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Paroisse de Saint-Malo de Dinan |
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Nous tenons à prévenir nos lecteurs que nous nous sommes appliqué à ne donner que l’essentiel concernant le présent chapitre. L’étude des paroisses et des établissements religieux de la ville dé Dinan exigerait, en effet, à elle seule, tout un volume. La plupart de nos renseignements proviennent, soit d’un Pouillé manuscrit conservé aux Archives d’Ille-et-Vilaine sous la cote G 71, et qui fut rédigé durant l’épiscopat de Mgr de la Bastie (1740-1767). |
Saint-Malo, qui faisait partie du doyenné de Poudouvre, au siège de Saint-Enogat, était à la présentation de l'Ordinaire comme ancienne dépendance de l'Abbaye de Marmoutiers-les-Tours. Son rectorat, d'après le Fouillé de la Bastie déjà cité, ne valait que 900 livres de revenu, car c'était une portion congrue payée par le décimateur, lequel était le titulaire du prieuré de Saint-Malo. Disons seulement ici que ce bénéfice valait environ 2.400 livres de revenu, charges déduites à son heureux titulaire. On pourra lire l'énumération de ses rentes et de ses charges à la page suivante.
« L'église de Saint-Malo, poursuit le Pouillé de la Bastie, est grande et belle. Sa fabrique possède 1.800 livres de revenu fixe, dont 1.400 livres pour l'acquit des fondations. Le casuel peut aller à 600 livres ».
En 1790, la fabrique Saint-Malo déclarait posséder 25 pièces de terre, dont 7 situées à Léhon, et jouir de 1.952 livres de revenus (Dubreuil : La Vente des Biens Nationaux, etc., op. cit., p. 47). D'après un compte, tant en charge que décharge, présenté par Guillaume Lesage et. Guy Fougeray, trésoriers sortants, au bureau de la municipalité, le 10 mai 1790, nous voyons que les honoraires des prêtres de choeur s'élevaient par an à 1.885 l. ; ceux des bedeaux, porte-fallots, porte-croix et bannières, à 125 l. ; ceux du thuriféraire à 6 l. ; l'entretien de la lampe du sanctuaire avait coûté 83 l. ; le luminaire de l'église revenait à 166 l. ; les paniers pour porter le pain bénit à 5 l. ; la collation fournie au prédicateur du second dimanche du mois à 12 l. ; les réparations au confessionnal de la chapelle de la Naissance (sic), à 10 l. ; l'achat de deux surplis pour les deux bedeaux, à 15 livres.
« Comme chapelle, dans la paroisse, ajoute le Pouillé de la Bastie, on connaît celle du prieuré du lieu. La paroisse y prétend quelque droit et n'y fait rien » (C'est aujourd'hui la chapelle dénommée Saint-Joachim, à la fin du XIXème siècle, on n'a jamais bien su pourquoi). L'inventaire du peintre Le Bourguignon y signale comme objets d'art existants en juillet 1791 : un tableau représentant saint Malo, de deux pieds et demi sur cinq ; un autre de quatre pieds figurant le Christ avec d'un côté sainte Madeleine à ses pieds, et de l'autre saint Malo ; enfin les statues en bois de la Sainte Vierge et de saint Jean, de quatre pieds de hauteur, entourant un Christ en croix (Archives des Côtes-d'Armor, série Q, églises et chapelles).
« Tout comme dans la paroisse Saint-Sauveur, note Pouillé de la Bastie, il y a six prêtres de choeur dans l'église Saint-Malo ».
« Ses confréries sont : celle du Saint-Esprit, existant dès avant 1662 ; celle du Saint-Sacrement ; celles de N.-D. de Grâce ; de N.-D. des Agonisants ; de la Sainte-Croix, confirmée par le pape Clément X en 1714, et celle de Sainte-Anne. Il y a aussi la confrérie des marchands ou de Saint-Etienne, approuvée par le roi Henri IV dès 1598 ; celles des charpentiers, des tanneurs et des boulangers » (cf. Archives d'Ille-et-Vilaine, G 71 : Pouillé manuscrit dressé par ordre de Mgr de la Bastie). Cependant ce document, tout officiel qu'il est, ne mentionne pas la confrérie de la Sainte-Epine, érigée à Dinan en 1630, à l'occasion de la contagion qui décimait cette localité.
Plusieurs chapellenies et prestimonies se desservaient alors en l'église Saint-Malo. Nous citerons entre autres la chapellenie Saint-Julien, à la présentation des trésoriers de l'église Saint-Malo, évaluée à 19 livres 5 sols de revenu net en 1728 (Cf. Archives d'Ille-et-Vilaine, G 71), et dont les biens-fonds furent prisés 4.072 l. en 1791. Les mêmes présentaient encore la chapellenie de la Croix, fondée en 1506 par D. Jacques Henry, laquelle était chargée d'une messe chaque vendredi, et dont les biens-fonds furent estimés 4.000 l. en 1791. Les registres d'Etat-Civil de Dinan, publiés par M. du Guerny, nous apprennent aussi les noms de plusieurs des chapelles que contenait naguère l'église Saint-Malo, lesquelles étaient N.-D. de Grâce, le Saint-Nom de Jésus, le Saint-Sépulcre, Saint-Jean, Saint-Pierre, Saint-Joseph, Saint-Thomas, Sainte-Anne, La Madeleine, Saint-Fiacre, les Agonisants, le Purgatoire, le Dieu de Pitié et le Saint-Esprit.
Les Adorations paroissiales de Saint-Malo avaient été fixées du 11 au 20 août de chaque année par ordonnance de Mgr des Laurents en date du 2 novembre 1777.
PROPRIÉTÉS DE LA FABRIQUE SAINT-MALO DE DINAN VENDUES NATIONALEMENT AU COURS DE LA RÉVOLUTION. — La Pièce longue et les Grands Champs furent achetés par Olivier Melou le 28 août 1793, ainsi que la prairie des Ruisseaux, par Guillaume Haslé.
Le 7 octobre 1793 furent acquis les Petits Vallets, près l'étang de la Haye, par Jean-Louis Anger, et le Bout de la Rue et le Pré de la Rousse par Yves Salmon. A la même date, Louis-Amie Auffray acheta les Etoubles, le Clos de l'Eglise, situés près le Colombier, ainsi que la Salle-Jourdain, et Jacques Heurtevent la Porte-Tanguy.
Le 14 juin 1794, Jean Herpin acquit le Clos Barthélemy. Le 13 août 1794, Noël Mars, de Lanvallay, devint propriétaire du Clos Fourré, de la Noë-Bagot, de la Noë-Gourdel et de la Joute. Le 15 septembre 1794, François Augé acquit le Grand-Champ, et Pierre Tostivint le Clos de l'Eglise et un jardin situé près les Fontaines des Roueries. Le 5 avril 1795, le Clos Razel fut d'abord acquis par Pierre-Laurent Vaugrena, puis définitivement le 1er mai 1798 par Jean-Laurent Ozou.
Enfin, 86 cordes de terre situées dans les Corniquelais, au faubourg Saint-Malo, furent payées 10.700 l., en monnaie très dépréciée, par Jacques-Nicolas Salmon, le 2 novembre 1795. Les autres propriétés foncières de l'église Saint-Malo étaient situées à Léhon et à Taden.
La confrérie N.-D. des Grâces possédait le pré Moraine, acheté par Charles Baignoux le 15 juillet 1796. La confrérie de la Croix possédait la pièce de la Pépinière, qui fut acquise par Pierre Roland le 5 avril 1795. De la chapellenie de la Croix dépendait une maison sise au côté droit de la Grande-Rue, qui fut achetée par Auguste Denoual le jeune pour 5.700 l. le 8 avril 1791. De la chapellenie Saint-Julien dépendait un pré près la Vieille-Boucherie, acquis par Salmon aîné le 29 avril 1791, ainsi qu'un jardin rue des Boulangers, qui fut acheté par Charles Baignoux le 8 avril précédent. De la chapellenie des Légués, dépendaient une maison et un jardin, rue de l'Ecole, adjugés à Gilles Boschel le 14 mai 1792.
ETAT DES REVENUS DU PRIEURÉ SAINT-MALO DE DINAN VERS 1780. — La maison prieurale et son jardin, loués 200 livres. La métairie de la Porte, avec les dîmes ayant cours en la paroisse Saint-Malo, et celles des novales, les rentes dues sur la maison et métairie de la Richardais, celles de la Pinochais, de la Jossaie et du moulin d'Argentel. Les rentes dues au bailliage de Saint-Malo, à celui de l'Hostellerie en Corseul, et celle de douze boisseaux d'avoine grosse, due sur la dîme de Saint-Jacut. Le tout affermé 1.021 livres.
La métairie de la Haie, en Taden, louée 100 l. Trois pièces de terre près cette même métairie, sises en Taden, louées 120 l. La métairie de Beauregard, en Taden, louée 350 l. Le four banal du prieuré, loué 120 l. Le greffe du prieuré, loué 25 l. La moitié du moulin de Boutidou, en Taden, louée 130 l. La dîme de la Pontais, en Taden, louée 235 l. Les dîmes et rentes en Saint-Pôtan, dépendantes du prieuré, louées 550 l. Les dîmes de la Faverais, de la Mettrie, de la Daliberdais, ou de l'isoreu, en Corseul, louées 158 l. Le dîmereau de Saint-Maudé, s'étendant en Saint-Maudé, loué 48 livres. Au total : 3.462 livres, desquelles il fallait déduire les charges, soit : 750 l. pour portion congrue des recteur et curé de la paroisse Saint-Malo ; 160 l. aux recteur et curé de Taden pour contribution à leur portion congrue ; 102 l. 8 s. au prêtre qui dessert la chapelle du prieuré et y célèbre la messe les dimanches et fêtes et un jour sur la semaine, quand il n'y a pas de fête. 62 livres 8 s. au prêtre qui dessert la chapellenie de Saint-Maudé, en la paroisse de Saint-Pôtan, à raison de deux messes par semaine. Soit au total 1.074 livres 16 sols de charges à déduire, non compris 129 l. 11 s. de décimes dont ce prieuré était grevé en 1790.
VENTE DES PROPRIÉTÉS DU PRIEURÉ DE SAINT-MALO SISES DANS LA VILLE DE DINAN. — La maison principale du prieuré, prisée 3.350 livres fut vendue nationalement le 1er mars 1791 à Charles-Jean Deniau, juge au Tribunal du District ; le four banal, estimé 900 l., fut adjugé le 8 avril 1791 à Christophe Regnault ; la métairie de la Porte, prisée 7.040 l., fut achetée le 27 mai 1791 par Julien Cabaret, de Dinan.
BIBLIOGRAPHIE. — Pour une étude plus complète de la paroisse Saint-Malo, il faut voir : ce qui concerne les origines de son prieuré, dans du Paz : Hist. Généal., etc., op. cit., p. 117-118 et 818. — Lobineau : Preuves, op. cit., col. 139, 140 et 141. — Morice : Preuves, op. cit., I, col. 513 : donation de Saint-Malo de Dinan aux moines de Marmoutiers, l'an 1108, par Benoît, évêque de Saint-Malo, et I, col. 848. — Cunat : Histoire de la Cité d'Aleth, in-8, Saint-Malo 1851, p. 133-134. — Anciens Evêchés de Bretagne, op. cit., IV, p. 386 et sq. : historique du prieuré de Saint-Malo ; même volume, même sujet, p. 332, 334, 361. Vaucelle : Catalogue des lettres du pape Nicolas V, etc., op. cit., numéros 234, 1004 et 1010.
Etrennes Dinannaises, année 1849 : 1° Érection de l'église Saint-Malo de Dinan l'an 1489, sous le patronage de Jehan, vicomte de Rohan, fondateur ; 2° Liste des trésoriers de cette église du XVIème siècle à nos jours. — Bibliothèque bretonne de Le Maout, 2 in-8, Saint-Brieuc, 1851 : Translation des reliques de saint Malo à l'église Saint-Malo de Dinan, en 1670. — Annuaire des Côtes-du-Nord, in-18, St-Brieuc, 1859 : Lettres du duc François II amortissant le terrain où devait s'élever la nouvelle église Saint-Malo. — Odorici : Recherches sur Dinan, etc., op. cit.
Sources manuscrites. — Sur le prieuré de Saint-Malo, dont le dernier titulaire fut le lyonnais Maindestre, cf. Archives Côtes-d'Armor, A 63. — Archives de Loire-Inférieure, B 863 : Aveux et dénombrements de 1459 à 1729 ; et B 1387. — Archives d'Ille-et-Vilaine, C 1246 et G 73 et 79. — Sur l'église Saint-Malo : Archives des Côtes-d'Armor, A 17. — Archives de Loire-Inférieure, B 11 : Autorisation de reconstruire, près de la chapelle Saint-Léonard, l'église paroissiale de Saint-Malo. — Sur les biens des confréries dinannaises, voir Archives de Loire-Inférieure, B 1305 : Confrérie Saint-Barthélemy ; B 1307 : Confrérie du Saint-Esprit ; B 1309 : Confrérie des Agonisants ; B 1260 : Confrérie Saint-Jean.
(abbé
Auguste Lemasson).
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