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LA PAROISSE DE SAINT-THOMAS |
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Saint Thomas Berket, évêque de Cantorbéry, mourait martyr en 1170, au moment où Guyomarch et ses fils fondaient l'abbaye de Notre-Dame de Daoulas. Le saint Évêque fut presqu'aussitôt placé sur les autels, et nous voyons, en 1231, une église dédiée au saint Martyr, à Bénodet, église que l'évêque de Quimper Rainaud donna, à cette époque, à l'abbaye de Daoulas. C'est, probablement, cette donation qui fut l'occasion, pour les seigneurs de Léon, fondateurs de l'abbaye et possesseurs de Landerneau, de bâtir, à la porte de cette ville, une église en l'honneur de saint Thomas, qu'ils donnèrent également à l'abbaye, et qui devint le prieuré-cure de Saint-Thomas, dès la première moitié du XIIIème siècle.
L'église primitive a été reconstruite vers la fin du XVIème siècle, et la tour fondée le dimanche de la Trinité 1607.
Non loin de l'église, dans l'ancien cimetière, se trouve un joli édicule transformé en maison d'habitation, portant la date de 1635. M. de Courcy nous dit que c'était une chapelle dédiée à saint Cadou. En 1720 (G. 219), on entreprenait la construction d'un reliquaire, par M. Brélivet, dans « le côté sénestre de l'église ».
Les principales confréries de la ville de Landerneau avaient leur siège à Saint-Thomas :
1° La confrérie du Saint-Sacrement, érigée le 13 Février 1584, par Grégoire XIII, sur la requête de Christophe de Cheffontaine, « cardinal du conclave, à Rome, de la maison de Kermorvan, en Léon » (R. G. 261) ;
2° La confrérie du Saint-Esprit, pour les texiers (G.223). Le 7 Juillet 1658, « noms de tous les texiers de Saint Thomas, Saint Houardon et Saint Julien, qui ont dessein d'ériger cette confrérie sur l'autel de Sainte Catherine, à Saint Thomas, sous l'invocation et à l'honneur du bienheureux Saint Esprit », font remarquer qu'il n'y a pas de corps de métier plus nombreux que celui des suppliants. Le 21 Juillet, ils nomment pour premiers abbés Julien Guillou, de Saint-Thomas, François Coant, de Saint-Houardon, et Alain Nicolas de la trêve Saint-Julien (Jean Pinvidic, recteur, Jean Gourmelon, curé).
Aussi, lorsqu'en 1675 (G. 225), marché est passé avec les sieurs Kerdoniou et Cadre, pour « peindre et azurer l'aile gauche de l'église du côté de l'autel Saint-Sébastien et du Saint-Esprit », il est entendu qu'après y avoir peint « des fleurs de lys, des étoiles, des macles (à cause des Rohan) et le nom de Jésus en or, en l'endroit de l'autel du Saint-Esprit, ils parsèmeront le lambris d'une douzaine de figures du Saint-Esprit d'argent et 4 écussons avec la navette d'or ». C'était le blason de la confrérie, parce que dans le métier de tisserand, c'est la navette qui est le lien d'union pour composer la trame de la toile ;
3° La confrérie de Saint-Cadou, qui se réunissait, sans doute, dans la chapelle citée plus haut ;
4° La confrérie de Saint-Blaise ou des cardeurs ;
5° La confrérie de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle ;
6° La confrérie de Saint-Sébastien ;
7° La confrérie des Cinq-Plaies ;
8° La confrérie des Trépassés ;
9° La confrérie de Saint-Nicolas ;
10° Et la confrérie de Saint-Charles-Borromée, patron des amidonniers.
La chapelle de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle et l'autel des Cinq-Plaies étaient dans l'aile côté de l'Epître ; les autels de Saint-Sébastien et du Saint-Esprit, côté de l'Evangile.
EXTRAIT DES REGISTRES ET COMPTES DE L'ÉGLISE DE SAINT-THOMAS (Archives départementales).
1455, 15 Mai. — Donation de Jean Even et sa femme, au prieuré de Saint-Thomas, de 6 sols et deniers de rente sur maison rue Plougastel.
1484. — A l'occasion d'un procès entre l'abbé de Daoulas et Hervé Le Heuc, serment fut prêté sur les reliques trouvées dans l'église de monsieur saint Thomas.
1488, 12 Août. — Consentement donné par Yves Berroc'h, prieur, à l'établissement des Cordeliers en la chapelle de Saint-Ernal.
1526, 13 Décembre. — Transaction entre le Prieur et les paroissiens, touchant certain parc nommé Parc-an-Claff (clanff, malade), en la dite paroisse, au bout duquel, de grâce spéciale, il leur a permis d'édifier une maison pour y retirer les malades de ladrerie, sans que les paroissiens puissent rien prétendre au dit parc.
1542. — Compte en décharge-dépenses, « pour vin à Pâques, aux communiquants ». « Pour les soupers du frère prédicateur et de son compagnon ». « Pour réparer et rabiller le chemin par où l'on a coutume aller en procession le dimanche de Pâques fleuri » (C. 225).
1660. — Le 13 Juillet, fête de saint Tividio (sant Ivizio).
1660. — « Pour le provenu d'une moitié du port des reliques de saint Blaise et de saint Corentin, le dimanche de la Trinité, 41 livres » (r. C. 259, f° 103).
« Pour la construction de l'autel Sainte-Catherine, 5 livres ».
1695, 19 Juillet. — L'Official, par ordonnance du 25 Juin dernier, a fait connaître la nécessité, pour les paroissiens, de fournir le vin au prêtre pour dire la messe, « pour n'être pas obligé d'aller le demander dans les maisons particulières, ce qui souvent cause grand retardement, outre qu'on est souvent refusé ». Les paroissiens ont supplié le Recteur de fournir ce vin aux prêtres, et les fabriciens lui paieront 21 livres par an (G. 553).
En 1698. — 3.624 livres sont votées, pour la refonte de la cloche ; marché est conclu avec Troussel, fondeur à Morlaix (G. 225).
Parmi les seigneurs ayant prééminences en l'église de Saint-Thomas, après les seigneurs de Rohan, fondateurs, nous signalerons le sr. de Kerlozrec, sr. de Chef du Bois, qui portait : palé de six pièces d'or et d'azur (G. 225), puis les sieurs du Rouale.
Un procès-verbal de 1742 (G. 225) dit qu'il est question de démolir la fenêtre du côté de l'autel Saint-Sébastien, donnant sur le presbytère, en laquelle sont les armes du sr. du Roual, en Dirinon, au haut côté de l'Evangile, trois soufflets :
Au premier, armoiries en chef et écartelées, au 1er, d'or chargé de 3 merlettes de sable ; au 2ème, de sable au cerf d'or ; aux 3ème et 4ème, de même ;
Au second d'or aux 3 merlettes de sable en my parti, et l'autre en alliance verré d'argent et d'azur, fascé de gueules. Au troisième, à gauche, en my parti échiqueté d'argent et de gueules, seules armes se trouvant en la dite vitre, arme du sr. des Cazeau.
1703, le 26 Août. — Ecuyer Mathurin Le Forestiers de Quillien, demeurant en sa maison, en cette ville, ayant fait ce jour remontrer, par M. Olivier Riou, curé, qu'il ne pouvait pas jouir de deux tombes qui dépendent de la maison où il demeure, pour lesquelles il paie par an 6 livres, et n'ayant pu découvrir qu'une d'icelles, qui est sur le côté du balustre de l'autel du Saint-Esprit, se serait adressé au duc de Rohan, premier fondateur de Saint-Thomas, lequel, par lettre du 9 Août 1701, lui permit de mettre un banc et accoudoire, hors du choeur, au joignant la seconde vitre qui est immédiatement au-dessous du banc du Rouazle, du côté de l'Evangile, avec faculté d'y mettre ses armes.
Les paroissiens disent qu'il n'y a aucun titre établissant ce droit de tombe, et le duc de Rohan n'a pas le droit d'accorder des emplacements (G. 553).
1706. — Alain Pennec, prêtre de Saint-Thomas ; Henry de Pennamen, recteur prieur.
Il n'était pas rare de voir les Curés ou Recteurs inscrire, sur les registres paroissiaux, quelques réflexions pieuses ou quelques allusions aux événements du temps.
En 1668, sur un registre de Saint-Thomas, voici une note grave, signée du recteur François Duval : « Unde superbit homo cujus conceptio culpa, Nasci poena, labor vita, necesse mori ».
EGLISE PAROISSIALE DE SAINT-THOMAS.
De l'autre côté de la rivière, sur la rive gauche, s'élève l'église de Saint-Thomas de Cantorbéry. Son clocher, sans avoir la hauteur et la valeur de celui de Saint-Houardon, n'est pas dépourvu de valeur, et sa silhouette un peu plus lourde contribue au pittoresque de la ville.
Sur la façade, on lit cette inscription : CESTE : TOVR : FVST : FONDEE : LE : DIMANCHE : DE : LA : TRINITE : EN : LAN : 1607.
Dans le petit porche qui est à la base de ce clocher, au-dessus de la porte qui donne entrée dans l'église, est creusée une arcade ou niche très large, dans laquelle est un personnage couché et qui semble être la Sainte Vierge, dans le mystère de Bethléem, comme à la porte principale du Folgoët et au porche de La Martyre. Mais ici, comme à La Martyre, l'Enfant-Jésus, qu'elle tenait sur sa poitrine, a disparu.
A l'intérieur, on trouve une nef principale et deux bas-côtés comprenant cinq travées, dont les piliers cylindriques sont dépourvus de chapiteaux, les archivoltes moulurées venant se perdre dans les fûts par pénétration. Du côté Midi, il y a un bras de transept, formant équerre.
Le maître-autel est surmonté d'un grand retable, dont les colonnes encadrent une fenêtre flamboyante à cinq baies. Des deux côtés sont les statues de saint Thomas de Cantorbéry, en chape et mitre et portant la croix archiépiscopale, et de saint Blaise, costumé de même et tenant la crosse. Sous chacune de ces statues, un bas-relief représente le martyre de ces deux Saints : saint Thomas, mis à mort dans son église, et à genoux au pied de l'autel ; saint Blaise est agenouillé aussi, priant avant de tendre le cou au bourreau qui va le mettre à mort sur l'ordre du gouverneur de Cappadoce, lequel est assis à son tribunal, sceptre en main et couronne en tête.
Cette oeuvre est ainsi datée : FAIT . L'AN . 1711.
Au-dessus des gradins de l'autel, sont deux autres bas-reliefs : la Cène et le Lavement des Pieds.
Outre ces représentations, l'église renferme encore une belle statue de Vierge-Mère, presque de caractère gothique, une sainte Barbe et un Ange Gardien, puis un grand haut-relief en bois de l'Assomption, où Notre-Dame est entourée de quatre anges, avec un cinquième qui tient une couronne et un sceptre, signes de sa royauté céleste.
Le long des murs des bas-côtés sont cinq enfeux à encadrements moulurés et feuillages, dans le genre Renaissance particulier à la région de Landerneau.
Les sablières de la nef et des bas-côtés sont couvertes de sculptures, arabesques, masques de profil, cartels, d'excellent style XVIème siècle. A l'extrémité Ouest du bas-côté Nord, sont des sujets bizarres et humoristiques : une truie allant boire à un tonneau ; une femme lui tire sur la queue et, avec un grand couteau, se taille un jambon dans son arrière-train, tandis que le mari tire aussi des deux mains sur les cheveux de sa femme. Plus loin, un individu au torse nu tient un sac à moitié rempli ; deux autres accroupis et un troisième grimaçants, font le geste de défoncer le sac et d'enlever le contenu, un autre personnage brandit de grands ciseaux de tondeur ; derrière lui, un coq, une poule et deux poussins picorent des fruits.
Sur le clocheton de la sacristie se lit cette inscription : IHS . 1669 : H : V : ET : D : M : F : DW : PRE : DE : S : THOMAS : ET : V : QVILLIEN : MARGVILLIERS.
OSSUAIRE.
A quelques pas de la façade Ouest de l'église est l'ancien ossuaire, servant au début du XXème siècle d'habitation au sacristain. La façade principale est percée de quatre fenêtres à plein-cintre séparées par des pilastres ioniques, et d'une porte centrale accostée de colonnes dont les fûts ont disparu, mais dont les chapiteaux à volutes sont restés en place. Sur la frise du fronton qui couronne cette porte, on lit la date de 1635.
Dans le pignon Sud, sont d'autres baies semblables à celles de la façade, et au pignon Nord, est une fenêtre à meneaux flamboyants.
(Archives du diocèse de Quimper et de Léon).
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