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Dimanche 10 Mai 1477. — Au prône de la grand'messe, de l'assentiment de tous les paroissiens, Hervé Kerguelen et Jean Bertrand, procureurs de la fabrique de l'église Saint-Michel, cèdent la chapelle de Sainte-Anne située en ladite église, avec tous droits afférents, à Olivier du Châtel.

L'acte est rédigé par Derrien Goeletreff, vicaire perpétuel de...., [Note : Lanrivoaré, dit Kerdanet, mais est-ce bien le mot que porte le registre de la mairie de Lesneven, où est relaté l'acte ci-dessus ?], en présence de Guillaume du Châtel, seigneur de Lescoet, et de Hamon Tanguy.

11 Juin 1477. — En présence de Charles de Lescoet, chanoine de Cornouailles ; Jean le Gludic, marchand de draps, et Guillaume Mathey, prêtre, tous les trois habitants de Lesneven, Guillaume du Châtel, par son testament (dont seront exécuteurs son frère Olivier, Jean Ballivii, Charles de Lescoet et Maurice de Kergoanec), fonde 6 chapellenies à l'autel de Sainte-Anne, pour six chapelains, lesquels desserviront sur les lieux et diront deux messes par jour, sauf le dimanche, et célébreront, le lundi, une messe à chant où ils assisteront.

(En 1844, il existait encore, dans la sacristie de Lesneven, un tableau de fondations, que l'autorité épiscopale approuvait cette année là même, et qui portait 7 messes à desservir pour la fondation faite par Pierre de Dreux, Septembre 1216, et deux messes pour la fondation des du Châtel en 1477).

Le dit fondateur de 1477, Guillaume du Châtel, se réservait, ainsi qu'à ses héritiers, la présentation aux six chapellenies, dont la provision était reconnue à l'Evêque de Léon.

Pour cette fondation, Guillaume du Châtel affectait environ 36 livres de rente sur diverses terres.

10 Décembre 1477. — Approbation de l'Ordinaire. On y mentionne la présence du dit Derrien Goeletreff et du seigneur de Coetmeur (De Kerdanet).

« La fondation de la dite collégiale était faite afin que la paroisse et la ville ne manquassent pas de prêtres. Depuis, les chanoines ont toujours été incorporés au clergé et au service de la paroisse et ont toujours joui des diverses fondations et du casuel d'icelle. Toutefois, par la suite, le corps politique décida de n'admettre à la distribution que les chanoines originaires de la ville » (Archives Départementales, E. 472).

Paroisse et chanoines furent toujours si unis, est-il dit en 1757, que les plus anciens habitants déclarent n'avoir jamais entendu parler d'aucune dissension entre eux (Archives Départementales).

Peut-être, en examinant les dates, admettra-t-on quelque rapprochement entre l'établissement de cette collégiale et la création faite par Louis XI, au 1er Août 1469, de l'Ordre de Saint-Michel, et en 1476, d'un Chapitre de 10 chanoines.

La promotion du 1er Août 1469 avait compté 15 élus, dont Tanneguy du Châtel.

Le 22 Décembre 1476, le roi désigna la chapelle de Saint-Michel dans la cour du Palais, à Paris, pour y accomplir les cérémonies de l'Ordre, et, le surlendemain, il instituait un collège de 10 chanoines (Les Chevaliers bretons de Saint-Michel, par M. De Carné).

Il se peut que, par imitation du geste royal, la pensée soit venue au nouveau chevalier Tanneguy du Châtel, ainsi qu'à sa famille, de fonder, eux aussi, une collégiale de chanoines dans une église, — la seule du Léon — consacrée à Saint-Michel. D'où en 1477, la création que nous venons de relater.

8 Octobre 1485. — Tanguy, fils du précédent Olivier du Châtel, fait une fondation pour la création d'un nouveau chanoine qui sera chapelain sacriste, et dont la présentation appartiendra également aux seigneurs du Châtel (Archives Départementales, E. 471).

Les sept premiers chanoines furent : Laurent Daniel, Henri Galliou, Derrien Pelletier, Raoul Lorens, Even Lescarval, Robert Trilleur, Yves Robert (De Kerdanet).

12 Janvier 1484. — Guillaume Gouzillon, sieur de Kerno, présente des lettres du Duc du 20 Septembre 1478, et demande une commission pour constater ses possessions et saisines en l'église de Lesneven.

Le sénéchal descend, le jour même, à Saint-Michel, et déclare ne trouver aucune prééminence des Kerno dans l'église même [Note : Ceci sera contesté et expliqué par les Gouzillon de Kerno]. Mais il en relève dans la chapelle collégiale où Guillaume du Châtel, seigneur de Lescoet, a été enterré.

Dans la vitre au-dessus de l'autel, un écusson aux armes des Gouzillon, au-dessous de la rose, dans un panneau, avec des personnages au-dessous desquels était écrit : « Hervé Gouzillon et sa femme ».

Dans l'autre panneau, trois écussons écartelés aux armes de Penfentenio et Kerazret ; tous ces écussons étant au-dessous de la rose.

En haut de la fenêtre, armes du Duc et des écussons aux armes pleines du seigneur du Châtel et du seigneur du Lescoet, cadet de la maison du Châtel.

La présence des deux personnages, Hervé Gouzillon et sa femme, dans la vitre donnant ombrage aux du Châtel, on en vint à la transaction qui suit.

21 Décembre 1494. — Guillaume de Gouzillon, seigneur de Kerno, comparait devant Tanguy, seigneur du Châtel, pour lui faire la foi et hommage de la terre de Lannilis, comme démissionnaire de Marguerite de Lannilis. En même temps, qu'il donne au dit du Châtel deux tombes que Marguerite de Lannilis avait en l'église de Lannilis, il lui concède tout et tel droit que les Gouzillon de Kerno pouvaient avoir de tenir leurs armes en la vitre des du Châtel en la chapelle de Sainte-Anne, et il consent à ôter les armes des Gouzillon pour que les du Châtel y mettent les leurs.

Le seigneur du Châtel, de son côté, accepte que Guillaume de Gouzillon mette ses armes en la grande vitre du choeur de l'église Saint-Michel, sous les armes du seigneur de Trévigner.

Il semble que la transaction n'eut pas son effet ; la raison donnée est que le baron de Kerno, fils de Claude de Lescoet, juveigneur de Mancie, demeurait plus ordinairement en Cornouaille 

Voir Le Temporel de la Collégiale Sainte-Anne de Lesneven.

Voir Les Comptes de la Collégiale Sainte-Anne de Lesneven.

Voir Les Présentateurs de la Collégiale Sainte-Anne de Lesneven.

Voir La suppression du choeur de la Collégiale Sainte-Anne de Lesneven.

(Archives de l'Evêché).