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LE DOYENNÉ DE SAINT-ALBAN |
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A Saint-Alban, on conjecture que c'était M. Jacques Denis qui était recteur au moment de la Révolution ; il refusa le serment et passa en Angleterre. S'il est mort en exil, c'est ce que je ne saurais dire, le registre de paroisse ne mentionnant aucun fait de cette époque de persécution religieuse.
Nous savons seulement que M. Le Goff, vicaire de Matignon, fut élu dans l'assemblée électorale du district de Lamballe, réuni dans l'église Notre-Dame, curé constitutionnel de Saint-Alban par 23 voix sur 37, le 14 octobre 1792. Et à la reprise du culte en 1802 ou 1803, M. l'abbé Jean Le Jolly fut nommé curé de Saint-Alban.
Celui-là était un vrai confesseur de la foi ; il avait passé plusieurs années dans les déserts de la Guyane, après avoir été jeté à bord de la fameuse frégate la Décade. Il est mort curé de Lamballe, à l'âge de 71 ans, le 26 décembre 1819.
A Pléneuf, je ne connais le nom d'aucun prêtre ayant traversé la période révolutionnaire, et, par suite, je ne puis rien dire sur l'attitude du clergé : j'ai tout lieu de croire que ces bons prêtres préférèrent l'exil au déshonneur, car on n'entend circuler parmi ces populations chrétiennes aucun bruit fâcheux sur la conduite du clergé en face de la Révolution.
A Erquy, deux frères, MM. Paturel, exerçaient le saint ministère ; l'un d'eux eut le malheur de prêter le serment à la constitution schismatique, l'autre resta fidèle à sa conscience.
A Plurien, on parle beaucoup d'un abbé Corbel qui dut faire le serment. Il s'est rétracté et il a fait pénitence ; car il repose dans le cimetière de la paroisse, à l'endroit où l'on enterre ordinairement les prêtres qui meurent dans le giron de la sainte Eglise.
A Planguenoual, M. Jean-François Denis était recteur, et MM. Jean-Louis Toublanc et Mathurin-François Josset, vicaires ou curés, comme l'on disait alors.
M. Denis et M. Toublanc prirent le chemin de l'exil plutôt que de forfaire aux engagements de leur sacerdoce, et M. Toublanc est revenu mourir à Planguenoual, portant les traces d'un douloureux martyre sur la terre étrangère ; il n'en fut pas de même du vicaire Josset, né au Tertre d'en Haut en cette paroisse. Il osa porter lui-même ses lettres de prêtrise dans la cathédrale de Saint-Brieuc et prêta un serment abominable, disant qu'il renonçait au métier de prêtre, escorté hélas de deux autres prêtres indignes, l'un vicaire de Plouër, et l'autre de Saint-Martin-des-Prés. Josset, prêtre jureur, se maria à Lamballe. Jusqu'au mois de décembre 1792, il exerça le ministère à Planguenoual, n'ayant pas encore prêté serment ; à la suite du dernier acte de baptême signé de lui, s'ajoute la signature d'un prêtre fidèle que les paroisses de Saint-Alban, Pléneuf, Planguenoual, Erquy et Saint-Aaron, doivent considérer comme un des gardiens de leur foi. C'était M. l'abbé Jean-Baptiste Briône.
M. Jean-Baptiste Briône, natif de Lamballe, directeur de la Congrégation des hommes dans cette ville, refusa le serment et s'embarqua à Erquy le 28 octobre 1792, après s'être caché pendant plus d'un an dans Saint-Alban et Planguenoual. Il rentra dans le diocèse par Saint-Malo, au commencement de 1797. Il s'en revint en compagnie de M. Bréxel, lui aussi courageux confesseur de la foi. Arrivés à la hauteur du bois de Mille-Mottes, sur la route de Plancoët, quand ils aperçurent la Tour de Notre-Dame, ils tombèrent à genoux pour remercier Dieu de leur avoir accordé la grâce de la revoir une fois encore avant de mourir.
Mais, hélas ! l'ère de paix que l'on avait espérée à cette époque, s'évanouit et fit place à une ère nouvelle de persécution qui les força de reprendre pour l'amour de Jésus-Christ et de sa sainte Eglise leur vie de misères. M. Briône ne cessa de prodiguer son zèle aux paroisses de Pléneuf, Planguenoual, Saint-Alban, Erquy et Saint-Aaron. Comme MM. Bréxel et Mangxion, il se cachait la plupart du temps dans le bois de Corron où des petits enfants lui portaient à manger.
Après la Révolution, M. Briône se retira à Planguenoual où il vécut comme prêtre habitué jusqu'en 1820. A cette époque, on le nomma recteur de la Poterie. Obligé de se retirer du ministère, à cause de ses infirmités, il vint habiter la maison du chapelain des Ursulines de Lamballe où il est mort en 1826.
Dans ce pays qui, grâce à Dieu, a conservé sa foi et ses pratiques religieuses, nous n'avons connaissance d'autres écarts dans l'attitude du clergé et la conduite des habitants. Si ces prêtres ont trouvé à se cacher dans nos contrées, s'ils ont continué de l'habiter malgré les tracasseries des hommes de 1793, c'est donc qu'il y avait parmi le peuple une résistance à l'impiété, un ferme attachement à la vraie foi.
Aussi, malgré la nomination de M. Bouguet, curé constitutionnel de Pléneuf, par 41 voix sur 52, et de M. Gallet, ex-vicaire épiscopal de Jacob, curé constitutionnel d'Erquy, par 34 voix sur 41 ; malgré les scandales de M. Josset et la faiblesse de M. Corbel à Plurien, notre pays ne s'est pas trop ressenti de ces tristes événements.
(le diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire).
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