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LES DERNIERS PRIEURS ET LE PROCES GOURCHANT |
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Vers 1610, à la requête du procureur du roi, lors du décès de missire François Riou, prêtre, gouverneur de Notre-Dame, inventaire est fait des biens et ornements, en présence des sénéchal et lieutenant, de Yves Larvor, sieur de Keréver [Note : Marié le 21 Juillet 1641 à Renée Noel ; décédé le 20 Septembre 1654], et d'Olivier Malguen, lesquels ont promis de s'occuper des dits biens et ornements, jusqu'à ce qu'il ait été pourvu au gouvernement de la dite église (Archives de Saint-Michel, Lesneven).
7 Juin 1612. — Après avoir requis un inventaire des meubles et un procès-verbal de la carence des réparations, missire Guillaume Luzinec, recteur de Kernouez, est pourvu du gouvernement de Notre-Dame (comme aussi de la chapelle Saint-Yves) [Note : Il succède, en 1614, à missire Jean Marchadour comme vicaire perpétuel de Lesneven. En 1621, missire Yves Martin signe en cette qualité (Archives municipales). Certains indices donneraient à penser que tout n'aurait pas été régulier dans cette investiture dudit Luzinec à Notre-Dame, et qu'il aurait intrigué pour se faire pourvoir].
Il aurait à catéchiser et instruire les enfants, desservir les fondations, entretenir et réparer l'église, toutes conditions indiquées par le Grand Vicaire de Léon en commettant Luzinec au dit bénéfice.
Hélas ! la perception des revenus fut surtout sa grosse affaire. Rien que par la vente d'emplacements de tombes, il réalisa plus de 500 livres.
Par ailleurs, non seulement il ne se souciait guère des charges à acquitter et des réparations à entreprendre, mais il en serait même venu — lui, maître ès Arts ! — à faire de son église un magasin à foin (Dom Anger : Cartulaire).
1616. — Un traité est passé entre les habitants et l'Abbesse de Saint-Sulpice (Archives départementales E. 471).
Y était-il déjà question de l'indignité du gouverneur ? C'est possible. En tout cas, mécontentement et plaintes augmentaient à son sujet. On fut même dans l'obligation, en 1632, de le relever de ses fonctions.
Si pénible lui aurait été cette disgrâce, qu'il se serait tué de désespoir. Pourtant, l'enterrement eut lieu à Notre-Dame même (25 Août 1632).
Le jour même, la communauté de Lesneven faisait apposer les scellés sur ses meubles et effets, et la levée n'en fut permise aux héritiers que le 13 Septembre (Archives municipales de Lesneven, et Cartulaire de Dom Anger).
Mais avant d'abandonner ses gouvernements, missire Luzinec, pressentant sa destitution prochaine, avait cru habile de résigner en faveur de son neveu, missire Alain (Allain) Gourchant.
Celui-ci, pour masquer la manoeuvre, se pourvut en secret à Rome, et, par surprise, obtint de Sa Sainteté une signature lui concédant le prieuré de Notre-Dame et la chapelle Saint-Yves, conjointement avec la cure de Kernouez.
Les habitants n'entendirent pas se laisser jouer ainsi. Dès le 20 Février 1631, ils protestèrent en ce qui les concernait plus spécialement, c'est-à-dire pour la collation du gouvernement de la chapelle de Saint-Yves, et le dit Gourchant, lors de sa prise de possession, vit dresser acte d'opposition par M. Jean Blouin, procureur syndic [Note : Enterré le mardi 7 Janvier 1647, dans une tombe appartenant à la dame de Morisur, au chœur de Saint-Michel, du côté de l'Epître. Sa femme, Marie Cloarec, le précéda dans la tombe, le 11 Avril 1644].
Débouté par les juges présidiaux de Quimper, le 23 Décembre 1633, de ses prétentions sur la chapelle Saint-Yves, il ne put que se résigner à céder la place aux deux marguilliers nommés pour régir le dit gouvernement.
Les paroissiens l'eussent, en outre, volontiers évincé de même de Notre-Dame, mais avec une ardeur beaucoup moins agressive, et pour cause : leurs pouvoirs n'égalant pas tout à fait leurs désirs.
Le 27 Août 1632, le sieur de Pontriny, procureur du roi [Note : Jacques Desportes, sieur de Pontriny, conseiller du roi et son procureur au siège royal de Lesneven, de la confrérie des maîtres ès arts, fit son testament le 23 Avril 1638, en la maison du feu sieur du Rest, son frère (lequel avait testé lui-même le 25 Février 1630). Jacques Desportes demandait à être inhumé à Saint-Melaine ou à Notre-Dame de Lesneven, au gré de sa femme, et léguait à cette dernière église, trois maisons situées rue Neuve, à Lesneven, et affermées 57 liv. 12 s., à charge de 12 services par an avec messes à chant (Archives de Saint-Michel). Député aux Etats de Nantes et de Vannes, 1618 et 1619 (De Kerdanet). Sa femme, Jeanne de Kerlech, mourut le 6 Mai 1644 (Archives municipales)], en remontrant la carence des réparations de cette église, y établissait bien, conformément à l'avis des habitants, deux gouverneurs laïcs, Alexandre Benault, sieur des Isles [Note : Député aux Etats de Nantes, 1623 et 1628, de Vannes 1643. Sa femme, Françoise Desmarets, fait son testament le 12 Février 1669. Il avait eu, comme première femme, Adelice le Bescond, morte le 24 Décembre 1639. Notons que déjà dans le passé, concurremment avec les prieurs et à titre sans doute de simples trésorieurs plutôt que de gouverneurs, on trouvait des laïcs. Ainsi le 9 Août 1623, se célébra à Notre-Dame, le mariage de écuyer François le Maucaezre, sieur de Kerbiriou (décès le 22 Janvier 1649), et d'Isabeau Le Blanc, en présence du gouverneur de Notre-Dame, M. de Kérambellec (Lesneven, Mairie. Registre des Mariages)] et Yves Person.
Mais ici la situation était plus délicate : fort de la signature obtenue à Rome le 2 Janvier précédent, et de la collation ensuite faite le 26 Août, par le grand vicaire de Léon, missire Gourchant, avec les seuls habitants pour adversaires, pouvait d'un front assez serein, prendre possession, le 7 Septembre, du bénéfice convoité.
D'autant plus que les habitants, ne tenant pas outre mesure à se lancer dans les difficultés qu'ils pressentaient, auraient consenti à fermer les yeux sur l'irrégularité de l'entrée du dit gouverneur à Notre-Dame.
Aussi le voyons-nous figurer en cette qualité dans un procès-verbal de la carence des réparations, en Décembre 1635 [Note : Parmi les experts, deux membres de la confrérie des maîtres ès arts : Alain Cap (mort le 5 Avril 1844) et Bastien Le Borgne (mort le 28 Octobre 1652)].
Peu après, nouvel examen de la chapelle. Il est remontré aux seigneurs prééminenciers qu'ils aient à effectuer les réparations qui de ce chef leur incombent. A savoir : messires René, seigneur baron de Penmarch ; René de Lescoet, seigneur de Kergoff ; écuyer Pierre Calloet, sieur de Kerastang, curateurs des enfants mineurs des feux sieur et dame de Trogurun [Note : Un sieur Gabriel de Kéranguen, sieur de Trogurun, meurt à Lesneven le 23 Août 1632 ; et le 5 Novembre 1635, Marie Calloet, dame de Trogurun, morte à Lesneven, est enterrée aux Dominicains de Morlaix] ; demoiselle Gabrielle de Quinquis, curatrice de Charles de Kerven, sieur de Kersullec ; Claude Kerbic, sieur de Kerault [Note : Le 29 Janvier 1652, Marie de Kerbic, dame du Menec, fille aînée de Claude de Kerbic, sieur de Kerault, le Menec, bois de la Haye, etc., et de Marie Bergot, dame des dits lieux et propriétaire de Kerelliou (en Plouvien), de Portez-ar-Groas, et de Keromnès, épouse François Touronce, sieur de Kervéatoux, le Delle, Keroignant, fils aîné de feu Hervé Touronce et de dame Françoise de Penancoet, dame douairière desdits lieux, et fille de la seigneurie de Keroualle] ; Hervé Tribara, sieur de Mesquernic [Note : Mesquernic, en Plonévez. Hervé Tribara était fils de Jean Tribara et de Marguerite Pilven. Celle-ci, le 28 Septembre 1624, donne à l'église de Saint-Michel, en la personne de Yves Botvarec, l'un des fabriques, une pièce de terre au terroir de Penvern, en Plouider, en considération que le dit défunt Jean Tribara avait été fabrique en 1610, et qu'il n'avait rendu ni bon compte, ni payé le reliquat. Dans son testament du 12 Avril 1630, où sont consignés divers dons aux églises, chapelles et confréries de Lesneven et des environs, elle exprime sa volonté d'être inhumée à Saint-Michel en la tombe de son feu mari, décédé le 23 Septembre 1620] ; Guy Le Roux et Catherine Bosec, sa femme, sieur et dame du Reuniou [Note : Guy Le Roux, mort le 6 Novembre 1644, maître ès arts. Catherine Bosec, sa femme, est inhumée à Saint-Michel, au premier rang de la nef, côté de l'Evangile (1657)].
Malheureusement, la conduite du gouverneur, guère meilleure que celle de son oncle, allait le faire interdire « a divinis », et en raison de cette vie scandaleuse du dit Gourchant, « lequel pour un recteur de paroisse est homme des plus vicieux et prévenu de crimes indignes de son caractère », force fut aux habitants d'intervenir.
D'abord, le 14 Janvier 1637, la Cour de Lesneven, considérant que durant vingt à vingt-cinq ans, Guillaume Luzinec avait perçu les revenus sans faire les réparations, y condamne ses héritiers : les nommés Cadic, Brunec [Note : Avaient respectivement épousé, le premier, une Luzinec, le second une Marie Gourchant, plus tard enterrée à Saint-Michel, près de l'autel de Saint-Eloy, le 26 Janvier 1655] et missire Gourchant.
D'humeur plutôt brutale, missire V. Gourchant va se débattre furieusement. Qu'on en juge :
« Nous, Michel de Rodellec, écuyer, sieur de Pencharo, bailli, et François de Kergadiou, écuyer, sieur de Tromabihan, lieutenant de la Cour, savoir faisons que, en l'audience du 19 Janvier 1637, Jeanne de Kerlech, dame de Pontrini, aurait voulu faire saisir par Guillaume Thomas, sergent audiencier, le dit sieur Gourchant, lequel aurait sorti hors le parquet après avoir franchi avec grandes violences le monde qui était à l'entrée, malgré les injonctions à lui faites de subir l'arrêt entre les mains du dit sergent, et de Jean du Moulin, geôlier de la prison [Note : Nommée « la Faillantine ». Délibération de la Commune, 21 Décembre 1713], lequel ayant voulu l'arrêter, ledit Gourchant se serait violemment dépêtré de ses mains, à raison de quoi le sieur procureur du roi serait allé prêter main forte pour le faire monter dans la chambre des arrêts de ladite geôle, et au retour aurait ledit procureur déclaré que ledit Gourchant aurait commis beaucoup d'outrages à son endroit et l'aurait menacé de la vie ».
8 Février 1637. — Arrêt de la Cour : on saisira le patrimoine de missire Gourchant et les fruits du temporel de la paroisse de Kernouez, pour subvenir aux réparations de Notre-Dame.
Gourchant soutient, de son côté, n'être tenu qu'aux menues réparations, suivant l'arrêt rendu en 1633, contre le syndic de Saint-Paul, en faveur du gouverneur du Creisker, et déclare d'ailleurs n'être en mesure d'en faire davantage, attendu la saisie de son temporel, et des biens laissés par son oncle Luzinec.
Lors du bail à ferme du dit temporel, maître Yves Botvarec [Note : Avait épousé Marie Le Bornic, qui meurt le 15 Décembre 1652. Etait fabricien de Saint-Michel eu 1624] s'en rend acquéreur pour 156 livres par an. Missire Gourchant se fait réserver la portion congrue.
3 Juin 1637. — Par arrêt de la Cour, le gouverneur de Notre-Dame devra délaisser aux habitants, cette église où, trois jours plus tard, inventaire sera fait des ornements et du trésor.
10 Juin. — Gourchant est condamné à toutes réparations, menues et grosses.
Dimanche, 5 Juillet. — Connaissance est donnée de ces arrêts, à l'endroit du prône, aux paroissiens qui nomment, comme fabriques de Notre-Dame, pour trois ans, M. Jacques Huillard [Note : Jacques Huillard, sieur de Trégouinec, marié le 17 Octobre 1630, à Marie Le Hir. — Leur fille, Jeanne, dame de Lézine (?), épouse, le 10 Janvier 1655, Claude Laoust, sieur de Kernéac’h, procureur postulant, veuf depuis le 7 Décembre 1652. Le mariage fut béni par missire Jean Le Gourant, sieur du Cosquer, chanoine du Folgoat. Jacques Huillard fut maire de Lesneven en 1644 ; député aux Etats de Vannes, 1649 (De Kerdanet)] et Robert de Mareil [Note : Epoux de Françoise Mathieu, laquelle, par testament du 30 Octobre 1672, désire être inhumée en la grande nef de Saint-Michel, dans la tombe de son défunt mari, mort le 4 Mai 1645. Leur fils Claude meurt le 3 Décembre 1651], lesquels, incontinent le prône achevé, se sont présentés au grand autel, où le sieur vicaire, missire Guillaume Le Bruinec, célébrant, leur a fait toucher les saints Evangiles et jurer de se bien comporter en leur charge [Note : Missire Guillaume Le Brunec fut vicaire perpétuel de Lesneven, de 1627 au 13 Mai 1646, date de sa mort. Il succédait à François Pennec, dont une signature se voit le 14 Décembre 1625, et qui remplaçait lui-même missire Yves Martin, qui signe comme vicaire perpétuel le 3 Juillet 1621].
M. Roger Blondel [Note : M. Roger Blondel, sieur de Bellesant, épouse Jeanne du Chastel de Kerenec, le 15 Juin 1651. En premières noces, il s'était marié à Catherine Tribara, dans lu chapelle de M. de Pratanlan, le 14 Avril 1633. Catherine Tribara, fille de Jean Tribara et Marguerite Pilven (voir plus haut), mourut le 30 Novembre 1650 et fut enterrée à Saint-Michel, vis-à-vis de la chaire du prédicateur. Sa soeur Anne Tribara épousa, le 25 Octobre 1630, Guillaume Hamon, notaire royal, veuf depuis le 21 Juillet précédent, de Guillamette Le Reffloch], huissier, a fait proclamer après la grand'messe, jouxte la croix du cimetière [Note : Devant la porte principale de Saint-Michel, dans le cimetière, il y avait une croix de pierre, laquelle appartenait aux seigneurs de Penmarch et portait leurs armes en bosse (Archives départementales E. 473)], l'adjudication des travaux à faire à Notre-Dame. Mêmes bannies, le lendemain, au fort du marché. Puis, ledit Blondel fait mettre des affixes à la porte principale de Saint-Michel, de l'Auditoire, et au poteau susain des halles.
Il y avait à réparer : les deux piliers de la tour soutenant l'arcade et l'entrée du choeur [Note : Ainsi, la tour de Notre-Dame était au milieu de l'édifice, comme le clocher du Creisker. Les deux églises dataient, d'ailleurs, de la même époque], dans laquelle arcade était le jubé.
Item, la petite arcade qui soutient le troisième pilier de la dite tour, joignant la chapelle de Kersullec.
Item, la voûte d'une petite porte bouchée au coin du pignon occidental.
Item, le degré et montée de la tour, et la tour elle-même pour que les cloches puissent sonner avec sécurité [Note : Pour ce qui est de la cloche antique, à inscription flamande, voir De Kerdanet, Vie des Saints].
Item, la grande vitre du pignon occidental, et y mettre de bonne vitre de France.
Esplanader les tombes ; y mettre des pierres tombales, pour après, les dites tombes être vendues au profit de l'église, etc...
Le sieur Huillard se fait adjuger ces travaux pour une somme de 1.500 livres, dont il devra se faire payer par les héritiers de Luzinec.
Travaux à exécuter, en principe, dans les six mois et à terminer pour les fêtes de Noël. N'empêche que, le 25 Février suivant, le Sénéchal, René du Poulpry, visitant l'église, la trouve pleine d'eau et de fange. Il y pleut partout, excepté dans le choeur qui a été réparé par Jacques Huillard, un des économes établis. Les murs sont fendus et on ne peut sonner les quatre cloches de peur de tout ébranler.
Pendant ce temps, missire Gourchant, loin de demeurer spectateur inerte, usait de son mieux des mille ressources de la procédure.
Toutefois, pour comble d'infortune, allait se dresser en travers de ses efforts, un ayant droit jusqu'ici resté à l'écart, mais juridiquement mieux qualifié que tout autre, Dame Jeanne de Quatrebarbes, religieuse de Saint-Sulpice, prieure de Notre-Dame.
Encore que les habitants de Lesneven fussent médiocrement satisfaits de ce renfort, la Cour, passant outre à leurs répugnances, leur déclara, le 20 Mai 1638, que l'intervention de la dite Prieure n'était pas « intempestive », et qu'elle serait admise à faire valoir ses raisons et droits contre ledit Gourchant.
La Religieuse appelait « comme d'abus comme de chose nouvellement venue à sa connaissance » [Note : Ceci montre bien que les paroissiens de Lesneven préféraient faire des droits de la Prieure une sorte de patronage très lointain et très discret, qu'on importunait le moins possible], l'immixtion irrégulière par laquelle Gourchant s'était, en 1632, assuré le bénéfice de Notre-Dame.
Le fond de son argumentation était que seule elle pouvait disposer du prieuré, que nulle avait été la résignation faite par Luzinec, comme aussi bien, la provision du dit Gourchant. Si une fois désappointé de Saint-Yves, ce dernier a pu continuer si longtemps la lutte litigieuse, à propos de Notre-Dame, c'est que les habitants, ses seuls adversaires, n'avaient pas de titres suffisants à lui opposer, faute de vouloir solliciter le concours de la dite Prieure.
Ils avaient bien essayé d'agir par forme de simple police, en quoi ils étaient compétents ; mais naturellement, sans pouvoir faire juger à fond et dirimer le procès.
Maintenant l'intervention de la prieure va être décisive. Par sentence donnée à Rennes, le 24 Juillet 1638, les héritiers de Luzinec sont condamnés à payer : 647 livres à Jean Guiomar de Saint-Laurent, procureur syndic [Note : Décédé le 2 Octobre 1642. Sa femme, Guillemette de Kervéatoux, était morte le 25 Mai précédent], et 1.500 livres au sieur Jacques Huillard, adjudicataire des travaux à Notre-Dame.
Là où il n'y a rien, le roi perd ses droits. Pauvreté ou dissimulation frauduleuse, les héritiers de Luzinec n'offrirent à la saisie que de si « faillis meubles », que l'huissier se retira n'ayant trouvé rien qui vaille la peine d'être déplacé, ni qui payât les frais de son déplacement à lui-même.
Il fallut finalement procéder à la vente de quelques héritages, trois maisons à Lesneven, rue Notre-Dame [Note : Portait primitivement le nom de « Rue an Valy » (voir par ex. Archives de Saint-Michel, Lesneven ; Inventaire des titres de Notre-Dame, 1642 ; Fondation par missive Yves Lescarval, recteur de Plourin, en 1519)] et sur la rue du Folgoët, et trois parcs en Elestrec, soit en tout pour près d'un millier de livres. Les habitants, par délibération du 23 Février 1642, complétèrent le surplus, c'est-à-dire 500 livres, dû à Jacques Huillard pour ses réparations.
Entre temps, Prieure et habitants s'étaient entendus par diverses conventions aux dates du 20 Avril, 9 Mai et 10 Novembre 1638.
En particulier, le 9 Mai, dans le contrat signé au parloir de Saint-Sulpice, Jeanne de Quatreharbes renonçait à l'administration et aux bénéfices de Notre-Dame, que les habitants pourraient gérer à leur gré. Mais la Prieure se réservait les nominations des chapelains, la propriété de la maison priorale et dépendances (près de l'église), et les droits sur le four banal de la ville.
Les paroissiens de Lesneven, de leur côté, s'engageaient à faire mettre les armes de l'Abbesse de Saint-Sulpice aux principaux endroits de l'église, et à acquitter les fondations. (En particulier, la célébration des trois messes à basse voix, que l'Abbesse avait charge de faire dire les lundi, jeudi et samedi) (Cartulaire de Dom Anger).
Tel fut le traité qui, durant près de cent quarante ans, réglementera la vie du prieuré. Conformément à ce que nous avons dit précédemment, il n'y aura plus de nomination de prieur à titre distinct. Le général de la paroisse, qui en aurait eu la faculté, ne crut pas devoir user strictement de ses droits, préférant délaisser aux prêtres de la paroisse l'acquit des fondations [Note : Archives de Saint-Michel. Consultation délibérées à Rennes, le 3 Janvier 1777, et signée de quatre avocats, entre autres ; « De Kergroas Le Roy et Poullain Duparc »] (Archives de l'Evêché).
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