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REPARATIONS DE NOTRE-DAME DE LESNEVEN |
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Les réparations à la fin du XVIIème siècle. La dernière période.
A la question des réparations à Notre-Dame se trouveraient intimement mêlés les incidents d'un procès au sujet de prééminences, procès où seront aux prises, les habitants, la famille de Kergadiou et le seigneur de Kerno, et par lequel, comme bien on pense, les travaux ne pourront être que contrariés. Mais cela demanderait à être traité à part, plus loin.
Les premières réparations n'avaient représenté que l'immédiatement indispensable. De même, en 1658, on restaura bien la nef supérieure ; mais, faute d'argent, bien que les revenus fussent de 500 livres, force fut de remettre la réfection du pignon suzain, où apparaissaient pourtant d'inquiétantes menaces de ruine pour l'édifice total. On faisait du replâtrage, il eût fallu une refonte [Note : Aussi, dès Février 1666, les comptes d'0llivier Gellart présentent une dépense de 2 liv. 10 s., en faveur des sieurs Kertanguy et Charles Trémel, pour l'acte prônal du 21 courant, la confection de deux copies touchant le pignon lézardé, et peu après, pour le procès-verbal d'Alain Henry, maître architecte. (A cette occasion, l'Abbesse de Saint-Sulpice demandait qu'on mît ses armes dans les principales vitres. Dom Anger : Cartulaire). Missire Guillaume Emdivivat, prêtre de Trégarantec, qui depuis une vingtaine d'années, venait dire la messe à Notre-Dame, déclarait " qu'il était fort incommodé à l'autel par les chutes de chaux et de pierres, comme aussi par le vent qui faisait remuer le corporal et la sainte Hostie, ce qui obligeait à mettre la platine dessus ". De même Nicolas Keranguen, d'Elestrec, qui, comme nous avons vu, disait presque tous les jours la messe à Notre-Dame, y était maintes fois venu sans pouvoir célébrer. Par mauvais temps, la pluie et le vent faisaient tomber pierres et chaux sur l'autel, de manière qu'on ne pouvait pas conserver le Saint-Sacrement].
En ces conditions put encore avoir lieu la mission de 1669, présidée par le Vénérable Père Maunoir ; mais bientôt, on en vint à ne plus dire la messe au maître autel [Note : Adossé au pignon suzain, lequel avait dû être étayé de billots de bois et de pierres].
L'effondrement de la tour elle-même était à craindre. Le 10 Janvier 1670, les habitants reconnaissent l'urgence d'une réfection complète [Note : Matériaux, vitres et figures dudit pignon, furent évalués à 4.000 livres].
Le 6 Août 1671, procès-verbal en vue de la démolition, par Christophe Guiomar, sieur de Saint-Laurent, lieutenant du siège [Note : Aux renseignements déjà donnés sur les Guiomar de Saint-Laurent, ajoutons qu'ils avaient une tombe, au premier rang , dans la nef de Saint-Michel, ainsi armoyée : 1 chevron brisé, 3 coquilles et une rose ; (d'après de Courcy : De gueules, au chevron accompagné de 3 coquilles en chef, et d'une en pointe, le tout d'argent)]. Il rapporte que la maîtresse vitre, (8 pieds, 8 pouces de large, et le double en hauteur), est faite à 4 jours contenant chacun 3 mystères de Notre Seigneur, et de la Vierge.
Au-dessus, une formerie de pierres, composée de 10 soufflets sur 4 rangs : 1, 2, 3, 4.
Par les comptes du trésorier 0llivier Gellart, on constate qu'en dépit de multiples difficultés judiciaires et embarras de finances, les habitants entendaient mener à bien les réparations du sanctuaire cher à leur dévotion.
Le gros travail fut la réfection du pignon suzain. Il en sera reparlé tout spécialement, à propos des prééminences. Mais à cette période aussi, (1675), remonte la construction d'une sacristie. Pour l'intelligence de ce qui y a trait, disons que l'église de Notre-Dame semble avoir présenté cette disposition : une nef principale, avec bas-côtés, barrée d'un transept. Dans le pignon Sud (donnant sur la rue), de ce bras de croix, la chapelle des seigneurs de Kéraméal, qui la concédèrent, en 1635, à la confrérie du Rosaire.
A l'autre bout du transept, la chapelle où se trouvait, croyons-nous, un Christ au sépulcre.
De part et d'autre du maître autel, deux chapelles. Côté de l'Epître : celle des seigneurs de Lescoet (plus tard chapelle de la confrérie des Agonisants).
Côté de l'Evangile : chapelle de Saint-Cyriaque, appartenant aux seigneurs de Penmarch.
Ces deux chapelles étaient dites aussi, respectivement, de Notre-Dame de Pitié et de Notre-Dame de Délivrance.
La sacristie construite alors longeait la rue, au Sud de la Chapelle de Lescoet, dont il fallut percer la muraille méridionale pour permettre le passage, par cette dite chapelle, de la sacristie à l'église [Note : La clef de la porte ainsi nécessitée porta l'écusson de Lescoet].
Messire Alain Barbier, seigneur de Kerno [Note : Alain Barbier, chevalier, seigneur de Kerno et de Lescoet, fils de Jacques Barbier de Kerjean et de Claudine de Lescoet. Epousa, en 1638, Marie Alloury, fille de Philippe Alloury, seigneur de Castelblanc, et de Marie Boulineau (De Kerdanet : Vie des Saints, et Frotier de la Messelière : Filiations bretonnes, t. I, p. 93). Dans E. 473, fonds Barbier de Lescoet, Archives Départementales, on voit qu'un Sgr. de Kerno épousa, le 6 Mai 1648, Françoise Le Cotzic (Cozic), fille de Yves, sieur de Kermellec, et de Gillette de Kerguizieau. Le testament de cette dame est du 10 et 11 Mai 1662. D'autre part, dans Les Chevaliers bretons de saint Michel, par M. de Carné, on lit que Françoise Le Cozic de Kermellec, dame de la Forest, en Plougonven, fille de Jean et de Gillette de Kerguillien, épousa Prigent, marquis de Kersauzon, lequel représenta sa branche, à la réformation de 1669. A la date du 2 Octobre 1662, on trouve les signatures de F. de Kerguiziau, de Prigent de Kersauzon, de François de Kersauzon, au mariage (célébré dans la maison de René du Poulpry, seigneur de Kérannaouet, Lanvengat, du Scluz, etc., sénéchal de Lesneven), de René-Pierre de Kersauzon, baron de Kersauzon, Kerougnan, Coatmeret, etc. (fils de Louis de Kersauzon et de Claude de Kergorlay), demeurant à Lanhouarneau, avec demoiselle Guillemette du Poulpry, fille dudit sénéchal], donna aux gouverneurs de Notre-Dame, François Ponce, sieur de la Villeneuve, et Guy Bleinhant, sieur de Kéréoc [Note : François Ponce de la Villeneuve, un des fondateurs de la confrérie du Rosaire (1634) ; maire et député aux Etats de Nantes (1651) ; caporal de l'escouade verte (1665) ; reçu en la confrérie de la Trinité (1670). Mort vers 1683. Sa fille, Catherine Ponce, dame de Rangrannec, avait, nous l'avons dit, épousé Christophe Guiomar de Saint-Laurens, lieutenant du roi. Guy Bleinhant, fabrique de Saint-Michel (1667), est dit, en 1682, être gouverneur, depuis dix à douze ans, de Notre-Dame ; l'est encore en 1699. Maire vers 1675. Avait épousé Françoise Huillard, soeur de Marie Huillard, dame douairière de Basseville. Mort au plus tard en 1686. Sa veuve habita rue Notre-Dame], le 6 Mai 1675, une somme de 450 livres [Note : Nombreuses sont les donations de ce genre dues aux seigneurs de Lescoet, qui ont été véritablement les grands bienfaiteurs des divers établissements religieux de Lesneven], pour les travaux en cours, particulièrement autour de sa chapelle et de la dite sacristie, laquelle devait avoir, à l'intérieur, 16 pieds de long, et 6 et demi de large. Les murailles de la chapelle de Lescoet devaient être haussées autant que celles correspondantes des seigneurs de Penmarch.
Dimanche
7 Mars 1677. — Au prône de la grand'messe, célébrée par Jean Le Gall, prêtre,
chanoine de Sainte-Anne, ayant pour diacre Pierre Bidault, aussi chanoine, et
Jean Prigent, minor, prêtre, ledit prône fait par François Le Reffloch,
chanoine, faisant les fonctions curiales ; a été remontré de la part de
Goulven Kéraméal, sieur dudit lieu et d'0llivier Gellart, trésoriers de
Notre-Dame, qu'après qu'on eût placé sur le grand autel le retable fait par
François L'Herel, maître sculpteur, on a remarqué qu'il manque beaucoup de
jour [Note : D'après plusieurs autres déclarations de ce genre, il apparaît
que l'ancienne église de Notre-Dame devait être fort obscure], et pour avoir
de la clarté de la grande fenêtre de Kerno, il convient de hausser l'arcade
donnant sur cette chapelle.
A été
aussi rencontré que le sépulcre dédié à Notre Seigneur, n'étant en lieu décent, on
désire le placer en l'ancienne sacristie [Note : Ne s'agirait-il pas ici "
du magnifique Christ au sépulcre, de grandeur naturelle (1 m. 73) ", que
M. le chanoine Cozic, curé de Lesneven, a déposé au Musée religieux de
Brest, et qui aurait été transporté, lors de la démolition de
Notre-Dame, en 1773, dans la crypte de l'église paroissiale récemment
reconstruite ? (Lire la description faite dans l'Echo paroissial du 18 Septembre
1902 ; sur ce Christ au sépulcre, et d'une manière générale, sur les
importations et les inspirations de l'art flamand en Bretagne, par exemple
à la fin du XIXème siècle, voir Notices sur les Paraisses, par MM. Peyron et
Abgrall). On se souvient de plus que Notre-Dame possédait une cloche flamande].
En outre,
du côté de la tour, au-dessus de l'autel de Saint-Hyacinthe et la grande
arcade donnant sur la chapelle du Rosaire, pour empêcher l'eau d'entrer et
d'endommager les deux piliers de la tour, il est nécessaire de faire armurer
ledit côté de la tour de boisages avec ardoises, comme il avait été fait
avant le feu sieur de Penc'haro [Note : Avait été précédemment gouverneur
avec le sieur de la Villeneuve Tribara].
Dimanche 27 Avril 1681. — Au prône de la grand'messe, célébrée par Jean Laoust, vicaire, avec, pour diacre et sous-diacre, Guy Mahot et Guillaume Calvez, prêtres originaires de cette ville, 0llivier Gellart a rencontré « qu'il y a plus de seize ans qu'il est gouverneur de Notre-Dame, laquelle est à présent en un état si considérable que ce saint lieu attire les coeurs aussi bien que la dévotion de plusieurs personnes du lieu et des paroisses voisines, en sorte qu'on peut espérer que Dieu sera honoré dans ce temple matériel, et ses louanges continuées, si les habitants ont agréable d'appuyer la perfection de ses desseins et d'hon. marchand Paul Bourdon, son consort audit gouvernement, de leurs conseils et d'une partie de leur charité pour achever l'embellissement de ce saint lieu ; et comme ils ne peuvent rien faire sans l'avis d'une communauté si éclairée et sans l'approbation de noble homme Guy Bleinhant, sieur de Kéréoc, trésorier et administrateur des biens de ladite église, le dit Gellart supplie les habitants, comme enfants d'une mère, et unis de dévotion aussi bien que de religion, de délibérer sur les propositions ci-après :
1° Faire au choeur du côté de l'Epitre, une grande fenêtre en pierre de taille, semblable à celle qu'on a nouvellement construite vis-à-vis ;
2° Faire deux rétableaux pour chacune des chapelles qui sont de chaque côté du grand autel, dont maîtres François l'Hérel, père et fils [Note : Il y aurait intérêt à relever, dans les églises de la région, les divers travaux de cette famille de sculpteurs. Citons : le maître autel et le rétable de Bodilis (Notices sur les paroisses : Bodilis ; et Un Procès d'art à Bodilis, par A. Favé) ; La chaire de Saint-Thégonnec (abbé Quiniou : Saint-Thégonnec). Le retable du grand autel et deux retableaux à Notre-Dame de Lesneven (Archives Départementales, E. 471). Le rétable de l'église des Minimes, à Saint-Pol de Léon. De plus, il est à croire que le François Serret indiqué comme l'auteur d'un travail de sculpture à Lampaul-Guimiliau, n'est autre qu'un des François L'Hérel dont nous parlons], ont fait le dessin (et pour lesquels ils demandent 500 livres), avec un carré au milieu pour y faire deux tableaux, dont l'un sera l'image de saint Paul, patron de cet Evêché, n'y ayant aucune ès églises de cette ville ; …… 4° Agrandir en longueur, ne se pouvant faire en largeur, la sacristie, et la pousser jusqu'à la chapelle du Rosaire ; boucher l'ovale de la chapelle de Lescoet, laquelle sera remplacée par une ovale plus grande avec armes du Seigneur de Kerno ; 5° Refaire le plancher de la tour ; 6° Refaire le jubé servant à monter dans la tour, lequel étant indécent dans sa situation et menaçant ruine, il convient de le refaire hors de l'église et le faire poser de l'escalier qui est à présent au-dessus de la fenêtre de la chapelle de Saint-Laurent, dont il faudra refaire la couverture et le boisage ainsi que de celle de Sainte-Agnès, pour être conformes à celles de la Sainte-Trinité et de Saint-Claude, jusqu'au sépulcre ».
Mais la légitimé
satisfaction dont nous venons d'entendre les accents par la remontrance précédente
d'0llivier Gellard allait être soumise à l'épreuve.
Mardi 22 Juillet 1687. — « Le tonnerre est entré dans l'église de Notre-Dame et dans la tour d'icelle où était l'horloge de la ville, et fait si grand dommage que ladite horloge est toute brisée et de nulle valeur, et la ville est sans horloge ni cadran. Le tonnerre a brisé la balustre du choeur, la chaîne de fer et chandelier à cinq branches y attaché, étant au-devant du Crucifix, cassé les vitres de plusieurs fenêtres, brûlé les nappes des autels et le ciel au-dessus du Crucifix, rompu les planches et cabinets de la tour du côté de la ville, qui étaient cimentés, fait plusieurs brèches dans le bois et toit d'ardoises de la tour, depuis le commencement jusqu'au haut et à l'extrémité de la croix ; emporté le coq, lequel a été trouvé à terre et en partie brûlé, en sorte qu'on ne peut réparer avec 800 livres ; et comme ladite église est sans revenus, n'étant entretenue que des aumônes de la ville [Note : Ollivier Gellart, qui fait cet exposé, exagère dans le moment], il requiert qu'on prenne 800 livres sur les deniers d'octroi de la communauté » [Note : Délibération de la Commune. Archives municipales de Lesneven].
Une note sera consacrée à part, plus loin, à l'horloge de Notre-Dame. Continuons ici à enregistrer ce que nous trouvons relativement aux autres réparations.
24 Juillet 1724. — Mathieu Coz, maître de barque de Pontusval, reçoit 35 livres pour le fret d'un millier d'ardoises prises au Port-Launay et transportées à Goulven, en vue de servir aux réparations à Notre-Dame.
4 Octobre 1728. — Yves Perrot, administrateur, en charge de 1722 à 1740, dit qu'il y a à réparer le toit, côté Nord, depuis le coin de la chapelle du Saint-Sépulcre, jusqu'à l'endroit où est le degré pour monter dans la tour.
Mardi 7 Juin 1729. — Il y aurait à faire un tambour à la porte ouvrant sur la chapelle de Saint-Cyriaque, comme il y avait précédemment pour empêcher les bestiaux d'entrer.
Et aussi à refaire (coût : 24 livres), les ferrailles qui soutiennent les montures des trois cloches, nulles actuellement, à ne pouvoir sonner les dites cloches.
L'adjudication des travaux a eu lieu à la sacristie de Notre-Dame, après les vêpres chantées à l'autel de la Trinité, le dimanche 12 Juin.
Malgré tout, la vieille église se délabrait de plus en plus. Aussi, en 1767, la nouvelle église de Saint-Michel à peine bâtie, celle de Notre-Dame qui avait servi, pendant la reconstruction, aux offices de la paroisse, fut interdite au culte par l'Evêque.
14 Janvier 1768. — Maître Jacques-Marie Jacotet, notaire royal et procureur, déclarait que « Monseigneur de Léon a interdit l'église, mais que les habitants, ayant une grande dévotion pour la Vierge, murmurent de voir ce lieu de pèlerinage désert, et on accuse le corps politique de la ville d'avoir négligé les réparations urgentes pour s'approprier les bénéfices considérables provenant du sanctuaire » (Cartulaire de Dom Anger).
Nonobstant ces plaintes de la piété populaire, la démolition allait être ordonnée, (10 Août 1770).
28 Novembre 1772. — A la suite et diligence de maître Joseph-Julien Grée de Villeneuve, avocat en Parlement, conseiller du Roi et son lieutenant au siège de Lesneven, trésorier de Notre-Dame [Note : Maire de Lesneven en 1767. Député aux Etats à Saint-Brieuc, l'année suivante. Mort en 1796], le siège présidial de Quimper ordonna qu'il serait descendu à la dite église pour faire état et procès-verbal des droits, prééminences, et intersignes honorifiques, en vue d'une réédification du monument.
La descente eut lieu le mois suivant, et l'année qui allait s'ouvrir, (1773), vit la démolition de l'antique sanctuaire.
L'idée, toutefois, de le reconstruire n'était pas abandonnée. Mais à qui en reviendrait la charge ? Question difficile ! Mme de la Bourdonnaye, Abbesse de Saint-Sulpice, intervenait, le 18 Août 1774, en réclamant 10.000 livres de dommages et intérêts pour réédifier Notre-Dame.
Avant d'accéder, le corps politique fit prendre une consultation à Rennes.
Le 3 Janvier 1777, on lut, à l'hôtel de ville de Lesneven, la réponse signée de quatre avocats en Parlement (dont de Kergrois Leroy, Poullain Duparc, Boylesve). Après un préambule [Note : Ils s'y référaient à un arrêt du Conseil du 9 Janvier 1740, une requête et assignation au siège de Lesneven, des 1er, 24 Juin, et 18 Août 1774, une sentence du présidial de Rennes du 2 Juin 1775, une délibération du corps politique de la paroisse de Saint-Michel des 22 Août 1774, et 5 Mars 1775, ainsi que la délibération de la communauté du 25 Octobre 1774], ils disaient que, depuis 140 ans (c'est-à-dire depuis le traité de 1638 avec l'Abbesse de Saint-Sulpice), le général a toujours eu l'administration des biens de Notre-Dame, et la libre nomination des trésoriers.
Ainsi, quoique ledit traité n'ait pas été, semble-t-il, homologué et revêtu de lettres patentes, il ne peut, vu la longue possession, être considéré comme non avenu.
Mais ce traité parait avoir été passé en 1638, plutôt par le général de la paroisse que par la communauté de ville.
D'ailleurs, même si l'affaire la concernait aujourd'hui, la communauté observerait que la reconstruction de Notre-Dame serait une dépense considérable sans utilité, vu que les anciennes fondations jadis desservies en ladite église, le sont maintenant tout aussi bien à Saint-Michel, et on ne doit pas multiplier les édifices sans nécessité.
De plus, le traité de 1638 n'ayant pas prévu le cas, n'impose pas aux habitants la reconstruction de l'édifice en cas de ruine.
Malgré toutes ces belles raisons, la communauté de Lesneven se vit condamnée, en cette même année 1777, à tout rebâtir. Pour le faire, elle demanda à emprunter 4.000 livres sur les revenus du sanctuaire ; la vente des matériaux de l'édifice démoli représentait aussi un millier de livres ; enfin, pareille somme se trouvait en réserve dans la caisse de l'antique prieuré.
L'Evêque de Léon voulut bien s'interposer près de l'Abbesse de Saint-Sulpice, et cette dernière renonça à toute autre revendication, pourvu que les députés de la ville de Lesneven consentissent à lui rendre compte, dans les trois mois, de l'état des biens fonds affectés à Notre-Dame, avec l'aveu que ces biens dépendaient de la dite abbaye. De plus, les habitants devaient comprendre, parmi les dits biens, les matériaux de l'église, l'horloge, les cloches, l'orgue et autres monuments (22 Août 1781) [Note : Cartulaire de Dom Anger, et renseignements puisés par M. Louis Soubigou, de Lesneven, dans les Archives municipales].
Hélas ! Peu après, survenait la Révolution qui, par la vente des matériaux (19 Juillet 1791), acheva la disparition définitive du sanctuaire, et compléta l'oeuvre de ruine due à l'injure des siècles [Note : De l'antique église Notre-Dame resteraient seulement, aujourd'hui, avec le Christ au Sépulcre, dont on a parlé, la très vieille croix de Streatveur (au coin d'un champ, presque à l'entrée de la ville, sur la route de Brignogan), et un bénitier non moins vénérable (en la cour du presbytère). Il serait à souhaiter que ces reliques de pierre fussent transportées au Musée breton du château de Kerjean, où leur conservation n'en pourra être que mieux assurée] (Archives de l'Evêché).
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