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L'ÉMIGRATION DURANT LA RÉVOLUTION

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Les débuts du grand mouvement politique que fut l'émigration remontent aux jours qui suivirent immédiatement la prise de la Bastille (14 juillet 1789). Les princes du sang royal, c'est-à-dire, le comte d'Artois, les ducs de Berry et d'Angoulème, le prince de Condé, en donnèrent le signal, bientôt suivi par la noblesse de cour, faisant partie de l'entourage immédiat des souverains.

Parmi ceux qui partirent ainsi, à la première heure, il faut citer les noms des Polignac, Broglie, Vaudreuil, Lambesc, Conti etc.. Cette première émigration était surtout une sorte de protestation, une manifestation de haine et de mépris envers la Révolution naissante et le Tiers-Etat triomphant. Mais, les événements se précipitant, la situation devint de plus en plus difficile pour la noblesse et le clergé de province. Des rassemblements avaient lieu dans les campagnes, les paysans se révoltaient contre les châtelains et parfois attentaient à leur vie. Puis vint la mémorable nuit du 4 août, suivie des sombres et sanglantes journées des 5 et 6 octobre. Beaucoup de nobles passèrent alors la frontière, abandonnant une patrie où ils ne se trouvaient plus en sûreté.

Enfin, lorsque, le 12juillet 1790, fut votée la Constitution civile du Clergé, bouleversant un ordre de choses qui durait depuis des siècles ; exigeant de l'Eglise de France un serment de fidélité à une constitution dont les premiers actes étaient de la dépouiller et de la menacer, froissant à la fois dans leur conscience et dans leur liberté religieuse, les pasteurs et les fidèles, cette loi décida nombre d'évêques et de prêtres à suivre l'exemple donné par la noblesse en fuyant à l'étranger.

L'Angleterre et l'Espagne reçurent le plus grand nombre de ces émigrés ecclésiastiques, prêtres ou religieux, tandis que la Belgique, la Hollande, la Suisse, l'Allemagne, et surtout l'Angleterre, accueillaient les gentilshommes français.

Le 22 juin 1791, le Roi, lui-même, effrayé de la tournure de plus en plus grave que prenaient les événements, fit une tentative infructueuse pour fuir avec toute la famille royale. On sait comment les illustres fugitifs, arrêtés à Varennes, furent ramenés à Paris comme des captifs. Cette circonstance fut le signal de l'émigration, en masse, des officiers de l'armée royale. Presque tous gentilshommes, ils s'empressèrent d'aller rejoindre les princes de la maison de France, dans le dessein de revenir avec eux au secours de leur Roi maintenant prisonnier de l'Assemblée constituante.

Vers la fin de 1791, les émigrés, se trouvant en nombre suffisant, commencent à s'organiser pour combattre, avec l'aide de l'étranger, la Révolution et ses représentants. Ceux-ci, de leur côté, adoptent un système de défense contre ces compatriotes devenus des ennemis par leur action commune avec ceux de la patrie. La Convention tente d'abord de les ramener, ou, tout au moins, de disperser leurs forces. Ne pouvant y parvenir, elle décrète contre eux le bannissement perpétuel (23 octobre 1792) et la peine de mort contre ceux qui chercheraient à rentrer en France. Leurs biens, confisqués à partir du 2 septembre 1792, deviennent propriété nationale. Les membres de leur famille, demeurés dans la patrie, sont en butte à toutes sortes de vexations : enquêtes, surveillance, perquisitions, rien ne leur est épargné ; ils vivent dans une suspicion et une terreur continuelles et plusieurs paient de la prison et même de la mort le crime d'avoir fait passer aux émigrés des subsides ou des correspondances.

Ces violentes mesures ont pour résultat d'exaspérer la haine de ceux-ci contre la Révolution, qui leur enlève, à la fois, leurs autels et leur patrie, leur demeure et leur famille, leur situation et leur fortune. Outrés, désespérés, privés parfois du strict nécessaire, eux qui étaient habitués au luxe et à l'aisance, les gentilshommes se jettent alors, à l'envi, dans les rangs des armées coalisées contre la France révolutionnaire ; les uns par conviction, fidélité à leur Dieu et à leur Roi, dont ils prétendent ainsi servir la cause ; les autres, par esprit de caste, sans illusions sur les résultats de cette grande aventure politique, dont plusieurs prévoyaient dès le début les conséquences inutiles et désastreuses ; beaucoup, enfin, il faut l'avouer, dans le seul but de manger du pain, se trouvant à bout de ressources. Là encore ils manqueront souvent du nécessaire.

En 1792, il y avait trois corps d'émigrés, formant un total de 22.000 hommes qui prirent part à la campagne de Valmy. En 1793, ils combattirent, en Belgique et en Hollande, l'armée de Dumouriez. En 1794, ils passent à la solde de l'Angleterre. Elle fait supporter tout le poids de l'expédition de Quiberon à des régiments composés, presque en entier, des vaillants officiers de la marine française qui, il y a peu d'années, firent subir aux Anglais de honteux échecs dont ceux-ci se souviennent peut-être encore.

La défaite et les massacres de Quiberon, opérés en dépit de la capitulation qui promettait la vie sauve aux vaincus, ferment la période d'action militaire de l'émigration. Il ne reste plus à l'armée de Condé que 6.000 hommes. Le comte de Provence se réfugie à Véronne ; le comte d'Artois manque l'occasion qui lui est offerte de débarquer en Vendée, au milieu de la vaillante armée royaliste. La présence vainement désirée des Princes eût, peut-être, changé la face des événements, en consacrant l'ardeur chevaleresque des héros dont elle était composée. Cette troupe de paysans et de hobereaux bretons et vendéens, un peu indisciplinés par nature, avait des chefs dignes d'elle, héroïques comme elle, mais il manqua, à ces chefs et à ces soldats, de voir, marcher à leur tête, les princes de cette maison de France pour qui ils prodiguaient leur sang, dans une lutte désespérée, aux cris de « Dieu et le Roi ! ».

Après Quiberon la plupart des émigrés se dispersent en Allemagne et en Angleterre, où leur existence devient de plus en plus précaire. Le gouvernement anglais accorde aux plus nécessiteux une subvention d'un shelling par jour. Mais plusieurs, trop fiers pour accepter cette aumône de l'étranger, mouraient de froid et de faim, ou devenaient fous de misère et de désespoir. Chateaubriand nous a laissé, dans ses Mémoires d'Outre-Tombe, un tableau, aussi exact que navrant, de la détresse lamentable dans laquelle étaient tombés certains de ces malheureux. Lui-même y raconte la longueur des jours sans pain, la tristesse des mansardes sans feu, où il passa le temps de l'émigration.

Les émigrés pauvres faisaient généralement preuve d'un grand courage et d'une admirable énergie, utilisant, pour vivre, les talents qui leur servirent, en des temps meilleurs, à briller dans les derniers salons de l'aristocratie française, et qui devenaient l'unique gagne-pain de l'exilé.

Il y avait alors quatre mille prêtres réfugiés à Londres avec leurs évêques. Ces ecclésiastiques donnaient des leçons ou entraient, comme précepteurs, dans les familles, lien était de même des émigrés instruits, mais c'était le petit nombre.

Les femmes vendaient le travail de leurs mains : il devint de mode, à Londres, de payer fort cher les mille colifichets façonnées par ces nobles femmes de France.

Cependant, tandis que de pauvres gentilshommes supportaient courageusement toutes les conséquences de l'émigration, quelques autres, plus favorisés de la fortune, vivaient dans le luxe et l'abondance. Ceux-ci, formant une petite cour autour du prétendant, perfectionnaient leurs aptitudes de courtisans, faisaient et défaisaient les futurs ministères, et s'attribuaient, mutuellement, les plus brillantes situations dans l'Etat, pour le jour, qu'ils croyaient prochain, où la France, lasse enfin des excès de la Révolution, ouvrirait toutes ses portes à une restauration monarchique qui leur rendrait, à eux, les fidèles courtisans, leur situation à la cour, leurs privilèges et leurs anciennes splendeurs.

Quel contraste entre ces nobles de cour escomptant sans péril, au milieu des fêtes et de l'abondance, les faveurs d'une nouvelle monarchie et ces nobles de coeur, paysans vendéens et Bretons, sacrifiant généreusement leur vie sur les champs de bataille pour un principe et une conviction, sans aucune arrière-pensée de gloire, d'intérêt, ni de récompense, si ce n'est la satisfaction du devoir accompli !.

La Restauration ? on devait l'attendre longtemps. Quant aux privilèges, ils avaient disparu pour toujours.

Enfin vint le 18 brumaire. Bonaparte, désireux d'amener l'union par la fusion de tous les partis politiques, commença par ordonner de nombreuses radiations individuelles sur la fameuse « liste des émigrés ». Ceux qui étaient l'objet de cette faveur recouvraient le droit de rentrer en France sans être inquiétés.

Beaucoup de gentilshommes en profitèrent et sollicitèrent même cette radiation. Le 26 novembre 1802, Bonaparte retendit, d'une façon générale, à tous ceux qui n'avaient pas de raisons spéciales pour en être nominativement exclus. La majorité des émigrés rentrèrent alors en France et, vers la fin du règne de Napoléon Ier, beaucoup d'entre eux furent même pourvus de fonctions publiques, et de grades dans l'armée.

Cette amnistie, favorablement accueillie de la plupart des gentilshommes, ne fut guère repoussée que par ceux de l'entourage immédiat des Princes, bientôt ramenés en France, eux aussi, à la suite de Louis XVIII, lors de la Restauration de 1814.

Le Roi commença par faire aux ayants droit la restitution des biens confisqués, dits biens nationaux qui avaient échappé à la vente. C'est ainsi que beaucoup de nobles reprirent possession du domaine de leurs ancêtres. Le Concordat de 1801 avait réglé la question des biens ecclésiastiques, pour la plupart aliénés au profit de la nation, en fixant les émoluments du clergé français, acquittant ainsi, envers l'Eglise, une dette nationale, C'est donc bien à tort que les gouvernements qui se sont succédé depuis, ont voulu assimiler les prêtres à des fonctionnaires rétribués par l'Etat.

Charles X, à son tour, promulgua la loi du 27 mars 1825, affectant aux nobles, dépossédés par la Révolution, une indemnité de 30 millions de revenus, soit un capital de un milliard, placé à trois pour cent. Mais cette indemnité ne fut qu'une goutte d'eau dans un océan de détresse ! Nombreuses sont les familles qui ne se relevèrent jamais de la pauvreté dans laquelle les avaient jetées la Révolution et l'exil.

Beaucoup, du reste, revenant le coeur plein d'espoir et palpitant de joie, à la pensée de revoir les lieux témoins des jours heureux de leur enfance, ne retrouvaient plus que les ruines de leur château paternel !. Il avait été détruit par le feu et la main des hommes, quand celle du Temps n'y avait pu suffire.

D'autres encore, errant en étrangers aux alentours du toit qui leur fut si cher, n'osaient passer le seuil de leur ancienne demeure, dans la crainte d'y trouver installés en maîtres les intrus pour qui elle était peut-être le prix du sang !.

Combien de foyers aussi demeurèrent sans maîtres, de châteaux sans seigneurs !. La mort avait enseveli parfois, sur la terre étrangère, tous les membres émigrés d'une famille dont les plus proches parents arrosèrent de leur sang le sol ingrat d'une patrie à laquelle ils étaient demeurés fidèles......

Qui avait eu raison ? qui avait bien agi ? ceux qui étaient partis de France, ou ceux qui y étaient restés ?. Nous laissons à nos intelligents lecteurs le soin de résoudre à leur gré ce grave dilemme historique qui a fait couler des flots d'encre depuis plusieurs siècles, sous des plumes plus autorisées et plus compétentes que la nôtre (J. Baudry).

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