|
Bienvenue ! |
L'EGLISE NOTRE-DAME DE LAMBALLE |
Retour page d'accueil Retour Ville de Lamballe
Historique. L’édifice actuel remonte dans ses parties les plus anciennes à la fin du XIIème siècle. La vieille Chronique de Jean Chapelain indique en effet que la dédicace fut faite l’an 1200 par Geffroy de Hénon, évêque de Saint-Brieuc, alors que le chœur était terminé ; le reste de l’édifice fut achevé dans le courant du XIIIème siècle. Au XIVème siècle, pendant la guerre de Succession du duché, afin d’améliorer les fortifications de la place, dont Notre-Dame était un élément important, l’on démolit toute sa partie orientale à l’exception de l’aile nord du transept. Le choeur, le carré et l’aile sud du transept furent alors rebâtis et pourvus de défenses intérieures et extérieures très perfectionnées, communiquant entre elles notamment par un ponceau appuyé au chevet.
L’on a beaucoup discuté sur la date de ces travaux, mais deux témoignages reçus à l’enquête pour la canonisation de Charles de Blois, dont, celui des recteurs et chapelains de Lamballe, sont très précis et nous renseignent pleinement.
Ils indiquent, en effet, qu’en l’absence du duc et à son insu, l’église Notre-Dame ayant été fortifiée et son accès interdit, par crainte d’espionnage, aux pèlerins qui jusqu’alors s’y rendaient très nombreux, le clergé et la fabrique avaient été privés d’importantes oblations ; et, qu’en dédommagement, Charles de Blois accorda jusqu’à sa mort un don annuel de 30 florins au clergé et de 90 florins à la fabrique pour l'oeuvre de l’église.
L’on peut donc conclure, ce semble, que les travaux de fortification et de reconstruction furent commencés entre 1347 et 1356, et qu’ils n’étaient pas achevés en 1364.
Au début du XVème siècle, la longère midi de la nef, détruite sans doute par un incendie d’après les traces relevées lors de sa réédification au XIXème siècle, fut reconstruite en 1414 et 1415. L’église semble alors terminée, car tandis que Jean V fait un don pour l'oeuvre de Saint-Jean, aucun n’est mentionné pour l'oeuvre de Notre-Dame, église qui fut pourtant l’objet de la sollicitude toute particulière du duc, comme elle l’avait été de Charles de Blois.
Il y fonda, en effet, par acte du 9 décembre 1435, un collège de six chapelains ; puis y créa, par acte du 31 mai 1437, un office de doyen ; enfin, par acte du 3 juin 1438, un office de chantre.
Entre temps, en 1436, le clocher avait été endommagé par la foudre ; puis, quelques années plus tard, le 15 août 1447, celle-ci tomba sur le choeur et sillonna la nef sans dommage, tandis que le dimanche 3 mai 1453 elle détruisit complètement le clocher. Il fut reconstruit en 1459 et recouvert alors de plomb.
En 1489, des détachements anglais importants, venus au secours de la duchesse, prirent leurs quartiers d’hiver à Lamballe et commirent mille dégâts aux édifices publics et privés. Notre-Dame fut-elle épargnée, nous ne le savons ; mais un peu plus tard, en 1497, Jean de Chatons, prince d'Orange et seigneur de Lamballe, fit rebâtir une partie de l’église où l’on voyait jadis ses armes.
Divers actes, datés de 1501 à 1519, viennent en effet préciser qu’il fut fait à cette époque d’importants travaux d’aménagement et de construction dans toute la partie septentrionale de l’église, dont l’édification des deux chapelles nord-ouest au bas de la nef. Le contrefort nord du pignon ouest porte d’ailleurs toujours la date de 1514 ainsi que le nom du trésorier Jehan Le Corgne.
A la suite des guerres de la Ligue et du siège qu’eut à soutenir Lamballe, Notre-Dame fut très ébranlée et l’on dut élever à l’est, tout près du chevet, un mur de soutènement que Laurent Peschart, membre du Parlement de Bretagne, chargé de la démolition des fortifications de Lamballe, voulait détruire en 1614, ce dont il fut heureusement empêché par avis de plusieurs experts. Dans les années qui suivirent, on répara les murs de l’édifice, restauration terminée en 1626 ; puis, en 1629, Guillaume Jouanin, menuisier de Lamballe, construisit le lambris de la nef pour empêcher de pénétrer le vent dans l’église où il causait de grands dommages tant à la couverture qu’aux verrières, lambris qui subsista jusqu’en 1813.
Dans la nuit du 7 au 8 avril 1640, un violent orage causa de grands dégâts à la flèche de Notre-Dame qui fut réparée en août suivant ; mais, en 1695, le clocher étant fort courbé et menaçant ruines, on le démolit et vendit le plomb dont il était recouvert pour cinq mille livres à des marchands de Saint-Malo.
En 1698, l’on décida de le reconstruire, mais sur un nouveau plan prévoyant l’exhaussement de la tour d’un étage et la construction d’une pyramide en pierres. Le devis se montait à 8.000 livres ; aussi, pour couvrir cette dépense, la communauté de la ville fut-elle autorisée à augmenter pendant 4 ans les droits sur les vins et les cidres.
En 1715, sur les débris du mur de soutènement dont nous avons parlé plus haut et devenu inutile depuis 1626, l’on construisit une sacristie, qui fut détruite en partie en 1742 par éboulement du rocher et reconstruite alors. Lors de sa démolition, en 1875, l’on découvrit, gravée sur une pierre, l’inscription suivante :
CETTE SACRISTIE A ESTE FAITE FAIRE PAR N. H. JACQUES REVEL, Sr DE L ETANG, TRESORIER L AN 1715.
Le 6 juillet 1723, le duc de Penthièvre autorisa la démolition du chanceau qui menaçaient ruines, obscurcissait le choeur et dérobait aux fidèles la plupart des cérémonies.
En 1729, la charpente du clocher fut refaite après un devis de Jean Colas et Guillaume Padel, maîtres charpentiers, par le premier de ceux-ci. Quelques années plus tard, en 1735, la voûte de la tour du clocher fut reconstruite sur les plans et sous la surveillance de Michel Rouault, par Gilles The, maître maçon de Saint-Malo et ses compagnons que l’architecte préféra à Chardin, maître tailleur de pierres du Gouray, qui avait les faveurs du recteur. En 1740, l’on démolit et réédifia la charpente et la couverture du choeur ainsi que l’indique l’inscription suivante :
CETTE CHARPANTE ET COUVERTURE DEUS COEUR A ESTE FAIT FAIRE TOUT A NEUF PAR N. H. RENE METTRIS, Sr DE LA SALETTE, TRESOR1ER EN CHARGE EN 1740 ET YVES GRANDMANCHE ; CHARPENTIER : J,. LORET, J. MOREL, LAMONTAGNE ; COUVREUR : J. MARTRAY.
Depuis quelques temps, la poussée non contrebutée des voûtes des chapelles construites au bas de la nef au début du XVIème siècle, avait provoqué un déversement important des piliers de la nef et des grandes arcades qu’ils supportaient. En 1747, le sieur Level de la Coudraie, trésorier, expose ses craintes au général assemblé. Il indique que l’édifice a été examiné par le sr. Loiseleur, « ingénieur entretenu par la Province pour la conservation des Ponts et Chaussées » qui a donné un devis des réparations ; puis par le sieur Michel Rouault, « architecte qui a de la réputation en cet art et dont on connaît les ouvrages solides et bien construits », mais qui ne voulut pas laisser d’avis écrit, n’étant pas d’accord avec le sr. Loiseleur. Le général décida alors d’inviter le sieur Marion, « célèbre architecte de Saint-Malo » pour qu’il vint visiter Notre-Dame. Celui-ci ne venant pas, l’on fit examiner l’église le 17 avril 1748 par un recollet architecte, frère Vincent, alors à Lamballe. En 1749, l’écroulement des piliers paraissant menaçant, l’on profita du passage dans la ville du chevalier de Lescouet, ingénieur du roi, qui indiqua qu’il n’y avait pas de danger immédiat, aussi ne fit-on rien.
L’inquiétude grandit cependant à la suite de la tempête de 1764 et l’on eut recours à René Botrel, architecte du duc de Penthièvre, qui établit un plan et un devis des réparations le 10 juin 1764. L’année suivante, René Botrel examinait à nouveau « l’état chancelant de la nef de Notre-Dame » en compagnie d'Antoine Guiber, architecte de Moncontour, qui proposa d’exécuter les réparations moyennant 10.000 livres ; l’on attendit encore.
Dans la nuit du 22 au 23 décembre 1779, la maison prébendale accolée au pignon ouest à la droite du portail, et sans doute ancien ossuaire transformé, s’étant écroulée, l’on fut à nouveau très inquiet et le général invita le 20 février 1780 l’ingénieur Anfray à venir inspecter Notre-Dame et à faire un rapport sur les réparations nécessaires, rapport qui n’eut pas plus de suite que les précédents.
Sous la Révolution, les soldats casernés à Notre-Dame y firent de grands ravages le 29 novembre 1793. Les statues furent brûlées et les orgues démolis.
L’année suivante, le 7 juillet 1794, un règlement fut édicté pour la célébration des fêtes décadaires à Notre-Dame, transformée en temple de la Raison. Elle servait d’ailleurs à d’autres usages ; et, le 30 septembre de la même année, une chaîne de 208 forçats de passage y fut logée. Cependant, la municipalité prit certaines mesures pour préserver l’édifice ; et, le 7 juillet 1795., elle décida de poursuivre les jeunes gens qui se faisaient un jeu de lancer des pierres dans les portes, dans les vitraux et sur le toit de l’église.
En janvier 1801, celle-ci était dans un état tel que, la pluie tombant par les fenêtres et par le toit, les fêtes décadaires durent être transférées avec l’autel de la Patrie à l’église Saint-Jean ; mais, peu après, Notre-Dame fut rendue au culte et servit notamment aux prêtres revenus d’exil.
En 1836, l’un des piliers de la nef menaçant ruines, il fallut le réparer hâtivement ; puis, en 1848, l’état de l’édifice devenant de plus en plus critique, Geslin de Bourgogne signala au ministre l’urgence des réparations à entreprendre si l’on ne voulait pas assister à l’effondrement du monument qui fut classé le 2 août.
M. Guépin, architecte du département, fut chargé de faire les relevés nécessaires et d’établir un projet de restauration, qui fut déposé le 14 mai 1849, mais suscita diverses objections, notamment au sujet de la méthode de redressement des murs. Un nouveau projet, daté du 12 juin 1850 et prévoyant la réédification complète de la nef fut approuvé ; et les travaux de démolition, confiés à M. Eveillard, entrepreneur, et commencés le 3 mars, furent terminés le 17 juillet 1851. Lors de cette démolition, l’on trouva que les murs de fondation sous les piliers étaient en moellons de blocage hourdés d’argile et avaient subi un fort tassement ; et que, sous la colonne du milieu de la nef, côté nord, le fossoyeur avait dégagé le massif jusqu’à l’axe du pilier.
Les travaux de reconstruction furent terminés en 1857, faisant le plus grand honneur à l’architecte et à l’entrepreneur.
En septembre 1869, l’on constata des éboulements importants du rocher sur lequel reposait Notre-Dame, risquant de provoquer l’éboulement de l’édifice ; il fallut le consolider d’urgence.
En 1871, l’on reconstruisit contre le chevet un ponçeau dans le même style que celui qui existait autrefois et l’on s’occupa des aménagements intérieurs ; enfin, la consécration de l’édifice reconstruit eut lieu le 18 mai 1872.
Les travaux de consolidation de l’assise, exécutés en 1869, s’avérant insuffisants, l’on décida d’édifier un mur de soutènement monumental, travaux exécutés sous la direction et sur les plans de M. Guépin, d’octobre 1874 à 1882.
Entre temps, en 1879, l’on envisagea la construction d’une nouvelle sacristie à laquelle s’opposa M. Corroyer, architecte des Monuments historiques, mais que son successeur, M. Ballu, engloba dans un nouveau projet prévoyant la restauration de l’abside, des façades latérales, du choeur et de la tour.
La construction de la sacristie fut exécutée en 1885, la restauration de la tour en 1886, et celle de la façade absidale terminée en décembre 1890. Au XXème siècle, ne furent entrepris que des travaux d’entretien.
Plan : L’édifice, de plan irrégulier, comprend une nef avec bas côtés de quatre travées inégales, celle voisine du transept étant de moindre longueur, un transept dont le carré est surmonté de la tour, un choeur à chevet, plat de trois travées avec bas côtés sur lesquels s’ouvrent des chapelles latérales.
Extérieur : Le pignon occidental est percé dans sa partie inférieure d’un portail dont l’archivolte est garni de quatre voussures en retrait supportées par des colonnes engagnées. Les trois voussures extérieures sont en arc brisé et décorées de dents de scie et de roses ; la dernière, en plein cintre et simplement épannelée, est une reprise. Les corbeilles des chapiteaux sont décorées de figurines encore toutes romanes et de crochets naissants, ainsi que l’on en retrouve à la cathédrale de Saint-Brieuc. Au-dessus de ce portail est une grande fenêtre à deux lancettes dont le remplage comprend un cercle reposant sur deux arcatures. Tout cet ensemble dénote les premières années du XIIIème siècle. La façade sud de la nef se compose des pignons des quatre travées du bas côté et n’offre aucun intérêt. Le pignon de l’aile sud qui vient ensuite, peu débordant, est percé d’un beau fenêtrage du XIVème siècle. Le bas côté sud du choeur présente entre chaque travée de puissants contreforts et, entre les deux derniers, une tour fortifiée faisant, entre autres, communiquer un grand réduit, sous le choeur, avec les différents étages de la défense dont elle était un élément important.
Le chevet plat est percé au centre d’une vaste fenêtre décorée d’une beau fenêtrage du XIVème siècle, refait en partie en 1840 après sa démolition par la tempête et encadrée de deux tourelles carrées et épaulées de puissants contreforts. A l’extrémité des bas côtés deux fenêtres du XIVème siècle, très dissemblables. Les murs sont couronnés d’une courtine avec parapet crénelé.
Sur la façade nord, les pignons des chapelles latérales du choeur sont percés de fenêtres de dimensions variées avec fenêtrages du XIVème siècle. Ils sont surmontés d’un couronnement crénelé datant du XIXème siècle. Le pignon de l’aile nord date du XIIème siècle et est percé de deux étroites fenêtres largement ébrasées à l’intérieur ; enfin l’on trouve les pignons des trois chapelles du XVIème siècle, chapelle entre lesquelles subsiste un porche du XIIème siècle dont le couronnement a été complètement modifié lors de la reconstruction de 1856. En plein cintre, il comprend six voussures en retrait, bien moulurées mais sans aucune décoration, reposant de chaque côté sur douze colonnettes jumelées dont les chapiteaux ont leurs abaques décorées de roses et leurs corbeilles de figurines et feuillage. Une colonne du XIVème siècle supportant un linteau sépare l’ouverture en deux parties inégales d’un effet assez disgracieux.
Intérieur : Les grandes arcades de la nef, bien moulurées, reposent sur des colonnes à chapiteaux cylindriques dénotant une influence normande. Ces chapiteaux supportent également, vers l’intérieur de la nef, une colonne servant elle-même d’appui aux départs des arcs ogives et doubleaux simplement amorcés et des arcs formerets dont plusieurs ont été réalisés. Au-dessus des arcades, dans les trois premières travées, de petits oculis assurent l’éclairage de la partie haute. Les bas côtés sont voûtés sur arcs ogives, nous ne reviendrons pas sur l’époque de la construction de leurs différentes parties indiquée plus haut.
Le carré du transept est voûté sur arcs ogives se raccordant une lunette. Il est surmonté de la tour de deux étages dont, le second est voûté ; l’aile nord comprend une seule travée et l’aile sud deux travées.
Le choeur, voûté sur arcs ogives, présente en élévation une disposition tout à fait anormale. La face nord comprend de grandes arcades surmontées d’une galerie de circulation aveugle, puis un triforum et de fausses fenêtres hautes ; sa face sud de grandes arcades beaucoup plus élevées, pas de galerie de circulation, un triforum, et des fenêtres hautes. Les archivoltes et les différents arcs ogives, doubleaux et formerets sont très finement sculptés ainsi que les corbeilles des chapiteaux.
Les bas côtés sont voûtés sur arcs ogives ; sur le bas côté nord s’ouvrent trois chapelles, séparées entre elles par les contreforts intérieurs. Sur le bas côté sud, s’ouvrent également des chapelles, mais séparées par un réseau ajouré analogue à un fenestrage, disposition que l’on retrouve à la cathédrale de Coutances.
Mobilier : L’église ayant été ravagée en 1793, le mobilier est, moderne et dû à Hérault, sculpteur à Rennes (1871). Seules subsistent la chaire due à Jean Richard et datant de 1681 et une portion de l’ancien jubé du début du XVIème siècle supportant le buffet d’orgues daté de 1632. Ce buffet, commandé à Josselin Dumains, sculpteur de Saint-Malo, fut mis en place le 12 février 1634. Les orgues, qui furent détruits sous la Révolution, avaient été commandés à Paul Maillard, facteur à Rennes.
Nous mentionnerons à Notre-Dame plusieurs enfeux subsistants :
L’un porte les armes des Le Baillif avec l’inscription : SEPULCRUM IOHANNIS BAILLIF. R. HUIUS ECC. ET DE BREHAN 1520. Il avait été concédé à Jehan Le Baillif le 1er janvier 1519 ; un second porte l’inscription : ICY EST L ENFFEU DE MICHIEL BOUTELIER ET IACQUETTE HALNA SA COMPAIGNE ; un troisième : YCY DOM MATHURIN HASTE SACRISTE ET CHANOYNE DE CEANS I. 60 ; enfin tombe des Bertho avec statue tumulaire du XVème siècle (R. Couffon).
© Copyright - Tous droits réservés.