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LAMPAUL-GUIMILIAU SOUS LA REVOLUTION 

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Au moment de la Révolution, Lampaul-Guimiliau avait pour curé, M. Maurice Le Breton, et M. Derrien Le Gall, comme sous-curé, et un vieux prêtre, M. Scouarnec, qui tous mis en demeure de prêter le serment s'y refusèrent ; voici comment M. Laurent Pouliquen, maire de Lampaul, en rend compte au District de Landerneau, le 6 Février 1791 (L. 72) : « Non ohstant, la publication faite au prône de la grand'messe, le 30 Janvier, du décret du 27 Novembre, sanctionné par le Roi le 26 Décembre, MM. Le Breton et Le Gall, nos vicaires, et Scouarnec, prêtre approuvé, n'ont fait aucune déclaration ni offre de prêter serment, et ont même déclaré qu'ils ne le feraient pas. Nous approuvons leur conduite, sachant maintenant nous-mêmes que l'Eglise condamne le dit serment comme contraire à la religion ; nous ne voulons pas qu'on les inquiète en aucune façon, encore moins qu'on leur substitue d'autres que nous ne voulons pas. Tels sont les voeux du général. De plus, nous demandons que nos vicaires soient payés par vous pour le temps passé, puisque vous avez perçu leurs chapellenies et décrété leur casuel. Dans la suite, nous tâcherons de les payer des deniers de la fabrique ou des deniers royaux, si toutefois vous nous imposez en conséquence ».

Grâce à l'appui de la Municipalité, MM. Le Breton et Le Gall purent demeurer dans la paroisse quelque temps ; mais lorsque, dans le courant de l'année 1792, Expilly y nomma comme vicaire un sieur Félix Chansy [Note : Félix Chanssy, fils de M. Jean-Marie Chanssy, avocat à la Cour, né à Gouézec le 11 Novembre 1765 ; demeura à Lampaul de 1792 à 1798], qu'il venait d'ordonner prêtre, les prêtres non assermentés durent se rendre à Roscoff pour gagner l'Angleterre, le 28 Septembre 1792 (L. 335). 

Chansy avait été nommé vicaire de Lampaul, mais on lui avait donné à desservir l'église de Guimiliau, et même il résida quelque temps dans cette localité ; toutefois, tandis qu'à Lampaul la Municipalité avait été épurée, celle de Guimiliau demeurait toujours intraitable pour les constitutionnels ; on pourra s'en convaincre par ce rapport de gendarmerie :

« Le 30 Décembre 1792 (L. 137), Nous, Pierre Darnaud, maréchal des logis de Landivisiau, requis avec un gendarme de ma brigade, par le citoyen Chanssy, vicaire de Lampol, et demeurant actuellement à Guimiliau, relativement à diverses opérations qu'il y avait à faire pour les devoirs de son ministère à Guimiliau, et après les avoir finies, comme il était très tard, voulant se retirer à Lampol, je l'ai fait accompagné par un gendarme. 

Ce même jour, je certifie qu'étant seul, la veille, au bourg de Guimiliau, et voyant une quantité de monde qui s'assemblait dans l'église, je me suis transporté, aux environs de 9 heures du matin. J'y ai trouvé un rassemblement très considérable de monde de différents sexes qui chantaient une espèce de plein champ. Ayant vu sur le maître-autel deux cierges allumés et plusieurs particuliers dans le choeur, desquels j'ai reconnu Jacques Coat (instituteur), du dit bourg, qui entonnait le dit plein champ au pupitre et y faisait les mêmes cérémonies que les ci-devant prêtres.

Et après avoir fait la guerre à l'oeil pendant quelques minutes, j'ai aperçu, dans tout ce concours de monde, des airs menaçants par les regards qu'ils me faisaient, ce qui m'a fait prendre le parti de me retirer sur le champ dans une auberge du bourg, où les citoyens Joseph Dubois, gendarme, et Félix Chansy, vicaire de Lampol, y sont intervenus, auxquels j'ai fait le recit de ce que dessus. Alors, le dit Chansy nous a requis de l'accompagner chez le citoyen Coat père, greffier de la municipalité. Au bourg, nous lui avons demandé le registre des délibérations de la municipalité, qu'il a refusé, nous nous sommes transportés à la sacristie, accompagnés du Maire et des Officiers municipaux, qui ont déclaré au Sr. Chansy, qu'ils ne le connaissaient en rien, dans la succursale de Guimiliau, mais seulement vicaire de Lampol. 

Nous sommes retirés chez François Perrot, aubergiste, où Chansy nous a requis de l'accompagner jusqu'à l'église. A la sacristie, nous avons trouvé les mêmes municipaux, ceints de leurs écharpes ; Chansy a répété ses demandes relatives à ses fonctions, lesquelles ont été infructueuses. Sortis de la sacristie et de l'église, nous avons vu et entendu un concours de monde très considérable qui se sont mis à huer après nous. 

Arrivés à notre auberge, nous avons vu beaucoup de monde qui accompagnait un cadavre au cimetière. Alors, le dit Chansy, se croyant nécessaire pour cet objet, nous a requis de l'accompagner ; nous sommes allés à la sacristie, d'où nous avons vu le Procureur de la commune, le Maire et un Officier municipal accompagnant un cadavre au cimetière, où il a été inhumé en leur présence et celle d'un grand rassemblement. 

Les Officiers municipaux étant venus à la sacristie, le sieur Chansy les a requis de protéger sa sortie et sa marche, jusqu'en lieu de sûreté, à quoi ils ont adhéré, et nous ont conduits chez François Perrot, d'où nous nous sommes rendus à Lampol »

On conçoit que le sieur Chansy garda rancune d'un tel accueil, et le 15 Janvier 1793, le District de Landerneau, sur la demande formelle du vicaire de Lampol, était d'avis que l'église de Guimiliau fût provisoirement fermée.

C'est, sans doute, à la fontaine Sainte-Anastase que devait appartenir une statue de cette Sainte qui, en 1799, faillit compromettre la sûreté de la République. Dans un rapport décadaire, envoyé à l'Administration centrale par le canton de Landivisiau, il est dit (L. 93) :

« Une image, inventée par le fanatisme, a été transportée dans une garenne appelée Coatanastas, au milieu d'un grand bois, entourée de tous les attributs de la superstition, donnant des symptômes très alarmants. Cinq à six cents personnes venaient journellement en pèlerinage, sous prétexte d'honorer cette statue, et chaque jour ci-devant fériable, dix à douze mille habitants de tous les départements voisins s'y réunissaient. En vain les riverains s'étaient plaints de pareilles incursions, préjudiciales à leur sûreté individuelle ; des prêtres sanguinaires, ennemis de tout repos, avaient jeté dans une commune très patriote, celle de Lampol, cette pomme de discorde, pour se venger de l'attachement constant des habitants aux lois du pays.

L'Administration centrale, par sa lettre du 11 Vendémiaire dernier (21 Septembre 1798), défendait expressément ce rassemblement et ordonnait à la Municipalité de ce canton de le dissoudre. Elle n'y avait point réussi. Je lui donnai, le 20 Prairial (28 Mai 1799), un réquisitoire vigoureux, et l'arrêté qui en a été la suite, exécuté avec sagesse et fermeté, a produit le meilleur effet. 

Ce rassemblement, qui pouvait devenir alarmant, par les moyens de correspondance qu'il donnait à nos ennemis de tous les départements voisins, s'est entièrement dissout avec calme, et la statue prétendue miraculeuse est logée à la maison commune de Landivisiau ».

(Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

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