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REDEVANCES, FONDATIONS, CHAPELLENIES DE NOTRE-DAME DE LESNEVEN |
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Les Redevances.
Les bénéfices étant, depuis 1526, taxés aux décimes, nous trouvons Notre-Dame de Lesneven taxée au milieu du XVIIème siècle par les sieurs du Chapitre du diocèse, députés généraux du clergé de Léon, pour une somme annuelle de 13 liv. 8 s. 2 oboles et 2 pîtes. (L'obole valant un demi-denier, et la pîte une demi-obole). Mais les habitants essayaient de se dérober à cette charge fiscale qu'ils auraient voulu rejeter sur la Prieure, attendu que, par le traité de 1638, elle s'était réservée la maison priorale avec ses dépendances, ainsi que le four banal. D'où procès.
Semblables difficultés s'étaient déjà produites pour la chapelle de Loc-Maria-Lan, en Plabennec, et, en 1643, pour celle de Notre-Dame de La Martyre.
A ce sujet, il était dit « que les juges royaux n'ont pas à connaître des affaires de décimes (mais seulement les bureaux particuliers des Evêchés) ». Or, ceux de Lesneven, ayant présumé recevoir l'affaire, et ayant, le 7 Août 1646, rendu sentence contre Mathurin Pichart, prêtre, receveur des taxes sur les bénéfices diocésains, Sa Majesté, conformément à une décision datée de Nantes, le 14 Août 1641, et à un arrêt du 4 Janvier 1642, condamna les dits juges à 300 livres d'amende.
L'affaire n'en devait pas rester là. Le 14 Janvier 1654, à la requête de Jean Rabel, sieur de la Villeneuve, receveur trévial des décimes pour l'Evêché de Léon (lequel a élu domicile en la maison de Jacques Coetanlem, sieur du Plessis, à Saint-Pol), François Crodon, général et d'armes héréditaire en Bretagne, résidant en la même ville, se transporta à Lesneven, où « faute de trouver des meubles exécutibles », il déclara « mettre la main du Roy, notre Sire, et de justice, pour la ferme, cueillette et dépouille prochaine de tous les fruits divers, rentes, revenus, bref, tout le temporel du gouvernement de Notre-Dame dont il confia l'administration à des commissaires ou abiéneurs ». (Ainsi s'appelaient, en Bretagne, ceux qui étaient chargés de la gestion de certains biens mis sous séquestre).
Mais nous avons le regret de ne pas connaître quelle fut, en dernier ressort, la conclusion de l'affaire.
Les Donations et Fondations.
On a vu qu'en 1658, les revenus de Notre-Dame étaient évalués à 500 livres. En 1740, d'après les comptes de l'administrateur Yves Perrot, qui fut longtemps en charge, les rentes montaient à 540 livres environ, dont le total était constitué par une foule de petites donations qu'il serait sans intérêt de voir énumérer en entier.
Citons-en quelques-unes d'après un inventaire fourni en 1670 par Marie Le Dall, veuve de écuyer Michel Rodellec, sieur de Penc'haro, et ses quatre filles : Françoise, l'aînée, mariée à Louis Le Rouge de Ranteville ; Jacquette, Jeanne, et enfin Claude, épouse de René Le Mainc, sieur du Letty.
14 Mai 1519. — Yves Lescarval [Note : Les Lescarval, en Plouguin, ramage de Du Châtel dont ils brisaient les armes : « Fascé d'or et de gueules, d'un franc canton d'argent à 3 chevrons de gueules » (Echo Paroissial de Brest, 12 Septembre 1909)], prêtre, recteur de Plourin et chanoine de Lesneven, concède 46 liv. 10 s. de rente sur une maison en la rue qui va de Saint-Michel à Notre-Dame, appelée rue an Valy [Note : A Daoulas également, une rue Baly (Abbaye de Daoulas, par M. le chanoine Peyron, p. 46). A Lannion, une paroisse de Saint-Jean du Baly].
22 Avril 1537. — Guillaume Gandin, époux de Marie Treteur, lègue 5 sols de rente sur une maison au Château, devant la cohue, pour une messe annuelle à la Chandeleur.
1570. — Yves Bras, sieur de Kéridec, chanoine du Folgoat, demeurant au manoir de Kéridec, près de l'église de Loc-Mélard, donne une maison rue Ségalen, pour une messe à chaque jeudi, avec De profundis et prières sur la tombe où est enterré Yves Kerguen, chanoine du Folgoat.
9 Novembre 1595. — Jean Boucher, marchand de Ploudaniel, donne le fenier « ar Ros bras » en ladite paroisse, entre terres Guillaume Cozepen et Noël Le Gall, et l'eau descendant du moulin de Landifern au moulin du Gueziou, du fief du seigneur de Rohan, pour une messe à notes avec diacre et sous-diacre, à chaque fête de l'Assomption, et deux tombes en la nef de Notre-Dame, devant l'autel de Jésus, près de la table des oblations.
10 Décembre 1603. — Catherine Danaille [Note : Dans l'ancienne église de Lesneven, il y avait une chapelle sortant de la nef, toute voûtée de pierre, dédiée à MM. Saints Cosme et Damien, avec une vitre à deux panneaux, armoyée d'une croix pattée d'argent en champ de sable, anciennes armes des Danaille ; plus une tombe élevée et sept places de pierre tombales, un autel et deux escabeaux ; les dites prééminences appartenant aux hoirs de Catherine Danaille], veuve de maître Guillaume Godeuc, donne Parc-ar-Gall, au terroir de Guiranlem en Lesneven.
3 Octobre 1605. — Bail par lequel, honorable marchand, Yves de la Haye, afferme pour 3 livres par an, en la halle de la ville, un étal à drapier appartenant moitié à Notre-Dame, moitié à Saint-Michel.
1615. — Henri Gouzillon, sieur du Richou, demeurant à Lesneven avec sa mère, Françoise de Kersaintgilly, nomme pour son exécuteur testamentaire Guillaume Gouzillon, écuyer, sieur du Hellez [Note : Reçu maître ès arts en 1618]. Il demande à être enterré en l'église de Plonéour-istrez, et baille 1 boisseau de froment et 10 sols pour deux messes annuelles à Notre-Dame de Lesneven.
(Voici, au surplus, les autres dispositions de son testament : un demi-boisseau d'orge à Saint-Michel, ainsi qu'à l'église de Monsieur Saint Sauveur. Un boisseau de froment au Folgoat. Un demi-boisseau à Plonéour-Trez. Un quart d'écu à Notre-Dame des Anges. 15 écus de rente à Marguerite Gouzillon, sa soeur aînée ; ainsi que deux vaches à lait qui seront laissées à la dite soeur à perpétuité ; plus la moitié de tous les deniers provenant de ce qui a été adjugé à leur mère, Françoise de Kersaintgilly, dame douairière de Richou, pour cause de l'homicide commis en la personne de leur père Guillaume Gouzillon, sieur du Richou, par le frère aîné de ce dernier, François Gouzillon, sieur de Lesconnec).
Françoise de Kersaintgilly décéda le 29 Août 1629, suivie de très près dans la tombe par sa fille aînée Marguerite, morte sans hoir de son corps et sans testament. L'héritage, soit plus de 6.000 livres en meubles et plus de 800 livres de rente, passa à son cousin germain, le fils du meurtrier, écuyer Yves Gouzillon, sieur de Lesconnec (maître ès arts), marié à Marie Gozien et demeurant au manoir de Lesconnec, en Plonéour-Trez.
A défaut de dispositions écrites, Marguerite avait exprimé certaines volontés et indiqué des donations à faire, mais son cousin refusait de leur reconnaître aucune valeur, disant qu'en raison des procès qu'il y avait entre eux, Marguerite voulait le déshériter, et que telle était la haine de la défunte pour ses parents que, le jour de son décès, elle avait envoyé l'huissier à l'un d'eux avec pouvoir de l'emprisonner, et que sa malice l'aurait conviée de faire tel testament que fit jadis, en 1105, un certain comte de Padoue, nommé Cinnus, pour frustrer ses héritiers de toute succession, la donnant au premier occupant. Yves Gouzillon invoquait encore pour sa cause une constitution du roi Philippe, surnommé l'Auguste, de 1180 !...(Archives Départementales, G, Lesneven et H. 327).
Il semble, toutefois, que les legs précédemment indiqués d'Hervé Gouzillon à Notre-Dame aient été respectés.
29 Mars 1615. — Miss. Goulven Simon, prêtre, chapelain au Folgoat, veut être inhumé à Notre-Dame, dans une tombe qu'il a acquise de Miss. Guillaume Luzinec, gouverneur. Il lègue 12 livres à l'église, et ordonne que lorsque les maîtres ès-arts viendront pour le service accoutumé après le décès des confrères, il leur soit baillé à dîner ; soit pour ce, 18 livres.
19 Juin 1635. — Rolland Henry, prêtre, sacriste du Folgoat, donne 9 livres de rente à Notre-Dame. Il a pour exécuteur testamentaire, Miss. Robert Cupif, le futur évêque de Léon.
10 Décembre 1635. — Testament d'écuyer François du Val, sieur de Traoulez, mari de Françoise Turin. Il veut être inhumé à Notre-Dame et que tous les prêtres et les écoliers de la ville qui assisteront à son enterrement soient payés à la manière accoutumée ; à chacun des 12 pauvres qui y porteront un cierge allumé, sera donné une aune de douossie (?). Le dit testateur lègue 36 livres de rente à Notre-Dame, pour un service par semaine.
23 Avril 1638. — Jacques Desportes, sieur de Pontrini, donne à Notre-Dame, par testament, trois maisons, rue Neuve, et demande en retour 12 services par an avec messes à chant.
1640. — Nicolas Le Maître, sieur de Beaulieu, faisant la visite canonique à Notre-Dame, enjoint au gouverneur d'établir un brevet des fondations.
1641. — Fondation à Notre-Dame pour y faire sonner l'Angelus.
1670. — François Coroller, prêtre, sacriste du Folgoat, lègue 8 livres de rente.
12 Mai 1688. — Dame Guillamette du Poulpry, baronne de Kersauzon, lègue des terres en Tréflaouénan, au terroir de Gorréquéar, à charge d'un service solennel le 16 Juillet, et un autre à l'Ascension. Plus les vêpres les jours de la Visitation et de la Présentation de la Sainte Vierge et à la veille de ces fêtes. Plus le chant du Stabat tous les vendredis et samedis du Carême (pour 8 livres par an) ; plus la procession du Vendredi-Saint au sépulcre (pour 3 livres par an) ; et à l'issue de chaque service, Stabat, vêpres, sera dit un De profundis avec oraison. (A propos de la fondation ci-dessus obligeant au chant du Stabat, il est dit que, depuis, les prières du soir sont, chaque jour, récitées à Notre-Dame).
Le gouvernement de Notre-Dame avait aussi 69 livres de rente sur trois maisons situées derrière le couvent des Récollets (lesquelles furent incendiées le jour de la Saint-Michel, 1728).
Plus une rente de 9 livres sur une maison à Brest, rue des Sept-Saints (rente due en 1740 par une demoiselle de Bassellier). Le R. P. de Saint-Malon, prieur des Pères Jésuites de Brest, est dit en avoir fait parvenir le montant, à diverses reprises, au gouverneur de Notre-Dame.
Enfin, rappelons que la Prieure avait l'obligation de faire célébrer trois messes par semaine, les lundi, jeudi et samedi.
Les Chapellenies.
CHAPELLENIE DES TROIS-MARIE. — Fondée en 1363 par le sieur de Kerjean. Yves Martin, prêtre, étudiant au collège des Jésuites de la Flèche, présenté par René Barbier, sieur de Kerjean, en est pourvu, le 27 Décembre 1617, en remplacement de Bernard Oliffant, décédé (Archives départementales, E. 95, et notes de M. le chanoine Peyron). Nous trouvons cet Yves Martin vicaire de Lesneven, de 1619 à 1621. Reçu maître ès arts en 1619.
Jean de Kerguelen, recteur de Plougar, eut à fournir aveu à Mgr. Henri de Laval de Boisdauphin, comme chapelain des Trois-Marie (Lesneven. Archives paroissiales).
En 1740, il semble que ce soient les Recteurs de Lesneven qui aient à desservir la dite chapellenie, et qui perçoivent à ce titre 54 livres par an.
CHAPELLENIE DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE. — Fondée le 5 Juin 1620, par Guillaume Luzinec, prêtre, recteur de Kernouez et gouverneur de Notre-Dame. A charge d'une messe, au grand autel, tous les samedis ; à 5 heures, de Pâques à la Toussaint ; à 6 heures, de la Toussaint à Pâques.
12 Mai 1625. — En présence et par le ministère de Guillaume Tréguier (Maitres ès arts), bachelier en théologie, chanoine de Léon et notaire apostolique, Guillaume Luzinec est mis en possession de la chapellenie qu'il a lui-même fondée et qui sera vulgairement appelée « chapellenie de Luzinec ». Furent témoins Jacques Le Moyne, chanoine de Lesneven ; Ecuyer François Gourio, sieur de Kerisquirien [Note : Maître ès arts. Testa le 12 Janvier 1632. Enterré deux semaines après à Saint-Michel, en la chapelle de M. de Trévigner. Sa femme, Jeanne de Kervent, y fut aussi inhumée, le 21 Décembre 1655. Le dit François Gourio fut, vers 1620, receveur du collège des chanoines de Sainte-Anne], et David Noel, notaire royal.
1641. — Yves Gourchant, chanoine de Sainte-Anne, est titulaire de cette chapellenie [Note : Enterré au choeur des chanoines, à Saint-Michel, le 28 Mars 1656]. De même, en 1713, le sieur Louis Lizrin, recteur de Kernouez.
CHAPELLENIE DE LESCOET. — Les charges consistaient dans la célébration de trois messes par semaine, les lundi, mercredi et samedi. Les seigneurs de Kerno étaient les patrons et présentateurs de cette riche chapellenie de 400 livres de rente. (Dans une pièce, qui doit être du XVème siècle, on voit la Prieure céder aux sieurs de Lescoet une tombe élevée dans leur chapelle, moyennant 12 deniers monnaie de rente).
Titulaires : 1541, Charles Audren ; — de 1652 à 1663, Pierre Douvier, recteur de Guipavas, décédé en Octobre 1663 ; — Charles Barbier, sieur de Lannorgant [Note : Lanorgant, en Plouvorn. « D'azur au lévrier rampant d'argent, colleté de gueules »], Lambader, etc., prêtre habitué demeurant au manoir du Follezou, paroisse de Duault-Quélen, évêché de Cornouailles, fils aîné de (Jacques ?) Barbier, sieur de Kerno, et de Claudine de Lescoet (mais qui avait fait cession de son droit d'aînesse) ; prend possession en 1663. A sa mort, lui succède Guillaume de Coataudon, titulaire de Janvier 1669, jusqu'à son propre décès en Février 1670 ; — de 1670 à 1676, un abbé Le Gouvello de Keriaval, qui délaisse sa chapellenie de Lesneven pour un canonicat à Tréguier ; — en 1700, nous trouvons pour chapelain un abbé de Servien.
Le 18 Décembre 1701, Renaud Le Gouvello, seigneur de Keriaval, conseiller du roi et maître de la Chambre des Comptes de Bretagne, résidant à Nantes, se trouvant au manoir de Kerno, et faisant pour son fils, Pierre Le Gouvello, sieur de Kerlevenant, chapelain de la chapellenie de Lescoet, et étudiant en Sorbonne à Paris, loue la ferme de Pratanmoal, en Plouider, pour 90 livres tournois, un boisseau de pois blancs, mesure de Lesneven, et un poids de beau lin [Note : Archives Départementales, E. 473. — Nota : il se peut que Pierre Le Gouvello ait précédé l'abbé de Servien, au lieu de lui succéder].
1723, Jean-Baptiste Touronce, sieur abbé de Kervéatoux, chanoine de Sainte-Anne ; — 1724, Charles-Guy Le Borgne, sieur de Kermorvan, prêtre du diocèse de Léon, ancien étudiant du collège de Navarre, bachelier en théologie ; — 1726, un abbé Fouquet.
Dans le courant de 1785, meurt Mgr. Bernardin-François Fouquet, ancien archevêque d'Embrun, chapelain de la chapellenie de Lescoet, résidant à Paris en son hôtel, rue du Bac, faubourg Saint-Germain. Pour lui succéder, Sébastien Barbier, marquis de Lescoet, chef de nom et d'armes, chevalier, seigneur de Lescoet, Kergoff, vicomte de Coetmenech, Plouider, sire de Kernouez, Kerno, Rodalvez, Quilimadec, Lesquiffiou, etc., présente Mess. Alexandre Barbier de Lescoet, comte de Kerno, chanoine, comte honoraire de l'église primatiale de Lyon, chevalier de Malte et de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, ancien lieutenant de vaisseau, demeurant habituellement au manoir de Kerauffret, en Maël-Pestivien, diocèse de Quimper, lequel prend possession le 13 Juin, par son procureur, missire Joseph Uguen, prêtre, curé de Trégarantec (Archives de l'Evêché).
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