Région Bretagne : Web Internet de Voyage, Vacances, Location, Séjour, Immobilier, Hôtel, Camping, Boutique en Bretagne

Bienvenue ! 

COMMANDERIE DE NANTES

  Retour page d'accueil    Retour page Templiers - Hospitaliers 

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Ordre Templiers et Hospitaliers en Bretagne

Commanderie de Nantes

et ses annexes

Ordre Hospitaliers et Templiers en Bretagne

Vous possédez des informations historiques, vous souhaitez les mettre sur le site infobretagne, contactez-moi par mail (voir page d'accueil)

Il existait à l'origine dans la ville de Nantes deux commanderies appartenant l'une à l'Ordre des Templiers, l'autre à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Elles portaient les noms de Temple Sainte-Catherine et d'Hôpital Saint-Jean.  

Voir aussi Histoire de France et de Bretagne : ordres de chevalerie,chevalerie,ordres militaires,ordres religieux "Les commandeurs de la commanderie de Nantes"  (cliquer)

Commanderie de Nantes

et ses annexes

en Bretagne

(abbé Guillotin de Corson – 1896)

 

armoirie de Bretagne 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie de Nantes

   

   Il existait à l'origine dans la ville de Nantes deux commanderies appartenant l'une à l'Ordre des Templiers, l'autre à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Elles portaient les noms de Temple Sainte-Catherine et d'Hôpital Saint-Jean. 

   En dehors de sa capitale, le Comté nantais renfermait, en outre, quelques autres établissements analogues aux précédents, mais moins importants tels étaient les Temples des Biais, de Clisson, de Maupertuis et de Grée, et l'Hôpital de Faugaret. Nous étudierons séparément les commanderies des Biais et de Clisson. Présentement nous ne nous occuperons que de Nantes, Maupertuis, Grée et Faugaret.

   Lorsque les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem héritèrent au XIVème sièècle des biens des Templiers, ils prirent possession des Temples de Sainte-Catherine, de Maupertuis et de Grée, et ils les unirent aussi bien que l'Hôpital de Faugaret à leur maison nantaise l'Hôpital Saint-Jean. 

   Dans ce travail historique sur la commanderie de Nantes, nous nous proposons donc d'étudier la commanderie du Temple Sainte-Catherine depuis son origine jusqu'à l'époque de son union avec l'Hôpital Saint-Jean, la commanderie de l'Hôpital Saint-Jean avant cette union, la commanderie de Nantes enfin, composée du Temple Sainte-Catherine, de l'Hôpital Saint-Jean et des annexes Maupertuis, Grée et Faugaret, telle qu'elle subsista depuis la fin du XVème siècle jusqu'à l'époque de la Révolution française.

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie de Nantes

   Le Temple de Nantes fut sinon le premier, du moins l'un des premiers établissements de ce genre fondés en Bretagne. 

   Ce fut vers l'an 1130, peu de temps après l'institution canonique de son Ordre, que le premier grand maître des Templiers, frère Hugues de Payns (ou Payan ou Payens, né le 9 février 1070 au château de Mahun près d'Annonay en Ardèche), vint à Nantes trouver le duc Conan III, dit le Gros, qui gouvernait alors la Bretagne. Il exposa à ce prince les raisons qui l'avaient amené à fonder un Ordre religieux-militaire ; il lui fit part de son projet de défendre en Terre-Sainte, contre les infidèles, les pieux pèlerins d'Europe parmi lesquels se trouvaient de nombreux croisés Bretons ; enfin il lui fit connaître l'approbation du Souverain Pontife et les besoins d'un Ordre naissant. 

   Conan III, touché par le discours d'Hugues de Payns, fit aux Templiers un premier don avec l'assentiment de sa mère la vénérable duchesse Ermengarde, de sa femme Mathilde et de sa fille Berthe, il concéda à l'Ordre du Temple une vaste île voisine de Nantes, formée par les eaux de la Loire et appelée la Hanne. La charte qui renferme cette donation n'est pas datée (Archives de la Vienne, 3 H, 764), mais elle est antérieure à une autre charte de 1141 (Dom Morice, op. cit., 583) dans laquelle Conan rappelle ce don de la Hanne, ajoutant qu'ensuite postea, éclairé par le Saint-Esprit, il a voulu compléter son aumône. 

   Il la compléta dignement à Nantes devant ses hauts barons les sires de Fougères, de Châteaubriant, de la Garnache et de Guérande, en faveur du grand maître du Temple Guillaume Faucon ; celui-ci se trouvait alors à Nantes avec deux chevaliers de son Ordre nommés Alfred et Henri. Le duc leur concède d'abord cent sols de rente sur les revenus des halles de la boucherie à Nantes, et y ajoute le don d'un emplacement dans le pré d'Anian pour construire en cette ville une maison de demeure ; puis il affranchit d'impôt tout ce que les Templiers possèdent déjà ou pourront à l'avenir posséder en Bretagne. Il défend à ses justiciers de les inquiéter d'aucune manière ; au nom de ses barons, comme au sien propre, il assure que leurs propriétés seront partout respectées ; il lance enfin les plus redoutables imprécations contre qui oserait s'opposer à ses généreuses intentions (Dom Morice, op. cit., 583). 

   Cet acte important est daté de 1141 et constitue la fondation du Temple de Nantes. La prairie de la Hanne, appelée communément à cause de sa vaste étendue la Grande Hanne, forma le domaine proche du nouvel établissement ; dans le pré d'Anian furent bâties, au confluent de l'Erdre et de la Loire, une maison d'habitation et une chapelle dédiée à sainte Catherine ; les rentes et les fiefs concédés par le prince permirent aux Templiers de subvenir aux besoins de leur Ordre en Terre Sainte. 

   L'exemple de pieuse générosité de Conan III envers la Milice du Temple fut imité par d'autres princes bretons : Alain-le-Noir comte de Penthièvre et Hoël comte de Nantes, puis les ducs Conan IV et Geoffroy II (Dom Morice, op. cit. I, 836) ; mais on ignore en quoi consistèrent leurs libéralités. 

   La charte apocryphe de 1182 attribuée au duc de Bretagne Conan IV et énumérant les biens possédés dans son duché par l'Ordre du Temple renferme les noms de plusieurs localités qu'il nous faut signaler ici.

   Nous y trouvons mentionnés : Nantes, Ancenis, la Hanne en Doulon, Maupertuis, Faugaret et Saint-Hilaire de Chaléons comme étant des lieux du pays nantais où les Templiers avaient des intérêts. 

   Un siècle après la fondation de leur Ordre, les Templiers reçurent des chartes, authentiques cette fois, par lesquelles les princes bretons leur assurèrent la propriété des biens dont ils avaient été gratifiés dans notre contrée. 

   C'est ainsi qu'en 1201 la duchesse Constance de Bretagne confirma aux Templiers de Nantes la donation de son aïeul Conan III, et qu'en 1217 le duc Pierre Mauclerc et Alix de Bretagne sa femme approuvèrent solennellement tous les dons princiers faits au Temple en Bretagne avant eux (Archives de la Vienne, 3 H, 764 – Dom Morice, op. cit., 836). 

   A Nantes même les aumônes faites aux Templiers par de simples seigneurs ou par d'humbles particuliers se multiplièrent durant le XIIIème siècle. En 1202, Geoffroy, baron de Châteaubriant, leur donne 5 sols angevins de rente payables à Pâques-Fleuries sur les revenus de ses moulins de Châteaubriant (Archives de la Vienne, 3 H, 764). En 1212, un chevalier appelé Olivier Rajolle et Levine, sa femme, leur concèdent ce qu'ils ont dans l'île Boitie en Bouguenais et à l'écluse de Chantenay, plus des vignes, des prés et les moulins de la Roche En 1214, Regnault Bosel, Raoul Brun, Pierre Ledo et Geffroy Bravart leur abandonnent tout ce qu'ils possèdent eux-mêmes en l'île Boitie (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op., cit., VI, 155). En 1233, Daniel Le Bariller, sa femme, et Geoffroy, leur fils, leur font don de vingt sols de rente sur une aire située sur le pont neuf d'Erdre, en Saint-Nicolas de Nantes (Archives de la Vienne, 3 H, 541). La même année 1233, Guillaume de Saffré, chevalier, leur abandonne la possession des fiefs Brésic, au village de Marinac, en Saffré (Archives de la Vienne, 3 H, 541). En 1246, un autre chevalier, nommé Alain de la Roche, leur cède un four banal à Couëron (Dom Morice, op. cit., I, 929). En 1254, Guillaume Jagu, sa femme et son fils Geoffroy leur donnent tout ce qu'ils possèdent en l'île Boitie (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Outre ces donations, bien d'autres aumônes furent faites aux Templiers de Nantes dans leurs annexes de Faugaret, Maupertuis et Grée, nous les signalerons en parlant de ces établissements secondaires. C'est qu'en effet à cette époque grande était chez nous la situation des Templiers ; on leur demandait de sceller les actes les plus importants, et leur témoignage était invoqué dans les circonstances solennelles : ainsi, en 1220, le commandeur - ou plutôt comme on disait alors - le précepteur du Temple de Nantes fut appelé dans l'enquête dirigée par le sénéchal du Poitou pour fixer les droits du duc de Bretagne sur le sel, et en 1262, le grand prieur d'Aquitaine fut l'exécuteur testamentaire du baron de Châteaubriant (Dom Morice, op. cit., I, 847 et 985). 

   On vit bien à Nantes ce qu'était la puissance des Templiers, quand le duc Pierre Mauclerc agrandit l'enceinte murale de cette ville. Le prince fit alors franchir l'Erdre à ses fortifications, là même où cette rivière se jette dans la Loire, et englober le Bourg-Main ou quartier de Saint-Nicolas. Il enferma donc nécessairement dans ses nouveaux murs l'établissement du Temple, posé, avons-nous dit, au confluent de la Loire et de l'Erdre ; mais, loin de nuire aux chevaliers, il leur donna la partie des remparts qu'il faisait construire autour de leur enclos, leur permettant même d'y élever les bâtiments qui leur sembleraient nécessaires, sans néanmoins les obliger à entretenir ses propres fortifications (Dom Morice, op. cit. I, 850). 

   Dès lors, le Temple de Nantes se trouva avoir pour limites : à l'Est, le cours de l'Erdre jusqu'au rateau par lequel cette rivière se jettait dans la Loire ; au Sud, la muraille de ville baignée par la Loire et défendue par les tours Sainte-Catherine et de Barbacane ; à l'Ouest, la continuation du rempart relié au mur précédent par une tour d'angle, dite plus tard tour du Connétable et comprenant ensuite la tour Guichard et celle d'Alix de Bretagne ; enfin, au Nord, la rue du Bourg-Main allant de la porte Saint-Nicolas au pont de la Casserie. Cette enceinte de l'habitation des Templiers communiquait avec la Vieille-Ville par les ponts de Sainte-Catherine et du Rateau. 

   Les Templiers ne dédaignèrent point de s'occuper de commerce à Nantes : ils construisirent près de leurs ponts ou sur leurs ponts mêmes, des boutiques et magasins qu'ils louèrent ou firent valoir par leurs hommes, et ils disputèrent à l'évêque de Nantes ses droits sur la vente des vins. En 1226 eut lieu une transaction entre Etienne, évêque de Nantes, et les Frères de la Milice du Temple habitant cette ville : il fut convenu entre eux que le commandeur de Sainte-Catherine pourrait vendre en détail, chez lui, dix barriques de vin, mesure d'Angers, pendant le ban de l'évêque et du Chapitre, époque à laquelle ces derniers avaient seuls droit de vendre du vin à Nantes ; si le commandeur en vendait davantage, sa cave serait saisie par les officiers des regaires et il paierait 10 sols d'amende (Archives de la Vienne, 3 H, 541 et 764). 

   Devenus riches, les Templiers de Nantes afféagèrent une partie de leurs terres : c'est ainsi qu'en 1296 leur commandeur céda, moyennant une rente annuelle, à Rialan Le Breton et à Alise, sa femme, une vigne qu'il possédait sur le territoire d'Aigne, aujourd'hui Saint-Sébastien (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Mais les richesses de l'Ordre du Temple firent son malheur en excitant la convoitise de Philippe le Bel. Ce roi ayant pris la résolution de faire disparaître les Templiers, accusés de crimes nombreux, et de s'emparer de leur fortune, envoya ordre à tous ses baillis de s'assurer des chevaliers de leur ressort. « Les mesures furent si bien prises, que le 13 octobre de l'an 1307 tous les Templiers qui étoient dans le royaume furent arrêtés. Le roi fit aussi saisir tous leurs biens et nomma des commissaires pour les administrer. Pierre de Bailleux et Jean Robert, chevaliers, furent envoyés en Bretagne pour y recueillir tous les biens meubles et immeubles des Templiers. A peine ces deux commissaires furent-ils arrivés à Nantes (en 1308), qu'ils se mirent en devoir de faire l'inventaire des effets qui étoient dans le Temple, en présence d'un notaire et de plusieurs témoins. Mais les bourgeois les chassèrent, en leur déclarant que le roi n'avoit aucun droit sur ces effets, et que tous les biens des Templiers en Bretagne appartenoient au duc » (Dom Morice, Histoire de Bretagne, I, 229. Op. cit., I, 1216). 

   Nous avons dit qu'en 1312 le concile de Vienne supprima solennellement l'Ordre du Temple et adjugea ses biens aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. 

   Dans l'enquête du procès qui précéda cette sentence du concile, il fut fait mention de la commanderie de Nantes dont était alors titulaire un limousin nommé Gérold Le Juge d'Augniac : le portier de cette commanderie, appelé Thomas, fut accusé de donner du blé aux porcs et du pain de seigle aux pauvres, bien que le précepteur lui eût prescrit de faire régulièrement l'aumône (Procès des Templiers, I, 199 et II, 52 et 84). Ce chevalier, Michel de Benays, qui eut un procès avec l'abbé de Buzay en 1276, et Etienne Hermez vivant l'an 1296 (Archives de la Vienne 3 H, 764) sont les seuls commandeurs ou plutôt précepteurs du Temple de Nantes dont les noms nous soient parvenus. En 1309, Jean de Cornillé figure parmi les Templiers, mais nous ignorons s'il jouissait d'une préceptorie. 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie de Nantes

   Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem héritèrent des biens du Temple. Jusqu'alors, avons-nous dit, ces chevaliers avaient joué un rôle plus effacé que celui des Templiers. 

   S'il existe encore quelques chartes concernant les Templiers en Bretagne, il ne s'en trouve guère d'anciennes rappelant les Hospitaliers : renfermés dans leurs hôpitaux ou guerroyant en Terre-Sainte, ces derniers chevaliers n'ont point laissé leurs noms inscrits dans nos actes publics. Ainsi pour Nantes nous n'avons que deux documents nous faisant voir les Hospitaliers vivant côte à côte en cette ville avec les Templiers. 

   Le premier est la charte donnée en leur faveur, l'an 1160, par Conan IV. Ce prince, en présence de Guillaume Ferron, chevalier du Temple, confirme les Hospitaliers de Jérusalem (Confirmasse Domui Hierosolimitanae Hospitalitatis. Preuve, qu'il s'agit bien dans cette charte des Hospitaliers et non pas des Templiers, comme D. Morice l'a mis par erreur en tête de l'acte) en possession de tout ce qu'ils ont reçu dans son duché de Bretagne. Dans l'énumération déjà longue de leurs biens figurent Eleemonisa de Azarac in episcopatu Nannetensi et de Guerann, et domus de civitate Nannetensi cum appenditiis suis, et unus homo in unaquaque parrochia apud Raes (Dom Morice, op. cit., I, 638). 

   Ainsi dès 1160 l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem possédait à Nantes même une maison avec des dépendances, et avait en outre des droits à Assérac, à Guérande et dans toutes les paroisses du pays de Retz. Plus ancien que l'Ordre du Temple, se trouvait-il représenté chez nous antérieurement à l'établissement de ce dernier? Peut-être, mais nous ne le saurons probablement jamais au juste. 

   Le second document est une charte datée de 1234, nous y voyons les chevaliers hospitalier de Nantes tenir féodalement dans l'île de la Hanne un pré, une pâture et un bois, moyennant dix sols de cens qu'ils payaient à Giraud de Sarcelle ; or ce dernier était vassal des Templiers seigneurs de toute l'île. Les Hospitaliers reconnurent donc tenir ces biens en arrière-fief du Temple de Nantes ; Frère Jean de Montgros, prieur de l'Hôpital de France, vint à Nantes pour régler cette affaire et scella de son sceau la charte en question (Archives de la Vienne, 3 H, 541 et 774). 

   Où se trouvait à Nantes cette maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem? C'était l'Hôpital Saint-Jean, qualifié dès 1333 d'antique établissement, Ad domum Hospitalis antiqui Nannetensis (Archives de la Loire-Inférieure, G, 1). Bâti dans la Vieille-Ville non loin du couvent des Cordeliers, il a laissé son nom à la place Saint-Jean que traverse aujourd'hui la rue de Strasbourg. 

   Voilà le peu de renseignements connus jusqu'à présent sur les chevaliers hospitalier de Nantes contemporains des Templiers. 

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie de Nantes

   Lorsque les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem eurent été mis en possession des biens du Temple de Nantes, ils trouvèrent probablement ces biens trop importants pour les réunir aussitôt à leur Hôpital Saint-Jean de Nantes doté lui-même de revenus suffisants. Ils laissèrent donc subsister simultanément, jusqu'à la fin du XVème siècle, les deux maisons nantaises qui devinrent deux commanderies hospitalières distinctes, conservant leurs noms primitifs : le Temple Sainte-Catherine et l'Hôpital Saint-Jean. Parlons brièvement de chacune d'elles.  

1. Commanderie du Temple Sainte-Catherine 

   Des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem occupant au XIVème siècle le Temple de Nantes, nous ne connaissons pas les noms. Pendant un certain temps peut-être le commandeur de l'Hôpital Saint-Jean administra-t-il en même temps les deux maisons. Toujours est-il que les Hospitaliers obtinrent en 1368 du duc Jean IV la reconnaissance de la rente de cent sols dus au Temple sur les étaux de la boucherie de Nantes (Archives de la Vienne, 3 H, 541). Au siècle suivant le Temple Sainte-Catherine demeura presque constamment aux mains propres des grands prieurs d'Aquitaine : ce furent d'abord Girard de Fougereules à partir de 1405 et Aymer Doiselart en 1414. En 1423, le duc Jean V donna des lettres de sauvegarde à frère Jean de Vivonne, grand prieur d'Aquitaine et tout à la fois commandeur de Sainte-Catherine de Nantes et du Temple de Clisson ; le prince prit sous sa protection spéciale tous les vassaux et tous les biens qu'avait en Bretagne ce chevalier (Archives de la Vienne, 3 H, 541). Le même commandeur soutint en 1438, un procès contre Jean de Sesmaisons au sujet d'un droit de pacage que prétendait avoir celui-ci en l'île de la Hanne (Archives de la Vienne, 3 H, 541). En 1442, le grand prieur d'Aquitaine Philibert de Laigue, étant commandeur du Temple de Nantes, rendit aveu au duc de Bretagne pour cette maison, par l'entremise d'un procureur nommé Guillaume Labbé ; il jouissait encore de cette commanderie en 1451 (Archives de la Vienne, 3 H, 541, 764 et 791). 

   Alain de Boiséon, commandeur de la Feuillée et de Thévalle, succéda au précédent en qualité de commandeur du Temple de Nantes ; il mourut en 1469. Cette même année, le grand prieur d'Aquitaine, Jean de Francières, prit possession de la commanderie de Sainte-Catherine qu'il gouverna jusqu'en 1483 (Archives de la Vienne, 3 H, 541 et 778). L'année suivante, frère Charles de Nouray, grand prieur d'Aquitaine, devint à son tour commandeur du Temple de Nantes dont il jouissait encore en 1495 (Archives de la Vienne, 3 H, 541 et 778). Mais, nous le voyons en 1492 et 1493 prendre aussi le titre de commandeur de Saint-Jean de Nantes (Archives de la Vienne, 3 H, 541 et 778 – Archives de la Loire-Inférieure, B, 906) ; ce fut donc lui qui unit en une seule et même commanderie le Temple et l'Hôpital de Nantes. 

 

2. Commanderie de l'Hôpital Saint-Jean 

   En 1318, frère Jean de Boncourt, chevalier hospitalier, venait de recueillir la succession des Templiers. Il se trouvait à la tête de l'Hôpital Saint-Jean et de tous les Temples du diocèse de Nantes (Religiosus vir frater Joannes de Bona Curia, magister domus Hospitalis Nannetensis et domorum que fuerunt quondam Milicie Templi per totam dyocesem Nannetensem - Bibliothèque Nationale) et eut à soutenir en justice les droits de son Ordre relativement à certains legs faits naguère aux chevaliers du Temple. Après lui vint Jacques de Melun vivant en 1336 et dont nous reparlerons à propos de Faugaret. Il nous faut ensuite arriver à l'année 1393, pour trouver mention d'une baillée faite par frère Etienne Giron, commandeur de l'Hôpital Saint-Jean de Nantes (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Vinrent après lui les commandeurs Guillaume Faruau, en 1408, et Guillaume Richart, qui obtint, en 1420, du duc Jean V d'être confirmé dans la jouissance d'un terrain, sur les murs de la ville de Nantes (Archives de la Vienne, 3 H, 764). Dès 1426, frère Jean Chevalier, commandeur de l'Hôpital Saint-Jean, reçut des aveux de la part des vassaux de cette maison ; il fit son testament, le 20 février 1436 et dut mourir peu de temps après (Archives de la Vienne, 3 H, 300, 541 et 764). Son successeur fut frère Alain Le Moine, commandeur en 1437. Celui-ci soutint les droits de son ordre contre François de la Touche, seigneur de Montebert, céda en 1451 à Jacques de Loaile, une place pour bâtir maison à Nantes, près Saint-Jean, gouverna l'Hôpital Sainte-Catherine au nom de Philibert de Laigue, commandeur du Temple de Nantes, et vécut au moins jusqu'en 1476. A cette dernière époque, Alain Le Moine se trouvait en même temps commandeur de Saint-Jean de Nantes et de Villedieu (Archives de la Vienne, 3 H, 541, 764 et 789). Il fut remplacé, semble-t-il, par frère Jean de Terves dont nous ne connaissons que le nom. Enfin vint, comme nous l'avons dit, le grand prieur d'Aquitaine Charles de Nouray, commandeur à la fois du Temple Sainte-Catherine et de l'Hôpital Saint-Jean ; c'est vraisemblablement par ses soins que les deux établissements furent unis de façon à ne plus former qu'une commanderie (Archives de la Vienne, 3 H, 464 et 465).

Bretagne : Templier - Hospitalier - Commanderie de Nantes

   Par suite de cette union, les deux commanderies de Nantes formèrent un beau bénéfice, qui prit le nom de commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine de Nantes. Comme on y avait annexé antérieurement certaines petites commanderies secondaires, dont nous avons déjà parlé, elle se trouva tout naturellement divisée en quatre membres, savoir : Nantes, Faugaret, Maupertuis et Grée ; nous étudierons successivement chacun d'eux. 

1. Nantes 

   Sous ce titre, nous groupons tout ce qui appartenait à la commanderie, tant à Nantes qu'aux environs de cette ville, sans toujours distinguer - car il est parfois impossible de le faire - les biens provenant des Templiers de ceux ayant toujours appartenu aux Hospitaliers. Le commandeur de Nantes possédait dans la cité deux manoirs et autant de chapelles, l'Hôpital et le Temple. 

A. L'Hôpital Saint-Jean 

   Nous avons dit que Saint-Jean se trouvait à peu près vis-à-vis du couvent des Cordeliers, dans la rue conduisant du carrefour Saint-Jean (aujourd'hui place Saint-Jean) au Port Communeau (nota : En la paroisse de Saint-Léonard, au XVIIIème siècle, plus anciennement en celle de Notre-Dame - Voir Travers, Histoire de Nantes, I, 523). L'ensemble de l'établissement se composait de deux maisons principales ayant chacune leurs cours et jardins et appelées les Grand et Petit Manoirs ; en 1718, M. de Lessongère habitait le premier de ces hôtels et payait 350 livres de loyer, l'autre logis n'était alors loué que 200 livres.

   Adjacente au Petit Manoir et communiquant avec lui par une porte intérieure, se trouvait la chapelle Saint-Jean, dont il ne reste plus une pierre (nota : La chapelle et les manoirs, avec, leurs dépendances, furent vendus nationalement 50 000 livres le 4 prairial, an III ). Le maître-autel, surmonté d'un dais, était accompagné des statues de la Sainte-Vierge et de saint Jean ; trois autres autels y étaient consacrés à sainte Anne, saint Georges et Notre-Dame de Toutes-Aides. Deux pierres tombales, « avec écritures gothiques illisibles », apparaissaient, l'une devant l'autel majeur, l'autre devant l'autel Sainte-Anne ; on les regardait comme étant les tombes d'anciens commandeurs (Procès verbal dressé en 1718 – Archives de la Vienne, 3 H, 368). 

   Dans le trésor de cette chapelle étaient conservés un calice d'argent à pomme doré avec deux blasons, l'un portant un crucifix, l'autre une figure de saint Jean-Baptiste, un chef de saint Jean en bois doré, une image de saint Jean en argent doré, une image de sainte Marguerite en feuilles d'argent doré plaquées sur bois avec des armoiries présentant des besants, un reliquaire en cuivre doré contenant trois pierres extraites du rocher « où s'assit Notre-Seigneur quand il ressuscita » du mont Calvaire et du mont des Oliviers (Inventaire fait en 1594 – Archives de la Vienne, 3 H, 767). 

   On voyait encore aux siècles derniers plusieurs blasons dans les verrières de la chapelle Saint-Jean. C'était, entre autres, celui de l'Ordre de Malte et celui de la duchesse de Bretagne, Jeanne de France : mi-parti de Bretagne et de France (nota : ce blason correspond aux armes actuelles de la ville de Brest) ; on croyait alors, dit Travers, que cette princesse avait relevé ou restauré ce sanctuaire en exécution d'un voeu fait par elle pour obtenir de Dieu, par l'intercession de saint Jean-Baptiste, la délivrance en 1420 de son mari Jean V, fait prisonnier à Champtoceaux (Travers, op. cit., I, 523). 

   Fidèles aux traditions de leur origine, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem établirent à Nantes un hôpital dans leur maison même (nota : cet hôpital occupait probablement ce qu'on appelait le Petit Manoir). « Le vocable de Saint-Jean des Arreptins, qui lui était appliqué, suivant l'historien Travers (Travers, op. cit., II, 439), indiquerait qu'il avait une destination exclusive, car on nommait Arétins ceux qui étaient atteints du mal caduc. Il faut croire que les chevaliers de Saint-Jean avaient des soins particuliers pour ce genre de maladie, puisque ce mal affreux était aussi nommé mal de Saint-Jean » (Maître, L'Assistance publique dans la Loire-Inférieure avant 1789, P. 300). 

   Cette maison passait avec justice pour le plus ancien établissement hospitalier bâti à l'intérieur de la ville de Nantes. Son cimetière était contigu à la chapelle Saint-Jean et a été plusieurs fois mis à découvert, quand l'on a créé la rue de Strasbourg. 

   Pour subvenir peut-être aux besoins de cet hôpital, une confrérie, dite de « Saint-Jean de l'Hôpital », fut érigée dans la chapelle Saint-Jean. Ancienne, considérable et chargée de beaucoup de fondations pieuses, dit Travers (Travers, op. cit., II, 280), elle admettait les deux sexes et les laïques dans ses rangs. Guillaume Guéguen, évêque de Nantes, approuva ses statuts en 1502 ; elle comprenait alors 400 frères et soeurs, en tête desquels se trouvait naturellement le commandeur de Nantes. Elle faisait dire trois messes par semaine à Saint-Jean, et aux jours de fête y faisait chanter vêpres, matines et messe (Archives de la Loire-Inférieure, H, 472). 

   Outre ces offices de la confrérie Saint-Jean, la chapelle des chevaliers hospitalier de Nantes était encore desservie régulièrement par leurs soins : le commandeur y devait, en effet, dire ou faire dire trois messes basses chaque semaine ; aux fêtes de Saint-Jean avoir premières et secondes vêpres et grand'messe à notes avec matines ; en carême, faire célébrer trois absoutes ou services par semaine ; enfin, faire donner le salut chaque jour durant l'octave du Saint-Sacrement (Aveu de 1590 - Archives de la Loire-Inférieure, B. 906). 

B. Le Temple Sainte-Catherine 

   Nous avons fait précédemment connaître l'étendue, de l'établissement des Templiers à Nantes, au confluent de l'Erdre et de la Loire, à l'intérieur de l'angle sud-ouest des fortifications de la ville sur le territoire de la paroisse Saint-Nicolas. Là se trouvaient à l'origine le logis de la commanderie et la chapelle du Temple avec leurs dépendances. 

   Quand les chevaliers hospitalier furent devenus propriétaires de cet établissement, ils fondèrent dans l'enclos un hôpital qui de la chapelle voisine prit le nom d'Hôpital Sainte-Catherine. Cette maison était en 1404 tenue par les frères hospitalier Jean Chevalier et Simon Bretelin ; en 1451 Alain Le Moine, commandeur de Saint-Jean de Nantes, en était le gouverneur au nom de Philibert de Laigue, commandeur de Sainte-Catherine (Archives de la Vienne, 3 H, 791). 

   Un siècle plus tard, après l'union des deux commanderies de Nantes en une seule, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, n'ayant plus besoin de deux maisons d'habitation à Nantes, afféagèrent à la Communauté de ville, le 30 octobre 1543, le manoir de la commanderie du Temple moyennant une rente annuelle de 27 livres ; quelque temps après ils lui cédèrent également la maison de l'Hôpital Sainte-Catherine et le cimetière en dépendant, établi devant la chapelle (Archives de la Vienne, 3 H, 791). Cette portion de l'ancien Temple devint une annexe de l'Hôtel-Dieu municipal bâti en face de la commanderie, sur la rive opposée de l'Erdre. C'est dans ce cimetière qu'on enterra les suppliciés jusqu'en 1790 (Maître, op. cit., 147).

   Le commandeur de Nantes ne conserva donc au Temple que la chapelle Sainte-Catherine : en 1718 il payait 52 livres par an au chapelain Etienne Cornou pour y dire deux messes par semaine, y célébrer la fête patronale par une messe chantée avec premières et secondes vêpres, et y faire trois absoutes par semaine en carême. La chapelle avait alors un maître autel orné des statues de Notre-Dame, de sainte Catherine et de saint Eloy, et de plus un autel secondaire dédié à la Nativité de la Sainte-Vierge (Archives de la Vienne, 3 H, 368 et 791). 

   En 1757 la chapelle Sainte-Catherine tombant probablement de vétusté, le commandeur du Boul de Cintré en vendit l'emplacement et les matériaux à la Communauté de ville de Nantes, moyennant une rente annuelle de grain (Archives de la Vienne, 3 H, 768). 

   Mais cette chapelle Sainte-Catherine, bâtie joignant le mur de ville à peu près où se trouve aujourd'hui la rue portant encore son nom, était-elle bien une construction des Templiers ? Il est permis d'en douter. La première et probablement unique chapelle du Temple s'élevait plus au Nord et plus au centre de l'enclos. En 1825 cet antique édifice fut retrouvé dans les caves d'une maison de la rue du Bois-Tortu. C'était une petite nef composée de deux travées voûtées sur croisées d'ogive primitive, séparées par un arc doubleau. L'exhaussement successif du sol nécessité par le voisinage de l'Erdre ainsi que par la construction d'un quai, avait tellement englobé cette chapelle qu'elle se trouvait enfouie au-dessous du pavé de la rue [nota : Voir sur cette découverte Le Lycée armoricain, VI, 252. Déjà Guimart avait en 1795 signalé cette chapelle comme servant alors de magasin (Annales nantaises, 103). Meuret dit qu'elle fut démolie en 1826 pour faire place à la nouvelle rue Charles X, aujourd'hui rue d'Orléans (Annales de Nantes, I, 115)]. 

   Son style romano-ogival du XIIème siècle correspondait bien d'ailleurs à celui du temps où les Templiers vinrent s'établir à Nantes. 

   Il semble que depuis bien des siècles ce sanctuaire de la Milice du Temple était ainsi caché, car nul aveu de la commanderie n'en fait mention. Ne pouvant y faire de culte par suite de la surélévation du sol environnant, les Hospitaliers durent l'afféager à quelqu'un qui bâtit une maison au-dessus. En conséquence ces chevaliers élevèrent non loin de là, peut-être en construisant leur hôpital de Sainte-Catherine, une nouvelle chapelle qui, comme nous venons de le dire, disparut à son tour au milieu du XIXème siècle.

C. Les domaines 

   Outre leurs logis ou manoirs du Temple et de l'Hôpital à Nantes, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédaient en cette ville et aux environs d'assez beaux domaines. 

   C'était, d'abord, l'île de la Grande Hanne donnée vers 1141 aux Templiers. Cette île de la Loire, faisant partie de la paroisse de Doulon, ne comprenait pas moins de 501 journaux de prairies en 1580. Elle se divisait en deux sections : l'une, demeurée la propriété des Hospitaliers, était louée par eux à divers particuliers (nota : En 1718, elle était affermée 1 750 livres, mais les priseurs révolutionnaires de l'an IV l'estimèrent plus de 3 000 livres de rente) ; l'autre avait été afféagée par eux de sorte qu'elle ne leur rapportait plus que quelques rentes féodales néanmoins, le commandeur s'y était en outre, réservé la jouissance d'un étang et certain droit de pacage (Archives de la Vienne, 3H, 368, 541 et 791). 

   C'était ensuite la métairie de l'Hôpital ou de l'Hôpitau dans la paroisse d'Orvault. Elle comprenait en terre, bois et vignes, 133 journaux et était affermée 310 livres en 1718. Le commandeur Alain Le Moine avait vendu cette métairie en 1476, mais son successeur Charles de Nouray l'avait rachetée dès 1493 (Archives de la Vienne, 3H, 368, 541 et 791). 

   C'était encore les terres de l'Hôpitau, en la Chapelle-sur-Erdre, et de l'Hôpital avec sa maladrerie au Pallet ; là, s'élevait même la chapelle Saint-Jean du Pallet, dépendant de la commanderie de Nantes et dans laquelle on a trouvé de belles pierres tombales, portant des croix de Malte (Maître, op. cit., p. 159).

   C'était enfin, un four banal à Couëron et quelques dîmes levées en Chantenay, Saint-Herblain et le Pont Saint-Martin (Aveu de 1580 – Maître, op. cit., p. 606 et 608). 

D. Fiefs et rentes féodales 

   Les fiefs et rentes féodales appartenant à la commanderie de Nantes étaient bien plus nombreux que ses domaines : les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en possédaient à Nantes et dans le diocèse sur le territoire d'une foule de paroisses. 

   A Nantes même, bon nombre de maisons relevaient féodalement du commandeur dans les paroisses Notre-Dame, Saint-Léonard, Saint-Vincent, Saint-Denis, Saint-Saturnin, Saint-Nicolas, Sainte-Croix, Saint-Sébastien, Saint-Similien et Saint-Donatien. Parmi ces maisons se trouvaient de beaux logis, tels que le superbe hôtel de Rosmadec, voisin de la chapelle Saint-Jean et dont le propriétaire payait 33 sols de rente au commandeur. Dans la rue du Château, le possesseur d'une autre maison devait chaque année 5 sols, 3 oboles et « un verre massif » (Archives de la Loire-Inférieure, H 469). En Saint-Donatien, il était dû, sur une maison voisine du Plessix-Tizon « 10 sols de rente et un chapeau de roses au jour et feste de la Pentecoste » (Aveu de 1580). 

   Sortons maintenant de Nantes. En Chantenay, le commandeur jouissait d'une rente sur la maison de l'Hôpital ; d'autres tenanciers lui devaient, outre quelques petites rentes en argent « une aloze le dimanche de Pasques Fleuries » (Aveu de 1580). En Saint-Herblain, un logis appelé l'Hôpital relevait aussi de la commanderie. En Rezé, l'île aux Chevaliers avait été donnée, en partie du moins, dès 1285, par Olive, veuve de Guillaume Mathieu de l'Isle, aux Templiers qui l'afféagèrent ensuite. L'an 1282, Olivier, sire de Rezé, reconnut devoir à la commanderie de Nantes, chaque année au temps des vendanges, une pipe de vin fait à Rezé (Archives de la Vienne, 3 H, 541). En 1673, outre la maison du Temple de Rezé, voisine de la chapelle Notre-Dame-la-Blanche, plusieurs maisons du bourg de Rezé étaient tenues de la commanderie de Nantes « et sur le faîte de chacun logis, il y a une croix de fer pour faire voir qu'ils relèvent de ladite commanderie » (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   En Saint-Pierre de Bouguenais, l'Île Boitie, dans la Loire, fut donnée aux Templiers, partie en 1212 et partie en 1254 ; le commandeur de Nantes y avait encore 7 livres de rente en 1580. Au Pont-Saint-Martin se trouve le manoir de la Templerie et « les détenteurs du village du Moulin-Robert doivent au décès de chacun d'eux, la meilleure robe du décédé ou 5 sols monnoie à l'option du commandeur » (Aveux de 1672 et 1679). A Touvois, certains paroissiens devaient, outre 15 deniers de rente, « un disner audit commandeur chacun an, et si ledit commandeur ou ses gens ne le viennent prendre, ils doibvent le poyer le premier dimanche de caresme » (Aveu de 1412). Autres rentes en La Chevrolière, Saint-Philbert-de-Grandlieu, La Limousinière, Port-Saint-Père. Montebert où se trouve la maison de l'Hôpital, Saint-Hilaire de Chaléons dont le nom figure dans la charte de 1182 et qui renferme le village du Temple, Machecoul avec la maison de l'Hôpital Saint-Jean, Le Bois-de-Cené, Saint-Cyr en Retz, Fresnay ayant une maison et un fief de l'Hôpitau, Bourg-des-Moutiers, Sainte-Marie, Le Clion, Arthon et Vallet où se trouve encore le moulin de la Chevalerie. Ce grand nombre de paroisses au-delà de la Loire, en lesquelles le commandeur de Nantes avait des rentes féodales, nous rappelle naturellement l'acte de 1160 dans lequel Conan IV confirma les Hospitaliers de Nantes en la jouissance d'un droit sur un homme de chacune des paroisses du pays de Retz (Dom Morice, op. cit., I, 638). 

   Le commandeur de Nantes avait encore quelques rentes dans plusieurs autres paroisses du diocèse de Nantes ; voici l'énumération de celles-ci : Carquefou, Mauves, Petit-Mars, dont le recteur devait six septiers de seigle chaque année, Les Touches, Couffé, Grandchamp, Nort-sur-Erdre, Saint-Aubin-des-Châteaux renfermant la Templerie de Saint-Gilles, Saffré où se trouvait la maison de l'Hôpital, Moisdon avec le logis de la Templerie, Nozay, Châteaubriant, Campbon contenant le fief des Hospitaliers vendu par eux en 1587 et Château-Thébaud qui renfermait la seigneurie de la Templerie (Aveu de 1580). 

   Terminons en rappelant que le receveur du Domaine de Nantes continuait de payer au commandeur la vieille rente de 100 sols monnaie donnée par Conan III aux Templiers sur les bancs de la boucherie de Nantes, et ajoutons que le même commandeur avait un droit de bûchage sur les quais de l'Erdre, consistant à prendre « de chacune gabarre, bateau ou challan chargés de busches, une busche et de chacun desdits bateaux chargés de fagots un fagot » (Aveu de 1679). 

   Mais à ce qui précède ne se bornaient pas l'étendue et les droits de la commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine de Nantes. On lui avait annexé, avons-nous dit, trois petites commanderies dont nous allons maintenant parler : Maupertuis, Faugaret et Grée. 

 

2. Le Temple de Maupertuis

   Les Templiers s'établirent de bonne heure à Maupertuis  (aujourd’hui nommé Temple-de-Bretagne) et acquirent en ce lieu assez d'autorité pour y obtenir de l'évêque de Nantes l'érection d'une paroisse. Celle-ci prit le nom de Temple de Maupertuis et les commandeurs en présentèrent le recteur jusqu'à la Révolution. 

   La charte de 1182 mentionne, en effet, Maupertuis parmi les possessions de l'Ordre du Temple molendina de Maupertus (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit., VI, 139). Mais une autre charte de 1219 est encore plus explicite. Le 28 août de cette année-là, un croisé du pays nantais, voisin du Temple de Maupertuis, Philippe de Vigneux, se trouvant en Palestine au camp de l'armée assiégeant Damiette, fit don à Dieu, à la bienheureuse Marie et aux Frères de la Milice du Temple de Salomon, pour le salut de son âme, de tous les droits de pacage et coutumes lui appartenant au village desdits Frères de Maupertuis, omnia pacagia et consuetudines in villa predictorum Fratrum de Malpertus. Il fit cette donation en présence d'autres croisés nantais tels que Chantarel de Rougé et Rosselin de Sion (Archives de la Vienne, 3 H, 778). 

   Lorsque les Hospitaliers eurent hérité des Templiers, ils unirent le Temple de Maupertuis à leur commanderie Sainte-Catherine de Nantes ; cette union était un fait accompli en 1383 (Archives de la Vienne, 3 H, 791). 

   Le commandeur de Nantes avait une haute justice exercée à l'origine au bourg même du Temple de Maupertuis, et il y jouissait des droits de moulin et de coutumes. Il lui appartenait aussi de « pourvoir de prestre, la cure et paroisse Saint-Léonard du Temple de Maupertuis, ladite église et son presbytère se trouvant en son fief et fondés par luy » (Aveu de 1580). 

   Le rôle rentier de la juridiction du Temple de Maupertuis ne montait toutefois en cette paroisse, l'an 1580, qu'à 20 livres par denier, plus 5 chapons et 2 poules, le tout payable à la Toussaint et à Pâques. Mais le fief du commandeur s'étendait dans les paroisses voisines, notamment en Campbon, Prinquiau, où se trouvait le village de la Templerie, Guenrouët, Quilly, et en la tenue de l'Hôpital au bourg de Malleville (Aveux de 1580 et 1679). 

   Appartenaient encore au commandeur le droit de lever la dîme dans toute l'étendue de la paroisse du Temple de Maupertuis, et « un droit de neume sur les biens meubles des gens partables demeurant et mourant en ses fiefs » (Aveux de 1580 et 1679). 

   Au XVIème siècle, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem n'avaient pas de manoir au Temple de Maupertuis, mais ils y possédaient un domaine composé de ce qui suit : « au bourg dudit Temple un bois de haulte fustaye contenant 8 journaux et une prairie de quatre journaux » ; ailleurs 9 journaux de terre en bois et prés ; plus 400 journaux de landes et communs « où les hommes du commandeur font pasturer leur bestail par sa permission et aux debvoirs accoustumés ». Enfin le commandeur et ses vassaux du Temple de Maupertuis avaient « droit d'usage de bois de chauffage et pasturage ès bois et landes du Thiémay » (Aveu de 1580). 

   Le recteur du Temple de Maupertuis était tellement bien sous la dépendance du commandeur de Nantes, que vers 1702, Antoine Astruc ayant été nommé recteur par ce dernier, reçut de lui la défense formelle de demander à l'évêque de Nantes un visa de sa nomination, le commandeur prétendant conférer la cure pleno jure. Parfois, les chevaliers nommaient recteur quelque prêtre de leur Ordre ; tel fut « Frère Honoré Magouët, religieux profès de l'Ordre de Malte », qui vint prendre possession le 14 novembre 1777 de la cure du Temple de Maupertuis (Du Bois de la Patellière – Notices historiques sur quelques paroisses du diocèse de Nantes, I, 162). 

   L'église paroissiale du Temple de Maupertuis – que l'évêque de Nantes n'avait point le droit de visiter sans l'autorisation du commandeur – était dédiée à saint Léonard ; outre l'autel majeur on y voyait en 1718 deux autres autels consacrés à la sainte Vierge et à saint Jean-Baptiste. Le commandeur était tenu de faire célébrer en cette église une grande messe tous les dimanches et fêtes, plus deux messes basses par semaine ; il devait, en outre, pendant le carême, faire chaque semaine dire une troisième messe basse et donner trois absoutes pour les défunts (Aveux de 1580 et 1679). 

   Quant au presbytère relevant de la commanderie, il jouissait en 1547 d'un pourpris contenant une dizaine de journaux de terre, en jardins, prés et bois taillis (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

 

3. L'Hôpital de Faugaret 

   Il existait vers la fin du XIVème siècle, dans la paroisse d'Assérac (Loire-Atlantique), une seigneurie séculière et une commanderie, portant l'une et l'autre le même nom Faugaret. Tout porte à croire que la châtellenie de Faugaret - n'apparaissant dans l'histoire qu'en 1394 comme juveignerie de la Roche-Bernard, donnée cette année-là en dot à la soeur du puissant baron de la Roche - avait été créée au commencement du siècle aux dépens des Templiers, condamnés alors à disparaître. On trouve la preuve de cette usurpation dans ce fait que la châtellenie de Faugaret renfermait nombre de terres et de fiefs ayant certainement appartenu dans l'origine à l'Ordre du Temple. 

   Les Templiers eurent de bonne heure, en effet, un établissement en Assérac ; on croit même que la localité, désignée comme leur appartenant en 1182 sous le nom de « La Fougerat » (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit., 139) était Faugaret. Ils possédaient aussi des moulins voisins de Mesquer (Loire-Atlantique), appelés, dans la même charte de 1182 Molendina de Marac, et ailleurs « Moulins entre Masrel et Mesquer » (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit., VI, 139 et 160). 

   Au mois de juillet 1219, le chancelier de Bretagne Raoul, évêque de Cornouaille, mit d'accord les Templiers de Nantes et un certain Béraud de Guérande, qui étaient en procès au sujet de terres prises par les premiers dans un marais, pour réparer la chaussée desdits moulins. Le prélat décida que les chevaliers du Temple continueraient de prendre cette terre selon leurs besoins, mais paieraient à Béraud et à ses héritiers après lui une rente de 5 sols ; de plus, ils moudraient gratuitement dans leurs moulins chaque année quatre charges de chevaux de blé appartenant audit Béraud ou à ses successeurs (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Vers le même temps, les Templiers eurent un grave différend avec Pierre, sire d'Assérac : celui-ci exigeait des redevances sur l'avoine et les oiseaux de basse-cour des vassaux du Temple à Pont-d'Armes, Arm, Brésibérin et Marlay, villages de la paroisse d'Assérac. Il refusait aussi de reconnaître le droit qu'avaient les chevaliers du Temple, de lever la moitié des droits de la foire de Saint-Lyphard. Le seigneur se laissa aller à la violence ; il saisit plusieurs tenanciers du Temple, les jeta dans ses prisons et leur enleva deux boeufs et certaine quantité de froment sous prétexte de se dédommager des frais de leur nourriture dans ses cachots. Sur la plainte des Templiers, Pierre d'Assérac, mis en demeure de réparer ses torts, s'y refusa et fut excommunié. Enfin, en mars 1222, revenu à de meilleurs sentiments, ce farouche seigneur renonça à ses prétentions, restitua ce qu'il avait pris, rendit la liberté aux pauvres vassaux du Temple, ses prisonniers, et vit lever l'excommunication qu'il avait encourue (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Quelques années plus tard, Guillaume de Drault fit pire encore, il porta une main criminelle sur un chevalier du Temple, frère Foulques, et causa de graves dommages à ses tenanciers habitant le doyenné de la Roche-Bernard. Pierre de Langan, alors précepteur du Temple en Bretagne, cita le coupable devant l'officialité de Nantes ; Guillaume de Drault reconnut sa faute et promit, pour lui et ses héritiers, de payer aux Templiers à perpétuité une rente de 5 sols pris sur sa dîme d'Herbignac, moyennant quoi il obtint son pardon au mois de juillet 1245 (Archives de la Vienne, 3 H, 781 et 784). 

   Quand en 1312 fut aboli l'Ordre du Temple, une partie seulement des biens constituant l'établissement de Faugaret vint aux mains des Hospitaliers ; le reste fut accaparé par les barons de la Roche-Bernard qui créèrent ainsi leur châtellenie de Faugaret, comprenant non seulement un manoir et un fief de ce nom, mais encore des bois et un fief de Marlay en Assérac (Déclaration de la châtellenie de Faugaret en 1679) ; or nous venons de voir qu'en 1220 Marlay appartenait aux Templiers de Faugaret. 

   Les chevaliers hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem n'étaient point des étrangers à Assérac lorsqu'ils recueillirent une portion du Temple de Faugaret ; ils avaient été confirmés dès 1160 par Conan IV dans la possession de l'Aumônerie d'Assérac Eleemosina de Azarac (Dom Morice, op. cit., I, 638). Ils semblent même avoir durant ce XIIème siècle construit l'église paroissiale d'Assérac qui vient de disparaître. M. de La Borderie y releva en 1856, sur l'un des pilastres romans de la nef, une inscription portant le nom de Gonterius Frater. « On ne peut guère douter, dit-il, que ce frère Gontier, architecte de l'église d'Assérac, ne fût un des vaillants moines-chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem » (De la Borderie, Annuaire de Bretagne, 1861, p. 234). 

   Les Hospitaliers unirent à leur Hôpital d'Assérac ce qui leur advint de l'héritage des Templiers, mais comme l'établissement de ces derniers avait eu plus d'importance que le leur, ils donnèrent au tout le nom de Faugaret. 

   Les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem avaient encore, non loin de Faugaret, un autre établissement très ancien : c'était à Guérande ce que la charte de 1160 appelle Domus de Guenrann (Dom Morice, op. cit., I, 638). Telle est l'origine de l'Hôpital Saint-Jean de Guérande, fondé non pas par les Templiers, comme quelqu'un l'a écrit par erreur, mais par les Hospitaliers. Cette maison, située dans l'enceinte des murs de Guérande, rue de l'Hôpital, tomba vers le XVIème siècle à la charge de la municipalité de cette ville, qui en fit son Hôtel-Dieu. 

   En 1336 Jacques de Melun, commandeur de Saint-Jean de Nantes et de Faugaret, fit une baillée qui peint bien les moeurs du temps. Il céda à un charpentier nommé Olivier de Launay et à sa femme une maison et des vignes provenant du fonds des Templiers et situées à Pornichet en Saint-Nazaire. 

   Il fut convenu qu'Olivier de Launay et sa femme paieraient chaque année à Escoublac, aux mains du commandeur de Faugaret, une rente de 20 sols et laisseraient à ce même chevalier la moitié du vin que produiraient leurs vignes ; de plus le commandeur pourrait pressurer ses propres raisins au pressoir de ladite maison, où l'on devrait le recevoir lui et ses gens pendant la vendange ; enfin à la mort des deux époux les maison, vignes, et tout ce qu ils laisseraient audit lieu appartiendraient à l'Hôpital de Faugaret (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   La même année 1336, Jacques de Melun poursuivit Hervé sire du Pont, accusé d'avoir fait enlever la croix placée au faîte des moulins de mer de Faugaret. Ce seigneur s'excusa d'avoir donné l'ordre d'abattre cette croix, s'obligea à la faire replacer par ceux qui l'avaient enlevée et avoua n'avoir aucun droit sur ces moulins (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   A la suite d'un procès soutenu par frère Jean Chevalier, gouverneur de Faugaret, contre les seigneurs de la Roche-Bernard au sujet de sa juridiction, que réclamaient ces barons, le Conseil du duc Jean V déclara que la commanderie de Faugaret était une fondation des ducs de Bretagne et relevait prochement d'eux (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Il paraît que durant ce XVème siècle l'Hôpital de Faugaret fut souvent gouverné par des chevaliers distincts des commandeurs de Nantes. Tel fut Robert Le Maistre, fils du seigneur du Boisverd en Saint-Aubin-des-Châteaux, qui prenait en 1438 le titre de chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Faugaret (La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la Noblesse, XII, 938) ; tels furent aussi les Hospitaliers dont nous allons parler. 

   Guillaume Labbé, commandeur de Faugaret, bailla en 1454 certaine terre propre à faire une saline à Jean de la Lande, sire de Guignen. Deux ans plus tard, il afferma ses moulins de Faugaret pour 50 mines de froment et seigle chaque année. Enfin, en 1460, il acheta 72 œillets (surface carrée bordée de talus où l’eau de mer stockée fournit le sel par évaporation) de marais salins qu'il réunit â son domaine de Faugaret (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Le 11 mars 1476 « humble et honneste religieux frère Jean Prévost, commandeur de l'Hospital de Faugaret », rendit aveu au duc de Bretagne pour sa commanderie (Archives de la Loire-Inférieure, B, 906). Quatre ans après, ce commandeur se trouvant procureur général des commandeurs, chevaliers et religieux de son Ordre en Bretagne, fut autorisé par le duc François II à publier les bulles d'indulgences que le pape accordait à ceux qui feraient des aumônes aux chevaliers de Rhodes (Archives de la Loire-Inférieure, B. 9). Enfin Jean Prévost gagna en 1483 un procès contre les paroissiens de Mesquer qui voulaient imposer les fouages au sergent de sa commanderie (Archives de la Vienne, 3 H, 786). 

   Charles de Nouray, grand prieur d'Aquitaine et commandeur de Nantes, jouissait en 1493 de l'Hôpital de Faugaret, que possédait en 1541 frère Mathurin Garnar. Mais le domaine de ce nom fut aliéné en partie dans la première moitié du XVIème siècle et acheté par Jean de Talquéon, seigneur du Plessix-Gabour ; Frère Yves Buffeteau, commandeur de Nantes, le retira des mains séculières avant 1566 (Archives de la Vienne, 3 H, 541), et Faugaret demeura dès lors jusqu'à la Révolution uni à la commanderie de Nantes. 

   Ce domaine de Faugaret comprenait : « Les manoir, herbregement et chapelle de Faugaret en la paroisse d'Assérac, avec un jardin, un clos de vigne et autres appartenances, le tout contenant 8 journaux de terre à la gaule » ; le bois de Marlay en la paroisse d'Herbignac, renfermant 50 journaux ; la Grande Saline (69 oeillets) et la Petite Saline de Faugaret (51 oeillets), plus, la Saline de la Haye (43 œillets) ; deux prairies contenant 10 hommées au village de Brésibérin en Assérac ; deux baules de marais (en Assérac aussi) propres à faire des salines, l'une de 100 journaux entre l'étier de Quilfistre et l'étier de Faugaret, l'autre de 30 journaux seulement aux environs de Brésibérin ; « un estier avec une maison en laquelle y avoit anciennement deux moulins à eau, et iceluy estier conduit dudit manoir de Faugaret jusqu'au village d'Arm, en la paroisse d'Assérac » (Déclaration de 1580) ; un moulin à vent près de Faugaret mentionné en 1469 et affermé alors à Alain de Bogats (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Le commandeur de Faugaret jouissait aussi d'un certain nombre de dîmes, dont voici l'énumération en 1580 et 1679 : une dîme de sel au sixième muid sur 60 oeillets de salines à Pont-d'Armes ; une dîme de grain en Assérac, rapportant 12 boisseaux de seigle ; d'autres petites dîmes de froment et de seigle dans les paroisses de Mesquer, Herbignac et Saint-Nazaire ; enfin quelques dîmes d'agneaux en Assérac, Herbignac, Nivillac et Saint-Dolay (Archives de la Loire-Inférieure, B. 906). 

   Il n'est point ici fait mention de la maison Saint-Jean de Guérande, parce que cet hôpital était alors devenu la propriété de la municipalité de cette ville. 

   Au XIXème siècle, le manoir noble de Faugaret n'était point une maison considérable ; dans une cour cernée de murailles s'élevait un petit logis ayant deux chambres basses et deux chambres hautes avec cave et grenier ; à côté se trouvait la chapelle ; un jardin clos de douves, une prairie et deux moulins en ruines complétaient ce domaine. C'était en 1718 l'habitation d'un fermier, nommé Piédargent, qui payait pour toute la commanderie de Faugaret mille livres au commandeur de Nantes. 

   La chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste était à peu près abandonnée à cette époque, l'eau des marais voisins y pénétrant, et le service des trois messes par semaine qu'y devait le commandeur, se faisait en l'église d'Assérac. Outre ces messes, le commandeur de Faugaret était tenu à solenniser la fête de saint Jean-Baptiste par le chant des premières vêpres, matines, grand'messe et secondes vêpres (Archives de la Vienne, 3 H, 368). 

   La juridiction de l'Hôpital de Faugaret était une haute justice, relevant du duc de Bretagne, puis du roi (après le traité d’union de 1532), sous le domaine de Guérande ; elle s'exerçait encore en l'auditoire de Faugaret en 1718. 

   Cette juridiction s'étendait dans d'assez nombreuses paroisses : Assérac, Guérande, Herbignac où se trouvait la tenue de Marlay, contenant mille journaux ; Escoublac et sa tenue de Pornichet ; Missillac avec la maison de la Templerie ; Saint-Dolay et ses logis et domaine du Temple ; Saint-Lyphard, Saint-Molf, Mesquer, Piriac, Saint-André-des-Eaux, Saint-Nazaire, Savenay et Nivillac (Déclaration de 1580 et 1679).

   La tradition a conservé souvenir des Hospitaliers en plusieurs de ces paroisses : ainsi, l'on dit qu'en Piriac, le Port­aux-Loups et sa maladrerie dépendaient de Faugaret (Maître, op. cit., p. 160) ; à Missillac on leur attribuait la construction de l'ancienne église romane qui a disparu ; il en était de même de la vieille église de Férel, jadis trêve d'Herbignac, et l'on ajoutait qu'à Missillac comme à Férel, les Templiers avaient précédé les Hospitaliers ; enfin, l'on croyait que les chapelles Saint-Jean de Pont-d'Armes en Assérac, Saint-Jean de Pompas en Herbignac et la chapelle de Marlay avaient été fondées par les chevaliers de Faugaret (Maître, L’Ancienne Baronnie de la Roche-Bernard, 59, 68 et 69). 

 

4. La Templerie de Grée 

   La charte de 1182 mentionne parmi les possessions de l'Ordre du Temple Eleemosina de Anchenes (A. de Barthélemy et Geslin de Bourgogne, op. cit., VI, 139). On croit qu'il s'agit ici d'un établissement de Templiers fondé non pas à Ancenis même - où rien ne rappelle leur souvenir - mais aux environs d'Ancenis, par les barons de ce nom. Or, dans la paroisse de Saint-Herblon (Loire-Atlantique) existent encore les villages de la Templerie et du Temple, et le premier fut, au Moyen Âge, le chef-lieu d'une petite commanderie appelée la Templerie de la Grée et, plus souvent par abréviation, Templerie de Grée. 

   Grée était également une ancienne seigneurie séculière en Saint-Herblon, et il devait y avoir certainement des rapports d'origine entre cette seigneurie et la Templerie de même nom : ou bien, les seigneurs de Grée avaient contribué à cette fondation pieuse en faveur des chevaliers du Temple, ou bien, ce qui nous semble plus probable, ces derniers avaient été dépouillés après 1312 par les premiers ; la seigneurie de Grée ne paraît pas, en effet, remonter au-delà du XIVème siècle ; on ne connaît même ses seigneurs qu'à partir de 1420 (Voir de Cornulier, Dictionnaire des terres du comté nantais, 145). 

   Les sires de Grée ne furent pas seuls, avec les Hospitaliers, à profiter de la dissolution de l'Ordre du Temple. Il semble bien que les religieuses de l'abbaye Saint-Georges de Rennes reçurent aussi quelque chose de ses dépouilles à la Templerie de Grée : « il y a une éminence au milieu des marais de Grée, qui porte les vestiges d'un cimetière et les ruines d'une chapelle dédiée à saint Georges », et appartenant jadis à cette abbaye qui l'avait recueillie après le désastre de 1312 (Maître, op. cit., p. 156). 

   Les Templiers possédaient aussi non loin d'Ancenis, dans la paroisse du Cellier (Loire-Atlantique), une terre noble avec manoir, bois et prairies appelée Teillay. Mais en 1292 ils la cédèrent à Galeran de Châteaugiron, seigneur d'Oudon, moyennant une rente de 10 livres payable chaque année, à la Nativité de Notre-Dame, au commandeur du Temple de Nantes ; il fut stipulé que, faute de paiement au jour fixé, l'acquéreur paierait en plus 5 sols chaque semaine tant qu'il demeurerait en retard (Archives de la Vienne, 3 H, 541 et 790). 

   De leur côté, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem eurent dès une époque reculée des possessions au pays d'Ancenis. Parmi elles, fut la terre de l'Hôpital de Varades dans la paroisse de ce nom (Loire-Atlantique). Mais en 1439 Alain Le Moine, commandeur de Saint-Jean de Nantes, bailla cette métairie, contenant 28 journaux de terre, à Guillaume Carré pour une rente annuelle de 5 livres plus deux chapons, aux fêtes de Noël. 

   Il fut en outre convenu qu'à perpétuité les possesseurs de l'Hôpital de Varades seraient « tenus de poyer le disner du commandeur de Nantes et de ses gens et de le deffroyer pendant trois jours, luy, ses gens et ses chevaux, et s'il alloit manger au cabaret ils seroient obligés de poyer la depence » (Archives de la Vienne, 3 H, 541). 

   Cette redevance subsista jusqu'à la Révolution : le 31 août 1731, René de Martel, commandeur de Nantes, envoya à Varades son sénéchal prendre le dîner qu'on lui y devait ; cet officier trouva « la table garnie d'un bon plat de soupe, de poisson, pain et vin ; il y but et mangea, fit repaistre ses chevaux et donner à ses chiens de la soupe et de la paille fraîche, conformément au droit dudit seigneur commandeur » (Archives de la Loire-Inférieure, H, 464). 

   Les terres et fiefs que possédaient originairement les Hospitaliers aux environs d'Ancenis, joints à ceux qui leur échurent des Templiers en 1312, formèrent le membre de la Templerie de Grée dont jouissait en 1440 frère Jean Babinot et qu'ils unirent de bonne heure, semble-t-il, à leur commanderie de Nantes.

   Le domaine de cette Templerie se composait d'un petit manoir avec salle basse et cuisine, chambres hautes et grenier ; de l'autre côté de la cour du logis se trouvait la maison du fermier. Autour étaient des bois de décoration en haute futaie, un colombier, 3 jardins, 5 prairies, 7 pièces de terre labourable, une vigne, un bois taillis et des marais avec leurs pêcheries. La métairie de la Templerie de Grée était en 1718 affermée 590 livres (Archives de la Vienne, 3 H, 368). 

   La Templerie de Grée jouissait d'une haute justice qui s'exerçait encore en 1718. Cette juridiction avait des fiefs dans les paroisses dont voici les noms : Saint-Herblon, Pouillé, La Bourdinière, Drain, Varades, Champtoceaux, Oudon, Le Cellier, Mésanger, Ancenis, Saint-Géréon et La Roussière (Loire-Atlantique). Parmi les vassaux nobles du commandeur se trouvaient le seigneur de Mésanger qui lui devait un septier de froment et deux septiers de seigle, celui de la Roche-Pallière, en Saint-Herblon, tenu à payer 19 sols de rente, et le possesseur de la maison de la Contrie, en La Bourdinière, obligé chaque année de présenter « un disner convenable » (Déclaration de 1679 et 1698). 

   La commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine de Nantes était tenue « en fief amorty, à debvoir de prières et oraisons », du duc de Bretagne, puis du roi de France : les membres de Nantes, Maupertuis et Grée relevaient de la cour de Nantes, mais Faugaret dépendait, comme nous l'avons dit, de la cour de Guérande. 

   La juridiction de la commanderie s'étendait en 85 paroisses, dont 82 appartenaient au diocèse de Nantes. Voici les noms de ces dernières : 

- dans la ville même de Nantes : Notre-Dame, Saint-Denis, Saint-Donatien, Sainte-Croix, Saint-Léonard, Saint-Nicolas, Saint-Saturnin, Saint-Sébastien, Saint-Similien et Saint-Vincent ; 

- Hors de cette ville : Ancenis, Anetz, Arthon, Assérac, le Bignon, la Boissière, Bouguenais, la Bourdinière (aujourd'hui Pannecé), Bourg-des-Moutiers, Bourgneuf-en-Retz, Campbon, Carquefou, le Cellier, la Chapelle-Bassemer, la Chapelle-sur-Erdre, Chantenay, Châteaubriand, Châteauthébaud, la Chevrolière, le Clion, Couëron, Couffé, Doulon, Escoublac, Fresnay, Grandchamp, Guenrouët, Guérande, Herbignac, la Limousinière, Machecoul, Malleville, Mauves, Mésanger, Mesquer, Missillac, Moisdon, Montebert, Nivillac, Nort-sur-Erdre, Nozay, Orvault, Oudon, Petit-Mars, Piriac, Pont-Saint-Martin, Port-Saint-Père, Pouillé, Prinquiau, Quilly, Rezé, la Roussière, Saint-André-des-Eaux, Saint-Aubin-des-Châteaux, Saint-Cyr-en-Retz, Saint-Dolay, Sainte-Marie, Saint-Géréon, Saint-Herblain, Saint-Herblon, Saint-Hilaire-de-Chaléons, Saint-Lyphard, Saint-Molf, Saint-Nazaire, Saint-Philbert-de-Grandlieu, Saint-Pierre-de-Bouguenais, Saffré, Savenay, le Temple-de-Bretagne, les Touches, Touvois, Vallet et Varades. 

   Il y avait, en outre, trois paroisses en lesquelles le commandeur de Nantes avait des droits, mais qui n'appartenaient pas à la Bretagne quoique en étant voisines ; c'était Champtoceaux et Drain en Anjou, et Le Bois-de-Cené en Poitou. 

   Le commandeur de Nantes avait une haute justice dans tous ses fiefs ; au XIXème siècle toutefois ses officiers n'exerçaient cette juridiction qu’en trois localités ; à Nantes dans l’auditoire construit au cimetière Saint-Jean près la chapelle de ce nom, à l'Hôpital de Faugaret et à la Templerie de Grée (Procès verbal de 1718 et Déclaration de 1770). 

   Toute la commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine de Nantes fut affermée, le 21 avril 1724, par le commandeur René de Martel, 4 400 livres (Archives de la Loire-Inférieure, H, 471 – Archives de la Vienne, 3H, 368). Mais, le commandeur avait de nombreuses charges à acquitter : il lui fallait fournir à Malte une responsion de plus de 600 livres, payer les décimes et les capitations, faire desservir les chapelles de Nantes et de Faugaret ainsi que l'église du Temple de Maupertuis, réserver des fonds pour la confection obligatoire tous les vingt-cinq ans du papier terrier et pour les visites ordonnées par l'Ordre tous les cinq ans ; aussi, ne lui restait-il qu'un fort petit revenu net (Archives de la Loire-Inférieure, H, 471 – Archives de la Vienne, 3H, 368).   

abbé Guillotin de Corson

 © Copyright - Tous droits réservés.