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LES SEIGNEURS DE COMBOURG |
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Rivallon de Combour. — Jean de Dol et sa maison. — Les sires de Malestroit. — Les marquis de Coëtquen. — Les Châteaubriand.
L'évêque de Dol eut toujours une position exceptionnelle parmi les prélats bretons ; au moyen-âge, non seulement ses prétentions à la dignité archiépiscopale l'élevaient au-dessus d'eux, mais encore sa puissance territoriale lui donnait une importance et des richesses que n'avait aucun d'eux. Il était si bien considéré comme un baron de Bretagne que, seul de nos évêques, il était tenu de fournir son contingent à l'armée ducale, c'est-à-dire dix chevaliers, autant que les sires de Goello et de Porhoët et plus que le vicomte de Rohan. Et ces chevaliers lui devaient personnellement à lui-même le service militaire lorsque l'évêque leur ordonnait de prendre les armes [Note : A. de Barthélemy, Mélanges histor. sur la Bretagne, III, 113].
Au commencement du XIème siècle et jusque vers l'an 1032, le siège épiscopal de Dol fut occupé par un des plus grands seigneurs de ce temps, l'archevêque Ginguené ou Junkène. Fils de Haimon, vicomte de Dinan, il eut quatre frères tous haut placés comme lui : le vicomte Haimon, Rivallon seigneur de Combour, Josselin seigneur de Dinan, et Salomon seigneur du Guesclin [Note : Du Paz, Hist. généal. de plusieurs maisons de Bret., 499. — Comtesse de la Motte-Rouge, Les Dinan et leurs juveigneurs, 9].
Ce puissant prélat « résolut de donner à son Eglise un protecteur laïque (comme c'était alors l'usage) tout en dotant sa propre famille. Il fit donc bâtir à quatre lieues de Dol le château de Combour qu'il donna à son frère Rivallon avec de vastes domaines, et, sous sa mouvance, douze fiefs de chevalerie (feuda XII militum) ou fiefs de haubert, nom qui désigne invariablement, surtout en ces temps antiques, des fiefs d'une étendue considérable, décorés de la haute justice. En revanche, il lui imposa et à ses successeurs l'obligation de défendre les terres et les sujets de l’Eglise de Dol, et de commander son ost (ou armée) quand besoin serait : aussi voyons-nous au XIIème siècle le sire de Combour prendre dans les chartes le titre de signifer Sancti Samsonis, « porte- enseigne de Saint-Samson, » c'est-à-dire défenseur, avoué, ou, comme on disait en d'autres pays, « vidame de l'Eglise de Dol » [Note : A. de la Borderie, Le regaire de Dol et la baronnie de Combour (Mémoires de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, 1862, p. 175)].
Le premier seigneur de Combour est donc ce Rivallon, surnommé Chèvre-Chenue ; il est vraisemblable que le territoire de Combour avait été donné à Ginguené par le duc de Bretagne Alain III, mort en 1040, qui nous est signalé ailleurs comme ayant eu des intérêts à Combour [Note : D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 426].
Rivallon de Combour épousa Aremburge, fille d'un seigneur du Puiset en Beauce, qui lui donna plusieurs enfants; Parmi ceux-ci, deux, Gilduin et Guillaume, se distinguèrent par leur piété et méritèrent d'être, après leur mort, honorés d'un culte par l'Eglise : saint Gilduin, chanoine de Dol, élu archevêque de cette ville en 1076, refusa cet honneur par humilité et mourut en l'abbaye de Saint-Père de Chartres, où de nombreux miracles illustrèrent son tombeau ; sa fête se célèbre à Rennes le 27 janvier ; — le bienheureux Guillaume devint en 1070 abbé de Saint-Florent, prit part au concile de Clermont en 1095 et mourut en odeur de sainteté le 30 mai 1118 ; il figure parmi les saints personnages d'Anjou dont l'histoire vient d'être écrite par dom Chamard.
Rivallon, sire de Combour, mourut vers 1070 et fut inhumé dans le prieuré de la Trinité qu'il avait fondé, près de son château, en faveur des religieux de Marmoutiers. On y voyait encore en 1789, dans l'église priorale, son tombeau surmonté de sa « statue mortuairé, couchée sur le dos, en armure de chevalier » [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, I, 67].
Outre saint Gilduin et le bienheureux Guillaume, Rivallon laissait un troisième fils nommé Jean, né d'une autre femme appelée Innoguen. Ce fut lui qui Hérita de la seigneurie de Combour et qui fonda vers 1076 aux portes de Dol, dans les fiefs qu'il tenait de l'archevêque, le monastère de l'Abbaye-sous-Dol. Il épousa Basilie et prit le nom de Jean de Dol — nom que conservèrent la plupart de ses descendants et que justifiaient sa possession de nombreux fiefs à Dol et la construction d'une forteresse élevée dans cette ville par Rivallon son père, malgré l'opposition de l'archevêque de Dol. Ce nom a néanmoins fait croire faussement que les sires de Combour et de Dol étaient possesseurs de la cité archiépiscopale. Il n'en était rien ; l'évêque — ou, comme on disait alors, l'archevêque — de Dol était en réalité le véritable maître de la ville ; mais il permit que le défenseur laïque de son église, le porte-enseigne de Saint-Samson, le donataire de douze grands fiefs autour de Dol, le sire de Combour, en un mot ; prît ce nom de Dol qu'adopta sa postérité.
Le successeur de Jean Ier de Dol fut son fils Gilduin, appelé tantôt Gilduin de Combour, tantôt Gilduin de Dol. Sa généalogie nous est attestée par une charte dans laquelle il confirma aux moines de Marmoutiers ce que leur avaient donné son père Jean de Dol et son aïeul Rivallon : « Notum sit quod Gilduinus de Combornio, Johannis filius dedit…. sicut pater ejus Johannes et Rivallonius avus ejus donaverant » [Note : D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 455]. Ce texte établit clairement la succesion des trois premiers seigneurs de Combour, que du Paz a singulièrement embrouillée dans son Histoire généalogique des sires de Combour [Note : Insérée dans l'Histoire généal. de plusieurs maisons de Bret., 498-535]. La puissance de Gilduin nous apparaît dans un acte où il se trouve entouré de ses barons : « Coram Gilduino et baronibus suis » [Note : D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 455] ; c'était des chevaliers et des seigneurs relevant de lui, tels que Hamon Le Chat, Tugdual de Lanrigan, Geffroy Boterel, Engelbert du Rocher, etc. [Note : D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 455].
Ce Gilduin de Combour eut, en 1137, une fin tragique sur les grèves du Mont Saint-Michel. Pendant la guerre que se faisaient alors les Bretons et les Normands, il envahit le territoire d'Avranches à la tête de cent quarante cavaliers et d'une foule assez nombreuse de gens de pied. Le succès répondit d'abord à son audace et il revenait victorieux et chargé de butin, avec ses prisonniers, lorsque la mer lui ferma le passage et le retint au rivage. « Témoin de ce revers inopiné, la population que Gilduin avait dépouillée et terrifiée avertit par ses cris les seigneurs normands. Ceux-ci accoururent bien armés et poursuivirent les agresseurs. Arrêté par les flots, Gilduin entendit s'élever derrière lui, comme une autre marée, les clameurs vengeresses d'une multitude en furie. Il se détacha alors, avec dix des plus courageux de sa bande, couverts seulement de leurs boucliers, et retourna contre les assaillants, qu'il tint quelque temps en échec ; mais, accablé par le nombre, il fut enfin renversé de cheval et massacré, avant que le reste de l'expédition eût le temps de le rejoindre. Le butin fut repris et porté en triomphe au Mont Saint-Michel. Ceux de ses compagnons qui échappèrent par la fuite eurent la douleur de porter cette triste nouvelle à leurs concitoyens » [Note : Orderic Vital, Hist. de Normandie, I, 44. — Robidou, Panorama d'un beau pays, 74].
Jean II de Dol, fils de Gilduin et de Noga, entra par suite en possession de la seigneurie de Combour et des fiefs de Dol. Comme son bisaïeul Rivallon de Combour, ce fut un grand batailleur, souvent révolté contre son suzerain le duc de Bretagne, dont la puissance ne l'intimidait pas.
Nous aurons occasion de revenir sur les faits d'armes de Rivallon et de Jean de Dol quand nous parlerons des sièges qu'eut à subir le château de Combour. Jean II prit la croix en 1141 et ne revint de Terre-Sainte qu'au bout de trois ans. Il mourut en 1162, laissant ses seigneuries à sa fille Yseult, qu'il plaça sous la tutelle de Raoul, baron de Fougères, son beau-frère [Note : Du Paz, Hist. généal. de plus. mais. de Bret., 520].
Yseult de Dol épousa Harsculfe de Soligné et lui apporta la baronnie de Combour avec les fiefs de Dol. Ils les possédaient en 1181, lorsque fut faite, par ordre d'Henri II, roi d'Angleterre, une enquête pour obtenir le recouvrement des biens de l'Eglise de Dol en partie usurpés. C'est dans cet acte que se trouve mentionnée la construction du château de Combour par Ginguené, archevêque de Dol « Gingueneus archiepiscopus dedit Ruelloni frati suo quidquid Asculfus de Solineio habet cum uxore sua in territorio Doli, scilicet feuda XII militum, et masuras quas habet in burgo. S. Marie et creditionem mille solidorum in Dolo... Castellum etiam de Comborn fecit et dedit eidem Ruelloni » [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bretagne, I, 683].
Harsculfe de Soligné et Yseult de Dol moururent en 1197 et furent inluimés dans l'abbaye de la Vieuville, dont leurs ancêtres avaient favorisé la fondation [Note : Du Paz, Hist. généal. de plus. mais. de Bret., 525]. Le sceau d'Harsculfe de Soligné porte un écu écartelé d'argent et de gueules ; ce blason, qu'adopta son fils Jean III de Dol, est demeuré celui de la baronnie de Combour. Le sceau d'Yseult de Dol présente un champ d'azur fretté d'argent, au chef cousu d'argent, et pour légende : SIGILLUM ISSADIS DOLENSIS [Note : D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bret., I, Pl. nos 9, 10, 15, 17 et 18].
Jean, fils des précédents, prit le nom de sa mère, dont il recueillit les seigneuries, et s'appela Jean III de Dol, sire de Combour. Il soutint énergiquement la cause de l'évêque de Dol maltraité par le duc de Bretagne Pierre Mauclerc et vit ce prince ravager ses terres de Combour en même temps que celles de Dol. Il fit beaucoup de bien aux monastères, notamment à l'abbaye de Montmorel en 1222 et 1240 [Note : Cartularium Montis Morelli, 188 et suiv.]. Ses successeurs à Combour furent Harscoët de Dol, Jean IV de Dol son fils, vivant en 1278, et Jean V de Dol, mentionné en 1330 [Note : Du Paz, Hist. généal. de plus. mais. de Bret., 526].
La fille unique de ce dernier seigneur, Jeanne de Dol, hérita de la baronnie de Combour et épousa, successivement : 1° Jean de Tinténiac, seigneur dudit lieu, tué en 1352 à la bataille de Mauron ; et 2° Jean de Châteaugiron, sire de Malestroit, décédé le 7 novembre 1374 [Note : Archiv. d'Ille-et-Vilaine, fonds de Laillé].
Avec Jeanne de Dol s'éteignit la famille des premiers sires de Combour. Ces seigneurs avaient certainement joué un grand rôle dans leur pays, par suite de leur position près des évêques de Dol et à cause des beaux domaines féodaux qu'ils possédaient. Mais, à part leurs démêlés avec les ducs de Bretagne dont la puissance s'affermissait lentement, on ne connaît guère d'eux que leurs aumônes envers les monastères. C'est dans les titres provenant des archives des abbayes de Marmoutiers, de Saint-Florent, de la Vieuville, etc., que se retrouvent presque à chaque page les noms des membres généreux de la famille de Dol, propriétaire de la baronnie de Combour.
De la seconde moitié du XIVème siècle au milieu du XVIème, nous allons voir Combour entre les mains d'une autre grande maison, celle dite de Malestroit. Mais cette famille possédait trop de baronnies : Malestroit, Châteaugiron, Derval, Rougé, Fougeray, etc., pour que Combourg ne perdit pas un peu de son importance première. Ses puissants barons avaient tant de châteaux à habiter, ils remplissaient de si importantes charges soit à la cour de Bretagne, soit en celle des rois de France, qu'ils ne pouvaient résider à Combour comme avaient fait les sires de Dol. Plus grands seigneur que ces derniers, ils n'eurent pas cependant en réalité la même prépondérance qu'eux dans le pays de Combour. Ils prirent à tâche d'ailleurs de se soustraire le plus possible au joug féodal des évêques de Dol : ils rendirent directement aux ducs de Bretagne, puis aux rois de France, les aveux de leur baronnie de Combour, et ne se reconnurent sujets des regaires de Dol que pour leurs fiefs aux environs de cette ville, fiefs qu'ils groupèrent en un seul grand bailliage appelé dès lors « Malestroit-à-Dol ».
De l'union de Jeanne de Dol avec le sire de Malestroit naquit Jean de Châteaugiron, dit de Malestroit, baron de Combour, qui épousa Marguerite de Quintin et mourut en 1397. Les deux fils de ce seigneur lui succédèrent, l'un après l'autre, à Combour : Jean, tué à la bataille d'Azincourt, en 1415, ne laissant qu'un enfant mort jeune, — et Geffroy, mari de Valence de Châteaugiron. Ce dernier, valeureux guérrier et capitaine de Rennes, reconstruisit son château de Combour, décéda en 1463 et fut inhumé dans l'église de Derval. Son tombeau y portait cette épitaphe : Ci gist hault et puissant Monsieur Geffroy sire de Combour, de Chasteaugiron et d'Amanlis, qui décéda le XVème jour de novembre, l'an de grace 1463. Priez Dieu pour lui [Note : Du Paz, Hist. généal. de plus. mais. de Bret., 171].
Le fils de Geffroy de Maléstroit et de Valence de Châteaugiron, Jean, prit le nom de Derval, terre qu'il fit ériger en baronnie. Il avait épousé dès 1450 Hélène de Laval ; il mourut en 1482 et sa veuve en 1500. L'un et l'autre furent inhumés en l'abbaye de la Vieuville, où leur fut élevé un magnifique mausolée portant cette inscription : Cy gisent haults et puissants Monseigneur Jean sire de Derval, Combour, de Chasteaugiron, de Rougé et de Foulgeray, qui trespassa le dernier jour du mois de may, l'an de grace M CCCC LXXXII, et Madame Hélène, sa compagne, fille du comte de Laval... laquelle trespassa le tiers jour du mois de décembre, l'an de grace M CCCCC [Note : Du Paz, Hist. généal. de plus. mais. de Bret., 173].
Ils ne laissaient point d'enfants et la seigneurie de Combour échut à la petite-nièce du baron défunt, petite-fille de sa sœur Gillette de Malestroit, vicomtesse de la Bellière ; c'était Françoise de Rieux, femme de François de Laval, sire de Montafilan. Cette dame jouit de Combour jusqu'en 1493 ; à cette époque, par transaction signée le 16 décembre, elle céda sa baronnie à sa tante Jeanne Raguenel, dame de Renac (propre nièce du dernier sire de Combour), et à la fille de celle-ci, Jeanne du Châtel, épouse de Louis de Montejean [Note : Hévin, Consultations sur la Coutume de Bretagne, 289]. Cette dernière étant venue à mourir avant sa mère, la dame de Renac, conserva seule Combour jusqu'à son propre décès, arrivé le 23 juin 1506, et ce furent alors ses petits-fils, Jacques et René de Montejean, qui en héritèrent successivement.
Jacques de Montejean décéda sans postérité le 21 décembre 1517, et son frère le maréchal René de Montejean mourut aussi sans enfants en 1539. Leur succession à Combour fut recueillie par leur sœur Anne de Montejean, femme de Jean, sire d'Acigné, mort en 1540. Une fille de ceux-ci, Philippette d'Acigné, eut en partage la baronnie de Combour et épousa en 1553 Jean, sire de Coëtquen [Note : Toutefois, d'après les Mémoires de Charles Gouyon, sire de la Moussaye, François d'Acigné, sire de Montejean et frère de Philippette, habitait Combour avec sa femme Anne de Montbourcher en 1569, année où il fut tué à la bataille de Jarnac].
La noble famille de Coëtquen devait conserver Combour pendant deux siècles.
Le nouveau seigneur de Combour, Jean de Coëtquen, fut « la plus grande illustration de sa maison » [Note : Comtesse de la Motte-Rouge, Les Dinan et leurs juveigneurs, 215]. Créé en 1575 marquis de Coëtquen, comte de Combour, vicomte d'Uzel et de Rougé, et baron de Vauruffier, fait chevalier des Ordres du roi et nommé lieutenant de Sa Majesté en Bretagne, Jean de Coëtquen se signala dans les plus célèbres combats de son temps, à Dreux, à Saint-Denis, Montcontour et autres batailles [Note : Comtesse de la Motte-Rouge, Les Dinan et leurs juveigneurs, 215]. Il décéda à son château de Vauruffier le 29 juin 1604, et Philippette d'Acigné, sa veuve, le suivit au tombeau en 1615 ; l'un et l'autre furent inhumés au chanceau de l'église des Dominicains de Dinan, dans l'enfeu de Coëtquen.
Leur fils unique, Jean de Coëtquen, qu'on appelait le comte de Combour, décéda avant eux ; il avait épousé en 1578 Renée de Rohan, fille du prince de Guémené. Il combattit à Loudéac, où commandait son père, en avril 1591, et y fut laissé pour mort sur le champ de bataille ; mais contrairement à ce qu'a écrit D. Morice, il ne succomba pas, se rétablit même de ses blessures et ne mourut que onze ans plus. tard, le 29 juillet 1602, au château de Combour [Note : Abbé Paris-Jallobert, Registre paroissial de Saint-Meloir-des-Ondes, 11].
Louis, marquis de Coëtquen, fils du précédent, succéda, en 1604 à son grand-père défunt. Gouverneur de Saint-Malo, comme était ce dernier, il épousa en 1609 Henriette d’orléans, fille du marquis de Rothelin, qui lui donna un fils baptisé à Saint-Malo, le 11 juillet 1611, par l'évêque du lieu, et nommé Malo par la Communauté de ville et Renée de Rohan, son aïeule [Note : Archiv. de Saint-Malo, G, G, 15]. Le marquis de Coëtquen fut tué au siège de la Rochelle, le 6 octobre 1628 ; il laissait deux fils, Malo et Hercule ; ce dernier, qualifié comte de Combour, mourut en 1649 sans avoir contracté d'alliance [Note : Comtesse de la Motte-Rouge, Les Dinan et leurs juveigneurs, 218].
Malo Ier, marquis de Coëtquen et comte de Combour, gouverneur de Saint-Malo et gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, né en 1611, avait épousé en 1631 Françoise de la Marzelière, fille du marquis de la Marzelière. Cette union ne fut pas toujours heureuse, comme le prouvent deux lettres de la reine Anne d'Autriche adressées au marquis de Coëtquen pour le rappeler à de meilleurs sentiments envers sa femme [Note : Ces lettres, extraites des Archiv. d'Ille-et-Vilaine, fonds de Laillé, ont été publiées par M. Orain]. La reine affectionnait Françoise de la Marzelière; aussi fut-ce près de cette dame que la célèbre duchesse de Chevreuse [Note : Marie de Rohan, mariée en 1622 à Claude de Lorraine, duc de Chevreuse], l'intime amie d'Anne d'Autriche, chercha un refuge au château de Combour à la suite des troubles de la Fronde [Note : Voy. Cousin, Etudes sur Mme de Chevreuse].
La marquise de Coëtquen consacra d'ailleurs une grande partie de sa vie en bonnes œuvres, notamment à Saint-Malo. Devenue veuve au mois d'août 1674, elle mourut elle-même le 14 juillet 1677.
Son fils aîné Malo II, marquis de Coëtquen et seigneur de Combourg [Note : Ce seigneur avait un frère, Louis-Hercule de Coëtquen, qualifié comte de Combour et marquis de la Marzelière, quoiqu'il ne possédât ni ce comté, ni ce marquisat], gouverneur de Saint-Malo et lieutenant général en Bretagne, avait épousé en 1662 Marguerite de Rohan-Chabot, fille du duc de Rohan. Célèbre par la passion qu'elle inspira à Turenne, cette dame de Combour a laissé son nom dans les Mémoires du temps : « C'étoit une femme d'esprit, dit Saint-Simon, de fort grande mine, avec de la beauté, qui avoit fait du bruit ; le roi la consideroit ; elle étoit faite pour la cour et pour le grand monde, où elle figura longtemps » [Note : Saint-Simon, Mémoires, XI, 300 et 301]. Néanmoins ayant perdu, le 24 avril 1679, son mari, décédé à Paris, « aux grands et incompréhensibles regrets de tous ses pauvres subjects » [Note : Reg. des sépultures de la paroisse de Combour], la marquise de Coëtquen se retira dans ses terres en Bretagne, où elle ne mourut qu'en 1720.
Malo-Auguste, fils des précédents, marquis de Coëtquen et comte de Combour, épousa : 1° en 1696 Marie-Charlotte de Noailles, fille du duc de Noailles ; 2° en 1723 Marie Loquet de Grandville, fille du général des finances en Bretagne. Lieutenant général des années du roi, ce seigneur de Combour se trouva dans la plupart des actions de guerre de son temps et s'illustra par sa défense de la ville de Lille. Il eut une jambe emportée à Malplaquet et décéda au château de Combour, le 1er juillet 1727. Son corps fut solennellement conduit par les prêtres de Combour au couvent des Jacobins de Dinan, où il fut inhumé dans l'enfeu de ses ancêtres [Note : Reg. des sépultures de la paroisse de Combour].
Ce marquis de Coëtquen avait eu de son premier mariage un fils, Jules-Malo de Coëtquen, comte de Combour, et mort peu de temps avant lui, le 13 janvier 1727, âgé de vingt-huit ans, laissant veuve Marie-Charlotte de Nicolay, qu'il avait épousée le 29 octobre 1721. De cette union étaient nés deux enfants, Augustine et Malo-François de Coêtquen, naturellement mineurs en 1727. De son second mariage le marquis de Coëtquen laissait une fille, Anonyme de Coëtquen, nommée plus tard Louise-Françoise-Maclovie.
Malo-François de Coëtquen mourut, paraît-il, très jeune, avant 1734, car à cette époque le comté de Combour se trouvait en indivis aux mains de Mlle de Coëtquen (Louise-Françoise-Maclovie) et de sa nièce, Mlle de Combour (Augustine de Coëtquen) [Note : Arch. d'Ille-et-Vil., C, 2157]. L'une et l'autre ne tardèrent pas à se marier : Mlle de Combour, la première, en 1735, avec Charles, duc de Rochechouart ; Mlle de Coëtquen un peu plus tard, en 1739, avec Emmanuel de Durfort, duc de Duras.
Soit par suite d'arrangements de famille, soit en conséquence du décès d'Augustine de Coëtquen, morlie dès 1746 [Note : Devenue veuve du duc de Rochechouart en 1743, cette dame s'était remariée en 1744 à Louis de Lorraine, comte de Brienne], le comté de Combour demeura en entier à la duchesse de Duras. Mais son mari et elle le vendirent, par contrat du 3 mai 1761, René-Auguste de Châteaubriand et à Apolline de Bédée sa femme [Note : Mémoires d'Outre-Tombe, Appendice].
M. de Châteaubriand acheta en même temps la seigneurie de Boulet, en la paroisse de Feins, seigneurie qui, sans être unie à celle de Combour, appartenait dès 1430 aux barons de ce nom ; il acquit aussi, conjointement avec M. de Montbourcher, la baronnie d'Aubigné, dont il ne conserva que les fiefs relevant de Combour.
René-Auguste de Châteaubriand appartenait à une branche cadette des sires de Châteaubriand-Beaufort, puînés eux-mêmes des puissants barons de Châteaubriant [Note : Briand de Châteaubriant, fils cadet de Geoffroy V, baron de Châteaubriant, épousa vers la fin du XIIIème siècle Jeanne de Beaufort, dame dudit lieu en Plerguer. Ce fut la tige des sires de Châteaubriand-Beaufort]. De son union avec Apolline de Bédée, fille du seigneur de la Bouëtardaye, il eut deux garçons : Jean-Baptiste-Auguste et François-René, et quatre filles qui devinrent Mmes de Marigny, de Québriac, de Farcy et de Caud. Il mourut, frappé d'apoplexie, au château de Combour, le 6 septembre 1786, âgé de soixante-neuf ans, et fut inhumé le 8 dans le chanceau de l'église paroissiale. Sa veuve décéda à la Ballue, en Saint-Servan, le 31 mai 1798.
Des deux fils que laissait M. de Châteaubriand, le plus célèbre fut le cadet, qu'on appelait dans sa jeunesse le Chevalier. François-René de Châteaubriand est l'immortel auteur du Génie du Christianisme et des Martyrs, et, comme nous le verrons bientôt, tout Combour est plein de son souvenir.
Son frère aîné, Jean-Baptiste-Auguste de Châteaubriand, qui du vivant de son père se faisait appeler M. de Combour et signait même Jean de Combour, devenu en 1786 possesseur de la seigneurie de ce nom, fut le dernier comte de Combour. Reçu en 1779 conseiller au Parlement de Bretagne, il ne tarda pas à se fixer à Paris et épousa en 1787 Thérèse Le Pelletier de Rosambo. L'un et l'autre périrent victimes de la Révolution : saisis dans la capitale et condamnés à mort, ils furent exécutés le 3 floréal an II (22 avril 1794); M. de Châteaubriand avait trente-quatre ans et sa femme vingt-trois ans seulement [Note : Bulletin de Rennes, XXII, 192].
(abbé Guillotin de Corson).
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