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CONNÉTABLES.

 

1241. HENRI, BARON D'AVAUGOUR, aurait été, suivant une ancienne romance, relative à la fondation du couvent des Cordeliers de Dinan, connétable de France à son retour de la terre sainte. Ce seigneur, que nous trouvons qualifié chevalier dans un titre de l'an 1233, après avoir fondé le couvent des Cordeliers de Dinan, y prit l'habit religieux avec plusieurs de ses compagnons d'armes. D. Morice, qui a inséré cette romance dans le premier volume des Preuves de son Histoire de Bretagne, ajoute qu'elle a été prise au couvent des Cordeliers de Dinan, autrement dit Notre-Dame-des-Vertus, où ces vers sont écrits sur une peau de vélin, écriture du XVIème siècle. Quoique ce document ne puisse tenir lieu d'un titre authentique, nous avons cru néanmoins devoir le rapporter, parce que les traditions sont toujours respectables, et offrent souvent un reflet de la vérité. Il serait possible que, pendant l'expédition d'Égypte, le roi eût choisi le sire d'Avaugour pour son connétable, sans que ce titre lui eût été confirmé. Au reste, le sire d'Avaugour n'accomplit son voeu que beaucoup plus tard que ne le fait supposer la romance, s'il est vrai, comme le rapporte D. Morice, qu'il ne se fit cordelier qu'en 1278.

L'an mil deux cent un et quarante

[Note : Cette date n'est pas exacte, car ce fut en 1248 que saint Louis partit avec son année pour l'Égypte].

Que Louis, le noble roy de France,

Passa la mer à grand nombre de gens

Dévotieux et de bonne créance.

 

Tous ensemble d'une bonne alliance

S'en partirent pleins du divin amour,

Avecques eulx connestable de France

Monsieur Henri, le baron d'Avaugour.

 

S'en allèrent par grande dévotion

Pour recouvrer la noble et sainte terre ;

Le connestable le baron d'Avaugour 

Y demeura deux ans pour la conquerre.

 

Les Sarrasins leur tirent rude guerre,

Tant qu'ils pensoient s'en aller tous mourir ;

Le connestable mit les genoux en terre,

Et commença à plorer et gémir.

 

Benoist Jesus qui voulustes mourir

Pour nous en croix, aïez de nous pitié ;

Contre ces chiens veuillez nous secourir,

Qui vos saints lieux ont ainsi prophanié.

 

Et mon Palais à Dinan situé

J'en ferai faire couvent à saint François,

Pour servir Dieu en hiver et esté,

Et lesseray mes chevaux et harnois.

 

Bientost après s'apparut saint François

Au connestable, disant qu'il gaigneroit

La bataille contre les chiens Turquois,

Et que pour lui Jésus-Christ il prieroit.

 

Le connestable au Roy s'en va tout droit,

En lui disant : Sire, prenez couraige,

Nous gaignerons, car nous avons bon droit,

Par saint François nous aurons l'avantaige.

 

De vous, Sire, je ne veux plus de gaiges,

Car le monde je veux abandonner,

Et servir Dieu, auquel à son ymaige

Il lui a pieu nous crayer et former.

 

De saint François l'habit s'est fait donner

Au bon Docteur, dit saint Bonaventure,

Dont saint Louis se mist à en pleurer,

Et la Noblesse en eust grande amertume.

 

Puis à Dinan par saint Bonaventure

Fust envoyé et bastit ce couvent

De dévotion et d'honneste mesure,

Où il vesquit et mourut saintement.

 

Plusieurs seigneurs de son très-noble sange

L'ont ensuivy en sa religion

En laquelle ont vescu saintement,

Dont en est grand mémoire et renom.

 

Entre les autres Chevaliers de grand nom,

Monsieur Geoffroy Boterel de Quintin,

Seigneur Hardouin Tournemine par raison,

Ont fait service à Dieu, soir et matin.

 

Prenons sur eux nostre exemple et patron

Et de bonne heure prenons les bons logeis,

Demandons tous à nostre Dieu pardon,

Heureux sera qui aura Paradis.

 

Nostre-Dame de Vertus appellée

Une ymaige icy fust envoyée

Par le Docteur dit saint Bonaventure,

Où des malades il est fait grande cure.

Dom Morice, dans la généalogie qu'il a donnée des comtes, rois et ducs de Bretagne, dit que Henri II du nom, comte de Goëllo, fut le premier qui prit le nom d'Avaugour ; qu'il se fit cordelier en 1278 et mourut en 1281. Il parvint sans doute à un âge fort avancé, car on le trouve qualifié chevalier dans un titre de l'an 1218. La maison d'Avaugour descendait d'Eudon, deuxième fils de Geoffroi II, duc de Bretagne, lequel Eudon mourut en 1079. La baronnie d'Avaugour était la première baronnie d'États de Bretagne.

 

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1370. BERTRAND DU GUESCLIN naquit en 1320 au château de la Motte-Broon. Il eut pour père Robert du Guesclin, et pour mère Jeanne de Mallemains, dame de Sens, en Normandie. De ce mariage sont issus quatre fils et six filles, à savoir : Bertrand, qui devint connétable de France et de Castille ; Olivier, connétable de Castille et comte de Longueville, après la mort de son frère, Guillaume ; Robert, Julienne, Agathe, Loyette, Jeanne, Colette et Clémence.

Sans nous arrêter aux diverses origines données à la maison du Guesclin, nous dirons qu'elle tenait un rang distingué parmi la noblesse de Bretagne et qu'elle avait pris part aux guerres saintes. C'est ce que nous apprend un accord passé en 1180 entre les moines de la Vieuville et Geoffroi du Guesclin. On y voit que ces religieux étaient devenus possesseurs de la terre de la Fresnaye, par suite d'une donation à eux faite par Florida, mère de Geoffroi du Guesclin, Gaufridi Waglif, et de Richard et Guillaume, ses frères, et aussi par la concession à eux octroyée par ledit Geoffroi, à son retour de Jérusalem, post reditum suum de Jerosolymis. Nous trouvons aussi dans les Preuves de Dom Morice, que Pierre et Bertrand du Guesclin sont qualifiés, le premier miles, et le second dominus, titre affecté aux seuls chevaliers, dans des chartes des années 1225, 1226 et 1247, qui nous apprennent qu'ils devaient chacun deux chevaliers d'ost au duc [Note : Le chevalier d'ost était un cavalier armé de toutes pièces. Quand on lit qu'un fief devait un certain nombre de chevaliers, il faut toujours entendre, par ces mots, des chevaliers d'ost. On les appelait ainsi , parce qu'ils portaient la même armure que les chevaliers, sauf les insignes chevaleresques].

Le sceau de Pierre du Guesclin, gravé dans les planches de Dom Morice, représente un écu palé d'argent et de gueules de 6 pièces, chargé de 16 losanges placés en fasces 6. 6 et 4 ; tandis que le connétable portait d'argent à l'aigle éployée de sable, becquée et membrée de gueules, à la cotice de même brochant. Ces différences d'armoiries ne doivent pas étonner, car leurs changements, même dans les familles les plus illustres, étaient fréquents en Bretagne, au XIVème siècle. Le nom de Geoffroi du Guesclin figure à la salle des Croisades, à Versailles ; mais il est probable que ses armes étaient plutôt celles de Pierre du Guesclin, que les armes du connétable qu'on lui a attribuées.

Après s'être distingué dans les tournois et dans les combats singuliers, Bertrand du Guesclin accrut sa renommée par les avantages qu'il remporta sur les Anglais dans une infinité de rencontres. Il fut armé chevalier, selon quelques auteurs, après le combat de Montmuran, par un chevalier nommé Elâtre du Marais ; d'autres ont cru qu'il avait reçu la chevalerie des mains de Charles de Blois, dont il avait embrassé le parti. Ce qui est certain, c'est qu'il est qualifié chevalier dans un sauf-conduit du roi d'Angleterre, daté de Westminster, du 4 février 1360, et dans des lettres du duc d'Alençon, du 21 juillet 1361.

Entré au service du roi Charles V, il gagna sur les Anglais et les Navarrais la bataille de Cocherel, en 1364, et reçut en récompense le comté de Longueville. La même année, il fut envoyé au secours de Charles de Blois, et fut fait prisonnier à la bataille d'Auray, par Chandos, auquel il paya 100.000 francs de l'époque pour sa rançon. En 1366, à la prière du roi Charles V, il se mit à la tête des grandes compagnies, renforcées par un grand nombre de gentilshommes bretons, et les conduisit au secours de D. Henri de Transtamare, qui disputait le trône à Pierre le Cruel. Le résultat de cette expédition ne fut pas heureux. D. Henri perdit la bataille de Navarette, qu'il avait livrée malgré le conseil de du Guesclin, qui y fut fait prisonnier. Après avoir payé sa rançon, il retourna, en 1367, en Espagne, défit D. Pedro à la bataille de Montiel, et établit D. Henri sur le trône de Castille. Ce prince, voulant reconnaître un si grand service, créa du Guesclin connétable de Castille, et lui fit don du duché de Molina et du comté de Soria. Il perdit ce comté d'une façon singulière. Ne se souciant pas de conserver des terres en Espagne, il avait proposé au roi de lui rendre Soria , à condition qu'il recevrait en échange le comte de Pembrok, riche seigneur anglais, qui avait été pris par les Espagnols, et dont la rançon avait été fixée à 120.000 francs. D. Henri accepta ; mais, l'échange fait, le comte de Pembrok vint à mourir avant d'avoir payé sa rançon, de sorte que du Guesclin la perdit ainsi que sa terre de Soria. Pendant qu'il était à Soria, le maréchal d'Andrehan arriva, lui apportant des lettres du roi, qui venait de le nommer connétable. Du Guesclin, après quelques hésitations, accepta et retourna en France. A partir de ce moment, il défit les Anglais partout où il les rencontra, les battit à Pontvalain et à Chisey en 1371, et contribua à leur enlever le Poitou, l'Auvergne, le Rouergue et le Limousin, avec diverses places en Normandie et en Bretagne. En 1380, ayant mis le siège devant Châteauneuf-de-Randon, dans le Gévaudan, il y tomba malade et mourut le 13 juillet, âgé de 66 ans. Il fut enterré à Saint-Denis , aux pieds du roi Charles V, qui mourut au mois de septembre de la même année. Depuis, le roi Charles VI lui fit faire des obsèques magnifiques au mois de mai de l'an 1389.

Le roi Charles V récompensa du Guesclin de ses services avec magnificence. Outre le comté de Longueville et celui de Pontorson, il lui avait encore fait don successivement des terres de Fontenay-le-Comte, de Montreuil-le-Bouin, du comté de Montfort-l'Amaury, des seigneuries de Saint-Sauveur, de la Roche-Tesson, etc.. Du Guesclin prend aussi dans quelques montres le titre de comte de Bourges, quoique cette ville fût l'apanage du duc de Berry ; peut-être ce prince lui en avait-il fait un don particulier, probablement seulement pendant sa vie.

Du Guesclin ne prenait en général, dans les montres d'hommes d'armes, que les titres de chevalier banneret, duc de Molines , connétable de France ; mais dans quelques autres il se qualifie en outre, comte de Longueville et de Bourges, et quelquefois comte de Sorie, sr. de la Roche-Tesson. Une de ces montres du 1er janvier 1370, nous fait connaître que sa compagnie d'hommes d'armes était composée de 4 chevaliers bannerets, de 51 chevaliers bacheliers et de 1.080 écuyers.

Les titres de très-noble et très-puissant prince Monseigneur Bertrand du Guesclin, connétable de France et comte de Monfort-l'Amaury, sont donnés à du Guesclin dans une quittance de Briant de Lannion, chevalier, qu'il avait institué son gouverneur dans le comté de Monfort-l'Amaury.

D'après un document découvert par M. de Fréminville, auteur d'une histoire de Bertrand du Guesclin, le connétable aurait été grand maître de l'ordre des Templiers. On trouvera dans l'ouvrage précité un fac-simile de cette pièce fort curieuse. Jusqu'à la révolution française, l'ordre des Templiers, qui avait été aboli par Philippe le Bel, continua à exister secrètement et à nommer des grands maîtres, tous choisis parmi les membres de la plus haute noblesse, entre lesquels nous citerons des comtes d'Armagnac, un seigneur de Croï, chevalier de la Toison d'or, l'amiral Chabot, comte de Brion, le maréchal de Saulx-Tavannes, le connétable Henri de Montmorency, les maréchaux de Grancey et de Durfort-Duras, Philippe d'Orléans, régent de France, le duc du Maine, Henri de Bourbon-Condé, Henri de Bourbon-Conti et le duc de Brissac, commandant de la garde de Louis XVI, en 1776 [Note : Il faut croire que l'attrait de la nouveauté et du mystère, ainsi que la bêtise humaine n'ont point de limites, quand on voit des rois, des empereurs et des princes faire partie de sociétés secrêtes dont le but certain est de les renverser, et exécuter leurs ordres, ainsi que cela est arrivé à Napoléon III, qui, par la crainte que lui inspiraient les frères et amis, a plongé la France dans un déluge de maux].

Du Guesclin ne laissa pas d'enfants de ses deux femmes, Tiphaine Raguenel et Jeanne de Laval. Il fut non-seulement le plus grand capitaine des temps féodaux, mais encore le modèle des chevaliers. Sa générosité était sans bornes ; plusieurs fois on le vit vendre ses terres pour en distribuer le prix à ses compagnons d'armes, et partager entre de malheureux gentilshommes prisonniers l'argent amassé pour sa rançon. En disant adieu aux vieux capitaines qui l'avaient suivi pendant quarante ans, il les priait de ne pas oublier ce qu'il leur avait dit mille fois : qu'en quelque pays qu'ils fissent la guerre, les gens d'Eglise, les femmes, les enfants et le pauvre peuple n'étaient pas leurs ennemis, et avaient droit à leur protection. Notre impartialité nous oblige cependant à citer ces paroles de d'Argentré : « Du Guesclin et Clisson, ces grands capitaines, étant pratiqués et venus au service du roi (comme nageant en plus grande eau), oublièrent tous les devoirs d'obéissance envers le duc, leur souverain seigneur, pour servir celuy duquel ils recevaient les états et bienfaits plus grands ».

La dernière branche de la maison du Guesclin a fini dans la personne de Françoise-Marie, mariée à Louis-Joachin Potier, duc de Gesvre, gouverneur de Paris, décapité en 1794.

 

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1380. OLIVIER DE CLISSON, qui succéda en 1380 à du Guesclin, dans la charge de connétable, était issu d'une des plus illustres maisons de Bretagne. Elle tirait son nom de la baronnie de Clisson, qui était une des terres à bannière de Bretagne. Le château de Clisson, brûlé pendant la Révolution, et dont les ruines font encore l'admiration des amateurs de l'architecture féodale, fut bâti, suivant la tradition, par un sire de Clisson, au retour de la croisade. Le plus ancien du nom de Clisson dont nous ayons connaissance, est Guy, mentionné dans l'acte de fondation du prieuré de Châteauceaux, en 1040. Nous trouvons ensuite Baldric, témoin dans une donation faite en 1074 à l'abbaye de Quimperlé par Berthe, veuve du duc Allain III ; Gaudin, cité dans une charte de Marmoutiers, en 1090 ; Guillaume, nommé dans une charte de Bernard de Machecoul, pour les religieux de Saint-Martin ; Haimeric, qui figure dans une charte de l'abbaye de Buzay, de 1152 ; Guillaume de Clisson, qualifié baron, ainsi que le sire de Raiz, dans une charte de 1205 ; ce Guillaume de Clisson et son fils, nominé aussi Guillaume, sont mentionnés parmi les chevaliers bannerets bretons qui furent convoqués à l'ost de Philippe-Auguste, et qui se trouvèrent à la bataille de Bouvines, en 1214 ; Monsieur Olivier, sire de Clisson, eut sa terre confisquée par le duc, en 1260. Son fils Olivier est qualifié valet dans un titre de 1265, et chevalier dans un autre de 1275. Olivier, fils du précédent, épousa en 1320 Jeanne de Belleville. De ce mariage naquit le connétable.

Le sire de Clisson, ayant été soupçonné, ainsi que plusieurs autres chevaliers bretons, d'avoir traité secrètement avec le roi d'Angleterre, fut arrêté avec eux à Paris, en 1344, au milieu d'un tournoi, par ordre de Philippe de Valois. De là on les conduisit aussitôt aux halles de Paris, où ils eurent la tête tranchée. Cette exécution barbare, et qu'on ne saurait trop flétrir, fut cause que le jeune Olivier embrassa le parti du comte de Montfort, qui, soutenu par les Anglais, disputait la possession du duché à Charles de Blois, neveu du roi de France. Aussi le voyons-nous, en 1359, muni d'un sauf-conduit du roi d'Angleterre, qui l'appelle fidelis et dilectus noster Oliverius de Clisson, passer en Bretagne avec une troupe d'hommes d'armes et d'archers. La même année, ce prince lui donna la capitainerie de Pymerc (Keymerch ou Kerimerch) en Bretagne, vacante par la mort de J. de Lacy, chevalier. En 1364, le sire de Clisson commanda à la bataille d'Auray le troisième corps de l'armée de Jean de Montfort, qui avait choisi Chandos pour généralissime. Le chevalier breton y fit des prodiges de valeur, éclaircissant les rangs à coups de hache, et quoiqu'il eût reçu dans sa visière un coup qui lui creva un oeil, il continua de combattre. La mort de Charles de Blois, tué dans ce combat, assura la possession de la Bretagne au comte de Montfort, qui en devint le souverain incontesté, par suite de deux traités passés, l'un avec la veuve de Charles de Blois, et l'autre avec le roi de France.

Quand le prince de Galles passa, en 1366, avec une armée en Espagne, pour rétablir sur le trône de Castille D. Pedro le Cruel, que du Guesclin en avait chassé, Clisson alla rejoindre l'armée anglaise et combattit dans ses rangs à la bataille de Navarette, où du Guesclin fut fait prisonnier. « Le captal de Buch et le sire de Clisson, rapporte Froissart, et leurs gens vinrent sur ceux de pied de la bataille du comte Dom Tille (Dom Tellez) et les occirent et meshaignèrent et firent grant esparsin ». Avec le sire de Clisson se trouvait aussi dans l'armée du prince de Galles un chevalier breton, le sire de Raiz, que Chandos avait fait prisonnier à la bataille d'Auray, et auquel il avait imposé pour rançon de le servir pendant un certain temps, à ses frais, arec trente lances.

De retour en France, Clisson se brouilla avec le duc à l'occasion de la seigneurie du Gâvre, qu'il lui demanda. Ce prince lui répondit qu'il avait disposé de cette terre en faveur de Jean Chandos, à qui il avait des obligations essentielles. Le Gâvre était à la bienséance de Clisson et dans le voisinage de son château de Blain. Ne pouvant obtenir ce manoir, il jura qu'il n'aurait jamais d'Anglais pour voisin, et alla y mettre le feu. Il ne se contenta pas de l'avoir brûlé, mais il en fit encore transporter les pierres à Blain, et s'en servit pour fortifier son château. La perte de Châteauceaux, que le roi donna au duc de Bretagne, indisposa encore Clisson contre le duc. Jusque-là il avait fait la guerre à la comtesse de Penthièvre, que la France avait toujours protégée. L'aversion qu'il venait de concevoir contre le duc et contre les Anglais, lui fit embrasser le parti de la comtesse. Il accepta sa lieutenance en Bretagne et la garde de toutes les places qu'elle y possédait. Ce changement le conduisit au service de la France, afin d'avoir occasion de nuire au duc et aux Anglais. Charles V, ravi d'avoir un si grand capitaine, l'admit dans ses conseils, lui rendit presque toutes les terres qui avaient été confisquées sur son père et lui donna la lieutenance générale de la Touraine, du Maine et de l'Anjou. A partir de ce moment, il devint le fidèle compagnon de du Guesclin, avec lequel il contracta un traité d'alliance en 1370.

Olivier de Clisson se trouva avec du Guesclin au combat de Pontvalain, aux siéges de la Roche-sur-Yon, de Brest, du château de Derval, devant lequel il fut dangereusement blessé, et le suivit dans beaucoup d'autres expéditions. Il figure avec les titres de chevalier banneret et de baron, dans un grand nombre de montres. L'une d'elles, du 1er mai 1370, nous apprend que sa compagnie d'hommes d'armes était composée du sire de Raiz, baron, de 33 chevaliers et de 200 écuyers.

A la mort de du Guesclin, qui arriva en 1380, le roi ne trouva personne plus digne de le remplacer dans la dignité de connétable que le sire de Clisson. L'année suivante, le duc de Bretagne fit un traité d'alliance avec le nouveau connétable par lettres données à Vannes, et dans lesquelles il l'appelle son très-cher et féal cousin, mais cette alliance ne fut pas de longue durée.

En 1382, le roi, profitant d'un instant de repos que lui donnaient les affaires d'Angleterre, envoya une armée en Flandre pour secourir le comte de Flandre, qui en avait été chassé par ses sujets révoltés. Clisson fut mis à la tête de cette armée dans laquelle se trouvaient un grand nombre de Bretons, parmi lesquels on distinguait les sires de Laval, de Rohan, de Rieux, de Combourg (J. de Malestroit), de Rochefort, de Beaumanoir, de la Bellière (J. Raguenel), de Tinténiac, Jean de Malestroit, Henri de Mauny, Maurice de Treziguidy, Tristan de Lescouët, Guy le Baveux, Nicole Paynel, Jean Chauderon et le sire de Matignon [Note : D'Argentré, qui donne les noms de ces seigneurs, a écrit par inadvertance, à moins que ce soit une faute de copiste : Maurice de Mauny et Henri de Treziguidy, pour Henri de Mauny et Maurice de Treziguidy]. Cette campagne eut une issue favorable ; les Flamands furent défaits au combat du pont de Comines, et à la bataille de Rosebecque, où leur chef, Arteweld, fut tué.

Clisson était devenu immensément riche, et ses deux femmes, Catherine de Laval et Marguerite de Rohan, lui avaient apporté de nombreux domaines. Il possédait les plus forts châteaux de la Bretagne, tels que Clisson, Josselin, Blain, Jugon ; il était comte de Porhoët, sr. de Belleville, et sa puissance était telle, qu'il put faire avec avantage la guerre à son souverain, qui, pour la terminer, fut obligé de lui envoyer au château de Josselin son fils en otage. Cet acte de confiance toucha tellement Clisson, que depuis ce moment, il resta invariablement attaché au duc, qui lui confia même la tutelle du jeune prince, qu'il eut l'honneur de créer chevalier en 1401, lors de son couronnement à Rennes.

De sa première femme, Catherine de Laval, il eut deux filles, Béatrix de Clisson, comtesse de Porhoët, qui épousa Alain VIII, vicomte de Rohan, et Marguerite, mariée en 1387 à Jean de Châtillon, dit de Bretagne, fils de Charles de Châtillon, comte de Blois, qui disputa le duché de Bretagne au comte de Montfort. Ce fut ce mariage, contracté sans l'assentiment du duc, qui mit le comble à la haine que ce prince portait à Clisson.

Dom Morice a donné dans ses Planches le sceau d'Olivier de Clisson à la date de 1407 ; il est de grande dimension et représente un chevalier armé de toutes pièces, vu à mi-corps et sortant d'une tour ; dans la main droite il tient une épée, et dans l'autre un bouclier, orné du lion couronné des Clisson. Le casque est surmonté d'une couronne ailée et fleurdelysée. Deux rubans, formant lambrequins, sortent du casque et portent ces mots : Pour ce qu'il me plaît. Pour légende, scel d'Olivier, sire de Clisson et de Belleville. La baronnie de Clisson fut confisquée par le duc Jean V. Elle fut donnée par ce prince à Richard de Bretagne, comte d'Etampes, et a été possédée ensuite par François d'Avaugour, comte de Vertus, fils naturel de François II, qui la transmit à ses descendants.

Il a existé en Bretagne une famille ancienne et distinguée, appelée Scliczon, qui, par suite de la ressemblance de son nom avec celui de Clisson, orthographié aussi Cliczon, a pris, vers le XVIème siècle, le nom et les armes de Clisson, en abandonnant les siennes, qui étaient d'azur au croissant d'argent, accompagné de 3 molettes de même. A cette famille appartenait Jean Scliczon, nommé, en 1492, par Charles VIII, président des Grands-Jours de Bretagne. Cette famille a été maintenue en 1669, sous le nom de Clisson, sur preuves remontant à Jean Scliczon, précité.

 

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1425. ARTHUR DE BRETAGNE, COMTE DE RICHEMONT, fils de Jean IV, duc de Bretagne, reçut l'ordre de chevalerie avec ses frères Gilles, et Richard, comte d'Étampes, des mains du duc Jean V, leur frère, lors de son entrée solennelle à Rennes, en 1401. Un compte de Hémon Raguier, trésorier du roi, de l'an 1414, nous apprend que le comte de Richemont était alors au service du roi, et qu'il recevait M livres par an, outre ses gages de chevalier-banneret. Il commandait, en 1415, un corps de troupe bretonnes à la bataille d'Azincourt, dans laquelle il fut fait prisonnier, et où périrent cinq à six cents chevaliers et écuyers bretons, que l'on trouva presque entièrement défigurés par les coups qu'ils avaient reçus. Le comte de Richemont fut conduit en Angleterre, où il resta jusqu'à l'an 1420, ainsi que nous le voyons par un sauf-conduit délivré, la même année, par le roi d'Angleterre, à quelques chevaliers bretons, pour traiter de son élargissement. Dans ce sauf-conduit le comte de Richemont est qualifié chevalier.

Au retour de sa captivité, il s'attacha au service du roi Charles VII, qui le créa connétable de France, le 7 mars 1424, et lui confirma le don du duché de Touraine, qu'il avait reçu du roi Charles VI. Le comte de Richemont remporta plusieurs avantages sur les Anglais, en Normandie et en Poitou, et gagna sur eux la bataille de Patay, en 1429. Il réduisit, en 1437, la ville de Paris sous l'obéissance du roi, et l'accompagna lorsqu'il y fit son entrée solennelle. Il prit sur les Anglais les villes de Meaux, de Bayeux, de Briquebec, de Valognes, de Caen, de Cherbourg, et les défit à la bataille de Formigny, en 1450. Après la mort de Pierre II, il devint duc de Bretagne, en 1457, et mourut en 1458, ne laissant point d'enfant de ses trois femmes, qui furent Marguerite de Bourgogne, Jeanne d'Albret et Catherine de Luxembourg.

Dom Morice fait remarquer que, lorsque le comte de Richemont fut nommé connétable, les Anglais étaient maîtres de la moitié du royaume, et qu'à sa mort, ils ne possédaient plus que Calais. Tous ces succès, dus en partie à sa valeur, furent aussi les suites de la réforme qu'il introduisit dans la milice française par la création des compagnies d'ordonnance, qui furent les premières troupes régulières dépendant entièrement du roi et à sa solde. Il servit aussi utilement le roi dans ses conseils que dans ses armées. C'est à lui qu'on doit le traité d'Arras, qui détacha le duc de Bourgogne des intérêts de l'Angleterre (A. de Couffon de Kerdellech).

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