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Sur le bord des routes, des chemins et surtout au croisement de ces derniers on rencontre des croix en quantité. D'où vient cette coutume ? — Voici : Au Moyen-Age, la croyance voulait qu'un malfaiteur qui commettait un crime en vue d'une croix était condamné pour l'éternité, son forfait ne pouvait lui être remis : de là ce nombre prodigieux de croix.

La précaution était bonne, car après ou pendant les guerres étrangères ou intestines (Guerre de Cent Ans, Guerres de Religion, troubles divers) il y avait toujours recrudescence d'attentats.

Nous pourrions citer nombre de villages qui possèdent deux et même trois croix. Pour les lieux déserts, également distants de deux villages, ces derniers participaient à une érection commune, sans parler des particuliers qui en plaçaient dans les angles de leurs champs.

Ces croix variaient de formes et de tailles ; la plupart avaient un socle simple avec un pied et des bras d'un seul morceau ; d'autres, comme la croix des Verriers, avaient un beau piédestal et le monolithe formant la croix solidement fixé audit piédestal ; d'autres encore avaient une base rudimentaire dans laquelle s'encastrait le pied de la croix.

Les croix détruites pendant les guerres civiles de 1793 à 1798 furent remplacées, de 1802 à 1805, par des calvaires en bois dont la durée fut éphémère, tandis que les vieilles croix épargnées durent toujours.

Plusieurs furent célébres ou tout au moins très connues : les deux dont on parle le plus sont : 1° La croix des Verriers, à l'est du bourg, sur le chemin de l'Etang et du Douet. Tous les commerçants de l'Anjou et de la Vendée qui venaient à la foire des Trois-Quartiers la connaissaient bien ; les marchands de verroterie s'installaient autour de son piédestal. Elle n'a subi aucun outrage du temps et des partis qui se disputèrent le pouvoir. 2° La croix de Gaumier, au sud-ouest du bourg, sur la route des Moulins, ancien chemin de Nantes à Cholet, à l'angle du chemin qui va au gué militaire de Gaumier ; elle a vu les armées vendéennes défiler devant elle nombre de fois, les pièces de canon appelées les "Marie-Jeanne", une grosse et une petite, la saluer au passage, l'armée de Mayence presque en déroute, les renforts nantais amenés par Cauclaux au secours de Kléber, les colonnes infernales de Turreau, etc. Pendant une mission, on l'a enlevée et remplacée par une autre, de style plus moderne mais de moindre cachet.

Au bourg, à la rencontre des chemins de Recouvrance et de la Foulandière, existait une croix détruite vers 1794.

En 1804 ou 1805, elle fut remplacée par une croix de bois formant calvaire et mise dans l'enclos du petit fief. Elle tomba de vétusté, faute de soins, vers 1868.

A la pointe extrême de la Grand'Rue, à l'angle du chemin de la Goiloterie, s'en élevait une quatrième pour le bourg. Elle disparut en 1837, à la suite du heurt d'une charrette.

Au croisement des routes de Hautegente et Fromont, la croix, renversée depuis longtemps, fut remplacée, en 1868, par une belle croix en pierre blanche. Peu après, elle fut détruite par une tempête.

La vieille, en pierres de granit, était connue des Angevins et révérée de tous.

(F. Girard).

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