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PRIEURS MAURISTES DE L'ABBAYE NOTRE-DAME DE LANTENAC

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Prieurs mauristes de l'abbaye Notre-Dame de LANTENAC aux XIIème et XVIIIème siècles.

Après dom François Hardy, premier prieur mauriste, que nous avons vu arriver en 1654, se succèdent plusieurs prieurs dont nous n'avons à relater que le nom :
dom David Brossaud, 1658 ;
dom Julien Cohue, 1662 ;
dom Ildefonse Clairé, 1664 ;
dom René Rocquet, 1669 ;
dom Augustin Dubois, 1674.

Ce dernier fait dresser en 1677 un inventaire de la sacristie qui montre que le trésor du monastère était bien modeste.
« Une image de Sainct Firmin, evesque de Metz, pesant deux marcs deux onces cinq gros d'argent [Note : A peu près 569 grammes 80] avec son pied destail en façon debène dans lequel est enchassée une relique du dict.
Vases sacrés :
Trois calices dargent avec leurs patenes.
Un ciboire dargent.
Un soleil dargent pour exposer le Saint-Sacrement, qui se met sur le pied d'un des trois calices.
Un encensoir, navette et cuiller.
Un vaisseau dargent pour les sainctes huiles.
Une lampe dargent suspendue dans le choeur »
.

La relique de saint Firmin apportée par les Mauristes fut l'origine du culte rendu à ce saint dans l'église de l'abbaye, culte dont il survit encore quelques manifestations privées à Lantenac et environs. Peut-être même la vénération de la relique attira-t-elle des pèlerins. Ce qui semble l'indiquer, c'est la guérison de Julienne Moysan, de Plouguenast (localité située à dix kilomètres à vol d'oiseau de l'abbaye), cette femme « incommodée des gouttes, impuissante et contrefaite des mains » fut guérie devant l'autel de saint Firmin le 8 mars 1677.

Dom François Amoury succède en 1681 à dom Augustin Dubois. Le nouveau prieur pense à redonner une voix au clocher de l'abbaye, muet depuis longtemps, sans doute depuis les dévastations de Kerguézangor. Il traite avec un fondeur, Jacques Beurier, qui lui livre deux cloches dans le courant de 1683. On lisait sur la première : « Les religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur m'ont fait faire et j'ai été nommée Saint-Sauveur ». Sur l'autre : « Les religieux..., etc., et j'ai été nommée Benoiste-Scholastique ».

Ce fut, on n'en peut douter, une fête bien douce au coeur des moines que la bénédiction de ces cloches, cérémonie que suivirent nécessairement de longues et joyeuses sonneries emplissant les cloîtres du vieux monastère et qui réveillèrent les échos de la vallée du Lié. Pour qui connaît l'attrait qu'exerce la voix des cloches sur l'âme du paysan breton, il est également facile de se retracer la joie qu'éprouvèrent à cette occasion les braves gens de Lantenac et des hameaux voisins. Désormais, ils pourraient plus étroitement prendre part à la vie conventuelle des religieux, les suivre en esprit à la messe et à l'office divin, s'associer à leurs pieux exercices du jour et de la nuit.

En 1687, nous trouvons un nouveau prieur, dom François-Alexandre Theuin remplacé dès 1689 par dom Joseph Gouyn. Celui-ci acheta une troisième cloche, Marie-Anne, qui portait le nom de Jacques-Guillaume, fondeur.

A dom Gouyn succède en 1692 dom Jacques Vincent. Son administration est marquée aussi par l'acquisition d'une cloche, Julienne, qui fut livrée en 1693 par le fondeur Jean-Baptiste Chérel.

Durant les vingt dernières années du XVIIème siècle, l'abbaye est au comble de sa prospérité. Les religieux de choeur y sont au moins huit en 1681, nombre important pour l'époque, mais qui, malheureusement, ne se maintiendra pas.

De 1690 à 1733, de nombreux supérieurs se succèdent sans laisser d'autres traces de leur administration que les baux passés avec les fermiers de l'abbaye. Nous donnons ci-dessous la liste de ces prieurs avec l'indication des années auxquelles leurs noms se rencontrent sans essayer de déterminer la date d'entrée en charge, précision que ne permettent pas de fournir les documents consultés.

Dom André Billot, 1690.
Dom Jacques Vincent, 1692, 1694.
Dom Guillaume Hinault, 1700.
Dom Etienne Dufour, 1707.
Dom René Clémenceau, 1716, 1721.
Dom Placide Arnault, 1722.
Dom Pierre Merceron, 1723.
Dom Pierre Deneu, 1732.
Dom Julien de Berue devient prieur en 1733 et, l'année suivante, fait exécuter de grosses réparations aux six ponts jetés sur la rivière. Les travaux sont conduits par René Berthelot, de Turquily-le-Bas, en Plumieux ; ils se montent à la somme de 590 livres.
Dom Yves Bourgonnière succède au père de Berue en 1737 et est remplacé à son tour par dom Philippe Lanquier en 1740.

Ce dernier mérite plus qu'une brève mention. L'activité qu'il déploya durant sa longue administration de trente années et le zèle dont il brûlait pour la maison de Dieu montrent en lui un homme en qui s'alliaient une foi vive et une juste idée des devoirs de supérieur. Cependant, la situation matérielle de Lantenac n'allait pas sans mettre son courage à l'épreuve. Malgré les lourds sacrifices consentis par les religieux depuis plus d'un siècle, on n'était parvenu, en fin de compte à réparer convenablement d'autre édifice que l'église. Le reste du monastère continuait de se délabrer, envahi par le lierre, les ronces et les mousses. C'est à peine si les moines avaient pu s'aménager une modeste demeure dans la partie la moins ruinée de l'abbaye. Nous relevons dans une lettre adressée par dom Lanquier, le 28 janvier 1747, à M. du Vaumadeuc « en sa maison de Penhoët-Riant au bourg Saint-Nycolas de Merdrignac » une phrase qui dans sa brièveté saisissante dépeint mieux qu'une longue description la pauvre résidence à laquelle étaient réduits les religieux de Lantenac : Nous sommes dans une petite maison où nous avons besoin de tout.

Le prieur s'ingénia à remédier à ce dénuement et parvint à faire naître dans la Communauté une certaine aisance nécessaire au repos des esprits et même à l'observance de la règle. Mais ses efforts principaux eurent pour objet le soin de tout ce qui est particulièrement propre au culte de Dieu, il travailla à l'embellissement de l'église et remonta la sacristie qui manquait de linge et d'ornements. En 1759, dom Lanquier avait pu mettre de côté la somme nécessaire à la refonte des cloches achetées au siècle précédent. Elles lui semblaient, sans doute, insuffisamment dignes de la belle église abbatiale dont il avait achevé la restauration. Il passa un marché avec M. Jean Michel, fondeur, demeurant à Brevannes sous Choiseul en Bassigny, diocèse de Langres et se trouvant alors à la Trinité, diocèse de Saint-Malo, chez Dupont, maître serrurier. L'artisan promit de fondre, à la Trinité, où les métaux lui seraient conduits, quatre cloches et un timbre pour l'horloge, à raison de quatre sols « pour chaque livre de métal fondu et ouvragé en cloches ».

Ces cloches furent livrées le 10 octobre. Il y en avait cinq — bien que le marché ci-dessus en mentionne quatre seulement — et un timbre. Elles pesaient respectivement 900, 632, 446, 223 et 162 livres. Le timbre pesait 120 livres [Note : Le prix des six cloches atteignit la somme de cinq cent vingt quatre livres quatre sols. (Quittance du 26 octobre 1759)]. On fit venir des battants de la forge du Vaublanc, et les nouvelles cloches furent installées dans le campanile qui surmontait l'église, joyeux et digne couronnement des travaux que dom Lanquier avait conduits avec persévérance et décision. Cette fête, hélas ! n'eut pas de lendemain.

Au moment où l'on pouvait croire l'abbaye sauvée de la ruine, une décision du Chapitre général de la Congrégation de Saint-Maur vint en décider la déchéance. Pour des raisons multiples et graves que d'aucuns attribuent principalement aux effets d'une persécution locale, les capitulants décidèrent en 1766 de réunir la Communauté de Lantenac à celle de Sainte-Croix de Quimperlé. Cette prescription, toutefois, ne fut pas exécutée immédiatement, car jusqu'en 1770 rien ne paraît changé à l'abbaye qu'administre toujours dom Philippe Lanquier ; mais ce dernier disparaît alors, et ses successeurs, dom François Remont et dom Pierre Nicole partagent avec un seul religieux la tristesse et l'isolement qui pèsent sur le monastère sacrifié. Cet état de choses dura jusqu'à la fin de l'ancien régime. Puis vint la Révolution française qui n'exempta pas l'abbaye du sort réservé à toutes les maisons religieuses à cette époque bouleversée, l'anéantissement total par le mécanisme des trois opérations bien connues : sécularisation, nationalisation et vente aux enchères publiques.

Dans la dernière quinzaine de février 1791, des affiches annoncèrent la mise en vente de l'abbaye. Une première séance d'enchères eut lieu le 4 mars, sans résultat. Le 24 du même mois, la fondation du comte Eudon de Porhoët était définitivement enlevée à l'Eglise et passait aux mains de François-Marie-Joseph Raffray, maire de Loudéac, proclamé adjudicataire pour la somme de neuf mille six cent vingt-cinq livres, sur mise à prix de sept mille cinq cent quarante-cinq livres dix-sept sols.

Au moment de la sécularisation de l'abbaye, dom Etienne-Paul Barat, prieur, y vivait avec un seul religieux. Nous ignorons ce que devint celui-ci. Quant au premier, des pièces d'archives exhumées par M. l'abbé Lemasson nous permettent de suivre sa trace quelques années encore. Dom Barat est admis à la maison de réunion de Saint-Brieuc le 2 décembre 1792. L'année suivante, un passeport lui est remis « pour se déporter aux îles anglaises ». En mars-avril 1794, on le trouve parmi les « ecclésiastiques réfractaires, sexagénaires ou infirmes reclus en la maison des Carmélites de Guingamp ». Enfin, il est signalé le 15 septembre 1796 comme détenu dans la maison Picot-Chapdelaine à Saint-Brieuc. Il avait alors 65 ans. C'est tout. Nous ignorons à quelle date et en quel lieu la mort est venue frapper le dernier prieur de Lantenac (J. Du Chauchix).

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