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LE DERNIER DES DUCS DE PENTHIEVRE

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Le bon duc de Penthièvre, au milieu des chagrins dont il était accablé, n'oublia pas les pauvres du chef-lieu de son duché ; son régisseur Cicille leur fit distribuer en son nom la somme de trois cents livres. Une note des curés constitutionnels Clérivet et Jean Verne consigna cette largesse et l'expression de leur gratitude sur le registre de la municipalité.

Nous croyons intéresser nos lecteurs en leur donnant un court résumé de la vie de ce vertueux prince qui a mérité une place dans l'Histoire de la vie des Justes dans les plus hauts rangs de la société, de l'abbé Carron.

Duc de Penthièvre (1725-1793).

Longtemps avant la mort du duc de Vendôme, le duché de Penthièvre était passé dans des mains étrangères. Ce prince l'avait vendu, en 1688, à Marie-Anne de Bourbon, veuve du prince de Conti. Celle-ci ne conserva cette terre que quelques années ; elle la revendit en 1696 à Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV.

Le comte de Toulouse obtint de Louis XIV de nouvelles lettres pour l'érection du Comté de Penthièvre en Duché-Pairie pour lui, ses hoirs et successeurs mâles ou femelles, sans que cette érection puisse priver les propriétaires de cette terre du droit d'assister aux Etats de la Province comme les comtes de Penthièvre ont coutume d'y assister, ou de jouir des autres droits ou privilèges dont les Comtes de Bretagne doivent jouir dans ces assemblées : ces lettres sont du mois d'avril 1697.

Ce prince épousa, en 1723, Marie-Victoire-Sophie de Noailles et mourut en 1737. Il ne laissa qu'un fils, Louis-Jean-Marie de Bourbon, qui a été le dernier des ducs de Penthièvre. Ce pieux prince naquit à Rambouillet le 16 novembre 1725. De très bonne heure, il embrassa la carrière des armes et fit sa première campagne en 1742 sous le maréchal de Noailles. L'année suivante, il se distingua par sa bravoure à Dettingue et à Fontenoy. Il eut une large part aux succès qui couronnèrent les armes françaises dans cette mémorable campagne.

En 1746, lorsque les Anglais menaçaient la Bretagne, le duc de Penthièvre fut élevé au grade d'amiral, obtint le gouvernement de cette province et donna aux Etats assemblés la plus haute idée des brillantes qualités qui le distinguaient.

Grâce à son activité et à ses talents de marin, la Bretagne fut préservée à cette époque de toute invasion. Il retourna à Paris en 1748. Il avait épousé, en 1744, Marie-Félicité d'Est, fille du duc Modène, qu'il fit rentrer, grâce à son influence, dans ses Etats qui lui avaient été confisqués pour s'être déclaré contre la France.

Ayant ensuite quitté le service militaire, le duc de Penthièvre fit un voyage en Italie et fut accueilli à Rome, par Benoît IV, avec tous les honneurs dus à sa naissance et à son mérite. Quelques années après son retour en France, le 30 avril 1754, il perdit son épouse avec laquelle il avait vécu dans l'union la plus parfaite. Il était encore sous le coup de cette douloureuse séparation, lorsque la mort prématurée de son fils, le prince de Lamballe, vint le plonger dans le plus noir chagrin. Ce jeune prince s'était malheureusement laissé entraîner dans les débauches du trop fameux duc d'Orléans, surnommé depuis « Egalité » ; mais sa santé peu robuste ne tarda pas à succomber aux excès du libertinage. Ses vices faisaient un triste contraste avec les vertus de son père : il fut emporté en 1768, à l'âge de 20 ans, par une mort que sa conduite criminelle et dissolue avait accélérée. Il ne laissa point d'enfants de son mariage avec Marie-Thérèse-Louise de Carignan qu'il avait épousée en 1765 et qui est si connue sous le nom de Princesse de Lamballe.

Il ne restait plus au duc de Penthièvre, après la mort du prince de Lamballe, qu'une seule fille, Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre. Elle épousa en 1769, n'ayant encore que seize ans, ce même duc d'Orléans dont les débauches avaient causé la mort de son frère et dont le caractère vicieux contrastait singulièrement avec les moeurs douces et pures de cette jeune princesse et de son vertueux père.

Cet excellent prince ne se contentait pas de soulager l'infortune, il mettait tous ses soins à la prévenir et ne ménageait ni dépenses, ni démarches pour atteindre ce charitable but. L'hospice qu'il fit construire aux Andelys lui coûta plus de quatre cent mille francs. Il fit élever avec une égale magnificence un autre hôpital à Crécy en 1787. Son plus grand plaisir consistait à converser avec les gens instruits qu'il protégeait et réunissait, tous les ans, dans son château de Rambouillet.

Il fut le dévoué protecteur du poète Florian dont il avait fait son premier gentilhomme : ce fut pour le distraire et grâce à ses encouragements que cet auteur composa ses fables. Le roi qui avait le duc de Penthièvre en grande estime le nomma président de l'un des sept bureaux de l'assemblée des notables, où il montra autant de sagesse dans ses vues que de connaissances peu communes.

Au début de la Révolution, le duc tint une conduite qui devait le mettre à l'abri des poursuites des factieux. Pendant toute sa vie, il n'avait usé de son immense fortune qu'au profit de l'indigence et du malheur ; aussi, recueillit-il le fruit de cette généreuse et persévérante charité dans ces temps de calamités où la richesse et la naissance étaient des titres de haine et de proscription.

Le duc de Penthièvre s'était retiré à Vernon avec sa fille, la duchesse d'Orléans. Les citoyens de toutes les classes, et même les plus révolutionnaires, se réunirent dans l'église principale de la ville, le 20 septembre 1792, pour délibérer sur les mesures à prendre pour mettre M. de Penthièvre et Madame d'Orléans à l'abri de toute insulte et de toute tracasserie. D'un commun accord, ils décidèrent d'aller chercher le plus bel arbre de la forêt et de le planter devant la porte du château, avec les emblèmes de la liberté, sur lesquels on lisait en gros caractères : Hommage rendu à la vertu. Ils crurent que ces signes suffiraient seuls à arrêter les plus factieux ; et, en effet, personne n'osa troubler le repos du duc et de sa fille.

(le diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire).

voir Ville de Lamballe (Bretagne) "Notice sur le dernier duc de Penthièvre".

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