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COMMANDERIE DE CLISSON

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Ordre Templiers et Hospitaliers en Bretagne

Commanderie de Clisson

Ordre Hospitaliers et Templiers en Bretagne

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Outre la commanderie de Nantes, le comté nantais renfermait encore deux autres établissements de Templiers qui devinrent aussi des commanderies : c'était le Temple des Biais et le Temple de Clisson. Toutefois, ces deux maisons, ayant eu chacune à l'origine sa propre administration, furent durant les XIVème et XVème siècles annexés à des commanderies étrangères à la Bretagne. Elles perdirent dès lors beaucoup de leur importance primitive. 

Voir aussi Histoire de France et de Bretagne : ordres de chevalerie,chevalerie,ordres militaires,ordres religieux "Les commandeurs de la commanderie de Clisson"  (cliquer)

Commanderie ou Temple de Clisson

en Bretagne

(abbé Guillotin de Corson – 1906)

 

armoirie de Bretagne 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Temple de Clisson

   Dans un faubourg de la pittoresque ville de Clisson (Loire-Atlantique), sur une colline faisant face aux majestueuses ruines féodales du château d'Olivier l'illustre connétable, se dresse, garnie de lierre et ombragée de chênes, l'abside romane d'une vieille église abandonnée ; c'était avant la Révolution tout à la fois la chapelle de la commanderie du Temple de Clisson et l'église de la paroisse Sainte-Magdeleine de Clisson. 

   On ignore en quelle année et par qui fut fondé le Temple de Clisson, mais il est certain que cette fondation fut une œuvre du XIIème siècle, puisqu'au commencement du siècle suivant nous voyons ce temple assez solidement établi pour avoir en 1213 son précepteur ou commandeur particulier. D'ailleurs l'archi­tecture de l'église de la Magdeleine dénote une construction du XIIème siècle. Quant à connaître le nom du fondateur, c'est plus difficile : au premier abord on est tenté de croire que le Temple de Clisson, bâti en face du château des sires de Clisson, devait son origine à ces puissants barons, mais on arrive vite à en douter lorsqu'on considère les commandeurs du Temple de Clisson rendant de tout temps leurs aveux aux ducs de Bretagne, puis aux rois de France, en leur cour de Nantes, et non point aux sires de Clisson (Archives de la Loire-Inférieure, B 181). De plus nous allons voir qu'au commencement du XIIIème siècle les rapports étaient très tendus - et même hostiles du côté des barons - entre les sires de Clisson et les commandeurs du Temple. 

   Dès cette époque les Templiers étaient assez puissants pour posséder un « bourg » à Clisson, c'est-à-dire toute une portion de la petite ville à peine naissante, et pour y avoir une église, un cimetière et une commanderie. Il est vraisemblable que ce rapide accroissement d'une maison récemment fondée portait ombrage au seigneur de Clisson, car Guillaume sire de Clisson envahit le domaine du Temple et le ravagea en enlevant aux chevaliers quantité de richesses ; bien plus, il poursuivit, les armes à la main, un homme vassal des Templiers et, bravant le droit d'asile unanimement reconnu à cette époque, il ne craignit pas de le tuer dans le cimetière même de la Magdeleine. De tels excès criaient vengeance : les Templiers réclamèrent justice près d'Etienne de la Bruère, évêque de Nantes. Ce prélat prit en mains leur cause et parvint à faire consentir le baron de Clisson à la composition suivante entre lui et les frères de la Milice du Temple : Fratres Militie Templi

   Voici ce dont il fut convenu : Guillaume sire de Clisson restitue au Précepteur de la maison du Temple de Clisson, Preceptori Domus Templi Clicii. tout ce qu'il lui a injustement enlevé ; et, pour le dédommager du tort causé, il lui abandonne les impôts appelés devoirs de coutumes qu'il levait jusqu'à ce jour en toutes les terres d'aumônes appartenant aux Templiers dans l'étendue de sa seigneurie. Il cède aussi au même précepteur les autres droits féodaux nommés « services » que lui devaient les vassaux du Temple, lesquels désormais acquitteront les mêmes services au profit du précepteur. Toutefois le sire de Clisson se réserve un droit de minage dans le bourg du Temple, mais il exempte de cet impôt tous les vassaux de la préceptorerie. 

   Comme compensation du meurtre commis dans le cimetière du Temple, Guillaume de Clisson donne au précepteur « un homme libre et quitte, appelé Thébaud Le Volant, à posséder à perpétuité »

   Le même seigneur concède aux Templiers permission d'édifier maisons, fours et moulins dans toutes les terres qu'ils possèdent en sa baronnie, mais il leur défend d'y tenir foires ou marchés. 

   Enfin, comme témoignage de la sincérité de ses sentiments, Guillaume de Clisson s'oblige envers les chevaliers du Temple à leur verser la somme de sept mille sols, s'il ne tient pas ses engagements ; il donne pour cautions Guillaume de Clisson le Vieux, Eudon sire de Pontchâteau, Gaudin Guerriff, Maurice de Liré et Regnaud Sauvage (Archives de la Vienne, 3 H, 729). 

   La famille Sauvage avait à cette époque de l'importance dans le pays de Clisson. En 1235 Guillaume Sauvage et Catherine sa femme, du consentement de leurs enfants Regnaud et Sebile, donnèrent à Dieu et aux Frères de la milice du Temple de Clisson, Deo et Fratribus Milicie Templi de Clicio, tout ce qu'ils pouvaient avoir de droits sur les habitants des villages de la Roëlère, la Pinelère, la Tarcosère, la Naulère et l'Echacerie ; ils y ajoutèrent l'hommage et les 5 sols de rente annuelle que leur devait certain chevalier nommé Guillaume Gautier. L'acte de cette donation fut scellé du sceau de Maurice doyen de Clisson (Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds de la Bigne Villeneuve). 

   Tels sont les souvenirs qu'ont laissés à Clisson les chevaliers du Temple. En même temps qu'eux les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem eurent-ils eux-mêmes en cette ville un établissement hospitalier ? Il faut bien le croire, puisqu'en 1217 Guillaume sire de Clisson, reconnaissant avoir pris pour faire les murs et les douves de son château certaine aire propriété de l'Hôpital, concède à Dieu et à la Sainte Maison de l'Hôpital « Deo et Sancte Domui Hospitalis » un autre terrain contigu aux dits fossés de son château et libre de toute servitude (Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds de la Bigne Villeneuve). 

   Dans cet acte, qui prouve la construction du château de Clisson au commencement du XIIIème siècle, il n'est point question des Templiers, mais bien des Hospitaliers ; il ne s'agit pas non plus de la commanderie de Saint-Antoine qui ne fut fondée à Clisson qu'en 1433 par le seigneur du lieu, le prince Richard de Bretagne ; Saint-Antoine se trouvait d'ailleurs en la paroisse de Gétigné et nullement contiguë au château de Clisson. La commanderie des Hospitaliers de Saint-Antoine de Clisson, aux mains en 1564 d'André de Brenas et en 1632 de Pascal Langier, devait au sire de Clisson une aiguille d'argent à toute mutation de commandeur Mais cet établissement n'eut jamais de rapport avec la maison hospitalière du Temple de Clisson. L'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, désigné toujours aux XIIème et XIIIème siècles sous le nom de Sainte Maison de l'Hôpital, avait donc dès cette époque quelque terre près de la demeure des sires de Clisson. 

   On ne sait rien par ailleurs de cette terre parce que tous les biens des Templiers et des Hospitaliers à Clisson furent réunis pour ne plus former qu'un seul établissement, après la dissolution de l'Ordre du Temple en 1312. 

   Une charte nous prouve que les chevaliers de l'Hôpital entrèrent en possession du Temple de Clisson aussitôt après la ruine des Templiers. En 1319, en effet, nous voyons Jean de Boncourt, commandeur de l'Hôpital de Nantes, jouissant déjà du Temple de Clisson. Il obligea alors Raoul Langlais, paroissien de Saint-Hilaire du Bois, à renoncer à d'injustes prétentions sur la terre de la Pallaire en Cugand, qu'Olivier Gaudin avait donnée au Temple de Clisson en même temps que sa propre personne (Bibliothèque nationale. A. de Barthélemy, Mélanges historiques sur la Bretagne). 

   Depuis cette époque et jusqu'à la Révolution, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédèrent le Temple de Clisson, appelé souvent à cause d'eux l'Hôpital de la Magdeleine et parfois même l'Hôpital Saint-Jean de Clisson (Archives de la Vienne, 3 H, 729). 

   Mais cette commanderie fut presque toujours donnée avec quelque autre bénéfice analogue au chevalier qui s'en trouva pourvu. Il semble même que dès le XIVème siècle le Temple de Clisson fut uni régulièrement à la commanderie de Boisferré, en la paroisse de Gesté, en Anjou [nota : Il est fait mention dès 1207 du commandeur de Boisferré, frère Geoffrey de Lucoferri preceptore (Cartulaire de Coudrie, Archives du Poitou, II, 172). Gesté est une commune du canton de Beaupreau, arrondissement de Cholet (Maine-et-Loire)]. Les aveux rendus en 1562 et 1574, reproduisant des actes beaucoup plus anciens, disent formellement « La commanderie du Temple de Clisson, membre de la commanderie du Temple de Boisferré » (Archives de la Loire-Inférieure, H, 462). Lorsque Boisferré fut uni lui-même d'abord à la commanderie de Villedieu-en-Pleine-Perche, en Anjou (nota : Cette commanderie se trouvait, à côté de Boisferré, dans la paroisse de la Blouère ; c'est aujourd'hui la commune de Villedieu-la-Blouère, canton de Beaupreau, arrondissement de Cholet - Maine-et-Loire), puis à celle du Temple de Mauléon, en Poitou (nota : La commanderie du Temple de Mauléon avait son siège dans la paroisse Saint-Sauveur du Temple, en l'évêché de la Rochelle, aujourd'hui commune du Temple, canton de Châtillon-sur-Sèvre, arrondissement de Bressuire – Deux-Sèvres), il entraîna à sa suite le Temple de Clisson, d'abord aux mains du commandeur de Villedieu, puis en celles du commandeur de Mauléon ; ce dernier conserva jusqu'en 1789 la commanderie de Clisson. 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Temple de Clisson

   Le Temple de Clisson formait une seigneurie qualifiée de châtellenie dans les aveux rendus au roi en 1633, 1639 et 1685 ; elle relevait du Comté de Nantes mais comprenait quelques fiefs tenus sous la mouvance de Clisson ; aussi devait-elle à ce dernier seigneur « un besant d'or valant 25 sols monnoye » (Déclarations de la baronnie de Clisson en 1544 et 1679). 

   Le commandeur du Temple de Clisson avait droit de « juridiction haute, moyenne et basse, avec fourches patibulaires estant au fief de ladite commanderie ; et sont tenus les subjets dudit seigneur commandeur, conduire les malfaiteurs jusques au lieu où ils seront exécutés et ce soubs peine d'amende » (Déclarations du Temple de Clisson en 1601 et 1633 – Archives de la Loire-Inférieure, B, 905 et H, 462). Cette haute justice s'exerçait à la Magdeleine de Clisson en l'auditoire de la commanderie et avait, en outre, un second siège au bourg de Boussay. 

   D'après un état dressé en 1596, la juridiction du Temple de Clisson atteignait quarante paroisses, savoir : Sainte-Magdeleine, Saint-Brice et Saint-Gilles de Clisson, le Bignon, Boussay, la Bernardière, la Boissière, la Bruffière, la Chapelle-Basse-Mer, Château-Thébaud (avec le village de la Templerie), Chavagne, Cugand, Gesté, Gétigné, Gorges, la Guyonnière, l'Herbregement, les Landes-Gémusson, le Longeron, le Loroux-Bottereau, Maisdon, Monnières, Montaigu, Montbert, Mouzillon, le Pallet, Remouillé, Saint-Aubin, Saint-André-Treize-Voies (ayant encore la maison du Temple), Saint-Colombin, Saint-Denis de la Chevesche, Saint-Fiacre, Saint-Hilaire de Lonlay, Saint-Hilaire du Bois, Saint-Julien de Concelles, Saint-Lumine de Clisson (avec son Hôpitau), Tiffauges, Torfou, Vallet et Vieillevigne [Etat du Temple de Clisson en 1596 - Archives de la Vienne, 3 H, 729. Malgré le titre que porte cette nomenclature, il nous semble qu'on a réuni ici les dépendances de Boisferré à celles de Clisson. Nous pensons que cette dernière commanderie ne s'étendait seule que dans une trentaine de paroisses, tout au plus, appartenant au diocèse de Nantes]. De ces paroisses, la majeure partie appartenait au diocèse de Nantes, les autres dépendaient des évêchés d'Angers, de la Rochelle et de Luçon.

   Plusieurs droits féodaux particuliers distinguaient la seigneurie du Temple de Clisson ; tels étaient les suivants : droit de neume consistant originairement à exiger la neuvième partie des meubles laissés par un roturier, décédé intestat (nota : En 1447, l'official de Nantes condamna la veuve d'un paroissien de la Magdeleine de Clisson à acquitter ce devoir – Archives de la Vienne, 3 H, 731), mais changé plus tard en « la meilleure robe du deffunt ou en cinq sols monnaie ; droit de demander à Pâques, deux oeufs de poule et un denier à chaque habitant du bourg du Temple de Clisson ; droit de faînage, consistant en trois deniers perçus à la Saint Jean-Baptiste des mêmes vassaux ; droit de bouteillage par lequel il était dû au commandeur un denier par chaque pipe de vin vendu en la paroisse Sainte-Magdeleine de Clisson ; enfin, droit de ban et étanche donnant pouvoir au commandeur, de vendre seul du vin pendant quarante jours depuis la vigile de Pasques jusques à la feste de l'Ascension, sans que ses hommes et subjects pussent vendre vin durant ledit temps soubs peine d'amende, et n'oseroient mesme lesdicts subjects en aller quérir aultre part soubs peine de ladicte amende » (Déclaration du Temple de Clisson en 1602). 

   Notons encore que le Chapitre de la collégiale Notre-Dame de Clisson tenait de la commanderie du Temple la terre noble de la Jarrie « à debvoir d'hommage et obéissance et un besant d'or pour rachapt » (Déclaration du Temple de Clisson en 1602). 

   Mais, si les commandeurs du Temple de Clisson se faisaient ainsi rendre certains devoirs féodaux, ils avaient en même temps grand soin de faire respecter les privilèges de leurs vassaux. Ainsi, en 1406 et 1407, le capitaine du château de Clisson voulant que les hommes du fief du Temple vinssent faire le guet audit château, le commandeur en appela au duc de Bretagne ; celui-ci défendit au seigneur de Clisson de contraindre les sujets du Temple à remplir un devoir dont ils étaient exempts par privilège de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (Archives de la Vienne, 3 H, 729). Plus tard, en 1471, le fermier des coutumes du sire de Clisson ayant saisi une somme de sel qu'avait un habitant du bourg de la Magdeleine, sous prétexte que celui-ci refusait de payer l'imposition mise sur le sel, le commandeur lui fit voir en justice que tous les vassaux du Temple étaient « francs et exempts » d'impôts semblables (Archives de la Vienne, 3 H, 729). Vers 1500, Mathurin Salleau, sujet du Temple de Clisson, tenant les écoles de cette ville, avait fixé sur le faîte de sa maison la croix de fer, témoignage des privilèges des vassaux du Temple ; les officiers du sire de Clisson renversèrent un jour cette croix, mais mal leur en prit, car aussitôt, le commandeur les fit condamner à la replacer et à payer des dédommagements à son homme (Archives de la Vienne, 3 H, 729).

   Le manoir de la commanderie du Temple de Clisson s'élevait près de l'église et du cimetière de la Magdeleine dans une très agréable position. Avec sa cour et son jardin, ce logis ne contenait que dix boisselées de terre. Dévasté vers le milieu du XVème siècle, mais encore debout en 1562, il fut détruit par les guerres de la Ligue ; en 1633 on ne voyait plus à Clisson qu'une « mazure de la commanderie, avec le jardin du Temple, là où anciennement estoit le chasteau de ladite commanderie, ruisné par les guerres civiles, le tout enclos de murailles fort vieilles et caduques, proche l'église parochiale de la Magdeleine, entre ladite église et son cimetière » (Déclarations du Temple de Clisson en 1562 et 1633). 

   Quand vint la Révolution, cinq petites maisons avec jardins et prairies constituaient ce qu'on appelait à Clisson la commanderie du Temple ; le tout fut incendié aussi bien que l'église et que la ville entière de Clisson pendant la guerre de Vendée en 1793. Aujourd'hui un pavillon moderne, élevé sur l'emplacement du vieux manoir, porte encore le nom de maison du Temple. 

   Le commandeur de Clisson avait aussi dans cette ville un auditoire pour rendre la justice, un moulin banal « avec destroit sur ses subjets », un four à ban « où sont tenus lesdits subjets faire cuire leur pain » et la dîme des jardins du bourg de la Magdeleine (Déclarations du Temple de Clisson en 1562 et 1633). 

   Au XVIIème siècle, le commandeur possédait en outre certains domaines dans les paroisses des environs : en Cugand la métairie de la Basse-Pallaire (nota : la métairie de la Grande-Pallaire, en Saint-Hilaire-du-Bois, dépendait aussi au XIVème siècle du Temple de Clisson), un bois, dix journaux de prairies, plus de quarante journaux de vignes sans compter la vigne des Galopines, la moitié de l'île, des moulins et des pêcheries de Plessart, sur la rivière de Sèvre ; enfin plusieurs dîmes de grain et de vin, notamment celle du fief de la Lamproie qu'il partageait avec le sire de Clisson ; en la Bruffière, la prairie de l'Hôpitau contenant sept journaux près le village de la Ratterie et des rentes en deniers, chapons et grains, outre certaines dîmes ; en Vieillevigne, une métairie (nota : Cette terre est appelée tantôt la Joussière, tantôt Lautamière, parfois la Sauvagère ; cette diversité de noms provient probablement de ce qu'elle contenait quatre maisons) et un fief comprenant plusieurs villages ; en Maisdon la métairie du Rétail ; en Gorges, des rentes en vin du pays : « quatre-vingt quatre pots de vin » dûs par un tenancier, « vingt-quatre pots » par un autre, etc. (Déclarations du Temple de Clisson en 1601 et 1633). 

   Le commandeur du Temple de Clisson jouissait encore d'un fief appelé Boisferré, distinct de la commanderie de ce nom, mais en dépendant à l'origine, qualifié « chastellenie, avec seneschal, procureur, notaire et autres officiers » et s'étendant dans les paroisses du Loroux-Bottereau, la Chapelle-Basse-Mer et Saint-Julien-de-Concelles. Il y possédait des rentes et y levait des dîmes, par exemple sur les vignes de la Templerie au Loroux et sur les champs des Hospitaliers en la Chapelle-Basse-Mer. Le recteur du Loroux lui devait un septier de blé et la dame prieure de Sainte-Radegonde de Barbechat (prieuré membre de l'abbaye Saint-Sulpice des Bois, près de Rennes) quatre septiers ; celle-ci tenait de lui sa terre de la Templerie (Déclaration du Temple de Clisson en 1601). 

   Nous connaissons les revenus du Temple de Clisson par quelques baux à ferme consentis par ses commandeurs : Frère Jacques du Liège l'afferma 1 130 livres en 1639 ; Frère François Budes 1 500 livres en 1648 et 2 100 livres en 1654 ; et Frère Jacques Le Voyer 2 275 livres en 1707 (Archives de la Vienne, 3 H, 730 - Archives de la Loire-Inférieure, H, 462). 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie ou Temple de Clisson

   Les commandeurs du Temple de Clisson avaient obtenu de l'évêque de Nantes l'érection en paroisse du « bourg de la Magdeleine » qui leur appartenait féodalement. Il nous semble très probable que cette faveur fut accordée aux Templiers plutôt qu'aux Hospitaliers leurs successeurs à Clisson. La Magdeleine était d'ailleurs une toute petite paroisse ne comptant que cent quatre-vingts habitants au moment de la Révolution (Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790, p. 115). 

   Le recteur de Sainte-Magdeleine de Clisson était présenté à l'évêque par le commandeur du Temple de Clisson. Il jouissait d'un beau presbytère « vaste logement avec jardin et prairie, dans une position charmante » (Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790, p. 115) ; il avait même une vigne en 1633. Recevant du commandeur une portion congrue (la plus petite partie d'un impôt religieux, exemple la dîme) et n'ayant guère de casuel, il vivait honnêtement néanmoins en desservant plusieurs chapellenies fondées dans son église, notamment celle de Sainte-Catherine annexée à sa cure (Archives de la Loire-Inférieure, H, 462). 

   Ce recteur était tenu, en vertu de son bénéfice, à chanter dans son église les vêpres tous les samedis, la grand'messe et les vêpres tous les dimanches ordinaires, les matines, grand'messe et doubles vêpres à toutes les fêtes solennelles. 

   Parmi ces dernières, figuraient les fêtes de la Nativité de saint Jean-Baptiste et de sa Décollation ; ces jours-là, le commandeur de Clisson devait faire célébrer avec pompe l'office divin à l'autel Saint-Jean : on y chantait « premières et secondes vespres, matines et grande messe à notes ». On y gagnait aussi les indulgences (somme d'argent à payer à l'Eglise catholique pour obtenir le pardon des péchés. Ce fut à l'origine la cause de la rupture entre Luther et le Pape) du « pardon de Saint-Jean » accordé par le Pape aux églises et chapelles appartenant aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Mais en ces jours de fêtes le commandeur du Temple de Clisson prenait toutes les offrandes faites à l'autel Saint-Jean et « tous les deniers provenant du pardon » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 905 et H, 462). 

   Le droit de « mortuage » (permis – payant – d'inhumer), exigé pour inhumation faite en l'église de la Magdeleine de Clisson, était partagé entre le commandeur et le recteur, sauf pour les sépultures choisies devant l'autel Saint-Jean, dont le « mortuage » appartenait tout entier au seul commandeur (Archives de la Loire-Inférieure, B, 905 et H, 462). 

   Dédiée de tout temps à sainte Magdeleine, l'église paroissiale du Temple de Clisson était un édifice roman du XIIème siècle, qui demeure encore presque entier à la fin du XIXème siècle quoique menaçant ruine. Comme le manoir de la commanderie, cette église eut beaucoup à souffrir des guerres des XVème et XVIème siècles ; elle finit, avons-nous dit, par être incendiée en 1793. La paroisse de la Magdeleine ayant été supprimée par la Révolution, son vieux sanctuaire ne fut point restauré au rétablissement du culte ; il demeura dans l'abandon entre des mains séculières ; aujourd'hui ce n'est plus qu'un pittoresque et curieux monument délabré. 

   L'église Sainte-Magdeleine - la Magdeleine comme on a toujours dit vulgairement à Clisson - se compose d'une nef de trois travées, terminée par une abside en cul-de-four; la voûte est en pierre, en forme de berceau et ogivale, mais les ouvertures de l'édifice sont de simples meurtrières cintrées. La façade occidentale présente quatre contreforts plats avec des meurtrières, le tout surmonté d'un campanile à deux arcades en plein cintre. La porte romane primitive de cette façade a disparu pour faire place à une grande arcade ogivale faisant communiquer la nef romane avec une sorte de vaste portique jadis couvert, formant comme une seconde nef, mais ayant aujourd'hui perdu sa charpente et sa couverture détruites par le feu en 1793. 

   Ce portique construit, semble-t-il, vers la fin du XVIème siècle, mais sans caractère architectural, servait avant la Révolution à recevoir certaines inhumations (Etat du diocèse de Nantes en 1790, p. 115).

   Outre le maître-autel dédié à Sainte-Magdeleine, on trouvait en 1789 dans l'église du Temple de Clisson les quatre autels de Saint-Jean, Sainte-Catherine, Saint-Michel et Sainte-Marguerite ; mais précédemment il est fait mention en 1592 des chapellenies des saints Donatien et Rogatien, et de Saint-Gatien desservies en cette même église à des autels portant ces noms [Registre des insinuations du diocèse de Nantes - Archives de l'Evêché de Nantes). L'Etat du diocèse de Nantes en 1790 mentionne, à la Magdeleine de Clisson, les chapellenies de Saint-Gatien, Saint-Michel, Notre-Dame des Cléons, la Ratterie et Loup-Besnec].

   Saint Jean-Baptiste étant le patron des Hospitaliers et sainte Catherine l'une des patronnes chères aux Templiers, on comprend pourquoi des autels leur furent dressés dans cette église. Comme celui de Sainte-Catherine, l'autel de Saint-Michel était en 1562 desservi par un chapelain. Quant à l'autel de Sainte-Marguerite, c'était l'objet d'une grande vénération au XIXème siècle. Cet autel occupait même une petite chapelle particulière accolée au sud du choeur et renfermant encore de nos jours un fort joli retable en tuffeau, de style Renaissance ; ce petit sanctuaire était le but de nombreux pèlerinages. 

   Disons aussi qu'il existait en l'église du Temple de Clisson, une pieuse confrairie de Sainte-Magdeleine, dont Henri Le Barbu, évêque de Nantes, avait approuvé les statuts le 5 octobre 1412 (Archives de la Vienne, 3 H, 734). 

   Dans la nef de cette vieille église on aperçoit à la fin du XIXème siècle, de chaque côté, une labe ou tombe-arcade encastrée dans la muraille ; au choeur on voyait naguère deux grandes pierres tombales, l'une portant une croix pattée ou de Malte, l'autre présentant une épée ; la première subsiste encore, mais nous n'avons pas retrouvé la seconde.

abbé Guillotin de Corson

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