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Le Clergé Constitutionnel de la Ville de Dinan |
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Ce n'est pas sans avoir longtemps hésité que nous nous sommes décidé à publier ce chapitre, consacré à faire revivre la mémoire de personnages qui ne furent précisément pas, pour la plupart, des parangons de vertu, et nous craignons que plusieurs des biographies qui vont suivre ne semblent, à quelques lecteurs à conscience timorée, « offensives des oreilles pies ». |
Mais, outre que le rôle de l'histoire est avant tout d'établir la vérité et non pas spécialement d'édifier le public, nos lecteurs voudront bien se rappeler que le Clergé constitutionnel, du fait de sa prestation de serment, s'était mis en dehors de l'Eglise catholique romaine, et que celle-ci ne saurait être rendue responsable des faits et gestes d'individus qui ne lui appartenaient plus et constituaient au contraire à côté d'elle une église schismatique.
D'autre part, en excluant le clergé constitutionnel de notre travail, celui-ci serait forcément demeuré incomplet, puisque c'est la création de l'Eglise constitutionnelle par l'Assemblée Nationale qui provoqua la persécution religieuse révolutionnaire, et nos lecteurs n'auraient pu comprendre les luttes et les souffrances auxquelles fut en butte le clergé fidèle, s'ils n'avaient bien connu ce qu'étaient les membres de cet autre clergé, que des réformateurs laïques, s'érigeant d'eux-mêmes en Pères de l'Eglise, prétendaient imposer d'autorité aux populations de notre pays.
De plus, devant les tentatives de réhabilitation du clergé constitutionnel, en honneur dans une certaine école, et dont MM. P. Hémon et B. Robidou, pour ne parler que des morts, se sont fait les artisans dans notre région, il est bon, croyons-nous, de verser aux débats quelques nouveaux éléments d'information, présentés avec la méthode rigoureusement objective et le plus grand souci d'impartialité.
« On est las, en effet, écrivait M. de Baratte, de l'Académie Française, de voir l'histoire, comme un sophiste docile et gagé, se prêter à toutes les preuves que l'on veut en tirer. Ce qu'on exige d'elle, ce sont des faits. Suivre l'exemple de la plupart des écrivains historiques et demander des arguments pour fortifier telle ou telle thèse politique, ne serait pas un moyen de persuader quoi que ce soit. Ce serait seulement exciter la méfiance du lecteur et, qui pis est, provoquer son ennui ».
Aussi, dussions-nous essuyer les dédains de ceux qui, après avoir amplifié en forme oratoire ou retouché en style d'assonnance ou d'antithèse les renseignements plus ou moins imprécis qu'ils ont pu réunir, s'imaginent, suivant le mot de l'abbé Duine, avoir écrit de l'histoire. : ce sont des faits, uniquement des faits, qu'au risque de choquer quelques personnes trop ingénues, nous présenterons à nos lecteurs en rédigeant les notices des prêtres qui se prêtèrent à jurer fidélité à la Constitution Civile du Clergé, laquelle fut décrétée par l'Assemblée Nationale Constituante le 12 juillet 1790 et fut sanctionnée par le trop faible et mal éclairé Louis XVI, le 26 décembre suivant.
Du reste, s'il est vrai de reconnaître que l'histoire du clergé constitutionnel dans la région dinannaise, n'est pas ce que l'on est convenu d'appeler « édifiante », elle n'en est pas moins, pour des esprits droits et éclairés, « apologétique » à sa manière, et illustre singulièrement la parole de l'Ecriture : « Abyssus abyssum invocat ».
SAINT-SAUVEUR DE DINAN
LOUIS-RENÉ TOBIE, curé, naquit à Guérande (Loire-Inférieure), le 23 février 1741, du mariage de Félix et de Marie Noël. Ordonné prêtre à Angers en 1766, nous le retrouvons vingt ans après prieur du couvent des Dominicains de Nazareth, en Corseul, puis lors de la Révolution, figurant sur les contrôles de la maison des Dominicains de Guérande, en qualité d'ancien professeur de théologie.
Le Père Tobie profita des lois de l'Assemblée Nationale, qui ouvraient toutes grandes les portes des couvents, et lorsqu'eurent lieu les élections aux cures dans le district de Dinan, grâce à ses relations avec le monde officiel de cette ville, ainsi qu'à la pénurie de candidats dans cette région, les électeurs désignèrent l'ancien Jacobin comme curé de Saint-Sauveur, aux appointements de 2.400 livres par an, le 12 juin 1791.
Le 22 de ce même mois, l'évêque Jacob, chef de l'Eglise constitutionnelle des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), envoya au nouvel élu l'institution canonique qu'il était en son pouvoir de lui donner, n'en ayant point reçu lui-même, sinon des électeurs « patriotes » qui l'avaient, le 13 mars 1791, envoyé occuper le siège de Saint Brieuc et de Saint Guillaume.
Dûment muni dès lors de toute l'estampille de la Révolution, l'ex-Dominicain, en compagnie de sa soeur, se mit en route pour gagner Dinan, où, le 3 juillet 1791, le vicaire épiscopal Gauttier, que nous verrons plus loin, présida la cérémonie de son installation, à laquelle les autorités du district, ainsi que la municipalité dinannaise, donnèrent beaucoup d'éclat.
C'était la lune de miel. Sa durée fut courte, car dès le 4 septembre 1792, le Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) écrivait à Tobie pour l'inviter à l'union avec les citoyens de Dinan, et par différentes fois réitéra cet appel (cf. Archives des Côtes-d'Armor, L 154, f° 95, et L 182 ; Lm 5, 30, 35 et 37). C'est qu'en effet, le curé de Saint-Sauveur, esprit combatif, caractère ardent et fervent apôtre des idées révolutionnaires, se lança, presque aussitôt son arrivée à Dinan, secondé par Tudeau, son frère utérin, dans une politique d'opposition militante à la municipalité, qu'il accusa de fédéralisme et de modérantisme, et les deux frères, donnant l'exemple, comptèrent parmi les plus fervents montagnards, ainsi que parmi les fondateurs de la Société dite « Les sans-culottes dinannais ».
Les membres du Directoire du district de Dinan, irrités de l'agitation que créait Tobie et de ses dénonciations continuelles, qu'ils qualifiaient de « système sanguinaire et de diffamation » (Note : Voir le texte d'une de ces lettres, écrites par Tobie le 26 juillet 1793, dans L. Dubreuil : Le Régime Révolutionnaire, etc., op. cité, p. XXXIV), firent en sorte, aidés par l'ex-baron Vérité-Corbigny, alors en mission à Dinan, de faire arrêter Tobie et son frère Tudeau vers la fin de novembre 1793 ; mais leur triomphe fut de courte durée. De Saint-Brieuc, où il était incarcéré, Tobie trouva moyen d'écrire à Carrier, et l'administration des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), sur l'injonction expresse du terrible proconsul, dut se hâter faire remettre en liberté les deux frères, le 11 décembre suivant.
Dès le lendemain, Tudeau revint à Dinan, mais Tobie tarda davantage à revoir « ses ouailles ». Cependant, le 6 janvier, la municipalité dinannaise protestait auprès de la Convention contre la mise en liberté de ses anciens curés [Note : Dans leur haine contre Tobie et Tudeau, écrit l'abbé Pommeret (L'Esprit Public, op. cité, p. 259 et 265), les Dinannais déclarèrent ne pas plus vouloir de prêtres que de roi, et renoncer à tout culte public. En même temps, le district et la municipalité de cette ville décidaient dès le 15 décembre 1793 d'interdire au prêtre, de quelque religion que ce soit, d'assister aux inhumations en tant que prêtre. Comme suite à ces résolutions, on dépouilla l'église Saint-Sauveur de tous ses attributs religieux, et on l'inaugura solennellement en temple de la Raison le 30 décembre suivant (cf. Registre de délibérations de la municipalité de Dinan, délibération du 23 frimaire et du 3 nivôse an II, Archives Municipales de Dinan)] et fit tant de bruit que le représentant Le Carpentier, de passage à Dinan le 27 février suivant, voulut avoir le coeur net de toutes ces histoires, et manda Tobie pour s'entretenir avec lui. Il trouva chez l'ex-moine, a-t-il écrit, « un excellent sans-culottes », et les indications qu'il lui fournit, lui servirent, dit-il, « à régénérer les autorités dinannaises ».
Fouéré-Macé (Diocèse de Saint-Brieuc, op. cité, I, p. 173), a raconté l'incident que suscita devant le Juge de Paix de Dinan, la main-levée du séquestre placé sur les effets et papiers de Tobie lors de son arrestation, au mois de novembre précédent. Ce dernier, pour avoir gravement insulté en la circonstance le greffier Alberge, fut déféré par celui-ci devant le Tribunal du District, qui prudemment se déclara incompétent le 10 mars 1794. Douze jours plus tard, le juge de paix de Dinan, devant qui l'affaire avait été portée, condamna par défaut le citoyen Tobie à deux ans de détention pour invectives adressées à un fonctionnaire public dans l'exercice de ses fonctions.
Les ennemis de Tobie avaient du reste beau jeu à l'accabler alors, car il se trouvait présentement dans l'impossibilité de se défendre, étant, « par mesure de sûreté générale », incarcéré à Solidor, en Saint-Servan, sur l'ordre du représentant Ruamps, parce que, suivant l'expression de l'ex-dominicain, « il avait été jadis prêtre, bien qu'il n'en eut pas rempli les fonctions depuis le 21 octobre 1793 ».
C'était, en effet, l'époque de la grande « déprêtrisation » du clergé constitutionnel, pauvre jouet entre les mains des révolutionnaires, qu'ils s'empressaient de briser après s'en être un instant servi. Or, Tobie, tout ardent jacobin qu'il était, n'avait pas prévu ce dénouement et se trouva remettre trop tard ses lettres de prêtrise pour échapper à l'emprisonnement.
Les 13 et 14 ventôse an II (2 et 3 mars 1794), la municipalité de Dinan était en effet fort affairée avec une missive de son ex-curé, dans laquelle Tobie lui imputait l'impossibilité où il se trouvait de déposer ses lettres de prêtrise, « celles-ci, prétendait-il, ayant été confondues ou distraites avec ses autres papiers, dont on lui a refusé la remise ». Cependant (pour se conformer aux exigences des maîtres du jour), Tobie déclarait « cesser et s'abstenir à l'avenir de toutes fonctions de prêtre, ainsi qu'il l'avait dit précédemment, même de celles de curé qu'il abdique, pour se retirer parmi des loyaux républicains, animés comme lui du zèle le plus ardent pour la République et la Montagne ». Cette dernière phrase, qui semblait mettre en suspicion la sincérité de leurs convictions, ne manqua pas de blesser profondément les édiles dinannais, qui se prétendaient tout comme Tobie, sinon davantage, excellents montagnards et révolutionnaires.
D'autre part, l'ex-dominicain adressait quelques jours plus tard une autre requête à Le Carpentier, tendant à obtenir la disposition de ses effets, alors placés sous séquestre. Bien que le proconsul eut acquiescé le 6 mars 1794 à cette demande, et prescrit de restituer les hardes de Tobie, de Tudeau son frère, ainsi que de leur soeur, il ne semble pas que ces ordres aient été exécutés, car du fond de son cachot, l'infortuné Tobie, le 19 de ce même mois, envoyait aux membres du Comité de surveillance de Saint-Malo une émouvante supplique dans laquelle il dépeint le pénible état d'indigence auquel lui et sa soeur, détenue elle aussi, se trouvaient réduits, « n'ayant l'un et l'autre que la chemise qu'ils avaient sur le corps ».
Cependant, toutes ces pétitions à ses anciens « frères et amis », ne changeaient rien à la situation de Tobie, qui demeurait toujours incarcéré, bien que Le Carpentier eut pris la peine d'écrire à la Convention Nationale le 4 avril de cette année, « qu'il s'applaudissait de plus en plus d'avoir trouvé à Dinan un homme, quel qu'il soit par ailleurs, dont l'énergie a combattu et démasqué à ses yeux la tourbe des fédéralistes ».
D'après l'abbé Manet (Les Malouins célèbres, in-8, St-Malo 1824, p. 293), Tobie fut secouru dans sa prison par la pieuse dame des Bas-sablons, qui lui fit apporter un lit et pourvut à ses besoins (cf. aussi : Carron : Vie des Justes, etc., t. IV, in-12, Lyon 1827, p. 320). Par la suite, Tobie fut transféré de Solidor au Mont Saint-Michel, mais nous n'avons pu retrouver la date de cet événement, non plus que celle exacte à laquelle il reçut sa liberté. Les Archives de la Manche sont en effet muettes sur tout ce qui concerne à cette période la célèbre abbaye, alors transformée en prison, et dans laquelle un certain nombre de prêtres, tant assermentés qu'insermentés, du district de Dinan, furent détenus à cette époque. Mais ce qui est certain, c'est que l'ex-dominicain Tobie, malgré les circulaires menaçantes de son protecteur Le Carpentier, ne poussa pas l'oubli de ses devoirs jusqu'à obtempérer à son arrêté du 15 prairial an II (3 juin 1794), ainsi qu'il y eut tant d'exemples, à cette heure d'apostasie, parmi les membres de l'Eglise constitutionnelle, et si bas que fût tombé l'ex-moine, il ne voulut pas acheter sa liberté par un mariage qui n'aurait fait que sceller son apostasie.
La sœur de Tobie, arrêtée avec lui, comme nous l'avons vu, sortit de prison vers la fin de mai 1794., Le 13 juin suivant, sur une supplique adressée à Le Carpentier, celui-ci ordonna qu'on lui rendit « ses bas, effets, linges et hardes, ainsi que le linge et les hardes de ses frères », mais il paraît bien que Tobie était toujours détenu quand le représentant Le Got, le 19 janvier 1795, faisait communiquer une de ses requêtes à l'administration du district de Dinan, qui répondit cinq jours après, en faisant du malheureux Tobie le tableau le plus noir et en déclarant que « sa mise en liberté serait une calamité publique ».
Il est vraisemblable que, sorti de captivité vers le premier mois de 1795, Tobie ne revint pas à Dinan, ville où il n'avait connu que des déboires. En tout cas, c'est de Hédé qu'il écrivait à la municipalité de cette ville, le 13 mars 1795, « que son intention était d'habiter désormais le district de Guérande ». Mais l'administration dinannaise, qui le détestait, pour le priver de la pension dévolue par la loi aux ecclésiastiques abdicataires, refusa d'enregistrer à cette date, comme « trop tardive », la déclaration qu'il joignait à sa lettre, « de renoncer à son état et fonctions ».
Cependant, d'après des renseignements que nous a obligeamment fournis M. l'abbé Arsène Leray, Tobie n'exécuta pas son dessein de revoir son pays natal, et se fixa à mi-chemin dans la ville de Rennes, rue Vaux-Saint-Germain, où il habitait encore en l'an IV (1796).
Le 14 messidor an III (2 juillet 1795), il fit sa soumission, aux termes de la loi du 11 prairial de cette année, et, selon M. l'abbé Leray, il remplit quelque ministère à Rennes jusqu'en 1803. Après cette époque, réfugié dans la rue Derval, l'ex-Père Tobie vécut ignoré. Il décéda à Rennes le 5 mars 1814, âgé de 72 ans. Son nom figure sur le nécrologe du clergé rennais de cette année, ce qui indique bien qu'il était, au moins lors de son trépas, réconcilié avec l'Eglise.
Bibliographie.
— Revue Historique de l'Ouest, 10ème année,
p. 136 ; 11ème
année, p. 894. —
B. Robidou : Histoire et Panorama, op. cité, 2ème édition,
p. 396-398. — Le Diocèse de Saint-Brieuc, op. cité, I, p. 130-135, 171-177. — L. Dubreuil :
Le Régime révolutionnaire dans le District de Dinan, op. cité, p. 14,
32, 34,
39, 42, 121, 4, 15, 17, 18. — P. Hémon : Les derniers Montagnards, in-8,
1919, p. 26 et sq. — Pommeret : L'Esprit Public, op. cité, p.
179, 227, 233, 237, 245, 259, 105, 171. — Archives des Côtes-d'Armor, série
L/v, carton 9.
Supplément à l'article
Tobie. — Nous
avons retrouvé concernant l'ex-dominicain la
lettre suivante, bien significative de la haine vivace que lui portaient les autorités dinannaises. Elle éclaire aussi
certains
points de l'existence mouvementée de ce malheureux dévoyé, en
particulier son emprisonnement au Mont Saint-Michel et sa mise en liberté
:
LETTRE DU DIRECTOIRE DU
DISTRICT DE DINAN
aux
Représentants du Peuple à Rennes et à la Municipalité dudit lieu
et au Comité de Sûreté générale.
« Dinan, le 54 prairial an
III (2 juin 1795).
« Nous vous adressons copie de l'arrêté que nous avons pris en exécution de la loi du 21 germinal, relative au désarmement des Terroristes. Nous vous invitons d'enjoindre à la municipalité de Rennes de l'appliquer au nommé Louis Tobie, ex-curé constitutionnel de Dinan. Cet homme dangereux a appelé à diverses reprises sur nos concitoyens les fureurs de Carrier et de Le Carpentier, dont il était l'agent avoué, ou plutôt l'insolent ministre, et nous a donné la mesure de la puissance affreuse du crime armé de la calomnie.
« Les lois qui devaient protéger l'innocence et le patriotisme, qu'il plongeait dans les cachots, les lois qui devaient punir les forfaits, il a pu, il a su les rendre impuissantes. Poursuivi d'abord devant le Tribunal criminel de Port-Brieuc, il a su arrêter la marche de la justice par un arrêté arbitraire de Carrier, et se faire remettre 57 pièces à sa charge. Condamné à deux ans de détention par sentence de la police correctionnelle et incarcéré au Mont Saint-Michel par ordre d'un représentant du peuple, il a su encore surprendre la religion de quelque autre représentant et se faire élargir, mais nous espérons que cette fois-ci, il n'échappera pas à l'application de la loi du ci-devant arrêté. La peine qu'elle lui inflige est bien légère pour une longue vie souillée de tous les crimes » (Archives des Côtes-d'Armor, série L, district de Dinan).
SAINT-MALO DE DINAN
FRANÇOIS-MARIE TUDEAU, curé, frère de mère du Père Tobie, dont nous venons d'étudier la vie, naquit lui aussi à Guérande le 10 février 1754 et fut ordonné prêtre en 1780. Il était eu 1790 vicaire de Nivillac, dans le diocèse de Nantes, en même temps que titulaire du bénéfice de Notre-Dame du Cosquet ou de Notre-Dame de Pitié, qui lui valait 64 livres par an. Comme tel, il refusa de s'assermenter et signa avec le clergé fidèle de son évêché une adresse à l'Assemblée Nationale contre la Constitution Civile. Mais ces bons sentiments ne persévérèrent pas. La Chronique de la Loire-Inférieure, écrit Lallié, raconte à son numéro 39, daté du 4 mai 1791, une altercation qui eut lieu entre M. Rault, vicaire d'Assérac, et Tudeau, vicaire de Nivillac, constitutionnellement élu à la cure d'Assérac, qui paraît bien démontrer que ce dernier était dès lors acquis au clergé assermenté.
Sur ces entrefaites, l'influence de Tobie aidant, de même que la pénurie de candidats, Tudeau fut élu à la cure de Saint-Malo de Dinan le 12 juin 1791, par 30 voix sur 38 votants. On lui donne à cette occasion le titre de vicaire de la cathédrale de Vannes, que nous ne croyons pas qu'il ait jamais possédé en réalité. Il n'hésita pas à opter aussitôt pour cette nouvelle paroisse, où son installation eut lieu le même jour que celle de son frère Tobie, c'est-à-dire le 3 juillet suivant.
Un de ses premiers soins fut de se faire inscrire à la loge de la « Tendre Fraternité » [Note : Sur la loge dinannaise dite « Tendre Fraternité », cf. Gustave Bord : La Franc-Maçonnerie en France des origines à 1813, tome 1er, seul paru, p. 425. Cette loge, fondée le 4 juillet 1765, fut supprimée par Le Carpentier le 7 floréal an II (26 avril 1794). Elle reprit ses travaux en 1800. Elle existait encore en 1814. — Sur la fermeture de cette loge, en 1794, lire Dubreuil : Le Régine révolutionnaire, op. cité, p. LXXXI. — E. Herpin : Histoire d'un Comité de surveillance, in-8, Saint-Malo, 1911, p. 16. — M. Tempier, dans la Revue des Archives historiques des Côtes-d'Armor, p. 144, a publié le texte de l'arrêté de Le Carpentier prescrivant la fermeture de cette officine maçonnique)), puis nous le retrouvons prêtant, le 17 septembre 1792, le serment de Liberté-Egalité (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 32)].
Son empressement à donner au gouvernement révolutionnaire tous les gages que celui-ci réclamait, ne l'empêcha pas de soutenir coutre les autorités dinannaises les mêmes luttes que le curé de Saint-Sauveur et d'encourir les mêmes inimitiés. Finalement, devant la tournure des événements, Tudeau, jugeant la situation impossible, et peu rassuré pour sa sécurité, jugea prudent, le 5 février 1794, de déclarer devant la municipalité de Lanvallay, où il résidait alors, « cesser et s'abstenir de toutes fonctions de prêtre, et abdiquer même celles de curé de Saint-Malo de la ville de Dinan, qu'il exerçait naguère, se proposant, dit-il, de se retirer parmi de francs et loyaux républicains pour y manifester le zèle et l'amour qu'il a constamment montrés pour la République » (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 57).
Ces beaux sentiments furent cependant jugés insuffisants et ne purent l'empêcher d'être incarcéré peu après par ordre du représentant Ruamps, si bel et si bien qu'il ne recouvra sa liberté que le 1er juin 1794, « après avoir justifié d'une conduite pure et sans tache durant la Révolution ».
Mais toutes ces mésaventures eurent au moins l'avantage de dessiller les yeux de François-Marie Tudeau et de l'éclairer sur la valeur d'une Constitution pour laquelle il avait déjà tant souffert.
Aussi, une fois hors de, prison, prit-il la résolution de s'éloigner à jamais de Dinan pour se fixer désormais à Guérande, où les autorités locales lui délivrèrent un certificat de résidence le 2 germinal an III (22 mars 1795).
Dénoncé par la municipalité de cette ville le 14 avril 1796, comme ayant rétracté son serment, Tudeau fut dès lors recherché par la police dans le canton de Guérande, notamment l'an VI (1798). L'an IX, le préfet Le Tourneur notait Tudeau comme alors « résidant à Saillé, dans la commune de Guérande, assermenté rétracté, ne donnant pas lieu à se plaindre de lui ». Cependant, les renseignements fournis sur Tudeau par le maire de Guérande, ne sont pas brillants. Les voici, tels que nous les avons relevés dans la Revue de Bretagne, t. 36ème, p. 207 : « Lâche, écrivait ce magistrat, qui a été tour à tour révolutionnaire et anti-révolutionnaire. S'il avait de quoi faire bombance, il ferait tout ce que l'on voudrait ».
Tudeau vivait encore au même lieu l'année suivante, et se prétendait tourmenté par des revenants. Cette attitude, écrit Lallié, fit scandale. On rappela à Tudeau, à cette occasion, une délibération du District de Dinan sur son attitude révolutionnaire auprès des représentants en mission.
En adhérant à la Constitution de l'an VIII, le 21 prairial an X (10 juin 1802), Tudeau prit le titre d'« ancien desservant de Saillé et désirant s'y fixer ». Nommé vicaire de Corsept à la réorganisation des paroisses, puis, en 1806, curé de Besné, il y mourut en fonctions le 10 juin 1825.
Bibliographie. — De Kersauson : Etat séculaire du diocèse de Nantes. — Lallié : Le diocèse de Nantes durant la Révolution, t. II. — E. Sevestre : Le Clergé Breton en 1801, in-8, Paris 1912. — Et les auteurs que nous indiquons à l'article Tobie.
Remplirent les fonctions de vicaires constitutionnels à l'église Saint-Malo de Dinan :
MM. LOUIS LE RENARD, dont nous avons déjà parlé ; JEAN PAYTRA, futur curé de Ploubalay, et enfin :
CHARLES-MARIE LALOUELLE (alias Claude-Marie), originaire de Quimper, et dont voici le signalement : « Taille cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils bruns, nez et bouche moyenne, menton rond, visage ovale marqué de petite vérole », était en 1790 capucin au couvent de Guingamp. Ayant alors repris sa liberté, il devint vicaire de Louargat, puis, le 17 septembre 1792, il fut élu curé de Vildé-Guingalan, par 39 voix sur 43 votants. Mais ce poste ne lui convenant pas, il abandonna cette paroisse dès le mois de novembre 1792 pour remplir les fonctions de vicaire à Saint-Malo de Dinan, aux appointements de 800 livres. (Archives des Côtes-d'Armor, série L/v, carton 9).
Lalouelle abdiqua son état et fonctions en ventôse an II (Archives des Côtes-d'Armor, carton 10), ce qui ne l'empêcha pas de se trouver détenu à la Victoire, à Dinan, le 12 messidor (30 juin) de cette même année, en exécution des ordres du représentant Ruamps. Le 16 messidor suivant (4 juillet), il demandait à être élargi aux conditions de l'arrêté de Le Carpentier du 13 prairial précédent (3 juin). Mais il dut changer d'avis, car il ne recouvra sa liberté que le 14 fructidor an II (31 août 1794).
Ces mésaventures ne détachèrent pas Lalouelle du culte constitutionnel. Le 10 juin 1795, l'ex-moine, « soumis jusqu'ici à toutes les lois de la République, écrivait-il, réitérait, avec un nouveau plaisir, les témoignages de soumission qu'il avait si souvent donnés et promettait une fois de plus fidélité aux lois de la République, selon les termes de la loi du 11 prairial précédent (30 mai 1795) » (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 97).
Dès le 12 ventôse (12 mars) de cette même année, ce prêtre occupait du reste le poste de commissaire bibliographe de la ville de Dinan. Le 19 septembre suivant, Lalouelle figure parmi les ecclésiastiques abdicataires pourvus d'une pension de retraite, puis, le 21 nivôse au IV (11 janvier 1796), il fit devant la municipalité de Dinan, conjointement avec les constitutionnels Gauttier et Thivent, la déclaration d'exercer les cérémonies de leur culte dans l'église de l'hospice de cette ville. Enfin, le 27 fructidor an V (13 septembre 1797), les mêmes prononcèrent devant les autorités municipales de Dinan, le serment prescrit « de haine à la royauté et à l'anarchie, et de fidélité à la République, ainsi qu'à la Constitution de l'an III » (Archives des Côtes-d'Armor, série L/v, carton 9).
Lors de la réorganisation du diocèse de Saint-Brieuc, à l'époque du Concordat, le préfet Boullé note en ces termes l'ex-capucin Lalouelle : « 44 ans, signalé comme devant être éloigné de Dinan, et placé dans la partie bretonne ».
Le 27 septembre 1803, Mgr Cafarelli accorda à cet ecclésiastique un exeat définitif pour quitter le diocèse de Saint-Brieuc. Nous ne savons ensuite ce qu'il advint de lui.
Comptèrent
parmi les ecclésiastiques assermentés de la ville de Dinan :
M. JEAN-BAPTISTE GAUTTIER, issu du mariage de Louis-Henry, négociant, et de Marguerite Philippe, son épouse, que nous trouvons fixés à Saint-Malo et y faisant baptiser leurs enfants vers 1740. Cependant, l'acte de baptême de Jean-Baptiste ne figure pas sur les registres d'état-civil de cette localité, ce qui nous fait supposer que sa naissance est antérieure à l'arrivée de ses parents dans cette ville.
Le jeune Gauttier, qui s'était orienté vers le Séminaire, reçut un dimissoire de l'évêque de Saint-Malo pour recevoir la tonsure à Paris, le 19 février 1757, puis le sous-diaconat le 26 avril 1760. Nous ignorons la date de sa prêtrise. Après avoir couronné ses études par le doctorat en Sorbonne, cet ecclésiastique obtint tout jeune encore le rectorat de Saint-Malo de Dinan, sur résignation de M. Pierre Barré, et prit possession de cette cure le 13 janvier 1769, « au milieu d'un grand concours de peuple ».
Nous n'avons pu pénétrer les raisons pour lesquelles il résigna à son tour son bénéfice en Cour de Rome, le 19 décembre 1778, conservant seulement la chapellenie de la Croix, d'un revenu de 283 livres, et dont il fit reconstruire la maison du chapelain, située à Dinan, Grande-Rue, laquelle on prisa 4.000 livres en 1791.
L'abbé Gauttier continua d'habiter Dinan. On l'y vit dès 1788 embrasser avec ferveur les idées réformistes Elu l'un des députés suppléants du clergé de Saint-Malo aux Etats Généraux de 1789, ce prêtre n'eut pas l'occasion de siéger à l'Assemblée Nationale, mais il devint l'un des membres du bureau de correspondance de Dinan, puis du bureau de permanence de cette ville. Il fit aussi partie de la première municipalité dinannaise sous le nouveau régime, et fut le premier maire élu de cette localité, en février 1790. Comme tel, il prononça un grand discours le 14 juillet de cette année, à l'occasion de la fête de la Fédération.
Le 4 septembre 1791, les électeurs le désignèrent comme député suppléant à l'Assemblée Législative, où il ne siégea pas plus qu'à la Constituante. Le registre de la correspondance de Gauttier avec Coupard et Gagon, durant sa mairie, encore conservé aux Archives de la ville de Dinan, témoigne de l'enthousiasme de ce prêtre pour la Révolution.
L'abbé Gauttier, apparenté à la bourgeoisie révolutionnaire de Dinan, s'assermenta dès le 27 mars 1791. Le Journal des Municipalités reproduit, tome V, p. 167, le discours qu'il tint dans la circonstance. Elu vicaire épiscopal de Jacob le 16 juin 1791, il quitta ces fonctions le 1er octobre 1792. Le 13 juin 1793, il fut un des neuf délégués élus à Saint-Brieuc pour aller porter à la Convention les voeux des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) en faveur du mouvement fédéraliste.
Il n'oublia pas, entre temps de profiter, comme ses alliés, de l'aubaine des biens nationaux, et il sut employer ses disponibilités en acquisitions fructueuses, et dans le district de Dinan, et ailleurs. Aussi son nom revient-il souvent parmi ceux des acquéreurs sur les sommiers de la vente des biens nationaux aux Archives des Côtes-d'Armor, série Q.
Les temps devenant mauvais, même pour le clergé constitutionnel, l'abbé Gauttier, toujours docile aux directions du pouvoir, crut prudent d'abdiquer son état et fonctions le 10 germinal an II (30 mars 1794), ce qui ne l'empêcha pas de voir ses effets placés sous séquestre (Diocèse de Saint-Brieuc, I, p. 177), et d'être lui-même incarcéré au Mont Saint-Michel, dont il ne sortit que le 23 thermidor an II (10 août 1794), sur la justification du dépôt de ses lettres de prêtrise avant le 24 germinal, et la production d'un certificat de civisme (Archives des Côtes-d'Armor, série L/v, district de Dinan).
Toujours fidèle au culte constitutionnel, qui savait s'accommoder sans trop de peine des compromissions et des lâchetés, Gauttier essaya, mais en vain, d'obtenir, au mois de janvier 1795, de concert avec l'intrus Thivent, de Saint-Hélen, l'usage de l'église de l'hospice civil de Dinan, pour y exercer les cérémonies cultuelles. Il lui fallut attendre. Si l'époque était à l'apaisement, les hommes au pouvoir ne voulaient pas encore entendre parler de liberté religieuse, même pour l'Église qu'ils avaient prétendu, naguère, enfanter à la vie, sinon à la Grâce.
Nous retrouvons Gauttier prêtant à Dinan, le 13 septembre 1797, serment de haine à la royauté et à l'anarchie. Dans l'enquête publiée par Sévestre, le préfet Boullé note ce prêtre « savant comme ecclésiastique, et instruit par ailleurs, ayant de la régularité et du zèle ». Un peu plus tard, il le présentait comme « ayant de bonnes moeurs, et d'un caractère ferme et sévère ».
L'assermenté Gauttier décéda le 6 juillet 1802 dans une maison de la place Saint-Sauveur, qui appartenait jadis à la chapellenie Sainte-Anne, et qu'il avait achetée nationalement pour 4.477 livres, le 28 février 1791.
Ses obsèques furent célébrées en l'église de l'hôpital, et le clergé orthodoxe de Dinan, malgré les bons témoignages du préfet que nous venons de lire, refusa d'y assister.
L'abbé Gauttier, après avoir été administré par un assermenté, était en effet trépassé dans le schisme constitutionnel, sans vouloir admettre qu'il était sorti de la commusion du Pape, ni consentir à se rétracter. Il en résulta une correspondance plutôt nerveuse entre l'évêque de Saint-Brieuc, le préfet Boullé et le sous-préfet Gagon ; ces deux derniers, pleins de sympathie pour le clergé constitutionnel, à la naissance duquel ils avaient contribué, accusaient à satiété l'abbé Carron d'intolérance. Aussi, Mgr Cafarelli écrivit-il pour les faire taire au citoyen Boullé : « Gauttier n'avait pas rempli auprès de moi, ni de vive voix, ni par écrit, les formalités prescrites. Au contraire, lorsque je l'ai vu à mon passage à Dinan, il s'est expliqué devant moi en termes irrévérencieux sur le Concordat, ouvrage du chef de la Religion et du premier magistrat de la République » (Archives des Côtes-d'Armor, série V).
Bibliographie.
— Journal des Municipalités, déjà
cité, année 1791, no 230,
p. 143. — Kerviler : « Recherches et notices sur les députés de
Bretagne aux Etats Généraux et à l'Assemblée Nationale », in-Revue Historique de
l'Ouest, 3ème année, p. 67. — Même auteur : Cent ans de représentation
bretonne, in-8, Paris 1890. — Le Diocèse de Saint-Brieuc, op. cité,
I, p. 113 et sq. — Dubreuil : La
Vente des Biens nationaux dans le département
des C.-du-N., in-8,
Paris 1912, p. 88, 107,
122, 141, 241, 329. — Pommeret : L'Esprit public dans les C.-du-N., op. cité,
p. 146, 147, et 215. — Revue illustrée
des Provinces de l'Ouest, t.
XXI, p. 110.
CLAUDE-MARIE HERMANS, fils de noble homme Thomas, sieur de Launay, procureur du Roi au siège de Dinan, et de Renée-Marie de Gennes, naquit à Dinan, paroisse Saint-Malo, le 28 mars 1719. Il se fit bénédictin et résidait à l'abbaye de la Couture, au Mans, en 1790. A la fermeture de son monastère, il vint habiter Dinan, où il conserva son costume religieux jusqu'au 23 juillet 1792, et où il prêta le serment de Liberté-Egalité le 14 septembre suivant (Diocèse de Saint-Brieuc, I, p. 161). Il jouissait alors d'une pension de retraite de 1.000 livres, qu'il touchait encore le 4 vendémiaire an III (25 septembre 1794). Bien que s'étant, d'après ses propres dires, « assermenté des premiers », le P. Hermans fut néanmoins incarcéré sur l'ordre du représentant Ruamps le 7 avril 1794, et traduit le 9 thermidor suivant (27 juillet) devant le tribunal criminel des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), ainsi que les constitutionnels J. Briand, Feillet et Poilvilain, pour ne s'être pas conformé aux décrets de Le Carpentier, prescrivant l'apostasie et le mariage aux prêtres assermentés. Les juges briochins, vu, sans doute, le grand âge du P. Hermans, ne jugèrent pas son cas damnable et l'acquittèrent des fins de la poursuite.
Boullé, dans son enquête, indique ce religieux comme résidant depuis huit ans à Saint-Judoce, ancien professeur de théologie, de bonnes moeurs, mais infirme. Hermans mourut le 10 décembre 1805, âgé de 86 ans, au château du Fournet, en Saint-Judoce, où il s'était retiré chez sa soeur Jeanne-Claire Hermans, laquelle avait épousé le 19 novembre 1765 Annibal-François-Pierre du Fournet, capitaine d'infanterie, ancien enseigne des vaisseaux du Roi, seigneur du Fournet, des Isleaux, la Guerche, la Brosse et autres lieux.
LOUIS-BONAVENTURE CARIGUET ou Carillet, était religieux cordelier au couvent de Landéan, près de Fougères. Le supérieur, le P. Meneust, étant mort le 2 novembre 1790, il n'y eut plus dès lors de vie religieuse dans cette maison, mais de continuelles disputes entre le P. Carillet et son collègue Michel-Henri Pascal, qui voulait, quoique simple convers, lui imposer sa volonté. Aussi Carillet demandait-il, dans des lettres moitié latines, moitié françaises, à être déchargé de la direction d'une maison « ubi habitant impii, leones et ursi, qui omnes mingunt contra parietes sanctuarii, despicientes omnem religionem ».
Après plusieurs mois passés dans des beuveries rien moins qu'édifiantes, ces deux vilains ivrognes furent expulsés par ordre du district de Fougères.
Etant venu par suite se fixer dans
sa famille, à Dinan, au mois de mai 1791, le P. Carillet y prêta, le 17 septembre 1792, le serment
de Liberté-Egalité, que nous ne
nous permettrons pas de condamner, mais
que ne prêtaient habituellement pas les bons prêtres en Bretagne.
Il mourut dans cette ville, rue de la Boulangerie, âgé de 73
ans, le 11 février
1793.
Nous
n'avons rien à ajouter à ce que nous avons déjà écrit, concernant JULIEN-GUILLAUME-GASPARD
FEILLET, au
chapitre des Jacobins de
Dinan.
(abbé
Auguste Lemasson).
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