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Ordre Templiers et Hospitaliers en Bretagne

Commanderie du Temple de Carentoir et l'Hôpital de Quessoy, son annexe

Ordre Hospitaliers et Templiers en Bretagne

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Lorsqu'au milieu du XIème siècle les Templiers vinrent s'établir en Bretagne, ils fondèrent sur le territoire de Carentoir une maison qui prit d'eux le nom de Temple. On ignore la date précise de cette fondation due, d'après la tradition, à la pieuse munificence des ducs de Bretagne. 

Voir aussi Histoire de France et de Bretagne : ordres de chevalerie,chevalerie,ordres militaires,ordres religieux "Les commandeurs de la commanderie de Carentoir"  (cliquer)

Commanderie ou Temple de Carentoir

et l'Hôpital de Quessoy, son annexe

en Bretagne

(abbé Guillotin de Corson – 1906)

 

armoirie de Bretagne 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Templerie de Carentoir

   

   Carentoir (Morbihan) est une des plus anciennes paroisses du diocèse de Vannes. Au IXème siècle elle formait un plou breton gouverné par un marc'htiern et habité par une population parlant la vieille langue celtique (Voir le Cartulaire de Redon). 

   Lorsqu'au milieu du XIème siècle les Templiers vinrent s'établir en Bretagne, ils fondèrent sur le territoire de Carentoir une maison qui prit d'eux le nom de Temple. On ignore la date précise de cette fondation due, d'après la tradition, à la pieuse munificence des ducs de Bretagne, mais la charte de 1182 mentionne sous le nom de Karantoe (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit.VI, 139), le Temple de Carentoir parmi les possessions des Templiers en Bretagne. 

   Nous ne savons rien par ailleurs du séjour à Carentoir des chevaliers du Temple. Le peuple a néanmoins conservé souvenir de la lamentable fin de ceux qu'il appelle encore les « moines rouges » : ils furent tous massacrés, dit-il, au pied d'un gros chêne, près de la chapelle de Fondelienne, à mi-voie entre leur manoir du Temple et le bourg de Carentoir. 

   Il fallait bien que dès cette époque reculée, le Temple de Carentoir eût une certaine importance, puisque les chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, héritant des biens des malheureux Templiers, firent de cet établissement le chef-lieu d'une commanderie de préférence à leurs propres hôpitaux qu'ils y réunirent. 

   En 1566 l'Hôpital de Quessoy fut annexé au Temple de Carentoir, et le tout ne forma plus qu'une seule commanderie portant le nom de Temple de Carentoir. Trente ans plus tard le manoir du Temple de Carentoir fut tellement ravagé par la guerre civile que ses commandeurs furent forcés de l'abandonner ; ils allèrent alors fixer leur résidence au Temple de la Coëffrie, en la paroisse de Messac, dans le diocèse de Rennes. 

   Par suite nous étudierons tout d'abord le Temple de Carentoir et ses premières annexes puis l'Hôpital de Quessoy, le Temple de la Coëffrie, enfin la juridiction et les revenus de la commanderie.  

 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Templerie de Carentoir

I

   La commanderie du Temple de Carentoir se composait d'une douzaine de membres qui tous se trouvaient au diocèse de Vannes sauf un seul, le Temple de la Coëffrie, situé en l'évêché de Rennes. Ils formaient au XVIème siècle cinq groupes : le Temple de Carentoir proprement dit, l'Hôpital de Malansac et ses annexes, l'Hôpital de Villenart, le Pont-d'Oust et le Temple de la Coëffrie ; nous allons nous occuper successivement de chacun d'eux.  

1. Le Temple de Carentoir

   Le chef-lieu de la commanderie du Temple de Carentoir se trouvait éloigné d'environ une lieue du bourg de Carentoir. Les Templiers y construisirent une église dont il reste encore un arc roman, séparant le chanceau de la nef, rebâtis l'un et l'autre dans les siècles derniers. 

   Pendant que cet établissement fut habité par des chevaliers prêtres, les paroissiens de ce quartier s'habituèrent à trouver dans la vaste église du Temple la satisfaction de leurs besoins religieux. Mais comme dans la suite il arriva souvent qu'aucun des chevaliers n'était prêtre, pas même le commandeur, on se vit dans l'obligation, à une date qui nous est inconnue (nota : On n'a la liste des vicaires perpétuels du Temple de Carentoir que depuis 1698 – Abbé Luco, Pouillé, histoire de l'ancien diocèse de Vannes, 885 – mais la paroisse du Temple remonte plus haut et elle se trouve mentionnée en 1574), d'ériger ce quartier en paroisse démembrée de Carentoir et d'en fixer le siège au Temple même. Dans la transaction qui créa ce nouvel état de choses et mit l'église conventuelle à la disposition du clergé paroissial et des fidèles, le commandeur se réserva le droit de présenter le vicaire perpétuel, auquel il se chargea de fournir un presbytère et une portion congrue. Plusieurs aveux nous montrent cette réserve, naturelle d'ailleurs, comme autorisée et confirmée par les Souverains Pontifes et les ducs de Bretagne. En retour de cette concession, le vicaire perpétuel devait, chaque dimanche, au prône de la messe, prier à haute voix pour le Grand-Maître de l'ordre et pour le commandeur du Temple de Carentoir. On ajoute même qu'il était tenu de porter l'habit de frère chapelain d'obédience de l'Ordre et de se faire croiser au premier chapitre qui suivait la date de ses provisions. 

   Dans toute l'étendue de la nouvelle paroisse, les dîmes perçues à la 10ème et à la 15ème gerbe, appartenaient au commandeur, ainsi que les oblations faites à l'église paroissiale et les prémices sur les bêtes à laine. Une partie de ces revenus était parfois abandonnée au vicaire perpétuel pour lui tenir lieu de pension. Dans les derniers temps, ce vicaire était même assez souvent fermier de tous les revenus de la commanderie. 

   « A différentes reprises, comme en 1641 et 1683, la visite canonique de la paroisse du Temple de Carentoir par l'archidiacre et les délégués de l'évêque de Vannes, fut contestée par les commandeurs, qui ne voulaient reconnaître ce droit qu'au Grand-Prieur d'Aquitaine et à l'évêque en personne » (abbé Luco, Op. cit., 884 et 885). 

   Le manoir, résidence du commandeur, se trouvait au bourg du Temple de Carentoir, près de l'église paroissiale ; mais pendant les guerres de la Ligue, les partisans du duc de Mercœur pillèrent et ravagèrent ce bourg en 1596, puis mirent le feu au manoir après l'avoir dévalisé ; tout cela en haine du commandeur Jean Le Pelletier qui combattait alors vigoureusement dans le parti des Royaux (Archives de la Vienne, 3 H, 300). Aussi en 1643 ne voyait-on plus « au derrière de ladite église du Temple de Carentoir, vers amont », que de « vieilles mazières où estoit autrefois le logix et manoir du commandeur, qui a esté desmolli par l'injure des guerres civilles, fors une grange pour serrer les gerbes de la dixme qui appartient du tout en ladite paroisse du Temple audit commandeur, qui se lève pour la pluspart à la dixiesme, tant de grains que de fillaces » (Etat des améliorissements de la commanderie du Temple de Carentoir en 1643 - Archives paroissiales du Temple). 

   A la même époque, « à côté dudit logix » (la grange du Temple) se trouvaient des jardins appelés le Clos, « plantés d'arbres fruitiers », un petit bois de haute futaie et une prairie, « le tout se joignant ensemble et pouvant contenir environ huit journaux, le tout bien mesnagé ». Enfin un vivier et une garenne complétaient le pourpris de l'ancien manoir de la commanderies (Déclaration du Temple de Carentoir en 1677). 

   Non loin de là et également près de l'église, le vicaire perpétuel du Temple avait son « logix presbytéral composé de chambres haultes et greniers au-dessus, et au-dessoubs un appart qui sert de cuisine au costé de laquelle est un cellier et d'aultre costé une étable ; le tout couvert d'ardoise en bon estat. Il y a un petit jardin au devant, cerné de vieilles murailles dont jouit ledit recteur avec les oblations pour tout salaire » (Etat de la commanderie en 1643). 

   Cette rétribution trop aléatoire fit naître bien des procès aux derniers siècles entre les commandeurs curés-primitifs du Temple et leurs vicaires perpétuels ou recteurs. Ceux-ci exigeaient qu'on leur abandonnât la jouissance des dîmes de la paroisse ou une pension d'au moins 300 livres, ce que refusaient d'admettre les chevaliers de Malte. A l'origine les oblations du Temple de Carentoir pouvaient être assez considérables pour faire vivre le pasteur, mais il n'en était plus ainsi au XVIIème siècle ; toutefois les commandeurs – dont les revenus étaient extrêmement modiques – avaient peine à en convenir. 

   En dehors de sa dîme le commandeur de Carentoir ne recueillait, en effet, dans sa paroisse du Temple que 16 livres « tant par argent que bleds » plus deux corvées que lui devait chaque tenancier (Etat de la commanderie en 1643). 

   « A une mousquetade dudit bourg du Temple » s'élevait un moulin à vent bâti par le commandeur Gilles du Buisson ; tous les hommes de la commanderie étaient obligés d'y porter « moudre leurs bleds ô debvoir de mouture qui est le saiziesme, à peine d'amende » (Etat de la commanderie en 1643). Ce moulin existe encore sur la lande au nord du Temple de Carentoir ; au-dessus de sa porte sont les restes d'une vieille inscription et deux écus portant probablement jadis les armoiries de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Du pied de ce moulin l'on jouit d'un admirable coup d'oeil sur la vallée de l'Aff. 

   Au bourg du Temple le commandeur de Carentoir avait un four à ban ; ce four était bâti dans la rue du Chauffault qui en tirait son nom, mais en 1643 il se trouvait « ruisné parce qu'il n'y a point de bois en ce cartier-là pour le chauffer, et aussy que les habitants ont fait accord avec un commandeur de certaine rente de bled pour avoir licence de faire des fours chez eux » (Etat de la commanderie en 1643). 

   Notons que le cimetière paroissial du Temple de Carentoir n'entourait point l'église comme c'était alors partout l'usage ; on s'y rendait par la rue du Chauffault et il devait se trouver là où il est encore à la fin du XIXème siècle. Quant à l'église même du Temple elle était divisée en deux parties : le chanceau appartenant au commandeur et la nef concédée par lui aux paroissiens ; reconstruit aux derniers siècles, cet édifice, subsistant encore, n'offre d'antique que l'arcade ou voûte unissant la nef au choeur. « Est ladite église parochiale et son cimetière - dit une déclaration de 1677 - fondée en l'honneur du glorieux patron de l'Ordre, Monsieur Saint Jean-Baptiste. Pour le service de laquelle église le commandeur substitue un vicaire parce qu'il arrive quelquefois que le dit commandeur n'est pas prestre et peut estre homme portant les armes. Auquel commandeur appartiennent les honneurs et prééminences en ladite église, au hault de laquelle et à costé du maistre autel est le banc des commandeurs, et les armes de leur Ordre et les leurs sont dans les principales vitres. Et prend ledit commandeur ou son vicaire toutes les oblations qui tombent journellement en ladite église » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 184). 

   Le bourg du Temple de Carentoir se composait alors de trois principales rues : la rue d'Aval, descendant au midi vers le manoir du Val, la rue du Chaffault, conduisant vers l'ouest au cimetière, au four banal et au manoir de Rollienne, et la rue de Marsac, se dirigeant au nord vers cet antique village de Marsac près duquel le roi gallo-romain Eusèbe avait au VIème siècle son camp reconnaissable encore de nos jours. 

   Il est vraisemblable qu'au Moyen Age la population du Temple de Carentoir jouissait d'une certaine prospérité ; elle possédait, en effet, de beaux privilèges malheureusement négligés au XVIIème siècle. Car, dit la déclaration de 1677, « avoit le commandeur du Temple de Carentoir droit et privilège que tous et chacun ses hommes estoient francs et exempts de tous debvoirs de coustumes, péages et guetz ; et mesme portoient une croix cousue sur leurs vestements, comme plusieurs anciens affirment, et mesme encore de présent il y a presque sur toutes les portes des maisons tenues de ladite commanderie une croix gravée dans la pierre pour marque des franchises, lesquels privilèges et franchises se discontinuent presque partout, tant par la négligence des subjets que par celle des officiers » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 184). 

   Nous avons retrouvé dans plusieurs villages du Temple de Carentoir, des maisons du XVIème siècle présentant sur leurs façades cette croix de la commanderie, signe de franchise ; le logis du Grand Hôtel, au village de la Gillardaye, est particulièrement remarquable ; c'était au XIXème siècle la demeure de Jean Bouschet, sénéchal de la juridiction du Temple ; sur sa cheminée sont sculptés deux écus portant la croix de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et une inscription de 1516. 

   La tradition a également gardé souvenir du droit d'asile du Temple de Carentoir ; on y montrait encore naguère l'emplacement d'un arbre appelé le chêne de la Sauvegarde ; nul n'avait le droit de saisir l'accusé qui se réfugiait à l'ombre de cet arbre protecteur et en embrassait le tronc. 

   Mais si les sujets du commandeur de Carentoir étaient privilégiés, celui-ci avait cependant bien des droits sur eux. Outre ceux que nous avons déjà signalés, on peut encore noter le suivant : « Par tous les lieux de la commanderie où il y a assemblée, à quelque feste de l'année que ce soit, ledit commandeur a droit et est en possession de prendre un pot par pipe sur les vins et cildres, plus les debvoirs de coustumes sur les aultres marchandises et menues denrées qui s'y vendent et debitent » (Déclaration du Temple de Carentoir en 1677). 

   Enfin, le Temple de Carentoir jouissait d'un trait de « dixme à la 36ème gerbe s'extendant en la paroisse de Plélan, au fief et frairie du Tellin ; laquelle dixme se depart annuellement entre ledit commandeur, le recteur dudit Plélan et le prieur de Saint-Barthélemy, tiers-à-tiers » (Déclaration du Temple de Carentoir en 1677). 

   Telle était la physionomie du Temple de Carentoir proprement dit aux XVIème et XVIIème siècles ; le commandeur le tenait prochement du roi « à debvoir de prières et oraisons ».  

 

2. L'Hôpital de Malansac et ses annexes

   L'Hôpital, fondé au XIIème siècle par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dans la paroisse de Malansac (Morbihan), au diocèse de Vannes, se trouvait à deux kilomètres à l'est de ce bourg ; la charte de 1160 le désigne sous le nom de Eleemosina de Malechac (Dom Morice, op. cit., I, 638). 

   Unie, dès 1416, à la commanderie du Temple de Carentoir, cette aumônerie de Malansac est ainsi décrite dans l'aveu de 1677 : A l'Hospital de Malansac, il y a une chapelle fondée de Monsieur saint Jean-Baptiste, dans laquelle tombent quelques aumônes qui sont recueillies par le commandeur (de Carentoir). Et dudit lieu dépendent sept villages ou tenues sur lesquelles sont deubs nombre de rentes seigneuriales et debvoirs, tant par deniers et avoine que poulailles ; plus sur les terres subjectes audit lieu la dixme à la sixte de tous grains qui se depart avec le recteur de Malansac et les prieurs de la Gresle (Saint-Michel-de-la-Gresle, prieuré de Redon) et de la Mongée (Sainte-Madeleine de la Mongée prieuré de Marmoutiers), à sçavoir quand il y a sept gerbes, le commandeur en prend quatre et les prieurs et recteur prennent les trois autres (Déclaration du Temple de Carentoir en 1677). 

   L'état de la commanderie de Carentoir en 1643 va nous faire connaître plus amplement le membre de Malansac « Auquel lieu (de l'Hospital de Malansac) il y a une chapelle couverte d'ardoizes, fondée de saint Jean-Baptiste, où y a un autel avec la garniture pour y faire le service divin avec un calico et platenne d'argent. Au devant de ladite chapelle est le chapitrel, sur lequel est un clocher avec une cloche de moyenne grosseur ; lesdits chapelle et chapitrel en bon et deub estat, bien pavés et blanchis. Et vis à vis ladite chapelle est le Logix composé d'une salle dans laquelle il y a un four, au costé de laquelle est un cellier et au-dessus une chambre haulte avec le grenier ; à laquelle chambre haulte il y a pour monter un degré de pierre, avec une garde-robe au costé dudit logix, le tout couvert d'ardoizes en bon et deub estat pour avoir esté reparé depuis peu par le commandeur Gilles du Buisson. Au devant duquel logix y a un petit jardin, et aux environs y a une pièce de terre tant en labour et bois que Pasture, le tout en un tenant et peut contenir trois journaux tournés de haies, fossés et vieilles murailles. Oultre et proche ledit lieu y a deux petits prés contenant tous deux environ trois journaux, nommés les prés de l'Hospital... Et c'est tout le domaine du lieu. Item aux environs dudit lieu il y a plusieurs tenues d'héritaiges, maisons et villages, sur lesquelles sont deub quelques rentes féodales, tant argent, avoines que poulailles, et la dixme à la sixte » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Au XVIIème siècle, le commandeur du Temple de Carentoir exerçait une juridiction à l'Hôpital de Malansac, et à cette époque étaient unis à cet établissement huit autres membres de la commanderie dont nous allons parler à l'instant ; ils se nommaient : Le Guerno, Questembert, Limerzel, Fescal, Lantiern, Le Gorvello, la Vraie-Croix et le Cours de Molac. En 1643, ils se trouvaient affermés tous ensemble avec l'Hôpital de Malansac « à dom Jan Texier la somme de 241 livres tournois » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Au XIXème siècle l'Hôpital de Malansac perdit beaucoup de sa relative importance. Il y eut procès entre le commandeur Bouchereau et le seigneur de Rochefort « pour la mouvance de partie du fief dudit Hospital » ; puis entre le commandeur et M. de Montalembert, prieur de la Gresle, au sujet des dîmes. La chapelle Saint-Jean fut elle-même négligée car on constate qu'à cette époque il ne s'y trouve plus « d'ornements en estat de servir ». Enfin la déclaration de 1755 s'exprime comme il suit : « Le membre de l'Hôpital de Malansac consiste en une chapelle, une petite maison vieille et caduque et trois petites pièces de terre, avec un fief, rentes et dixme s'étendant en les paroisses de Malansac et de Limerzel et aux trèves de la Vraie-Croix et du Guerno » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). C'était, paraît-il, tout ce qui restait de l'Hôpital de Malansac et de ses annexes. 

   La vieille chapelle de Saint-Jean existe encore à la fin du XIXème siècle au village de l'Hôpital en Malansac, mais n'offre pas d'intérêt ; le commandeur de Carentoir l'entretenait jadis et y faisait dire deux messes par semaine. Parlons maintenant des huit établissements unis à l'Hôpital de Malansac.  

 

Le Guerno :

   Dans la paroisse de Noyal-Muzillac (Morbihan), au diocèse de Vannes, les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem eurent de bonne heure une aumônerie mentionnée dans la charte de 1160 sous le nom de Eleemosina de Guernou (Dom Morice, op. cit., I, 638). Après la suppression de l'Ordre du Temple, l'aumônerie du Guerno fut annexée au Temple de Carentoir et prit elle-même par extension le nom de Temple du Guerno. 

   En 1570 existait une « petite chapelle fort ancienne et caduque qui se nommoit la chapelle du Temple du Guerno, quelle chapelle et appartenance d'icelle appartenoient au commandeur de Carentoir auquel appartenoit la seigneurie des terres et maisons adjacentes ; les habitants desquelles terres et maisons payoient rentes annuelles audit commandeur selon le rolle ancien fait de temps immémorial ; et ledit commandeur, à cause de son Temple du Guerno, avoit fief et juridiction, laquelle se tenoit le lendemain de la feste Sainte-Anne par les officiers dudit commandeur » (Déposition de Simon Bonic en 1609 – Archives paroissiales de Noyal-Muzillac). 

   Mais à cette époque, les « oblations que les gens de bien faisoient en ladite chapelle » permirent de la reconstruire à peu près tout entière, sauf une partie où se retrouve encore une porte de style roman ; le nouvel édifice fut achevé en 1580, date qui apparaît gravée sur les sablières de la nef (Rosenzweig, op. cit., 192). 

   Le commandeur du Temple de Carentoir jouissait au Guerno en 1574 « de la tierce partie des aumônes et oblations de ladite chapelle, au joignant de laquelle il y a une tenue d'héritages, contenant 23 journaux » (Déclaration du Temple de Carentoir). Un autre aveu de 1664 ajoute que dans cette église « se font toutes fonctions parochiales, y ayant croix, bannière, fonts baptismaux et enterrage » ; que le commandeur de Carentoir y est « seigneur spirituel et temporel, qu'il prend un tiers des oblations, en laissant un autre tiers pour le service divin et le dernier tiers pour les réparations de l'édifice ; qu'autour de la chapelle il y a plusieurs tenues sur lesquelles il y a rente féodale, droits seigneuriaux, dîme à la onzième gerbe et justice haute, moyenne et basse, s'exerçant sous le chapitrel de ladite église » (Le Mené, op. cit., I, 300). 

   Le Guerno a été érigé en trêve d'assez bonne heure ; on possède encore un registre de baptêmes commencé en 1608. A la fin de ce registre on lit cet avis facétieux : « Si quis librum par adventure. Invenerit en son chemin. Reddat mihi la couverture. Quae facta est de parchemin » (Le Mené, op. cit., I, 300). 

   Voici la description de l'église du Guerno en 1643, faite par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem eux-mêmes : « Dans la paroisse de Noyal-Muzillac il y a un autre temple fondé de Monsieur Saint Jean-Baptiste notre patron, vulgairement appelé Saint-Jean-du-Guerno, en lequel il y a sept autels, quatre portes et nombre de fenestres bien vitrées en la principale desquelles, à droite du grand autel, sont les armes de notre Ordre et au costé et en mesme hauteur d'icelles est l'escusson des ducs de Bretagne nos bienfaiteurs, et est aussy le banc des commandeurs en lieu prééminant. Et au bas de ladite église du Temple y a une tour forte, bastie en pierres de taille, fermée de deux fortes portes, l'une de bois et l'aultre de fer avec quatre serrures ; en laquelle tour il y a une petite croix d'argent doré longue d'une palme, enrichie d'améthistes, dans laquelle il y a du bois de la Vraye-Croix. Plus dans ladite tour sont tous les ornements qui sont cinq calices d'argent dont l'un est doré, une grande croix d'argent que l'on porte aux processions et nombre de beaux ornements tant de soye que autres estoffes, enrichis de broderies tant d'or, d'argent que de soye, le tout bien soigneusement gardé par les frairiens, lesquels ornements ont esté donnés des aumosnes et oblations qui tombent audit Temple » (Etat de la commanderie du Temple de Carentoir – Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Comme l'on voit, cette tour du Guerno avait été construite et fortifiée pour recevoir le trésor de l'église et surtout cette précieuse Vraie-Croix apportée probablement de Terre-Sainte par les chevaliers hospitaliers. Cette relique attirait au Guerno une grande affluence de pèlerins : « des religieux de Vannes, de Rennes et d'autres villes y venaient prêcher le Carême ; le Vendredi-Saint la foule était si grande que l'église ne pouvait la contenir ; alors on prêchait la Passion dans la chaire du cimetière ». Cette chaire extérieure – qui n'est pas une des moindres curiosités du Guerno – est en pierre et terminée inférieurement en nid d'hirondelle ; elle fait saillie sur la façade méridionale de l'église ; le prédicateur y entrait de l'intérieur du temple par une porte aujourd'hui maçonnée. 

   Reprenons la description du Temple du Guerno, au temps du commandeur Gilles du Buisson, en 1643 : « Est à noter que depuis quelques temps le recteur de Noyal-Muzillac s'est ingéré de troubler le commandeur, tant sur les droits de patronage que sur les oblations, et y ayant eu sentence à Vannes en faveur dudit recteur, ledit commandeur fut appelant au parlement de Rennes et le 3ème mai 1642 prit fin le procès et fut accordé ce qui suit : le commandeur, reconnu supérieur audit lieu du Guerno et maintenu en ses droits de patronage et prééminence en ladite chapelle, reconnaît ledit recteur (de Noyal-Muzillac) recteur du Temple et lui laisse le tiers des oblations à la charge d'entretenir le service divin dû audit Temple et chapelle du Guerno ; l'autre tiers est pris par les frairiens pour entretenir les réparations et le dernier tiers par le commandeur. Audit lieu du Temple du Guerno il y a charge d'asmes et pour ce sur le grant et principal autel de ladite chapelle il y a un tabernacle auquel repose le précieux corps de Nostre-Seigneur, en bon et deub estat, et fonts baptismaux, croix et bannières. Et sont pareillement sur icelluy autel et aultres les images de plusieurs saints, le tout bien deubment orné et entretenu, ladite chapelle bien blanchie et couverte d'ardoizes avec un campanier sur le mitan où sont deux cloches. Au devant et sur la grande porte est un chapitrel aussy basty de pierres de taille, où s'exerce la juridiction quand besoing y est et sans estre à présent empeschée par aucun. Oultre au costé de ladite église vers Midy est le cimetière clos de murailles avec une croix de pierre au milieu sur un grand perron de douze degrés, ladite pierre ou calvaire longue d'environ vingt pieds. Plus, ès environs de ladite église est la bourgade presque toute tenue dudit lieu et nombre d'héritages qui y doibvent des rentes que ledit commandeur a bien fait recognoistre et s'en est fait rendre nombre de nouveaux adveux, oultre la dixme à la onziesme gerbe » (Etat de la commanderie du Temple de Carentoir – Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   La déclaration de la commanderie de Carentoir en 1667 signale « la chapelle du Guerno en laquelle se font toutes les fonctions curiales pour la commodité des frairiens » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 184). Un état de la même commanderie au commencement du XVIIIème siècle ajoute ceci : « Le Guerno, trève de la paroisse de Noyal-Muzillac, consiste en un fief affermé 15 livres et une rente de 18 livres, payable par la fabrice de ladite trève et qu'on croit estre pour le tiers des oblations de ladite chapelle tréviale, où il y a un banc armorié des armes du commandeur du costé de l'Evangile, touchant au balustre, avec les armes dudit commandeur en la vitre principale ; on lui donne (audit commandeur) les prières nominales. L'église est bien entretenue à l'exception de la tour où est une relique de la Vraie-Croix, dont la voulte prend l'eau par dessus » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). Enfin la déclaration de Carentoir en 1755 signale les dîmes recueillies dans la trève du Guerno et unies à cette époque à l'Hôpital de Malansac. 

   Actuellement, l'antique église tréviale Saint-Jean du Guerno est devenue paroissiale et dédiée à sainte Anne, dont le culte y est fort ancien, concurremment avec celui de saint Jean-Baptiste. C'est une construction originale, en forme de croix latine, avec un choeur en hémicycle. 

   « A l'aisselle du bras nord se trouve une sorte de tour basse et carrée couverte en ardoises. Du même côté, vers l'ouest, est une autre tour en belles pierres de taille de forme cylindrique, amortie en pierre et présentant l'aspect d'une poivrière » (Abbé Le Mené, op. cit., I, 308). C'est la tour forte qui renfermait jadis le trésor de l'église. La principale pièce de ce trésor subsiste encore, objet, comme au Moyen Age, de la vénération des fidèles, mais placée aujourd'hui dans un tabernacle du transept septentrional. « C'est une croix en argent doré, haute de 20 centimètres environ, chargée de dessins gravés, figures et fleurons ; elle porte cinq pierres précieuses et son centre renferme une parcelle de la Vraie-Croix. Ses extrémités sont terminées par une sorte de trilobe allongé, mais le pied est moderne. Cette croix est appelée dans le pays la petite soeur de la Vraie-Croix de Sulniac »  (Rosenzweig, op. cit., 192). 

   Il faut encore remarquer dans l'église du Guerno les anciennes verrières du choeur, représentant diverses scènes de la vie et de la passion de Notre-Seigneur, avec les écus de l'Ordre de Malte, des ducs de Bretagne et de plusieurs seigneurs du voisinage, tels que les sires de Rochefort, de Rieux et de Carné (Rosenzweig, op. cit., 192). 

   La chaire extérieure apparaît toujours au sud de l'église ainsi que le beau calvaire de granit signalé en 1643 et formé d'une colonne cannelée d'environ cinq mètres de hauteur, avec un riche chapiteau orné de volutes que surmonte le Christ en croix. Mais l'ancien « chapitrel » - auditoire du sénéchal rendant la justice au nom du commandeur - ne se retrouve plus ; c'était en réalité un porche précédant le portail occidental de l'église et sous lequel passait la voie publique ; il a été renversé de nos jours. 

 

Questembert :

   Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem eurent dès le XIIème siècle en Questembert (Morbihan), au diocèse de Vannes, une aumônerie mentionnée dans la charte de 1160 sous le nom de Eleemosina de Kestembert (Dom Morice, op. cit., I, 638). 

   La chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, selon l'usage, est située dans un village portant le même nom, à quelques kilomètres au sud de la petite ville de Questembert. Cet établissement fut annexé, à une date inconnue, à l'Hôpital de Malansac, uni lui-même au Temple de Carentoir ; c'est grâce à cette union que la dénomination de Temple a été improprement donnée à Saint-Jean de Questembert (Abbé Le Mené, op. cit., II, 243). 

   Dans l'aveu de la commanderie de Carentoir, en 1574, nous trouvons signalé « le Temple de l'Hôpital, en la paroisse de Questembert », avec cette donnée que le commandeur jouissait du tiers des oblations faites à sa chapelle et laissait les deux autres tiers pour l'entretien de l'édifice. L'aveu de 1624 ajoute : « le Temple de Saint-Jean de Questembert, paroisse de ce nom, autour duquel sont plusieurs tenuements d'héritages sur lesquels sont dus au commandeur rentes féodales, obéissance et autres devoirs seigneuriaux » (Abbé Luco, op. cit, 626). 

   L'état de la commanderie, dressé en 1643, est plus explicite : « En la paroisse de Questembert, dit-il, il y a une chapelle ou Temple, aussy fondée de Monsieur Saint Jean-Baptiste, avec un chapitrel au devant de la grande porte et sur le pignon une cloche, le tout couvert d'ardoises, en bonne réparation. Proche et ès environ d'icelle il y a quelques maisons et héritages sur lesquels sont deubs quelques rentes par deniers, obéissance et dixmes qui peuvent valoir environ six livres. Des oblations qui tombent en ladite chapelle, les deux tiers sont employés à l'entretien des ornements, du service et des réparations, et l'autre tiers est pris par ledit commandeur » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Un siècle plus tard, la condition de ce petit bénéfice ne s'était point améliorée, comme nous le prouve le passage suivant d'un état de la même commanderie de Carentoir dressé en 1740 : « La chapelle de Saint-Jean du Temple, près Questembert, consiste en un dixmereau d'une seule pièce de terre et le tiers des oblations, le tout affermé 11 livres. La chapelle est assez bien reparée mais sans ornements » (Abbé Luco, op. cit., 627). 

   La chapelle Saint-Jean de Questembert existe encore à la fin du XIXème siècle et appartient à la paroisse ; on y retrouve un écu portant la croix pattée de l'Ordre de Malte et une inscription présentant le nom du commandeur François Thomas (Abbé Le Claire, L'Ancienne Paroisse de Carentoir, 335). 

   D'après certaines traditions recueillies par M. Rosenzweig (Rosenzweig, op. cit., 203 et 204), les Templiers auraient eu deux chapelles en Questembert, l'une à Bréhardec, dédiée à Notre-Dame, et l'autre près du vieux château de Koedbihan. On croit reconnaître ce dernier établissement dans le Coëtbelan faisant partie de l'énumération des biens possédés en 1182 par l'Ordre du Temple, mais on n'en sait pas autre chose, quoique le peuple assure que les chevaliers du Temple habitèrent Koedbihan. 

 

Limerzel :

   Il existait en la paroisse de Limerzel (Morbihan), au diocèse de Vannes, deux chapelles appelées tantôt le Temple-Neuf et le Temple-Vieux, tantôt le Temple de Haut et le Temple de Bas. Ces sanctuaires se trouvaient à trois kilomètres l'un de l'autre ; le premier était dédié à saint Jean-Baptiste (mais saint Julien en est aujourd'hui le patron) et le second à sainte Marie-Madeleine. 

   Au XIXème siècle les Temples de Limerzel se trouvaient unis avec celui de Questembert à l'Hôpital de Malansac, mais c'était bien peu de chose : « Les Temples de Haut et Bas Limerzel, – dit l'état de la commanderie de Carentoir en 1740 – consistent en un petit fief, une petite dixme et le tiers des oblations des deux chapelles, le tout affermé 15 livres »

«  La chapelle de Haut, qui est frairienne, est bien entretenue, mais celle de Bas est abandonnée faute de réparations, ne sachant qui les doit faire » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Aujourd'hui la chapelle du Temple-Vieux n'existe plus ; elle a été démolie au commencement du XXème siècle, mais celle du Temple-Neuf se voit encore. Elle paraît une construction de la fin du XIVème siècle. Le fond de l'autel se compose d'un retable en granit grossièrement sculpté mais curieux néanmoins ; il est divisé en quatre compartiments surmontés d'arcades trilobées ; dans chacun de ces compartiments sont représentées la naissance et la mort de Jésus-Christ, alternées avec deux saints personnages. Sur les murs est cinq fois répété et peint à fresque un écu de gueules à la croix d'argent dans un collier d'Ordre, surmonté d'une couronne ducale avec croix de Malte derrière : c'est le blason de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. 

   Près de la chapelle est un calvaire de granit au sommet carré à pignon et colonnettes reposant sur une torsade ; d'un côté apparaît le Christ et de l'autre une piéta. Une autre croix à bras pattés et en granit grossier avoisine ce calvaire (Cayot-Delandre, op. cit., 292 – Rosenzweig, op, cit., 210). 

 

Fescal :

   C'est encore au diocèse de Vannes, en la paroisse de Péaule (Morbihan), que se trouvait le Temple de Fescal. Ce nom révèle un établissement de Templiers, passé ensuite aux Hospitaliers qui en rebâtirent la chapelle sous le vocable de saint Jean-Baptiste. Dès le XIVème siècle une partie de la dotation de ce temple était déjà devenue la propriété de l'abbaye de Prières qui l'avait réduit à l'état de simple tenue. Plus tard le duc d'Elbœuf, seigneur de Rochefort, s'empara de cette terre, mais les moines de Prières en recouvrèrent la possession en 1650 (Abbé Luco, op. cit., 468). 

   Aussi à cette époque le commandeur de Carentoir n'avait-il que peu de chose au village du Temple de Fescal : « En la paroisse de Péaule y a un temple fondé de Monsieur saint Jean-Baptiste, appelé le Temple de Fescal, lequel est couvert d'ardoises et a une cloche de moyenne grosseur : le service et les réparations y sont entretenus (au moyen des deux tiers des oblations). Et n'y a ny maison ny demeure du propre de la commanderie, fors quelques tenues d'héritages sur lesquelles sont deubs quelques 24 sols mon. de rente et la dixme à la 11ème, tout quoi peut valoir 6,54 livres »

   Remarquons encore qu'à cette époque il se tenait au village de Fescal « une assemblée à la Saint-Jean » où certains droits seigneuriaux appartenant à l'origine au commandeur se trouvaient usurpés par le seigneur du Pont-d'Armes. 

   La chapelle Saint-Jean du Temple de Fescal, aujourd'hui délaissée, est de style ogival et présente une fenêtre à meneaux rayonnants, à trilobes et quatrefeuilles. A peu de distance de ce petit sanctuaire, on voit une ancienne croix de pierre et, à côté, deux pierres tombales grossièrement taillées ; chacune d'elles est accompagnée à ses extrémités de deux pierres debout dont celles plus voisines de la croix présentent une croix pattée sculptée en relief. Il existe sur ces tombes deux légendes : suivant l'une ce serait la sépulture de deux chevaliers du Temple ; suivant l'autre celle de deux personnages, l'un catholique, l'autre protestant, qui se battant en duel en cet endroit se seraient tués mutuellement, ce qui aurait mis fin dans le pays aux guerres de la Ligue (Abbé Le Mené, op. cit., II, 75 - Rosenzweig, op. cit., 199).

 

Lantiern :

   La charte de 1182 mentionne parmi les possessions des Templiers le membre de « Landiern » ; c'était ce qu'on appela le Temple de Lantiern dans la paroisse d'Arzal (Morbihan), au diocèse de Vannes. « Est dans la paroisse d'Arzal, - dit la déclaration de Carentoir en 1677 - un temple fondé de Monsieur saint Jean-Baptiste, appelé Saint-Jean de Lantiern, dans lequel se font les enterrages ; autour d'iceluy il y a un grand tenuement sur lequel le commandeur (de Carentoir) prend la dixme à la coutume » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 184). 

   L'état de la commanderie du Temple de Carentoir en 1643 donne quelques détails : « En la paroisse d'Arzal il y a une très belle église et Temple avec quantité de chapelles et sept autels, une croix d'argent avec des reliques de la Vraie-Croix, un calice d'argent et deux d'estain. Autour duquel Temple il y a quelques tenues qui doibvent des rentes et dixmes, et s'appelle Saint-Jean de Lantiern ; la chapelle est couverte d'ardoizes avec trois cloches, le tout en bon et deub estat, et il n'y a aucune habitation ny domaine du propre de la commanderie, et s'afferme ledit lieu 18 livres » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Enfin « l'église tréviale de Lantiern proche le passage de la Roche-Bernard, distante du Temple de Fescal d'une bonne lieue et de l'abbaye de Prières de deux lieues » rapportait encore au commencement du XIXème siècle « un dixmereau et le tiers des oblations, le tout affermé 18 livres », mais il n'en est plus question dans la déclaration de Carentoir en 1755, pas plus qu'il n'y est fait mention des Temples de Questembert, de Limerzel et de Fescal. 

   Chapelle frairienne d'Arzal, Saint-Jean de Lantiern subsiste encore ; « c'est un édifice de l'époque romane de transition, réédifié extérieurement en 1627, mais conservant à l'intérieur tout le caractère de sa construction primitive. Elle n'a qu'un bas-côté au Nord, qui se compose de deux arcades romanes. Deux autres arcades, placées de chaque côté du choeur, sont de style ogival. De l'ancienne verrière qui ornait la fenêtre ogivale du chevet, il ne reste que l'écu du duché de Bretagne et celui des seigneurs de Brouel. Cette curieuse petite église renferme, outre le maître-autel, sept autels latéraux presque tous fort anciens. L'ancienne tribune seigneuriale est placée au-dessus de la porte de l'Ouest, et on y accède par un escalier pratiqué dans l'épaisseur du mur. Il est à remarquer que les maisons du village de Lantiern ont, pour la plupart, un aspect bourgeois qui diffère totalement de l'architecture ordinaire des habitations rurales. Un pavé partant de l'église et se dirigeant au Nord conduit à l'une de ces maisons qui est fort ancienne. Tout annonce que ce petit village eut jadis quelque importance : il y avait là autrefois des marchands, un notaire, une juridiction... Les moines de l'abbaye de Prières s'y rendaient en procession deux fois par an, parce que la chapelle possédait un fragment de la Vraie-Croix » (Cayot-Delandre, op. cit., 230).

 

Le Gorvello et la Vraie-Croix :

   Ces deux établissements se trouvaient l'un et l'autre dans la paroisse de Sulniac (Morbihan), au diocèse de Vannes. Ce n'étaient point à l'origine des temples, mais bien des aumôneries, en possession desquelles les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem furent confirmés par la charte de 1160 ; ils sont appelés dans cet acte Eleemosina de Corvellou et hospitalis in Suluniac (Dom Morice, op. cit., I, 252). 

   Suivant un aveu de 1575, le commandeur de Carentoir percevait au Gorvello le tiers des oblations, l'autre tiers était réservé au recteur de Sulniac, et le reste employé à l'entretien de la chapelle ; les fonctions ecclésiastiques y étaient remplies par un curé nommé et rétribué par le recteur de Sulniac. 

   Un aveu de 1624 ajoute : « Au Temple Saint Jean du Gorvello se font toutes fonctions curiales, baptêmes, grandes messes, enterrages avec croix et bannières. Autour du Temple sont trois tenues qui doivent rentes féodales, droits seigneuriaux, et dixme à la 11ème gerbe » (Abbé Le Mené, op. cit., I, 252).

   Enfin dans l'état de la commanderie de Carentoir en 1643 on lit : « Le Temple de Gorvello est une fort belle chapelle fondée de Monsieur saint Jean-Baptiste, en laquelle il y a nombre de beaux ornements qui sont en la garde des frairiens ; ladite chapelle bien et deubment vittrée ayant deux cloches de moyenne grosseur, un tabernacle où repose le Saint-Sacrement et des fonts baptismaux, est une trêve où il y a charge d'âmes ». Ces deux cloches subsistent avec leurs inscriptions ; l'une est de 1532 et l'autre de 1608. 

   L'église du Gorvello, aujourd'hui paroissiale, bâtie en forme de tau, est une oeuvre du XVIème siècle avec fenêtres ogivales, portes à anses de panier et accolades à crochets. Les lambris sont à clefs pendantes et les entraits à tête de crocodiles ; sur les sablières apparaissent des sculptures grotesques, telles qu'un animal ayant une tête humaine, un autre avalant un moine, un troisième portant une hallebarde, d'autres enfin jouant du biniou, puis trois têtes sous un même bonnet, un moine avec des oreilles d'âne tenant une marotte terminée par une tête semblable, etc., le tout entremêlé d'inscriptions gothiques de 1523 et 1547 (Rosenzweig, op. cit., 178). 

   Sur un angle de la balustrade se voit sculptée la tête de saint Jean-Baptiste dans un plat ; les pèlerins viennent la baiser pieusement sur les deux joues. 

   La Vraie-Croix, autre ancienne trêve de la paroisse de Sulniac, se trouve à une petite lieue du Gorvello ; c'était à l'origine un village appelé le bourg de l'Hôpital de Sulniac ou simplement l'Hôpital. Là se trouvait « un temple fondé de saint Sauveur et de saint Jean-Baptiste, et autour de ladite église plusieurs tenues sur lesquelles sont deues au commandeur de Carentoir quelques rentes avec un petit droit de dixme à la 11ème gerbe ; et n'y a aucun domaine ny habitation du propre de ladite commanderie (de Carentoir) »

   On lit aussi dans un aveu de 1624 : « Le Temple de la Vraie-Croix où il y a croix, bannière et enterrage. Autour de ce temple est un grand village qui dépend presque en entier de la commanderie de Carentoir, et les hommes subjets doibvent rentes féodales, debvoirs seigneuriaux et dixme. Les pieds généraux s'y tiennent le lendemain de la Sainte-Croix et l'on y fait venir les hommes du Temple du. Gorvello, et du Cours de Molac ». Les oblations faites à la Vraie-Croix se partageaient comme celles du Gorvello. Dans les temps reculés, il y avait aussi un étang et un moulin qui dépendaient de la commanderie de Carentoir, mais ils n'existaient plus au commencement du XVIIème siècle, époque à laquelle l'évêque de Vannes « s'estoit déjà saisy du droit de dixme » (Abbé Luco, op. cit., 876). 

   Deux sanctuaires s'élevaient et subsistent encore à la fin du XIXème siècle au bourg de la Vraie-Croix ; le premier, jadis église tréviale de Sulniac sous le patronage de saint Sauveur et de saint Jean, est devenu de nos jours église paroissiale dédiée à saint Isidore ; c'est elle qu'on appelait le Temple de Saint-Jean, possédé par les chevaliers hospitalier ; le second est à proprement parler la chapelle de la Vraie-Croix ; disons un mot de chacun d'eux. 

   La chapelle du Temple de saint Jean reconstruite au XVIème siècle et restaurée au XVIIème, affectait la forme d'une croix à double croisillon sur le modèle du reliquaire de la Vraie-Croix dont nous parlerons à l'instant. On y trouve une cloche en bronze de 1523. L'autre chapelle remonte en partie au XIIIème siècle et s'élève à l'extrémité du village opposée à l'église du Temple. Elle offre cette singularité d'être bâtie au-dessus d'une voûte sous laquelle passe la voie publique ; son portail composé de cinq voussures ogivales reposant sur des colonnettes romanes se trouve sous le côté de la voûte correspondant à la nef du sanctuaire. Un escalier intérieur - remplacé de nos jours par deux escaliers extérieurs - conduisait de ce beau portail au sanctuaire lui-même. 

   Mais pourquoi ces deux chapelles dans le même village ? Ecoutez la légende : Un seigneur breton venant des croisades - un Templier ou un Hospitalier peut-être - rapportait de son lointain voyage une relique de la Vraie-Croix. Il s'endormit un jour dans la paroisse de Sulniac, et pendant son sommeil la précieuse relique qu'il portait pieusement sur sa poitrine disparut tout à coup. A son réveil, craignant de l'avoir perdue en route, il revint sur ses pas, mais bien en vain ; il lui fut impossible de retrouver son trésor sacré et il quitta le pays. Après son départ, des enfants aperçurent une vive lumière dans une aubépine au pied de laquelle le chevalier s'était endormi ; l'un d'eux grimpa dans l'arbrisseau et trouva au fond d'un nid, jetant un merveilleux éclat, le reliquaire qu'avait perdu le chevalier croisé. On résolut d'élever à côté une chapelle et d'y placer cette insigne relique ; alors fut construite la chapelle du Temple sur le modèle du reliquaire de la Vraie-Croix. Le saint fragment y fut solennellement déposé, mais le lendemain la relique avait disparu de nouveau et le nid dans l'aubépine avait repris sa mystérieuse clarté. On comprit alors que Dieu voulait que la relique fût honorée non à quelques pas de l'arbre où elle reposait, mais sur son emplacement même et à la hauteur précise où se trouvait le nid. Une seconde chapelle fut donc construite en cet endroit et c'est là qu'aujourd'hui encore l'on vénère le fragment de la Vraie-Croix. 

   Cet objet sacré est renfermé dans un reliquaire en forme de croix à double branche en cuivre doré ; une guirlande de feuilles de chêne gravée en creux court sur le pied et sur les croisillons, et une torsade forme bordure ; neuf pierres précieuses ornent cette croix dont toutes les branches sont pattées. Honorée en ce lieu depuis bien des siècles, cette sainte relique donne depuis lors son nom au bourg de la Vraie-Croix. 

 

Le Cours de Molac :

   Les deux ordres de Saint-Jean de Jérusalem et du Temple reçurent au XIIème siècle des biens en la paroisse de Molac (Morbihan), évêché de Vannes. Nous en avons la preuve dans les deux chartes de 1160 et de 1182 ; la première confirme les  chevaliers hospitaliers dans la possession de l'aumônerie de Molac, Eleemosina de Mollac ; la seconde accorde la même faveur aux Templiers pour leur terre de « Moëlac ». La tradition attribue à ces derniers chevaliers la construction de la chapelle de Notre-Dame de l'Hermain en Molac, mais c'est tout ce que nous en savons. 

   Nous sommes mieux renseignés sur l'Hôpital du Cours de Molac : « En la paroisse de Molac il y a un Temple fondé de saint Jean-Baptiste – dit l'état de la commanderie de Carentoir en 1643 – en lequel le service divin est fait et entretenu ladite chapelle couverte d'ardoizes en bonne reparation, sans aucun logement ny domaine du propre de ladite commanderie, fors quelques rentes et dixmes qui sont levés sur certains héritages situés autour de ladite chapelle, avec obéissance. Les frairiens y font faire le service aux festes et dimanches et celui qui y sert va quester par le village dudit lieu » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   D'après l'aveu de 1574, le commandeur de Carentoir jouissait du tiers des oblations faites à la chapelle du Cours de Molac, le recteur de la paroisse percevait l'autre tiers et le surplus était laissé aux frairiens pour l'entretien du sanctuaire. Plus tard, le recteur abandonna sa part au prêtre chargé de desservir ce quartier ; enfin une chapellenie ayant été fondée en ce lieu et dotée d'une maison et d'un jardin, un prêtre desservant s'y établit d'une manière permanente (Abbé Le Mené, op. cit., I, 189). 

   La chapelle du Cours de Molac, remplacée de nos jours par une église paroissiale moderne, était un édifice de forme rectangulaire avec un seul bas-côté au sud. Les fenêtres de style ogival avec meneaux en quatrefeuilles et en fleurs de lys présentaient les écus des sires de Molac, de la Chapelle et de Rosmadec.

 

3. L'Hôpital de Villenart 

   Dans la charte de 1160, sanctionnant les possessions de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, est mentionnée l'aumônerie de Ploërmel Eleemosina de Ploue-Arthmael (Dom Morice, op. cit., I, 638), dans l'évêché de Saint-Malo. 

   « Cette désignation convient parfaitement à la commanderie de Saint-Jean de Villenart, près Ploërmel (Morbihan), qui fut jusqu'à la Révolution à l'Ordre de Malte, et il ne faut point chercher ailleurs l'aumônerie de Ploërmel. C'est aujourd'hui une chapelle paroissiale et la tradition affirme que dans le trésor de cette chapelle figurerait ou aurait autrefois figuré, singulière relique, un des deniers de Judas » (Ropartz, Notice sur la ville de Ploërmel, 87). 

   Voyons ce qu'était cet Hôpital en 1677 : « Dépend de la commanderie de Carentoir un membre appelé Saint-Jean de Villenart en la paroisse de Ploërmel, consistant en une chapelle fondée de Monsieur saint Jean-Baptiste, en laquelle tombent quelques aumosnes et oblations que le commandeur prend et perçoit ou son chapelain pour luy ; et à cause dudit fief sont deubs nombre de rentes et debvoirs seigneuriaux par les hommes et subjets demeurant tant au village dudit Saint-Jean que de la Villenart, la Bretonnière, l'Hospital, Bizon et Crancastel, une maison au village de Loyal en la paroisse de Néant et un autre village appelé l'Hospital de Néant » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 184). 

   Outre ces biens en la paroisse de Néant, les Hospitaliers avaient également uni à leur aumônerie de Villenart ce que possédaient avant eux les Templiers dans les paroisses de Guillac et de Saint-Servant (Morbihan). C'était le Temple de Guillac, en la paroisse de ce nom, mentionné en 1182 et consistant en 1574 en « une tenue d'héritaiges d'environ 40 journaux à debvoir de 6 livres de rente, d'obéissance et de dixme au 12ème des grains » et « en la paroisse de Saint-Servant, un hameau nommé l'Hospital-aux-Robins et un autre petit hameau appelé le Temple, où sont deubs quelques rentes féodales ». Mais ces biens furent « usurpés sous prétexte d'échange avec le commandeur Le Pelletier qui n'en avoit aucun pouvoir » (Déclarations de 1574 et de 1677). 

   Vers 1740 le commandeur de Carentoir plaidait encore pour recouvrer le fief de Guillac que tenait alors M. de Gachon. Le commandeur Gilles du Buisson s'occupa de la chapelle de Villenart comme le prouve l'état de la commanderie de Carentoir en 1643 : « A Villenart il y a une chapelle fondée de saint Jean-Baptiste, sur la grande porte de laquelle il y a un chapitrel refait tout de neuf par ledit du Buisson, en laquelle il y a la garniture d'un autel pour y faire le service divin avec une cloche dans un arbre au devant d'icelle chapelle, autour de laquelle est un cimetière tourné de murailles ; ladite chapelle couverte d'ardoizes, carrelée et vitrée est en un bon et deub estat ; il y a un coffre à serrer les ornements acheptés par ledit du Buisson ». Vers la même époque, l'Hôpital de Villenart se trouvait affermé « à Jean Marchand, fermier du Temple de Carentoir » pour la somme de 45 livres par an. 

   On voit d'après cela que Saint-Jean de Villenart n'était point un bénéfice important ; aussi la déclaration du Temple de Carentoir en 1755 l'appelle-t-elle : « le petit membre de l'Hospital de Villenart consistant en fiefs, rentes et dixme ». Ce sont, dit un autre titre contemporain du précédent, « quatre petits fiefs situés en plusieurs paroisses aux environs de Ploërmel ». On y ajoute qu'il s'y exerçait une petite juridiction, que les vassaux payaient 25 livres au commandeur de Carentoir « pour n'estre assujétis à aucun moulin » et que la chapelle de Villenart était alors « étayée aux dedans et dehors », ce qui prouve qu'elle menaçait ruine (Archives de la paroisse du Temple de Carentoir). Elle est, en effet, tombée ; les paroissiens de Ploërmel l'ont rebâtie à la fin du XIXème siècle et elle continue à cette époque d'être régulièrement desservie chaque dimanche. 

 

4. Le Pont-d'Oust 

   Sur le bord de la rivière d'Oust, dans la paroisse des Fougeretz (Morbihan), au diocèse de Vannes, et à deux lieues environ du Temple de Carentoir, se trouvait un petit membre de cette commanderie, appelé le Pont-d'Oust. On y voyait alors une chapelle qui n'existe plus et les débris d'un édifice regardé par les habitants comme ayant été jadis un couvent (Ogée, op. cit., nouvelle édition, V Les Fougeretz). 

   En 1574, le Pont-d'Oust était « une tenue d'héritaiges contenant environ 35 journaux de terre, sur laquelle est deub 30 sols de rente et la dixme ». Voici ce qu'en dit la déclaration du Temple de Carentoir en 1677 : « Le Pont-d'Oust consiste en une chapelle, fondée de saint Jean-Baptiste et de saint Jacques, où le commandeur (de Carentoir) prend un tiers des oblations qui y tombent, l'aultre tiers le prend le recteur des Fougerets à la charge d'y entretenir et célébrer le service divin, et le dernier tiers est pris par les hommes dudit commandeur qui, pour ce, font les réparations nécessaires à ladite chapelle. Et à cause dudit lieu sont deubs nombre de rentes féodales sur les maisons et terres qui sont dans ledit fief avec la dixme à la 11ème sur les grains et fillaces » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 184). 

   Au temps du commandeur Gilles du Buisson (en 1643), il y avait dans la chapelle du Pont-d'Oust « trois autels avec les ornements pour faire le service divin, deux calices d'argent et un d'estain », et Mre Jean Danet desservait le sanctuaire. 

   En 1745, le Pont-d'Oust n'était affermé que 25 livres et ne consistait plus qu'en un fief « s'étendant le long de la rivière d'Oust », une pâture et le tiers des oblations de la chapelle. Celle-ci bâtie dans le fief était alors « armoiriée, dans sa vitre, des armes des commandeurs de Carentoir » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Au Pont-d'Oust était uni au XVIIème siècle un autre petit membre de la commanderie de Carentoir ; « En la paroisse de Saint-Congard (Morbihan), dit l'aveu de 1677, est une tenue appelée le Temple de Saint-Congard et quelques autres maisons sur lesquelles il y a 20 deniers de rente, droit de lodz et ventes et obéissance, relevant du lieu du Pont-d'Oust »

   Il n'y avait point de chapelle à cette époque au Temple de Saint-Congard. Le commandeur Gilles du Buisson nous dit seulement y posséder (en 1643) « quelque peu de rentes et la dixme à la 11ème  sur les grains et filaces ». Il ajoute néanmoins ce qui suit : « Auquel lieu du Temple de Saint-Congard se sont bastis depuis quelques années plusieurs beaux logis, ce qui augmentera le casuel du lieu, qui est à présent affermé à Mre Claude Le Mauf pour la somme de 20 livres tournois ; et n'y a audit lieu aucun manoir ni domaine du propre de la commanderie fors une pasture qui fourche la rivière, dont les hommes jouissent et poient un escu de rente et s'appelle le pré de la Caze » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

 

5. Le Temple de la Coëffrie 

   En 1217, le duc Pierre Mauclerc et Alix de Bretagne, sa femme, confirmant les donations faites au Templiers par leurs prédécesseurs, y ajoutèrent le don d'une villa dans le pays de la Mée, quadam villa in Medeia (Archives de la Loire-Inférieure, H, 460 – Dom Morice, op. cit., I, 836). 

   Il semble probable que telle fut l'origine du Temple de la Coëffrie en la paroisse de Messac (Ille-et-Vilaine) sise au territoire de la Mée, mais dans le diocèse de Rennes. 

   L'ordre du Temple ayant été détruit en 1312, la Coëffrie passa entre les mains des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui l'unirent à leur commanderie du Temple de Carentoir ; le fait de cette union est constaté dès 1391 (Archives de la Vienne, 3 H, 300). 

   Les guerres civiles de la fin du XVIème siècle ruinèrent complètement les manoirs du Temple de Carentoir et de l'Hôpital de Quessoy qu'habitaient les commandeurs hospitaliers. En 1604, le grand prieur d'Aquitaine députa en Bretagne plusieurs chevaliers de son Ordre pour constater ce triste état des lieux (Archives de la Vienne, 3 H, 301). 

   A la suite de cette enquête le commandeur de Carentoir fixa sa résidence au manoir du Temple de la Coëffrie ; ses successeurs l'imitèrent jusqu'au temps de la Révolution.

   Voici ce qu'était la Coëffrie en 1574 : « Le Temple de la Coëffrie en la paroisse de Messac avec le manoir dudit lieu contient tant en cours, jardins, prairies, bois de haulte fustaye, etc., environ 15 journaux de terre. L'église et chapelle dudit lieu de la Coëffrie est située au joignant de ladite maison ; le commandeur de Carentoir jouit du tout des aumosnes et oblations faites en ladite chapelle sans que le recteur de Messac y prenne aucune chose. Il y a un moulin à grain avec l'estang d'iceluy et un moulin à fouler draps, avec leurs destroits et moutaux, iceux moulins et estang situés au joignant de ladite maison de la Coëffrie. Révérend Père en Dieu, Mgr l'Esvêque de Saint-Malo doit de pension audit commandeur, sur les dixmes qu'il lève ès paroisses de Guipry et Messac, le nombre de 28 mines de grain, savoir 14 mines de bled seigle et 14 mines d'avoine grosse, le tout mesure de Lohéac. Les seigneur et dame de Chasteaubriand doibvent à ladite commanderie, au jour et feste de saint Jean-Baptiste, la somme de 7 livres monnoie » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 184). 

   Soixante-neuf ans plus tard, le commandeur Gilles du Buisson fit faire en 1643 dans l'état des améliorissements de la commanderie de Carentoir une description fort détaillée du Temple de la Coëffrie. 

   « Despend de la commandrye de Carentoir un membre vulgairement appelé le Temple de la Coëffrie, séjour ordinaire des commandeurs, distant du Temple de Carentoir d'environ cinq lieues. Auquel lieu de la Coëffrie il y a une chapelle fondée en l'honneur de Monsieur saint Jean-Baptiste nostre patron, laquelle est à présent servie par Dom Pierre Collin, prestre de la paroisse de Messac, en laquelle chapelle (sont) des ornements pour faire le service divin accoustumé, lesquels ont esté donnés par le commandeur Gilles du Buisson et lesquels sont bons et convenables et en la garde dudit dom Pierre Collin qui est salarié par ledit du Buisson. Laquelle chapelle (est) réparée tout de neuf, tant de couverture qui est d'ardoizes que de charpente et partie de la muraille, avec des vitres aux vitraux et commencée à blanchir, se proposant ledit du Buisson, la faire achever de blanchir, et ès principales vitres sont les armes de l'Ordre. En laquelle chapelle il y a quatre autels, sur le principal desquels est un beau buffet en menuiserie fait faire par ledit du Buisson pour honorer une image de la Vierge qui y a été donnée par lui ; et sur le pignon de la chapelle il y a une bretesche ou campanier faict en maçonnail, auquel il y a une cloche de moyenne grosseur. Au costé de ladite chapelle, vers le Nord, est le logix ou manoir dudit lieu, où l'on entre par un grand portail, sur lequel il y a un colombier ; et entrant dans une cour carrée, au bas de laquelle est un corps-de-logix composé d'une cuisine, deux petits celliers et sur iceux, deux chambres hautes dans l'une desquelles y a une cheminée, avec des grilles de fer à deux croisées, et les greniers au-dessus ; et au costé y a une garde-robe joignant laquelle est un cabinet sous lequel y a un four ; et pour monter auxdites chambres y a un degré de bois fait à jour. Et proche ledit logix est un autre grand corps-de-logix au bout duquel est une chambre haute à cheminée et sous icelle un cellier, à la suite duquel logix sont les estables à loger les bestiaux de la mestairie ». D'autres écuries et un « fagottier » sont encore mentionnés dans cette cour « laquelle est renfermée de murailles de bonne hauteur et en laquelle y a un puits. Autour desquels logix sont les jardins et vergers en l'un desquels jardins y a un réservoir à garder du poisson, avec une petite sauldraye près d'où passe un canal d'eau vive que ledit du Buisson a fait faire tout à neuf »

   Viennent ensuite plusieurs pièces de terre avoisinant les jardins ; « plus, au devant de ladite entrée et portail, est une basse-cour renfermée de paliz, et au-devant de ladite basse­cour est une chesnaye plantée de rabines de chesnes et chasteigners, contenant environ deux journaux »

   Il est ensuite fait mention de plusieurs autres terres en labour, parmi lesquelles figure une pièce appelée « la Justice », où devait à l'origine se trouver un gibet ; puis on parle d'une autre « petite chesnaye de haute futaye avec un petit bois taillis, pouvant contenir le tout environ trois journaux, dans lequel ledit du Buisson a fait faire des mottes à lapereaux »

   Enfin, « autour desdits bois, domaines et jardins est la prée dudit lieu, qui aboutit à la chaussée et qui autrefois estoit un estang qui peut contenir environ seize journaux, par le milieu duquel et au costé vers Nord passe un ruisseau qui autrefois faisoit moudre deux moulins, l'un à bled, l'autre à draps ; mais la prairie vaut aujourd'hui quatre fois. Néanmoins, ledit du Buisson a fait faire tout de neuf un moulin à draps, sans que cela détériorisse ladite prée, qui pourra valoir, estant en estat, 25 ou 30 escus de rente »  (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Après cette description du manoir de la Coëffrie et l'énumération des terres constituant son pourpris et sa métairie vient le relevé des autres dépendances de cette maison seigneuriale : « En la paroisse de Fougeray, évesché de Nantes, à une lieue dudit lieu de la Coëffrie est un petit bailliage appelé l'Hostel-Ferré ou la Ruantaye où est deub 45 sols de rente et obéissance par les estaigiers qui sont au dit lieu et dépendent de la commanderie. Plus, au bourg de Messac, à une petite lieue de la Coëffrie et proche le cimetière de Saint-Jacques est une tenue où il y a quatre ou cinq estagiers qui doibvent 3 sols de rente et obéissance. En ladite paroisse de Messac est deub un trait de dixme au lieu appelé le Plessix-Tenet, qui se lève ès domaines appelés Soubs-le-Bé, la Sagoussinaye, et la Croix de la Roberdaye, et est affermé avec la dixme du bourg le nombre de 11 bouexeaux de bled, mesure de Bain, 6 à la charge. La dixme qui se lève sur les sujets dudit lieu du Temple de la Coëffrie, à la 10ème des grains et fillaces, peut valoir, bon an mal an, 30 bouexaux de bled, dite mesure. Les rentes par deniers peuvent valoir 10 livres tournois. En la mestairie se peuvent recueillir par chacun an six vingt bouexeaux de bled, dite mesure. Plus depend dudit lieu une maison située en la ville de Rennes, en la rue de la Haulte Baudrairie et doibt 5 sols de rente et obéissance. En la ville de Baulon, à quatre lieues dudit lieu de la Coëffrie sont deux maisons, avec deux jardins, appelées le Temple ; lesquelles estoient de temps presque immémorial presque aliénées de la commanderie et néanmoins ledit du Buisson les a retirées à grands frais et réunies à ladite commanderie au membre de la Coëffrie, et doibvent 7 deniers de rente et obéissance »

   Cet état des améliorissements (de 1643) mentionne encore la juridiction du Temple de la Coëffrie – la rente de 7 livres due par le baron de Châteaubriant, mais qui « ne se paie plus faute de titres »  – et la rente de grains due par l'évêque de Saint-Malo, évaluée alors « 220 livres d'argent »

   Enfin, le commandeur Gilles du Buisson dit qu'il affermait à Pierre Duval sa terre de la Coëffrie 80 écus (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Il faut ajouter à ce qui précède un renseignement fourni par la déclaration de la commanderie de Carentoir en 1677 : il y est question de « quelques redevances ès paroisses de Saint-Jacut, Ruffiac, Tréal et Guer (dues au Temple de la Coëffrie), mais dont le commandeur ne peut plus avoir "jouissance ny parfaite cognoissance" ». Plus au faubourg de Malestroit, près de la Magdeleine, est une maison sur laquelle « est deub, par chacun an, de rente féodale, une livre de cire et obéissance »  (Archives de la Loire-Inférieure, B, 184). 

   De sorte qu'à l'origine le Temple de la Coëffrie s'étendait dans au moins dix paroisses : Messac, Fougeray, Guipry, Saint-Germain de Rennes, Baulon, Saint-Jacut (il s'agit de Saint-Jacut-les-Pins), Ruffiac, Tréal, Guer et Malestroit. 

   Nous reparlerons de la Coëffrie, résidence des derniers commandeurs de Carentoir, lorsque nous relaterons la visite de cette commanderie faite en 1745 par les chevaliers de Malte.  

 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Templerie de Carentoir

 

II

   Dans la paroisse de Quessoy (Côtes-d'Armor), au diocèse de Saint-Brieuc, à mi-voie entre cette ville et celle de Moncontour, se trouvait au village de l'Hôpital, un établissement de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem ; c'était le chef-lieu d'une commanderie appelée l'Hôpital de Quessoy, devant probablement son origine à un hospice fondé pour les besoins des voyageurs indigents. 

   La charte de 1160 mentionne comme propriété des chevaliers hospitaliers, l'aumônerie de Quessoy, Eleemosina de Kessoe (Dom Morice, op., cit., I, 638). La commanderie de Quessoy remonte donc à l'arrivée des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne au XIIème siècle ; elle acquit de bonne heure une certaine importance, comme nous le prouvera à l'instant le grand nombre de paroisses sur le territoire desquelles elle s'étendit, mais au XVIème siècle elle se trouvait réduite à peu de choses. A cette époque cependant on lui avait uni trois autres petits établissements ayant dû à l'origine avoir une existence indépendante ; la Croix-Huis, Port-Stablon et Roz-sur-Couesnon ; le tout ne formait pas encore une commanderie suffisamment dotée, mais offrait ce cachet particulier que la commanderie tout entière ne se composait que de biens d'Hospitaliers, sans aucun mélange de Temples. Il y avait dans le Grand Prieuré d'Aquitaine sept commanderies concédées aux servants d'armes de ce prieuré ; de ces sept commanderies, deux appartenaient à la Bretagne, c'étaient celles dont nous nous occupons présentement, le Temple de Carentoir et l'Hôpital de Quessoy. Longtemps indépendantes l'une de l'autre, ces commanderies furent réunies en mêmes mains l'an 1566 ; nous allons le voir à l'instant, mais il nous faut d'abord faire connaître les commandeurs de Quessoy dont le nom est venu jusqu'à nous. Frère Geoffroy Berthou, vivant en 1312, est le plus ancien commandeur de Quessoy que nous connaissons (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit, VI, 109). Frère Guillaume Faruau, était en même temps commandeur de Clisson et de Quessoy en 1395 ; il rendit aveu au duc de Bretagne pour cette dernière commanderie le 24 septembre 1409 (Archives de la Vienne, 3 H, 311 et 729). Frère Pierre Beaupoil, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, fit la déclaration au duc de sa commanderie de Quessoy en 1444 (Archives de la Loire-Inférieure, B, 909). Frère Jacques Joubert, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, rendit aveu au roi pour le Quessoy le 29 avril 1506 (Archives de la Loire-Inférieure, B, 909). Frère Christophe de la Touche, chevalier de Rhodes, se trouvait en février 1516, commandeur de Quessoy (Archives de la Vienne, 3 H, 311). Frère Jean Courault mourut le 2 juin 1544 ; Jean Tournemine, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem et commandeur de Villedieu, se trouvant à Cicé près Rennes, château appartenant à sa famille, fit connaître à Poitiers le décès de ce commandeur de Quessoy (Archives de la Vienne, 3 H, 311). Frère Victor Ricordeau, religieux de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, succéda au précédent ; il rendit aveu au roi le 5 octobre 1551 et prêta le lendemain serment à S. M. pour sa commanderie de Quessoy (Archives de la Vienne, 3 H, 303 – Archives de la Loire-Inférieure, B, 1008). 

   Vers 1565, probablement à l'instigation de Jean Le Pelletier, commandeur de Carentoir, les servants d'armes du Grand Prieuré d'Aquitaine adressèrent au grand maître de l'Ordre, Jean de la Valette, la requête suivante : « Illustrissime et révérendissime Monseigneur et Sacré Chapitre Général, vos très humbles et obéissants religieux et serviteurs, les frères servants d'armes de votre prieuré d'Aquitaine remonstrent comme des sept commanderies qui leur sont ordonnées pour récompense des services qu'ils s'efforcent journellement faire à vostre Religion, il y en a deux entre autres, appelées l'une de Carentoir et l'autre de Quessoy, estant de si petite valeur qu'il n'a été possible par le passé et encore moins à présent aux possesseurs d'icelles, après avoir satisfait aux charges qui y sont fort haultes, se réserver aucune chose pour vivre ou employer aux réparations nécessaires, si bien que à ceste cause et par l'indigence des commandeurs elles sont demeurées jusques aujourd'hui en continuelle décadence et sans pouvoir estre améliorées ; de quoy cognoissant lesdits exposants quel intérest recevroit votre Religion à l'advenir et que pour y remédier plus belle occasion ne se voit, situées comme elles sont près l'une de l'autre, que de les unir ensemble et en commettre l'administration à un seul qui les pourra plus facilement remettre en valeur beaucoup plus grande et payer les droits de vostre commun trésor plus aisement. Pour avoir licence de votre Seigneurie Illustrissime, a esté fait preuve et communiqué aux seigneurs assistants de la vénérable langue tenue en votre prieuré d'Aquitaine auxquels auroit semblé chose fort raisonnable, y donnant leur consentement sous le bon plaisir de vostre Seigneurie Illustrissime et Sacré Chapitre auquel lesdits exposants recourrent ; suppliant très humblement considérer que c'est un grand bien à vostre Religion, (qu'il) soit ordonné que toutes fois l'une ou l'autre des susdites commanderies viendra à vacquer soit par mort, cession, renonciation et autre manière que ce soit, que d'icelles soit faite une seule comnanderie de laquelle Carentoir sera et demeurera chef, et ce sans préjudice de ceux qui les possèdent pour le présent, et que sur ce bulles en soient expédiées en votre chancellerie ; ce faisant lesdits suppliants seront tenus à prier Dieu pour longue vie et prospérité de Vostre Seigneurie Illustrissime et augmentation de la Religion » (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit., VI, 255). 

   Le grand maître de Malte, Jean de la Valette, accueillit favorablement la supplique des servants d'armes du prieuré d'Aquitaine et par bulles datées du 18 février 1566, il unit les deux commanderies de Carentoir et de Quessoy en un seul bénéfice sous le nom de commanderie du Temple de Carentoir (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit., VI, 256). 

   Comme nous connaissons déjà Carentoir, il nous reste à étudier ce qu'était Quessoy à l'époque de son union à Carentoir ; nous allons donc parler des quatre membres déjà réunis alors sous le nom d'Hôpital de Quessoy, c'est-à-dire Quessoy, la Croix-Huis, Port-Stablon et Roz-sur-Couesnon. 

 

1. L'Hôpital de Quessoy

   On lit ce qui suit dans l'état de la commanderie de Carentoir en 1643, du temps du commandeur Gilles du Buisson : « A l'Hospital de Quessoy il y a une chapelle fondée de Monsieur saint Jean-Baptiste, laquelle a été réparée tout à neuf, tant en maçonnail, charpente que couverture, à laquelle réparation ont contribué les hommes voisins tant subjects que aultres ; sur le pignon de laquelle chapelle il y a deux cloches de moyenne grosseur, avec plusieurs ornements et un calice d'argent et un d'estain pour y célébrer le divin service, et est desservie par dom Jacques Cornu, prestre résidant près le dit lieu. Au devant de ladite église est le cimetière ; et au derrière sont nombre de mazières où autrefois estoit les logix et manoir dudit lieu qui ont esté ruisnés par l'injure des guerres civiles ; joignant lesquelles mazières est un petit jardin avec un réservoir et un pasty au-dessoubs où il y a quelques chesnes. Plus, proche de la dite chapelle est le logix de la métairie, lequel logix est réparé tout à neuf. A une arquebusade dudit lieu il y a un ruisseau sur lequel ledit commandeur du Buisson a fait bastir un moulin à bled tout à neuf, où les subjets sont obligés de porter moudre leurs bleds à debvoir ordinaire de mousture et à peine d'amende » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Enfin le domaine proche de la commanderie de Quessoy se complétait par la métairie des Granges en Yffiniac et par une dîme à la 12ème gerbe au village de l'Hôpital de Quessoy. 

   La chapelle Saint-Jean de l'Hôpital de Quessoy appartenait au XIVème siècle. « Elle avait dans son pavé plusieurs dalles funéraires armoriées qui ont disparu. Elle contenait les enfeux des seigneurs d'Uzel, de la Houssaye, du Bouais-Armel, de la Roche-Durant, de la Ville-Tanet et de la Ville-Rabel » (G. du Mottay, Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord, 202). 

   Cette chapelle est reconstruite en 1862 et rien n'y rappelle plus le séjour des chevaliers hospitaliers. Le commandeur de Quessoy jouissait d'une haute juridiction et avait sa justice patibulaire à deux poteaux au village même de l'Hôpital. Enfin, il recueillait quelques dîmes et rentes - fort modiques d'ailleurs - dans les paroisses voisines de Plouguenast, Saint-Aaron, Saint-Gouéno et Plaintel. Il se trouvait en Plouguenast une chapelle dédiée à saint Jean (G. du Mottay, Géographie des Côtes-du-Nord, 809) et en Saint-Aaron un village appelé l'Hôpital. 

 

2. La Croix-Huis

   La charte donnée en 1160 aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem mentionne l'aumônerie de la Croix-Huis sous le nom de Eleemosina de Cruce Hahaguis (Dom Morice, op. cit., I, 638). « En la paroisse de Saint-Cast (Côtes-d'Armor) près Matignon, évesché de Saint-Brieuc, nous apprend l'état de la commanderie de Carentoir en 1643, est un aultre membre dépendant de ladite commanderie, appelé la Croix-Huis, où il y a une chapelle fondée de saint Jean-Baptiste, desservie par dom Guy Gourneuff, lequel pour tout salaire reçoit les oblations et charités des voisins, et il y a audit lieu ornements suffisans pour y faire le service, lesquels sont audit Gourneuff qui y entretient pareillement les réparations de ladite chapelle, et sur le pignon d'icelle est une moyenne cloche. Et il n'y a audit lieu aucun domaine ny logement du propre de ladite commanderie, fors quelques rentes, dixmes et obéissances sur quelques maisons et héritages situés aux environs de ladite chapelle. Comme aussi sur certains héritages qui sont ès paroisses de Henan-Bihan, Pléboulle, Pléhérel, Saint-Germain-de-la-Mer, Erquy, et se pourvoist toute juridiction à l'Hospital de Quessoy » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   Le village Saint-Jean existe encore en Saint-Cast, mais sa chapelle a été renversée. On voyait aussi jadis en Pléboulle, Saint-Germain-de-la-mer, Quintenic et Henan-Bihan des villages avec chapelles sous le vocable du même saint Jean patron des Hospitaliers ; on croit même que le village de la Croix, entre Pléboulle et Saint-Cast, est l'ancienne Croix-Huis. 

   En Henan-Bihan la chapelle Saint-Jean s'élevait au bord d'un chemin gallo-romain, et dans cette même paroisse les Hospitaliers possédaient en 1160 les aumôneries du Tertre-Conan et de la Grand'Fontaine, Eleemosine de Tertre-Conan et de Grandifonte

   L'Hôpital en Pléhérel est un gros village dont la possession fut également assurée aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1160 ; il est appelé alors Eleemosina de Pleherel (Dom Morice, op. cit., I, 638).

   On retrouve en Erquy le village des Hôpitaux et l'on dit qu'au temps des croisades cette paroisse possédait une léproserie à l'usage des soldats atteints de la lèpre et revenant de Terre-Sainte. « La chapelle de cet hôpital est aujourd'hui en ruines, mais elle a conservé la dénomination de chapelle du Saint-Sépulcre » (Jollivet, op. cit., I, 314). 

   Il est vraisemblable que ces divers hôpitaux et chapelles devaient à l'origine dépendre de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. 

   Notons encore quelques petites rentes que recueillait le possesseur de la Croix-Huis dans les paroisses de Collinée, Matignon et La Bouillie. 

   En Matignon le village de l'Hôpital était à l'origine aux Hospitaliers qui y rendaient, dit-on, la justice au pied d'une croix subsistant encore. L'aumônerie de la Bouillie et ses dépendances leur appartenaient aussi ; elle est mentionnée dans la charte de 1160 sous le nom de la Bollie cum appendiciis comme étant leur propriété. 

 

3. Port-Stablon

   Les chevaliers hospitaliers construisirent vers la fin du XIème siècle ou au commencement du XIIème siècle un petit hôpital sur les bords de la Rance, dans la paroisse de Saint-Suliac (Ille-et-Vilaine), évêché de Saint-Malo ; du nom d'un port voisin on l'appela l'Hôpital de Port-Stablon. Ils bâtirent dans le village une chapelle en l'honneur de leur patron saint Jean-Baptiste et le village prit le nom de Port Saint-Jean, nom qu'il garde encore, ayant perdu dans la suite des temps son ancienne dénomination de Port-Stablon. 

   En 1160 le duc de Bretagne confirma les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans la possession de leur aumônerie de Stablon, Eleemosina de Stablehon (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit., III, 103). 

   En 1244 le commandeur des Hospitaliers. Pierre de Villedieu approuva la rente faite à l'abbaye de Saint-Aubin des Bois d'un hébergement et d'une vigne situés à l'Hôpital de Port-Stablon, in Hospitali de Portu Establehon (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit., III, 103). 

   En 1574 Jean Le Pelletier, commandeur de Carentoir et de Quessoy, déclara posséder « la chapelle de Saint-Jehan, sise en la paroisse de Saint-Suliac, auprès de laquelle il y a masse et emplacement de fuie et colombier caduc avec debvoir de dixme sur les fiefs, valant environ 2 bouexeaux de bled ; et le bailliage du Port, en ladite paroisse, auquel est deub, par chacun an, de rente en juridiction, seigneurie et obéissance, par deniers 22 sols, 9 deniers, par avoisne mesure de Chasteauneuf, au terme de Noël, 23 bouexeaux et par poules 6 poules » (Archives Nationales, P 1708). 

   Le commandeur Gilles du Buisson plus explicite s'exprime ainsi en 1643 : « Despend de l'Hôpital de Quessoy un membre appelé Saint-Jean de Port-Stablon, à environ trois lieues de Dinan et dix lieues dudit Quessoy, où il y a une chapelle couverte d'ardoises, fondée de saint Jean-Baptiste, en laquelle il y a la garniture d'un autel pour y faire le service divin qui y est entretenu par les oblations qui y tombent journellement ; et sur le pignon de ladite chapelle il y a une cloche de moyenne grosseur. Es environs de laquelle chapelle il y a plusieurs tenues d'héritaiges, sur lesquelles sont deues plusieurs rentes, tant par argent, bled que volailles. Et il n'y a ny maison ny domaine (appartenant au commandeur) fors l'emplacement d'un colombier »  (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). 

   On voit par ce qui précède que dès le XVIème siècle il ne restait plus debout que la chapelle de l'Hôpital primitif de Port-Stablon. Cependant les ruines d'un colombier prouvent que jadis les chevaliers avaient eu en ce lieu un petit manoir aliéné ou plutôt détruit dans la suite des temps. 

   Quant à la juridiction seigneuriale de Port-Stablon, elle subsistait encore, s'étendant assez loin en treize paroisses : Hillion, Plaine-Haute, Pleslin, Plaintel, Plouër, Taden, Hénon, Planguenoual, Saint-Aaron, Pléneuf, Caulnes, Pleudihen et Evran ; « èsquels lieux il n'y a ny maison, ny domaine qui soit du temporel de ladite commanderie (de Quessoy) ; mais sont deues sur nombre de villages quelques rentes, avec droit de lods et ventes ; et les hommes qui y sont estaigers dudit commandeur dépendent de sa dite jurisdiction de Saint-Jean d'Establon » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir). De la même juridiction relevaient aussi deux maisons situées à Dinan « près l'Hostel-Dieu » (Archives paroissiales du Temple de Carentoir) et quelques droits en la paroisse de Saint-Judoce. Remarquons qu'aujourd'hui des villages nommés l'Hôpital se retrouvent dans les paroisses de Planguenoual, Saint-Aaron, Plaine-Haute et Pleudihen ; en cette dernière paroisse, le commandeur de Quessoy avait encore en 1574 le bailliage de Pont-de-Terre signalé en 1160 sous le nom de Eleemosina de Ponteterre. En Plouër et en Taden existent aussi des villages de Vildé qui sont d'anciennes Ville-Dieu, Villa Dei, possédées par les Hospitaliers et où ils avaient encore des fiefs en 1574 ; de plus en Taden se retrouve également le village de la Grand'Ville qui est l'aumônerie de ce nom signalée en 1160 Eleemosina de Grandivilla (Dom Morice, op. cit., I, 638) comme appartenant à l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. 

   Mais l'Hôpital de Stablon, quoique ayant eu originairement une importance relative, était tombé de bonne heure. Actuellement la chapelle Saint-Jean a elle-même disparu et il ne reste que le petit village de Port Saint-Jean, gracieusement assis sur les rives de la Rance, à rappeler le nom du vieil établissement des chevaliers hospitaliers. 

 

4. Roz-sur-Couesnon

   On ne possède presque rien sur le membre qu'avait le commandeur de Quessoy, en la paroisse de Roz-sur-Couesnon (Ille-et-Vilaine) au diocèse de Dol. C'était une chapelle dédiée à saint Jean, construite au bord de la mer, au village de l'Hôpital, mais déjà vers 1570 « caduque et ruisnée de si long temps qu'il n'est mémoire d'homme l'avoir vue en prospérité » ; à cette époque elle venait même de souffrir beaucoup d'une tempête « et par les grands et impétueux vents depuis les trois ou quatre ans avait estée descouverte et ruisnée à bas ». Le commandeur Jean Le Pelletier entreprit alors de relever ce vieux sanctuaire et en 1574 la chapelle Saint-Jean de l'Hôpital de Roz se trouva « preste à recevoir sa nouvelle couverture » (Archives nationales, P. 1708). 

   Auprès de cette chapelle se trouvait « un petit logix avec jardin et pièce de terre » afféagé en 1574 moyennant 20 sols de rente. Le commandeur de Quessoy jouissait d'un trait de dîme « tant de bled que de fillaces ayant cours ès paroisses de Roz-sur-Couesnon et de Saint-Marcan, quelle dixme vault, commun an, de 10 à 12 bouexeaux de bled, mesure de Dol. Oultre en la paroisse de Roz-sur-Couesnon, il y a un village appelé la Poultière ès environs duquel sont pareillement deues quelques rentes, dixmes et obéissances tant par bled, argent et sel, le tout de peu de valeur, sans aucun domaine » (Etat de la commanderie en 1643).

   Nous croyons que les biens suivants dépendaient également à l'origine de l'Hôpital de Roz-sur-Couesnon : les tenue et fief de la Villaze-Chartrain, en la paroisse de Pleine-Fougères ; le bailliage de l'Hôpital, en Pleugueneuc, s'étendant autour d'un grand village qui porte encore le nom de l'Hôpital ; un petit baillage en Bécherel, au village de la Barre, et un dernier petit fief en la paroisse de la Chapelle-Chaussée. Tout cela était peu considérable : la chapelle Saint-Jean de Roz-sur-Couesnon acheva de tomber en ruines en 1681 et il ne demeura plus que le nom d'Hôpital au village qu'avaient possédé les chevaliers hospitaliers. En résumé, si le Temple de Carentoir seul n'était qu'une médiocre commanderie, l'Hôpital de Quessoy seul était un pauvre bénéfice (affermé seulement 330 livres par an, en 1643) ; les deux établissements réunis ne formaient même qu'une commanderie, assez étendue, il est vrai, comme territoire, mais d'un revenu bien modique. 

 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Templerie de Carentoir

III

   Nous avons dit qu'il était d'usage dans l'Ordre de Malte, de faire faire de temps en temps la visite des commanderies et d'en dresser procès-verbal ; si l'on y constatait des « améliorissements », cela procurait de l'avancement au commandeur qui les avait faits. Pour faire connaître comment s'opéraient ces visites, nous allons résumer ici le procès-verbal de l'une d'elles, faite en 1745 ; cela achèvera de nous faire connaître la commanderie de Carentoir. Le 3 mai 1745, le Chapitre provincial du Grand Prieuré d'Aquitaine se tenant à Poitiers en l'hôtel du Grand Prieuré, sous la présidence du bailli de Choizy, grand prieur d'Aquitaine, frère Louis-Jacques Frin des Touches, commandeur de Carentoir, fit « dire et remontrer aux chevaliers ses frères, que depuis qu'il étoit pourvu d'icelle commanderie de Carentoir, il avait fait de beaux et grands améliorissements, augmentations et réparations, lesquels, suivant l'usage et coustume de la Religion, il désiroit faire apparoistre authentiquement pour s'en aider et prévaloir à future promotion ». Sa requête fut entendue et une commission « signée de frère Jean de Montenay, chancellier au Grand Prieuré d'Aquitaine et scellée du grand sceau à l'aigle » fut donnée à frère René de Brilhac, chevalier commandeur d'Amboise, et à frère Jacques Guinebault de la Grostière, chevalier commandeur d'Ansigny et de la Guerche et receveur général au Grand Prieuré d'Aquitaine, de visiter, selon les règles de l'Ordre, la commanderie de Carentoir tout entière. 

   Le 25 mai suivant, le commandeur de Carentoir se réunit aux commandeurs d'Amboise et de la Guerche « dans la ville de Montcontour à l'auberge de l'Image Saint-Jean ». Il avait amené avec lui, pour dresser le procès-verbal de l'état de sa commanderie « Maistre Jean-Baptiste Janvier, procureur fiscal de la baronnie de Bossac et la Thébaudaye ». Ce fut donc de Moncontour que partirent nos trois Hospitaliers, après avoir « pris serment entre les mains l'un de l'autre sur leurs croix » (nota : outre la croix blanche cousue sur leurs vêtements, les chevaliers de Malte portent une croix d'or suspendue sur leur poitrine) de bien exactement vacquer à l'exécution de la commission. Ils se rendirent tout d'abord « à la chapelle de l'Hôpital de Quessoy, distante de deux lieues et demye de Moncontour », et y rencontrèrent « Messire Pierre Morin, prestre chapelain d'icelle, qui leur présenta de l'eau béniste, et après avoir fait leur prière à Dieu, ils remarquèrent sur le milieu de l'autel une statue de sainte Anne, du costé de l'évangile une statue de saint Jean, et du costé de l'épitre une autre statue sans inscription ». (Suit l'inventaire de la décoration de l'autel, des ornements et du linge de la chapelle). Ils signalèrent également « dans le sanctuaire le banc de la commanderie au-dessous duquel il s'en trouve un autre appartenant à M. de la Houssaye-Le Vicomte... tous les murs de la chapelle reblanchis à neuf, et sur lesquels est une lizière avec les armes de la Religion peintes sur icelle ; la chapelle pavée de briques et de plusieurs tombes... Au-dessus de la porte deux cloches bien sonnantes et vis-à-vis de ladite chapelle un cimetière entouré de murs, planté de plusieurs arbres fruitiers et en dehors de chesnes ». Ils demandèrent ensuite « audit sieur Morin, chapelain, quel service se faisoit dans ladite chapelle ; il répondit qu'il y disoit la messe deux fois par semaine au moyen des oblations que donnoient les voisins »

   Les commandeurs visitèrent ensuite la tenue de la Vigne, la métairie de la Rue-Cochart, le moulin de l'Hospital et la métairie des Granges, qui formaient le domaine de Quessoy ; puis ils s'informèrent du droit de juridiction que possédait le commandeur de Carentoir en ce lieu, et on leur répondit que c'était une haute, moyenne et basse justice, pourvue d'officiers et s'exerçant tous les quinze jours. Enfin les commissaires trouvant toutes choses en bon état « remontèrent à cheval et retournèrent à la ville de Moncontour pour y coucher »

   Le lendemain 26 mai, environ les sept heures du matin, nos voyageurs reprirent leurs chevaux et galopèrent « vers la ville de La Trinité en Porhoët, distante de Moncontour de six bonnes lieues, où étant arrivés environ midi, ils descendirent à l'auberge du Lion d'Or ; ils y dînèrent et ensuite tous de compagnie, remontèrent à cheval, environ les deux heures de l'après-midi, et se rendirent au château de Crévy distant de La Trinité de six bonnes lieues, où ils arrivèrent environ les huit heures du soir »

   La famille de Brilhac - à laquelle appartenait le commandeur d'Amboise - possédait alors le comté de Crévy, importante seigneurie en la paroisse de La Chapelle-sous-Ploërmel. Ce fut la raison pour laquelle nos cavaliers allèrent demander l'hospitalité à Crévy ; ils avaient longuement chevauché toute la journée et c'était d'ailleurs le lendemain fête de l'Ascension, aussi remirent-ils la suite de leur procès-verbal au vendredi suivant. Ce jour-là, 28 mai, ils montèrent à cheval de nouveau pour aller au Temple de Carentoir « distant dudit chasteau de Crévy d'environ cinq lieues et ils y arrivèrent sur les onze heures du matin ».

   Entrés dans l'église paroissiale du Temple de Carentoir, ils y rencontrèrent « Mre Jean Marot, recteur de ladite paroisse », qui leur présenta l'eau bénite et leur ouvrit le tabernacle ; leurs adorations faites, ils reconnurent que « le Saint-Sacrement reposoit dans un ciboire d'argent... Le tabernacle doublé convenablement et doré en dehors également que les deux gradins d'autel sur lesquels sont deux statues l'une de saint Jean-Baptiste du costé de l'évangile et l'autre de sainte Magdeleine du costé de l'épitre ; au dessus du tabernacle est un grand tableau de sept pieds en carré, représentant le baptême de Nostre-Seigneur... Aussi sur les gradins un crucifix avec son Christ d'ivoire et six chandeliers de bois doré »

   Mre Marot conduisit ensuite les visiteurs à la sacristie et leur montra trois calices d'argent, dont deux étaient dorés, une croix d'argent « d'environ deux pieds de haut, dans laquelle est une relique de la Vraie-Croix », et une assez grande quantité d'ornements sacerdotaux. 

   Il n'est point fait mention dans cet inventaire d'un curieux reliquaire que possède maintenant encore l'église du Temple de Carentoir. Ce reliquaire a une grande analogie avec celui de la Vraie-Croix en Sulniac précédemment décrit. Il a la même forme, celle d'une croix à double branche, et la même hauteur, 20 centimètres. Cette croix est en bois revêtu de cuivre doré et gravé en creux présentant un dessin de feuillage ; une boucle placée au haut du reliquaire prouve qu'il est destiné à être suspendu. Le Christ est couronné et a les bras étendus sur la plus grande traverse ; ses membres sont grêles et il est revêtu d'une robe tombant jusqu'aux genoux, ses yeux et la robe sont émaillés. Au milieu du petit croisillon est un reliquaire de forme ovale. Des cabochons verts, sortes d'émeraudes, ornent le pied et le sommet de la croix ainsi que chaque extrémité des branches. Le revers du reliquaire est décoré de fleurons au repoussé. Cette croix qui semble du XIIIème siècle, comme celle de Sulniac, a été ouverte à une époque postérieure et c'est probablement de son reliquaire aujourd'hui vide que provient la Vraie-Croix qui orne maintenant la grande croix d'argent mentionnée plus haut. 

   Revenons à nos commissaires. En sortant de la sacristie, ces derniers notèrent le banc du commandeur, du côté de l'évangile, dans le sanctuaire, mais ils ne mentionnèrent point dans leur procès-verbal un tombeau voisin qui méritait un peu plus d'égards. Ce tombeau, subsistant encore près du maître-autel, est vraisemblablement celui d'un chevalier de Saint-Jean de Jérusalem; il est probable qu'à l'origine il existait une arcade ou labe dans le mur septentrional du chanceau, mais ce chanceau ayant été entièrement reconstruit en 1744 par le commandeur Frin des Touches, celui-ci se contenta de replacer la statue tumulaire dans la niche grossière où elle gît encore à la fin du XIXème siècle, au-dessus d'un caveau alors découvert. Cette statue en chêne, longue d'un mètre quatre-vingt, représente un personnage couché sur une planche en biseau : il a le corps enveloppé d'une longue robe, les mains jointes sur la poitrine, la tête nue appuyée sur un coussin, les cheveux longs et bouclés ; il porte une épée fixée à sa ceinture, mais ses pieds sont mutilés. 

   Dans ce même chanceau, outre « le banc tenant lieu de choeur aux prestres et devant lequel est un pupitre », on voyait en 1745 plusieurs autres bancs et plusieurs tombes concédés par les commandeurs de Carentoir à des seigneurs du voisinage, tels que ceux du Val, de la Chouasnière, de la Villerolland et de la Poupinaye. 

   Après avoir noté « un grand vitrail dans lequel sont les armes de la Religion », les commissaires entrèrent dans la nef où se trouvaient « cinq autels avec leurs pierres sacrées et à chaque autel différentes statues de saints... une chaire, des fonts baptismaux, et au-dessus du milieu de la nef un clocher où sont deux cloches bien sonnantes ». Actuellement l'église du Temple conserve encore une petite cloche datée de 1490 (Rosenzweig, op. cit., 182). 

   Les commandeurs visitèrent aussi la grange, le moulin seigneurial et les quelques pièces de terre formant le domaine proche de la commanderie, dont le titulaire déclara, en outre, posséder « droit de dixme sur tous les vassaux, un rolle montant à 18 livres, une livre de cire due à Malestroit, et de plus haute, moyenne et basse justice s'exerçant tous les quinze jours et pourvue d'officiers »

   Cet examen terminé, nos chevaliers se rendirent au presbytère du Temple, chez messire Marot, pour y dîner ; le repas fut probablement frugal et court, car, arrivés au Temple à onze heures, comme nous l'avons vu, ils en repartirent leur visite faite, leur procès-verbal signé et leur dîner couru, à deux heures de l'après-midi le même jour. 

   Remontés à cheval, ils se rendirent au Pont-d'Oust, « distant du Temple de Carentoir d'une lieue et demye, où estant arrivés à environ trois heures, ils entrèrent dans la chapelle ». Ils remarquèrent seulement dans ce petit sanctuaire « un tableau peint sur bois, où il y a un escusson armorié d'une croix de Malte, au dessus du maistre autel les statues de saint Jean et de saint Jacques, et au dessous de la voulte deux autres autels ». On leur dit que cette chapelle était « entretenue par les habitants du lieu et la messe, célébrée fêtes et dimanches, payée par les frairiens »

   Les commissaires apprirent du commandeur Frin des Touches que tout le revenu de Pont-d'Oust n'était affermé que 25 livres, puis ils remontèrent à cheval et gagnèrent la ville de Rochefort, où ils trouvèrent un repos bien mérité à l'auberge de la Croix-Blanche, vers huit heures du soir. 

   Le lendemain matin, samedi 29 mai, nos voyageurs étaient en selle de bonne heure et chevauchaient de compagnie « pour aller au Temple de Malensac, distant dudit Rochefort d'une lieue ». Arrivés et ayant mis pied à terre, ils allèrent à la chapelle dont ils examinèrent l'autel décoré des statues de la Sainte Vierge et de saint Jean. Ils signalèrent au-dessus de cet autel « une grande vitre où sont les armes de la Religion »  et quittèrent la chapelle pour aller visiter la maison du fermier. 

   Le commandeur de Carentoir dit alors à ses compagnons de route qu'il affermait son domaine de Malansac 84 livres, qu'il était « obligé à deux messes par semaine desservies par Messire Louis Chevreuil, auquel il payoit par an la somme de 50 livres » et qu'il y faisait enfin exercer régulièrement la justice. Cela fait, nos commissaires - qui ne perdaient point de temps, comme l'on voit - remontèrent à cheval et vinrent dîner au manoir de la Chouasnière, en Carentoir, à quatre lieues de Malansac. Cette maison appartenait alors à Jean-Victor de Marnière, voisin et ami du commandeur du Temple de Carentoir, dans l'église duquel il reçut plus tard la sépulture en 1755. 

   Après avoir pris leur repas chez le seigneur de la Chouasnière, les chevaliers - qu'accompagnait toujours maître Janvier - repartirent à deux heures de l'après-midi pour se rendre au Temple de la Coëffrie, en Messac. Ils y arrivèrent à sept heures du soir et purent prendre un peu de relâche le lendemain qui se trouvait être un dimanche. 

   Le lundi 31 mai, dès huit heures du matin, commença l'inspection du manoir de la Coëffrie, résidence ordinaire du commandeur de Carentoir. 

   On visita d'abord la chapelle - édifice assez intéressant subsistant encore aujourd'hui, mais sécularisé - composée d'un rectangle avec une aile méridionale en équerre. Tout le monument appartient au style ogival, sauf le campanier à double arcade, que reconstruisit au XVIIème siècle le commandeur Gilles du Buisson. Au-dessus du grand autel et au bas de la nef s'ouvrent de longues fenêtres ogivales qui rappellent le XIIIème siècle ; une large arcade de même style fait communiquer avec la nef la chapelle du Midi réservée peut-être aux commandeurs, mais qui semble moins ancienne que le corps de l'édifice. 

   Les commissaires remarquèrent en cette chapelle « l'autel entièrement boisé, garni d'un gradin avec les statues de la Sainte Vierge et de sainte Anne, de six chandeliers, dix bouquets et un crucifix d'ivoire... trois autres statues de saint Jean, saint Fiacre et saint Etienne... et au-dessus de l'autel une niche où il y a une autre statue de la Sainte Vierge... puis une chaire à prescher, des deux côtés de l'autel deux escussons des armes de la Religion ... une cloche bien sonnante et deux pierres tombales »

  Ces deux tombeaux se retrouvent encore dans la chapelle, mais on m'a assuré qu'ils ne présentaient plus d'inscriptions lisibles ; ce doit être les dalles funéraires des commandeurs de Carentoir, Gilles du Buisson et François Coupperie de Beaulieu, décédés à la Coëffrie, le premier le 29 janvier 1644 et le second le 23 novembre 1721. 

   Le commandeur de Carentoir dit ensuite à la Commission qu'il n'était « tenu qu'à une messe par semaine en sa chapelle de la Coëffrie, et la faisoit dite par le curé de Guipry auquel il payoit pour cet effet 34 livres par an ». 

   Frère Frin des Touches introduisit alors les commandeurs de la Guerche et d'Amboise dans son manoir, modeste logement composé d'une cuisine avec son office, d'une salle et d'un salon au rez-de-chaussée, et de trois chambres avec un cabinet « servant d'archivier » à l'étage supérieur. Mais les commissaires, voyant l'heure de midi arriver, descendirent au salon «  pour prendre la réfection » que leur offrait leur hôte. 

   A deux heures ils remontèrent l'escalier, visitèrent les greniers et le cabinet « servant à coucher les domestiques, cabinet blanchi à neuf, bien carrelé et ouvert de deux fenestres ». Puis revenus dans la cour, ils parcoururent la boulangerie, les celliers, les écuries « contenant cinq chevaux », les fanneries, etc., et remarquèrent « au-dessus du grand portail un pavillon servant de colombier et au-dessus dudit colombier une horloge en bon estat » (on lit encore cette inscription à la fin du XIXème siècle : Faict rebastir ce coulombier 1668). 

   Les chevaliers se promenèrent ensuite dans les trois jardins réservés au commandeur et entrèrent chez son fermier Guillaume Voland, habitant « une grande chambre » à laquelle on parvenait par un escalier de pierre. Puis ils visitèrent les écuries, granges, fanneries, greniers, fours et autres dépendances de la métairie, sans oublier « à une portée de fusil une petite chambre à ramasser les moutons, appelée sans doute par dérision le Grand Chasteau »

   Le fermier, interrogé par les commissaires, leur dit qu'il payait au commandeur « 100 boisseaux de seigle, 50 boisseaux de bled-noir, 78 livres d'argent, 50 livres de beurre grand poids et 400 fagots ». Quant aux chevaliers, ils terminèrent leur journée en visitant les bois de haute futaie et de taille, ainsi que les prairies composant la retenue de messire Frin des Touches. 

   Le lendemain mardi, 1er juin, les commissaires demandèrent au commandeur de Carentoir, après avoir pris de lui le serment sur sa croix, s'il leur avait fait voir toutes les maisons, terres et dépendances de sa commanderie de Carentoir. Il leur répondit affirmativement, mais ajouta qu'il dépendait de sa commanderie « plusieurs fiefs et bailliages sur lesquels sont plusieurs chapelles entretenues par les habitants des lieux et où il ne doit aucun service ni entretien, n'ayant sur lesdits lieux aucune maison ni domaine ; sur lesquels fiefs son dus seulement à sa commanderie plusieurs rentes tant en deniers, bleds que volailles et droits de dîme, lods et ventes avec plusieurs autres droits seigneuriaux et droit de justice sur les vassaux habitant dans lesdits fiefs et bailliage »

   Le commandeur de Carentoir, entrant ensuite dans les détails, ajouta qu'il lui était dû sur ces fiefs et bailliages « par deniers 170 livres - en froment 95 boisseaux - en seigle 15 boisseaux - en avoine 120 boisseaux - en volailles 9 chapons, 42 poules et 2 poulets »

   Il mentionna aussi 3,10 livres sous dus par le baron de Châteaubriand, et la rente payée par l'évêque de Saint-Malo et consistant alors en « 100 boisseaux de seigle, 100 boisseaux d'avoine et 24 boisseaux de froment, le tout, mesure de Lohéac, rendu sur le bout du pont de Guipry »

   Il dit ensuite que douze chapelles dépendaient de Carentoir, mais qu'il n'y en avait que trois à sa présentation : la cure du Temple de Carentoir et les chapelles de Malansac et de la Coëffrie ; il termina en mentionnant qu'il lui était dû un rachat sur la chapellenie de Baulon.  

   Après ces déclarations, les commissaires firent l'inventaire du mobilier de la Coëffrie dont nous dispenserons nos lecteurs. Puis ils firent venir quelques paroissiens de Messac qui rendirent le meilleur témoignage du commandeur Frin des Touches, disant que le service divin se faisait très décemment dans la chapelle de la Coëffrie, que le commandeur résidait en son manoir tout le temps qu'il n'était pas appelé ailleurs par ses supérieurs, et « que mesme depuis le mois d'aoust qu'il est revenu de Malte, il y a toujours fait sa résidence »

   Les commissaires terminèrent alors leur procès-verbal, certifiant « à Son Altesse Eminentissime Monseigneur le Grand-Maître de Malte, et à Nos Seigneurs de la vénérable langue de France au Grand Prieuré d'Aquitaine... avoir travaillé le plus exactement possible conformément à la commission donnée... et estre d'avis que les améliorissements faits par ledit commandeur de Carentoir soient reçus pour bons et valables »

   Les commandeurs d'Amboise et de la Guerche signèrent ensuite, ainsi que maître Janvier, puis apposèrent leurs sceaux et datèrent l'acte : « de la Coëffrie en Messac, 1er juin 1745 ».  

   Le 9 novembre suivant « en l'assemblée provinciale du Grand Prieuré d'Aquitaine tenant à Poitiers sous la présidence d'Illustrissime frère Philippe de Lesmerye, bailli de Choizy et grand prieur d'Aquitaine », le chevalier de Martel, commandeur de Loudun, et le chevalier du Chaffault déclarèrent avoir examiné le précédent procès-verbal de l'état de la commanderie de Carentoir et l'avoir trouvé bon et valable ; en conséquence ce procès-verbal fut reçu et copie en fut envoyée à Malte ; une autre copie fut également déposée aux archives du Grand Prieuré et l'acte original remis en celles de la commanderie de Carentoir ; c'est cette dernière pièce que nous venons de résumer (Archives du Temple de la Coëffrie).  

 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Templerie de Carentoir

IV  

   L'on voit d'après ce qui précède que la commanderie de Carentoir s'étendait au XVIème siècle en 66 paroisses disséminées dans les six diocèses de Vannes, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Dol, Rennes et Nantes. Elle comprenait une église paroissiale, quatre églises tréviales et seize chapelles ; elle avait trois manoirs et une demi-douzaine de moulins. 

   Mais nous venons d'apprendre qu'au XIXème siècle, elle ne possédait plus qu'un seul manoir et n'avait que douze chapelles debout, dont trois seulement étaient à la présentation du commandeur. 

   Nous avons pu remarquer aussi dans cette étude combien minimes étaient les revenus de chaque membre de la commanderie ; nous ne serons donc pas étonnés d'apprendre que le commandeur Frin des Touches affermait tout son bénéfice seulement 1 630 livres à Léonard Rozy, par bail du 24 février 1745 ; son successeur Claude Le Normand fit au même Rozy, neuf ans plus tard, un bail de la même commanderie au prix de 1 700 livres. Nous n'avons pas vu les baux postérieurs, mais si le dernier commandeur de Carentoir louait 3 000 livres son bénéfice, il devait se trouver trop heureux. 

   Sur ce petit revenu, il fallait cependant que le commandeur payât chaque année 440 livres à l'Ordre de Malte, 500 livres pour l'entretien des bâtiments et le service des chapelles, 200 livres pour les visites procurales et la confection du papier terrier, etc. ; aussi ne lui restait-il que bien peu de chose pour vivre, une fois toutes ses charges acquittées. En 1750, le revenu net de la commanderie de Carentoir était de 300 livres (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 2156). 

   Une source de dépenses était la multiplicité des juridictions qu'entraînait le vaste territoire sur lequel s'étendait la commanderie ; il fallait fournir des émoluments aux sénéchaux, procureurs, notaires, sergents et greffiers de chacune d'elles. Dans tous ses fiefs - si nombreux et si petits - le commandeur de Carentoir exerçait, en effet, une « haute, moyenne et basse justice ». Au XIXème siècle, des anciens tribunaux de la commanderie, il subsistait encore quatre juridictions en exercice, à savoir : celle de Carentoir, exercée au bourg du Temple, et dont les fourches patibulaires s'élevaient à l'origine sur une lande au bord du chemin de Ploërmel ; celle de Malansac, exercée en l'auditoire de Rochefort ; celle de la Coëffrie, ayant eu son gibet dans un champ appelé pièce de la Justice ; et enfin celle de l'Hôpital de Quessoy. 

   Il ne reste plus qu'un vague souvenir des commandeurs de Carentoir. Le Temple de ce nom est une bourgade sans importance, le manoir de la Coëffrie une maison délabrée, les chapelles des Hôpitaux sont presque toutes ruinées. Néanmoins, on revoit avec intérêt ces lieux qui rappellent l'Ordre de Malte : On visite volontiers la vieille résidence de la Coëffrie, si bien posée dans les vertes prairies qu'arrose la Vilaine ; on erre émotionné dans cet antique bourg du Temple de Carentoir, rempli d'anciens hôtels fortifiés, de maisons blasonnées, de manoirs ruinés. Sous les voûtes de son église repose toujours d'ailleurs le chevalier inconnu dont nous avons décrit la statue tumulaire ; les paysans d'alentours appellent cette figure d'homme couché le Saint dormant, naïve expression qui semble résumer tout le passé des commandeurs représentés par l'un d'entre eux. Ne dort-il pas, en effet, du suprême sommeil dans son ancienne église seigneuriale, perpétuant parmi nous le souvenir déjà lointain des chevaliers ses frères, ce dernier des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dont la figure nous soit restée ?   

abbé Guillotin de Corson

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