|
Bienvenue ! |
Couvent des Dominicains ou Jacobins de Dinan vers 1790 |
Retour page d'accueil Retour Ville de Dinan
Couvent des Dominicains, dit Saint-Jacques de Dinan, ou des Jacobins. |
— Renseignements Généraux. —
Nous n'avons nullement l'intention de faire ici l'historique de ce monastère, qui, en 1768, comptait 8 religieux, et jouissait de 2.935 livres de revenus.
L'on indique ce couvent comme suffisamment vaste en 1790 pour contenir au moins 20 religieux. Il payait à cette époque 107 livres de vingtièmes et de décimes, et possédait, rien qu'en rentes constituées et fermages, en argent, 1.790 l. de revenus, entre autres les fermes de la Samsonnais et de Bellevue, en Lanvallay, et celle de la Cochais, en Trélivan.
La vente de son mobilier et des ornements de son église produisit 2.745 livres le 30 mai 1791.
La communauté des Jacobins de Dinan avec ses dépendances fut estimée 25.000 livres en 1790. Le 14 mars 1798, sur une mise à prix de 17.045 francs, elle fut adjugée au 25ème feu pour 130.000 francs, lesquels, réduits en numéraire, en francs-or, dirait-on aujourd'hui, ne faisaient que 25.829 francs. Charles Néel de la Vigne, dont toute la famille se distingua de son mieux dans l'acquisition des biens nationaux, demeura adjudicataire de ce vieux couvent, conjointement avec son beau-frère, Yves-Toussaint Dutertre. Cf. L. Dubreuil : La Vente des Biens Nationaux, etc., op. cité, p. 326.
Sur l'emplacement de l'église de ce monastère, qui contenait naguère 42 enfeus ou sépultures prohibitives, 7 autres sous le cloître et une dans la salle capitulaire, s'élève maintenant le théâtre municipal de Dinan.
Les autres dépendances des Dominicains vendues à Dinan furent le Clos Maréchal, acquis par Pierre-Marie Brison des Longrais, le 25 mai 1791 ; un jardin près du Colombier, acheté par Barthélemy-Anne Auffray, le 29 avril 1791 ; une maison rue du Petit-Fort, achetée par le citoyen Mauconduit le 14 juin 1794.
LES OBJETS D'ART CONTENUS DANS L'EGLISE DES DOMINICAINS
Le Père Chapotin, dans ses Souvenirs Dominicains dans le diocèse de Saint-Brieuc, publiés dans la Revue Historique de l'Ouest, 10ème année, 1894, P. 144-149, a reproduit l'inventaire des objets d'art existants dans l'église des Dominicains de Dinan à la date du 26 juillet 1791. Mais comme ce religieux a passé sous silence ce qui concerne les tombeaux, nous allons insérer ici les seules descriptions complètes que nous ait laissées Bourguignon, de deux des monuments funéraires que renfermait l'église des Jacobins :
« Près du troisième pilier se voyait un tombeau en marbre noir de Laval, long de 8 pieds, large de 4, élevé de 2 pieds, sur lequel s'apercevait un écusson portant trois glands pendants et un porc au-dessus.
Au-dessus du quatrième pilier, deux tombeaux accolés de 6 pieds de long sur 4 de large, avec deux figures en relief couchées en pierre de tuf. La tête de ces figures sur des coussins, soutenues chacune par deux anges. L'une d'elles armée à la romaine, son bouclier chargé de sept losanges, trois en trois et un en pointe, avec son épée. Elle est vêtue d'une chemise émaillée, les mains jointes, les gantelets pendants, sa chaussure émaillée, les pieds portant sur un lion ; l'autre figure avec armure de fer, casque en tête, visière levée, les mains jointes et gantelées, bouclier et sabre pendants, portant le même écusson que le précédent, mais fort effacé ».
Décrivons
aussi la chaire à prêcher, que l'on dit avoir été transportée depuis dans
l'église Saint-Malo de Dinan, « la dite chaire plaquée contre le mur, le
corps à huit pans, les trois premiers panneaux en bas-relief : La Naissance au
milieu ; Le Mariage de la Vierge à gauche ; L'Adoration des Mages à droite ;
le cul-de-lampe en feuilles d'acanthe ; pour couronnement, une couronne royale
accompagnée d'un panneau de lambris orné de deux pilastres avec leurs
chapiteaux sculptés et ornementés de guirlandes ; le tout surmonté de deux bâtis
ornés de console. La porte en venteau bordée d'un boudin à feuilles, enveloppé
d'une draperie, le tout en bois de chêne passablement traité ».
— PERSONNEL —
JULIEN-GASPARD-GUILLAUME FEILLET, né à Dinan le 6 janvier 1738, du mariage de Robert, marchand, et de Charlotte-Roberde Moncoq, fit profession religieuse en 1757.
Il gouvernait le couvent de Dinan depuis 1786 en qualité de prieur, lorsqu'il déclara pour la seconde fois, le 21 avril 1791, son intention de mener la vie commune. Après la fermeture de sa maison, qui suivit de près cette date, le P. Feillet fit même quelques démarches, au mois de juillet de cette année, pour s'en aller vivre au couvent de N.-D. de Bonne-Nouvelle de Rennes, qui se trouvait momentanément conservé. Mais toute l'énergie de ce religieux s'épuisa en velléités qui n'aboutirent à rien, si bien qu'il se trouvait encore à Dinan le 17 septembre 1792, date à laquelle il prêta, pour ne pas s'exiler, le serment de Liberté-Egalité voté le 14 août précédent, sur la licéité duquel on ne s'accordait pas en Bretagne, la grande majorité des ecclésiastiques le tenant pour hétérodoxe. Aussi, pour expliquer son acte, le P. Feillet jugea-t-il bon de le faire accompagner d'une longue lettre dont on trouvera le texte à la liasse Lm 5, 44, aux Archives des Côtes-d’Armor.
Emprisonné le 7 avril 1794, par ordre du Comité de surveillance de Dinan, les autorités du District de cette ville, animées d'un zèle outré, firent traduire ensuite le P. Feillet devant le Tribunal criminel des Côtes-du-Nord (aujourd’hui Côtes-d’Armor) comme coupable d'avoir refusé d'abdiquer son état et fonctions et de prendre une épouse, selon les décrets du représentant Le Carpentier ; mais les juges briochins le renvoyèrent absous des fins de la poursuite le 13 août 1794 ; le 9 thermidor était alors passé, et Robespierre n'était plus. Le P. Feillet vécut à Dinan le reste de la Révolution, sans être inquiété. Il mourut dans cette ville, rue Vieille-Poissonnerie, âgé de 64 ans, le 27 mars 1801.
TANGUY-MARIE MONCOQ naquit à Dinan (Saint-Malo), le 16 juin 1722, du mariage de Jean et de Laurence Corseul, et fit profession religieuse en 1743. Il déclarait, le 25 juin 1790, désirer quitter le cloître. Les cartons de la série L/v aux Archives des Côtes-d’Armor, nous font savoir qu'il mourut le 25 juin 1792, mais nous n'avons pu retrouver le lieu de son trépas.
GUILLAUME TARDIF, profès depuis 1749, âgé de 58 ans en 1790, désirait alors sortir du cloître. Nos renseignements sur lui se bornent à savoir qu'il habitait encore Dinan en janvier 1792, mais dès le 16 mars de cette année, le District de Dinan priait la municipalité de cette ville de lui adresser l'extrait mortuaire de Guillaume Tardif.
RENÉ-JEAN LOISEL, né à Jugon le 23 octobre 1742, de René, marchand, et d'Anne Briand, profès en 1772, désirait, le 21 avril 1791, mener la vie commune. Il mourut à Plouasne, le 19 mai 1803, après y avoir accompli un fructueux ministère caché.
FIDÈLE-MARIE PARIS, né à Rentes vers 1747, de Jean et de Guillemette Barthélemy, et ordonné prêtre à Moutiers en 1776, bien qu'appartenant à la maison de Dinan, se trouvait en 1790 prieur du Couvent de Guérande. Après avoir déclaré tout d'abord son intention de rester fidèle à ses voeux, il en vint bientôt à modifier totalement sa façon de penser. Elu curé assermenté de Pleudihen le 13 juin 1791, il s'y montra un des plus farouches coryphées du clergé constitutionnel. On trouvera sa biographie à l'article de cette paroisse.
ETIENNE-PALIX DE GALLERIOT, originaire de Gathemo (Manche), et profès depuis 1776, était âgé de 37 ans en 1790. Il déclarait à cette époque vouloir mener la vie commune, soit à Dinan, soit à Nantes. Le P. Palix s'en fut dans cette intention habiter à Rennes le couvent de Bonne-Nouvelle en juillet 1791. Interné à Saint-Melaine avec les prêtres insermentés en août 1792, il fut avec eux déporté à Jersey par Saint-Malo, par ordre du département d'Ille-et-Vilaine, le 13 septembre de cette année. M. Palix habitait Saint-James, dans la Manche, le 30 mai 1803, et réclamait à cette date sa pension comme ancien religieux.
MICHEL COUPEAU, profès depuis 1782, était âgé de 27 ans en 1790, et déclarait à cette date vouloir mener la vie commune, mais à Dinan seulement. En qualité d'insermenté, ce religieux fit viser à Saint-Malo, le 24 septembre 1792, un passeport pour s'exiler à Jersey, et s'embarqua sur la Charlotte, capitaine Aubin. Nous retrouvons le P. Coupeau à Dinan en 1804, mais il ne s'affilia pas au clergé du nouveau diocèse de Saint-Brieuc, et nous ignorons ce qu'il advint de lui.
ALEXANDRE
DAUPHIN, né
à Sains le 1er juin 1738, se trouvait provisoirement au couvent de Dinan eu
1790, mais il faisait partie de celui
de Bonne-Nouvelle de Rennes. Il rejoignit cette maison, et nous
n'avons aucun autre renseignement sur son compte.
Bibliographie. — Le P. du Paz, dans son Histoire Généalogique, déjà citée, p. 473, attribue au Bienheureux Alain de Lanvallay la fondation de cette maison, au retour de son expédition, entreprise en 1216 contre les Albigeois. De leur côté, l'illustre famille des Coëtquen revendiquait cet honneur pour Olivier de Coëtquen, qui vivait à la même époque. Ceux qui voudront étudier les éléments de la controverse, liront les Souvenirs Dominicains dans le diocèse de St-Brieuc, du P. Chapotin, dont la publication a commencé dans la Revue Historique de l'Ouest en 1887. — Voir aussi Etrennes Dinannaises, année 1849. — Odorici : Recherches sur Dinan, op. cité. — P. Fages : Notes et documents sur l'Histoire de St Vincent Ferrier, in-8, Paris 1905, p. 368 ; Histoire de Saint Vincent Ferrier, 2 in-8, Paris, sans date, t. II, p. 225. — Du Paz : Histoire Généalogique, op. cité, p. 129, y reproduit une charte de l'an 1260 ; même auteur, p. 137, 138 et 769. — Albert Le Grand : Les Vies des Saints de la Bretagne-Armorique, op. cit., Vème édition, parle p. 170 de la fondation du couvent des Dominicains de Dinan. — P. du Breil de Pontbriand : Nos Chevaliers de St-Michel , in-8, Paris 1906„ p. 269. — Fouéré-Macé : Le Diocèse de Saint-Brieuc, etc., op. cité, I, p. 139, donne quelques détails sur la fermeture de ce couvent.
Documents manuscrits : Bibliothèque Nationale, Mss Fr. 8269, f. 27 et 147 ; 22342, f° 85. — Archives de Loire-Inférieure, B 1305, 1306. — D. Morice : Preuves, II, 744. — Lettres et Mandements du duc Jean V, 5 in-4°, Nantes 1891, numéros 29, 63, 1657, 1871. — Les Archives des Côtes-d'Armor, série H, contiennent plusieurs documents anciens utilisés par le P. Chapotin, entre autres, une charte de 1284, citée par l'archiviste Lamarre et reproduite à la page 237 de la Revue Historique de l'Ouest, année 1887. — Voir aussi un lot important d'Archives concernant les Dominicains, conservé à la cure de Saint-Sauveur de Dinan.
(abbé
Auguste Lemasson).
© Copyright - Tous droits réservés.