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COMMANDERIE DES BIAIS

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Ordre Templiers et Hospitaliers en Bretagne

Commanderie des Biais

Ordre Hospitaliers et Templiers en Bretagne

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Outre la commanderie de Nantes, le comté nantais renfermait encore deux autres établissements de Templiers qui devinrent aussi des commanderies : c'était le Temple des Biais et le Temple de Clisson. Toutefois, ces deux maisons, ayant eu chacune à l'origine sa propre administration, furent durant les XIVème et XVème siècles annexés à des commanderies étrangères à la Bretagne. Elles perdirent dès lors beaucoup de leur importance primitive. 

Voir aussi Histoire de France et de Bretagne : ordres de chevalerie,chevalerie,ordres militaires,ordres religieux "Les commandeurs de la commanderie des Biais"  (cliquer)

Commanderie ou Temple des Biais

en Bretagne

(abbé Guillotin de Corson – 1906)

 

armoirie de Bretagne 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Templerie des Biais

   

   Dans la paroisse de Saint-Père-en-Retz (Loire-Atlantique) se trouve une maison de ferme, qu'accompagnait naguère une vieille chapelle, portant le nom des Biais ; c'était au Moyen Âge le chef-lieu d'une commanderie de Templiers. Le Temple des Biais (nota : pendant des siècles on a appelé cette maison tantôt les Biers, tantôt les Biais : Bihaers, ou Biers en 1207, 1406, 1470 et 1679 ; Biays ou Biais en 1438, 1510, 1686 et 1790. Actuellement l'usage d'écrire et prononcer les Biais semble prévaloir) fut fondé « au bord d'un grand chemin fort ancien allant de Vue à Saint-Père-en-Retz », à une demi-lieue environ de ce dernier bourg. « Une certaine quantité de tuiles et de briques romaines », trouvée aux Biais, témoigne de l'antiquité du lieu (Bizeul, De Rezay et du pays de Rais – Revue des provinces de l'Ouest, IV, 731). 

   Les Templiers s'établirent de très bonne heure dans le pays de Retz. Le fondateur et premier Grand Maître de l'Ordre, Hugues de Payns, recueillit vers l'an 1130 les libéralités des seigneurs de cette contrée : Garsire sire de Rays et seigneur de Machecoul, de concert avec Béatrice sa femme et Harscoët son fils, lui donna la rente de 45 sols sur ses moulins de Pornic et de 20 sols sur sa terre de Bouin ; de son côté Pierre sire de la Garnache lui concéda « deux marcs d'argent sur le port de Beauvoir » ; enfin Brient de Commequiers et ses frères y joignirent le don du bois de la Croix-Taniam. Tous ces seigneurs complétèrent leur aumône en léguant après leurs décès leurs chevaux et leurs armes aux vaillants chevaliers du Temple (Introduction au Cartulaire de Coudrie – Archives du Poitou, II, 153). 

   On croit que ces donations firent naître la commanderie du Temple de Coudrie, fondée à cette époque dans la paroisse de Coudrie en Vendée [nota : à la fin du XIXème siècle, Coudrie n'est plus qu'un hameau de la commune de Challans, chef-lieu de canton en l'arrondissement des Sables-d'Olonne (Vendée). Dans son Dictionnaire historique et géographique de Bretagne (nouvelle édition, II, 849), Ogée a écrit cette phrase grosse d'erreurs : On voyait en 1430, dans la paroisse de Saint-Père-en-Retz, la maison des Hospitalières en Saint-Père-en-Retz ; il s’agit ici de la commanderie des Biais, que revendiquaient alors les Hospitaliers de Coudrie près Challans], mais sur la limite du Comté nantais. Nous aurons l'occasion de parler souvent de cette commanderie à laquelle fut unie en 1438 celle du Temple des Biais. 

   Le nom de ce dernier établissement apparaît pour la première fois dans une charte de 1207 ; toutefois la maison des Biais était certainement plus ancienne. L'acte en question est un accord conclu entre les Templiers de Coudrie et Harscoët sire de Retz au sujet d'une chaussée à Pornic ; or, on y voit aussi que ce seigneur avait violenté les chevaliers du Temple au sujet de la foire des Biais nundinas domus des Bierz, se tenant audit lieu le dimanche avant l'Ascension, foire que les Templiers affirmaient leur avoir été concédée par la duchesse Constance de Bretagne. Le sire de Rays, revenu à de meilleurs sentiments, promit de ne plus s'opposer désormais à la paisible jouissance de cette foire par les chevaliers (Cartulaire de Coudrie – Archives du Poitou, II, 173). 

   Cet acte est important pour les Biais, car s'il témoigne d'une part de l'existence déjà ancienne de la maison des Biais, il semble indiquer d'autre part que les Templiers de Coudrie étaient maîtres de cet établissement, puisque la foire des Biais leur appartenait. Il n'existait donc pas alors de commanderie proprement dite des Biais et la maison de ce nom n'a dû être érigée que plus tard en titre de préceptorerie. Néanmoins la charte prouve que la fondation des Biais remontait au XIIème siècle : d'après la tradition - rappelée souvent d'ailleurs dans les aveux rendus par les commandeurs - c'était un acte de générosité des ducs de Bretagne eux-mêmes : aussi les Biais relevaient-ils directement de la vicomté ducale de Loyaux.

   Bernard et Raoul de Machecoul firent au début du XIIIème siècle de nouvelles donations en faveur des Templiers ; en 1211, le premier de ces seigneurs confirma frère Martin, alors précepteur de Coudrie, dans la possession de tous les biens qu'avait reçus son ordre dans l'étendue de la seigneurie de Machecoul (Cartulaire de Coudrie – Archives du Poitou, II, 177). 

   Vers la même époque, Clément, chantre de Nantes, Jean Acelin, chanoine de la même église, Aimeric, prieur de Pirmil et Rinilphe, doyen de Clisson, mirent fin à une contestation élevée entre les Templiers et Stéphanie, veuve d'Harscoët de Rays, au sujet du douaire de cette dame en la paroisse de Couëron ; de cet accord furent témoins Martin, précepteur de Coudrie et ses frères du Temple, Geoffroy et Guy, l'abbé de Pornic, le prieur de la Meilleraye-de-Bretagne et plusieurs autres (Cartulaire de sires de Rays, II, 20 et 21). 

   Un peu plus tard, en 1225, Girard des Brières, précepteur du Temple en Aquitaine, du consentement de frère Etienne, précepteur de Coudrie, transigea avec Garsire sire de Retz. Ce dernier, après avoir contesté aux Templiers le droit de rebâtir une maison sur la chaussée des moulins de Pornic, consentit enfin à cette reconstruction, pourvu que les chevaliers ne dépassasent pas l'emplacement et la hauteur de l'ancien édifice et n'y logeassent aucun individu, vendant ou achetant comme font les regrattiers, eux-mêmes ne pouvant y faire vendre que le produit de leurs terres (Cartulaire des sires de Rays, II, 732). 

   Raoul sire de Retz et Savagie, sa femme, donnèrent avant de mourir la terre du Plessix-Raffray aux Templiers. Néanmoins leur fille et héritière, Eustachie de Retz, d'accord avec son mari Girard Chabot, non seulement ne leur délivra point ce legs, mais encore enleva aux vassaux du Temple, habitant Bourgneuf-en-Retz, divers objets estimés valoir plus de quarante livres, somme considérable à cette époque. En 1252, Foulques de Saint-Michel, précepteur des Templiers d'Aquitaine, réclama justice et obtint de Girard Chabot et de sa femme, la promesse de s'en remettre à l'arbitrage de l'abbé de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers. Deux ans plus tard, Jean, évêque de Poitiers, promulgua la sentence portée par cet arbitre et qu'accepta Hugues Grisart, alors précepteur du Temple d'Aquitaine : Girard Chabot et Eustachie de Retz furent condamnés à rembourser quarante livres aux hommes du Temple à Bourgneuf-en-Retz et à payer six livres au précepteur d'Aquitaine, en présence du précepteur de Lande Blanche, pour le revenu du Plessix-Raffray pendant une année, plus à livrer à Hugues Grisart la terre du Plessix-Raffray ou, en échange, la somme de cent livres (Cartulaire de sires de Rays, I, 8 et II, 155).

   Quand l'Ordre du Temple fut solennellement aboli en 1312, le biens qu'avaient les Templiers dans le pays de Retz échurent, pour la plupart, aux Hospitaliers qui devinrent propriétaires de Coudrie comme des Biais. 

   S'il n'est pas certain que les Templiers aient érigé en préceptorerie ou commanderie leur maison des Biais, il est positif au moins que les Hospitaliers lui accordèrent ce titre ; mais ils ne purent lui donner en même temps assez d'importance pour qu'elle le portât longtemps convenablement. Il en résulta la nécessité, un siècle plus tard, de songer à l'annexion des Biais à une autre commanderie. 

   Deux commandeurs revendiquèrent les Biais : celui de Coudrie dont les prédécesseurs semblent en avoir joui à l'origine, et celui de Nantes qui avait, comme on l'a vu, beaucoup de biens dans le pays de Retz. Le duc de Bretagne Jean V désirait cette annexion des Biais à la commanderie de Nantes ; c'est ce que prouvent les lettres de ce prince, prenant sous sa sauvegarde, le 19 juin 1438, la commanderie de Nantes et « spécialement l'hostel des Biays, annexe de ladite commanderie ». Il existe aussi, une Complainte du commandeur de Nantes, datée du 27 novembre 1438, contre l'annexion des Biais à la commanderie de Coudrie (Archives de la Vienne, 3 H, 427 et 541). On examina à Rhodes les raisons de l'un et de l'autre des commandeurs et en 1438, le grand maître des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem porta une sentence suprême annexant la commanderie des Biais à celle de Coudrie. Cette décision fut confirmée le 26 novembre 1440, par une seconde sentence du Chapitre général de l'Ordre tenu à Rhodes (Archives de la Vienne, 3 H, 427). 

   Le Temple des Biais - appelé plus souvent dès lors l'Hôpital des Biais - n'eut plus ensuite d'existence propre et demeura jusqu'à la Révolution une dépendance de Coudrie. 

   Quant à cette dernière commanderie, elle souffrit beaucoup des guerres de la Ligue. Vers 1584 son manoir et ses archives furent brûlés par les Huguenots, malgré la sauvegarde qu'avait donnée Françoise de Rohan, dame de la Garnache, au commandeur tenant d'elle le temporel de son bénéfice (Revue des provinces de l'Ouest, II, 732). Reconstruite par les chevaliers de Malte, cette maison de Coudrie fut de nouveau pillée et dévastée en 1793, son fermier Joseph Thomazeau périt même sur l'échafaud révolutionnaire ; depuis ses bâtiments ont été démolis et ses belles futaies abattues (Revue des provinces de l'Ouest, II, 83). 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Templerie des Biais

   Comme toutes les commanderies des Ordres religieux-militaires, celle des Biais avait quelque chose dans un assez grand nombre de paroisses appartenant toutes au diocèse de Nantes. Nous parlerons plus loin de son domaine proche ; disons dès maintenant que sa haute juridiction relevait directement du duc, puis du roi, par leur cour de Loyaux. Elle s'exerçait encore en 1778, à Saint-Père-en-Retz, et s'étendait en vingt-quatre paroisses, savoir : Saint-Père-en-Retz, Arthon, Bourgneuf, Bouin, Chauvé, Fresnay (possédant encore le village de l'Hôpitau), Frossay, la Limouzinière, les Moutiers-en-Retz, Machecoul, Pornic, Port-Saint-Père, Prigny, Saint-Brévin, Saint-Jean de Corcoué, Saint-Hilaire de Chaléons (où se trouve aujourd'hui le village du Temple), Saint-Philbert de Grandlieu, Sainte-Opportune, Sainte-Marie, Saint-Mesme (comprenant en 1420 le fief du Temple), Saint-Viau, Touvois, Vue et Vieillevigne (Archives de la Vienne, 3 H, 421). 

   Etaient « tous les teneurs, vassaux, mansionnaires et estagers des fiefs de ladite commanderie des Biers obligés de tenir sur leurs logis une croix pour marque de ladite juridiction » (Déclaration de la commanderie des Biers en 1679 – Archives de la Loire-Inférieure, Réformation du Domaine, Nantes, 5ème registre 239). Moyennant cette croix, ils jouissaient de tous les privilèges accordés aux tenanciers de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem ; ils s'exemptaient même ainsi de l'onéreux devoir de « neume » envers les recteurs de leurs paroisses, payant seulement à ceux-ci « le nombre de treize doubles de Bretagne » et à leur seigneur le commandeur des Biais « la seconde et meilleure robe du décédé ou bien cinq sols monnoie » (Déclaration de la commanderie des Biers en 1679 – Archives de la Loire-Inférieure, Réformation du Domaine, Nantes, 5ème registre 239). 

   Les rentes payées au commandeur des Biais par ses sujets consistaient en argent, blé, avoine et seigle, en cire et chapons, et en dîmes de grains, d'agneaux et de lins (Déclaration de la commanderie des Biers en 1679 – Archives de la Loire-Inférieure, Réformation du Domaine, Nantes, 5ème registre 239). 

   Le commandeur pouvait exercer également son droit de faire, une fois l'an, les nouveaux mariés de la paroisse de Saint-Père-en-Retz lutter d'adresse en courant et frappant la quintaine. Il avait aussi un droit de bouteillage perçu à la foire de l'Ascension et à l'assemblée du mardi de Pâques : ce bouteillage consistait à prélever « quatre pots de vin par chacune pipe » le jour de la foire et « deux pots » seulement le jour de l'assemblée (Déclaration de la commanderie des Biers en 1679 – Archives de la Loire-Inférieure, Réformation du Domaine, Nantes, 5ème registre 239). Nous reparlerons de cette assemblée du mardi de Pâques, disons ici seulement un mot de la foire de l'Ascension. 

   Cette foire des Biais avait été concédée aux Templiers, à la fin du XIIème siècle, par la duchesse Constance de Bretagne et fixée au dimanche précédant l'Ascension. Environ deux cents ans plus tard le duc de Bretagne Jean V reçut « la supplicacion et humble requeste de religieux et honeste frère Girard de Foulgereules, prieur d'Aquitaine et commandeur de l'Hospital des Bihaers », rappelant que cette maison avait été fondée par les ducs de Bretagne, ses prédécesseurs, et qu'il était coutume de tenir « audit lieu des Bihaers une foire, par chacun an, le jour du dimanche que l'on chante en sainte Eglise Vocem jocunditatis (5ème dimanche après Pâques) ; à laquelle foire souloient et avoient accoustumé venir et se assembler plusieurs marchands du païs de Poitou et des marchés d'environ, lesquels se veulent à présent delesser et se abstenir doresenavant de plus aller ne fréquenter ès foires et marchés au jour du dimanche ». En conséquence pour prévenir la ruine de sa foire des Biais, le commandeur demande au prince de la tenir non plus un dimanche, mais le jeudi précédant le cinquième dimanche après Pâques. Jean V accueillit favorablement cette requête et par lettres écrites à Nantes, le 28 avril 1406, il transféra la foire des Biais suivant le désir du commandeur Girard de Fougereules (lettres du duc Jean V, I, 92) ; depuis lors et jusqu'à la Révolution, la foire des Biais se tint « le jeudy après le dimanche de Cantate » (4ème dimanche après Pâques). 

   Parlons maintenant du domaine des Biais ; voici ce qu'il comprenait au XVIIème siècle. « La maison, commanderie et seigneurie des Biers consiste en une chapelle couverte d'ardoises, une maison y joignant composée d'une chambre basse et une chambre haulte au dessus, deux autres chambres haulte et basse joignant ledit corps de logix, deux autres chambres basses servant l'une de cellier, l'autre d'escurie, et deux autres logements couverts de tuiles, le tout se joignant, avec un jardin au derrière et un petit pastureau, le tout contenant 5 boisselées de terre ». Autour s'élevaient des bois et s'étendaient des terres labourées, des vignes et des prairies, « le tout contigu et clos de fossés, contenant ensemble 341 boisselées » (Déclaration de la commanderie des Biers en 1679). 

   Le commandeur des Biais avait, en outre, quelques autres terres, telles que : en Saint-Père-en-Retz, la pièce du Champ de foire et un ancien bois taillis, le tout renfermant 176 boisselées ; en Chauvé, les terres de la Noue et du Bois des Biers (Le Bois des Biers, ou le Temple en Chauvé, fut vendu 3 450 livres en 1793) ; en Frossay, les prairies du Temple, les grands et petits prés des Biers ; en les Moutiers, près le village des Sables, « quarante huit aires de marais salants » (Déclaration de la commanderie des Biers en 1679). 

   Enfin le même commandeur levait certaines petites rentes sur la maison du Temple en Saint-Mesme et sur une autre habitation au bourg de Chauvé ; le propriétaire de celle-ci était tenu de lui présenter chaque année, le jour de Noël, « deux sols entre la messe du point du jour et la grande messe parochiale » (Archives de la Vienne, 3 H, 421). 

   Les chevaliers dont nous nous occupons avaient également à l'origine des biens à Bourgneuf-en-Retz, à Pornic et à Machecoul, mais nous ignorons si ces immeubles faisaient partie de la commanderie des Biais ou de celle de Coudrie. A Bourgneuf on signalait dès le XIIème siècle, le Val des Templiers, et plus tard dans la ville même la rue des Templiers ; il s'y trouvait également, mais hors la ville, sur le côteau regardant la mer, un village et un moulin de l'Hôpitau ; à Pornic s'élevait au bord de l'océan la maison du Temple, rebâtie en 1225 et dont nous avons parlé ; à Machecoul apparaissaient près de la ville la maison de Jérusalem et le moulin du Sépulcre, et à une lieue dans la campagne le village de l'Hôpitau et le fief du même nom s'étendant en la paroisse de la Trinité (René Blanchard, Introduction au Cartulaire des sires de Rais, XXXVIII). 

   Au moment de la Révolution, les fermiers généraux de Coudrie, Joseph Thomazeau et Pierre Cormier, affermèrent le 19 mai 1791, à François Lecomte les maisons et terres de la commanderie des Biais, moyennant 2 250 livres (Archives de la Loire-Inférieure, H, 461). Or il faut remarquer que l'Assemblée Nationale venait de supprimer les rentes féodales et les dîmes ; aussi le prix de cet affermage ne représente-t-il qu'une partie du revenu plus important de la commanderie des Biais avant 1789. 

   Lorsque Napoléon supprima en France l'Ordre de Malte, il donna à la Légion d'honneur tout ou partie des biens des vaillants chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. C'est comme propriété de la Légion d'honneur que fut estimée en 1809 la terre des Biais en Saint-Père-en-Retz et Frossay ; on évalua alors son revenu 2 259 francs, représentant un capital de 45 180 francs (Archives de la Loire-Inférieure, 14 Q, 1848). 

   Ces chiffres donnent à croire que sous le régime féodal, avant 1789, le revenu de la commanderie des Biais devait être d'environ 3 000 livres. 

   Le logis des Biais était simple, plutôt pauvre que luxueux ; il ne servait d'ailleurs que rarement de résidence aux commandeurs qui habitaient naturellement de préférence leur manoir de Coudrie. Telle qu'elle existe encore aujourd'hui, la maison des Biais, « couverte en tuiles, sans style, sans ornements », ne se distingue en rien des habitations ordinaires « sauf l'aménagement intérieur qui révèle sa première destination ». Elle est accompagnée « d'un jardin de modeste dimension, bordé de haies vives, et d'une cour assez vaste, au fond de laquelle, à gauche, s'élevait une chapelle » (Bouyer, Notice sur la relique de la Vraie-Croix de Saint-Père-en­-Retz, 24. M. Bouyer croit que les Templiers avaient à Saint-Père-en-Retz une maison autre que celle des Biais. Il appuie cette assertion sur l'existence d'un vieux chemin appelé « chemin du Temple » ; mais ce chemin était tout simple­ment, selon nous, celui des Biais ; ce logis, portant primitivement le nom de Temple des Biais, n'était devenu l'Hôpital des Biais que quand les Hospitaliers y eurent remplacé les Templiers). 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Templerie des Biais

   Il nous reste à parler de la chapelle de la commanderie des Biais, dédiée à saint Nicolas. C'était un édifice très ancien, subsistant encore en 1809 mais aujourd'hui complètement disparu. On y signalait, dit M. Bizeul, « un bénitier fort curieux et de grande dimension, creusé en forme de coeur » (Bizeul, op. cit., IV, 731). 

   Mais une relique autrement intéressante était vénérée dans ce petit sanctuaire. C'est un fragment considérable de la Vraie-Croix, si grand qu'il n'en existe en France que deux autres plus importants. La relique des Biais est « disposée en forme de croix à deux branches à peu près égales. Elle mesure quatre centimètres, cinq millimètres de hauteur, sur cinq centimètres de largeur ; son épaisseur est de sept millimètres ». Une petite bande de parchemin, appliquée sur le bras droit, porte en lettres gothiques l'inscription Vera Crux Christi. « La relique est placée horizontalement dans un reliquaire en bois revêtu dessous et dessus de feuilles d'argent », en forme de croix et garni d'un verre au travers duquel apparaît le bois sacré (Bouyer, op. cit., 15 et 16). 

   Pendant plusieurs siècles et jusqu'à la Révolution cette précieuse et insigne relique - apportée évidemment de Terre-Sainte soit par les Templiers, soit par les Hospitaliers - attira aux Biais des foules considérables. C'était le Mardi de Pâques qu'on venait non seulement de Bretagne mais encore du Poitou et de l'Anjou adorer la Vraie-Croix des Biais. Ce jour-là le chapelain, chargé du service de la chapelle Saint-Nicolas, célébrait solennellement la grand'messe et les vêpres et offrait la sainte relique à la vénération des fidèles ; le recteur de Saint-Père-en-Retz était le premier à amener ses paroissiens aux Biais pour y adorer la Croix ; les prêtres des environs y venaient aussi avec leurs ouailles. L'affluence des pèlerins donna même naissance à une assemblée considérable, dont nous avons parlé, et en laquelle le commandeur levait aux Biais en 1679 un droit de bouteillage sur tous les marchands de vin (Déclaration de la commanderie des Biers en 1679). 

   La Vraie-Croix des Biais eut aux derniers siècles sa petite histoire qui ne manque pas d'intérêt : En 1664, au temps du commandeur Petit de la Guerche, François Cosson desservait la chapelle des Biais en place de Jean Gouraud qui s'était retiré à Saint-Père-en-Retz. Ce dernier, en quittant son poste des Biais, avait emporté chez lui les ornements et la relique de la chapelle, et il fallut une assignation du commandeur devant l'officialité de Nantes pour que ce prêtre vînt à restitution. 

   Dans cette assignation remarquons ceci : M. Gouraud, y est-il dit, s'est « ingéré d'enlever de la chapelle des Biais les saintes reliques de la Vraie-Croix de N.-S. enchâssées en une croix d'argent » ; or le commandeur est notablement intéressé « à cet enlèvement pour l'honneur de Dieu et la dévotion des peuples qui venaient de toutes contrées en grande abondance à l'adoration de ladite Sainte Croix » (Bouyer, op. cit., 33). 

   Appelé à comparaître en justice le 8 février 1665, Jean Gouraud vint de lui-même deux jours auparavant au presbytère de Saint-Père-en-Retz, rapportant les ornements et la relique des Biais. Celle-ci fut replacée dans la chapelle Saint-Nicolas et plus tard, le 6 avril 1686, on dressa solennellement un procès-verbal de son état. « Un grand nombre de pèlerins se trouvaient réunis aux Biais en ce Mardi de Pâques 1686 et telle était l'affluence que l'adoration de la Croix ne fut terminée que vers deux ou trois heures de l'après-midi. Pendant cinq heures les chrétiens défilèrent devant la relique exposée sur l'autel, heureux de manifester leur foi et de satisfaire leur dévotion » (Bouyer, op. cit., 52). 

   Ce pieux pèlerinage fut interrompu momentanément, quelque temps avant la Révolution ; voici à quelle occasion : On persuada vers 1772 au chevalier de Brilhac, commandeur de Coudrie et des Biais, que l'assemblée du Mardi de Pâques était une source de désordres et que d'ailleurs la chapelle des Biais menaçait ruine. Ce commandeur fit en conséquence fermer le petit sanctuaire et chargea le curé de Coudrie (diocèse de Luçon) de venir prendre et transporter en sa propre église la Vraie-Croix, les calices et les ornements des Biais. « A peine cette nouvelle de l'enlèvement de la relique et de la fermeture de la chapelle se fut-elle répandue, qu'elle souleva dans tout le pays une émotion considérable ; les réclamations s'élevèrent de toutes parts » (Bouyer, op. cit., 58). Le commandeur de Brilhac eut le bon esprit de prendre en considération cette pieuse manifestation ; il fit en 1774 restaurer sa chapelle des Biais ; il la dota d'ornements neufs et y fit rapporter la Vraie-Croix qui reçut de nouveau les adorations des fidèles de Saint-Père-en-Retz. 

   En 1790 la sainte Relique fut remise au recteur de cette dernière paroisse dans l'église de laquelle elle se trouve encore à la fin du XIXème siècle. Elle est placée dans le piédestal d'un nouveau reliquaire d'argent en forme de croix, renfermant une seconde parcelle de la Vraie-Croix, et l'on continue d'y venir le Mardi de Pâques solennellement l'adorer.   

abbé Guillotin de Corson

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