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LE CHÂTEAU DE LA ROCHE DE GÉTIGNÉ

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Sur le territoire de Gétigné, il n'y eut qu'un château féodal : celui de la Roche, commencé après celui de Clisson et achevé avant lui.

Il fut commencé entre 1272 et 1275 par le Sebien qui suivit Olivier II de Clisson et saint Louis sous Carthage, 1270. Il fut terminé par un autre Sebien, son fils, entre 1317 et 1320. Cette famille le posséda jusqu'en 1461. Des aveux de cette année, (c'est-à-dire un acte notarié du 23 octobre 1461 dont un double copié aux archives (E 31) se trouve entre nos mains), nous apprennent que Marguerite d'Orléans, Comtesse d'Etampes, acheta pour son fils François II, duc de Bretagne, la Roche et des terres nobles que Guillaume Sebien possédait en Gétigué disséminées un peu partout.

Vestiges du château de la Roche à Gétigné (Bretagne).

En voici succinctement l'histoire :

Le premier Seigneur de la Roche qui construisit, très lié au châtelain de Clisson par des intérêts communs, commença son château vers la fin du XIIIème siècle. Ce Sebien, qui faisait peu de dépenses et retirait beaucoup de ses domaines qu'il surveillait lui-même, mena rapidement les travaux. Selon toute probabilité, ce fut son fils qui acheva l'oeuvre, oeuvre que les connaisseurs classent comme étant de quatrième ou cinquième ordre, car ce château, qui n'a subi aucun siège, n'aurait pu tenir longtemps contre une troupe organisée et bien commandée, quoique flanqué de tours à l'entrée (côté du bois) et, à l'intérieur de son enclos, muni de tout le confort nécessaire à pareille éventualité.

Ce château comprenait un rez-de-chaussée avec de nombreuses pièces, dont une grande et les autres moyennes, le tout avec un carrelage impeccable. On accédait au premier étage par un bel escalier en pierres. Cet étage comprenait une vaste salle et des moyennes en nombre, toutes parquetées en coeur de chêne. Le second étage, formant grenier, était séparé en plusieurs pièces.

Les salles, avec de vastes fenêtres à meneaux, étaient claires, aérées et d'un agencement agréable. Par les tours situées à l'entrée, on parvenait aux étages supérieurs.

Au fond de la cour, face à l'entrée du côté du bois, était la maison du fermier avec un confort luxueux, jusqu'à une cave voûtée encore existante ; puis, face au château, les écuries, les étables, le colombier, un portail donnant sur le vaste jardin dont un coin était transformé en verger. Plus au nord, on trouvait la porcherie, la bergerie, la basse-cour, trois fours et des servitudes en tous genres isolés des terres labourables par un mur.

Ajoutons-y un étang intarissable, des douves, des haïes de buis séculaires avec des arbres d'essences rares. L'avenue du château au bois comprenait deux rangées de noyers. — Vers 1865, les essences rares et le buis furent vendus à un tourneur du pays.

La chapelle, située près de l'entrée du chemin de la Foulandière est dans le jardin attenant à la ferme. Ce jardin, assez vaste, renfermait de nombreux arbres fruitiers, des arbustes et deux énormes pins.

La Roche était une demeure coquette, élégante, gaie et agréable au milieu d'un pays souriant, fertile, et d'un aspect varié, elle ne ressemblait nullement aux gros châteaux flanqués de tours lugubres avec entrées à machicoulis. Le seigneur portait le titre d'écuyer.

C'est, croit-on, entre le milieu et la fin du XIVème siècle que l'un des propriétaires fit enclore son beau domaine de murailles qui existent toujours.

Si quelques Sebien furent ferrailleurs et belliqueux, d'autres furent, au contraire, paisibles, casaniers même ; parmi les premiers, les belliqueux, on n'eut pas qu'à se louer de leurs actes : Dans des récits émaillés d'erreurs, on raconte que ce fut à la suite d'une grosse faute que l'un d'eux fit élever la chapelle de Recouvrance ; qu'un autre, pour faire reconnaître son autorité, enleva cette même chapelle aux catholiques pour la leur restituer quelques années plus tard ; qu'un troisième, enfin, après un acte mal défini, fit cadeau du beau vitrail qui ornait la grande baie du fond de l'ancienne chapelle.

Plusieurs Sebien furent paisibles quelques-uns de ces derniers s'occupèrent de culture, régirent eux-mêmes leurs biens, amassèrent des sommes considérables pour l'époque et cachèrent leurs économies dans un souterrain pour les soustraire aux pillards.

Ce fut sans doute, si ce dernier fait eut lieu, à une époque tourmentée, peut-être pendant la guerre de Cent Ans.

Une découverte, faite en démolissant des pans de murs gênants et peu solides, donnerait créance à ce racontar. En 1922, des plats en étain furent trouvés dans des cachettes et portant au-dessous le nom de « Foulonneau », sans doute un régisseur.

En février 1420, les Sebien de l'époque se joignirent à Marguerite de Clisson, comtesse de Penthièvre, pour capturer Jean V, duc de Bretagne, au passage de la Troubade, sur la Divate, entre le Maine-et-Loire et la Loire-Inférieure. En janvier 1413, ils reçurent leur pardon de ce même Jean V.

De ce moment à 1461, disparition des Sebien, les seigneurs de la Roche restent tranquilles.

Sous François II, duc de Bretagne, le château vit plusieurs fois de belles chasses ; il en fut de même sous les d'Avaugour. De la fin de ces derniers, 1746, à la Révolution, le château fut souvent morne et silencieux, parfois sans vie apparente. Depuis la Révolution, ce n'est plus qu'une ruine lamentable mais toujours admirée.

Vendue comme bien national, cette propriété fut acquise, en même temps que le château de Clisson et des terres, par le sculpteur François-Frédéric Lemot. Un de ses arrière-petits-fils le vendit début XXème siècle à ses fermiers.

Lorsque le propriétaire de la Roche eut son château achevé et ses murailles, formant clôture, terminées, les propriétaires de ce beau domaine pouvaient se flatter sans exagération que leur demeure était idéale : les bonnes terres étaient en culture ou en prairies, les moyennes plantées en bois et les inférieures en terrains vagues bons pour la pâture des oies, des moutons et des chèvres.

Du nord au sud, un ruisseau la parcourait dans toute sa longueur. D'octobre à fin mars, les eaux de ce ruisseau, retenues par des digues en partie visibles à l'entrée de ce cours d'eau dans la propriété, actionnaient un foulon pendant environ six mois chaque année. Le foulonnier, qui demeurait à la Fourandière, foulait les étoffes, faisait le fabricant et le tisserand, employait de nombreux ouvriers au tissage, ce qui explique que ce village de la Foulandière était peuplé d'une vraie colonie de tisserands. Le ruisseau, avant de pénétrer dans la propriété, se jetait dans un étang et, à sa sortie, une énorme grille empêchait les maraudeurs de s'introduire dans l'enclos. C'est dans le premier quart du XIXème siècle que la route nationale sectionna la propriété en deux tronçons.

A la vente, les fermiers achetérent les terres labourables, un industriel prit les bois et, un propriétaire acquit le tronçon sud détaché du tout.

Le château avait son tanneur qui demeurait à la Bourdolière ; sa fosse à tan existait encore vers 1865 près de ce village sur le bord du cours de ce ruisseau, rive gauche. Ce tanneur ajoutait à sa profession celles de bourrelier et de cordonnier.

Autrefois, de nombreux villages possédaient un ou plusieurs sabotiers : la Roche eut le sien à la Gagnerie. — A ce moment les sabotiers allaient en journée chez ceux qui avaient du bois à travailler. Suivant l'importance de la maison, ces ouvriers y travaillaient un jour, deux jours, une semaine, parfois pendant un mois et même plus : ils confectionnaient des sabots à brides et des sabots couverts, dits Marlborough, pour tous les âges.

Les compatriotes qui approchent de quatre-vingts ans se rappellent sans aucun doute les sabotiers exerçant leur profession à la Charie, à la Médrie, à la Coussaie.

En ce temps-là, les arbres employés à cet usage étaient tous des essences à grains fins : le hêtre, le charme, l'orme, le frêne, l'alisier, le cormier, le cerisier, le pommier, l'aune, le noyer : nos grand'méres étaient fières de leurs sabots des dimanches en cerisier ou en noyer.

Le bois poreux, comme le peuplier, était rarement mis à contribution.

A force de patience, de multiples démarches, de recherches sans nombre, nous avons pu trouver plusieurs prénoms des Sebien : Guillaume, Olivier, Jacques, Thomas, Joachim, Charles, François, René, Jean, Sevestre, etc. Mais à quel Sebien convient tel ou tel prénom ? Nous ne saurions le dire. Cependant on sait que le Sebien qui alla saluer saint Louis au château de Clisson, vers 1265, s'appelait Guillaume et que le dernier qui vendit ses propriétés à Marguerite d'Orléans s'appelait également Guillaume.

Puis, pas d'illusions : les mêmes prénoms ont pu revenir plusieurs fois. Quelques-uns n'auraient-ils pas aussi appartenu à des Sebien de branche cadette ? C'est une chose encore possible.

On raconte qu'un Sebien, peut-être le premier de tous, accomplit un haut fait pendant l'un des trois grands événements du XIème siècle. Est-ce en 1066, en 1079 ou en 1096 ? Quelle fut cette action d'éclat ? Nous n'avons trouvé aucune solution.

Tous les Sebien portèrent le titre d'écuyer : c'est un titre de petite noblesse, mais noblesse authentique. Quand reçurent-ils ce titre ? Le possédaient-ils avant leur action d'éclat ?

Le premier Sebien qui vint à la Roche apparut après les premières croisades, de 1145 à 1160 croit-on, c'est-à-dire plus d'un siècle avant le commencement de la construction du château.

S'il y a une ombre sur ce point que nous n'avons pu éclaircir, il y en a une autre sur le dernier Sebien, car 1461 est une date assez rapprochée et, cependant, toutes nos recherches sont demeurées infructueuses sur le sort de ce dernier propriétaire de la Roche. Rien dans nos pièces à conviction n'a pu nous dire : « Il a fini de belle façon ».

Plus tard, souhaitons que des chercheurs opiniâtres soient plus heureux que nous et complètent ce travail par des précisions.

De 1461 à 1789, les seigneurs de Clisson furent de tout temps propriétaires de la Roche et de ses annexes, mais les véritables maîtres furent les régisseurs. Chaque régisseur occupait plusieurs chambres au premier étage du château et une salle au rez-de-chaussée pour recevoir les clients, car la plupart de ces hommes d'affaires furent des notaires de la Gagnerie. Comme c'est à partir de cette époque qu'ils portèrent le titre de notaires royaux, cinq ou six, peut-être davantage, s'intitulèrent secrétaires du roi.

Le premier fut Guérin Jacques, secrétaire du roi, 1461-1470 ; le deuxième, Jamet, fils de l'ancien régisseur de Marguerite d'Orléans ; il y resta jusqu'en 1490. Puis vinrent successivement, sans plus de détail, la plupart des notaires [Note : Au commencement de la guerre de Cent ans, Gétigné était porvu de deux notaires, l'un à la Gagnerie, l'autre à la Robinière].

Un vieux fermier qui habita la Roche pendant quarante-cinq à cinquante ans, disait presque toujours aux architecte qui visitaient les parties intéressantes du château « Si vous voulez voir une belle coupe de pierres de granit, allez jusqu'au pont qui permet de franchir le ruisseau dans le bois et passez dessous ».

En effet, aujourd'hui on redresserait le cours, on le mettrait en ligne droite pour rendre le travail facile ; comme à cet endroit le ruisseau fait des méandres, le travail épouse toutes les sinuosités et le pont présente un effet remarquable.

(F. Girard).

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