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LES CIMETIÈRES DE LIGNÉ : quatre lieux de sépultures à la fois.

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Dans les premiers âges, les chrétiens aimaient à dormir leur dernier sommeil près de leur église. Il leur semblait que là ils seraient moins éloignés des vivants, prendraient une part plus grande aux joies et aux deuils de la famille : chaque dimanche et plus souvent encore, ils verraient s'agenouiller sur leurs tombes ceux qu'ils avaient aimés ; ils verraient passer leurs descendants conduits au baptême ; ils les verraient au jour solennel de leur communion, au jour joyeux de leur mariage.

Le premier cimetière, près du premier édifice religieux, était aux alentours de l'église actuelle. Ce fut là que les chrétiens de l'époque mérovingienne furent ensevelis ; là que les siècles suivants apportèrent leurs morts sans interruption jusqu'à l'invasion des Normands. Ce cimetière changea quelque peu d'emplacement dans le cours des âges en même temps que l'édifice du culte : il dut s'étendre parfois plus à l'est, parfois plus à l'ouest, comme en témoignent les ossements trouvés de ces côtés.

Après la destruction de l'église par les Normands, quand fut construite pour les besoins du culte la chapelle saint Mathurin, autour de celle-ci un cimetière fut établi. S'il existait des registres datant de ses débuts, nous y verrions des sépultures faites à cet endroit vers l'an 1100. Les plus anciennes sépultures que nous connaissions datent de 1570. « Le premier jour d'octobre quinze cent soixante et dix fut enterré Jehan Paigné, et fut enterré au cimetière saint Mathurin ». Sur les registres, les noms des morts enterrés là apparaissent alors nombreux jusqu'en 1639. A partir de cette date il n'y a plus de sépultures en ce lieu, sauf en 1659, année de grande épidémie sans doute, où trente noms sont inscrits sur le registre.

Ce cimetière avait été interdit comme nous le dit l'archidiacre Binet lors de sa visite en 1686. « Il est formé de fosses si ruinées qu'il n'en paraît que des vestiges et qu'ainsi étant profané, il a été interdit ».

Nos pères, à la foi profonde, ne se croyaient pas encore assez près de Dieu dans le cimetière touchant leur église ; c'est dans l'église même qu'ils voulaient reposer en attendant la résurrection dernière [Note : Pour installer le chauffage à air pulsé dans l'église, à la fin de 1972, on creusa dans la « sacristie des Marguilliers » et on y découvrit des squelettes parfaitement rangés].

Dès la fin du VIème siècle, au temps du pape saint Grégoire le Grand, cette coutume s'était généralisée.

L'église de Ligné reçut ainsi les corps d'une partie de ses fidèles, d'une façon habituelle jusqu'en l'année 1670. A ce moment les sépultures s'y firent plus rares, puis cessèrent totalement.

La chapelle saint Mathurin servit aussi de nécropole. On y vit enterrer les membres des familles de la Vachonnerie, Simon, Lebreton, Pageaud, Deshayes, Veillard, et bien d'autres jusqu'en 1656. A ce moment, la chapelle semble devenir l'enfeu exclusif de deux familles : celle des Duvau, sieurs de la Contrie, qui habitaient la maison de la Sensive en ce bourg ; et, plus tard, celle des K'martin (Kermartin).

Pendant longtemps il y eut ainsi à Ligné simultanément quatre lieux de sépultures. Voici un tableau comparatif des enterrements faits en ces divers endroits pendant l'année 1581 : cimetière Saint-Mathurin, 5 ; chapelle Saint-Mathurin, 3 ; cimetière autour de l'église, 14 ; église, 9.

Dans l'église, on enterrait partout ; mais il y avait des places de choix. Les emplacements sont désignés à partir de 1626 — 1626, devant l'autel saint Jean a été ensépulturé le corps de vénérable femme Françoise Gauthier, native d'Angers, par recteur soussigné Leclerc — 1646, devant l'autel de la Vierge a été ensépulturé le corps d'un enfant Valleton, par Pierre Leclerc, prêtre-vicaire (en ce temps, les autels de Saint Jean et de la Sainte Vierge étaient comme aujourd'hui, le premier du côté de l'Évangile, le second du côté de l'Épitre ; mais ils étaient situés presque au bas de l'église) — 1650, devant le Crucifix, a été ensépulturé le corps de Françoise Hubert, dame de la Soudairie, et de la Motte, en Trans, par noble et discret Louis Cottineau, recteur de Trans — 1631, devant la chaire a été ensépulturé vénérable homme Gilles Cosnier, vivant sieur de la Clergerie, par messire Thomas Gauthier, recteur de Joué.

Les prêtres étaient ensevelis dans le chœur, près du grand autel. — 1640, devant le grand autel a été ensépulturé messire Mathieu Martin, par noble et discret messire de la Ramé, recteur de Saint-Mars — 1645, au chœur, a été ensépulturé messire Pierre Leclerc, recteur, par le recteur de Sucé.

Les seigneurs de la Rochefordière étaient enterrés au chœur, devant l'entrée de leur chapelle — 1631, dans le chœur, joignant l'oratoire de la Musse, a été ensépulturé le corps de damoiselle Anne de la Poëze, vivante femme de monsieur de la Rochefordière, par messire Antoine du Ponceau, recteur d'Abbaretz.

Les baronnets de la Musse, qui avaient un enfeu au chœur, n'y étaient plus enterrés depuis qu'ils avaient embrassé le protestantisme ; ils étaient enterrés au lieu de leur habitation, le Ponthux.

La plupart des membres de la famille Duvau et ses alliés les Taon, Riaillé, Bizeul, Belorde, choisissaient pour dernière demeure la chapelle de la Trinité.

Mais cette coutume de faire du lieu saint une nécropole paraissait contraire au grand respect dont nous devons entourer la Sainte Eucharistie ; elle faisait des édifices religieux des lieux malpropres et incommodes ; elle était chez quelques-uns une satisfaction pour la vanité qui voulait les places les plus en vue. Pour ces raisons, de bonne heure, l'Église dans des conciles, 688, 797, 813, les évêques de Nantes dans des synodes, interdirent ces sortes de sépultures. Ces voix autorisées pourtant, furent peu écoutées dans les débuts ; ce ne fut que plus tard, vers l'an 1670, que l'on cessa d'enterrer dans les églises.

Le cimetière de saint Mathurin étant interdit vers 1639, il n'y eut plus alors pour enterrer les morts que le cimetière situé autour de l'église.

Il en fut ainsi pendant plus de cent quarante ans.

Mais ce cimetière, déjà petit par lui-même, devint insuffisant pour une population qui s'était accrue au cours des années. Un jour vint où il fallut en édifier un nouveau. Ce fut l'œuvre, en 1783, de M. Massonnet, recteur de cette paroisse. Il prit l'emplacement de l'ancien cimetière saint Mathurin ; il utilisa le terrain des deux côtés de la chapelle, et celui situé sur le devant où se trouvent les halles actuelles. La bénédiction solennelle eut lieu l'année suivante, comme en témoigne l'acte suivant : « Le 8ème jour de novembre 1784, bénédiction solennelle du grand cimetière où se trouve la chapelle saint Mathurin, par l'abbé de la Bourdonnaye, seigneur de la Varenne, vicaire général de ce diocèse, assisté de M. Clair Massonnet, recteur, J.-B. Thoret et Jean Blanchet, vicaires, et autres recteurs et vicaires voisins. Le grand cimetière était, selon une ancienne tradition, autrefois le cimetière de la paroisse, ce qui paraît certain par la découverte de quelques ossements de grandes personnes ; mais son interdiction était de temps immémorial. Les murs dont il est environné ont été bâtis aux frais de la paroisse et en plus grande partie du dit sieur recteur. La cérémonie de la susdite bénédiction achevée, le dit sieur vicaire général prononça l'interdit, pour les adultes, du petit cimetière d'autour de l'église ».

Dix ans plus tard, ce cimetière eut à souffrir de l'impiété sectaire des révolutionnaires : les murs y furent à moitié renversés, la grande croix qui y avait été plantée fut brisée.

Réparé en 1808, « vu l'indécence révoltante de tous les bestiaux qui y rentrent de tous côtés », est-il dit dans une délibération municipale, il disparut dans sa plus grande partie lors de la construction de la route du Boulay. A ce moment, il fut prolongé derrière la chapelle.

D'autres travaux y furent exécutés. Après l'émeute de 1832 qui avait renversé le mur longeant la route de Couffé, on releva ce mur un peu sur le terrain du cimetière pour donner plus de largeur à la route.

Les derniers travaux furent exécutés au mois de mars 1922 par la population tout entière en vue de donner la plus belle situation possible au monument aux morts de la guerre 1914, et aussi, pour dégager la chapelle et agrandir la place.

(abbé Eugène Durand).

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