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LIGNÉ APRÈS LA RÉVOLUTION

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Après la Révolution, les conseils municipaux successifs — L'activité de M. Thoret, curé, 1803-1823 — M. Michon et l'insurrection de 1832 ; il est curé de 1823 à 1851 — M. Houget, curé de 1851 à 1872 — M. Brunet, curé de 1872 à 1899 — M. Marceau, 1899-1911 — M. Sevestre, 1912-1922 — Les morts de la guerre 1914-1918 — M. Billon, 1922-1928 — M. Tessier, 1928-1936 — M. Guillet, 1936-1944.

I.

A l'origine, Ligné, comme les autres paroisses, avait une administration particulière. Les habitants se rassemblaient le dimanche après la grand-messe, sur la place publique, souvent à la sacristie. Là ils délibéraient sur les affaires de la communauté. Les décisions étaient prises à la majorité des voix, et exécutées par les marguillers. Mais souvent le tumulte présidait à ces sortes d'assemblées. Le parlement de Bretagne, entre 1644 et 1718, réorganisa cette administration. Il établit dans chaque paroisse un corps restreint de délibérants — composé de notables nobles, bourgeois, paysans — que l'on nomma le Général. Ce fut cette assemblée qui longtemps géra les affaires de la paroisse tant civiles que religieuses. Son dernier acte en 1789 fut de rédiger le cahier de doléances qui exprimaient les vœux sur les réformes désirables au pays. En cette année, la Constituante par décret du 14 novembre fit disparaître cette vieille administration. Elle sépara le pouvoir civil du pouvoir religieux ; elle créa la commune ; dans la commune elle établit un conseil municipal composé de plusieurs membres, présidé par un maire.

Depuis lors, nombreux sont les conseils municipaux qui se sont succédés à Ligné.

1790 — Le premier conseil avait des idées fort avancées. Il déplaisait à la population. Le commissaire révolutionnaire du canton écrivait à Ancenis en septembre 1791 : « On a forcé la municipalité persécutée à démissionner ».

1791-1792 — Le conseil était composé de Pierre Baudouin de la Primaudière, maire, de Louis Guérin, Jean Macé, Louis Rigaud, Jacques Hubert, Pierre Ouary.

1793 — Nous lisons au registre du directoire d'Ancenis : « Un commissaire de l'armée de Mayence est passé et a planté sur la place l'arbre de la liberté, Rigaud étant maire ».

1794 — Rigaud était agent public.

1795 — Durand et Pageaud, agents, accusés d'être royalistes, furent forcés de démissionner.

1796-1797 — Pierre Palierne, agent, cachait son titre de commandant divisionnaire de l'armée vendéenne.

1798-1807 — Pierre Baudouin maire ; adjoint : Henri de K'Martin (Kermartin).

1808-juillet 1809 — Pierre Gabriel Pavret de la Rochefordière, maire ; de K'Martin, adjoint.

1809-1813 — Yves de Pontual, maire.

1813-1827 — Jean Leray, maire ; François Toublanc du Ponceau, adjoint ; Jean Leray fut maire pendant 14 ans ; adjoint pendant 5 ans. Le sous-préfet d'Ancenis disait de lui : « Le sieur Leray est un métayer fort simple, qui est estimé à cause de sa probité ».

1828-1832 — Jacques-Marie Botte, maire ; Jean Leray, adjoint.

1833 — Julien David, maire ; Jean Ouary, adjoint.

1834-1842 — Jean Ouary, maire ; Jean Durandière, adjoint pendant 9 ans et Pierre Hardy, adjoint pendant 7 mois.

1843-1848 — Julien David, maire ; Jean Bricaud, adjoint.

1848 avril à novembre — Louis Ouary, maire.

1848-1855 — Emmanuel Botte, maire ; Julien David, adjoint.

1855-1860 — Louis Ouary, maire ; Jean Bricaud, adjoint ; puis Nicolas Kerbarh, adjoint pendant quelques mois.

1861-1870 — Nicolas Kerbarh, maire par décret impérial du 12 octobre 1861 ; Louis Durand, adjoint.

1870 — Jean Rabu est nommé président d'une commission municipale créée le 6 novembre.

1874-1884 — Jean Rabu, maire ; Louis Cassard, 1er adjoint;  Pierre Leray, 2ème adjoint.

Auguste du Ponceau fut ensuite maire pendant 24 ans (1884-1908). Imaginez la somme de travail exigée, les difficultés rencontrées pendant 24 ans. Auguste du Ponceau a bien mérité de la commune de Ligné.

Il eut comme adjoints : 1er adjoint, Pierre Baudouin (1884-1892) ; 2ème adjoint, Pierre Leray (1884-1889) ; 2ème adjoint, Edmond de Carheil (1889-1892) ; 1er adjoint, Louis Leray (1892-1908) ; 2ème adjoint, Étienne Chevillard (1892-1893) ; 2ème adjoint, Julien Moreau (1893-1908).

Gilbert de Ponsay succéda à Auguste du Ponceau. Il fut maire pendant 14 ans (1908-1922). Il sut accomplir toutes les obligations de sa charge et vivre en chrétien exemplaire, en fier chrétien qui renouvelait presque chaque matin sa provision d'énergie et de dévouement dans l'assistance à la Sainte Messe et la réception de la Sainte Eucharistie.

Il eut comme adjoints : 1er adjoint, Louis Leray (1908-1919) ; 2ème adjoint, Julien Moreau (1908-1922) ; 1er adjoint, Louis Durand (1919-1922). A la mort de Gilbert de Ponsay, juin 1922, Gabriel de la Rochefordière fut élu maire (1922-1925).

Adjoint : Louis Durand (1922-1925).
François du Rusquec préside aux destinées de la commune depuis 1925, jusqu'à sa démission en décembre 1954.

Louis Durand, adjoint (1925-1929) ; 1er adjoint, Joseph Ferré (1929-1940) ; 2ème adjoint, Pierre Jourdon (1929-1935) ; 2ème adjoint, Jean Jourdon (1935-1940) ; 2ème adjoint, Pierre Dupuis (1940-1942) ; 2ème adjoint, Julien Douet (depuis 1942) ; 1er adjoint, Jean-Marie Dupas (1940). Le 3 mars 1944, les Allemands le déportèrent pour refus de dénoncer les jeunes gens réfractaires au Service du Travail Obligatoire. Longtemps on fut sans nouvelles de lui. Il est décédé le 19 novembre 1944, au camp de Neuengamme, en Allemagne. Que son souvenir demeure !

 

II.

La Révolution, véritable ouragan, était passée, laissant après elle bien des ruines. Il fallait réparer, reconstruire. M. Massonnet avait cru devoir décliner l'offre qui lui était faite de demeurer parmi son troupeau et de travailler à cette œuvre de restauration. Un autre, pensait-il, était plus apte que lui à faire le bien désiré, à éteindre les haines, à remettre la bonne entente entre tous : c'était M. Thoret, son vicaire. Il connaissait toutes les familles dont il était aimé ; la pétition faite au début de la Révolution pour le garder en était la preuve, et il n'avait pas été mêlé aux événements qui avaient bouleversé le pays, ayant été obligé de bonne heure de prendre la route de l'exil. Et d'autres durent unir leur voix à celle de M. Massonnet pour un choix si désirable.

Monsieur TH0RET fut nommé curé de Ligné. Il fut installé le 3 ventose de l'an XI (1803). « Le troisième jour de ventose de l'an XI, vu la nomination et la collation de Monsieur l'évêque de Nantes à la cure de Ligné, en faveur de Jean-Baptiste Thoret, prêtre, vu aussi l'agrément du premier consul à cette nomination signifiée au citoyen Thoret par le citoyen conseiller d'État Portalis, Nous Pierre-Marie Courgeal, curé de Trans, d'après la commission à nous donnée par le dit Monsieur évêque de Nantes pour installer et mettre en possession le dit citoyen Jean-Baptiste Thoret, l'avons été cherché, croix levée, en sa demeure... (suivent les actes de la cérémonie religieuse). Ont signé Baudouin, maire ; Niel, conseiller ; Ménoret, Toro, René de Ker-Martin, Pierre Ouary, Pierre Athimon, diacre ; Thoret, curé de Ligné ; Courgeal, curé de Trans ».

Monsieur Thoret vécut dans un temps difficile. Les campagnes n'étaient pas encore remises de la longue guerre civile dont elles avaient tant souffert. Et c'était encore la guerre à l'extérieur. Napoléon promenait ses aigles victorieuses à travers l'Europe ; mais à quel prix ! Bien des hommes de chez nous partirent et ne revinrent pas. Puis les désastres militaires se succédèrent. L'empereur vaincu dut abdiquer, mars 1814. Quelques mois après, échappé de l'Ile d'Elbe, il débarquait en France pour reprendre le pouvoir alors aux mains de Louis XVIII. A ce moment il y eut effervescence à Ligné, un commencement de soulèvement en faveur de Louis XVIII (Archives Départ. Police 1800-1830).

Mais bientôt ce fut Waterloo, l'effondrement définitif de l'Empire. Ligné subit les conséquences de la défaite. Le 24 juillet, une ligne de démarcation détermina le cantonnement des envahisseurs : Russes, Autrichiens, Prussiens. Ligné reçut les Prussiens pendant quelques mois, et, comme de nos jours, connut les billets de logement et les bons de réquisition.

Ce fut au milieu de tous ces événements que Monsieur Thoret commença son œuvre. Deux religieux, prêtres intrus, étaient passés, accomplissant les cérémonies religieuses en la chapelle Saint-Mathurin. L'église avait été fermée après qu'on eut jeté dehors tout ce qu'elle contenait : chaire, confessionaux, objets du culte. Des confessionaux on avait fait des guérites pour les gardes chargés de veiller sur les représentants du directoire d'Ancenis. Les croix, les chandeliers avaient été envoyés à Ancenis.

Un inventaire fut fait des objets qui avaient échappé à la Révolution. Ces objets étaient à peine convenables et très insuffisants pour le culte. Un ciboire et un ostensoir « de 15 pouces » se trouvaient parmi eux. Quelques jours après l'installation du nouveau curé, des voleurs ouvrirent la porte de l'église et s'emparèrent des vases sacrés renfermés dans le tabernacle. Monsieur Thoret fit réparer les portes ; il acheta un ostensoir et un ciboire nouveaux. Il se procura, pour la somme de 250 livres, des ornements et des objets du culte qui avaient appartenu à M. Tiger, curé de Nort-sur-Erdre.

Dans cette œuvre de restauration qu'il avait entreprise, M. Thoret trouva des concours dévoués. Conformément à l'article 77 des lois organiques du Concordat, le 13 mars 1803, il réunit les notables et les anciens marguilliers pour choisir parmi eux des hommes qui devaient veiller à l'entretien de l'église, et en administrer les biens. Mais ce ne fut que plus tard, fin novembre 1805, que ce groupe devint légalement la fabrique de Ligné. Les premiers membres nommés, partie par l'évêque, partie par le préfet, furent : Jean Rigaud, de la Chauvelière ; Étienne Bourré, de la Hamonière ; Olivier Chaillou, de la Douve ; Charles Métairie, de la Haie de Ligné, et Pierre Palierne [Note : Sur Palierne, voir par ailleurs. Également, E. GABORY, La Révolution et la Vendée, t. I et III. et le Dr ROUXEAU, Monographie sur Palierne, 1927], du Bourg, ancien général divisionnaire de l'armée vendéenne. Quelques années plus tard furent élus, pour remplacer les membres disparus : Nicolas Ouary, de la Corbinière ; François Rigaud, de la Briantière ; Mathurin Rousseau, de la Veltière.

Au mois de décembre de cette année 1805, les fabriciens choisirent les marguilliers qui, par leurs quêtes, soit à l'église, soit à domicile, — comme aujourd'hui — devaient remplir la caisse complètement vide : ce furent Charles Brégeon et Pierre Retière, de la Tréluère. Puis successivement : Étienne Bourré de la Hamonière, et Charles Métairie, de la Haie de Ligné ; Jean Pageaud, de la Guillauminerie, et Jean Rigaud, de la Chauvelière ; René Deshaies, de la Roche, et Claude Leduc, de la Thébaudière ; François Deshaies, de la Petite-Clergerie, et Jean Fonteneau, du Mourmas ; Louis Clément, du Haut-Chalonge, et Mathurin Raitière, de Préfouré ; Jean Métairie, de la Haie de Ligné, et Étienne Jan, de la Roiserie ; Jean Rigaud fils, de la Chauvelière, et Jean Martin, du Bas Saint-Philbert. Et tant d'autres jusqu'à nos jours. C'était dans les premières semaines de janvier que les marguilliers remettaient le produit de leurs quêtes au trésorier devant le conseil réuni. S'ils apportaient à leurs fonctions tout le dévouement désirable, ils trouvaient des paroissiens qui connaissaient leur devoir, donnaient généreusement. La somme perçue pendant les dix premières années variait entre 650 et 750 francs — très belle somme pour ce temps-là où l'argent avait une valeur qu'on ne peut comparer avec la valeur de l'argent d'aujourd'hui [Note : Que faudrait-il dire en 1980, après de multiples dévaluations ! Pour en donner une idée, en 1835, la paroisse achetait 50 chaises à 1 franc pièce ; et en 1839, elle attribuait à un ouvrier pour sa nourriture une somme de 1,25 F, soit 18,75 F pour quinze jours !].

M. Thoret trouva aussi une aide empressée et continue dans le conseil municipal. Ces hommes qui avaient persécuté la religion, chassé les prêtres, commençaient à rentrer dans l'ombre, gorgés des biens de l'Église, honteux peut-être de leur odieuse conduite. Mais plusieurs levaient encore la tête, deux surtout, deux vrais piliers de la Révolution, hommes à l'âme basse et rampante, qui, voyant les idées évoluées, avaient suivi le mouvement et changé leur fusil d'épaule. Ils étaient parvenus à se faire élire conseillers et on les voyait comme les autres s'intéresser aux choses de la religion.

Dès l'année 1803, le conseil municipal résolut de participer aux dépenses pour le carrelage de l'église, pour l'achat d'une cloche, de quatre chasubles, de quatre chapes, de deux confessionnaux, d'une chaire. Il pensait aussi à la réparation du clocher et à l'acquisition du presbytère. Mais la caisse municipale était la pauvreté même — cette même année les recettes avaient été de 565,50 F et les dépenses de 768,31 F : donc déficit de 202,81 F. — Où trouver l'argent nécessaire ? Il demanda au préfet de vendre les biens communaux ci-après : la lande de Tienbon, 1 hectare 45 ares 76 centiares, estimée 700 F ; au nord du village de la Roisie, une parcelle contenant 12 ares, 14 centiares, estimée 60 F ; près la Collinière de la Musse, un commun de 48 ares 50 centiares, d'une valeur de 160 F ; la lande de l'Aubinière, 1 hectare 20 ares 47 centiares, pouvant être vendue 400 F ; la Noue de la Roche, 96 ares 81 centiares, estimée 80 F ; le landreau de la Roche, d'une contenance de 3 hectares 64 ares 43 centiares, estimé « en grand » 1 200 F ; la grande lande de la Pilavenière, 5 hectares 34 ares 50 centiares, évaluée 1 320 F; la lande des Rendières, 2 hectares 91 ares 54 centiares, d'une valeur de 1 200 F ; la petite lande de la Domptière, 24 ares 29 centiares, d'une valeur de 100 F ; dans le Pâtis du Puits-Salé, 24 ares 22 centiares, estimés 100 F ; dans le landreau de la Bretonnière, 72 ares 45 centiares, estimés 200 F. La préfecture n'obtempéra pas aussitôt à la demande du conseil ; mais cette demande ayant été réitérée fut enfin agréée et la commune put vendre ces terres.

Entouré de paroissiens généreux et zélés M. Thoret, en 1804-1805, accomplit les travaux projetés et se procura les objets nécessaires au culte [Note : Il fallut d'abord s'occuper du logement du clergé. Le 28 juillet 1803, en raison de la loi du 18 germinal an X (18 avril 1802) Benjamin Lorette, héritier de son père, vendit l'ancienne cure à la commune de Ligné représentée par Pierre Baudouin, maire et J.B. Thoret, curé, pour la somme de 2000 F « payable en numéraire métallique et non autrement quelques lois qui puissent intervenir auxquels (sic), il est expressément dérogé », si grande était la défiance à l'égard du papier-monnaie depuis l'effondrement des assignats. Le 2 février 1808, le Conseil de fabrique devait racheter à la Commune le presbytère pour « la somme extrêmement modique de 2 000 F », qu'avait demandée B. Lorette « en voulant favoriser la Commune ». (Acte notarié du 9 Thermidor, an XI et registre des délibérations du Conseil de fabrique)].

En août 1805, il décide l'établissement des chaises à l'église. Dans les campagnes très souvent les fidèles n'avaient aucun siège pour s'asseoir pendant les offices ; ils se tenaient debout. On voyait pourtant ça et là, aux meilleurs endroits, quelques bancs possédés par les grandes familles du pays. Ici, dans l'ancienne église, il y avait en 1680 le banc de Mme Vve de Chamfort, celui des Cosnier de la Clergerie, celui de la maison du Ponceau.

Pour avoir un banc, il ne suffisait pas d'être riche ; il fallait encore l'autorisation du baronnet de la Musse. M. Thoret, par commodité pour ses paroissiens et pour créer une source nouvelle de revenus, établit les chaises et fixe le prix des places à 1 liard pour la première messe, 2 liards pour la grand-messe, 1 liard pour les vêpres.

Sous la tourmente révolutionnaire, la cloche avait été brisée, et, depuis lors, aucune voix ne se faisait entendre pour appeler à la prière, faire connaître les joyeux événements et les deuils de la paroisse ; l'achat d'une cloche était une nécessité.

M. Thoret fait l'acquisition, aux ateliers Vorruz, d'une cloche de 780 livres. Le 11 août 1807, la nouvelle venue est baptisée par M. Urien, curé d'Ancenis et vicaire général. Elle reçoit les noms de Nicolas et Agathe, en souvenir du parrain H. Nicolas Ouary et de la marraine, Dlle Agathe Scolastique Debay, en premier mariage Dame du Ponceau ; en second, Dame de Cadaran [Note : Le registre paroissial de Ligné de 1807 donne la date du 21 avril pour cette cérémonie, sous la signature de M. Urien, de M. Thoret, curé, de M. Pierre Athimon, vicaire, etc... Ladite cloche porte une inscription qui débute ainsi : « J'appartiens aux honnêtes gens qui ont contribué. Mon nom est Agathe-Nicolas... »].

Elle est toujours là, la belle cloche, dans sa demeure nouvelle demeure — continuant son office, toujours jeune, malgré ses 173 ans.

Si M. Thoret, au mois d'avril, avait monté la cloche au beffroi, c'était en prévision du gros événement qui devait bientôt s'accomplir.

Il y avait presque vingt ans que le sacrement de confirmation n'avait pas été administré aux populations du canton : la persécution religieuse en avait été la cause.

Le 15 juillet, à 9 heures du matin, Monseigneur Jean-Baptiste Duvoisin, venant de Riaillé, fait son entrée au bourg de Ligné, escorté de 20 grenadiers et des gendarmes du canton. Descendu à la cure, il est conduit processionnellement à l'église, entouré du maire, de Ker-Martin, adjoint, de Villiquiez, juge de paix, de Nicolas Ouary. Dans cette première journée, il confirme 1 400 personnes de Ligné et de Mouzeil. Le soir, un flambeau à la main, il va allumer le feu de joie dressé en son honneur. Le lendemain, à 9 heures, il continue à confirmer ; 700 personnes de Couffé s'agenouillent devant lui pour recevoir le sacrement. Au soir, il est conduit au château de la Bouvetière, résidence de M. Deloynes gentilhomme, membre de la légion d'honneur, ancien maire de Nantes.

Et M. Thoret continue son œuvre. En 1808, il répare les murs du cimetière que les révolutionnaires avaient en partie renversés. La même année il remplace la grande croix qui avait été brisée. Avec le maire, il achète la cure. En 1809, il s'occupe de « l'édification et de la confection des autels » ; en 1810, de la dorure et de la peinture du tabernacle, des gradins et du marchepied de l'autel. C'est en ce temps qu'il place dans l'église la statue de saint Jean.

Pour travailler, il n'attendait pas qu'il y eut de l'argent dans la caisse de la fabrique. Il avançait lui-même les fonds nécessaires : c'était sa manière d'aller vite [Note : Le registre des délibérations du conseil de fabrique porte en date du 19 avril 1818, une curieuse mention. Dans cette délibération — qui relèverait plutôt de la mairie que de la paroisse — on proteste contre un habitant qui empiète sur la rue principale du bourg pour y construire une maison. Cette rue qui n'est déjà pas trop large va se trouver diminuée de plus d'un tiers. Vu sa position à proximité de l'église et comme seul passage à travers le bourg, on envisage les graves inconvénients qui vont en résulter pour la circulation, tant des paroissiens à l'issue des offices ou pour les processions que pour les troupeaux de 50 à 100 bœufs qui traversent Ligné pour se rendre aux foires de Nantes et de Vendée. On peut redouter des embouteillages et des accidents. On demande donc au préfet du département d'arrêter « cette usurpation inique, préjudiciable au public »].

S'il donna tous ses soins à la restauration de l'église, il mit non moins d'ardeur à restaurer la religion dans sa paroisse. Grâce à son esprit pacifique et conciliant, grâce à son tact, il sut faire disparaître les pernicieux effets de la Révolution, il sut rapprocher les deux parties de son troupeau divisé. Agé de 72 ans, chargé de mérites, il s'éteignit dans son presbytère en 1823, après 13 ans de vicariat et 20 ans de rectorat à Ligné. Nos registres ne font pas mention de sa sépulture. Il faut croire qu'il fut enterré dans sa paroisse natale, à Saint-Étienne de Mont-Luc. Il avait eu pour l'aider dans son ministère, M. l'abbé Pierre Athimon, de 1803 à 1807 ; puis, en 1810, M. Bonamy ; plus tard, en 1814, M. Nairi. L'année de sa mort, en 1823, nous voyons sur les registres la signature de M. Gariou.

***

En cette année 1823, M. MICHON devint curé de Ligné. Il devait laisser ici un impérissable souvenir. On aime encore à raconter certains faits qui montrent la trempe d'un tempérament peu ordinaire... Fils de charpentier, charpentier lui-même, il lança un jour sa cognée dans le tronc d'un arbre et annonça catégoriquement à son père qu'il ne voulait plus de ce métier, qu'il voulait être prêtre. Vicaire à Nantes, il saisit sur les ponts un jeune apache qui criait sur lui ; le prenant par le fond de la culotte, il le tint suspendu au-dessus du fleuve : « Eh bien ! mon petit, crie donc couac encore, et tu vas voir ! ».

Comme son prédécesseur, on le vit dévoré d'un saint zèle pour la maison de Dieu. Quelques mois après son arrivée, pour se créer des ressources nouvelles, il augmente le prix des chaises : il demande, par an, pour les chaises doubles, 3 F 10 sols ; pour les chaises simples, 2 F 10 sols ; il fixe le prix des chaises non affermées à 6 deniers pour la grand-messe du dimanche, à 4 deniers pour les vêpres. L'ostensoir était pauvre, trop pauvre pour une grande paroisse ; il en achète un en argent. Les murailles de l'église avaient besoin de réparation ; il demande de l'aide au conseil municipal qui lui donne 1 200 francs. L'église était nue, sans ornementation ; il place une boiserie tout autour. L'église n'avait pas d'horloge : sur ses instances, le conseil municipal vote 800 francs, « considérant le vif désir de la commune, chef-lieu de canton, possédant une population de 3 000 âmes ».

Trois mille âmes, ce chiffre était un peu excessif. Mais on pardonne aisément à une municipalité d'exagérer le nombre de ses chers administrés. Ligné eut en 1779, 1 450 habitants [Note : Ce chiffre, donné par OGÉE, dans son Dictionnaire... de Bretagne, MDCCLXXIX, n'est pas celui des habitants, mais des « communiants », ce qui suppose une population plus élevée, surtout étant donné que la « première communion » n'avait pas lieu avant 10 ou 11 ans, le jeune âge des enfants ne leur permettant une connaissance suffisante et le goût de ce Sacrement. (Rituel Nantais, 1776, p. 127)] ; en 1801, 1 642 ; en 1820, 2 059 ; en 1831, 2 266 ; en 1841, 2 144 [Note : Marius FAUGERAS, dans Le diocèse de Nantes sous la Monarchie de juillet, t. II, p. 444, donne pour 1839 ce même chiffre de 2144 habitants, avec cette précision : 1 500 communions (pascales) au moins] ; en 1881, 2 632 ; en 1927, 2 153. De nos jours, sa population est à peine de 2 000 âmes pour une superficie toujours la même, de 4 544 hectares. Disons, pour être dans l'entière vérité, que Ligné, sous le rectorat de M. Thoret, possédait quelques hectares en plus, qu'il perdit en perdant le village du Haut-Saint-Philbert. Drôle d'histoire que celle-là. Les communes de Ligné et de Couffé avaient décidé l'échange des villages du Haut-Saint-Philbert et de la Pichonnière : Ligné céderait le Haut-Saint-Philbert et recevrait en retour la Pichonnière. Que se passa-t-il ? Quelle puissance occulte manœuvra et commit l'injustice ? Saint-Philbert devint bien la propriété de Couffé ; mais la Pichonnière ne fut jamais donnée à Ligné.

Ce rattachement donna lieu à de nombreux ennuis. Le Haut-Saint-Philbert bien que de la commune de Couffé, faisait encore partie de la paroisse de Ligné. Les habitants devaient aller à Couffé pour les actes civils et à Ligné pour les actes religieux ; ils se plaignirent en 1836, de cette situation, Monseigneur de Guérines envoya M. le curé d'Ancenis faire une enquête, et il fut décidé « que les limites spirituelles entre les paroisses de Ligné et de Couffé seraient les mêmes que les limites civiles ». En conséquence, le village du Haut-Saint-Philbert, le moulin et la maison du meunier de la paroisse, seront réunies à la paroisse de Couffé pour en faire partie intégrante et demeurer exclusivement sous la juridiction de son desservant.

Les événements d'alors avaient une profonde répercussion dans l'âme ardente de M. Michon. Il était légitimiste convaincu. L'avènement au trône de Louis-Philippe, au détriment du jeune duc de Bordeaux, fils du duc de Berry, l'avait bouleversé. Il ne pouvait admettre que Louis-Philippe, fils de Philippe-Égalité, le révolutionnaire, devint roi de France, son roi. Il embrassa carrément le parti du jeune duc représenté par sa mère, la duchesse de Berry. Il prêchait ses convictions politiques autour de lui à tous ceux qui voulaient l'entendre. Aussi quand, en 1832, le mouvement s'opéra en faveur du duc, trouva-t-il à Ligné de nombreux partisans. Ceux-ci s'en allèrent se ravitailler en armes et munitions chez Mlle Deloynes dont le château de la Bouvetière [Note : Une tradition locale rapporte qu'au cours de son équipée dans l'Ouest, en 1832, la duchesse de Berry trouva refuge à la Bouvetière, près de Mlle Catherine de Luynes. Cette présence semble confirmée par le fait qu'une fille des fermiers Potiron, de la Bouvetière, née en février 1838, fut prénommée Marie-Caroline comme la Duchesse. Elle eut pour parrain : M. Morice (sic) de la Roche-Maté, représenté par Jean Potiron, cousin de l'enfant et pour marraine Melle Catherine-Marie de Luynes] était transformé en véritable arsenal, et ils rentrèrent dans la compagnie de Ligné dont les cadres étaient déjà formés, ou bien prirent rang dans le bataillon de la Rochemacé, de Couffé.

La Rochemacé était chef de la division d'Ancenis. Dans les quelques semaines que dura la campagne, il montra de grandes qualités militaires. Mais le mouvement ne fut pas général dans l'Ouest comme il devait être, et dans le haut commandement il y eut des négligences ; aussi, après quelques escarmouches et la victoire de Riaillé le 7 juin, La Rochemacé se replia sur Ligné, se demandant quelle décision il devait prendre. En arrivant au bourg, il trouva six grenadiers du 135ème. Ceux-ci croyaient leur dernière heure arrivée ; il les désarme et les laisse en liberté sous promesse de ne pas quitter les lieux avant lui. Il trouve aussi un maire libéral, M. Botte, tremblant de peur, il le rassure par de bonnes paroles. Mais il fallait conjurer le péril : le cercle des ennemis allait se refermer sur lui. Il réunit ses officiers et tous reconnaissent que, vu l'état d'isolement dans lequel on se trouve, une capitulation ne serait pas contraire à l'honneur. Quand les hommes apprirent l'état désespéré dans lequel ils étaient, et la résolution prise, ils crièrent à la trahison : les uns pleurant brisèrent leurs armes, d'autres menacèrent leurs officiers de leurs baïonnettes ; on en vit un qui, dans sa fureur irraisonnée, traversa d'une balle de son fusil le coq du clocher [Note : Ce coq a été remplacé lors des travaux au clocher en 1964 ; il est conservé à la Mairie de Ligné]. Mais bientôt ils eurent honte de leur conduite et comprirent tout ce que leurs soupçons et leurs critiques avaient d'injurieux pour ces officiers dont ils connaissaient la loyauté, la bravoure en même temps que le dévouement à leur égard ; ils leurs firent leurs adieux et s'éloignèrent dans toutes les directions.

Les légitimistes avaient demandé une capitulation honorable. L'autorité militaire, au reçu du message, répondit qu'elle n'acceptait qu'une capitulation sans conditions. La Rochemacé, de nouveau réunit ses officiers, cette fois au presbytère. Il leur fait entendre qu'étant le chef il doit assumer toute la responsabilité des événements ; il leur ordonne de se disperser pour échapper à l'ennemi. Mais tous refusent de se séparer de leur colonel ; il est obligé de faire appel à son autorité.

Bientôt l'ennemi se présente, composé de troupes de ligne et de gardes nationaux. Il est onze heures, et la nuit est obscure. On croit que les chefs légitimistes sont encore au presbytère ; on commence l'assaut. Les gardes nationaux, tremblant de peur, tirent dans les ténèbres sur les soldats les prenant pour des rebelles, les soldats ripostent : il y a des morts et des blessés. Enfin les Philippistes s'aperçoivent de leur funeste erreur. Furieux, ils se précipitent contre la porte d'entrée, ils envahissent la demeure et la fouillent de la cave au grenier.

Ils trouvent le curé qui est roué de coups. On le traîne sur la place de l'église et là on le force à se mettre à genoux et à réciter trois fois son Confiteor. M. Michon fut emmené par la troupe qui retournait à Ancenis. Après le village de Châteaubriant, à un tournant à l'orée d'un petit bois, l'officier qui était près du prisonnier lui dit à l'oreille : « C'est le moment, sauvez-vous ». Il fit un bond de côté, franchit la haie qui bordait la route et disparut dans le taillis. M. Michon pendant un certain temps ne put reparaître au bourg et habiter sa cure. Il se cacha dans la campagne, particulièrement du côté de la Belière. Il était convenu qu'en cas de danger le meunier devait mettre la verge de son moulin dans une position spéciale pour avertir le curé de prendre une autre direction. M. Michon fut mis en état d'arrestation du 12 au 14 septembre 1832. Fut-il arrêté une autre fois ? M. Muray, curé de Saint-Mars-du-Désert, qui lui aussi avait pris le parti des légitimistes, nous dit que son confrère passa trois mois dans les prisons d'Ancenis et de Nantes [Note : M. FAUGERAS (op. cit., t. I, p. 238) écrit : l'abbé Michon arbitrairement arrêté et détenu durant plusieurs mois à la suite du soulèvement avorté de 1832, l'Administration consentait à le libérer, à condition qu'il démissionnât ou prît l'engagement de chanter à la grand-messe la nouvelle formule pour Louis-Philippe : « Domine, salvum fac regem Ludovicum... ». Mgr de Guérines, évêque de Nantes, ne voulut pas faire pression sur le curé] ...

Après cette aventure, l'activité de l'ardent curé trouva à s'exercer dans la paroisse. Des réparations avaient été faites à l'église. C'était bien. Mais une constatation s'imposait : l'église était trop petite pour loger toute la population; ce qu'il fallait, c'était plutôt un agrandissement. M. le curé méditait ce projet depuis longtemps ; les événements arrivés au pays avaient empêché de le mettre à exécution. En 1834, les esprits étant calmés et croyant le moment favorable, il écrivit à Monsieur Gilée, architecte à Nantes, de venir étudier la question et il décida avec lui l'édification de deux chapelles latérales. Le 25 avril 1835 il réunit son conseil pour lui exposer l'urgence du travail projeté. Les membres présents approuvent mais ils constatent en même temps que seule la fabrique ne peut entreprendre les travaux à sa charge ; ils déclarent qu'il faut recourir au conseil municipal. Celui-ci se réunit le 12 juin : il s'engage à venir en aide à la fabrique et prenant connaissance du devis de M. Gilée, il détermine la somme qu'il dépensera : 5 300 francs (2 800 pour la maçonnerie, 1 980 pour la charpente, 520 pour la couverture) ; les autres dépenses, soit 1 490 francs, seront à la charge de la fabrique. Et bientôt s'élevèrent les deux chapelles latérales pour la commodité des paroissiens et la beauté de l'église.

Le 6 juillet de l'année suivante, 1836, M. Michon se présente devant le conseil municipal. Il veut mettre, dit-il le chœur en harmonie avec les autres parties de l'église... qu'on lui permette de faire les travaux nécessaires : démolition de la chapelle de la Rochefordière, après entente avec le propriétaire ; démolition de la muraille du chœur et prolongement de celui-ci ; construction de deux sacristies. Les frais seront à sa charge : 4 588 francs. Et les travaux furent exécutés.

Comme couronnement à tous ces travaux eut lieu un acte mémorable dans l'histoire de l'église de Ligné. « L'an de l'Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mil huit cent trente neuf, le sixième jour du mois de septembre, nous, Jean-François de Hercé, évêque de Nantes, avons fait, en présence d'un nombreux clergé et d'un grand concours de fidèles, la consécration solennelle de l'église paroissiale de Ligné, sous l'invocation de saint Pierre, prince des apôtres, et nous avons renfermé dans un coffret en zinc scellé du sceau de nos armes et placé dans le sépulcre de l'autel, les reliques des saints martyrs Vital, Pic, Urbain et Vincent. » (Registre paroissial de 1839).

M. Michon vécut encore de nombreuses années pour le bonheur et le salut de ses paroissiens.

Il décéda le 23 avril 1851, après avoir été curé de Ligné pendant 28 ans.

Moins d'un an avant sa mort, au mois de juin, il avait élevé une grande croix dans le cimetière. Il devait longtemps reposer au pied de cette croix, jusqu'en l'année 1922 où se firent de grands travaux pour l'érection du monument des morts de la guerre 1914-1918. Alors ses restes furent transportés dans le tombeau des curés, sous le calvaire actuel.

Il eut comme auxiliaire MM. les vicaires Gariou (1823) — Duranceau (1824) — Bricaud (1830) — Rabrau (1830-1849) — Métaireau (1849-1851) — Maillard (1849-1851).

***

Monsieur Ferdinand HOUGET, curé de Mauves [Note : M. Houget n'avait que 27 ans lorsqu'il fut nommé curé de Mauves, où il resta 21 ans (1830-1851). Il était d'un tempérament actif et entreprenant. Sous les yeux des ouvriers ébahis, il accomplit une prouesse, plutôt téméraire, en grimpant jusqu'à la croix du clocher, après l'enlèvement des échafaudages. Il réalisa le rêve de son prédécesseur à Mauves : la construction d'une nouvelle église], succéda à M. Michon le 20 juillet 1851. Il était de Saint-Joseph de Portricq (on dit maintenant : Saint-Joseph de Porterie), d'une famille honorable et riche. Il fit de grandes choses à Ligné.

Voyant son église [Note : Des travaux furent entrepris à deux reprises : d'abord une tribune à la fin de 1851 ; puis l'élargissement de l'église en 1868 dont il est question ci-dessus. L'Évêché, prévenu avec retard demande : « N'est-ce pas employer inutilement une somme considérable ? N'aurait-il pas été préférable de reconstruire ou d'attendre ? ». En fait, les dépenses s'élevèrent à 6 807,98 francs] trop petite pour une population grandissante, il fit construire les deux basses-nefs. Mais l'espace manquait, limité de chaque côté par une route : ces deux basses-nefs ne pouvaient être que fort étroites.

Sous son impulsion, plusieurs croix s'élevèrent. Le 23 mai 1865 eut lieu la bénédiction de la croix du Ponceau par Mgr Guynemet de la Hailandière, ancien évêque de Vincennes (États-Unis), venu à Ligné donner la confirmation à la place de Mgr Jaquemet indisposé.

Il s'intéressait au bien-être de ses paroissiens. Il existait un petit étang en bordure de la route de Nantes, derrière la maison actuelle de M. Rabu. Il servait de lavoir ; mais l'eau était croupissante. Il donna du terrain pour son agrandissement. Il fit entendre que ceux-là seuls pourraient laver, qui avaient contribué aux travaux ; mais que « le presbytère se réservait tous les autres droits sur cet étang ». — Depuis, ce lavoir a été comblé et sert de parking.

Il avait un grand désir qu'il put réaliser. Il savait bien que l'essentiel pour un curé, ce n'est pas de bâtir, ni d'embellir son église, mais d'implanter, de conserver la foi dans les âmes. Cette foi faisait de Ligné une paroisse modèle, l'autorité diocésaine elle-même aimait à le constater. Ne lisons-nous pas au compte-rendu de la confirmation de 1858 cette louange méritée ; « Monseigneur en répondant à M. le curé, a appliqué aux paroissiens de Ligné les paroles que saint Paul a dites des Romains : fides vestra annuntiatur in universo mundo (votre foi est partout annoncée), paroles convenant bien à la catholique Bretagne, et à votre paroisse que la foi a toujours distinguée parmi les paroisses chrétiennes du diocèse de Nantes ! ».

Mais comment conserver cette foi ?

Par l'instruction, par l'école.

Déjà M. Michon avait acheté le terrain dit de la petite Cure [Note : Par acte notarié du 27 février 1854, ce terrain légué par M. Michon fut rétrocédé par ses héritiers à la Fabrique curiale de Ligné et payé par M. Houget, à la condition : 1°) de faire célébrer à perpétuité chaque mois une messe pour M. Michon, 2°) d'acheter une cloche pour la paroisse. Le terrain se trouve près du jardin de la cure et sur la route de Nantes. La loi de séparation (9 décembre 1905) confisqua l'argent destiné aux messes et attribua l'école des filles à la commune : elle devint ainsi l'école municipale] pour y bâtir l'école des filles, mais il n'eut pas la joie de réaliser son projet. M. Houget en fut le bâtisseur. Le 27 octobre 1861, les sœurs de Saint-Gildas prirent possession de l'établissement. La Supérieure était soeur Marie de Saint Damas. Le dimanche suivant, le R. P. Jubineau, des missionnaires diocésains, montra en chaire la nécessité de l'éducation chrétienne. Après vêpres, on se rendit processionnellement à la Maison. M. le Supérieur de Saint-Gildas bénit les classes et une statue de la Sainte Vierge. Le lendemain eut lieu l'ouverture de l'école.

Mais le travail n'était fait qu'à demi.

Depuis plusieurs années, la population chrétienne de Ligné manifestait le désir de voir l'école des garçons dirigée par des frères congréganistes. L'école était alors sous la direction d'un homme très estimable, M. K'Borde. Il était vieux et voulait prendre sa retraite. M. Houget résolut de réaliser les désirs de ses paroissiens. S'appuyant sur la pensée de Monseigneur, sur le vote unanime du conseil municipal qui réclamait des frères à la direction de l'école, il écrivit au supérieur des Frères de Ploërmel. Celui-ci, manquant de sujets, ne put répondre favorablement à la demande exprimée.

Alors un laïque, M. Olive, fut envoyé par l'Académie, pour prendre la suite de M. K'Borde. La population n'y comprenait rien : elle s'éleva contre l'évêché, contre M. le curé, contre l'Institut de Ploërmel, même contre l'instituteur laïque. Celui-ci, par ses répliques violentes, avait tourné tout le monde contre lui, et, ayant voulu s'occuper d'affaires électorales, s'était rendu vraiment impopulaire. Il fallait à tout prix saisir l'occasion, profiter des bonnes dispositions qui se manifestaient.

Le 25 octobre 1864, M. le curé achète le terrain pour la somme de 750 francs. Plus tard, le 1er décembre 1868, il achètera deux parcelles possédées par la commune, situées en bordure du chemin, dit de la Salle. Les ouvriers se mettent à l'œuvre. Au bout de deux mois, une classe était prête à recevoir des élèves ; et deux mois plus tard, la maison d'habitation était couverte, et la deuxième classe était élevée de deux mètres au-dessus des fondations. Ploërmel ne put rester insensible à de telles manifestations ; il envoya un frère qui malheureusement était de santé délicate. Au bout de quelques mois, il mourut, laissant d'universels regrets. Le frère Anobert lui succéda et sut par sa bonté et sa science pédagogique se faire apprécier et aimer. A la fin de l'année scolaire 1865-1866, il avait à son école 120 élèves.

A la rentrée suivante, l'école possédait tous les enfants. Elle devint et demeura quelques années école communale. Elle avait acquis un grand renom aux alentours, une importance telle que les enfants des communes voisines y venaient parfaire leur instruction. Plusieurs de ceux-ci, pensionnaires de la maison, y trouvèrent leur vocation ecclésiastique : ce fut, M. Lebert, curé de Pontchâteau, qui disait le 4 février 1912 à l'installation de M. le curé Sévestre : « Ligné est le pays qui m'a vu faire mes premiers pas dans les lettres humaines et vers la vocation ecclésiastique » ; ce fut aussi M. Denion, curé de Saint-Cyr ; le R. P. Sécher, rédemptoriste.

Telle fut l'œuvre de M. Houget. En 1868, il la compléta en ajoutant une troisième classe à l'école des garçons. Adjacente à cette classe, sur le désir de M. Bertrand son vicaire, il fit construire une grande salle. C'est là que se sont fait entendre, depuis bientôt 80 ans, les joyeux ébats des enfants du patronage ; c'est là que les Lignéens sont venus si souvent applaudir au talent réel de nos jeunes acteurs dans des représentations dramatiques ; c'est là que les jeunes gens ont reçu leur formation chrétienne, sous la direction des vicaires successifs.

On voit M. Houget, en 1869, ériger dans son église les stations d'un chemin de croix [Note : Le registre paroissial est muet de 1851 à 1857 inclus, à moins qu'il n'ait été égaré. Ainsi s'explique un oubli de M. l'abbé Durand, concernant l'achat d'une cloche, prévue par M. Michon. Elle fut payée à l'avance, en août 1857, à M. Voruz, la somme de 3 000 F. On y lit l'inscription suivante : « J'ai été nommée Marie-Pauline-Emmanuelle par M. Emmanuel-Marie Botte et Mme Marie-Pauline-Odile du Ponceau, née Babin des Ardilliers, l'an du Seigneur 1857. N.S.P. le Pape Pie IX. Mgr Matthieu-Alexandre Jacquemet, évêque de Nantes, F. Houguet, curé de Ligné, Ch. Coquard, vicaire... L. Ouairy, maire »].

1870 — Le bon curé eut à souffrir des souffrances de ses paroissiens. La guerre était venue avec l'Allemagne, notre ennemie implacable, et elle avait amené la défaite et les deuils. Seize hommes de Ligné étaient tombés pour la France : Jean-Baptiste Boyer, Joseph Hubert, Joseph Grimaud, Jean Marchand, Julien Bouvet, Jean Leduc, Pierre Naulet, Louis Ruffet, Louis Letort, Pierre Raitière, Jean Bourgouin, Julien Grégoire, Jean Potier, Alexandre Perraud, Louis Coquet, François Rouaud.

M. Houget donna sa démission à la fin de janvier 1872 et se retira dans sa famille à Saint-Joseph de Portricq, où il mourut le 1er juillet 1874, comme le constate l'acte suivant ; « L'an du Seigneur 1874, le 1er juillet, a été inhumé le corps de Messire Ferdinand Houget, prêtre, né des feux Jacques Houget et Anne Duvivier, son épouse, décédé à l'âge de 71 ans, ancien curé de Ligné ».

Il avait rempli ses fonctions curiales pendant 20 ans. Il fut aidé d'abord par MM. les vicaires : Métaireau et Maillard, venus en 1849, partis en 1853. M. Coquard fut vicaire depuis 1852 jusqu'en 1859 ; âgé de 47 ans, il partit pour se faire missionnaire dans la congrégation des Pères de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Il fut remplacé par M. Rialland qui, venu le 31 août 1859, ne resta que sept mois. Son successeur fut M. Bertrand : celui-ci, en 1872, devint curé de Saint-Lyphard. Après lui, M. Garnier fut vicaire de 1872 à 1875.

***

M. BRUNET prit la succession de M. Houget à la cure de Ligné le 11 février 1872.

Il semblerait qu'après les travaux de ses devanciers il n'y eut plus rien à faire à l'église et aux écoles. Mais M. Brunet était actif et entreprenant. Il sut, à l'église et aux écoles, laisser des
traces de son passage. Il sut, sur la pierre, graver son souvenir. L'école des filles était trop petite pour une population enfantine de plus en plus nombreuse, il l'agrandit ; il construisit notamment la grande et belle salle en bordure de la route de Nantes. Si à l'école des garçons, il n'apporta aucun changement, il fit cependant beaucoup pour elle. Un de ses paroissiens lui contestait le titre de seul propriétaire de l'immeuble ; dans un long mémoire il démontra clairement que les curés successifs en étaient seuls propriétaires. C'est sur ce travail que, quelques années plus tard, s'appuiera M. Marceau son successeur, pour montrer victorieusement au séquestre que l'école des garçons n'était pas une propriété de la fabrique, pas davantage de la maison-mère de Ploërmel, mais bien une propriété privée.

M. le curé voyait grand. Il aurait voulu une église, la première des environs. En 1884, il y fit, à l'intérieur, des travaux assez importants. Les murs et les colonnes des nefs reçurent un enduit composé de chaux, de plâtre et de sable fin donnant le ton de la pierre et coupé de lignes simulant la pierre taillée. Le sanctuaire et les chapelles latérales reçurent des peintures de tons divers. L'autel majeur fut décoré par M. Viau, peintre-décorateur de Nantes. L'autel de la Vierge fut remplacé par un nouveau, aux frais de la famille du Ponceau, quelques mois plus tard, M. Brunet faisait carreler son église avec des carreaux en ciment aux couleurs variées. Ces multiples travaux avaient donné à l'église un aspect tout nouveau qui plut aux paroissiens [Note : Est-ce sous son pastorat que furent acquis les deux anges adorateurs ; signés L. GROOTAERS, 1833 ? Nos recherches, dans le livre de comptes paroissial de 1833 à 1900 ne nous permettent pas de préciser la date ni le prix de leur acquisition. Louis Grootærs, né à Malines en 1790 est mort à Nantes en 1865. Il ne faut pas le confondre avec son fils Guillaume, également sculpteur, né à Nantes en 1816 et mort en 1882 à Montaigu. Les anges adorateurs, en plâtre peint, ont été inscrits « sur l'inventaire supplémentaire à la liste des objets mobiliers classés », le 19 novembre 1979, par arrêté du Préfet de Loire-Atlantique] ….

M. Brunet avait une grande dévotion à la Croix. Lui-même fit ériger le beau calvaire du cimetière. Ce fut en 1876, le 1er octobre, un dimanche après les vêpres, que la bénédiction eut lieu, devant un grand concours de fidèles, en présence des curés du Cellier et de Couffé, du vicaire d'Oudon, de M. Bricaud, missionnaire, enfant de la paroisse. M. le curé promulgua un bref du Souverain Pontife accordant une indulgence d'un an, applicable aux âmes du purgatoire, à quiconque, devant cette croix, réciterait trois Pater, Ave et Gloria.

Il inculqua cette dévotion à ses chers paroissiens. De divers côtés, sur le bord des routes, à la croisée des chemins, au milieu des villages, des croix s'élevèrent.

En 1873, il bénit une croix de petite dimension à la Lande-Gilles. Cette croix remplaçait celle élevée par un inconnu. Elle fut nommée de croix de la Solitude.

En 1874, au mois de mai, au Puits-Salé, il bénit une croix appelée Croix-Désiré, parce que celui qui l'avait érigée se nommait Désiré Douet, de la Perrière. Désiré Douet était propriétaire au village du Puits-Salé.

En 1885, au mois de mai, fut bénite une croix à la Tréluère élevée par les deux frères Pierre et Louis Cassard.

Le même jour, eut lieu la bénédiction d'une croix située sur le bord de la route nouvelle de la Bouvetière, érigée par la famille Leray, de la Haie de Ligné.

Quand des croix déjà plantées n'avaient pas été indulgenciées, M. le curé demandait à l'évêché l'octroi de l'indulgence. Sur sa demande, le 28 mai 1892, une indulgence de 40 jours est accordée à ceux qui, devant la croix de la Gasnerie, réciteront un Pater et un Ave.

A la même date, la même indulgence est accordée à ceux qui réciteront un Pater et un Ave devant la croix de la Belle-Étoile. Cette croix avait été élevée près de l'emplacement de la chapelle de Saint-Adrien.

M. Brunet vieillissait. Agé de 80 ans, il donna sa démission après avoir été curé de Ligné pendant 27 ans.

Il se retira au Bon-Pasteur, c'est là qu'il mourut. Son acte de décès est ainsi libellé : « M. François Brunet, chanoine honoraire, ancien curé de Ligné, né à Saint-Géréon le 1er avril 1819, des feus Jean-Jacques Brunet et Catherine Blourde, entré à la maison du Bon-Pasteur le 4 avril 1899, décédé le 13 janvier 1904 » [Note : « 13 février » dit la Semaine Religieuse de Nantes du 20 février 1904, p. 179. Dans le numéro du 27 février, l'abbé Célestin LEROY, originaire de Ligné, alors vicaire à Sainte-Madeleine, donne p. 203-205, une notice biographique de M. Brunet. Il insiste surtout sur son portrait moral : « Il a passé une grande partie de sa vie près de l'autel ou dans son confessionnal... Il fut toujours un de ces hommes digne, respectable, plein de foi et de piété et donnant à son peuple, par sa tenue irréprochable, une idée élevée de Dieu, de ses prêtres et de son culte. Cela rachète bien l'excès de ses qualités (un peu trop de solennité et d'autorité qui faisait trembler ses paroissiens et même ses vicaires !) »].

M. Brunet eut pour vicaires : MM. Garnier, 1872-1875 — Crand [Note : L'abbé Jean-Marie Crand, de Campbon, ordonné prêtre à la saint Pierre 1875, aussitôt nommé vicaire à Ligné, tomba malade et mourut le 25 avril 1878, à l'âge de 29 ans. Il fut inhumé sous le calvaire du cimetière avec les curés de la paroisse. Sa plaque funéraire porte une inscription en latin : « doux et humble », pour indiquer comment il cherchait à imiter le Christ], 1875-1878 — Le Berre, 1878-1881 — Corbé, 1881-1893 — Maisdon, 1893-1896 — Moreau, 1896 — Pabœuf, 1896-1899 — Brevet, 1898-1899 — Michaud, 1899-1901.

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Après M. Brunet, M. Frédéric MARCEAU dirigea la paroisse de Ligné. Il était né au Loroux le 15 mai 1851. Il terminait ses études à Ancenis quand survint la guerre de 1870.

Tous espéraient la victoire ; ce fut la défaite. Le jeune Marceau, douloureusement affecté dans son patriotisme, s'engagea dans le régiment des Volontaires de l'Ouest, où il resta jusqu'à la fin des hostilités. Après nos désastres, il reprit ses études. Entré au Grand Séminaire, il fut ordonné prêtre en 1876. Vicaire à Jans, à Saint-Mars-de-Coutais, à Pornic, à Vallet, à Saint-Similien, il devint curé de La Plaine en 1897. Il demeura à ce poste jusqu'en 1899. En cette année, au mois de juin, il est désigné pour être curé de Ligné. Deux qualités brillaient en lui : la piété et l'amour de la littérature.

Un an après son arrivée, il fit ériger en confrérie la pieuse association du Sacré-Cœur; l'année suivante, il établit la congrégation des Enfants de Marie [Note : Il est intéressant de noter comment Ligné est entré dans le XXème siècle. Une mission solennelle avait commencé le 16 décembre 1900, au 3ème dimanche de l'Avent, prêchée par les Pères Sorin, Aoustin et Maindron, missionnaires diocésains. Pour inaugurer le nouveau siècle, une messe de minuit fut célébrée dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 1901. Il y eut 973 hommes à y communier. Les femmes avaient terminé l'année et le siècle précédent de la même manière]. Il manifesta aussi sa piété, en même temps que ses goûts littéraires, dans ses instructions si appréciées de ses paroissiens, et dans la composition d'un livre : Lois et consolations de la prière.

Il vivait à une époque où sévissait la guerre religieuse. Semblable à une tribu du Centre africain, le gouvernement d'alors s'était jeté sur le bien d'autrui ; il s'était emparé des biens de fabrique, des biens des congrégations ; il était allé jusqu'à mettre la main sur les dépôts de messes laissés pour les défunts.

Ligné ne fut pas épargné. On s'en prit d'abord à l'école Saint-Joseph. Un jour de juin 1904, toute une armée sortait d'Ancenis ; fantassins, sapeurs outillés pour un long siège, plusieurs brigades de gendarmerie, rien n'y manquait. Elle s'en allait mettre le siège devant l'école Saint-Joseph défendue par la chrétienne population de Ligné. Après une heure d'attaque, les portes s'ouvrirent et le séquestre s'empara de l'immeuble considéré par le Gouvernement comme bien dépendant de la congrégation de Ploërmel, et, à ce titre, devant revenir à l'État. L'État cependant ne put s'en emparer : M. le curé protesta énergiquement et il montra des droits de propriétaire si évidents qu'ils furent reconnus par le tribunal de Ploërmel, le 17 janvier 1907.

On s'attaqua aux biens de fabrique que la loi spoliatrice faisait biens d'État. L'agent préposé à l'inventaire de ces biens avait annoncé sa visite pour le 6 mars 1906. Il ne vint pas. Un millier de personnes était là, venu pour l'entendre et pour protester. Ce fut M. le curé qui, dans de véhémentes paroles, s'éleva contre ceux qui faisaient la guerre à Dieu, à la religion.

L'école des filles n'eut pas l'heureux sort de l'école des garçons ; le séquestre s'en empara comme bien de fabrique. Le 3 août 1908, les religieuses reçurent l'injonction d'avoir à quitter l'immeuble. Ce fut un jour de deuil celui où l'on conduisit à la gare sœur Saint-Ernest, depuis trente-trois ans à Ligné, et la sœur Saint-Henri. Aux adieux se mélèrent bien des larmes.

Mais on savait que la séparation serait de courte durée ; Ligné ne pouvait rester longtemps sans école chrétienne, c'était sur cette question l'accord unanime. De fait, quelques mois plus tard, tous se mirent à l'œuvre pour l'édification de la nouvelle école. M. le curé donna sa peine, son temps, son zèle, dans la direction des travaux. M. le Maire, M. de Ponsay, donna la maison d'habitation et le terrain pour construire les classes. Chacun des paroissiens voulut y aller soit de son offrande, soit de son travail. Il y eut de nobles libéralités. M. de la Ferronnays fut d'une générosité sans égale [Note : Le Marquis Henri de La Ferronnays (1876-1946) venait de succéder à son père. Celui-ci lui avait légué pour consigne : « Faire tout son devoir, c'est faire plus qu'on ne doit ». Le fils s'en inspira toute sa vie. On s'en rend compte en lisant sa biographie écrite par M. Jean Le Cour Grandmaison, un autre grand chrétien décédé en janvier 1974, à l'abbaye de Kergonan où il menait, sans l'habit, une vie monacale. M. de La Ferronnays versait chaque année une somme d'argent pour les écoles libres de Ligné ; cette offrande se poursuivit jusqu'à la mort de la Marquise].

Au bout de quelques mois, les travaux furent achevés. Le 17 janvier 1909, eut lieu la bénédiction de l'école placée sous le patronage de Notre-Dame de Lourdes. Ce patronage s'imposait. La Vierge de Lourdes n'avait-elle pas son monument à quelques mètres de là ? [Note : Le registre paroissial, comme la Semaine Religieuse de Nantes du 23 janvier 1909, p. 80 sq, donnent la date du 17 janvier. La bénédiction fut donnée par Mgr Rouard, évêque de Nantes qui bénit également le drapeau de la Jeunesse Catholique].

Cette école demeura de longues années sous la direction de Mlle Berthiaume...

Tout laissait prévoir un long pastorat à M. Marceau. Dieu en avait décidé autrement. En janvier 1909, il présidait à une mission dans sa paroisse. Le 7 mai 1911, il bénissait, devant plusieurs milliers de fidèles, une statue du Sacré-Cœur érigée en bordure de la route du Boulay, par Mlle Yvonne de Carheil.

Dans la nuit du 16 décembre, atteint d'un mal imprévu, il décédait dans son presbytère, âgé de 60 ans [Note : L'abbé Durand, dans sa notice sur M. Marceau, ne note pas que celui-ci, dès son arrivée eut des projets concernant l'église de Ligné. Un rapport de l'architecte Matthieu Fraboulet, daté du 25 février 1901, constate que l'église est insuffisante pour les besoins d'une population de 2700 âmes, et que, vu sa vétusté, elle ne présente aucune garantie de durée et de solidité. Il propose donc ou bien d'importants travaux de restauration ou bien la construction d'une église neuve, sur un terrain tout proche... En fait, rien ne fut réalisé... et notre église tient encore (en 1980) !].

Lorsque M. Marceau vint à Ligné en 1899, il trouva comme vicaires M. Michaud qui resta peu de temps, et M. Brevet qui, en 1903, s'en alla vicaire à Toutes-Aides. M. Perraud remplaça M. Brevet et demeura jusqu'au 25 septembre 1910. M. Bretel, arivé le 3 février 1903, était encore vicaire à la mort de M. Marceau, avec M. Simon, arrivé le 25 septembre 1910.

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Après M. Marceau, M. SÉVESTRE prit la direction de la paroise de Ligné. Il était né en 1858, à Pontchâteau. Après ses études au Petit Séminaire de Guérande et au Grand Séminaire de Nantes, ordonné prêtre, il fut nommé successivement au Coudray, à Varades, à Guémené-Penfao. De Guémené, il alla à Villepot comme curé. Il y resta six ans, puis il fut nommé à la cure de Ligné. Le jour de son installation, le 4 février 1912, un ami très cher, M. Mahé, lui disait publiquement : « Votre simplicité, votre cœur, vous ont fait réussir partout où vous avez passé ». M. Loyer, vicaire général, ajoutait : « Vous m'avez accusé d'être coupable de votre nomination à Ligné, le vrai coupable, c'est vous. Monseigneur avait remarqué en vous un tact, une sagesse, une prudence qui avaient attiré sur votre personne son attention ». Ce tact, cette sagesse apparurent à Ligné aux décisions qu'il prenait, dans les avertissements qu'il donnait à ses paroissiens. Sa bonté eut un vaste champ d'action : n'était-ce pas le temps de la grande guerre 1914-1918. Que de douleurs apaisées, que de larmes séchées par lui !

Il ne fut pas un homme aux entreprises extraordinaires. Il accomplissait avec ponctualité les devoirs de son ministère. Il avait une grande dévotion à la Sainte Eucharistie : chaque soir, à moins d'empêchement, il venait à l'église faire sa visite.

On le voyait sans cesse son chapelet à la main, priant la Sainte Vierge d'effeuiller ses grâces sur ses chers paroissiens.

Il aimait les manifestations religieuses : les missions, les retraites, les belles cérémonies, les bénédictions de croix. Ce fut lui qui bénit la croix de la Soudairie érigée par la famille Prampart à la jonction de la route de Nort et de la route de Petit-Mars. Il bénit aussi, au village de la Sépelière, le 12 mai 1920, une croix, don de la famille Pierre Niel ; la même année, le 24 octobre, une autre croix, à la Bérangerie, élevée par la famille Niel, de la Riallénière ; en 1912, le 20 août, à la Théardière, une autre croix, érigée par la famille Clément. Le 25 avril 1922, au village de la Domptière, il bénit la croix Levallet.

Sous son rectorat, le dimanche 10 septembre 1922, une grande manifestation religieuse et patriotique eut lieu à Ligné, à la mémoire des Morts de la guerre : car la guerre, le plus terrible des fléaux, était passée, et elle avait fauché la fleur de notre jeunesse. Ils sont là, gravés sur le marbre, à l'autel Saint-Jean, tous les noms de ceux morts pour la patrie. Gravons-les dans notre mémoire :

Morts en 1914 : Jean Robinet, Préfouré — J.-B. David, Haie de Ligné — J.-M. Gratas, Treluère — Pierre Levalet, Rochefordière — Louis Rigaud, Plessis — Louis Bourgeois, Chesnaie — J.-B. Pageaud, Bâtiment — Louis Clément, Théardière — Joseph Poirier, Losier — Henri Poirier, Losier — J.-M. Dumée, Bouvetière — Pierre Amiot, Pilavenière — Valentin Pageaud, Chauvelière — Pierre Deshayes, Contrie — J.-M. Harrouet, Collinière — J.-M. Garnier, Contrie — Athanase Perray, Roiserie — Louis Dupé, Briantière — Louis Joyau, Roiserie — Julien Legras, Laca — Pierre Marin, Losier — Louis Bireau, Collinière — J.-B. Supiot, Chauffetière — Pierre Richard, Jochaudière.

Morts en 1915 : Pierre Ferré, Préfouré — Prosper Beaudeloche, Primaudière — J.-M. Drouet, Haie de Ligné — Pierre Lebert, Aubinière — Pierre Boyart, Bourg — Pierre Dupas, Briantière — Jean Denion, Roche — Louis Denion, Roche — Julien Grégoire, Plessis — Henri Rigaud, Mourmas — Louis Rousseau, Pilavenière — J.-B. Pageaud, Chauvelière — Félix Michel, Théardière — J.-M. Chassé, Bourg — Pierre Blaire, Bourg — Jean Dupuis, Vallée — Alexandre Templer, Gasnerie — François Cassard, Hardas — François Grégoire, Beaucé.

Morts en 1916 : Joseph Gratas, Tréluère — Félix Silloret, Bourg — Étienne Poirier, Briantière — Emmanuel Ferré, Chausson-Doré — Félix Douet, Perrière — Louis Beauchêne, Corbinière — Joseph Raitière, Plessis — Pierre Courroussé, Grifferaie — J.-B. Paillusson, Tréluère — Honoré Collineau, Fayau — Pierre Cassard, Briantière — Joseph Collineau, Fayau — Hippolyte Verron, Fayau — Théophile Pageaud, Veltière — Pierre Robillard, Bourg — Jules Dumée, Bouvetière — Joseph Leray, Théardière — Félix Ménoret, Bourg.

Morts en 1917 : Louis Leduc, Bourg — Alexis Ferrand, Veltière — J.-B. Amiot, Haie-Morice — Georges Verger, Bourg — J.-B. Gérard, Bois-Hauray.

Morts en 1918 : Pierre Robinet, Thébaudière — Valentin Gérard, Bois-Hauray — Guy de la Rochefordière — Eugène Viel, Chapeaudière — Désiré Gautreau, Mauregard — J.-B. David, Bourg — Jean Dupuis, Douve — Louis Grégoire, Pilavenière —François Lebot, Bouvetière — Félix Besnard, Théardière — Félix Clément, Théardière — Henri Normand, Beaucé — Achille Vigné, Bourg — J.-B. Terrien, Chauffetière.

Morts en 1919 : Pierre Michel, Théardière — Henri Rigaud, Gasnerie — Pierre-Marie Rouaud, Bérangerie.

Disparus : Pierre Avrillaud, Veltière — Julien Dupuis, Vallée — Pierre Gratas, Tréluère — François Rigaud, Plessis — Louis Rocher, Pinière — Donatien Lebot, Bouvetière — Marcel Mary, Laca — Henri Letort, Thébaudière — Julien Rigaud, Chauvelière
— J.-B. Berra, Bourg — Louis Bourré, Sainte-Marie — Pierre Fresnay, Losier — Léon Chotard, Mineries — Louis Bizeau, Théardière — Étienne Poirier, Roiserie — François Naulet, Bourg.

C'était pour commémorer le souvenir de ces hommes tombés au champ d'honneur que la commune avait élevé, au cimetière, un monument : une pyramide dont l'ensemble charmait les regards. A son sommet était la Croix, signe de sacrifice, emblême du salut. A sa partie moyenne, des croix de guerre la décoraient sur les quatre côtés. Sur le côté face à la route, on admirait un bronze artistique représentant un soldat expirant, recevant le baiser de la France. Sur les trois autres côtés, étaient inscrits les noms des morts.

Ce dimanche 10 septembre 1922, le monument fut bénit, M. de la Rochefordière étant maire, en présence du sous-préfet d'Ancenis, du colonel représentant l'armée, de MM. Saint-Maur, sénateur ; de la Ferronnays, Le Cour Grandmaison, députés ; Attimon, conseiller général ; de la Roche-Macé, conseiller d'arrondissement, docteur Bécigneul, capitaine de la Rochefordière...

Il y avait dix ans que M. Sévestre était curé de Ligné. A la fin de novembre 1922, il donnait sa démission. Il se retira au pays natal, à Pontchâteau. Le lundi 6 décembre 1926, en sa demeure, il mourut après quelques jours de maladie. Souvent il avait manifesté le désir d'être enterré au cimetière de Ligné. C'est là qu'il repose, au pied du grand Calvaire, à côté de ses prédécesseurs.

Il eut pour l'aider dans son ministère MM. Pierre Bretel et Alphonse Simon [Note : L'abbé Simon, né en 1872 à Saint-Étienne-de-Montluc, prêtre en 1897, était de santé délicate. A diverses reprises, il dut prendre du repos. Durant son séjour à Ligné, on avait remarqué sa fragilité. En quittant notre paroisse, il occupa différents postes, puis devint curé de Pompas et enfin du Gâvre d'où il démissionna en 1937. Il devait mourir à l'âge de 102 ans au Bon Pasteur le 6 janvier 1974. Il se signalait par une profonde dévotion envers la Vierge Marie. Pour son centenaire, il composa une poésie "à la gloire de l'humble chapelet de Notre-Dame". Nous en détachons cette strophe : Précieux chapelet ! Ce qu'il a pour nous plaire - C'est spécialement la double qualité - Qui brillait en Jésus et sa très sainte Mère : - L'humilité sincère et la simplicité] qui étaient à Ligné au jour de son arrivée. M. Bretel resta jusqu'au 11 mars 1914, date de sa nomination à la cure de la Boissière-du-Doré. M. Simon demeura à Ligné jusqu'au jour où il partit vicaire à Saint-Père-en-Retz le 23 octobre 1914. M. Paul Coyaud [Note : Le nom de l'abbé Coyaud mérite de ne pas être oublié. A un double titre : d'abord il forma notre organiste, M. Joseph Robin, encore en activité en 1980 et lança une maîtrise dont les premiers membres continuèrent longtemps de venir au chœur ; ensuite, c'est bien lui qui fonda le Bulletin Paroissial dont il faisait orner chaque numéro d'un dessin différent : fleurs ou... soldats ! (c'était la Guerre de 14). Nommé curé de Piriac en 1930, il mourut le 1er décembre 1942] fut nommé vicaire le 8 février 1914 et partit à Sainte-Pazanne le 11 mai 1917. M. Eugène Durand le remplaça en l'année 1918 ; il était vicaire au jour du départ de M. Sévestre à la fin de novembre 1922.

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M. Joseph BILLON remplaça M. Sévestre. Il était à Villepot le 22 mars 1872. Ordonné prêtre le 29 juin 1896, il fut nommé professeur à Châteaubriant, où il resta de 1896 à 1904 ; puis il devint vicaire à Erbray, à Nort, à Saint-Gohard de Saint-Nazaire. En 1917, il était nommé curé de La Plaine. C'est de La Plaine qu'il vint à Ligné, comme M. Marceau quelques années auparavant. Il fut installé le dimanche 3 décembre 1922. Aucun curé ne manifesta plus sa joie du poste qui lui était confié [Note : Sa santé résistant mal aux fatigues du ministère à la Plaine, « très simplement il s'en ouvrit à son évêque. Monseigneur qui connaissait ses qualités surnaturelles, lui donna une paroisse très religieuse où son zèle ne rencontrerait aucune difficulté et où il pourrait faire tout le bien qu'on attendait de lui. » (D'après l'article nécrologique paru dans la Semaine Religieuse, 1928, p. 418)]. Quand un laboureur est satisfait de la qualité de son champ, il a d'autant plus de cœur à le travailler. M. Billon se mit à l'ouvrage de toutes ses forces.

En avril 1923, il installe l'œuvre de l'Apostolat de la Prière 900 paroissiens se font inscrire.

En juillet 1923, pour favoriser la dévotion envers l'Eucharistie et le Sacré-Cœur, il obtient la permission d'exposer le Saint Sacrement le premier vendredi du mois.

En 1924, il institue un cours mensuel de conférences religieuses pour jeunes filles.

Le 25 septembre 1925, une conférence intercantonale de chefs de famille a lieu à Ligné. Mille hommes y sont présents.

Établir des œuvres, c'est bien ; mais encore faut-il qu'elles se maintiennent, qu'elles prospèrent. Les œuvres de M. Billon étaient bien vivantes et portaient de nombreux fruits de salut : il les travaillait intensément, malgré une santé précaire.

En l'année 1927, il entreprend, avec M. du Rusquec, maire, la réfection du clocher : ce travail se fit sous l'habile direction de M. Souffrant, architecte à Nantes.

L'année suivante, 1928, il voulut orner son église de vitraux artistiques. Il les commanda à M. Picou, peintre-verrier à Nantes. Il ne put voir la fin de ces travaux ; il mourut subitement le 2 avril 1928.

M. Billon avait trouvé comme vicaire en arrivant à Ligné, M. l'abbé Durand. Celui-ci resta avec lui jusqu'à la fin de janvier 1927. A cette date, il fut nommé curé de Saint-Émilien. Il fut remplacé par M. Colas qui demeura à Ligné de février 1927 à mars 1933. En ce mois de mars il fut nommé vicaire à Saint-Gildas-des-Bois.

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Le successeur de M. Billon fut M. l'abbé Joseph TESSIER. Il naquit à la Boissière-du-Doré le 7 septembre 1871. Ordonné prêtre le 29 juin 1897, il fut, la même année, vicaire à Massérac, à Sainte-Anne de Campbon en 1900, à Mésanger en 1904, à Nort-sur-Erdre en 1914. Il devenait curé de Saint-Géréon en 1920, puis de Ligné en 1928.

Il continua à l'église l'œuvre de M. Billon.

En 1929, quelques mètres carrés de plâtre tombèrent de la voûte. Il y avait péril. M. le maire et M. le curé décidèrent la réfection totale de la voûte. Quand le travail fut terminé, M. le curé continua seul la réfection du chœur et des bas-côtés.

L'église manquait de clarté en sa partie basse voisinant le clocher. En 1930, deux fenêtres furent ouvertes de chaque côté de la porte d'entrée. Un vitrail fut placé au frontispice de cette porte.

Plus tard, en 1932, M. Perruchot, peintre-décorateur à Nantes, orna le chœur de peintures et de dorures.

En 1934, M. Blandin, entrepreneur à Nort, agrandit la sacristie.

Ce fut sous le rectorat de M. Tessier, au cours de la mission de 1930, que fut restaurée par la famille Leray-Jourdon la croix de la Clergerie [Note : Cette croix a été abattue par la tempête au début de 1980]. Six ans plus tard, Monseigneur accordait une indulgence de 100 jours à toutes les personnes qui, devant cette croix, réciteraient un Pater et un Ave.

M. Tessier décéda en son presbytère le 26 mars 1936. Il eut comme auxiliaires : M. l'abbé Colas, de mai 1928 à mars 1933 M. l'abbé Abel Martin, de mars 1933 à mars 1936.

A M. Tessier succéda M. GUILLET, originaire de Basse-Goulaine. Il avait été vicaire précédemment à Pornic, à Saint-Félix et à Saint-Nicolas de Nantes. En 1937, il reçut le congrès de la Fédération de Gymnastique U.R.L.I., qui célébrait son 25ème anniversaire.

Il donna tous ses soins à la construction d'une nouvelle classe à l'école des garçons.

Grâce à lui, les cérémonies religieuses à Ligné prirent une grande ampleur : les paroissiens se souviennent de ces manifestations en l'honneur de la Vierge, le 15 août 1943 dans la prairie du Ponceau ; les 27-28 juin 1944 au passage de Notre-Dame de Boulogne.

Ce fut sous son rectorat qu'une fois de plus la France fut envahie par l'ennemi. Ligné vit tomber plusieurs de ses enfants. Voici les noms : Auguste Piou, la Noue ; Louis Rocher, la Pinière ; Albert Mounier, du bourg ; Louis Guillou, la Feuillée ; Pierre Bonneau, la Rochefordière ; Marcel Chagneau, la Martinière ; Édouard Anneix, le Puits-Salé ; Joseph Dehoux, du bourg (Stalag XVII) ; Joseph Terrien, Haie de Ligné (Stalag XII A).

Ses auxiliaires furent M. l'abbé Abel Martin, de mai 1936 à juin 1937 ; M. l'abbé Francis Raimbert, d'octobre 1937 à septembre 1939 [Note : L'abbé Raimbert fut tué, le 7 juin 1944, par un bombardement de Saint-Sébastien, le jour même où il arrivait dans cette paroisse !] ; M. l'abbé Louis Roul, d'octobre 1943 à octobre 1944 [Note : Briac Le Diouron (Commandant Yacco dans la résistance aux Nazis), signale dans Soldats de l'ombre, p. 87, l'aide reçue de l'abbé Roul fin janvier 1944 : « Je sais que le vicaire de Ligné peut nous être de quelque secours. Je l'ai vu à Riaillé et je sais ce qu'il pense. Il nous reçoit avec amitié et nous conduit chez le pharmacien, un Belge (M. Baiwir) qui nous traite de la manière la plus fraternelle... ». Mais le lendemain : « Il me semble nécessaire de quitter le nord de la Loire où sans doute les Allemands me cherchent encore.... Sur les conseils de l'abbé Roul, je m'adresse au garagiste (M. Édouard David) qui possède une ambulance : ma femme joue le rôle de malade et nous filons... ». M. Roul nous a confirmé que M. Guillet lui avait donné son accord en lui recommandant prudence et discrétion. Malgré cela, il fut emmené par la Gestapo, le jour de saint Joseph 19 mars 1944, interrogé au sujet de tracts clandestins, et finalement relâché].

En l'année 1944, M. Guillet fut nommé curé-archiprêtre de la cathédrale de Nantes et membre du Chapitre, en remplacement de M. Poupard, tué tragiquement, le 15 juin précédent sous les bombardements de la cathédrale.

Nous n'avons pas à retracer ici son ministère à Nantes. Rappelons seulement que le 10 février 1952, il prêcha sur la grandeur de ce sacrement et la nécessité de le recevoir en temps opportun : « N'ayez pas peur, n'attendez pas le dernier moment ; recevez-le en pleine connaissance ». Quatre jours plus tard, il mettait en pratique son propre enseignement et il s'éteignait le 15 février.

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Voici le nom des prêtres sortis de Ligné depuis 1800 :

Prêtres défunts :

Pierre-Jean-Marie Athimon, né à la Massepierre en 1760 – diacre le 6 juin 1789 – emprisonné pendant la Révolution –déporté en Espagne – prêtre le 4 juin 1803 – vicaire à Ligné en 1803-1807 – curé de Mouzeil en 1807 – curé de Fresnay 1809 –décédé en 1827.

François-Nicolas Bonamy, né à la Rochefordière – en 1793, séminariste portant la soutane, apparaît avec trois autres abbés : « accusé de troubler la paroisse » – devient prêtre, signe au registre en 1813.

Jacques Chevalier, né à la Basse-Pilavenière en 1773 – vicaire à Machecoul – curé du Clion en 1815 – décédé en 1833.

Jean-Marie Leray, né au Pas-Richeux le 4 juin 1807 – prêtre en 1833 – vicaire à Varades – curé de N.-D. du Fresne en 1842 – curé de Saint-Mars-la-Jaille en 1849 – Retiré au Bon-Pasteur (en 1876) dont il devint directeur – décédé le 25 juin 1881.

Alexandre Chevalier, né à la Noë le 18 décembre 1809 – vocation tardive – professeur au Petit Séminaire en 1840 – prêtre en 1841 – directeur de la Psalette en 1842 – vicaire à Nozay en 1845 – curé de Saint-Lumine-de-Coutais en 1856 – apparaît à Ligné en 1859 à une cérémonie de confirmation à laquelle prennent part ses deux nièces, Anne Potineau, du Bénéfice, et Virginie Chevalier, de la Pilavenière – retiré à Guérande en 1872 – décédé en 1888.

Pierre Mauduit, né au bourg le 19 juillet 1831 – prêtre en 1855 – professeur aux Couëts en 1852 – directeur des Couëts 1864 – supérieur de la Ducheraie 1868 – curé de Riaillé 1870 – décédé le 24 décembre 1893.

0livier-Joseph Durandière, né le 13 juin 1842, à la Domptière – entré dans la Compagnie de Jésus en 1866 – en résidence à Changhaï en 1892.

Jean Godard, né à la Théardière le 5 septembre 1845 – prêtre en 1871 – licencié ès-lettres – professeur de rhétorique au Petit Séminaire – décédé le 2 février 1874.

Emmanuel-Marie-Jean-Baptiste Mauduit, né au bourg le 22 juillet 1845 – prêtre en 1870 – vicaire à Donges – vicaire à Riaillé de 1872 à 1894 – aumônier des Petites Sœurs des Pauvres de Chantenay de 1894 à 1904 — retiré à Ligné en 1904 — décédé le 9 mai 1929.

Jean-Marie Rabu, né le 8 août 1847 au bourg — prêtre en 1871 — décédé en 1872 — son père était maire de Ligné en 1872.

Joseph Bricaud, né au bourg le 18 août 1850 — prêtre le 29 juin 1875 — il entre aux Missions Étrangères la même année — à Pondicherry en 1892 — décédé aux Indes en 1929.

François Ménoret, né au bourg le 12 février 1859 — entré aux Pères Blancs en 1882 — Ouargha en 1892 — décédé au Soudan le 10 octobre 1906.

Célestin Leroy, né au bourg le 30 novembre 1861 — prêtre en 1886 — professeur aux Couëts en 1886 — vicaire à Saint-Nazaire 1907 à 1914, curé de Saint-Paul 1914-1929 — décédé à Saint-Paul le 21 avril 1929.

Louis-Pierre-Marie Leray, né au bourg le 8 octobre 1872 — entre aux Missions Étrangères — prêtre le 26 juin 1898 — part en mission au mois d'août de la même année — massacré dans son église de Iu-Tsin-Kai (Mandchourie) le 16 juillet 1900 [Note : Indiquons les conditions de ce massacre. Le Père Leray, en déplacement, apprit que ses chrétiens étaient molestés. Aussitôt il vole à leurs secours. Courageusement, il va demander au mandarin local de rétablir l'ordre. Le sous-préfet le reçoit avec égard et lui promet une garde pour le protéger., Les soldats arrivent le soir même, mais pour attaquer la mission. Le Père donne à ses fidèles une dernière absolution. A ce moment, une balle le frappe en pleine poitrine. Les meurtriers le portent sur un tas de paille qu'ils enflamment, puis ils dispersent ses cendres. — Apprenant cette mort tragique, le curé Marceau écrit : « Paroisse de Ligné, jusque-là humble et cachée, lève la tête avec orgueil, car ce martyr c'est toi qui l'as enfanté » (Semaine Religieuse de Nantes de 1900, p. 776 et 1901 p. 565)].

Ferdinand Mauduit, né le 18 juillet 1873 — prêtre le 29 juin 1897 — professeur à Saint-Stanislas — décédé le 3 mars 1936 à Saint-Paul de Pont-Rousseau.

Joseph Garnier, né à Couffé le 18 mai 1888 — venu habiter Ligné — prêtre le 9 juin 1912. De santé très fragile, il ne put remplir que temporairement les fonctions de vicaire de paroisse, puis d'aumônier à la Haie-Mahéas et au Sanatarium du Pé-au-Midi. — décédé au Bon-Pasteur le 11 mars 1926.

Ferdinand Séché, né à Ligné en 1872 — prêtre en 1897 — curé de Saint-Joseph de Portricq en 1920 — aumônier de la Maison hospitalière de Saint-Paul — y décédé le 10 juin 1953.

Prêtres actuellement vivants vers le milieu du XXème siècle :

Auguste Pipaud, né à Derval en 1898, de parents Lignéens revenus habiter Ligné — prêtre en 1927 — professeur à l'Externat des Enfants-Nantais, en 1942 — aumônier du Pensionnat du Sacré-Cœur à Saint-Clair en 1956 — retiré au Bon-Pasteur en 1980.

Élie Robin, né à Ligné en 1900 — prêtre en 1926 — aumônier à l'Université d'Angers — vicaire à Saint-Sébastien — à Saint-Nazaire en 1938 — aumônier à la Persagotière en 1943 — curé de Saint-André-des-Eaux en 1946 — et y est retiré en 1969.

Bernard Jourdon, né à Ligné en 1909 — prêtre en 1933 secrétaire à l'Évéché en 1934 — chanoine honoraire en 1956 —chanoine titulaire en 1975.

Pierre Jourdon [Note :  Les abbés Bernard et Pierre Jourdon sont les propres neveux du Père Louis Leray, tué en Chine], né à Ligné en 1911 — prêtre en 1937 —professeur au Petit Séminaire de Legé en 1941 — chargé des Vocations en 1952 — curé de Nozay en 1964 — auxiliaire à Varades en 1978.

Maurice Robin, né à Ligné en 1916 — prêtre en 1943 — vicaire à Mésanger en 1944 — à Nort en 1953 — curé de Saffré en 1960 curé de Saint-Père-en-Retz en 1967 — auxiliaire à Rougé en 1978.

Pierre Berra, né à Ligné en 1918 — habitant la paroisse de Trans — prêtre en 1944 — professeur au Petit Séminaire des Couëts — vicaire à Couëron en 1950 — à Saint-Étienne de Montluc en 1960 — curé de la Planche en 1964 — curé de la Chevrelière en 1972.

Jean Berra, né à Ligné en 1914 — prêtre des Sacrés-Cœurs (Picpus) en 1949 — à Montgeron (91).

Jean Martin, né à Ligné en 1925 — prêtre en 1949 — professeur à Saint-Stanislas, puis à Ancenis — curé d'Erbray en 1972.

Bernard Ferré, né à Ligné en 1926 — prêtre en 1951 — vicaire à Belligné en 1951 — à Saint-Julien-de-Concelles en 1962 —aumônier diocésain A.C.G. en 1965 — curé de Varades en 1971 — aumônier C.M.R., à Nort en 1977.

Antoine du Rusquec, né à Ligné en 1926 — prêtre en 1952 — curé de Breuil-Magné (17).

Henri Groizeau, né à Ligné en 1930 — prêtre en 1954 — vicaire à Fay de Bretagne en 1954 — à Machecoul en 1964 — chargé des Jeunes à Bouaye en 1972 — adjoint à Saffré en 1974 — curé d'Abbaretz.

Liste des religieux et religieuses originaires de Ligné :

Religieux décédés :

Pierre Blaire, le bourg, des Pères missionnaires du S.-C. d'Issoudun, mort au champ d'honneur, 1915.

Pierre Laîné, la Planche, missionnaire.

Jean Hardy, la Contrie — Jean Pujos, le bourg : des Frères de l'Abbaye de Melleraye.

Pierre Collineau, le Fayau — Henri Ferré, le bourg — Auguste Pujos, le bourg — Emmanuel Garnier, le bourg ; des Frères de Ploërmel.

Religieux vivants :

Cottineau, la Roche — Michel Letort, le bourg — Guy Cahier —Bernard Bonraisin — Luc Lermite, des Frères de Ploërmel.

Religieuses décédées :
Louise Douet, la Perrière — Octavie Douet, la Perrière — Jeanne Douet, la Perrière — Françoise Douet, la Perrière — Marie Coquet, le Ponceau — Marie Retière, le Jarrier Jeanne Pujos, le bourg — Marie Pujos, le bourg — Marie Toro, le Fayau — Marie Laîné, le bourg ; des Soeurs de la Sagesse.

Marie Douet, la Belière — Anne-Marie Gérard, le Bois-Hauray — Valentine Avrillaud, la Cruaudière ; des Sœurs de Saint-Gildas — Eugénie Durand, du bourg, ancienne Supérieure générale pendant 18 ans [Note : Le 14 juillet 1950, Eugénie Durand, en religion Mère Saint-Michel-des-Anges, reçut la Croix de Guerre avec étoile de Vermeil, accompagnée de cette citation : Supérieure du Pensionnat de Notre-Dame de Toutes-Aides, à Nantes a avec un cran admirable et une abnégation totale, contribué à aider moralement et matériellement les prisonniers. A favorisé l'évasion de nombreux soldats, les cachant et leur procurant des vêtements civils. S'est dépensée sans compter jour et nuit, apportant son entière collaboration à la cause commune, malgré les risques de toutes sortes qu'elle encourait et en dépit de la surveillance étroite et proche de l'ennemi].

Anne Dupas, le Poirier-Rouge — Philomène Dupas, le Poirier-Rouge ; des Sœurs de la Sainte-Famille de Teillé.

Anne-Marie de la Rochefordière, au Carmel de Pamiers.

Anne Terrien, le Bénéfice, Servante du Saint-Cœur de Marie.

Marie Mauduit, le bourg — Marie Bonnet, le bourg — Marguerite Deshayes, la Roche — Joséphine Rigaud, la Soudairie — Marie Rigaud, la Théardière ; des Dames de Chavagnes.

Marie Rousseau, le bourg ; des Soeurs de Saint-Paul de Chartres.

Angélique Bricaud, le Mourmas ; des Sœurs Auxiliatrices du Purgatoire.

Religieuses vivantes au milieu du XXème siècle:

Louise Baudouin, le Puits-Salé — Juliette Baudouin, le Gagnerie — Marie-Anne Berra, le Rablais — Marie Bonneau, le Mesnil — Marie Lebert, Beaucé — Marie Pageaud, la Contrie — Anne-Marie Rouaud, la Bérangerie — Anne-Marie Rigaud de la Chauvelière — Marie-Joseph Durand, du bourg — Marie-Paule Hodé ; des Sœurs de Saint-Gildas.

Anne-Marie Joyau, la Haie de Ligné ; des Sœurs de Mormaison.

Berthe Marchand, le bourg ; des Sœurs de la Grande-Providence.

Juliette Cesbron, le Laca, de l'Institut de l'Agneau de Dieu.

Marie Deshayes, la Contrie ; des Dames Blanches (N.-D. de Charité).

Marie Martin, le bourg — Marie Bourré, Sainte-Marie — Marie Clément, Saint-Joseph ; des Sœurs de la Sagesse.

Clémence Raguin, la Contrie — Félicité Raguin, la Contrie ; des Sœurs de la Sainte-Famille de Teillé.

Anne-Marie Berra, Mauregard ; des Dames de Chavagnes.

Anne-Marie Chassé, le Bourg ; des Sœurs de l'Espérance.

Marie-Anne Ferrand, la Cruaudière ; des Sœurs de l'Immaculée-Conception (Haye-Mahéas).

Marie Retière, le Jarrier ; des Petites Sœurs des Pauvres.

Louise Grégoire, la Borne ; des Sœurs de Saint-Paul de Chartres.

Françoise Durand, du Bourg, à l'Abbaye bénédictine d'Argentan (Orne).

Madeleine Baudouin, de la Gagnerie, des Petites Sœurs de Saint-François d'Assise, d'Angers.

Annick Chotard, de la Briantière, des Sœurs de Jésus-Crucifié.

Madeleine Jahyny, du Bourg, au monastère des Clarisses de Nantes.

Monique Durand, du Bourg ; des Petites Sœurs du Père de Foucauld.

(abbé Eugène Durand).

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