Retour page d'accueil      Retour "Prieuré de Notre-Dame de Lesneven"   

Dimanche 26 Juillet 1654. — Au prône de la grand'messe, célébrée par missire Jean Blouin, sieur de Coatglas, faisant la fonction de vicaire [Note : A la mort, en 1652, du vicaire perpétuel, Guillaume le Brunnec, nous trouvons missire Yves Rigolou, recteur de Kernouez, comme desservant l'annate à Lesneven. Après lui, Jean Blouin est dit faire les fonctions de vicaire en la place de Missire Guillaume Blouin, lequel fut nommé à la suite de Ferréol, Galliot originaire de Rennes, chanoine du Folgoat et secrétaire de l'évêché de Léon, et de Sébastien Gouzian, recteur de Saint-Laurent, près de Rennes, désignés par l'Abbesse de Saint-Sulpice, mais qui ne prirent peut-être pas possession. Jean Blouin décéda le 7 Décembre 1657 et fut enterré à Saint-Michel (Voir Kerdanet, et aussi Archives de Saint-Michel, et Archives municipales de Lesneven)], les habitants décident unanimement que, « pour l'embellissement de l'église Notre-Dame, et décoration des services qui s'y font, la confrérie du Rosaire y étant établie, il est à propos d'y faire des orgues, l'occasion se présentant d'un ouvrier expert qui est en cette ville ». Les deniers nécessaires seront pris par moitié entre ladite confrérie du Rosaire et le gouvernement de Notre-Dame.

16 Août 1654. — On traite avec Robert Dallam, maître facteur d'orgues [Note : Robert Dallam, qui s'intitulait organiste de la reine d'Angleterre (Henriette de France), forcé de quitter son pays, en 1642, à cause de la guerre civile, se réfugia avec sa famille à Quimper, où il fit pour la cathédrale, par ordre du Chapitre, trois orgues. Travaux terminés en 1643. Par délibération du 16 Novembre, le Chapitre lui accorda une pension annuelle de 120 livres pour la charge d'organiste. Ses deux fils Thomas et Toussaint firent ou réparèrent des orgues dans un grand nombre d'églises, pendant la seconde moitié du XVIIème.  On sait que c'est aussi en notre pays, à Melon, en Porspoder, que vint aborder la reine d'Angleterre, Henriette de France, le 26 Juillet 1644. M. Bourde de la Rogerie fait dater de ce voyage de Henriette de France, et en conséquence de l'hospitalité qu'elle aurait reçue au château de Keroualle, la haute fortune de Louise-Renée de Penancoet de Keroualle, devenue plus tard la duchesse de Porsmouth], lequel est dit avoir loué, avec Isabelle Turpin, sa femme, une partie de la maison du sieur René Gourio [Note : René Gourio, sieur de Kerisquirien, fabrique de Saint-Michel en 1643], pour 56 livres 5 sols.

Le dit Dallam fera des orgues qui seront apposées au bas de la nef de Notre-Dame, sur le jubé qui y sera construit, lesquelles orgues seront composées de 17 jeux, dont :

le 1er, qui fera le pavement, sera de 18 pieds d'estain ;

le 2ème, un cornet de 5 tuyaux sur touches ;

le 3ème, un bourdon de 4 pieds, unisson du pavement ;

le 4ème, un prestant, de 4 pieds, ouvert ;

le 5ème, une flûte de 2 pieds, bouché, unisson du prestant ;

le 6ème, un nazard, quinte du prestant ;

le 7ème, une doublette, octave du prestant ;

le 8ème, une quarte du nazard ;

le 9ème, une tierce du quart ;

le 10ème, une petite quinte, octave du nazard ;

le 11ème, un flageollet ;

le 12ème, une fourniture de 3 tuyaux sur touches ;

le 13ème, une « symballe » de 2 tuyaux sur touches ;

le 14ème, une trompette ;

le 15ème, une voix humaine coupée ;

le 16ème, un bigearre ;

le 17ème, un petit cromorne ;

Le tout au grand clavier, tant au haut qu'au bas, avec 3 soufflets de 4 pieds et demi de long et 2 pieds de large chacun ;

Fournira le dit Dallam, le buffet où les orgues seront enchâssées, de 20 pieds de hauteur, dont 8 depuis les planches jusqu'aux tuyaux, 12 pieds de large, et 4 d'épaisseur ; en bon bois de chêne et le tout de neuf, avec les sculptures et embellissements, ainsi que dans le plan et dessin qu'il a représenté ; le tout livrable dans 18 mois, pour la somme de 2.100 livres ; payables en trois termes ; et est encore dit que ledit Dallam entretiendra les orgues pendant un an après les avoir rendues.

Le premier paiement fut fait le 2 Octobre suivant par écuyer Michel Rodellec, sieur de Penc'haro, bailli, à qui les habitants avaient donné pouvoir de recueillir les deniers dus, non seulement à la dite église de Notre-Dame, mais encore à la paroisse et dans toutes les confréries établies en icelles pour les employer au paiement des orgues. (Etait alors gouverneur de Notre-Dame et confrérie du saint Rosaire, Yves Le Reffloch) [Note : Yves Le Reffloch, sieur de Kernéaval, épousa Marie Lestobec. — Fabrique de Saint-Michel, vers 1639 ; maire de Lesneven, en 1660 ; Député aux Etats de Nantes, en 1661. Les deux époux donnent un parc à Saint-Michel, le 27 Février 1680, et une maison à Notre-Dame, en 1682. Le 1er Février 1656, Robert Dallam signe au mariage, à Lesneven, de Bernard Cossu, sieur de Launay (avocat à Morlaix ?), avec Marie Botvarec, dame du Cosquer (Lesneven, Archives municipales].

12 Avril 1658. — Procédant au renable, essai et visite des orgues par missire Hervé Déniel, prêtre et organiste du Folgoat, François Pengam, prêtre, organiste de cette ville (doyen des chanoines) [Note : Enterré au choeur des chanoines, à Saint-Michel, le 13 Novembre suivant], le sieur Robert Dallam a fait voir les dites orgues composées des 17 jeux construits en la perfection, et en outre, un pédalle jouant du clavier de la main non compris au marché (primitif) ; les dits sieurs organistes ont trouvé les dites orgues bien faites, et affirment dans leur conscience que le dit facteur d'orgues n'a pu les faire, attendu les adjonctions, à moins de 2.400 livres (au lieu de 2.100).

14 Avril 1658.— Au prône de la grand'messe, on décide d'accorder à Robert Dallam, les 300 livres supplémentaires.

Le 29 Janvier 1660, le dit facteur d'orgues, complètement payé, et désintéressé, remet les clés du buffet au sieur de Penc'haro [Note : De Lesneven, Robert Dallam passa à Saint-Pol, où il demeura également trois ans (M. le Chanoine Peyron). Il y fut dans les mêmes conditions, sans doute : constructeur d'abord, organiste exécutant ensuite. Ajoutons qu'en Septembre 1660, un Dallant, sieur de Latour, qui est dit habiter Daoulas, reçoit 30 livres pour travaux aux orgues de Saint-Pol (Le Men). Le 1er Mai 1665, est organiste à Saint-Pol, un sieur de la Barre (délibération de la commune de Lesneven)].

En 1668, est organiste à Notre-Dame, un sieur Gabriel Mathieu.

(Archives de l'Evêché).