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L'HORLOGE ASTRONOMIQUE DE STRASBOURG |
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L'HORLOGE astronomique actuelle est la troisième de ce genre qui figure dans la Cathédrale de Strasbourg. — La première construction, en 1354, était appliquée au mur ouest, en face de celle qui existe aujourd'hui. On voit encore les consoles qui lui servaient de supports. Elle avait déjà un calendrier marquant les heures et les jours, un astrolabe décrivant le cours du soleil et de la lune, un coq qui chantait, les trois Mages qui s'inclinaient devant la Vierge, ce qui lui a fait donner le nom d'horloge des Trois-Rois. — Après deux siècles, rouillée et hors d'usage, elle dut céder la place à un nouvel instrument qu'on installa à l'endroit qu'occupe l'horloge actuelle.
Commencée en 1547, cette seconde horloge ne fut achevée qu'après une longue interruption, le 24 juin 1574, par les frères Habrecht de Schaffhouse, sous la direction du mathématicien Conrad Dasypodius de Strasbourg (1532-1601). De la première horloge, il ne reste que le coq exposé au Musée des Arts Décoratifs.
Elle était pourvue de quelques figures mobiles, d'un astrolabe, d'un calendrier civil et d'un calendrier ecclésiastique. Les éclipses de lune étaient reproduites sur plusieurs tableaux, selon les données calculées à l'avance sur une période de cent ans et devant être re-calculées après l'écoulement de cette période. Tout cet ensemble fut logé dans une nouvelle cage en pierre et en maçonnerie — l'ancienne était en bois — construite d'après les dessins de l'architecte Uhlberger, et décorée de peintures par Tobie Stimmer, graveur-peintre (né à Schaffhouse en 1534, décédé à Strasbourg, le 4 janvier 1584). Cette horloge jouissait déjà d'un grand renom, on la vantait comme un chef-d'oeuvre, comme une merveille du monde.
Après une série de réparations, la merveilleuse horloge cessa de fonctionner en 1789. Bien que prévu, cet événement causa un certain désarroi dans la ville. Que faire ? D'après une ancienne légende fort répandue — bien qu'elle n'eût rien de vrai — on avait crevé les yeux de l'inventeur de l'horloge, afin de l'empêcher d'en établir une pareille dans quelque autre pays, et le malheureux aurait ensuite enlevé certaines pièces de son oeuvre dont il avait seul le secret. — De plus, la grande Révolution en marche, causait à la ville d'autres soucis que ceux de l'horloge astronomique de la Cathédrale, et pourtant quelqu'un était sérieusement tourmenté de ce souci.
C'était sous la Terreur. Un jeune homme se présente au Commissaire de Schlestadt, en lui disant : « Citoyen commissaire, si tu veux rendre la liberté à mon père, je te promets de faire chanter le coq de l'horloge de Strasbourg ». — « Veux-tu bien vite t'en aller, petit drôle », lui fut-il crié.
Né à Strasbourg [Note : Dans la maison de la rue Brûllee, qui forme l'angle avec la rue de la Comédie, maison placée en face de celle où quatre-vingts ans plus tard, il devait mourir. — Cette dernière maison porte ensuite le n° 12 de la rue Brûllée. — Avant la grande Révolution, il y avait sur cet emplacement l'hôtel canonial de Meinrad-Charles-Auguste, Comte de Koenigseck-Aullendorf, chanoine capitulaire et grand-custos de la Cathédrale de Strasbourg] le 18 décembre 1776 et baptisé à l'église Saint-Pierre-le-Jeune, ce petit drôle avait alors 17 ans et s'appelait J.-B. Schwilgué. Son père, attaché à l'Intendance d'Alsace, ayant perdu son emploi à Strasbourg, s'était fixé à Schlestadt d'où, dénoncé pour ses idées modérées, il avait été incarcéré au Séminaire de Strasbourg. Doué de talents précoces pour les mathématiques et les arts mécaniques, le fils Schwilgué cultiva ses talents avec passion et persévérance, devint vérificateur des poids et mesures, professeur de mathématiques, constructeur et inventeur de machines, obtint des distinctions honorifiques à diverses Expositions, fut nommé en 1835 chevalier de la Légion d'honneur. Lorsque le 7 septembre 1836 la Ville lui confia la restauration de l'horloge astronomique de la Cathédrale, il accepta avec bonheur ce travail qui lui permettait de réaliser le rêve de sa jeunesse, voire même de son enfance [Note : Etant enfant — il avait douze ans lorsque l'oeuvre de Dasypodius cessa de fonctionner — il se rendait assidûment les dimanches à la Cathédrale, vers l'heure de midi. — C'était le moment où le suisse débitait son discours invariable, expliquant aux étrangers pourquoi l'horloge ne marche plus. Un jour que le petit Schwilgué entendit, comme à l'ordinaire, cette parole finale, désespérante, ne pouvant contenir son émotion, il s'écria à haute voix : « Eh bien ! moi, je la ferai marcher ! » — Semoncé par le suisse, il répliqua avec une nouvelle assurance : « Je vous jure devant Dieu, qu'avec son secours, je ferai marcher cette horloge et chanter le coq ». L'enfant quitta le transept, laissant les assistants étonnés de ce qu'ils venaient d'entendre. — Cf. Notice de Ch. Schwilgué sur la vie de son père, p.7].
Ce n'est pas une restauration, mais une reconstruction qu'il entreprend. De l'horloge précédente il ne garde que la cage : c'est encore la même dans son ensemble qui existe de nos jours. Telle que nous la voyons, elle se compose d'un soubassement qui se divise dans sa longueur en trois compartiments. Au bas du soubassement, un globe céleste ; en haut, une corniche avec une cavité voûtée. Puis vient la galerie des lions (qui n'ont jamais rugi) avec les armoiries de Strasbourg ; au milieu de la galerie, le cadran de l'horloge ; et de là, l'édifice supérieur consistant en une tour centrale et deux tourelles latérales. La tour centrale comprend trois étages distincts et est surmontée d’un dôme ajouré. Dans la tourelle de gauche, au faîte de laquelle trône le coq en seigneur et maître, sont renfermés les poids qui actionnent les rouages moteurs ; dans celle de droite est pratiqué un escalier à limaçon qui mène à l'étage supérieur de l'horloge, ainsi qu'à la galerie du portail-sud où l'on voit extérieurement un cadran indiquant les heures, les minutes et les jours de la semaine.
Le plan de l'édifice étant tracé, examinons les figures allégoriques qui y sont logées et les fonctions qu'elles y remplissent. Au-dessus du calendrier qui se trouve dans le milieu du soubassement, il y a la cavité voûtée, avec deux ouvertures — portes d'entrée et de sortie : c'est le quartier des sept jours de la semaine, représentés par des divinités assises sur leurs chars, et qui par un mouvement lent et continu, apparaissent chacune à son jour : Diane, lundi ; Mars, mardi ; Mercure, mercredi ; Jupiter, jeudi ; Vénus, vendredi ; Saturne, samedi ; Apollon, dimanche.
Voici le cadran de l'horloge autour duquel se tiennent deux petits anges ; l'un, avec un sceptre et une clochette, sonne le premier coup des quarts de l'heure ; l'autre, son vis-à-vis, retourne le sablier au dernier coup du quatrième quart. Chaque quart de l'heure est sonné en deux coups.
Planétaire. Montre les sept planètes visibles. |
Cadran de l'heure moyenne locale et de l'heure officielle, ainsi que le carrousel des jours de la semaine.
Angelot qui frappe les premiers coups des quarts d'heure. |
Angelot qui retourne son sablier à chaque heure. |
Dans la partie inférieure du troisième étage se dresse S. M. la Mort, entre deux timbres, tenant dans la main gauche une faux, dans la main droite un os dont elle se sert pour frapper les heures, tandis que les quatre Ages de la vie sortent à tour de rôle de leur cachette pour marquer le second coup des quarts : l'enfant tenant un thyrse à la main, ouvre la marche ; il est suivi de l'adolescent, armé d'une flèche ; puis vient l'homme mûr, un guerrier portant un glaive ; en dernier lieu, le vieillard qui de sa béquille frappe les quatre quarts. Ces quatre figures symboliques ne fonctionnent que durant le jour de six heures du matin à six heures du soir ; la Mort au contraire « inlassable et inexorable » continue nuit et jour le glas de l'heure : Hora est.
La mort sonne l'heure. Les quatre âges de la vie (enfant, adolescent, adulte et vieillard) sonnent les quarts. |
A l'étage supérieur, on voit au milieu de la galerie, le Christ avec l'oriflamme de la Résurrection : Il attend l'heure de midi pour revoir ses apôtres et les bénir. Ceux-ci se présentant l'un après l'autre, Pierre en tête, s'inclinent respectueusement devant leur Maître qui les bénit chacun en particulier, et étend sa bénédiction sur toute l'assistance. Dès que la procession commence, tous les regards se dirigent vers le coq perché au haut de sa tourelle. Symbole de la vigilance, il est attentif à tout ce qui se passe près de lui, et à la vue du troisième apôtre, voici qu'il se met à battre des ailes, agite la tête et la queue, ouvre le bec et lance son cri : ce même phénomène se reproduit au passage du huitième et du douzième apôtre. Par son chant répété, il semble vouloir nous rappeler le reniement de saint Pierre, sans nous faire oublier les larmes brûlantes de l'apôtre, sa touchante protestation d'amour par trois fois proclamée et contresignée par le sang dont il empourpra la colline du Golgotha.
Le Christ devant lequel défilent à midi les douze apôtres. |
Le Coq. Il chante trois fois durant le défilé des apôtres.
Dans la coupole, il y avait autrefois un carillon qui exécutait des airs religieux-populaires. Aujourd'hui on y voit la statue du prophète Isaïe (par Grass) entourée des Evangélistes.
Lion présentant le heaume des armoiries de Strasbourg. Au fond, portrait de Jean-Baptiste Schwilgué. |
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Lion présentant l'écu des armoiries de Strasbourg. |
Apollon qui désigne de sa flèche le jour courant. |
Diane fait pendant à Apollon. |
En haut : création d'Eve. En bas : la résurrection des morts. |
En haut : le Triomphe du Christ. En bas : la mort du croyant et de l'impie. |
Angelot tenant une tête de mort. |
Le carrousel des jours de la semaine. |
Uranie, la muse de l'astronomie. |
Portrait de Nicolas Copernic |
Cadran du temps apparent, avec plusieurs aiguilles (solaire, lunaire, heure du levée du soleil, heure du coucher du soleil). |
Globe céleste. |
Comput ecclésiastique. |
Equations solaires et lunaires. |
PARTIES SCIENTIFIQUES.
Pour la description scientifique de l'horloge nous cédons la plume à l'homme compétent qu'est M. A. Ungerer, horloger-mécanicien (de la Raison sociale J. et A. Ungerer, successeurs de Schwilgué), — chargé de l'entretien de l'horloge astronomique de la Cathédrale.
Les figures automatiques ne sont au point de vue de l'horloge que d'une importance secondaire. Ce sont les mécanismes reproduisant automatiquement et à perpétuité les données astronomiques, calculées par Schwilgué, à des fractions de secondes près qui donnent une si grande valeur à son oeuvre. Les solutions qu'il a imaginées pour reproduire le résultat de ces calculs au moyen d'organes mécaniques, se distinguent autant par l'exactitude et le fini du travail, que par les formes élégantes et les dimensions bien proportionnées de toutes les parties.
Les parties scientifiques de l'horloge, les voici :
Le globe céleste situé au bas de l'horloge, sur lequel sont représentées environ 5000 étoiles des six premières grandeurs. Sur l'axe de la sphère est fixée une aiguille qui marque le temps sidéral ; et avec le globe est combiné un mécanisme reproduisant le mouvement apparent de la précession des équinoxes, une période de 25 868 ans, pendant laquelle l'axe terrestre décrit un mouvement oscillatoire.
Le calendrier civil. L'aiguille solaire marque le temps vrai ou mouvement apparent du soleil autour de la terre — celle-ci étant envisagée comme restant immobile. L'aiguille lunaire indique le mouvement de la lune autour de la terre ; elle permet en même temps de reconnaître les phases de la lune, ainsi que les éclipses solaires et lunaires. — Les deux aiguilles marquent les heures du Lever et du Coucher du soleil de chaque jour de l'année. — Le calendrier civil désigne automatiquement et à perpétuité le quantième du mois, les jours bissextiles, ainsi que toutes les fêtes mobiles. — Apollon se tient à l'extrémité du calendrier et de sa flèche indique la date et la fête du Saint du jour. Diane, la déesse de la nuit, au côté opposé, n'est qu'une figure de décor. — Toutes les irrégularités du calendrier grégorien sont minutieusement observées dans la construction de cette partie de l'horloge.
Sous la vitrine de gauche, le comput ecclésiastique est un mécanisme très ingénieux et compliqué qui reste immobile pendant toute l'année et n'entre en fonction que dans la nuit de la Saint-Sylvestre ; les indications du calendrier ecclésiastique sont alors mises au point pour l'année (entière) à venir. Ce sont : le millésime, le cycle solaire, le nombre d'or, l'indiction romaine, la lettre dominicale, les épactes.
Sous la vitrine de droite, les mécanismes reproduisant les équations solaires et lunaires, qui parfois accélèrent, ou parfois ralentissent la marché des aiguilles du soleil et de la lune.
Le cadran pour l'indication du temps moyen est muni de deux paires d'aiguilles : les dorées marquent l'heure astronomique du méridien de Strasbourg ; celles qui sont argentées indiquent l'heure publique (des horloges de la ville).
Au premier étage de la tour centrale, un planétaire d'après le système de Copernic montre avec une précision mathématique la marche des planètes autour du soleil, à savoir : Mercure, Vénus, la Terre avec la Lune, Mars, Jupiter et Saturne. Sur la circonférence du planétaire sont marqués les signes du zodiaque.
Au-dessus du planétaire, le globe lunaire qui indique les phases de la lune.
Les panneaux de l'édicule sont garnis d'anciennes peintures de Tobie Stimmer.
Aux angles du calendrier perpétuel, on remarque les figures des quatre grandes monarchies de l'ancien monde : la Perse, l'Egypte, la Grèce et Rome. Sur les corniches, au-dessus du calendrier : la Création du monde, la Résurrection des morts, le Jugement dernier, la Mort placée entre le Vice et les Vertus théologales. — Aux quatre coins du planétaire : les quatre saisons figurées par les quatre âges de l'homme. — Sur les panneaux de la tourelle du coq : Uranie, la muse de l'astronomie ; Copernic (1473-1543) ; le portrait de Schwilgué peint par G. Guérin en 1843, et sur le côté ouest de ce panneau : les trois Parques.
Telles sont les principales parties — figures allégoriques, rouages moteurs, mécanismes et autres éléments mobiles, entièrement faits à neuf que Schwilgué a installés dans l'ancien buffet dont il a rajeuni le décor et les couleurs, tout en respectant les remarquables peintures de Tobie Stimmer, qui complètent le symbolisme de sa merveilleuse horloge. (Les deux anges aux côtés du cadran sont les anciens de 1574).
Commencée en juin 1838, elle marcha pour la première fois, à l'heure de midi, le 2 octobre 1842, en présence des autorités de la ville et de nombreux invités, parmi lesquels figuraient en première ligne les membres du Congrès scientifique de France qui siégeait alors à Strasbourg.
Dans une intéressante Notice faite con amore sur la vie et les œuvres de son père, Ch. Schwilgué nous a laissé le récit de cette heure vécue devant la nouvelle horloge. — Elle fonctionna comme par enchantement : les figures symboliques — les petits anges, le vieillard, la Mort remplirent avec précision leurs fonctions, et quand les apôtres défilèrent devant le Maître, le Coq se mit à chanter et annonça à la foule qui se pressait dans la Cathédrale, « que le miracle était accompli ». Alors un murmure d'admiration éclata de toutes parts ; l'ovation se transmit au dehors et se continua dans le pays sous les formes les plus variées jusqu'au 31 décembre.
En ce dernier jour de l'année eut lieu l'inauguration officielle et la Bénédiction religieuse de cette horloge dont le Congrès scientifique avait fait le plus bel éloge en déclarant « que le travail de Schwilgué était un des plus beaux que le XIXème siècle eût enfanté ». La fête de nuit que la ville organisa rappelait celle qu'elle avait célébrée deux ans auparavant en l'honneur de Gutenberg ; et elle fut inaugurée à six heures du soir par une cérémonie religieuse qui eut lieu à la Cathédrale.
Mgr Raess, revêtu de ses habits pontificaux et entouré du clergé de la ville, présida lui-même cet acte liturgique. Il avait à peine achevé sa prière que l'horloge, en reconnaissance de la bénédiction qui lui avait été donnée, se mit à marquer exceptionnellement les révolutions astronomiques, annuelles, qu'elle ne produira plus à l'avenir qu'à l'heure de minuit pour le renouvellement de l'année. Sous l'impression de ce phénomène merveilleux, l'évêque célébra dans une allocution française, la Religion, comme Reine et Impératrice des arts. « Sans elle », dit-il, « le génie de l'homme ne saurait produire des choses étonnantes que pour des esprits faux et des imaginations déréglées. Aussi les véritables artistes ont-ils cherché dans la Religion leurs plus beaux sujets et leurs plus admirables inspirations ». La preuve vivante ne l'avait-il pas devant les yeux dans cet homme extraordinaire dont il venait de bénir l'oeuvre merveilleuse ?
Cette oeuvre valut à son auteur les récompenses les plus flatteuses et les plus méritées. Déjà en 1821, il avait été accueilli avec distinction par Louis XVIII ; plus tard le prince Napoléon le visita dans sa modeste habitation et lui obtint la rosette de la Légion d'honneur. Des Chefs d'Etat, des princes de l'Eglise, d'illustres savants vinrent contempler, apprécier son oeuvre et en complimenter chaleureusement l'inventeur. Tant de gloire ne lui fit pas perdre l'équilibre. Schwilgué n'était pas seulement un savant distingué ; c'était un homme de foi « et la foi », a dit un philosophe, « est le téléscope de la raison ». Il était chrétien pratiquant, ce qui n'a pas nui à son génie, et tel il est resté jusqu'à sa mort. — Un bon curé de campagne [Note : M. Kister, curé de Rohr. Cf. Notice de Ch. Schwilgué, p. 173], ami de la famille, lui dit un jour : « M. Schwilgué un homme comme vous ne devrait pas mourir ! » — « Vous ne voudriez donc pas que j'eusse ma part du Paradis ! ».
Lui, qui avait chargé la Mort du soin de sonner l'heure dans son horloge, — il ne la perdit pas de vue cette heure. Lorsqu'il entendit sonner le dernier des quatre-quarts, il avait près de lui son confesseur, M. Œhl, le curé de Saint-Pierre-le-Jeune, pour l'assister dans ce mystérieux passage du Temps à l'Eternité.
M. Schwilgué est mort à l'âge de quatre-vingts ans, le 5 décembre 1856, « et sa mort, au dire de son fils, fut digne de sa vie toute chrétienne, c'est-à-dire, qu'elle fut sublime ». Ses obsèques solennelles furent célébrées à la Cathédrale, le dimanche, 7 décembre ; et détail impressionnant, pendant que le dernier R. I. P. gémissait en supplication pour l'âme du défunt, la Mort frappait les douze heures de midi, et le coq chanta « comme pour saluer celui qui lui avait rendu, par une espèce de prestige le mouvement et la voix ». De là, l'immense convoi funèbre se rendit au cimetière Sainte-Hélène, pour lui confier, sans phrases, la dépouille mortelle de ce modeste travailleur dont le nom restera gravé, parmi les plus illustres, dans le Livre d'or de sa ville natale, la Cité de Strasbourg.
DOCUMENTS.
Dans le mur, à côté de la tourelle de l'escalier, se trouvent deux tableaux noirs avec inscriptions en lettres d'or — vraiment trop peu exposées à la vue pour être facilement lues, ce qui leur fait manquer le but qu'on s'est proposé. Nous avons relevé ces inscriptions et les publions ici, à titre de documents.
Inscription sur le tableau à gauche.
Cette horloge astronomique construite par J.-B. Schwilgué de Strasbourg en exécution du vote du Conseil municipal le 7 septembre 1836, a été terminée,
M. André Raess étant évêque du diocèse de Strasbourg ;
M. Louis Sers, préfet du Bas-Rhin ;
M. Frédéric Schützenberger, maire de la ville et député ;
M. Pierre Champy, M. Philippe l'Ange, M. Charles Boersch, M. Guillaume Braunwald, adjoints au maire ;
M. Nicolas Doyen, archiprêtre, curé de la Cathédrale ;
M. P. Detroyes, étant receveur, et M. G. Klotz, architecte de l'Œuvre Notre-Dame.
Cette horloge a été inaugurée le 31 décembre 1842 à l'occasion de la fête nocturne donnée à l'auteur par ses concitoyens.
Inscription sur le tableau de droite.
L'horloge astronomique actuelle commencée le 24 juin 1838 a marché pour la première fois le 2 octobre 1842 à l'occasion du 10ème Congrès scientifique de France, tenu en cette ville.
Les indications de l'ancienne horloge figurées seulement par la peinture pour un temps très restreint, sont ici reproduites à perpétuité par des combinaisons mécaniques basées sur l'état actuel des connaissances. Quelques figures rendues mobiles et le cabinet restauré et enrichi de nombreux ornements sont les seules parties qui aient été conservées de l'ancienne horloge, aujourd'hui déposée dans la chapelle de l'OEuvre Notre-Dame.
Le
calendrier perpétuel avec les fêtes mobiles, le comput ecclésiastique, la
marche des douze apôtres, le planétaire, les phases de la lune, le temps
apparent et le temps sidéral, les éclipses de soleil et de lune, la précession
des équinoxes, les équations solaires et lunaires sont autant de créations
nouvelles dont l'horloge actuelle se trouve enrichie.
(M. Schickelé)
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