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Pierre-Marie COËDELO, prêtre mis à mort en 1795 par les colonnes mobiles
dans le territoire du diocèse de Vannes.

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391. — Elven vit naître et baptiser, le 2 février 1759, Pierre-Marie Coëdelo, fils de Mathurin, menuisier de profession, et de Louise Hoellard, son épouse. S’étant tourné vers l’état ecclésiastique, il reçut la tonsure le 5 avril 1783, les mineurs le 7 mars 1784, le sous-diaconat (tilulo patrimonii) le 18 septembre suivant, le diaconat le 12 mars 1785. Enfin, il fut ordonné prêtre à Vannes, dans l’église du Mené, le 24 septembre de cette année.

Il vécut dès lors dans sa paroisse natale où, jusqu’à la Révolution. il desservit la chapelle de Saint-Nicolas d'Aguénéac.

392. — M. Coëdelo se garda bien de prêter le serment à la Constitution civile du Clergé, auquel, n’étant ni recteur ou vicaire, la loi du reste ne l’astreignait pas. Aussi, lorsque les pasteurs de sa paroisse, atteints par la loi du 26 août 1792, durent partir pour l’exil, M. Coëdelo, avec deux autres prêtres habitués, les remplaça à Elven dans le saint ministère, et sur les registres de catholicité de cette localité, du 28 septembre au 29 décembre 1792, on relève neuf fois la signature de l’abbé Coëdelo.

Mais le réseau de mailles qui étreignait le clergé catholique romain se resserrait de plus en plus. M. Coëdelo, qui n’avait pas plus prêté le serment de Liberté-Egalité que celui à la Constitution civile, dut disparaître et se cacher. Sa tête, comme celle de tous ses confrères dans son cas, était mise à prix et 100 livres de récompense promise, soit à ceux qui l’arrêteraient, soit à ceux qui le mettraient à mort.

Ainsi se passèrent les années 1793 et 1794. Survint l’essai de pacification qui dura du mois d’avril à celui d’août 1795. M. Coëdelo avait repris ouvertement l’exercice de son ministère et, protégé par son isolement au milieu des bois et plus encore par le dévouement et la discrétion des populations d’alentour, heureuses de jouir grâce à lui des secours religieux, il continua de célébrer la messe dans sa chapelle, malgré la loi du 6 septembre 1795 qui avait ravivé violemment la persécution religieuse.

393. — Le 28 octobre 1795, M. Coëdelo et un de ses confrères, M. Le Ny, venaient de célébrer leurs messes à la chapelle Saint-Nicolas, lorsqu’un cri tragique vint troubler leurs prières : « Vite, sauvez-vous, voici les bleus ! ».

M. Coëdelo connaissait les profanations que les révolutionnaires se complaisaient à intliger aux saintes espèces. Il s’empara en toute hâte du saint ciboire et tenta de s’échapper du côté de la forêt. Mais, malade et affaibli par les terribles années qu’il venait de traverser, M. Coëdelo s’aperçut bientôt qu’il retardait la fuite de M. Le Ny, son confrère, plus vigoureux, et le supplia de s’éloigner sans lui. Comme il se traînait péniblement, les soldats l’atteignirent avant qu’il eût gagné le fourré. Leur haine sacrilège s’attaqua d’abord au précieux dépôt dont il n’avait pas voulu se dessaisir, et lui arrachant des mains le ciboire, ils répandirent les hosties sur le sol. Puis, leur fureur se porta contre le ministre de Dieu ; ils le roulèrent dans les épines et l’accablèrent d’insultes et de mauvais traitements. Une personne cachée à quelque distance, et qui avait pu suivre les détails de cette scène, raconta plus tard la patience admirable et la résignation parfaite avec lesquelles le confesseur de la Foi subissait tous ces outrages. Meurtrie et ensanglantée, la victime respirait encore ; les révolutionnaires l’achevèrent, à coups de fusil.

Quand les soldats se furent éloignés, les fidèles du voisinage s’approchèrent à leur tour. Une pieuse femme (ancienne religieuse), agenouillée, s’empressa de recueillir dans un linge les hosties éparses sur le terrain, en se servant, par respect pour la sainte Eucharistie, d’un couteau, n'osant pas toucher immédiatement le corps du Sauveur. La dépouille du prêtre fut enterrée dans le cimetière qui entoure la chapelle d’Aguénéac et une croix fut ensuite érigée sur le lieu même du supplice. Bientôt la tombe du serviteur de Dieu devint un centre où les fidèles aimaient à venir prier Dieu.

394. — En 1886, au mois d’octobre, au cours d’une mission, tous les prêtres présents se rendirent à la chapelle Saint-Nicolas d’Aguénéac, où un service des morts fut célébré au milieu d’un grand concours de fidèles. On fit même un sermon sur la tombe de M. Coëdelo et, à la suite, on recouvrit sa sépulture d’une nouvelle dalle en granit, avec cette inscription gravée : P. COËDELO, AG. CAPELLANUS, DUM S. S. HOSTIAS PROFANATIONI SUBTRAHIT, TRUCIDATUS ; DIE XXIII, OCT. M. D. C. C. CXCV. « Pierre Coëdelo, chapelain d'Aguénéac, égorgé le 23 octobre 1795, en tâchant de soustraire les saintes hosties à la profanation ».

Encore aujourd’hui, le souvenir de M. Coëdelo est demeuré très vivant dans la paroisse de Trédion-Elven ; les mères ont la dévotion de porter leurs enfants sur la tombe du martyr. La croix qui marque remplacement du meurtre existe toujours. Des personnes, dont les grands-parents furent témoins de l'assassinat de ce prêtre, vivent encore et transmettent fidèlement autour d’eux le récit de mort de M. Coëdelo, tel que celui-ci leur a été rapporté.

Une douzaine de gens très respectables, tous d’âge mûr, dont une religieuse supérieure d’un orphelinat, se rattachent à M. Coëdelo par la famille de sa mère. Tous ont conservé le souvenir de leur saint parent, spécialement les Daniel. Ils croient à son martyre. Le postulateur a reçu en outre les affirmations de personnages originaires d’Elven, entre autres le maire de cette localité, plusieurs prêtres déjà avancés en âge, des laïques très honorables qui tous déclarent avoir appris de leurs parents le récit du martyre de M. Coëdelo dans les termes où il vient d’être raconté. Pour toutes ces personnes, le martyre de M. Coëdelo ne fait aucun doute.

395. — Une tradition, aussi solidement établie, présente certainement de la valeur et semble pouvoir remplacer l’acte de décès de M. Coëdelo, impossible à trouver parce que n’ayant jamais dû être enregistré, fait assez commun à cette époque troublée.

Les circonstances qui entourèrent la mort de ce prêtre ne permettent pas de mettre en doute qu’il a été mis à mort en haine de la Foi et les sentiments de religion avec lesquels il endura son supplice.

Ce serait une grande liesse à Elven aussi bien qu’à Trédion-Elven, si le Souverain Pontife daignait permettre de transformer en culte public le culte privé que l’on rend à la mémoire de celui qui a péri victime de son amour pour la Très Sainte Eucharistie.

BIBLIOGRAPHIE.Semaine religieuse de Vannes, 28 octobre 1886. — Bulletin paroissial d'Elven, mars 1913. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan, op. cit. de la Révolution, op. cit. (1921), p. 265-266.

(Archives municipales d’Elven et de Trédion-Elven).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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