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LES URSULINES DU FAOUET

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FONDATION

Les Chroniques des Ursulines donnent de précieuses indications sur cette fondation, tome I, page 441.

La chapelle des Ursulines au Faouët (Morbihan).

« En 1658, Monsieur (Sébastien du Fresnay, seigneur) de Coetcodu, baron du Faouet, conseiller au parlement de Rennes, fonda un monastère d'Ursulines en la ville du Faouet, diocèse de Cornouaille. Il obtint à ce sujet, quatre professes de Rennes, qui amenèrent cinq postulantes, et entrèrent dans la ville le 3ème de mars, y estant receues par le recteur de la paroisse, de la part de Mgr l'évesque, qui estoit lors malade.

M. de Coetcodu, père du fondateur, leur fit compliment au nom de la noblesse, la justice y estoit en corps, et tous les ecclésiastiques en surplis. Les civilitez faites de part et d'autre, on conduisit processionnellement les religieuses, en chantant le Veni Creator, jusques dans l'église, ou, après le Te Deum, le recteur fit une très belle exhortation ; puis la fondatrice et d'autres dames les menèrent au logis qui leur estoit préparé, en attendant que leur maison de closture fust meublée et appropriée, ce qui se fit en peu de semaines.

Le second dimanche après l'asques (5 mai), quatre paroisses des lieux circonvoisins, et dépendantes au temporel du seigneur fondateur, accompagnèrent les religieuses à l'église de la ville et de là en leur maison, avec beaucoup de solemnité ; on portoit le Saint-Sacrement, qui fut posé dans la nouvelle chapelle des Ursulines, où l'on célébra ensuite la sainte messe. Puis M. le fondateur, qui les avoit nourries et défrayées depuis leur sortie de Rennes jusqu'à ce jour, donna à disner aux gentilshommes et aux ecclésiastiques, pendant que Mme la fondatrice traita les religieuses et disna avec elles.

L'assistance qu'elles ont receue de toute cette noble famille est très considérable, et tout l'ordre de Ste Ursule en doit avoir de la reconnoissance.

Les Ursulines, disent les Annales, I. 537, furent d'abord logées dans une maison située à l'entrée de la rue de Poher, sur la route de Plouay. Cette maison, qui n'a qu'un rez de chaussée et un seul étage, s'appelle encore le Vieux-Couvent, et l'on s'explique à peine comment une communauté, composée d'abord de neuf personnes, et qui dut se recruter progressivement, a pu tenir un pensionnat et des classes externes dans une demeure si restreinte. Il est certain cependant que les Ursulines ont habité cette maison pendant plus de vingt ans, car la date des premières constructions du nouveau couvent est de 1679.

C'est en cette année que fut terminé le principal corps de logis, sur la route du Faouet à Quimperlé. Successivement furent bâtis les parloirs, avec le logement de l'aumônier au dessus, la chapelle qui est grande et d'une belle architecture, et enfin en 1697 le chœur avec les cellules des religieuses. Elles n'avaient point encore de murs de clôture ; ce n'est que quelques années avant la Révolution que la communauté, dotée d'un vaste enclos, fut vraiment cloîtrée et maîtresse chez elle ».

Le nouvel établissement fut confirmé par lettres patentes du roi de l'année 1681, enregistrées à la Chambre des Comptes le 16 juillet 1683.

Bien qu'il n'eut reçu du fondateur aucune rente en grains ou en argent, il se suffit à lui-même, grâce aux dots fournies par les religieuses et aux légères rétributions payées par les enfants.

L'économie qui régnait dans la maison permit, non seulement de payer la construction des édifices, mais encore d'acquérir au dehors plusieurs immeubles. Cependant la plupart des biens, situés au loin, vinrent à la communauté comme dot de plusieurs religieuses.

Plan du couvent des Ursulines du Faouët (Bretagne).

Voici quel était l'état des biens, meubles et immeubles, suivant une déclaration fournie le 4 février 1790 par la supérieure, sœur Marie-Madeleine.

I. Immeubles.
« La maison conventuelle, le jardin et l’enclos … 1.600 livres.
La métairie de Penfel, en la paroisse du Faouet … 276 l.
Une maison près de notre église, affermée … 78 l.
Une maison, deux parcs et deux prés, affermés … 37 l.
Une tenue à Kermesse, en Crozon, rapportant … 82 l. 10.
Une tenue au Lézargon, en Argol, rapportant ... 48 l.
Une rente foncière en la paroisse de Coray .... 27 l.
Une tenue à Kerlai en la paroisse de Riec …12 l. 10.
Trois tenues en la paroisse de Tremeven … 119 l. 5.
Une tenue à Kerlouas, en Clohars, rapportant … 136 l. 16.
Une maison afféagée sur le quai de Quimperlé … 30 l.
Rentes constituées sur divers, par an … 468 l. 8.
Total = 2.917 l. 9.

II. Charges.
Entretien des immeubles et gages des domestiques .. 490 livres.
Honoraires du directeur de la maison …332 l.
Desserte de nos fondations .... 70 l. 10.
Rentes seigneuriales … 74 l. 13.
Décimes et capitation ..... 15 l.
Total = 972 l. 3.

III. Meubles.
A la sacristie : un soleil, un ciboire, deux calices, un encensoir, deux orseaux et un plateau, une grande patène pour la communion, six chapes, 18 chasubles, 10 dalmatiques et tuniques, 26 aubes, 46 amicts, 30 nappes, un drap mortuaire, un bénitier en cuivre, 16 chandeliers en bois, etc....

A la communauté : 32 lits de religieuses, 30 lits de pensionnaires, 8 lits de domestiques, 20 couverts d'argent, une cuillère à potage, 18 cuillères à café, 29 grandes armoires, 53 petites armoires ou buffets, 63 coffres, 467 draps, 98 douzaines de serviettes, 133 nappes, 107 chaises de paille, etc... et environ 300 volumes d'ouvrages de piété.

A l'écurie : trois chevaux, deux bœufs, onze vaches, deux charettes, et les outils pour travailler la terre.

Signé : Sœur Marie-Madeleine, supérieure. » (L. 787).

Au 14 novembre 1790, la communauté comprenait :

17 sœurs de chœur.
Constance-Vincente Morice, Marie-Madeleine, supér. 64 ans.
Marie-Mine Auffret, de Sainte-Séraphine, assistante, 66 ans.
Charlotte de Montlouis, Marie de Jésus, zélatrice, 68 ans.
Charlotte de Kerguèlen, de Sainte-Cécile, dépositaire, 51 ans.
Jacquette Le Masson, de Saint-Joseph, maîtr. des nov., 82 ans.
Agathe Tourté, Marie des Anges, sacristine, 61, ans.
Louise-Françoise Simon, de Sainte-Agathe, 86 ans.
Anne-Math. de Toulbodou, Aimée de Jésus, 78 ans.
Olive de Carné, de Saint-Michel, 69 ans.
Marie Le Dulte, de Sainte-Pélagie, 61 ans.
Jeanne-Emilie Duparc, de Sainte-Marie, 49 ans.
Josèphe Louvart, de Sainte-Anne, 44 ans.
Rose Bosquet, de Saint-Augustin, 40 ans.
Marie-Joseph Le Guernalec, de Sainte-Angèle, 47 ans.
Gillonne Houssin, Marie-Céleste, 40 ans.
Jeanne-Franç. Houssin, de Ste-Rose, 26 ans, morte en 1839.
Marie-Anne Cathelinai, de Sainte-Élisabeth, 32 ans.

7 sœurs converses.
Jeanne-Hélène Le Hénau, Sainte-Marthe, 66 ans.
Louise Corbel, dite Sainte-Barbe, 59 ans.
Jeanne-Rose Le Gleude, Sainte-Claire, 55 ans.
Françoise Le Gallo, de la Visitation, 54 ans.
Jeanne Le Gallo, Saint-Maurice, 51 ans.
Jeanne Traouen, Saint-Joachim, 41 ans.
Laurence Le Calvé, Sainte-Julie, 26 ans. (L. 780).

Toutes ces religieuses déclarèrent vouloir continuer la vie commune.

 

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REVOLUTION

Au moment de la Révolution, le Faouet avait été choisi comme chef-lieu de district. Les administrateurs composant le directoire du district étaient dans les idées avancées, et partisans de l'Église constitutionnelle.

Les Ursulines ne pouvaient pas leur plaire. Voici la lettre qu'ils écrivirent, le 12 janvier 1792, à leur sujet, aux administrateurs du département, à Vannes :

« Messieurs, par notre lettre et notre arrêté du 30 juillet 1791, nous vous avons instruits du refus des religieuses Ursulines du Faouet de se conformer à la loi du 15 avril dernier, qui exige d'elles le serment prescrit par les lois des 26 décembre 1790 et 22 mars 1791. Cette communauté est une pépinière d'aristocratie, dont le venin se répand dans plusieurs paroisses, et même sur quelques ecclésiastiques assermentés de notre ressort. Elles tâchent, guidées sans doute par le prêtre qui les dirige, de porter ces derniers à la rétractation, et emploient tous les moyens possibles pour y parvenir.

Nous vous prions, Messieurs, de nous délivrer de ces furieuses le plus tôt possible, ou de nous autoriser à leur faire sommation de sortir de leur communauté, et à les faire transférer dans une autre, si sous trois jours, à compter du jour de la sommation, elles n'ont point satisfait aux dispositions des lois susdatées. Les administrateurs composant le directoire du district du Faouet : Pénanéach. - Talhouarn, V. pr. - Talhouarn. ».

Voici la réponse des administrateurs du département :

« Vannes, le 16 janvier 1792.
Nous voyons avec peine, Messieurs, que les religieuses Ursulines du Faouet, ennemies déclarées de la Constitution, font de perfides efforts pour propager leurs principes dangereux, et nous vous seconderons en tout ce qui dépendra de nous pour les ramener à la soumission à la loi.

Mais nous ne pouvons être rigoureux envers ces filles fanatiques qu'autant que la loi nous y autorise ; or aucune de celles que vous citez ne les assujettit au serment, parce qu'elles ne sont pas comprises dans la classe des personnes employées dans le département de l'Instruction ; d'un autre côté aucun décret ne permet de les forcer de sortir de leur communauté et de les transférer dans une autre.

Avec le temps, lorsque les sujets ne seront pas en nombre pour former des maisons, il interviendra sans doute un décret qui enjoindra la réunion de plusieurs en une seule ; mais dans l'état il faut que vos religieuses subsistent dans leur couvent. Tout ce qu'on peut exiger d'elles c'est qu'elles nomment une supérieure et une économe dans la forme établie par la loi, et si elles refusent elles doivent être privées de tout traitement, parce que le paiement ne pouvant en être fait que sur la quittance de l'économe nommée en cette forme, toute autre quittance seroit vicieuse, et dans le cas d'être rejetée des comptes du receveur.

Voilà, Messieurs, tout ce que nous pouvons répondre à votre lettre du 12 ; nous eussions désiré pouvoir user de moyens plus efficaces, mais nous sommes enchaînés par la loi. Les administrateurs composant le directoire du département du Morbihan » (L. 787).

Mais bientôt une mesure générale fut prise, et les Ursulines du Faouet, comme les autres, durent quitter leur maison le 1er octobre 1792. On laissa seulement à chaque religieuse un lit, deux draps, un couvert et une somme de six livres.

Le reste du mobilier fut vendu à l'encan. Les biens fonds furent également adjugés au profit de la nation ; la maison conventuelle et le jardin ne furent vendus que le 17 décembre 1801 à J. Le Breton, pour la somme de 25.109 livres.

Les religieuses, dispersées par l'orage, se retirèrent dans leurs familles ou chez des amis. Plusieurs d'entre elles, avancées en âge, moururent pendant les troubles. Les autres, après le Concordat, ne pouvant reconstituer leur communauté du Faouet, finirent par entrer dans d'autres maisons, les unes à Quimper et à Quimperlé, les autres à Redon et à Ploërmel. Une seule religieuse, la sœur Jeanne-Françoise Houssin, dite de Sainte-Rose, eut la joie de voir sa communauté rétablie en 1836 ; elle y mourut en 1839, à l'âge d'environ 74 ans.

Ou avait perdu depuis longtemps l'espoir de voir renaître le couvent du Faouet, lorsqu'en 1836, des circonstances en apparence insignifiantes donnèrent à quelques Ursulines de Carhaix la pensée de restaurer cette maison.

« L'enclos et la maison du Faouet, disent les Annales des Ursulines (1857, l. I., p. 539), furent achetés au nom d'une postulante, et trois religieuses de Carhaix, la Mère Saint-Joseph, la Mère Angélique, et la sœur Saint-Yves en prirent possession le 10 octobre 1836. Leur confiance en Dieu était admirable, car il s'agissait de relever des ruines qu'elles avaient achetées 10.000 francs, et de payer un enclos qui leur coûtait 40.000 francs, et elles n'avaient rien.

Sachant qu'elles manquaient de tout, les personnes charitables de la ville et de la campagne s'empressèrent de leur porter des secours de toute nature. Dès le lendemain de leur arrivée, on vint leur offrir douze pensionnaires, douze demi-pensionnaires et une vingtaine d'externes. Plusieurs postulantes sollicitèrent le bonheur de partager leurs travaux. M. l'abbé Ollivier, alors vicaire au Faouet, fut leur directeur et leur ressource dans la détresse.

Les premières religieuses ne suffisant pas à la besogne demandèrent un renfort à la communauté de Ploërmel, et en obtinrent quatre professes, qui les aidèrent à établir une régularité parfaite.

Les dettes contractées à l'origine furent graduellement payées. Plus tard, un incendie, qui causa des pertes considérables, fut réparé par la générosité des communautés de l'ordre ».

Il va sans dire que l'établissement se fit autoriser par le gouvernement.

Au début du XXème siècle (vers 1907), la communauté du Faouët comprend une vingtaine de professes et quelques novices. L'internat varie de 30 à 40 élèves. Dans l'externat il y a deux classes payantes, qui réunissent une quarantaine d'enfants, et une classe gratuite, dont le chiffre varie de 50 à 70 enfants.

Jh.-M. Le Mené.

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