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LE PRIEURE DE SAINT-MALO DE DINAN

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1066. On sait que Guillaume le Conquérant, à l'aide d'une armée composée de Normands et de Bretons réunis, remporta à Hasting une victoire éclatante sur Harold, son compétiteur au trône ; que cette victoire fit passer la couronne des mains des Saxons à la dynastie normande ; que ce prince combla de faveurs tous les frères d'armes, en dépouillant les seigneurs saxons. Le père Dupaz prétend que Bertrand de Dinan, qui était un des principaux chefs des Bretons, reçut pour sa part dans les libéralités de ce prince plusieurs châteaux, manoirs, terres et seigneuries.

1108. Olivier de Dinan, après avoir restitué aux moines de Marmoutiers les domaines de Helpefort et de Nothuella, situés en Angleterre, qu'ils tenaient de la libéralité de ses ancêtres et qu'il leur avait injustement confisqués, les affranchit de tous services et coutumes concernant l'église de Dinan et ses dépendances, et établit en outre en leur faveur une conventualité.

1129. Cet Olivier de Dinan, s'étant fait moine, laissa pour successeur Geoffroy, son fils, qui approuva et confirma les fondations de son père, faites à Guillaume, abbé de Marmoutiers, en l'an 1108, du consentement de Radegonde, sa femme, d'Olivier, Guillaume, Rolland et Josselin, ses enfants, ainsi que le porte l'acte de consentement fait entre les mains de Benoît II, évêque d'Aleth. Cet acte renferme aussi de nouvelles concessions faites par ce prélat aux abbés de Marmoutiers ; il veut qu'ils jouissent du droit de présentation à la cure de Saint-Malo de Dinan, et il leur donne en outre l'île et l'église d'Aaron.

On trouve dans l'histoire chronologique du père Dupaz, parmi les évêques de Saint-Malo, le nom d'Albert Ier, qui vivait en 1119 et 1120. Une charte sans date, donnée par ce prélat, approuve la donation faite par Geoffroy, fils d'Olivier de Dinan, à l'église de Saint-Malo de Dinan.

A Albert Ier succéda Donoald, qui, à la prière de l'abbé de Marmoutiers, confirma toutes les concessions faites par ses prédécesseurs à l'église de Saint-Malo de Dinan, et y ajouta la donation de la portion qui avait appartenu à l'archidiacre Simon dans la cure, et l'église de Saint-Malo de Dinan.

Benoît III succéda à Donoald et monta sur le siége épiscopal qu'il posséda jusqu'en 1140, époque de sa mort. Il fut remplacé par Jean de la Grille, auparavant abbé de Sainte-Croix de Guingamp de l'ordre de Cîteaux. Ce prélat trouva l'église et la cité d'Aleth entièrement ruinées et pour ainsi dire désertes. Les habitants, voulant éviter les incursions des ennemis de l'Etat et fuir le schisme et les invasions des Anglais qui avaient régné en Bretagne depuis Rollon, duc de Normandie, s'étaient réfugiés dans l'île de Saint-Malo d'Aaron qui avait été donnée par Benoît II évêque d'Aleth, à Guillaume, abbé de Marmoutiers.

Jean établit son siége épiscopal dans d'Aaron (Saint-Malo), et, à la place des religieux de Marmoutiers, il établit dans son église les chanoines réguliers de saint Augustin, des frères de l'observance de saint Victor.

Garnier, pour lors abbé de Marmoutiers, successeur d'Odo, voyant que cet établissement de Jean de la Grille portait préjudice à son abbaye, en le privant du don qui lui avait été fait par Benoît II, s'en ressaisit. Jean revoqua cette affaire devant le pape Eugène III ; comme lui ancien religieux de Cîteaux, soit par préférence en faveur d'un ancien collègue, soit par amour du bien public, soit en raison de l'état fâcheux où se trouvait la ville d'Aleth. Après avoir ouï les parties, il prit définitivement sous sa protection les prêtres de l'église de l'île d'Aaron (Saint-Malo), dont l'église devint alors cathédrale aux lieu et place de celle d'Aleth, en imposant un perpétuel silence aux moines de Marmoutiers ; il investit l'évêque de toutes les possessions qui dépendaient de l'église de l'île d'Aaron (Saint-Malo), dont les évêques ont depuis toujours joui, sans toutefois avoir touché aux prieuré et cure de Saint-Malo de Dinan.

Après la mort du pape Eugène, les abbés successeurs de Garnier, Robertus Britto de Megurri, Robertus Blecensis et Petrus de Vosconiâ, chacun en son temps, renouvelèrent le procès devant Anastase IV, qui leur imposa aussi un silence perpétuel : ce qui fut confirmé par Adrien IV et Anastase III, et dès lors Jean de la Grille déposa le titre d'évêque d'Aleth, pour prendre celui d'évêque de Saint-Malo.

Jean de la Grille étant mort en l'an 1163, Albert II, archidiacre de la cité d'Aleth, fut élu évêque second de Saint-Malo. Petrus de Vosconiâ, abbé de Marmoutiers, étant mort pendant qu'Albert occupait le siége épiscopal de Saint-Malo, Hervé lui succéda et obtint d'Albert II la confirmation du prieuré et le don de présentation à la cure de l'église de Saint-Malo de Dinan.

Après la mort d'Albert II, Pierre Giraud, chanoine de Rennes, fut élu évêque de Saint-Malo et resta pendant trente-quatre ans sur le siége épiscopal. A son avènement, il survint un procès entre lui et Hervé, abbé de Marmoutiers, au sujet de quelques droits que l'évêque prétendait avoir sur les prieurés de Léhon, de Saint-Malo de Dinan et de Bécherel. Ce procès fut terminé, en l'an 1187, par les commissaires députés du Saint-Siége apostolique de Saint-Malo de Dinan.

Cet acte prouve que le prieuré de Saint-Malo de Dinan a été fondé et bâti par les prédécesseurs d'Olivier de Dinan, qui, en se faisant moine, restitua, comme nous l'avons dit, les dons qu'il avait usurpés et qui avaient été précédemment faits par Bertrand de Dinan, son père, à l'abbé de Marmoutiers, pour la fondation, dotation et édification de l'église et du prieuré de Saint-Malo. Il n'y avait pas, d'ailleurs, alors d'église au lieu où est bâtie la ville de Dinan, le pays ayant été longtemps désert, tant à cause, des guerres entre les Bretons et les Normands, que par les dissensions des seigneurs du pays, principalement entre Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, Conan second, duc de Bretagne, et Alain Cagnart avec les comtes de Nantes.

Geoffroy, fils d'Olivier, approuva et ratifia les fondations de son père qu'Alain de Beaufort, seigneur de Dinan, augmenta en 1222, en donnant au prieuré de Dinan les dîmes de Taden.

Voir aussi   Ville de Dinan (Bretagne) " Histoire du prieuré de Saint-Malo de Dinan

 

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ANALYSE DES CHARTES.

XIIème siècle ? Olivier de Dinan, fils de Geffroy, seigneur de Dinan, restitue aux religieux de Marmoutiers les manoirs situés en Angleterre, appelés Helpefort et Notuella, donnés aux-dits religieux par ses ancêtres, en les priant d'établir une conventualité dans l'église de Saint-Malo, composée de huit religieux, dont quatre devaient être prêtres ; et pour augmenter les fonds, il donne des vignes, des prés, etc.

..... Charte de Benoît, évêque d'Aleth, qui porte que le prélat ayant donné aux religieux l'église de Saint-Malo de l'île d'Aaron, leur donne aussi celle de Saint-Malo de Dinan, en se réservant, le droit de gîte, avec dix hommes une fois chaque mois. Cette donation est confirmée par une bulle de Pascal II, donnée au palais de Latran en 1109.

1122. Geffroy, seigneur de Dinan, donne aux religieux de Marmoutiers un manoir qu'il tenait de la libéralité du roi d'Angleterre. 

..... Donald, évêque d'Aleth, à la requête des religieux de Marmoutiers, confirme les dons faits à Saint-Malo de Dinan, les chapelles, etc., le droit de nommer à la cure de l'église paroissiale de Saint-Malo de Dinan.

1123. Donald, évêque d'Aleth, reçoit la donation de la moitié des dîmes de l'église de Saint-Pierre de Corsolt, faite aux religieux de Marmoutiers par un clerc dudit village.

1128, mai. Le même prélat donne à l'abbé et aux religieux de Marmoutiers une nouvelle investiture de la moitié de l'église de Corsolt qu'il avait ci-devant donnée et que les moines de Saint-Jacut regrettaient. Cette donation a été faite en présence d'Hamelin, évêque de Rennes.

1163. L'archevêque de Tours termine les différents que les religieux de Marmoutiers avaient avec l'évêque de Saint-Malo, au sujet des offrandes faites aux églises de Saint-Pierre de Taden et de Saint-Brieuc de Ploasno.

1222. Alain de Beaufort, seigneur de Dinan, donne aux prieurs et religieux de Saint-Malo de Dinan la dîme des champs et vignes de par toute la paroisse de Taden.

1252. Le sénéchal et Tailli, de noble dame la comtesse de la Marthe, ou marche, en Penthièvre, constate que Guy d'Argentan avait mal à propos levé des dîmes sur la paroisse de Saint-Potan, laquelle appartenait aux religieux de Dinan.

1253. Guy, évêque de Saint-Malo, confirme une transaction entre l'abbé et le couvent de Beaulieu, diocèse de Saint-Malo, d'une part, et le prieur de Saint-Malo, de l'autre, au sujet d'une pension de 20 livres, due par lesdits abbés et religieux au susdit prieur ; ladite pension diminuée et fixée à 15 livres payables à différents termes.

1243. Lettre de l'abbé du chapitre de Marmoutiers, qui porte qu'il a jugé à propos d'employer, à la cure de ladite abbaye, la somme de 100 livres tournois provenant de la vente des fonds de terre appelés Notocles et Helpefort, en Angleterre, qui dépendent du prieuré de Saint-Malo de Dinan, après en avoir toutefois obtenu la permission des prieurs et recteurs de la paroisse.

1256. Raoul, vicomte de Poudour ou Poudouvre, et Philippe, sa femme, acquittent les religieux de Saint-Malo de Dinan du droit de village sur un fief situé en la paroisse de Saint-Selia (Saint-Suliac).

1268. 0llivier de Dinan écrit à l'abbaye de Marmoutiers qu'on lui cède pour 250 livres sterling le fonds que le prieuré de Dinan avait en Angleterre.

1146... ? Le pape Eugène III, ancien moine de Cîteaux, sur une réclamation de l'évêque d'Aleth, au sujet des droits qu'il prétendait avoir sur l'église de Saint-Malo de Dinan, comme ayant été autrefois le siége épiscopal, nomme une commission composée de trois prêtres, laquelle se prononce en faveur du prélat et procède à son investiture. Le pape ordonne, en conséquence, aux prieurs et chanoines de rendre, sans délai, à l'évêque d'Aleth, tout ce qui lui appartient.

1419. Prisage des terres et maisons du pourpris de l'église de Saint-Malo de Dinan, fait par Geoffroy de Longe-Ahiet, prêtre, recteur de l'église paroissiale de Languenon, du diocèse de Dol.

1488, avril. François, duc de Bretagne, amortit, en faveur des paroisses de Saint-Malo de Dinan, un terrain situé proche la chapelle Saint-Léonard de cette ville, pour y réédifier l'église paroissiale qui était ci-devant hors la ville, et qui, depuis un an, avait été démolie par l'avis de ses capitaines et gens de ladite ville, pour obvier aux dommages qui auraient pu leur arriver, si les Français en eussent fait le siége.

1489. Permission de l'évêque de Saint-Malo de transférer dans la ville l'église paroissiale et le prieuré de Saint-Malo du château de Dinan.

1518, mai, 20, 23 et 28. Acte passé devant Piton et Blanchart, notaires à Dinan, fait à la réquisition des trésoriers et fabriciens de Dinan, portant attestations et certificats par grand nombre d'officiers bourgeois et habitants de Dinan, qu'anciennement il y avait, dans un faubourg de la ville, une grande et belle église paroissiale, appelée Saint-Malo de Dinan ; qu'à cause de sa grande magnificence et pour que la ville n'en fût endommagée dans le temps des guerres, elle fut abattue ; que depuis ce temps, qui était d'environ trente ans, on avait commencé à édifier et construire une autre église, dans la ville de Dinan, aux frais des paroissiens ; que cette église serait un des plus beaux édifices du pays, si elle était conduite et finie comme elle avait été commencée ; mais que les paroissiens ne le pouvaient faire, attendu leur pauvreté, sans l'aide du roi et duc, leur souverain, qui y avait déjà contribué, ainsi que ses prédécesseurs.

........  Donald, évêque d'Aleth, donne aux religieux de Marmoutiers l'église de Saint-Brieuc de Plouasno, avec les chapelles qui en dépendent, à savoir : la chapelle de Saint-Lubin de longo alneto, la chapelle de Saint-Paterne, la chapelle de Notre-Dame de Caichou in Becherello castro sitam, sauf le droit d'Aleth. 

......... Accommodement entre les religieux de Marmoutiers et ceux de Saint-Jacut, au sujet des dîmes de Corsolt et d'un paroissien de Saint-Malo, enterré par les moines de Saint-Jacut, et enfin d'autres paroissiens que les uns et les autres attiraient dans leurs églises. Cette transaction fut arrêtée en présence de Donal, évêque d'Aleth, et de O...., seigneur de Dinan.

.......  Charte de Donald, évêque d'Aleth, au sujet d'un droit sur les poissons que les religieux de Saint-Jacut avaient envahi sur les religieux de Marmoutiers ; sur quoi intervient une sentence donnée par plusieurs évêques pendant le concile tenu à Rheims (Reims) en 1131, par laquelle les religieux de Marmoutiers sont maintenus dans leurs droits. (Sans date).

.......  Charte (sans date) d'Albert, évêque de Saint-Malo, qui porte que les religieux de Marmoutiers renoncent à leurs droits sur l'île cathédrale de Saint-Malo de l'Isle, droit qui leur avait été confirmé par les papes et les évêques d'Aleth.

........ Permission de Guillaume, évêque de Dinan, aux habitants de Saint-Malo, de mettre des tombes et armoiries dans ladite église de Saint-Malo de Dinan, après en avoir toutefois obtenu la permission des prieurs et recteurs de la paroisse.

1256. « A toz cels qui ces lettres verront ou orront Raoul viscomte de Poudoure et Felipe sa femme, salu en nostre seignor sachent toz que comme nos dèmandisson et queisson a aveir village el fieu as moines de Seint Mallou de Dinan lequel fieu siet en la paroisse de Seint Selya ; et nos aion enquis par la leial savance del pais que nos ne devon pas aveir vinage en icel fieu as moines devant diz par nule reson : por ce nos quiton a icels moines e a lor hommes d'icel fieu icel vinage, e avon juré nos dous de noz bonnes volentez par nos et por noz heirs que jamés en icel fieu devant dit ne querron ne ne demandron vinage ne a cels qui tendront icel fieu devant dit. En garant e en testemoine de ceste chose ge Raoul viscomte devant dit en donnai ces presentes lettres scellées en mon scel. E ge Felipe devant dite femme d'icelui Raoul viscomte por ce que ge n'avoie propre scel a ma proiere e a ma requeste fis sceler ces presentes lettres el scel a homme honorable e discret Pierre arcediacre de Seint Mallou en icel tens. Ce fut done en lan de grâce MCCIVI el meis de Grennier » (Extrait des Rapports de M. Sicamois, archiviste).

Voir aussi   Ville de Dinan (Bretagne) " Les Chartes du prieuré de Saint-Malo de Dinan

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