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L'EGLISE NOTRE-DAME DE DOL-DE-BRETAGNE

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La ville de Dol (aujourd'hui Dol-de-Bretagne) possède encore une autre église qui était autrefois celle de la paroisse, et qui sert aujourd'hui de halle ou de magasin. Elle est d'un style généralement plus ancien que celui de la Cathédrale, et serait remarquée certainement si elle était seule ; mais elle se trouve effacée par la première, et l'usage auquel elle est consacrée contribue à la faire oublier.

Beaucoup de touristes, en effet, et même d'archéologues, sont allés visiter Dol et sa belle Cathédrale, sans se douter qu'il y avait là, près d'eux, un monument religieux digne d'attirer leur attention. Pourtant, M. Mérimée l'avait signalé et en avait donné une courte description partielle dans ses Notes de Voyage publiées en 1836. Seulement le savant inspecteur des monuments historiques avait confondu la paroisse de Notre-Dame avec l'église du Couvent des Carmes, inauguré en 1401 (1402) par le Duc Jean V, et dont il n'existe plus actuellement qu'un insignifiant pan de mur.

L'église mentionnée par M. Mérimée sous le nom d'église des Carmes, et qui sert maintenant de halle au blé, est donc bien réellement Notre-Dame. Comme par ailleurs sa description est inexacte dans certains détails, je crois qu'il ne sera pas inutile de la refaire brièvement.

Notre-Dame est une église à trois nefs, terminée à l'est par un chevet rectangulaire ; son style se rattache en grande partie à l'époque romane : ainsi, le carré central ou intertransept présente ses quatre arcades cintrées en fer à cheval dont l'archivolte, doublée par une retraite à l'intrados, retombe sur des pilastres munis d'un simple chanfrein. Ce carré a beaucoup de rapport avec celui de Saint-Melaine de Rennes ; à l'intérieur de ses quatre angles ont été appliquées, après coup, des colonnes rondes à bases simplement garnies d'un tore et couronnées de chapiteaux romans, lesquels reçoivent les nervures toriques de la voûte.

Les quatre premières travées de la nef affectent la même disposition que le carré central et appartiennent à la même époque, c'est-à-dire au XIème siècle. Au-dessus de chaque arcade, le mur est percé d'une fenêtre cintrée. Les deux dernières travées du bas de l'église paraissent postérieures ; l'une d'elles a des piliers cylindriques à chapiteaux historiés. On remarque particulièrement, près la porte occidentale, du côté du collatéral Nord, un massif carré, épannelé sur ses angles, cantonné de quatre colonnettes engagées, le tout surmonté d'un chapiteau historié dont voici le détail : 1ère face, une femme endormie ; 2ème face, tête d'âne montrant la langue ; 3ème, personnage assis appuyé sur un bâton ; 4ème, feuillages et rinceaux d'une exécution grossière. La nef n'a point de voûte, mais un simple lambris en ogive avec tirants en bois sculpté.

Les deux transepts voûtés en pierre [Note : Les voûtes sont en cintre brisé, approchant de l'ogive, renforcées de nervures rondes] appartiennent encore au style roman, quoiqu'on y ait percé des fenêtres ogivales ; il en est de même des arceaux qui ouvrent des bas-côtés sur les transepts.

Le chevet est une reconstruction du XIVème siècle peut-être, comme semblent l'indiquer deux fenêtres dont les meneaux se subdivisent en deux ogivettes supportant un trèfle, et des contre-forts extérieurs à retraites peu saillantes. Je rapporterais à la même époque la tour qui surmonte le carré central et le mur du collatéral Nord, où l'on voit de petites fenêtres étroites, trilobées à leur sommet ; tandis que la façade occidentale présente tous les caractères des XVème et XVIème siècles.

Notre-Dame était située hors de l'enceinte murée de Dol, et on appelait au XIIème siècle le lieu où elle s'élevait « Burgus Sanctae Mariae » (Voir l'enquête faite en 1187 par ordre du roi d'Angleterre Henri II, pour le recouvrement des biens de l'église de Dol. — D. Morice, Preuves I, 683).

Il conste par une bulle-pancarte de Boniface VIII, en faveur de l'église de Dol, qu'à la fin du XIIIème siècle on comptait parmi les possessions du Chapitre « la moitié de l'église du bourg de Ste. Marie (Notre-Dame) avec les dîmes des fruits et des vignes qui en provenaient ». — Medietatem ecclesie de burgo sancte Marie cum decimis frugum et vinearum. (Archives départementales, 5 G, 108) [Note : On l'appelait aussi « Notre-Dame-sous-Dol » ; c'est ainsi quelle est désignée dans les aveux de la seigneurie de Landal, cités par le P. Dupaz dans son Histoire généalogique des seigneurs de Landal].

Un ancien Pouillé, du diocèse de Dol, dressé au XVème siècle, indique Notre-Dame comme dépendant, en ce qui concerne le droit de patronage, de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur ; elle était taxée, à la même époque, pour le paiement des décimes, à la somme de 40 livres, somme importante alors (Archives départementales, 5 G, 108).

On lit dans le P. Albert-le-Grand (Catalogue de l’histoire des évêques de Dol, p. 242) que les Recteurs portionnaires de la paroisse de Notre-Dame, d'accord avec le Chapitre de Dol, s'opposèrent à l'établissement des Carmes dans cette ville, en 1402. Ils obtinrent d'abord à Rome une sentence qui leur donnait gain de cause et condamnait les religieux à démolir leur édifice commencé ; mais la sagesse et la prudence d'Etienne Coeur, évêque de Dol, ménagea ensuite un accommodement entre les parties contendantes et assoupit cette querelle.

(Paul de la Bigne-Villeneuve, 1855).

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C'était jadis une des paroisses de la ville de Dol, avec les paroisses du Crucifix (cathédrale) et de l'Abbaye.

Notre-Dame avait pour territoire le faubourg oriental de la ville, qui prit d'elle le nom de « burgus Sancte Marie » [Note : Dom Morice. Preuves de l'Histoire de Bretagne. I, 683], bourg Sainte-Marie.

Elle fut établie par les Evêques de Dol et son église fut vraisemblablement construite par Riwallon, premier seigneur de Combourg, qui venait de recevoir, de son frère Ginguené, archevêque de Dol (1010 à 1030), donation de masures au bourg Sainte-Marie [Note : Dom Morice. Preuves de l'Histoire de Bretagne. I, 683].

La paroisse et l'église Notre-Dame étaient, dès le XIIème siècle, divisées en deux sections administrées, l'une par le curé nommé par le Chapitre de Dol, l'autre par les Bénédictins de Saint-Florent de Saumur, établis dans leur prieuré de l'Abbaye.

Dom Huynes, dans son Histoire manuscrite de Saint Florent, dit qu'en 1194, l'Evêque de Dol, Jean de la Mouche, concéda aux Bénédictins de Saint-Florent la totalité de la paroisse.

En 1239, au contraire, comme le titulaire bénédictin était en voyage depuis trois ans, laissant sa moitié de paroisse en souffrance, l'Evêque de Rennes, Jean Gicquel, dont le théologal Jean Quarré était recteur de la seconde moitié, obtint de l'Abbé de Saint-Florent, Geffroi, qu'il mit celui-ci à la tête de la paroisse entière. L'Evêque de Dol, Clément, agréa la présentation, tout en maintenant en principe la division de la paroisse [Note : Dom Huynes].

Cet état de choses dura jusque vers la fin du XVème siècle ou le commencement du XVIème. Alors, la pénurie des resources nécessaires pour nourrir deux recteurs, obligea a ne plus nommer qu'un seul titulaire, qui fut au choix de l'Evêque de Dol.

Le 27 juillet 1772, Mgr de Hercé unit à Notre-Dame les quelques rues dépendant de la paroisse du Crucifix qu'il supprima [Note : Insinuations ecclésiastiques de l'Ev. de Dol ; archives départementales d'Ille-et-Vilaine. G].

Notre-Dame était donc, à la fin du XVIIIème siècle, la paroisse la plus importante de Dol, lorsque la Révolution vint la ruiner. Son église fut convertie en halles en 1818.

Ce fut dans cet état que M. de la Bigne-Villeneuve la trouva en 1855 et qu'il en fit la description suivante [Note : Mélanges d'Histoire et d'Archéologie bretonnes, I. 183] :
« Notre-Dame est une église à trois nefs, terminée à l'Est par un chevet rectangulaire ; son style se rattache en grande partie à l'époque romane ; ainsi, le carré central ou intertransept, présente ses quatre arcades cintrées en fer à cheval dont l'archivolte, doublée par une retraite à l'intrados, retombe sur des pilastres munis d'un simple chanfrein. Ce carré a beaucoup de rapport avec celui de Saint-Melaine de Rennes ; à l'intérieur de ses quatre angles ont été appliquées, après coup, des colonnes rondes à bases simplement garnies d'un tore et couronnées de chapiteaux romans, lesquels reçoivent les nervures toriques de la voûte.

Les quatre premières travées de la nef affectent la même disposition que le carré central et appartiennent à la même époque, c'est-à-dire au XIème siècle. Au dessous de chaque arcade, le mur est percé d'une fenêtre cintrée. Les deux dernières travées du bas de l'église paraissent postérieures ; l'une d'elles a des piliers cylindriques à chapiteaux historiés. On remarque particulièrement, près de la porte occidentale, du côté du collatéral Nord, un massif carré, épannelé sur ses angles, cantonné de quatre colonnettes engagées, le tout surmonté d'un chapiteau historié dont voici le détail : 1ère face, une femme endormie ; 2ème face, tête d'âne montrant la langue ; 3ème face, personnage assis appuyé sur un bâton ; 4ème face, feuillages et rinceaux d'une exécution grossière. La nef n'a point de voûte, mais un simple lambris en ogive avec tirants en bois sculpté.

Les deux transepts, voûtés en pierre, appartiennent encore au style roman, quoiqu'on y ait percé des fenêtres ogivales ; il en est de même des arceaux qui ouvrent les bas-côtés sur les transepts.

Le chevet est une reconstruction du XIVème siècle peut-être, comme semblent l'indiquer deux fenêtres dont les meneaux se subdivisent en deux ogivettes supportant un trèfle, et des contreforts extérieurs à retraites peu saillantes. Je rapporterais à la même époque la tour qui surmonte le carré central et le mur du collatéral Nord, où l'on voit de petites fenêtres étroites, trilobées à leur sommet, tandis que la façade occidentale présente tous les caractères des XVème et XVIème siècles ».

Cette église si intéressante a été renversée en 1880 pour être remplacée par une halle moderne dont l'aspect banal, mesquin, abandonné et déjà décrépit, fait vivement regretter la disparition du monument archéologique auquel elle a malheureusement été substituée.

Pendant longtemps deux colonnes restèrent debout et ceux de notre génération se souviennent les avoir vues en avant et un peu à l'Ouest de la façade sans art de la halle moderne.

Par quel vandalisme stupide les a-t-on renversées à leur tour ? Toujours est-il qu'elles gissent aujourd'hui, derrière la halle, à demi enfouies dans un cloaque de boue et d'ordures où je suis allé leur faire, il y a quelques mois, un pèlerinage attristé et dolent, (le mot a sa couleur locale).

Ce sont deux des colonnes des travées du bas de l'église, décrites par M. de la Bigne.

Voici le massif à huit pans avec ses quatre colonnettes engagées, sa base octogonale et son chapiteau historié ; voici la femme endormie drapée dans une longue robe, laissant retomber sa tête sur l'épaule droite, la main droite posée sur le genou et la gauche pendant le long du corps ; à côté, l'âne au repos, la tête entre les deux jambes. Ici, c'est le mendiant appuyé sur son bâton et vêtu d'une robe courte d'où sortent des pieds énormes. Là, une ornementation semblable à un fleuron de pinacle. Entre ces quatre sujets principaux, au dessus des colonnettes engagées, des fleurons élégants et variés.

Non loin, nous retrouvons. l'autre des deux colonnes échappées au vandalisme. Sa base est carrée, terminée par un tore circulaire, son fût cylindrique, son chapiteau à huit pans, séparés par des arrêtes ornées alternativement de feuillages variés et des têtes suivantes que je déchiffre péniblement, car le chapiteau est presque totalement enfoui dans la boue : Une femme ; un homme imberbe ; un homme barbu, de face ; un profil, barbu ? (caché) ; un profil vague ; un homme de face, à grands favoris.

Un peu plus au centre de la ville, on nous montre dans le porche d'une maison [Note : En 1906, Boucherie Lavoué, Grande-Rue] deux colonnes qu'on nous dit provenir de l'église Notre-Dame : l'une a le fût et le chapiteau octogonaux : on y voit : une tête, une rosace, une feuille, une rosace à flammes, une feuille, une croix avec une rose, une tête ; le, huitième côté qui devait s'appliquer à un mur ne porte pas de figure ; des têtes, enfin, ornent les angles. L'autre est une élégante colonne du XIIIème siècle, à fût annelé et au chapiteau orné de crochets retombants.

La tradition populaire doit se tromper en attribuant ces colonnes à la démolition de Notre-Dame. Elles sont d'un style différent de celui du monument et de plus, elles faisaient partie de la maison longtemps avant la destruction de l’Eglise.

Mais, les deux qui sont des restes authentiques de l'Eglise Notre-Dame, pourquoi les laisse-t-on dans cet oubli fâcheux ?

Espérons que nous les verrons bientôt relevées de leur chûte, orner le square de la place Saint-Samson, comme à Venise, ornent la piazetta, les colonnes que surmontent le Lion de Saint Marc et la statue de Saint Théodore.

La ville de Dol s'honorerait grandement en suivant un si artistique exemple.

(Joseph Mathurin, 1906).

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