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HISTOIRE DE L'EGLISE DE LAMPAUL-GUIMILIAU |
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Trois églises du Léon, du nom de Lampaul (Lanna- Pauli), probablement bâties sur une dépendance d'un monastère (Lann, monastère. Cf, J. Loth : Chrestomathie bretonne, Paris, 1890, in-8°, p. 99), Lampaul-Guimiliau, Lampaul-Plouarzel, Lampaul-Ploudalmézeau, étaient placées sous l'invocation de saint Paul Aurélien, premier évêque du diocèse.
Lampaul-Guimiliau, aujourd'hui commune, n'était qu'une trêve dépendant de Guimiliau, mais qui l'emporta au XVIème siècle sur l'église paroissiale. Elle paraît même avoir donné le signal des transformations dans son voisinage immédiat. Son porche (1533) précède de près de trois quarts de siècle ceux de Guimiliau et de Saint-Thégonnec ; son clocher (1573) fut commencé vingt-six ans avant celui de Saint-Thégonnec ; et la réfection de l'abside, inspirée par celle de Pleyben, et du bas-côté nord date, comme nous le verrons, des premières années du XVIIème siècle, qui fut employé presque tout entier à l'agrandissement des églises rivales.
Aucun compte relatif à la construction n'a été jusqu'ici signalé. En l'absence d'archives, nous possédons les dates de 1533, inscrite sur le porche méridional, 1573, sur le clocher-porche occidental, et 1609, sur le bas-côté nord. A l'aide de ces points de repère et de l'analyse du monument lui-même, nous verrons qu'il faut y distinguer :
1° Un cycle de constructions, peut-être divisible en campagnes successives, mais assez rapprochées pour être réunies, qui se place vers la première moitié du XVIème siècle et qui comprend les six premières travées du bas-côté sud, le porche méridional, la sixième travée du bas-côté nord. L'église de cette époque avait sans doute un chevet plat et la muraille nord était construite en moellon. Les cinq premières arcades nord pourraient être antérieures ;
2° Le clocher-porche, fondé en 1573 et bâti hors œuvre au milieu de la façade occidentale, refaite presque en même temps ;
3° Le mur du bas-côté nord, construit vers 1609, jus-qu'au pignon conservé de la sixième travée ;
4° Le chevet, reculé de la longueur d'une septième travée, l'abside à trois pans, au commencement du XVIIème siècle.
Ces trois dernières campagnes ont pu se suivre de très près et même chevaucher les unes sur les autre ;
5° La sacristie, accolée sur l'angle nord-ouest (1673-1679).
Intérieur. — Cette église n'est pas voûtée et présente en plan une nef et deux bas-côtés de sept travées, les deux dernières ayant leurs bases et leurs clefs surélevées. Le chevet plat a été défoncé pour loger un autel dans un chœur à trois pans.
Les grandes arcades brisées, dont les moulures à pénétration retombent sur des colonnes, suivant, la tradition flamboyante, ne sont pas parfaitement symétriques. Il est vrai qu'elles sont aussi, d'un même côté, inégales entre elles [Note : Au sud, les cinq premières arcades ont les ouvertures suivantes : 3m 85, 3m 87, 3m 67, 4m 12, 3m 38. Au nord, à part la première arcade, réduite par la saillie de l'escalier du clocher, la régularité est plus grande ; 2ème arcade 3m 89, 3ème, 4ème et 5ème arcades : 3m 84, 3m 91, 3m 81. La 5ème arcade nord paraît plus basse que les autres. Les 1ère, 2ème et 5ème arcades nord sont un peu plus hautes et plus aiguës que la 3ème et la 4ème. Celle-ci est plus aplatie que la 3ème, mais les clefs sont à peu près de même niveau] et qu'dne telle anomalie peut s'expliquer par la maladresse ou l'inexpérience du constructeur. Puis le profil varie du nord au sud : les cinq premières arcades septentrionales ont leur double voussure creusée en cavet, tandis que les six premières arcades méridionales ont une troisième voussure intérieure torique à filet saillant. La sixième arcade nord se compose de trois voussures en cavet.
Quant aux arcades de la septième travée, elles présentent un profil commun absolument différent. C'est une combinaison de talons, de gorges et de nervures latérales curvilignes, orientées parallèlement à l'axe, qui correspond à la dernière campagne, apparente aussi du dehors par les décrochements d'assises. La base de la dernière pile élevée cle chaque côté sur l'enl lacement de l'ancien chevet confirme cette réfection. En effet, les deux tores réapparaissent dans cette mouluration, toute différente du profil flamboyant des autres bases de piles [Note : Une pile du côté nord, trois piles du côté sud. Les autres sont enterrées ou ont des profils simplifiés. Encore faut-il remarquer que cette mouluration flamboyante a duré parfois jusqu'au XVIIème siècle (Soubassement du bas-côté nord de Saint-Thégonnec — 1640 —)], arête dont le biseau inférieur rejoint par une contre-courbe le talon dérivé du socle. Enfin, il faut remarquer que les clefs des arcades de la sixième travée sont déjà montées à la hauteur de la septième et que ces deux travées forment ensemble une sorte de chœur surplombant de deux marches le sol de la nef.
La septième travée mise à part, dont l'addition est acquise et datée par l'extérieur du commencement du XVIIème siècle, les profils ne donnent pas d'indication précise. Ainsi le profil en cavet, connu depuis le XIIème siècle, se rencontre jusqu'au XVIIème siècle, en Bretagne, aux fenêtres de l'abside de Guimiliau, par exemple. Le boudin piriforme à filet saillant, fréquent dans les églises bretonnes flamboyantes, a duré jusqu'au XVIIème siècle, comme au transept de Sizun (1638-1643) et à la voûte du calvaire de Pleyben (1632-1640).
Mais on remarquera que la pénétration de l'archivolte de la première arcade se fait directement dans le mur occidental, épaulé par le clocher sans le secours d'un dosseret, et que, du côté nord, la saillie intérieure du pilier qui renferme la cage d'escalier empiétant sur l'arcade absorbe un sommier. Il semble donc, sans qu'on puisse l'affirmer, que la nef est antérieure au clocher (1573).
D'autre part, la différence de profil de la sixième arcade nord avec les pignons voisins du bas-côté sud induirait, à classer les cinq arcades nord avant les arcades sud, montées en même temps que la sixième travée. Mais nous verrons de l'extérieur que le pignon surélevé de cette travée est sans liaison avec le pignon voisin du bas-côté sud, tout en présentant aussi les caractères du XVIème siècle.
Sur des bases aussi fragiles, je ne puis proposer qu'une hypothèse. A un moment donné du XVIème siècle, on aurait refait les arcades méridionales de l'église antérieure, et, en même temps, soit allongé la nef et ses bas-côtés d'une sixième travée, soit surélevé cette travée, si elle existait déjà, pour marquer une sorte de transept, et, de chœur à la fois. L'antériorité des arcades nord n'étant pas certaine, ce n'est là qu'une conjecture assez plausible.
La nef, à peine plus élevée que les bas-côtés, n'a pas de fenêtres hautes. Le bas-côté sud, à l'ouest du porche qui s'ouvre en face de la troisième travée, s'éclaire par deux fenêtres en arc brisé, étroites, à glacis élevé, divisées par un meneau au profil taillé en doucine ; à l'est, on trouve deux fenêtres semblables, mais avec des profils en cavet. Sous la dernière, au droit de la cinquième travée, s'ouvre une petite porte en anse de panier. La sixième travée, surélevée, possède une haute fenêtre à trois meneaux, avec un remplage à soufflets sans redents, qui est peut-être postérieure. Cette même fenêtre, avec son profil en cavet, se retrouve au mur de chevet du bas-côté, pourtant reculé au XVIIème siècle, ce qui me fait croire à un remploi de la forme, par économie. Le mur latéral, de la septième travée, qui date de cette dernière campagne, est aveugle.
Nous verrons à l'extérieur que le mur du bas-côté nord a été reconstruit au commencement du XVIIème siècle, à l'exception du pignon surélevé de la sixième travée, qui a été conservé. Cette travée donne lieu, ainsi que la dernière, aux mêmes observations que la travée correspondante. Dans la partie refaite, l'architecte a percé trois fenêtres en tiers-point, à double-voussure en doucine, dont les deux meneaux soutiennent des soufflets et des mouchettes lisses. Une porte, ouverte entre les deux premières, donne sur la troisième travée.
Dans l'épaisseur considérable du mur occidental s'ouvrent, côte à côte un oculus sans ébrasement et une petite fenêtre en plein cintre recoupée par une traverse horizontale et profilée en doucine. Enfin, l'architecte du XVIIème siècle a percé à l'extrémité orientale du mur latéral, construite au commencement de ce siècle avec l'abside, une porte en plein cintre entre deux pilastres, sous un entablement mouluré, pour communiquer avec la sacristie de 1673. La menuiserie de la porte est datée de 1679 et le lambris de la nef est moderne.
Le chœur a cinq pans, mais la partie droite est si courte qu'elle disparaît à l'extérieur derrière un contrefort logé dans l'angle. Les fenêtres en tiers-point, à deux meneaux remplages à soufflets, occupent presque toute la surface des pans principaux. Ce chœur aurait étê voûté.
Extérieur. — Comme à Sizun, l'église de Lampaul n'a pas de véritable façade occidentale ; d'ailleurs, la disposition des lieux ne permettait pas le recul. Au lieu d'embellir l'ancienne, on eut l'idée d'y appliquer, en 1573, comme on l'avait déjà fait à Lambader et à Bodilis, comme on le fit, vers la même époque, à Landivisiau et comme on devait le faire, plus tard, à Sizun et à Commana, un clocher porche hors d'œuvre, qui remplaça peut-être un petit clocher-porche, encastré, tel qu'on en voit à la plupart des églises rurales de la fin du moyen âge en Basse-Bretagne. On refit en même temps, du moins en partie, le mur de fond des bas-côtés, dont la moulure du soubassement continue celle du clocher, et dont le parement prolonge, au nord et au sud, un contrefort de la face orientale. Le défaut de place était tel qu'au lieu de choisir, pour pénétrer sous le clocher, l'arcade occidentale, on prit, comme à Bodilis et à Sizun, celle du midi, de façon que l'entrée dut se faire en retour d'équerre. Les causes habituelles de prédilection pour les élévations méridionales interviennent peut-être aussi. Plus tard, lorsque, en 1667, on construisit l'ossuaire dans l'alignement de l'arcade occidentale, on la condamna pour achever de boucher le passage de ce côté.
Le clocher lui-même dérive directement du Kreisker, mais la cage est en retraite sur le soubassement, et des contreforts en équerre, à chaque angle, soulagent l'encorbellement des deux plates-formes. Une seule baie en plein cintre s'ouvre sur chaque face du double étage et le passage du plan carré à la flèche octogone se rachète par les clochetons d'angle. Ces éléments décoratifs ont évidemment changé en passant du XVème à la fin du XVIème siècle, voire même au commencement du XVIIème ; car, si les fondations, dit l'inscription, datent de 1573, nous voyons, dans des comptes presque contemporains travailler plus d'un quart de siècle la tour de Saint-Thégonnec. Les balustrades sont classiques, mais on retrouve encore les crochets frisés aux arêtes de la flèche. Il n'est pas jusqu'aux dimensions, sinon la silhouette un peu alourdie, qui ne rappellent celles du célèbre clocher de Saint-Pol de Léon.
Avant d'être décapité par la foudre, le clocher de Lampaul devait atteindre à peu près la même hauteur.
Le rez-de-chaussée de la tour était voûté d'ogives et percé, comme il a été dit, sur ses quatre faces d'une arcade en plein cintr e; celles qui sont tournées vers le nord et le sud ont leurs clefs un jeu plus élevées que les autres. L'arcade méridionale est encadrée par un portique surmonté d'une niche et d'une statue de la Vierge, dont l'entablement repose sur deux colonnes corinthiennes. La frise porte l'inscription de fondation : ANNO : DNI : 1573 DIE : 19 APRILIS FVNDATA : FVIT : HEC : TVRRIS :.
Les deux voussures de l'arcade présentent un bandeau sur l'intrados, un talon sur les flancs et sont séparées l’une de l'autre par une nervure latérale, fortement détachée par une gorge et orientée parallèlement à l'axe. L'idée de ce profil, reprise dans la dernière arcade de la nef, vient du porche méridional flamboyant. La voussure intérieure retombe, à droite et à gauche, sur une colonne engagée dans le piédroit, selon un parti que nous retrouverons perfectionné à Guimiliau, à Pleyben et à Saint-Thégonnec. L'arcade nord a le même profil. Notons enfin la clef taillée en volute, le portique ionique de l'arcade orientale qui donne accès à l'église, et la modeste ornementation extérieure de l'arcade occidentale, aujourd'hui bouchée. L'entablement sur pilastres est surmonté d'une niche à coquille et d'un fronton triangulaire.
L'élévation latérale nord fut construite immédiatement après le clocher, dont elle reçoit la suite de la moulure de soubassement. Elle est liée avec le retour de la façade occidentale et le contrefort d'angle oblique qui les sépare. L'architecte l'a traitée sobrement, selon l'usage du pays, mais avec moins de sévérité que la précédente, construite en moellon, comme en témoigne un dernier vestige. En effet, on voit encore le pignon d'un toit transversal plus élevé, qui correspond à la sixième travée et qui fait au bout de la nouvelle muraille une sorte de croisillon sans saillie, légèrement emboîté dans la sacristie. Toutefois, la partie supérieure du gâble à fleuron et à crochets frisés est appareillée, ce qui appuierait l'hypothèse de la surélévation. Sauf l'appareil, le pignon méridional est identique.
Cinq contreforts très simples, amortis par des volutes à double enroulement, épaulent la rburaille, percée, comme nous l'avons vu, de trois baies et d'une porte. Les colonnes ioniques en délit qui l'encadrent soutiennent un entablement : sur la frise, on lit la date 1609. Une niche à coquille, sous un fronton à denticules, abrite une statue de saint Jean l'Evangéliste et couronne le portique.
Le toit du bas-côté, parallèle à celui de la nef, repose sur un mur goutterot amorti par une série de pignons.
Contre l'extrémité orientale de la muraille, au droit de la dernière travée, on appliqua, en 1673, comme le prouve une inscription, une sacristie, construite sur le plan d'une petite chapelle, avec abside à trois pans orientée vers le nord. Elle est à deux étages, desservis par un escalier dont la cage fait une saillie sur la partie droite orientale, dans l'alignement du chevet de l'église. A chaque angle s'élève un contrefort surmonté d'un lanternon, suivant une disposition très fréquente. Un stylobate à modillons marque l'étage et une corniche à denticules soutient les sablières du comble, privé, à l'époque moderne, de ses épis en plomb.
Toute l'élévation latérale sud, conçue dans le style gothique, appartient à la première moitié du XVIème siècle, sauf l'extrémité orientale, aveugle et sans gâble, correspondant à la dernière travée et au recul du chevet, sauf aussi les contreforts, ajoutés au commencement du XVIIème siècle.
L'entablement daté de 1622, qui surmonte la porte en anse de panier de la cinquième travée, a trompé les archéologues, mais c'est une refaçon évidente. Les piédroits, de section rectangulaire, portent sur chaque face le refouillement en arête très caractéristique du porche (1533). Cette date de 1622 doit se rapporter à la série de travaux que je viens d'indiquer. Le reste de la décoration est de style flamboyant.
Sans doute, la variation des moulures de la corniche et du soubassement marque la possibilité de reprises, mais certainement celles-ci sont très rapprochées. Le défaut de liaison des flancs du porche avec la muraille peut s'expliquer, comme je l'ai dit à Sizun, par ce fait, plus sensible encore à Guimiliau, qu'il était confié à un architecte supérieur aux maîtres maçons. Mais la surélévation du pignon de la sixième travée correspond à un défaut de liaison d'assises plus impressionnant.
Les fenêtres qui éclairent la première, la seconde, la quatrième et la cinquième travée sont trop étroites pour que leurs gâbles se touchent. Ces baies ressemblent à de véritables lucarnes à fleurons, à crochets frisés et à sommiers saillants sculptés comme une gargouille ou comme un blochet, avec des anges à phylactères, des chimères et des animaux fantastiques.
Le porche meridional de Lampaul, daté de 1533, postérieur aux porches ruraux de Saint-Melaine de Morlaix (1489), Saint-Jean-du-Doigt (1513), continue une formule originale dont la vogue grandira dans la région jusqu'à la fin du XVIIème siècle, mais l'ornementation est encore, comme à Sizun, tout à fait gothique.
L'arasement extérieur de l'arcade d'entrée en plein cintre comprend deux voussures profondes ornées de feuillages parfaitement découpés à la gorge dans le dur granit, de Kersanton. Les moulures piriformes retombent sur de petites bases polygonales. Le cordon, profilé en larmier, à crochets frisés et fleuron, dessine une accolade entre deux pinacles.
Des pinacles chargent également les contreforts obliques, composés, suivant la mode flamboyante, de deux corps superposés dont les faces se coupent à angle droit.
Le tympan du gâble, dont les rampants sont ornés de crochets, porte une statue de saint Michel tuant le dragon, un cadran solaire et la date MILVcXXXIII sous la statue.
Le fleuron a été évidemment remplacé par la niche Renaissance qui abrite aujourd'hui une statue de saint Paul-Aurélien tenant son dragon en laisse. Les images de la Vierge et de saint Jean, qui surmontent cette niche, accompagnaient autrefois un Christ en croix disparu.
On notera les marques de lit qui permettaient de remonter les archivoltes apportées toutes sculptées sur le tas et que nous retrouverons, au siècle suivant, à Guimiliau. Une lettre indique la voussure, en commençant par l'extérieur ; un chiffre, le numéro de l'assise, en remontant de gauche à droite.
L'intérieur du porche est divisé en deux travées voûtées. Les colonnes, engagées d'un quart, et leurs bases flamboyantes prismatiques reposent sur les bancs de pierre latéraux et reçoivent en pénétration les moulures des ogives et du doubleau.
Deux portes en anse de panier, à double voussure sous une accolade garnie de crochets et d'un fleuron, sont percées dans le mur de fond. Adossée trumeau, une colonne décorée de losanges en creux soutient une statue de la Vierge à l'Enfant. A droite et à gauche, une statue remplace de même la pointe des pinacles qui flanquent extérieurement les cordons. La cuve du bénitier, décorée de godrons, de postes et de palmettes, s’incruste en encorbellement dans la colonne. Le dais gothique a disparu.
Sur les parois du porche, coupées par une corniche dont, les ressauts servent de console à chaque statue, sont rangés les douze apôtres. Les petites voûtes à liernes, tiercerons et clefs pendantes qui se trouvent sous les dais de style flamboyant offrent des dispositions très variées.
Des anges à phylactères, avec ou sans inscription pieuse, ornent les clefs de voûte, quelques consoles et flanquent les sommiers de l'arcade extérieure.
Nous avons prouvé le recul du chevet. Sous la fenêtre du pan coupé sud, près du contrefort, on déchiffre avec peine la date de 1627. Or, les postes détachés qui servent de crochets aux rampants des gâbles répètent exactement ceux du porche de Guimiliau, construit au début du XVIIème siècle. Les contreforts de Gouesnou, qui remontent à la même époque, sont du même type.
Des gâbles amortissent le mur de chevet des bas-côtés. Les hautes baies qui les éclairent ont été raccourcies par l'exhaussement de l'appui. D'après leurs dimensions et leur profil, différents de ceux de l'abside en même temps que semblables à ceux de la sixième travée, on peut croire, ai-je dit, à un réemploi provenant du chevet précédent.
Au sommet des gâbles et des, contrefdrts, on voit des lanternons, dont nous venons de voir des variétés à Sizun et sur les contreforts d'angle de la façade occidentale et de la sacristie, et dont le type se reproduit indéfiniment, dans les édifices religieux de la région qui ont rompu avec l'ornementation gothique. Il n'y a que les détails qui diffèrent. Ces édicules se réduisent toujours à quatre petites piles carrées, réunies par des arcades en plein cintre et qui portent sur une tablette moulurée un dôme dont l'amortissement varie. Ils peuvent avoir exceptionnellement, comme à Lampaul, deux étages.
Ici, comme à Gouesnou, des corniches divisent les contreforts de plan carré en trois corps superposés ; la première, soulignée de modillons verticaux, couronne le soubassement, dont les faces sont traitées en panneaux de menuiserie. L'étage suivant est décoré de niches étroites à coquilles, entre deux pilastres, sous un encorbellement à triglyphes dont les métopes sont ornées de têtes plates. Le refouillement des panneaux supérieurs, légèrement retraités, a le profil d'une demi-colonnette dégagée par des contre-courbes. La frise de l'entablement est bombée. Le double lanternon chevauche une gargouille d'inspiration encore gothique.
Les trois baies de l'abside sont encadrées d'un bandeau. On lit sur les cartouches moulurés des tympans : Bene fundala est domus domini. - O quam, metuendus est locus iste, inscription souvent reproduite, notamment au porche de Guimiliau et, avec plus de développement, à celui de Gouesnou. La fenêtre du pignon d'axe manque.
Mobilier. — Indépendamment du maître-autel, qui est moderne, l'église conserve six retables d'autels du XVIIème siècle, en bois sculpté, dont quelques-uns sont vraiment remarquables.
Dans le bas-côté nord, un retable renferme une grande statue de saint revêtu des ornements sacerdotaux, qui n'a pas été identifiée. Les deux petits bas-reliefs sculptés en retrait sous les pieds de la statue se rapportent peut-être à la vie du saint. Le fronton courbe à ressauts est porté par des colonnes à chapiteaux corinthiens dont les fûts évidés présentent un rinceau de pampres et de bandelettes enroulées. Deux pilastres décorés de feuillages d'excellent style flanquent la grande niche intérieure. A côté des piédestaux, saint Laurent fait pendant à un saint évêque. Enfin, l'entablement reçoit, sous trois niches à frontons brisés, les images de saint Roch, saint Sébastien et de Dieu le Père assis, coiffé de la tiare pontificale, tenant son divin fils.
L'autel de la Passion, adossé au chevet du bas-côté nord, se compose de motifs d'architecture qui encadrent un retable à compartiments dérivé des retables flamands du XVème siècle et du XVIème siècle, dont il perpétue les dispositions, comme dans le retable de Fromentières (Marne). Mais, dans le registre inférieur, la Cène et le Lavement des pieds remplacent les groupes empruntés à l'enfance du Christ, qui manquent ici. Au-dessus, de gauche à droite, le Baiser de Judas, le Portement de croix, la Mise au tombeau ; et, dans le registre supérieur, la Flagellation, la Crucifixion, la Déposition de croix. Les trois croix du calvaire dominent ce bel ensemble.
Quatre grandes colonnes torses, à pampres et chapiteaux corinthiens, le flanquent et portent un entablement coupé par un fronton à pans. Au sommet, le Christ ressuscite au milieu des anges.
Deux des panneaux des boiseries latérales représentent en bas-relief la Nativité de la Vierge el le Martyre de saint Miliau, prince breton du XIème siècle, tué par son frère Rivod, et, qui tient sa tête à la main, comme saint Denis en France.
Au-dessus de ces panneaux se détachent les statues rustiques de saint Miliau et d'un saint évêque.
L'autel de saint Jean, symétrique du précédent, présente dans l'ensemble des dispositions identiques. Mais les scènes de la vie de saint Jean-Baptiste, qui composent le retable, ne sont plus ordonnées par compartiments séparés, comme dans celui de la Passion et ses ancêtres flamands. Dans le registre inférieur, de droite à gauche, on voit l'Enfance du Christ et de saint Jean ; saint Jean, dans le désert, montre au loin le Sauveur. En haut, le Baptême dans le Jourdain, et, dans le registre intermédiaire, Hérode et le Martyre du Précurseur.
Au-dessus de l'entablement, le Père Éternel dans les nuages, flanqué aussi d'anges musiciens et priants. Le Saint-Esprit descend sur le panneau central.
Les bas-reliefs latéraux figurent la Prédication de saint Jean et une belle « Chute des anges », sous les statues de saint Michel et de saint Jean.
Le retable de l'autel de sainte Anne, Dans le bas-côté sud, est pareil à celui qui représente un saint prêtre non identifié, mais ses colonnes sont lisses. Au sommet, un saint évêque entre sainte Barbe et sainte Marguerite ; au centre, grandes et mauvaises statues de la Vierge et de sainte Anne. En bas, entre les piédestaux, statuettes de saints bretons, saint Cadou, en moine, avec une cloche ; saint Yves, accompagné du riche ; saint Hervé, l'aveugle, guidé par un enfant et suivi de son loup.
Enfin, l'autel de saint Laurent fait pendant à celui de sainte Marguerite et n'est pas mieux traité.
Il faut signaler aussi les boiseries du choeur, où l'on remarque, du côté de l’Évaligile, une statue de saint Paul et deux scènes en relief de sa vie, le Chemin de Damas et l'Évasion dans une corbeille descendue des remparts de cette ville ; du côté de l'Épitre, une statue de saint Pierre, des bas-reliefs représentant son martyre et les Vertus théologales. Les attributs introduits dans l'iconographie à la fin du XVème siècle sont ici bien modifiés : la Foi tient un livre et un ostensoir ; l'Église est reléguée au fond. L'Espérance a son ancre, et deux enfants nus accompagnent la Charité. Non loin, le pélican symbolise aussi cette vertu.
Sur la poutre de gloire ou tref, entre la cinquième et la sixième travée, se dresse un grand crucifix entre les statues de la Vierge et de saint Jean. C'est un morceau des plus curieux, que j'attribuerais à la seconde moitié du XVIème siècle.
Sur les faces de la poutre engoulée sont sculptés les scènes et personnages suivants, à lire de gauche à droite :
Face à l'occident, quelques épisodes de la Passion, le Jardin des Oliviers, la Flagellation, le Couronnement d'épines, l'Ecce Homo, le Portement de croix, le Christ assis, attendant le supplice, la Crucifixion, la Descente de croix. Au milieu et sous le crucifix, deux anges élèvent le calice qui reçoit le précieux sang.
Fa-ce à l'orient, les douze sibylles assises, avec les attributs de l'iconographie française, combinée avec des influences de Lactance et de Filippo Barbieri, tels, ou à peu près, que M. Mâle nous les montre dans le livre d'heures de Louis de Laval (1489). Ce sont :
La sibylle Cimmérienne : un livre et le vase en forme de corne qui rappelle l'allaitement de sa prophétie. La sibylle Europe : un livre et une épée nue. La sibylle Libyque : un livre et un cierge allumé. La sibylle Hellespontique : un livre et une croix. La sibylle de Tibur : un livre et une main coupée. La sibylle de Samos porte la crèche de la Nativité. La sibylle Persique : un livre et une lanterne, à moins que ce ne soit la cuve de la sibylle de Cumes. La sibylle Érythrée : un livre et une fleur. La sibylle de Cumes, identifiée par élimination ; un livre seulement. La sibylle Agrippa : un livre et un manche de fouet. La sibylle Delphique : un livre et la couronne d’épines. La sibylle de Phrygie : un livre et la Croix ornée d'une bannière, dite de résurrection.
Le groupe de l'Annonciation divise également cette suite de figures. Nous les retrouverons, avec quelque déformation, aux arêtiers du lambris de Pleyben.
La chaire à pans coupés avec son encorbellement mouluré est inférieure à celle de Guimiliau (1677) et surtout à celle de Saint-Thégonnec (1683). C'est une œuvre postérieure, datée de 1750 par une inscription : I: POVLIQVEN : & : Y. COLONEIR : FABRIQVES : 1759 :.
Les panneaux de la rampe sont décorés d'arabesques. Sur ceux de la cuve, l'artiste a sculpté assez heureusement les quatre évangélistes avec les quatre pères de l'Église latine, commentateurs des Évangiles. L'association deux par deux, variable comme on sait, est ici la suivante :
De gauche à droite : saint Mathieu et saint Augustin, mîtré, tous deux ayant un ange pour attribut. Saint Marc et saint Jérôme avec un lion ; le chapeau plat de saint Jérôme pend à la muraille. Saint Luc et saint Ambroise, mîtré, accompagné d'une ruche. Saint Jean et saint Grégorie, coiffé de la tiare pontificale.
Les évangélistes occupent la partie supérieure des panneaux. Tous écrivent.
Une cuve baptismale en granit, à huit pans, avec, une petite cuve déversoir, comme à Saint-Jean-du-Doigt, à Sainte-Melaine de Morlaix, à Roscoff, à Guimiliau, à Lanmeur, etc., porte la date de 1651 avec les noms des marguilliers en charge. Elle est surmontée par un baldaquin daté de 1650, assez grossier, mais il est intéressant d'y reconnaître, comme à Sizun, les dispositions du magnifique baldaquin non daté de Guimiliau.
Huit colonnes, alternativement torses, à pampres ou à bandelettes et à feuilles de laurier, portent l’entablement octogonal sur lequel s'étagent trois-tambours de même plan, en retraites successives, et le dôme qui couronne le tout. Les arcatures du tambour inférieur, flanquées de colonnettes torses, abritent des statues d'apôtres et le Baptême de Notre-Seigneur. Les angles portent des vases et des pots de flammes.
Le buffet d'orgues à double jeu a été modifié récemment, mais a conservé ses sculptures de la fin du XVIIème ou du commencement du XVIIIème siècle. Nous en verrons un exemple intact à Guimiliau.
Par une rare fortune en ce pays, on trouve ici un Sépulcre signé « Anthoine : Fecit » et date de 1676. C'est une œuvre en pierre assez belle, où il est intéressant de noter la persistance des données traditionnelles des Sépulcres de la seconde moitié du XVème et du commencement du XVIème siècle. Les vieillards Nicodème et Joseph d'Arimathie se tiennent aux extrémités du sarcophage. En arrière, la Vierge, soutenue par saint Jean, est le personnage central, entre la Madeleine et les deux Saintes Femmes. La seule liberté que l'artiste se soit permise est l'introduction d'un troisième disciple, debout aux pieds du Christ, exemple à ajouter à ceux de Solesmes et de Quimperlé cités par M. Mâle.
Un bénitier intérieur, en granit à grain fin, du bas-côté sud, mérite quelque attention pour les deux figures de démons qui se tordent, renversés sur le bord de la cuve. L'exécution est assez bonne. Le groupe du Baptême du Christ est sculpté au-dessus sous un fronton à volutes affrontées.
A citer enfin quelques fragments de vitraux repiqués au chevet du bas-côté nord.
L'église a perdu son ancienne charpente, que M. l'abbé Abgrall a connue et décrite.
Les nombreuses et riches bannières brodées et brochées des paroisses bretonnes se sont beaucoup raréfiées. Lampaul en conserve deux du XVIIème siècle. Sur les faces de l'une sont représentés le Saint-Sacrement et la Vierge portant l'Enfant Jésus ; sur l'autre, le Couronnement de la Vierge et saint Paul-Aurélien.
Le clocher renferme deux cloches, dont l'une, ayant plus de 4.000 livres de poids et 1m 62 de diamètre, a été fondue en 1715 par Jean et Jean-François Le Beurrier de la Rivière, fixés à Brest, membres d'une véritable dynastie de fondeurs que l'on rencontre dans le diocèse de Vannes de 1686 à 1733. L'autre cloche a été refondue en 1872. M. le chanoine Abgrall a transcrit les belles inscriptions qui les ornent.
Porte monumentale du cimetière. — La porte monumentale de Lampaul, datée de 1669, est réduite à une seule arcade en plein cintre entre deux colonnes en délit, percée dans un massif rectangulaire, dont l'entablement supporte la balustrade d'une plate-forme étroite. Les trois croix du calvaire couronnent le monument. Celle du Sauveur porte sur un bras transversal les statues de la Vierge et de saint Jean. L'architecte paraît avoir été limité par la place.
Chapelle-ossuaire. — Cette difficulté est encore plus sensible dans la construction de l'ossuaire, planté comme celui de Sizun et engagé, comme celui de Saint-Thégonnec, dans la porte du cimetière par une abside à trois pans orientée au midi. A l'autre extrémité, le mur extérieur, du côté de l'Épître, forme une clôture reliée par un tronçon de mur à la face occidentale du clocher, dont il prolonge à peu près l'alignement. L'édifice obstrue ainsi le passage qui conduit à l'entrée latérale du clocher, si bien qu'a a fallu l'amputer d'un pan coupé à l'angle nord-est. Cette chapelle, de dix ans antérieure au chef-d'œuvre de Le Bescond, à Saint-Thégonnec, participe d'une inspiration commune. Les dispositions sont les mêmes ; les contreforts à lanternons ne diffèrent que par le soubassement. L'ornementation est seulement beaucoup moins riche et les proportions moins heureuses. Les gâbles de l'abside sont dépourvus de lanternons et leurs crochets n'ont qu'une seule volute. La façade sur le cimetière est aussi partagée en deux ordres par un entablement. Mais des pilastres remplacent les colonnettes de l'attique. La porte est en plein cintre sous un fronton courbe interrompu par une niche. La porte de la façade nord, reportée dans le pan coupé, s'encadre de voussures à feuillages d'un archaïsme intéressant à noter en 1667, date du monument inscrite sous une, fenêtre de l'abside.
A l'intérieur, on retrouvera l'autel habituel, avec son retable à colonnes torses, dédié à la Sainte-Trinité, qui compose le motif principal. Dans les niches latérales, saint Roch et saint Sébastien. Une clef pendante du lambris figure aussi la Trinité.
Enfin, comme à Saint-Thégonnec, une crypte placée sous l'autel contenait le Saint Sépulcre, aujourd'hui transporté dans l'église.
Croix du cimetière. — Le calvaire de Lampaul consiste en trois croix montées sur un seul bras au sommet d'un fût écoté. Deux anges, sculptés au centre du bras, recueillent le sang divin dans un calice.
C'est un travail du XVIIIème siècle, comme nous en possédons beaucoup en Bretagne.
(Par M. le Vicomte Alfred de la Barre de Nanteuil).
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