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LA FAMILLE COLLAS DU ROSLAN.

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La généalogie de la branche Collas du Roslan, qui porta le titre de Comte à partir du XVIIIème siècle, est établie par l'acte ci-après :

« L'an mil sept cent dix huit le vingt cinquiesme jour de juillet avant midy a personnellement comparu Messire François Collas, escuier, sieur de la Barre, chef de nom et d'armes, demeurant à sa maison et manoir de la Barre, paroisse de Saint-Potan, évesché de Saint-Brieuc, lequel certifie avoir entière et pleine connaissance que Messire François Collas, son père, vivant sieur de la Barre, a deslivré à autre escuier Yves-François Collas, sieur du Tertre Baron, une coppie de son arrest de noblesse et autres coppies de plusieurs partages faits entre leurs autheurs et parents communs, le reconnoissant, comme il fait encore par le présent, estre issu et descendu en ligne directe de la maison du Tertre Baron Collas, paroisse de Pléboulle, dit évesché de Saint-Bieruc, qu'il représente encore comme chef de nom et d'armes,

Et que Bertrand Collas, deuxiesme du nom, desnommé dans ledit arrest, estoit le père de Claude Collas, sieur de la Villeuras et du Tertre Baron, qui avoit espousé Madelaine de Kerret,

Et issu de leur mariage Perceval Collas, sieur du Tertre Baron, espoux de Françoise Martin,

Et issus de leur mariage Jacques et Jean Collas, sieur de la Villeuras,

Et ledit Jacques Collas espousa, en premières nopces, Guillemette Le Borgne, dont il eut Pierre Collas de Kergonneval, et, en secondes nopces, Anne Floch, de laquelle sont issus François Collas, sieur du Roslan et Yves-François Collas, sieur du Tertre Baron, père de Piere Collas, son fils aisné, aussy sieur du Tertre Baron, héritier principal et noble cy présent,

Et telle est la présente déclaration que ledit sieur de la Barre lui certifie véritable ;

Ce que nous notaires soubsignants des jurisdictions de Matignon et Largentaye avons rapporté pour valloir et servir audit sieur du Tertre Baron, ou estre et devra, soubs le seing dudit sieur de la Barre qu'il offre de repetter toutes fois et quand requis sera avec ceux de nous dits notaires ;

Ledit jour et an que dessus, ainsy signé François Collas avec parafe. L Bertelot notaire, J, Leguitard notaire de Matignon ;

Controllé à Matignon le vingt-cinquiesme juillet mil sept cent dix huit, par ledit Leguitard qui a marqué receu dix neuf sols huit deniers, les quatre sols pour livre y compris ;

Et plus bas est écrit : Nous soubsignant Sénéchal de Matignon subdélégué de Monseigneur l'Intendant certifions à tous ceux qu'il apartiendra que les seings desdits sieurs de la Barre Collas, Bertelot et Leguitard apposés cy dessus sont véritables, en foi de quoi avons signé le présent, et y mis le sceau de nos armes à valloir et servir ou estre et devra. A Matignon, le vingt cinq juillet mil sept cent dix huit après midy, signé : Claude-Jacques Morin, Sénéchal de Matignon et subdélégué avec son cachet à costé de son seing cire rouge.

— Je soubsigné certiffie la présente coppie conforme à l'original dont je suis saisi et deslivre la présente au sieur du Roslan Collas, demeurant en son manoir de Kerannou, paroisse de Châteauneuf du Faou pour s'en servir, ou estre, et devra. En foi de quoi je signe ce jour dix décembre mil sept cent vingt quatre par moi escuyer Pierre Collas, sieur du Tertre Baron, demeurant à présent au manoir de Rosbras paroisse de Riec.  Signé : Du Tertre Baron Collas ».

Armoiries des Collas du Roslan.

La suite de la généalogie de la branche Collas du Roslan est dressée au moyen des Registres des paroisses de Landelleau, de Châteauneuf-du-Faou et d'Argué-Armel.

I. François Collas, Seigneur du Roslan, mentionné dans l'acte ci-dessus et résidant au manoir de Lenzeac, paroisse de Landelleau, épousa :

1° par contrat du 8 juin 1685, Marguerite Martel, Dame de Rubeznou Breus et de Beaupré-le-Rest, qui lui apporta le manoir de Kerannou en la paroisse de Châteauneuf-du-Faou ;

2° par contrat du 30 janvier 1691, Marie-Marthe de l'Estang, Dame de Montmartin, née en 1648, demeurant au manoir de Guilly, paroisse de Lothey, morte le 30 septembre 1736.

Du second mariage sont issus :

1° Françoise-Hélène Collas du Roslan, née le 17 février 1695 ;

2° François Collas, qui suit.

II. François Collas, Comte du Roslan, né le 7 juillet 1696, au château du Kerannou, paroisse de Châteauneuf-du-Faou, épousa Marie-Anne de Kerret, née en 1700, morte le 5 mai 1740.

De ce mariage sont issus :

1° Nicolas Collas du Roslan, né le 5 mars 1726 ;

2° Marie-Louise Collas du Roslan, née le 7 septembre 1730, Supérieure des dames de la Communauté du Petit couvent de Brest, morte le 14 novembre 1807 ;

3° Joseph-Marie qui suit.

III. Joseph-Marie Collas, Comte du Roslan, né le 13 mai 1734, au château de Kerannou, attend sa vingt-troisième année pour choisir une carrière.

Le 17 avril 1757 François-Marie Peirenc de Moras, Marquis de Saint-Priest, Secrétaire d'Etat de la Marine, annonce au « Chevalier du Roslan qu'il est employé sur la liste des Gentilhommes destinés pour servir en qualité de Garde de la Marine au département de Brest ». Le 27 novembre 1765, le Duc de Choiseul lui délivre un brevet d'Enseigne de vaisseau. Le 25 octobre 1769, François-Julien du Dresnay, Gouverneur des îles de France et de Bourbon, lui prescrit de s'embarquer sur la corvette l'Heure du Berger, commandée par M. du Couëdic. Après le départ de ce dernier, le 14 décembre 1770, il prend le commandement en chef et se rend aux îles Seychelles pour accomplir une importante mission dont les résultats ont été exposés dans un mémoire de M. d'Après de Mannevillette, Inspecteur général et Garde du dépôt des cartes, destiné à être placé sous les yeux du Roi, et dans un rapport de l'Académie royale de Marine de Brest, en date du 28 juillet 1772.

Il ressort de ces documents que le Chevalier du Roslan a découvert et nommé plusieurs îles, exploré la côte Nord de Madagascar, dont il a rectifié la carte, et qu'enfin il a trouvé un moyen inconnu jusqu'alors de se rendre de l'île de France à la côte de Coromandel et à Pondichéry en abrégeant la route de 300 lieues (Annexe VI).

Au début de sa mission, il reçoit du Duc de Praslin un brevet, daté du 1er janvier 1770, par lequel le Roi lui confère la charge de Lieutenant en second de l'une des compagnies d'Apprentis canonniers établies à Brest.

Rentré à l'île de France le 31 mars 1771, il n'a que trois mois pour réparer ses avaries et il repart, le 3 juillet suivant, pour se rendre à Fort-Dauphin de Madagascar où il doit accomplir une nouvelle mission d'exploration.

Le 1er janvier 1775, M. de Sartine, secrétaire d'État de la Marine, lui délivre un brevet, par lequel le Roi le nomme Sous-Aide-Major de ses Armées navales du Port et du Corps royal d'infanterie de la Marine de la division de Brest.

Le 20 juin 1778, le Chevalier de Dampierre commandant l'escadre en station aux îles Sous le Vent autorise le Chevalier du Roslan, Lieutenant de vaisseau armé sur la frégate l'Amphitrite, à rentrer en France. Quatre mois après, le 31 octobre, il est nommé Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

Le 1er avril 1779, il est promu Aide-Major, et, le 10 mai suivant, le Marquis de la Prévalaye, commandant la Marine au port de Brest lui ordonne de s'embarquer sur le vaisseau la Couronne portant le pavillon de l'Amiral La Touche-Tréville et commandé par le Capitaine du Breil de Rays.

Le Lieutenant-Général d'Orvilliers dirigeant les flottes combinées de la France et de l'Espagne vient d'être chargé d'assurer d'abord la liberté de la Manche, puis, lorsqu'il aura reçu les troupes venant de Saint-Malo et du Havre sous l'escorte de La Touche-Tréville, d'opérer un débarquement à Plymouth. Malheureusement une épidémie de scorbut dévaste les vaisseaux, et, le 20 septembre 1779, nos escadres rentrent à Brest sans avoir pu exécuter les ordres envoyés de Versailles.

En 1780, la Couronne porte le pavillon du Lieutenant-Général de Guichen et a pour commandant le capitaine Buor de la Chenalière.

L'escadre de Guichen composée de vingt-deux vaisseaux et de quatre frégates est dirigée sur les Antilles pour combattre les forces anglaises commandées par Rodeney et Parker. Elle engage la bataille, le 17 avril, à l'ouest de la Dominique. La nuit vient sans que l'un des deux adversaires ait été entamé sérieusement. La Couronne s'est battue avec acharnement et a failli prendre à l'abordage le Sandwich portant le pavillon de l'Amiral Rodney. Après deux nouveaux engagements, qui ont lieu le 15 et le 19 mai, et qui nous sont favorables, de Guichen est rappelé en Europe pour renforcer les escadres françaises et espagnoles réunies à Cadix en vue d'une opération contre Gibraltar. Mais ses vaisseaux, fatigués par une longue navigation, sont en si mauvais état que le Roi l'autorise à rentrer à Brest, où il débarque le 3 janvier 1781.

La Couronne étant désarmée, Collas du Roslan reçoit, le 15 décembre 1781, un brevet par lequel il obtient le commandement de la frégate l'Andromaque.

En avril 1782, il est chargé d'escorter un important convoi dirigé de Rochefort sur Brest, et le 4 mai suivant, le Marquis de Castries lui témoigne ainsi sa satisfaction.

« M. le Comte d'Hector m'a rendu compte de votre retour à Brest et de vos soins pour ramener dans ce port les bâtiments qui avaient relâché avec vous à l'Isle de Batz, et M. de Soulanges ne m'a pas laissé ignorer combien il avait été content de vos manoeuvres lors de la rencontre de l'escadre anglaise le 20 avril. Je suis persuadé que vous continuerez à donner des preuves de votre zèle et de votre intelligence. Je serai fort aise de mettre sous les yeux du Roi les témoignages avantageux qui me seront donnés sur votre conduite et d'obtenir de Sa Majesté les grâces dont vous serez susceptible ».

Le 23 juin 1782, le Comte de la Motte-Picquet lui adresse des instructions au sujet des préparatifs à faire pour la réception de M. le Comte et de Mme la Comtesse du Nord.

Le 26 juin de la même année, le Comte d'Hector, chef d'escadre des armées navales, lui prescrit d'escorter, avec l'Andromaque, la frégate la Tourterelle et le brick le Tartare, un convoi important mouillé dans la rade de Brest pour le conduire à l'île d'Aix. Cette mission est entravée par une attaque des Anglais et par une violente tempête. Il parvient néanmoins à conduire le convoi à destination sans autre perte que celle d'un navire. Sa conduite dans la circonstance lui vaut les félicitations du Secrétaire d'Etat de la Marine.

Le 18 septembre 1782, le Marquis de Cartries lui annonce que la Roi l'a compris dans la promotion de Capitaines de vaisseaux qui vient d'être faite.

Le 18 octobre suivant, il reçoit l'ordre de croiser avec la frégate l'Andromaque et la corvette l'Alligator dans les eaux de Belle-Ile pour rechercher une frégate anglaise qui s'est emparée de plusieurs navires de commerce.

Le 23 novembre 1782, le Marquis de Castries lui écrit que le Roi voulant lui donner un témoignage de sa confiance, lui confie le commandement du vaisseau le Sagittaire en armement à Brest. Mais il meurt presque subitement, le 8 décembre 1782, à Rochefort, sans avoir pu se rendre à son nouveau poste. En récompense de ses services le Roi accorde, le 8 mai 1783, six cents livres de pension à sa veuve et trois cents livres à chacune de ses trois filles.

Joseph-Marie Collas du Roslan avait épousé à Ergué-Armel, le 11 février 1779, Marie-Adélaïde-Domitille de Clavel, née le 6 Juillet 1757, fille de François-André de Clavel, Lieutenant des vaisseaux du Roi, Chevalier de Saint-Louis, et de Jeanne des Loges. Elle était cousine germaine d'Aglaë de Clavel, femme de Joseph Périer, frère du célèbre Ministre de Louis-Philippe. Elle mourut à Brest le 10 juillet 1792, ayant eu trois enfants :

1° Joséphine-Marie Collas du Roslan, née le 27 mars 1781, morte le 9 mars 1801, mariée, par contrat du 7 juillet 1799, à Louis-Anne-Marie de l'Estang du Rusquec ;

2° Antoinette-Henriette-Marie Collas du Roslan, née le 12 octobre 1782 et morte en bas âge ;

3° Sophie-Marie-Louise Collas du Roslan dont l'extrait de baptême est ainsi rédigé :

« Sophie-Marie-Louise, fille légitime de Messire Joseph-Marie Collas du Roslan, Lieutenant des vaisseaux du roi, Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de dame Marie-Adelayde-Domitille de Clavel son épouse, née au château de Kergonan en cette paroisse le vingt-huit octobre mil sept cent soixante-dix-neuf, a été solennellement baptisée par le soussigné dans la chapelle du même château, par permission de Sa Grandeur Monseigneur l'évêque de Quimper, le trente et un du susdit mois. Parrain et marraine ont été Messire Louis-Jean-Marie, Chef de nom et d'armes de Kerret, Juveigneur des anciens Princes et Comtes de Léon, Chevalier et Seigneur de Quillien et autres lieux, et dame Marie-Jeanne des Loges, veuve d'Ecuyer François de Clavel, Lieutenant des vaisseaux du roi, Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, qui avec le père présent signent : des Loges Clavel, de Kerret Quillien, Agathe-Marie des Loges de Kerouvel, Fr. Laënnec, médecin ordinaire du Roi et de la Marine, Le Boscond de Coatpont, Collas du Roslan, etc... ».

Sophie-Marie-Louise Collas du Roslan épousa, le 13 juin l802, Jean-Sébastien Goury, né le 4 juillet 1776, fils de Louis-Joachim Goury, Seigneur des Tuilleries, Ecuyer, Conseiller du Roi, et d'Anne-Marie de Mascle, Commandeur de la Légion d'honneur, Inspecteur divisionnaire des Ponts et Chaussées et Député du Finistère sous la Monarchie de Juillet.

A la mort de Sophie-Marie-Louise Goury, survenue le 10 mars 1840, la dernière descendante de la famille Collas du Roslan disparaissait. Son fils Célian-Louis-Anne-Marie Goury, né le 30 juillet 1811, Ministre plénipotentiaire, Grand officier de la Légion d'honneur, créé Baron par Ordonnance royale de 1846, fut autorisé à relever le nom de sa mère, à s'appeler Goury du Roslan et à accoler à ses armes celles de la famille Collas du Roslan.

Famille Collas du Roslan.

 

ANNEXE VI.

EXTRAIT DU MÉMOIRE RÉDIGÉ LE 18 JANVIER 1777 PAR M. D'APRÈS DE MANNEVILLETTE SUR LES DÉCOUVERTES FAITES PAR M. LE CHEVALIER DE ROSLAN.

J'ai traité en particulier dans le Neptune Oriental des recherches et des découvertes qui ont été faites à diverses époques dans l'archipel du nord-est de Madagascar, cette question étant très importante pour le progrès et la sécurité de la navigation des Indes. Aussitôt que je fus informé du voyage de MM. du Roslan et d'Hercé, je m'empressai de demander à l'Académie de Marine de Brest communication du Journal rédigé par le premier de ces officiers ainsi que des cartes qu'il avait dressées.

Pour bien apprécier l'objet de la mission confiée à MM. du Roslan et d'Hercé, il faut observer que les vaisseaux se rendant de l'Ile de France à la côte de Caromandel et à Pondichéry étaient obligés, pendant la mauvaise saison, de faire un détour considérable. Après avoir pris connaissance du cap d'Ambre, ils couraient jusqu'au 75° de longitude, puis coupaient la ligne par 85° et de là gagnaient leur lieu de destination.

Le seul moyen d'éviter un pareil détour consistait, en quittant l'Ile de France, à se diriger vers le Nord, pour atteindre, aux environs de la ligne, cette espèce de région Deutre qui sépare les vents de sud-est ou généraux des vents de nord-est ou alizés, région où règnent des vents variables permettant de naviguer d'une manière normale. Deux motifs s'opposaient à ce que l'on suivît cette route : 1° l'existence, au nord de l'Ile de France, d'un archipel d'îles et de récifs très peu connus et, par conséquent, très dangereux pour la navigation ; 2° l'incertitude de trouver des vents d'ouest assez frais et assez fréquents pour courir à l'Es t; et par suite, le risque de perdre par la lenteur de la traversée le bénéfice de la réduction du parcours.

Au mois de décembre 1770, MM. Le Chevalier des Roches et Poivre prescrivirent d'armer les deux corvettes l'Heure du Berger et l'Etoile du Matin, qui devaient se rendre aux Seychelles, reconnaître avec grand soin les îles connues sous le nom commun d'Amirantes et s'assurer, en parcourant les parallèles de 4° 30' pendant la mauvaise saison, de la fréquence et de la force des vents d'ouest.

La direction de cette expédition fut confiée à M. le Chevalier du Roslan, qui commandait l'Heure du Berger et qui fut secondé par M. le Chevalier d'Hercé embarqué sur l'Étoile du Matin.

Les deux jeunes officiers quittèrent l'Ile de France le 27 décembre 1770 et se dirigèrent vers la partie ouest du banc des îles de Mahé, qui n'était pas encore déterminée.

Le 8 janvier 1771, M. du Roslan découvrit une petite île dont il releva la latitude. Il fit voile ensuite vers le Nord et, le 9, il aperçut une seconde île qu'il appela l'île du Berger. Il donna l'ordre à la corvette l'Étoile du Matin de rallier et, le 11, accompagné de M. d'Hercé, il débarqua. Sa première constatation fut que, vers le milieu, il y avait une coupée ou séparation, qui de loin pouvait faire croire à l'existence de deux îles. Mais il s'agissait d'un banc de corail, découvert à la marée basse et qui établissait des communications faciles entre les deux parties de l'île. Le sol formé de corail dur était recouvert de sable et de terre. La végétation se composait de cocotiers d'une petite espèce et de grands arbres dont le bois était spongieux. Bien qu'il n'y eût pas trace d'eau douce, on rencontrait quelques tourterelles et des poules bleues.

L'île était entourée d'un récif s'étendant à un quart de lieue au large, mais dans le nord il existait un passage, qui permettait d'aborder facilement et de gagner une chaussée que la nature semblait avoir placée là pour la commodité des visiteurs.

Le récif était couvert de tortues de mer ; et les requins ainsi que les poissons de toute nature abondaient dans les eaux qui le baignaient.

M. du Roslan appareilla le 12 et, à onze heures du matin, il vit une troisième île, qu'on appela l'île de l'Étoile et au milieu de laquelle surgissaient deux grandes roches noires entourées de broussailles. A six heures du soir, il aperçut une quatrième île, qui, à la différence de la précédente, était très boisée. Ces deux îles ne furent pas visitées, et les corvettes continuèrent leur route. Le 14, apparut une cinquième île, qui fut appelée l'île des Noufs.

La navigation était rendue très difficile par les changements de fond, les matelots étaient tenus d'opérer des sondages continuels, et la Providence divine a seule pu écarter l'éventualité d'un échouage.

Comme toutes les îles ci-dessus indiquées ont été relevées l'une par l'autre, on peut avoir une confiance absolue dans l'exactitude des cartes dressées par M. du Roslan. Il est vrai que la latitude de ces îles diffère beaucoup de celle que les anciennes cartes donnaient aux Amirantes. Mais cette différence provient de l'insuffisance des instruments dont les navigateurs s'étaient servis autrefois pour les relever.

Après avoir exploré les Amirantes, les deux corvettes prirent la route du Nord-Ouest jusque vers le 5° 12' de latitude, puis coururent vers l'Est. Le 22 janvier, à 5 heures du matin, elles furent en vue du banc qui environne les îles Mahé ou Seychelles. Elles restèrent au mouillage jusqu'au 7 février. Les commandants en profitèrent pour visiter l'île Silhouette, qui était à peu près inconnue. De là ils se rendirent, le 9 février, à l'Ile Praslin et ils employèrent huit jours à étudier cette île ainsi que les îles voisines. Le 17, ils appareillèrent de nouveau et firent route vers le Nord-Est pour se mettre par le parallèle des îles les Trois Frères et les Sept Frères, dont ils voulaient déterminer la position exacte. Mais les vents les empêchèrent de se maintenir par ce parallèle et firent surtout dériver l'Étoile du Matin. Comme M. du Roslan avait ordre de rentrer à l'Ile de France avant la fin de mars, il lui était impossible de perdre du temps à louvoyer. Il se décida alors à suivre le parallèle de 4°30' jusque par le 66° de latitude ; ce qui donnait une solution au principal problème que l'expédition avait à résoudre.

Le 2 mars, à 11 heures du soir, grâce à un clair de lune, la terre fut signalée à une lieue et demie de distance. Les deux corvettes manoeuvrèrent de manière à ne pas s'éloigner pendant la nuit, et dès que le jour apparut, elles accostèrent. M. du Roslan découvrit alors trois îles bordées d'une large ceinture de rochers et couvertes de cocotiers très hauts et d'arbres d'autres espèces. Il crut qu'il se trouvait en présence des îles de Pedro-Banhos.

Le 4 mars, il fit route au Sud-Est pour s'approcher de l'île Pedro Garcia, dont M. l'abbé Rocher avait autrefois donné la longitude. De cette manière il put déterminer la longitude des trois îles vues le 2 mars, et qui étaient, non pas les Pedro Banhos, mais les Trois Frères.

La durée de l'expédition étant sur le point d'expirer, les corvettes levèrent l'ancre et, le 31 mars, elles mouillèrent au Port Louis de l'Ile de France.

M. le Chevalier du Roslan rendit compte à MM. Des Roches et Poivre du résultat de sa navigation, et ceux-ci estimèrent qu'il avait complètement rempli l'objet de sa mission, puisqu'il avait exploré à fond les Amirantes et qu'il avait démontré la possibilité de se rendre de l'Ile de France à Pondichéry en abrégeant de trois cents lieues la route suivie jusqu'alors. En effet, en parcourant le parallèle de 4°30' il trouva des vents d'ouest avec lesquels il fit roule jusque par 66°30' de longitude. La question posée se trouvait résolue. Car la possibilité de se rendre depuis le 66°30' jusqu'à la côte de Coromandel avait été déjà prouvée par M. le Chevalier Grenier, qui avait fait le voyage avec M. le Chevalier du Roslan comme second.

Le rapport présenté, le 28 juillet 1772, à l'Académie Royale de Marine de Brest par MM. De Marguery et de Saulx Rosnevel est des plus élogieux. Il signale l'importance des découvertes de M. le Chevalier du Roslan pour la navigation des navires qui vont de l'Ile de France à Pondichéry. Car, au lieu d'aller reconnaître, comme ils le faisaient jusqu'alors, le cap d'Ambre, ils pourront maintenant aller prendre connaissance de la partie ouest du banc des Seychelles ou même de l'une des Amirantes, qui bien déterminées ne peuvent plus leur faire courir aucun danger, et de là se rendre à destination en abrégeant la route de trois cents lieues.

M. du Roslan fut ultérieurement envoyé en exploration dans la partie nord de Madagascar ; il visita diverses îles, leva les plans d'un grand nombre de baies et de ports et fit des observations astronomiques. Ses travaux m'ont été d'une grande utilité pour la rédaction de mon Neptune Oriental.

En résumé, on peut classer M. le Chevalier du Roslan parmi les Officiers de marine qui ont le plus contribué aux progrès de la navigation dans les mers de l'Ile de France et de Madagascar. L'expérience a démontré l'exactitude de ses recherches. Car aujourd'hui de nombreux vaisseaux allant de nos possessions dans ces mers aux Indes passent par la route qu'il a ouverte.

 

LETTRE ADRESSÉE LE 5 NOVEMBRE 1771 A M. LE SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE LA MARINE PAR M. DU DRESNAY, CHEVALIER, SEIGNEUR DES ROCHES, GOUVERNEUR-LIEUTENANT-GÉNÉRAL, COMMANDANT POUR LE ROI AUX ILES DE FRANCE ET DE BOURBON :

Monseigneur,
Le Chevalier du Roslan, Enseigne de vaisseau, demande à retourner en Europe, et je n'ai pas pu le lui refuser, vu qu'il y aura cinq ans révolus au mois de février prochain qu'il est embarqué. Cela est d'ailleurs conforme aux ordres que j'ai reçus en 1768.

Je le regrette beaucoup, Monseigneur, parce que c'est un officier sage, laborieux et éclairé. Depuis qu'il est dans la colonie il a retiré des suffrages avantageux des différents commandants sous les ordres desquels il a servi.

Employé ensuite lui-même au commandement de la corvette l'Heure du Berger, il a rempli avec distinction toutes les missions dont il a été chargé ; mais il a particulièrement rendu de grands services dans la dernière campagne où il a visité de nouveau l'archipel du Nord qu'il avait déjà parcouru en partie avec le Chevalier Grenier. Il a complété et confirmé les découvertes de ce dernier, et il nous affermi dans ses principes et dans ses opinions par les nouvelles expériences qu'il a faites.

Il a lui-même constaté des positions qui jusqu'ici étaient mal connues, et cela d'une manière non équivoque. Il m'a remis tous ses plans et ses mémoires, auxquels j'ai cru devoir les plus grands applaudissements.

Je lui laisse, Monseigneur, la satisfaction de vous rendre lui-même le premier hommage de ses travaux. J'en ai cependant donné copie à M. de Kerguelen et pour l'éclairer dans la même campagne qu'il fait maintenant et pour le mettre à portée d'y ajouter encore des connaissances.

Je crois pouvoir vous assurer que les Chevaliers Grenier et du Roslan sont les deux officiers qui peuvent être le plus utilement employés à cette partie qu'ils ont pratiquée avec des succès très heureux et qu'ils se sont, à bien dire, rendue familière.

Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur. Signé : LE CHEVALIER DES ROCHES.

 

VOYAGE DE M. DE KERGUELEN-TRÉMAREC.

M. de Kerguelen, parti de Lorient le 1er mai 1771, arriva à l'île de France le 20 mai suivant. Le vaisseau Le Berrier qu'il commandait étant peu propre aux explorations, il obtint de M. le Chevalier des Roches, gouverneur de la colonie, qu'on y substituât les flûtes la Fortune et le Gros Ventre. Il appareilla le 13 septembre, se dirigea au nord pour gagner l'archipel des Seychelles, prolongea jusqu'à l'île Ceylan et revint à l'île de France, le 8 décembre 1771, avec la conviction que la route ouverte par MM. Grenier et du Roslan était non seulement praticable mais encore préférable à celle suivie jusque là. Il conclut formellement à l'adoption de cette route dans un Mémoire qui fut lu à l'Académie royale de la Marine le 9 juillet 1772. Il rend hommage aux deux officiers MM. Grenier et du Roslan qui l'ont découverte et déclare que le système de ces officiers et les soins qu'ils se sont donnés pour éclaircir les mers de l'Inde méritent de grands éloges, prouvent un zèle ardent, des vues étendues et des talents infinis. (J. DE MONTMARTIN).

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