Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

L'EGLISE ET LES CHAPELLES DE CORDEMAIS.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Cordemais"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Pour Cordemais, comme pour presque toutes les paroisses un peu anciennes, on ignore l'époque précise de la fondation de l'église. Oger affirme qu'elle fut érigée l'an 370 par Emmelius, évêque de Nantes. Albert Legrand, qui eut entre les mains un ancien catalogue des évêques de Nantes, dit qu'Arisius, 6ème évêque, sacré en 368, édifia les églises paroissiales d'Oudon, Donges, Cordemais et trois autres. Sans vouloir attacher une grande importance à ces renseignements, nous croyons cependant que la fondation de l'église de Cordemais remonte à une assez haute antiquité. Le patronage de saint Jean-Baptiste sous lequel elle était placée appartient en effet généralement à des églises fort anciennes. Quoi qu'il en soit, pour ne nous appuyer que sur des documents historiques, nous rappelons que, dès l'année 1051, l'église de Saint-Jean-Baptiste de Cordemais est mentionnée expressément dans la donation d'Even du Matz à l'abbaye de Redon. Nous ferons en outre remarquer qu'elle était dès lors située sur l'emplacement qu'occupe aujourd'hui la nouvelle église : le prieuré de Saint-Samson construit dans le champ près l'église donné par Even du Matz indique nettement le lieu où elle se trouvait.

Cordemais : l'église actuelle.

Il ne reste pour ainsi dire aucun vestige de l'église primitive. Tout au plus pourrait-on signaler les bénitiers qui se voient à l'intérieur : ils étaient dans l'origine placés à l'extérieur sur des bases qui leur manquent aujourd'hui. Au devant du grand autel était un puits couvert d'une pierre ronde avec inscription : on avait oublié l'existence de ce puits, ou du moins son usage, et l'on croyait que c'était une crypte. Au mois d'août 1856, on en fit l'ouverture : on descendit jusqu'à 7 ou 8 pieds au dessous du dallage, et l'on trouva une masse énorme d'ossements qui y avaient été jetés lors de la destruction de l'ossuaire situé au dessus de l'abalet de l'église. On voulut sonder la profondeur sous les ossements, et l'on y enfonça une verge de fer dont 3 mètres au moins disparurent. Suivant la tradition, cette prétendue crypte ou plutôt ce puits correspondait avec le château du Goust et le prieuré de Saint-Nicolas-du-Port.

Au commencement du XVIIIème siècle, l'ancienne église, faute sans doute d'un entretien convenable, menaçait de tomber en ruines. Dès l'année 1611, on avait fait marché avec Jean Sion, couvreur en pierres d'ardoises, « pour coupvrir et réparer bien et deuement, l'église avecques l'aballet d'icelle ». En 1621, un autre marché pour la charpente fut passé avec Nicolas Ganachau, charpentier. Mais ces réparations partielles étaient insuffisantes : les habitants constataient chaque jour que le danger d'une ruine complète devenait plus imminent. Au printemps de l'année 1630, ils convinrent avec François Leray, maçon, et Jean Renaud, charpentier, que, moyennant une somme de 1066 livres, ils entreprendraient la restauration de l'église. Mais, au moment de se mettre à l'œuvre, les ouvriers reculèrent, disant que la restauration était impossible, qu'il fallait une réfection totale. Les habitants en appelèrent au seigneur de la Haie-Mabeas comme arbitre, et celui-ci, s'étant transporté à Cordemais le 21 juillet 1630, il fut reconnu « que les longères de murailles estoient ventrues, lisardées et contreplombées, et qu'il estoit nécessaire de les rebastir de neuf.... que la charpente estoit penchante et pourrie par vieillesse et caducité, et ne pouvoit subsister, estant preste de tomber tant par le deffaut des murailles que pourriture des sablières, tirans, chevrons et autres bois d'assemblage, comme à pareil les ardoises et lattes du toit de la dite église estoient pour la plus part tombées et pourries, et ce qui restait de la couverture prest de tomber ».

Cordemais : église de 1875.

Il fallut donc se résoudre à une reconstruction presque complète : pendant quatre années que durèrent les travaux (1631-1634), les paroissiens furent soumis à une imposition de 300 livres [Note : Pour recouvrer cette imposition, on établit une taille de 2 s. 6 den. sur chaque ménage, et une demi-taille de 15 den. sur chaque veuf ou célibataire], outre 600 livres qui avaient été levées dès la première année. En 1634, l’église était terminée, mais elle n'avait pas de clocher. Les cloches avaient été placées sur les poutres qui se trouvaient au dessus de la chapelle de Notre-Dame : elles étaient à peine à une hauteur de vingt pieds, « et le bruit d'icelles troubloit le divin service e ostoit la dévotion de ceux qui y assistent ; davantage les dites poutres estaient en hazard de tomber et de se rompre, ce que l'on craignoit de jour en jour ». C'était un nouveau sacrifice à faire.

On fit dresser un « devis de la massonne, charpente, couverture, « ferrure, plomb et croix requize pour construyre une pyramide ou clocher, consistant en une tour de 11 à 12 piedz de franc dans œuvre en carré ». Ce devis montait à 2 000 livres ; le 12 août 1635, les travaux furent adjugés à Jean Renaud, maître charpentier à Nantes. Pour couvrir la dépense, on chargea les fabriqueurs « de se rendre chez MM. les ecclésiastiques, nobles et autres biens tenans en la paroisse pour recevoir leur libéralités », et l'on recueillit plus de 500 livres. Le reste fut acquitté en plusieurs années successives, moyennant de nouvelles impositions.

Pendant plus d'un siècle, nous ne voyons pas qu'il ait été fait de travaux à l'église ; mais, le 11 mars 1746, la foudre tomba sur le clocher et le détruisit presque entièrement, ainsi que les vitres du chœur et de la nef [Note : Parmi ces vitraux, le procureur fiscal de la baronnie de la Roche en Savenay, qui assistait « au procès-verbal des avaries et dégradations », eut bien soin de faire remarquer, pour établir la prééminence du seigneur de la Roche en l'église, « qu'au vitrage vers midi, vis-à-vis l'autel de Notre-Dame de Bon-Secours, il y a un verre qui porte l'écusson de la maison de Rieux, chargé de 10 hermines par 4, 3, 2 et 1 »]. Le devis des réparations nécessitées par cet orage s'éleva à 372 livres. L'année suivante, un ouragan, survenu dans la nuit du 22 au 23 novembre, exigea de nouvelles réparations. Mais on ne faisait absolument que l'indispensable, et par la marche même du temps l'église allait sans cesse se dégradant. Elle menaçait de nouveau ruines : on aurait pu la reprendre sur l'ancien plan comme on avait fait en 1630, on préféra la démolir et en reconstruire une nouvelle. La première pierre fut posée le 8 mai 1878, et un monument inachevé remplace aujourd'hui l'église du XVIIème siècle.

Avant de quitter l'ancienne église, nous devons dire quelques mots de son aménagement intérieur. Le grand autel, dédié à saint Jean-Baptiste, avait un assez beau rétable du XVIIème siècle : à gauche étaient les statues de saint Roch et de saint Pierre ; à droite, celles de saint Blaise et de saint Paul. Dans le collatéral du nord était la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours ou du Rosaire, avec également un rétable du XVIIème siècle : à gauche, les statues de saint Antoine et de sainte Anne ; à droite, celles de saint Avertin et de saint Joseph. Dans le collatéral du midi la chapelle de Saint-Eutrope, avec une statue de saint Sébastien à gauche, et une statue de saint Fiacre à droite. Enfin, dans la nef, étaient deux autels, dits des Trois-Maries et de Saint-Sauveur ; mais ils étaient si mal entretenus qu'en 1761, lors de sa visite pastorale, Mgr Pierre Mauclerc de la Muzanchère, évêque de Nantes, défendit d'y célébrer jusqu'à ce qu'ils eussent été mis dans un état plus décent. En 1779, Mgr Freta de Sara ordonna « que les deux petits autels de la nef, interdits depuis longtemps, les quels occupent inutilement de la place dans l'église déjà trop petite pour contenir les paroissiens, seront entièrement démolis, et le mur au quel ils sont adossés recrépi, uni et blanchi ; qu'en conséquence toutes les statues des dits autels mutilées et dégradées seront enterrées dans le cimetière, et le reste des matériaux réservé pour les réparations de l'église » [Note : Archives de la fabrique de Cordemais].
Quant aux meubles et ornements, nous extrairons les renseignements suivants, tirés d'un inventaire dressé en 1634, après la reconstruction de l'église [Note : Archives Tournier] :

« Une croix d'argent, la quelle a été faite dorer par les paroissiens, avecques deux escharpes ;

Quatre calices d'argent, sçavoir deux d'iceux dorez, l'un des quels estoit rompu et décollé et la platine de l'autre pollue et rompue par le milieu, et auroient esté faitz racoustrer et raccommoder par les paroissiens, et yceux quatre calices sont bons à présent avecques leurs dites platines ;

Un chasuble de veloux rouge cramoisi, donné par honorable homme Ollivier Le Breton, vivant sieur des Taupinières ;

Une bannière de damars faicte à ramage rouge cramoisi ;

Une grande chappe de veloux rouge, donnée par le dit feu sieur des Taupinières ;

Une autre chappe pour servir au service et procession des Trespassez, la quelle est de camelot noir avecques un crucifix au derrière, donnée par Mre Guillaume Barrays ;

Un chasuble de damars rouge, donné par deffunt Mre Guillaume Taugain ;

Trois chasubles de damars figuré, sçavoir l'un rouge, l'autre tanné et l'autre verd ;

Un chasuble et deux damoires de veloux rouge cramoisi ;

Un autre chasuble et deux damoires de taffetas noir, donnez par honorable femme Bretranne Taugain ;

Un chasuble, deux damoires avecques deux estolles et trois fanons de damars noir faict à ramage, garnyz de passement d'argent, donnez par honorable femme Jeanne Pillet, veufve de deffunt Mre Guillaume Taugain ;

Une autre chasuble, une estolle et un fanon, le tout de camelot noir, donnez par Thomasse Boistuau ;

Un parement, donné par deffunt le sieur de la Hémériais ;

Un pesle, donné par damoiselle Susanne de la Lande ;

Un parement de veloux noir pour servir à l'image de Nostre-Dame ;

Un parement d'autel, de damars blanc et orangé faict à ramage, donné par noble homme Mre Jean Fourché, grand-archidiacre de Nantes ;

Deux parements d'autel pour servir à l'autel de Nostre-Dame, estant de damars blanc et orangé faict à ramage ».

Notons encore « une bannière de velours rouge, avec un Christ d'un costé et un saint Jean-Baptiste de l'autre, avec une franche d'or au bas, des fleurs de lys, hermines et estoilles brodées d'or et de soye », donnée en 1739 par Pierre Saffré, laboureur ;

Et « une chasuble, deux dalmatiques avec leurs étolles et manipulles, un voile, une chape, une écharpe, un tapy et deux cossins, le tout d'étoffe tissue en or et argent, donnés en 1749 par Julien Saffré, sieur de la Bazillaye, marchand négociant en Espagne » [Note : Ces ornements provenaient, dit-on, de la garde-robe d'une princesse d'Espagne, laquelle garde-robe avait été achetée par Julien Saffré].

De tous ces meubles et ornements il ne reste plus aujourd'hui que la croix d'argent ; mais elle nous semble mériter une mention particulière. Voici comment elle a été décrite par M. Darcel (Bull. arch. du Comité des travaux historiques, année 1884, p. 452), à la suite d'une communication que j'avais faite au Comité des travaux historiques :

Cordemais : croix processionnelle.

« L'église Saint-Jean-Baptiste de Cordemais possède une croix processionnelle en argent, dorée par parties : elle présente ce grand intérêt d'avoir été fabriquée à la fin du XVème siècle pour l'église même qui la possède encore. Son nœud porte en effet six petits boutons ornés de lettres émaillées, dont l'ensemble forme l'inscription : S. IEHA DE COR DE MES.

Voici donc une croix assurément française, sortie d'un atelier local, de Nantes probablement.

Les bras de la croix sont terminés par des quadrilobes à redans, qui portent du côté du crucifix les figures de la Vierge et de Saint Jean ; de l'autre, les symboles évangéliques en relief et rapportés. Le Christ est fixé par trois clous d'un côté ; de l'autre la figure de saint Jean Baptiste, patron de l'église, occupe la tige de la croix. Le nœud est décoré d'un réseau de six ogives descendantes et de six ogives montantes, encadrant les six boutons émaillés dont il a été parlé plus haut.

Cordemais : croix processionnelle.

Le soleil, figuré par une étoile à rayons flamboyants, et la lune, par un disque à face humaine, sont gravés, derrière la tête du Christ, sur un carré qui couvre l'intersection des quatre bras de la croix. L'agneau pascal est rapporté sur la face postérieure ».

Comme reliques du temps passé, nous devons encore citer :

Une tasse d'argent servant aux baptêmes et portant cette inscription : POVR SERVIR AV FONS DE L'EGLISE DE CORDEMES, 1641 ;

Deux chandeliers de cuivre, donnés par Marguerite Huet en 1671, comme le témoigne cette inscription gravée sous leur pied : MARG. HVET A Sct LVCE, 1671 ;

Enfin une petite cloche pouvant peser une soixantaine de livres, et sur laquelle on lit : L'AN MIL Vc IIIIxx II.

Plusieurs chapellenies, légats ou bénéfices avaient été fondés dans la paroisse de Cordemais : ces bénéfices étaient ordinairement concédés aux vicaires ou prêtres de chœur, et les revenus qu'ils en tiraient étaient l'un de leurs principaux moyens d'existence :

1° Chapellenie de Saint-Nicolas, chargée de deux messes par semaine en la chapelle de Saint-Nicolas-du-Port ;

2° Chapellenie de Saint-Julien (une messe par semaine en la chapelle de Saint-Julien) ;

3° Chapellenie de la Cave (une messe de Beata chaque semaine à l'autel de Notre-Dame), fondée le 9 mai 1623 par Olivier Le Breton, sieur des Taupinières, et Jeanne Biré, sa femme ;

4° Chapellenie de la Guionnerie (une messe par semaine à l'autel Saint-Jean-Baptiste), fondée le 5 mai 1435 par Alain Denion, prêtre [Note : L'acte de fondation d'Alain Denion existe encore parmi les papiers laissés par M. Tournier, notaire à Cordemais. Il renferme des détails assez intéressants pour la topographie de Cordemais au XVème siècle : on y trouve mentionnés le château de Guémené-Guingamp et l'île de Pullant] ;

5° Chapellenie des Trois-Maries (deux messes par semaine à l'autel des Trois-Maries) ;

6° Chapellenie des Boistuaux (une messe par semaine), fondée par Maurice Boistuau ;

7° Chapellenie du Provôt (une messe tous les samedis à l’autel de Notre-Dame), fondée par Jean Provôt, prêtre ;

8° Légat des Bazilles (une messe par semaine), fondée par Pierre Bazille, sieur de la Bazillaye ;

9° Légat des Barrays (une messe par semaine), fondée par Pierre Barrays, sieur de la Touche, et Richarde Le Breton, sa femme.

Outre les autels de l'église paroissiale, nous voyons citées dans cette liste deux chapelles, celle de Saint-Nicolas-du-Port et celle de Saint-Julien. Il existait en effet trois chapelles sur la paroisse. Nous avons déjà parlé de la chapelle prieurale de Saint-Samson, appartenant à l'abbaye de Saint-Sauveur de Redon. Aux XVIème et XVIIème siècles, beaucoup d'habitants de Cordemais s'y faisaient enterrer :

« Le 27 janvier 1608, fut ensepulturé en la chapelle de M. Saint-Sansson, en la paroisse de Cordemes, le corps de deffunt Pierre Fouré ». Comme nous l'avons dit, il ne reste que le souvenir de cette chapelle.

La chapelle de Saint-Julien était située au village de la Herguenais, sur le sillon de Bretagne. Le chapelain paraît avoir parfois exercé les fonctions curiales : « Le 3 juin 1633, a été baptisée, en la chapelle de Saint-Julien, au village de la Herguenais, Julienne, fille de François Balluet ». Cette chapelle a été détruite à la Révolution : une croix a été élevée sur son emplacement, au carrefour de deux chemins.

La chapelle de Saint-Nicolas-du-Port était beaucoup plus importante. Nous avons raconté tout au long comment un prieuré, dépendant de l'abbaye de Saint-Nicolas d'Angers, avait été fondé au port de Cordemais à la fin du XIème siècle [Note : Nous n'avons jamais vu cité dans aucun Pouillé ce prieuré de Saint-Nicolas-du-Port, non plus que celui de Saint-Samson. Il n'y a pourtant aucun doute sur leur existence, et le prieuré de Saint-Nicolas tout au moins méritait une mention spéciale]. Ce prieuré, longtemps florissant, tomba en décadence, comme tous les autres, lorsqu'il fut arrivé entre les mains de prieurs commendataires. La chapelle, qui datait des premières années du XIIème siècle [Note : Nous la trouvons en effet expressément citée dans une charte de Brice, évêque de Nantes, qui siégea de 1113 à 1139 environ. Ego Brictius, Nannetensis episcopus, interventu domini Oliverii de Ponte (Pont-Château) et Eudonis de Rocha (la Roche, en Savenay), confirmo monachis Sancti-Nicholai apud Cordumensem portum manentibus omnia dona que predicti milites vel antecessores vel homines eorum dederunt in elemosinam, scilicet capellam Beati-Nicholai-de-Portu et totum portum Cordumensem, cum omnibus costumis ad portum illum pertinentibus (Coll. des Blancs-Manteaux, vol. XLV, p 535)], fut négligée et tomba bientôt eu ruines. Mgr Fretat de Sara, dans sa visite pastorale du 4 juillet 1779, ordonna, il est vrai, « que la chapelle de Saint-Nicolas, utile à la paroisse et qui sert de station dans certaines processions de l'année, sera le plus tôt possible réparée et fournie de toutes les choses nécessaires à la célébration de la sainte messe ; que, conséquemment, la partie du toit qui correspond à l'autel sera lambrissée ; que les vitres considérablement dégradées seront réparées, et toute la partie des murs intérieurs du sanctuaire, où il s'est formé par l'humidité grand nombre de taches verdâtres et en quelques parties des crevasses, sera regrattée, recrépie et blanchie ; qu'en outre les deux statues de l'autel, pour lequel il sera aussi fourni un tableau, seront interdites à cause de leur état indécent et remplacées par des neuves ; que la porte latérale, à demi pourrie par le bas, sera raccommodée et doublée à neuf » [Note : Archives de la fabrique de Cordemais].

Cordemais : restes du prieuré de Saint-Nicolas-du-Port.

Mais on ne tint pas grand compte de l'ordonnance de l'évêque de Nantes : d'ailleurs les mauvais jours de la Révolution arrivèrent, et la chapelle, complètement abandonnée, fut vendue et détruite. Il en reste à peine quelques pierres et un bénitier qui se voit dans la clôture d'une ferme qui a remplacé l'ancien sanctuaire. A peu de distance était la maison prieurale : les deux piliers de la porte d'entrée existent encore à la fin du XIXème siècle ; à gauche est un colombier à moitié démoli, mais où l'on voit encore les cases à pigeons. A l'extérieur de la maison on reconnaît au premier étage une fenêtre romane, aujourd'hui bouchée, puis le chambranle d'une vaste cheminée en pierres. Au dessus d'une porte d'entrée est la date 1682. Autrefois, à l'extrémité de la maison, était une tour à 7 étages, prétend-on, semblable à la tour de Buzay. Dans l'enclos, derrière la maison, est un beau vivier, cimenté dans le fond.

La chapelle de Saint-Nicolas, comme celles de Saint-Samson et de Saint-Julien, servait fréquemment de lieu de sépulture pour les habitants de Cordemais ; au reste, il est à noter que le cimetière situé autour de l'église paroissiale recevait fort peu d'inhumations : chacun tenait à honneur de reposer près des saints autels, tellement que, dès l'année 1640, on dut faire un règlement à cet égard. Nous lisons en effet dans les registres de la fabrique que « sur la remontrance faicte par maistre Julien Bernard, recteur de cette paroisse, comme la pluspart des habitans de cette paroisse, tant pauvres que riches, mesme ceux qui y sont demeurans qui ne sont natifz d'icelle, lorsque le déceps arrive de leurs enffans, chacun les faict ensépulturer en l'église dans les plus honorables lieux et places qui y sont sans en demander congé au dit sieur recteur ny aux presbtres de la dite paroisse ny mesmes aux marguillers de la dite paroisse, que, à raison de la dite occupation, puis les six mois derniers, pour ensépulturer un corps de l'un des paroissiens de la dite paroisse, fut ouvert trois tombes premier que en trouver une propre. Sur laquelle remontrance a esté advizé que à l'advenir il ne sera ensépulturé en la dite église soubz l'aage de 25 ans que les père et mère ou autres héritiers qu'ilz ne paient pour ceux qui seront ensépulturez en la nef de la dite église 12 soulz, et pour ceux qui seront ensépulturez dans le chœur de cette église pairont 20 soubz aux procureurs et marguillers de la dite paroisse ».

Nous avons terminé notre tâche. Sans nous faire illusion sur l'intérêt assez restreint qu'offre l'histoire d'une paroisse aussi obscure que celle de Cordemais, nous avons voulu mettre en œuvre les documents que nous avions rencontrés, persuadé que, plus on multipliera les monographies locales, plus on tendra à faire complète et vraie l'histoire d'un pays d'abord, puis d'une province, puis d'une région, puis de la France tout entière.

(Lucien Merlet).

© Copyright - Tous droits réservés.