoffroy de Coursol, abbé démissionnaire de Marmoutiers, qui s'était retiré à Combour pour s'y préparer à la mort; quand le saint office fut terminé ce bon abbé supplia Pierre et Alix d'approuver de nouveau tous les dons faits par Jean de Dol aux religieux de Combour, ce que firent volontiers, par acte authentique, le duc et la duchesse de Bretagne [Note : A. de la Borderie, Actes inédits des ducs de Bret. (Mémoires de la Société Archéol. d'Ille-et-Vilaine, XVII, 419)].

En 1263 Julienne, dame de la Roche-Espine, et Geffroy de Montbourcher, son fils, confirmèrent à leur tour le don des dîmes du Val-Mahaut en Combour qu'avait donné Robin du Val au prieuré de la Trinité [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 990]. En 1270 est signalé un acte d'afféagement concédé par le prieur de Combour : ce religieux et ses moines cédèrent certaines terres à un chevalier nommé Guillaume Baudain, à condition qu'il leur paierait chaque année trois deniers, qu'il reconnaîtrait le prieur comme son seigneur et qu'il lui rendrait hommage et ligence [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, 1021].

Par suite de toutes les donations précédentes, le prieuré de Combour avait acquis une certaine importance ; l'abbé de Marmoutiers, Jean de Mauléon, en fit la visite en 1319.

Il le trouva occupé par six religieux [Note : En 1662 résidaient encore, comme en 1319, à Combour, six moines, dont quatre étaient prêtres. (Déclaration du prieuré de Combour du 9 décembre 1662)] : Guillaume de Vern, prieur ; Raoul Butaud, Jean de Grelet, Mathieu de Genro, Jean Beauvent et Guillaume de Rougemont. Il constata que ce monastère était bien entretenu et que les moines y menaient une vie régulière et fort édifiante. Les revenus du prieuré consistaient en ce qui suit : rentes censives, 9 livres ; — dîmes de Combour, 50 mines de blé [Note : La mine valait quatre boisseaux, d'après Dom Lobineau] ; — moulin de Combour, rapportant 20 mines de blé ;— dîmes de Saint-Ouen de la Rouairie, 35 mines de blé. Quant au domaine proche du monastère, il se composait de 16 journaux de terres labourées, 10 journaux de prairies et 3 journaux de vignes. Enfin les religieux jouissaient du patronage des églises de Combour, la Fresnaye et Lourmaie [Note : Archives d'Indre-et-Loire, fonds de Marmoutiers].

Seul des prieurés du comté de Rennes appartenant à l'abbaye de Marmoutiers, la Trinité de Combour demeura conventuel jusqu'au siècle dernier. Depuis longtemps, toutefois, ce prieuré était en commende, mais les commendataires y entretenaient la régularité.

En 1648, il était dû sur ce bénéfice 38 livres à la mense abbatiale de Marmoutiers, 48 sols aux officiers de cette abbaye et 16 livres 9 sols « aux escholiers du Collège de Paris » [Note : Pouillé de Tours en 1648].

Grâce aux générosités des seigneurs de Combour, donnant personnellement beaucoup aux religieux bénédictins établis près de leur château, et approuvant volontiers les libéralités des gentilshommes de leur mouvance, le prieuré de la Trinité prospéra durant tout le moyen-âge. Quoiqu'il eût perdu de son importance au XVIIème siècle, c'était encore à cette époque un établissement assez considérable.

Voici en quoi consistait, en 1680, le prieuré de Combour, composé alors de deux parties très distinctes : le fief du Prieuré à Combour, en l'évêché de Saint-Malo, et le fief du Prieuré en Saint-Ouen de la Rouairie, au diocèse de Rennes :

I. Fief du Prieuré en Combour.« Les églises et maison conventuelle, consistant en dortoir, cloistre, salle, réfectoire, chapitre, prison, offices, cuisines, maison abbatiale, auditoire, cellier, écurie et granges, avec leurs cours, cimetière, jardins, vignes et colombier, le tout enclos de murailles et contenant 4 journaux ; auxquelles maisons résident avec le prieur quatre religieux qui disent et célèbrent tous les jours le divin service, scavoir matines, prime, tierce, sexte, none, grande messe, vespres et complies ; » — un ancien étang et le moulin ruiné du Prieuré ; — une quantité de terres, parmi lesquelles se trouve « le champ de la Personne, proche l'église parochiale, légué depuis cent cinquante ans par le seigneur de la Chalopinaye pour avoir les prières nominales chaque dimanche en cette église, dites par le recteur primitif, qui est le sieur prieur, ou par son vicaire ; et à cause de cette prée ledit prieur doit chacun an audit seigneur de la Chalopinaye, la nuit de Noël, à l'issue de la messe de minuit, deux boudins empannés et encornaillés des deux bouts, et cirés de cire verte ; » — le four banal du Prieuré ; — « la disme du Grand moulin de Combour, des pescheries de l'estang, des coustumes et trespas ; »« le droit d'usage dans les forests de Tanouarn pour chauffage et entretien des bastiments claustraux ; » — les deux tiers des oblations du tronc de Notre-Dame en l'église de Combour ; — les droits de prééminence en l'église de la Fresnaye ; — quatre bailliages, savoir : le Grand Bailliage, en Combour ; le bailliage de la Fresnaye ; le bailliage de Piraudain et du Verger, en Saint-Léger et Marcillé-Raoul ; et le bailliage de la Pasquerie, avec four à ban, en Bazouges-la-Pérouse ; — six traits de dîmes en Combour ; — autres dîmes en Lourmaie, Québriac, Dingé, Cuguen, Noyal et Bazouges-la-Pérouse [Note : Archives Nationales, P. 1707].

Le Grand Bailliage du Prieuré en Combour, appelé aussi fief de la Trinité, avait une importance réelle ; c'était une haute justice avec un gibet « à trois paux dans le pastis de Ruel, sur le grand chemin de Rennes à Avranches » et un poteau « à ceps et collier pour attacher les blasphémateurs du saint nom de Dieu » [Note : Archives Nationales, P. 1707].

Quoique formé des libéralités des seigneurs de Combour, ce fief du Prieuré relevait directement du roi, comme fief amorti. Mais pour marque de son extraction originelle, il était chargé, au profit du baron de Combour, de redevances que nous avons déjà signalées en parlant des droits féodaux de la seigneurie de Combour ; c'était « trois barriques de vin breton et trois de vin d'Anjou » dues chaque année à trois termes ; plus « neuf chouesmes et neuf miches feuilletées en pain de froment, payables aux jours de Saint-Martin, Noël et Pasques. ». Le tout devait être rendu au château de Combour par le prieur qui était encore tenu, avons-nous dit, « de fournir de paille les prisons dudit chasteau et de la ville de Combour, tant aux basses-fosses qu'ailleurs » [Note : Déclaration de la seigneurie de Combour en 1580 et 1682. — Le prieur de Combour devait aussi douze miches de pain feuilleté et sept chopines de vin au seigneur de Saint-Mahé et quinze miches semblables au seigneur de Trémaudan].

De leur côté, les vassaux du prieuré devaient payer au prieur une rente appelée garde, et les nouveaux mariés de la paroisse de Combour étaient tenus, sous peine d'une amende de 64 sols, applicable aux pauvres du lieu, d'acquitter le devoir féodal qui suit « à cause de l'administration du sacrement de mariage en l'église de Combour (dépendant du prieuré) et de la consommation dudit mariage qu'ils font la première nuit de leurs noces, lesdits mariés doibvent, une fois seulement, le mardi de la Pentecoste, comparoistre près du tombeau de pierre élevé dans le cimetière du prieuré, à deux heures de l'après-midy, en présence des officiers dudit prieur ; et doibvent là le marié fournir et présenter audit seigneur prieur ou à ses officiers un broc de vin valant trois pintes, mesure de Combour, et une fouace qui est une espèce de pain revenant à un gasteau ; et la mariée dire à haulte voix une chanson » [Note : Archiv. Nationales, P. 1707].

Ainsi étaient requis, le mardi de la Pentecôte, tous les nouveaux mariés roturiers de Combour : ceux du bailliage seigneurial pour courir la quintaine, ceux du bailliage prioral pour fournir vin, gâteau et chanson [Note : D'après quelques aveux du XVIIème siècle, le prieur de Combour avait lui-même, comme le comte du lieu, droit de quintaine sur certains tenanciers du prieuré ; néanmoins la Déclaration de 1680, faite par ce prieur, ne mentionne point ce droit féodal].

II. Fief du Prieuré de Saint-Ouen de la Rouairie. — Dans la paroisse de ce nom avait existé, paraît-il, un petit monastère fondé par les Bénédictins de Marmoutiers et uni dans la suite à leur prieuré de Combour ; voici ce qu'il en demeurait en 1680 : « une maison autrefois conventuelle et ce qui en reste à présent servant de cellier, grange, chambre et grenier ; — une chapelle dédiée à sainte Magdeleine et à saint Nicolas, sise dans le cimetière de Saint-Ouen et attenante à l'église parochiale dudit lieu ; » — plusieurs maisons dans ledit bourg de Saint-Ouen — un pourpris contenant environ 28 journaux de terre ; — un ancien bois futaye ; — un four à ban ; — le moulin de Folleville sur la rivière de Loisance ; — la totalité des dismes de la paroisse dudit Saint-Ouen ; — enfin le droit de tenir une foire, le jour de sainte Magdeleine, audit bourg de Saint-Ouen, droit accordé au prieur en 1456 par le duc de Bretagne Pierre II, en considération de ce que « ledit prieuré avait été désolé par les guerres ».

Tous les détails qui précèdent sont extraits de la Déclaration faite au roi, en 1680, par le prieur de Combour [Note : Archiv. Nationales, P, 1707. — Archiv. d'Ille-et-Vil. 11 H, 23]. Or voici, d'après les baux de fermes finissant en 1698, ce que valait à cette époque le prieuré de la Trinité :

Produit des dunes, 5,088 liv. ; — rentes en grains, 150 liv. ; — seigneurie et juridiction, 400 liv. ; — fours banaux et moulin, 450 liv. ; — prairies, 415 liv. ; — terres en la paroisse de la Fresnaye, 460 liv. [Note : L'église et le cimetière de la Fresnaye avaient été donnés vers 1130 par Geffroy, archevêque de Dol, aux moines de Marmoutiers, qui unirent ces biens à leur prieuré de Combour] ; — terres et rentes en Saint-Ouen de la Rouairie, 1,819 liv. — Total des revenus : 8,912 liv.

Les charges ordinaires, décimes, pensions congrues, etc., montaient alors à la somme de 3,976 liv., sans comprendre les réparations, les devoirs au seigneur de Combour et au roi, les honoraires du prédicateur de Combour et des prêtres de Saint-Ouen, et le douzième des dîmes de Noyal dû aux religieux de l'abbaye de Rillé [Note : Archives d'Indre-et-Loire, fonds de Marmoutiers].

En 1728 et 1729 les deux prieurs de Combour firent des déclarations un peu moins élevées de leurs revenus respectifs : le prieur commendataire, Martin du Bellay, prétendit ne toucher que 6,030 liv. de rentes et dit avoir 4,433 liv. de charges, partant un revenu net de 1,597 liv. ; — le prieur claustral, dom Couaisnon, déclara seulement 608 liv. de rentes avec 260 liv. de charges, partant un revenu net de 348 liv. [Note : Archiv. d'Ille-et-Vilaine, Etat du diocèse de Saint-Malo].

Finissons par quelques mots sur le monastère même de Combour.

Quoique nous venions de voir ce prieuré conventuel habité encore par des religieux bénédictins en 1680 et 1728, il n'en était pas moins déjà dans un assez triste état par suite de la négligence des prieurs commendataires. Depuis longtemps la commende, en effet, s'était établie à Combour : Dom Armel de Parthenay, décédé en 1434, semble avoir été le dernier prieur régulier. Après lui vinrent les commendataires, généralement fils de grands seigneurs, évêques et dignitaires de l’Eglise, ne s'occupant guère que de toucher la meilleure part des revenus de leur prieuré. Ce furent François d'Acigné + 1509, Noël du Margat, abbé de Saint-Melaine (1516), François Hamon, évêque de Nantes + 1532, Louis d'Acigné, également évêque de Nantes + 1542, Henri de Montredon, archidiacre de Narbonne (1590), André Frémiot, archevêque de Bourges et frère de sainte Jeanne de Chantal (1626), Guillaume Le Gouverneur, évêque de Saint-Malo (1629), Guillaume Jocet, archidiacre de Porhet + 1666, Jean de la Vieuville, chevalier de Malte (1681) ; Pierre de la Vieuville, évêque de Saint-Brieuc + 1727 [Note : Archives de l'Ille-et-Vilaine, de la Loire-Inférieure et de l'Indre-et-Loire. — Registre des insinuations du diocèse de Saint-Malo].

Lorsque ce dernier prit possession en 1705 du prieuré de Combour, voici l'aspect qu'y présentaient les bâtiments claustraux : les fenêtres du réfectoire se trouvaient fermées avec des planches ; le dortoir ne contenait que « deux pauvres lits sans couettes ni matelas ; » la cuisine, dépourvue de meubles, était étançonnée ; le cloître seul demeurait en bon état. On croirait, d'après cela, que les moines n'y résidaient plus ; cependant, au contraire, nous voyons le prieur commendataire nommer, le jour même qu'il constatait cet abandon du couvent, dom François Couaisnon prieur claustral. Il n'est donc pas étonnant que le relâchement de la discipline monastique, constaté par dom Martène à Combour [Note : Histoire de Marmoutiers, II, 420], se soit introduit en ce prieuré si misérablement entretenu par les commendataires.

Cependant Mgr de la Vieuville ne fit point restaurer le monastère de Combour, car, à sa mort, Martin du Bellay, alors abbé de Saint-Melaine et plus tard évêque de Fréjus, n'obtint en commende ce prieuré qu'à la condition expresse qu'il réparerait les bâtiments tombant en ruines et qu'il en serait le dernier prieur commendataire, le bénéfice devant rentrer en règle après lui. Malgré cela, Mgr du Bellay agit comme son prédécesseur : il nomma un prieur claustral, dom Gabriel Gaillard, mais se garda bien de relever le prieuré de son misérable état. Il obtint, au contraire, un arrêt du Conseil du roi, — daté du 19 mars 1729 et enregistré seulement le 23 mai 1737 par le Parlement de Bretagne, — l'autorisant à supprimer à Combour les bâtiments réguliers tombant en ruine et par suite la conventualité ; cet arrêt s'appuyait sur un acte de l'abbaye de Marmoutiers, en date du 26 juillet 1723, reconnaissant « l'impossibilité d'entretenir désormais à Combour des religieux obédienciers » [Note : Archives du Parlement de Bretagne].

A la suite de ces décisions, l'église priorale de la Trinité fut diminuée de moitié, de façon à n'être plus qu'une chapelle ; on rasa les deux petites nefs et on raccourcit la grande nef [Note : Archives du Parlement de Bretagne] ; puis l'on congédia les derniers moines résidant encore à Combour ; ce fut la fin du monastère.

Mais Mgr l'évêque de Fréjus conserva sa commende et n'eut plus à entretenir de religieux ; et lorsqu'il mourut en 1775, cette commende fut maintenue et donnée à un vicaire général de Tours ; il se nommait François Viale de la Sépouze et fut le dernier prieur commendataire de Combour. Lui aussi continua les démolitions de son prieuré, à l'instar de son prédécesséur : trouvant la chapelle priorale trop grande, c'est-à-dire d'un entretien trop dispendieux, il en raccourcit encore la nef ; puis n'aimant pas probablement la campagne, ou préférant sa riche Touraine à notre pauvre Bretagne, il rasa la maison abbatiale de Combour qu'habitaient les prieurs commendataires quand ils venaient à la Trinité ; enfin il fit abattre tous les murs de clôture du vieux monastère. Ce digne commendataire s'était d'ailleurs fait autoriser à commettre tous ces actes de vandalisme par des lettres patentes de Louis XVI, datées du mois de février 1780 [Note : Archives du Parlement de Bretagne].

Actuellement l'ancien prieuré de la Trinité est une propriété particulière, appelée vulgairement l'Abbaye et située près du château de Combour. La maison n'offre naturellement rien d'intéressant, par suite des démolitions opérées au siècle dernier. Mais la vieille église priorale, quoique sécularisée, se présente encore assez bien, à l'ombre de quelques grands arbres. Ce n'est plus le vaste édifice primitif avec ses trois nefs, c'est une simple croix dont l'unique nef a été par deux fois raccourcie. Les ouvertures y sont en plein cintre, sauf dans le transept septentrional orné d'une grande fenêtre en double ogive et d'une porte en arc surbaissé que surmonte un écusson martelé inscrit dans un joli cartouche de style ogival fleuri. Cet écusson devait présenter le blason des seigneurs de Combour au XVème siècle. Le prieuré de la Trinité avait d'ailleurs ses armoiries propres enregistrées en 1680 : de gueules au lion d'argent [Note : Archives Nationales, Armorial général ms.].

Comme nous l'avons dit précédemment, on voyait encore en 1780, dans cette église, le tombeau et la « statue mortuaire de Rivallon, seigneur de Combour, fondateur du prieuré, couché sur le dos en armure de chevalier » [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, I, 67]. Outre ce monument funéraire des sires de Combour, il y avait aussi dans l'église de la Trinité quelques autres enfeus, entre lesquels était celui des seigneurs de Trémaudan.

(abbé Guillotin de Corson).

© Copyright - Tous droits réservés.