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LES CURÉS ET RECTEURS DE LIGNÉ

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Les curés successifs. Des moines d'abord ; puis des prêtres séculiers ; des moines encore pour restaurer la religion — A la fin du XIIIème siècle les prêtres séculiers revinrent administrer la paroisse — Messire Jean d'Oudon, premier curé connu, démissionnaire 1448 — Confrérie du Rosaire établie en 1550 — Coutumes religieuses en 1500 — Prêtres du XVème, XVIème, XVIIème siècles, originaires de Ligné — Prise de possession de la cure par messire Besson — Les marguilliers — Grand hiver de 1789 — Construction de l'église bénite en 1789.

Les premiers administrateurs du centre chrétien de Ligné furent des moines. Quand plus tard, sous saint Félix, à la fin du VIème siècle, ce centre devint paroisse, la garde en fut confiée probablement à des prêtres séculiers dont le nombre s'était accru. Et les Normands s'implantèrent au pays. Ce fut pendant plus d'un siècle, de 800 à 939, le meurtre, le pillage et l'incendie ; toute vie sociale et religieuse disparut. Pour relever les ruines, des moines furent choisis par l'évêque. Ils restèrent à la tête de la paroisse jusqu'au XIIIème siècle. Puis des prêtres séculiers vinrent les remplacer.

Les premiers curés qui nous sont connus vivaient au milieu du XVème siècle. Ils nous sont désignés par M. Vaucelle, dans son Catalogue de lettres de Nicolas V, concernant la Province de Tours. C'est d'abord Jean d'OUDON (de Oudonio), démissionnaire en 1448.

D'après le concile de Constance, 1414, le pape choisissait lui-même dans 8 mois de l'année les candidats aux bénéfices vacants par la mort du titulaire. Ces 8 mois étaient : janvier, février, avril, mai, juillet, août, octobre, novembre ; les évêques choisissaient dans les autres mois. Parfois, le pape ne se réservait que 6 mois ; il se réservait le mois de janvier ; les évêques avaient le mois de février, et ainsi alternativement jusqu'à décembre. Mais pour jouir de cette alternative, les évêques devaient envoyer au dataire [Note : Dataire : fonctionnaire chargé d'expédier les actes du S. Siège] de la Cour de Rome des lettres patentes signées de leurs mains, scellées de leur sceau, datées de leur diocèse, par lesquelles ils déclaraient demander la faveur pontificale ; il fallait aussi que les évêques résidassent effectivement dans leur diocèse, à moins que le service de sa majesté le roi, ou le bien public, ne les retint ailleurs.

Il avait été décrété que ce serait le pape qui nommerait en tous les mois aux bénéfices dont les titulaires viendraient en Cour de Rome donner leur démission en faveur d'un ami, d'un parent, ou faire l'échange de leur bénéfice. Ce serait lui aussi qui devait établir les pensions prises sur les bénéfices que le titulaire abandonnait.

Ces lois avaient pratiquement leurs difficultés dans un temps où les évêques se regardaient moins dépendants de Rome qu'aujourd'hui, dans un temps aussi où les communications étaient plus difficiles.

Usant de ses droits, le pape Nicolas V chargeait, le 14 août 1448, le grand chantre de Saint-Malo d'accepter la résignation de Jean d'Oudon, curé de Ligné, âgé de 60 ans. Il ordonnait de conférer la paroisse à André Rialland, prêtre né dans la paroisse même de Ligné, à charge par celui-ci de payer chaque année au curé sortant un traitement équivalent à la moitié des revenus, soit 50 tournois.

Nicolas V trouva de l'opposition de la part de l'évêque de Nantes relativement au choix qu'il avait fait de messire Rialland. L'évêque prétendait avoir le droit, dans cette vacance de la cure de Ligné, de nommer lui-même le successeur ; et il avait désigné messire Jean Juhel. Le pape ne voulut point admettre cette nomination ; mais dans un esprit de conciliation, par lettre du 5 juin 1449, il chargea l'évêque de conférer la cure de Ligné à messire Jean JUHEL. André Rialland avait été, sur ces entrefaites, pourvu de la cure de Trans.

On ignore les successeurs de messire Jean Juhel, de 1454 à 1500. Le registre capitulaire de Saint-Pierre de Nantes fait mention d'un curé de Ligné mort en 1512. « Defunctus Oliverius Le Maistre, quondam rector de Ligné » (défunt Olivier Le Maistre, autrefois recteur de Ligné). Messire Olivier Le Maistre, avant d'être chanoine, avait donc été curé de Ligné, et ajoutons qu'il avait été présenté à cette cure par un membre du Chapitre. La coutume était à cette époque, que chaque chanoine, ou mieux chaque prébende avait droit de présentation à une cure du diocèse. La présentation de la cure de Ligné appartenait au chanoine-trésorier de la cathédrale.

Peu de faits intéressants nous sont connus datant de l'époque des premiers recteurs. Une quête se fit, le 3 août 1493, en faveur de l'hôpital de Notre-Dame en Saint-Clément, qui avait été fondé pour recevoir les passants et les malades, mettre les enfants en nourrice, et faire apprendre un métier à ceux-ci devenus grands. Ce qui prouve que l'Église s'occupait des malheureux, s'intéressait au sort des petits. A cette époque, nombreux étaient dans les campagnes les lieux de refuge, les hôpitaux créés par ses soins maternels.

A Ligné, nous dit M. Léon Maitre, il y avait des établissements pour recevoir les lépreux.

Quand les rois Charles IX, 1566, Henri III, 1586, Louis XIV, 1656, établirent des ordonnances pour réglementer la charité envers les pauvres, l'Église veilla à ce que ses fidèles en fussent les observateurs zélés. Quand vers 1660 des bureaux de charité furent créés pour centraliser les dons reçus en faveur des indigents, ce furent des prêtres que l'on choisit le plus souvent pour en être les administrateurs, entourés de personnes aisées et compétentes. Il est dit au Livre Climat d'Ancenis qu'en 1690, à Ligné, le curé faisait vivre le bureau avec le concours des notables de la paroisse, et qu'en outre deux gentilshommes se consacraient à la visite des malades.

Ce doit être au temps des premiers curés, au moins vers 1550, que fut implantée chez nous une ardente dévotion envers la Très Sainte Vierge, comme nous l'indique le fait suivant : En 1801, la Révolution était à peine terminée à Ligné. Son vénérable curé, M. Massonet, habitait encore Nantes. Desservait alors la paroisse, M. Pierre Barbé, originaire de Versailles, agrégé au diocèse de Nantes. Il voulut rétablir la confrérie du Rosaire dont les registres avaient disparu pendant la tourmente. Il en écrivit à M. Massonet pour lui demander la permission nécessaire. Celui-ci accéda à cette demande, faisant connaître par ailleurs qu'à cette date, 1801, la confrérie existait depuis plus de 200 ans.

Si Ligné a conservé la foi, les vertus chrétiennes, la raison n'en serait-elle pas qu'en réponse à cette dévotion, la Sainte Vierge s'est constituée la gardienne vigilante de la paroisse ?

Puisque nous parlons des curés des XVème et XVIème siècles, il serait intéressant de connaître les coutumes religieuses de ce temps, coutumes dont quelques-unes existèrent jusqu'au XVIIIème siècle.

Les prêtres nommés aux cures, trop souvent ne gardaient pas la résidence. Ils ne s'occupaient pas personnellement du soin des âmes qui leur avaient été confiées. Riches d'eux-mêmes pour la plupart, et pourvus d'un titre avantageux, ils vivaient dans leurs maisons bourgeoises au milieu de leurs parents. Ils se déchargeaient de leurs devoirs sur un prêtre qu'ils entretenaient et qui devait remplir les fonctions curiales. Celui-ci était désigné sous le nom de curé, prêtre de la paroisse, prêtre fermier, vicaire général du spirituel et du temporel, ou simplement vicaire.

Mais l'Église était opposée à cet état de choses. Elle exigeait de ceux qui ne gardaient pas la résidence la possession de trois sortes de lettres qu'il fallait payer 12 sols 6 deniers monnaie chacune : une lettre de non résidence, une autre pour affermer la régie de la cure au prêtre choisi, une autre enfin pour donner à ce prêtre les pouvoirs nécessaires ; et ces lettres devaient être renouvelées tous les 6 mois. L'Église fit mieux : par décret d'un concile tenu en 1558, elle força les curés à garder la résidence et à s'occuper de leurs paroissiens.

Si les fonctions des prêtres chargés d'une paroisse étaient les mêmes qu'aujourd'hui, elles différaient cependant quant à la manière de les exercer.

Le dimanche, monsieur le curé commençait par chanter matines ; Il faisait ensuite l'aspersion, non pas seulement au-dedans de l'église, mais au-dehors, avec croix et bannières ; puis il commençait la messe ; mais auparavant il se tournait vers les fidèles et priait ceux qui n'étaient pas de la paroisse de vouloir bien sortir, et d'aller chez eux, à moins qu'ils ne fussent voyageurs. Le soir, il chantait les vêpres du jour, et celles-ci terminées, il chantait les vêpres des Morts. Le lendemain lundi il disait une messe des morts à moins que le jour ne fût solennel.

S'agissait-il d'administrer le sacrement de mariage ? Monsieur le curé du haut de la chaire faisait entendre trois publications ; mais, en plus, le jour même du mariage, il publiait une quatrième fois devant les invités, à la porte de l'église. C'était à l'entrée de l'église que les fiancés recevaient le sacrement, que les anneaux et quelques pièces d'argent étaient bénits. Ces cérémonies terminées, on étendait un long voile sur les mariés et on les conduisait processionnellement devant l'autel. Ceux-ci s'ils étaient riches devaient payer pour leur mariage 60 sols ; s'ils étaient pauvres 40 sols. Les secondes noces n'étaient point en honneur. Quand elles étaient célébrées, nos pères saluaient les époux d'un charivari extraordinaire, donnant lieu à toutes sortes de désordres. Un évêque de Nantes, dans un synode en 1416, défendit ces inconvenances sous peine d'excommunication et d'une amende de 10 sols.

A la réception du baptême, on admettait trois personnes à tenir l'enfant sur les fonts et même davantage si elles étaient proches parentes du baptisé. Si l'enfant était une fille, les exorcismes et les signes de croix étaient plus nombreux ; l'on croyait peut-être que le démon avait plus d'emprise sur le sexe féminin et qu'il défendait la place plus opiniâtrement. Comme de nos jours, la mère se présentait à l'église pour la purification ; elle offrait du pain, et un cierge où elle piquait quelques pièces de monnaie [Note : Cette cérémonie est tombée en désuétude, vers 1960].

La cérémonie des Pâques était entourée d'une grande solennité. On s'y préparait longtemps à l'avance. Pour ce jour, on dressait dans le sens de la longueur de l'église une immense table de communion, au bout de laquelle se trouvaient les marguilliers offrant du vin à ceux qui venaient de communier et qui en voulaient — vieux souvenir de la communion sous les deux espèces.

Ce n'était point dans un édifice somptueux que se déroulaient les solennités religieuses. Elles avaient la pauvreté de la crèche, les églises de nos campagnes. Jusqu'en 1620, nous dit Meuret dans ses Annales de l'Histoire de Nantes, on jonchait l'intérieur de paille fraîche, dans les mois d'hiver, aux fêtes de Noël et de l'Épiphanie ; aux fêtes du printemps et de l'été, on y répandait des feuilles vertes. Ces étranges décorations étaient plutôt nécessaires : elles servaient à cacher un sol recouvert de toutes sortes de débris provenant des sépultures qu'on y faisait.

Le prêtre de la paroisse devait consigner sur des registres, comme de nos jours, les baptêmes, les mariages, les sépultures. Cet usage est du XVème siècle. Henri le Barbu, évêque de Nantes, dans un synode en 1406, imposa le premier cette obligation ; mais ce ne fut que vers l'an 1450, sous des ordres réitérés, que l'on vit cette coutume se généraliser dans le diocèse.

Nos registres paroissiaux ont un âge moins ancien : ils datent de 1574. Ceux qui les écrivirent ne mirent dans leur rédaction rien de bien personnel ; ils ne firent connaître aucun fait intéressant.

Ces registres étaient soumis à l'inspection : celle-ci se faisait lors de la visite du grand archidiacre. Le grand archidiacre de Nantes avait droit de visite sur toutes les cures situées entre la Loire et l'Erdre, qui formaient le climat de la chrétienté, climat accru en 1306 par l'évêque Daniel Vigier, des cures du doyenné de Châteaubriant. L'archidiacre percevait comme droit de visite 15 sols ou un dîner, au choix du curé. L'évêque lui-même faisait l'inspection comme l'indiquent nos registres. Dans ces visites, il devait faire figure non pas de grand seigneur, mais d'homme de Dieu, ayant les vertus chrétiennes pour compagnes et tout particulièrement dame Pénitence. Un concile de Nantes en 1431 ordonnait de lui servir du bœuf, du lard, et du vinaigre comme assaisonnement, afin, était-il dit, que celui qui est obligé par son état à prêcher la pénitence, ne l'annonçât avec un teint fleuri et une bouche vermeille (cum bucca rubea).

On ignore les noms des prédécesseurs et des successeurs immédiats de messire Le Maître, mort en 1512 à Nantes. Plusieurs prêtres du nom de Duvau se succédèrent ensuite comme curés de Ligné. Ce fut Jean DUVAU, cité par l'archidiacre Binet, fondateur de la chapellenie de la Sainte-Trinité en 1524. Après lui, François DUVAU, que nous fait connaître M. Durville dans Saint-Jean du Baptistère, conserva pendant 29 ans le titre de curé de Ligné. En même temps que curé de cette paroisse il l'était aussi de celle de Trans. Il n'était pas rare, à cette époque, de voir un homme jouir de plusieurs bénéfices à la fois. Il fut enterré en l'église de Ligné, comme en témoigne l'acte suivant : « Le second jour de Janvier quinze cent soixante quinze, fut enterré vénérable et discret Messire François Duvau, en son vivant, recteur de Ligné et de Trans. Signé : Bidon ». Messire Bidon était le prêtre qui, au nom du titulaire absent, gouvernait en réalité la paroisse.

Un parent du défunt, des mêmes nom et prénom, François DUVAU, prit sa succession. Il mourut après 7 ans de rectorat, le 5 mars 1583, et fut enterré lui aussi en l'église de Ligné. Il eut comme vicaires : P. Baudy, février 1575 à avril 1580 ; M. Amiot, avril 1580 à mars 1589.

Cette famille Duvau donna d'autres prêtres, dont la plupart furent chapelains du bénéfice de la Trinité : Guillaume Duvau, 1592 ; Antoine Duvau, 1597 ; Marc Duvau, 1625 ; Claude Duvau, 1681, titulaire du bénéfice de la Bouvetière ; Guillaume Duvau, 1721.

Les Duvau étaient de Ligné même. Ils étaient prêtres, notaires, procureurs de la baronnie, commerçants. Ils s'alliaient aux familles les plus honorables du pays : les Cosnier de la Clergerie ; les Taon de Vieillevigne et du Plessis ; les Belorde de la Bérangerie ; les Bizeul de Saint-Philbert. Plusieurs quittèrent le pays, de 1580 à 1700, pour s'en aller habiter Ancenis, Nantes, Cugand. Ils résidaient ici, les uns à la Tréluère, (l'étang Devau est probablement le nom atrophié de Duvau) ; les autres à la Chauvelière ; une autre branche vécut en ce bourg, en la maison de la Sensive, jusqu'en 1805.

A la mort de messire François Duvau, 1583, le vicaire, messire Mathurin AMIOT lui succéda. Il était de Ligné, du Pas-Richeux, de parents exerçant quelque fonction à la baronnie de la Musse.

On n'est pas prophète en son pays, dit-on ; nombreux pourtant sont les prêtres nés à Ligné qui, dans le cours des siècles, devinrent curés de cette paroisse.

Messire Mathurin Amiot fut probablement le premier pasteur qui garda la résidence. Pendant six ans il remplit ses devoirs avec zèle : en feuilletant les registres, on le voit faisant tous les baptêmes, les mariages, les sépultures.

Sous son rectorat, une discussion s'était élevée entre ses paroissiens et l'écuyer Paul du Ponceau relativement à l'emplacement d'un banc... Gilles Thébaud, sieur de la Perrière, procureur fiscal de la Musse, fût chargé de régler le litige. Il constata que noble et puissant Bonaventure, baronnet de la Muse, avait donné droit de tenir banc devant l'autel de la Sainte Vierge, près du pilier du clocher, à l'écuyer Paul du Ponceau. Au prône de la messe paroissiale, le 23 mars 1586, messire Mathurin Amiot fit connaître la sentence rendue. Étaient présents : Jean Bonnevrier, prêtre ; François et Jean Duvau, notaires ; Jacques Letort, Jan Taon, Anthoine Le Meignen, Mathurin Jochaud, Jan Cottineau, Isaac Alard, Arthur Viaud, Yves Amiot, Julien Pitard, Mathurin Retière, Jan Briand, Henri Le Breton, Henri Julienne, Marc Ploteau, Guillaume Godard, Ollivier Oustin, Henri Lesné, Guillaume Robert, Jan Hardy, Jan Bouyneaulx, Allain Broutauc, Pierre Berniacq, Mathurin Letort, François Pageaud, Julien Hamon, Yves Leduc, Jan Baudouin, Jean Jochaud, Jan Letort, Jacques Pitart, Jan Javard, Dauby, Henri Chainpaing, Allain Macé, Jan Roussau, Ollivier Gérard, Pierre et Aubain Cottineau, François Guillet, Guillaume Piraud, Jan Peigné, André Rialland, Jullien Gaultier.

La fin du XVIème siècle vit un grand nombre de recteurs se succéder avec une rapidité extraordinaire.

Après messire Mathurin Amiot, le prêtre qui nous est connu ayant le titre de curé est messire Julien DURAND. Il était archidiacre lorsqu'il sollicita la cure de Ligné, en 1592. Il fut de ces recteurs ne gardant pas la résidence. Le prêtre choisi par lui pour emplir les fonctions pastorales, se nommait Jacques Vallet. Julien Durand détint la cure jusqu'en septemblre 1598.

Messire Jean MÉNAGER le remplaça, mais ne resta que quelques mois.

Eustache DUCHESNE vint ensuite, passant comme l'ombre.

De même, Sébastien GUITTON (1599). François Debodieu, vicaire général, lui créa des difficultés dans l'obtention de la cure : il refusa de recevoir la sentence de l'archevêque de Tours auquel Sébastien Guitton avait fait appel et qui confirmait la décision de Rome. Sur un nouvel appel au Pape, Sébastien Guitton fut reconnu curé de Ligné, et Pierre Bigeard, curé d'Ancenis, vint en son nom prendre possession de la cure. Ce pasteur était originaire de Ligné, de la Soudairie. Un de ses parents, quelques années plus tard, devenait sénéchal de la Musse, un autre, gros commerçant, construisait une importante maison à la Roche, un autre établissait sa résidence au bas du bourg, sur le côté de la route actuelle de Mouzeil.

Au bout de quelques mois, Sébastien Guitton donnait sa démission en faveur de messire Laurent Rafflegeau. A peine installé, celui-ci faisait choix, pour le remplacer, de Charles TROTEAU : le pape approuva ce choix et Charles Troteau prit possession de la cure de Ligné en octobre 1600.

Ces changements si nombreux, à n'en pas douter, devaient être très préjudiciables aux intérêts des habitants de Ligné. Le nouveau curé conserva son titre et son bénéfice plus longtemps que ses prédécesseurs.

En 1614, la cure de Ligné avait pour titulaire Mathurin GUIBOURG. Il devait être apparenté aux Cosnier de la Clergerie. Une demoiselle Guibourg était, en effet, mariée à Conrad Cosnier, en 1610.

Julien PAGEAUD était curé en 1617.

Le prêtre-vicaire, successeur de Jacques Vallet, remplaçant le curé dans ses fonctions, se nommait Olivier Laurens. Il signa aux registres de 1598 à 1600. Il fut, à cette date, remplacé par Olivier Badault. Ce prêtre devait être originaire des Touches où il exerça le saint ministère de juin 1599 au 25 septembre 1600, sous le rectorat de messire de Becdelièvre. Il vint alors à Ligné où il resta pendant 12 ans, jusqu'en 1612 ; puis, il retourna aux Touches, aider messire de Becdelièvre à qui il succéda en 1621. Pendant son long séjour à Ligné, il se fit de nombreuses amitiés auxquelles il demeura fidèle : on le vit revenir souvent au pays, marier ceux qu'il avait connus, et baptiser leurs enfants.

Après lui, messire Pierre LECLERC devint vicaire de la paroisse. Il était originaire du Pré-Barré, d'une famille très chrétienne qui, déjà, avait donné un prêtre à l'Église : M. Leclerc, 1551. Après 12 ans de vicariat, en 1624, il fut nommé curé de Ligné. A certains jours, son cœur de pasteur dût souffrir de la souffrance de ses paroissiens. De vieilles archives nous disent qu'en ces temps il y eut « grande maladie et dysenterie ». De fait, en 1636, 3 personnes moururent de « contagion », au Plessis, et furent enterrées dans les jardins du village. Les 3 derniers mois de l'année 1644 et pendant l'année 1645, en dehors des grandes personnes, plus de 60 enfants passèrent de vie à trépas.

Dans sa vieillesse, ce pasteur se fit aider dans la direction paroissiale par son neveu, messire Pierre Leclerc. Celui-ci avait été ordonné prêtre en 1641, et il avait célébré sa première messe au jour du mariage de sa sœur avec Jean Papion. Il resta dès lors auprès de son oncle à qui il ferma les yeux en mars 1645.

Messire Pierre Leclerc, recteur, eut une réelle influence à Ligné. On le voit comme arbitre dans des querelles entre seigneurs. Il fut d'un grand zèle, accomplissant les devoirs de sa charge sans avoir recours aux bons offices des nombreux prêtres vivant à ses côtés. D'une foi profonde, avant de mourir, il voulut, pour son salut éternel, établir une fondation consistant en maisons et terres situées au Pré-Barré.

Georges MOREAU, originaire de Geneston, remplaça en 1645, Pierre Leclerc à la direction de la paroisse. Il conserva comme vicaire, Pierre Leclerc, neveu du curé défunt, jusqu'au moment où celui-ci fut nommé curé de Petit-Mars. Il fut aidé, ensuite, dans le ministère paroissial, par Lambalay, 1656-1658 ; Jean Meschinaud, 1661-1663 ; Nicolas Turgot, 1663-1667 ; Jules Prince, 1667-1668 ; Dumont, 1668-1669, et Douillard. Devenu impotent et cloué sur le lit par la maladie, il donne sa démission en septembre 1682. Il mourut quelques jours après et fut enterré au chœur de l'église tout près le grand autel.

Sur les registres, à côté de la signature du curé et de celle des vicaires, nous voyons la signature d'autres prêtres. Ceux-ci, dotés d'un bénéfice, vivaient au bourg ou près d'une chapelle ; souvent, ils étaient originaires du pays.

Ligné, population religieuse, avait déjà donné beaucoup de prêtres à l'Eglise. Ils étaient venus de toutes les classes de la société, fils de paysans, de bourgeois, de nobles. Ils avaient exercé le ministère en qualité de vicaire, chapelain, curé, ici ou dans d'autres lieux du diocèse. La liste est longue de ceux qui nous sont connus vivant aux XVème, XVIème, et XVIIème siècles. Plusieurs déjà ont été cités : Rialland, 1448. Il y eut 3 recteurs et 5 chapelains du nom de Duvau. P. Leclerc, 1550. Pierre Colineau, titulaire, en 1495, du bénéfice de la Bouvetière. Bonnevrier, 1552, du Montremais, titulaire du bénéfice des Broutaud. Arthur Pitard, 1595, successeur de Bonnevrier. C'est lui qui, en 1600, prit possession de la cure de Ligné, au nom de Charles Troteau. Jean Giraud, 1610, ancien prieur de Vritz. Jean Baudouin, 1613. Gilles Veillard, 1606, titulaire du bénéfice de la Couture. Guillaume Pageaud : au registre des mariages de Ligné, nous lisons cet acte : « Le sixième jour d'octobre 1615, par la grâce du Sauveur du monde, honorable et discret Guillaume Pageaud, fils d'honorable Jan Pageaud et Guillemette Baudouin, sa pieuse mère, a chanté sa première messe en l'église de Ligné. ».

Prêtres originaires du pays, il y eut encore Gilles Letort, mort en 1630, à l'âge de 24 ans ; il fut enterré devant le grand autel. Yves Amiot, 1625 ; il était de la famille de M. Amiot, recteur de Ligné. L'écuyer Joseph Main, 1639 : il mourut au Ponceau, très jeune, à 22 ans, n'étant que clerc tonsuré, prieur cependant de Saint-Viau. Jean Baudouin ; il était recteur de Nort, en 1634 ; à cette date, il signait aux registres un acte de sépulture de Marie Baudouin, fille de Charles Baudouin, sénéchal de la Musse. Pierre Leclerc et son neveu : le premier, recteur de Ligné, 1645, le second, recteur de Petit-Mars. Gilles Belorde : il était de la famille des Belorde de la Bérangerie, il fut chapelain des Buron, de 1649 à 1662. Mathieu Martin : il fut enterré, nous disent les registres, devant le grand autel, en 1650. Marc Martin : il mourut chapelain du Fayau, 1659. Un peu plus tard, 1670, ce fut Gabriel de Pontual, chapelain du bénéfice de la Musse, desservi à l'autel de la Trinité en l'église Notre-Dame de Nantes. François Baudouin : il jouissait, en 1697, du bénéfice de la Trinité ; à cette date, il fut dépossédé parce que n'étant pas parent du fondateur. Charles Brégeon, dont le père était notaire : il devint titulaire, en 1685, de la chapellenie de la Guillauminerie ; plus tard, il fut nommé curé de Petit-Mars où il mourut en 1699. Charles Deloumeau des Boucquelières ; il succéda à Charles Brégeon comme chapelain de la Guillauminerie et comme curé de Petit-Mars. François Berthelot du Mesnil : il était prêtre-sacriste de l'église Saint-Nicolas ; en 1699, il fut pourvu du bénéfice de la Guillauminerie que Charles Deloumeau avait abandonné. René de Pontual : après avoir été longtemps curé de Saint-Hilaire du Bois, il se retira à Ligné, son pays natal ; il jouit dans sa retraite, en 1720, du bénéfice des Cosnier. Pierre Pageaud : il était sous-diacre en 1720 ; à cette date, il fut présenté par Jean Richard, fabriqueur à la chapellenie de la Guillauminerie qu'il obtint parce qu'il était parent du fondateur.

Georges Moreau avait gouverné la paroisse pendant 37 ans, de 1645 à 1682. Ce fut un prêtre d'Angers, René BESSON qui, après lui, en prit la direction. Les insinuations (Archives Départementales) nous décrivent tout au long la prise de possession de la cure de Ligné par ce prêtre. Ce rite, depuis des siècles, avait très peu changé. Au préalable, le curé nommé allait faire sa visite à l'évêque. Celui-ci lui passait son anneau au doigt et lui faisait remettre des lettres de prise de possession. Puis, au jour indiqué, le curé se rendait à sa nouvelle paroisse. « Vénérable et discret René Besson, du diocèse d'Angers, curé de Ligné, fait sa libre entrée en icelle où le dit sieur Besson, étant revêtu d'une étole et surplis, a fait l'aspersion d'eau bénite, génuflexion et prière devant le grand autel et iceluy baisé, ouvert et fermé le missel, y estant du côté de l'épistre, visité le Saint-Sacrement et les fons baptismaux, sonné la cloche ; par après, le dit sieur Besson s'est, de notre compagnie, transporté avec les dits témoins, au presbytère du dit lieu où il a ouvert et fermé les portes et fenêtres, allumé du feu, arraché et planté herbe dans le jardin, et fait tous actes requis et suffisants pour prendre bonne et valable possession de la cure et église paroissiale sans aucune opposition, en présence de Douillard, prêtre ; Bigorne, prêtre ; Mazureau et Dugast, fabriqueurs de la paroisse ; noble homme René Deloumeau, sieur des Boucquelières ; honorable homme L. Belorde, chirurgien ; Le Meignen, cabaretier au bourg ; Pierre Moreau, frère dudit recteur, demeurant au bourg et paroisse de Geneston, tous lesquels ont signé ».

René Besson avait un frère qui se maria à Catherine Guignard du village du Chalonge. Riche personnellement, il l'était aussi des revenus de sa cure ; le pourpris en était de douze journaux et consistait en jardin, verger, bois de revenu, châtaigneraie, prairie. Il percevait aussi la dîme au treizième sur toute l'étendue de la paroisse. S'il était riche, il savait user de sa fortune. Aux premiers jours de son arrivée, il fit restaurer la cure et les murs du jardin : il dépensa dans ces travaux plus de 2 000 livres. Il entretenait de ses deniers deux écoles, car à cette époque, 100 ans avant la Révolution, il y avait des écoles à Ligné, comme d'ailleurs en presque toutes les paroisses du diocèse ; et cela montre l'ignorance de ces gens qui nous disent qu'avant la Révolution il n'y avait aucune instruction dans les campagnes [Note : Ceci est confirmé par Fr. FUNCK-BRENTANO qui écrit dans l'Ancien Régime, p. 422 : « L'instruction primaire était beaucoup plus développée dans les campagnes qu'on ne le croit généralement ». Plus loin, p. 426, il ajoute : « Les cahiers (de doléances) de 1789 montrent une indifférence surprenante à l'égard de l'instruction primaire. Le clergé, ce partisan fameux de l'observantisme, est presque seul à réclamer la diffusion de l'instruction pour la classe populaire ». On peut s'interroger sur les résultats des écoles de Ligné, du moins pour l'écriture, car dans les années suivantes bien peu savent signer sur les registres paroissiaux. Cela tient sans doute au fait que les paysans n'envoyaient guère leurs enfants à ces écoles pour deux raisons : les enfants étaient employés très jeunes au travail de la ferme, et aussi la distance à parcourir à pied par de mauvais chemins par tous les temps]. L'école des garçons était dirigée par Douillard, vicaire, et l'école des filles par une « charitable dame ».

Un an après son arrivée ici, M. René Besson reçut un jour une visite plutôt désagréable. En ces temps les difficultés entre les évêques et la Cour de Rome étaient fréquentes, surtout parce que les relations n'étaient pas faciles. Le 1er août 1683, le curé vit arriver chez lui à l'improviste un monsieur Gilles Marchand tenant en mains des lettres de la Cour de Rome qui lui conféraient le titre de curé. Les vicaires, est-il dit, se présentèrent ; ils ne voulurent pas le reconnaître et lui interdirent la visite de la cure. M. Marchand se retira et on n'entendit plus parler de lui.

Sous le rectorat de M. Besson, l'archidiacre Binet, en 1686, vint, envoyé par l'évêque, faire la visite annuelle. Dans le compte-rendu, le visiteur nous fait connaître l'état de la paroisse. Elle était de 900 communiants... l'église était vieille, le cimetière était autour de l'église : il était en bon état et bien clos. Touchant le cimetière se trouvait la cure nouvellement restaurée (il s'agit bien ici du cimetière autour de l'église ; l'autre, le cimetière Saint-Mathurin n'existait plus à cette date, il avait été interdit). L'archidiacre nous fait connaître les marguilliers de l'époque. Les marguilliers ! Ce mot évoque une puissance disparue, d'un passé lointain. Les marguilliers d'alors ressemblaient peu à ceux d'aujourd'hui. C'était à eux qu'était confiée l'administration de la paroisse. Sous le nom de procureur, fabriqueur, comptable, trésorier, ils géraient les fonds et les revenus de la fabrique, les revenus des confréries et des fondations ; parfois, ils nommaient eux-mêmes les titulaires à ces fondations, comme on le voit pour la chapellenie de la Guillauminerie ; ils recevaient aussi les donations en faveur de l'église, et passaient les fermes des immeubles. C'était à eux qu'incombait la charge de tenir en état les bâtiments de l'église, son mobilier, ses autels, ses ornements, comme aussi le cimetière et le presbytère, si le curé ne le faisait pas de ses revenus. A l'église, les dimanches et jours de fêtes, ils portaient croix et bannières, distribuaient le pain bénit, passaient la boîte. Ils choisissaient le sacristain et veillaient pour qu'il fût fidèle à sonner la cloche, à nettoyer l'église, à entretenir la lampe, à creuser la fosse des défunts.

Les marguilliers ne s'occupaient pas que de l'administration civile. Cumulant toutes les charges, ils étaient les intermédiaires entre le pouvoir civil central et la paroisse. Ils veillaient à ce que la corvée des grands chemins fut bien exécutée, à ce que les habitants choisis pour tirer la pierre accomplissent bien l'ordre reçu. On les voyait dresser les rôles des fouages (c'était un impôt perçu par foyer, au compte du roi et en même temps au profit des Etats de Bretagne). Nos marguilliers faisaient aussi fonction de receveurs d'impôts ; ils faisaient rentrer l'impôt de capitation qui atteignait la noblesse et le peuple ; plus tard, ils reçurent les dixièmes (impôt de 1710), les vingtièmes (impôt de 1750).

Ces hommes jouissaient donc d'un pouvoir considérable ; aussi, quand ils entraient en charge, l'Église leur imposait un serment sur l'évangile. De même, lorsqu'ils rendaient leurs comptes, un nouveau serment était exigé d'eux.

Ils étaient choisis par le Général de la paroisse : assemblée des gens les plus recommandables pris parmi les paysans, les bourgeois, les nobles et les anciens marguilliers.

L'an 1685, les marguilliers furent Guillaume Jochaud et Jean Menoret. En 1686, Julien Leclerc et Sébastien Retière. Les témoins synodaux de cette même année, (c'était le conseil délibératif de la paroisse) furent N. H. Hardouin-Toublanc Sr du Ponceau ; N. H. Cosnier Sr de la Clergerie ; N. H. Duvau Sr de la Chauvelière ; N. H. René Deloumeau Sr des Boucquelières, Me Richard Sr de la Gautrais.

M. Besson demeura à la tête de la paroisse jusqu'en l'année 1693. Dans les nombreux actes faits par lui, nous relevons cette particularité : il signait toujours « R. B. curé de Ligné, notaire apostolique ». Il eut pour vicaires : Douillard jusqu'en 1688 ; Lemasson, 1684-1691 ; Lebert de mars à mai 1688 ; Bréhant décembre 1688 à mai 1689 ; Chalumeau, 1690 à 1693 ; Grenon, 1693.

Avant de mourir, il légua par testament à la fabrique la somme de 400 livres pour l'entretien du mobilier de l'église.

Après M. Besson, M. Jacques FOSSÉ prit possession de la cure de Ligné, qu'il garda jusqu'en 1707, aidé par son vicaire, Étienne Lemercier. A cette date, il fut nommé curé de Saint-Martin de Savenay. Et ce fut le curé de Saint-Martin de Savenay, P. Pierre BLANCHARD, docteur en théologie, du diocèse et de la faculté d'Angers, qui vint le remplacer. Deux ans après son arrivée, en 1709, eut lieu le grand hiver qui laissa son souvenir dans l'histoire. Voici décrits par un témoin du pays les ravages causés par le froid. « De vie d'homme on n'avait jamais vu de pareil hiver, non quant à la durée, mais pour ses différentes reprises, et la rigueur de son froid. Il commença de se faire sentir dès la fin du mois d'octobre 1708. Le soir des Apôtres Simon et Jude, le vent s'étant tourné nord, la pluie qu'il avait fait se changea en glace. La neige qui était tombée sur les arbres les affaissa si fort qu'on vit des branches grosses comme des hommes succombées sous le fardeau et tombées par terre. Ce froid ne dura que 7 ou 8 jours, et le reste de l'année se passa assez doucement. Le 6 janvier, au soir de l'année 1709, le froid recommença, il ne resta presque plus d'oiseaux ; les blés moururent, les vignes devinrent sèches, les chênes se fendirent, et j'en ai vus d'ouverts de 3 doigts du haut en bas ».

M. Blanchard mourut en 1721. Il avait eu comme vicaires : MM. Soyer, Geffier, Tessier.

Son successeur fut Pierre JOUAN. Il fut nommé curé le 30 août 1721. Il prit possession de sa cure le 21 février 1722, en présence de René de Pontual, ancien recteur de Saint-Hilaire-du-Bois, Duvau, prêtre, de Faconde, huissier à la Cour des Comptes, Jouan, Guitton et Duhil [Note : En 1721, un abbé Gondal choisit la cure de Saint-Nazaire (à l'époque, petit village breton qui ne prit son extension que vers 1850) et il laisse celle de Ligné, à cause d'un procès interminable. (Arch. Départ. L.I., p. XVII. Repert. G, avant-propos de Léon MAÎTRE). Ce procès ne fut terminé qu'en 1725].

François JOUIN devint ensuite curé de Ligné en 1727, par suite de la mort de Pierre Jouan (per obitum P. Jouan).

M. Jouin devait être originaire du pays. A cette date, une famille de même nom habitait Vieillevigne.

Quatre ans plus tard, au mois de mai 1731, M. Jouin céda la place à M. Claude-Maurice PRINGAULT, prêtre âgé de 25 ans, de la petite ville de Jugon, au diocèse de Saint-Brieuc. Aucun curé ne resta plus longtemps à la tête de la paroisse ; il conserva son titre et en accomplit les charges pendant 47 ans. Il mourut le 1er juillet 1778 et fut enterré le 3 au cimetière de l'église, comme le constate l'acte de sépulture suivant : « Le 3 juillet 1778 le corps de vénérable et discret Claude Pringault a été inhumé au cimetière de cette église au lieu destiné aux ecclésiastiques, entre la sacristie et le sanctuaire ». Longue est la liste des vicaires qui l'aidèrent pendant ce demi-siècle. Citons : MM. Saulnier, Boisrond, Leduc, Cosson, Martin, Levesque, Orieux.

Ce fut au commencement du rectorat de M. Pringault que se passa un fait décrit tout au long dans les Insinuations. La communauté avait des dettes criardes.

Elle devait 755 livres à M. Charles Gilée. En 1709, elle avait refusé de payer l'impôt de capitation [Note : Impôt de capitation : à payer par tête ou par personne]. L'ordre était venu, en 1715, d'avoir à verser et sans délai la somme de 755 livres.

Devant les conséquences funestes d'un nouveau refus, la communauté s'était assemblée et avait décidé de recourir à un emprunt : elle avait chargé Baudouin et Denis, alors marguilliers, de s'adresser à Charles Gilée, constructeur en l'amirauté de Nantes. Celui-ci prêta la somme dont on avait besoin.

Elle devait aussi 320 livres à M. Besson. En l'année 1705, elle eut des difficultés avec un seigneur de l'endroit ; il en était résulté un procès qu'elle avait perdu. Il lui avait fallu verser 320 livres, somme qu'elle prit sur les 400 livres léguées à la fabrique par l'ancien recteur M. Besson. Le frère de celui-ci réclamait les 320 livres provenant d'un legs fait uniquement pour l'entretien du mobilier de l'église.

Elle devait enfin 40 livres à M. de Fagonde. Elle l'avait chargé de traiter une affaire devant le Parlement de Bretagne, et elle avait oublié de payer les honoraires.

Toutes ces dettes étaient un souci continuel pour les dirigeants, pour tous. Aussi ce fut avec plaisir que le Général de la paroisse reçut le M. de Pontual l'offre d'avancer les sommes dues, d'autant que les conditions étaient avantageuses : aucun intérêt à verser pendant les 3 ans que devait durer le prêt.

Mais les 3 ans écoulés, soit mauvais vouloir, soit impossibilité, la communauté ne se décidait pas à rembourser M. de Pontual. Il fallut une intervention directe du gouvernement royal pour la contraindre à payer ce qu'elle devait. « Le roi en Conseil a ordonné et ordonne que la communauté sera imposée pendant 3 ans à commencer de la présente année 1737, sur toutes les propriétés, maisons de la paroisse de Ligné exemptes et non exemptes, privilégiées et non privilégiées, ecclésiastiques, nobles, bourgeoises, pour la somme de 1 323 livres 9 sols 4 deniers ».

Devant cette sanction, le Général de la paroisse choisit 4 notables et les marguilliers pour répartir cette somme sur les propriétés au prorata de leurs revenus.

Signalons aussi quelques manifestations de foi dues au zèle de M. le Curé et à la générosité des paroissiens. En 1737, avec la permission de l'évêque, et en présence de son délégué, M. Sohier, il bénit solennellement une croix située près du moulin du Bourg, érigée par M. Jean Guitton de la Soudairie. Quelques années plus tard, il bénissait deux autres croix à la procession du mercredi des Rogations : l'une au village de la Thébaudière, don de Jacques et Olivier Hubert, et nommée la croix de l'Ascension, l'autre au Pâtis Sauchereau, sur le chemin de Lozier érigée par Jean Guitton, et nommée la croix de Saint-Jean.

En 1751, les fonts baptismaux étant usagés, il en fit placer de nouveaux, qu'il bénit solennellement les premiers jours d'avril.

En 1759, il donna beaucoup d'éclat au jubilé qui fut célébré dans le monde entier à l'avènement du Pape Clément VIII. Ce jubilé avait commencé le 8 avril, le dimanche des Rameaux, et s'était terminé le jour de Pâques. Pour le gagner, les fidèles devaient se confesser, communier, donner une aumône et faire une visite à la chapelle Saint-Mathurin...

Le 13 août 1773, M. Pringault écrit : « Nous, recteur de Ligné... nous sommes transporté au lieu du Fayau, y avons bény la chapelle réédifiée, sous l'invocation de saint René et y avons solennellement célébré la sainte Messe. Y ont assisté M. et Mme Aubry », les propriétaires de cette chapelle et divers membres de leur famille.

M. Pringault fut un heureux curé. Il vivait dans des jours encore remplis de foi. Si les villes commençaient à s'imprégner des idées révolutionnaires, les campagnes étaient demeurées bonnes. Il vivait au milieu d'une population qui regardait la religion comme la chose primordiale. Il connaissait intimement tous ses paroissiens ; son long séjour parmi eux l'avait mêlé à toutes leurs joies, à toutes leurs tristesses ; pas une maison qu'il n'avait dû visiter, pas un chemin qu'il n'avait dû fréquenter à pied, le plus souvent à cheval.

Faut-il vous présenter les paroissiens de M. Pringault, dans leurs habits de fête ? Les hommes avaient belle allure dans leur costume de 1750. Un chapeau tricorne couvrait leur chef ; de longs cheveux avec une queue bien tressée leur tombaient sur les épaules ; un tour de cou bien plissé leur tenait lieu de cravate ; un gilet fort long leur descendait jusqu'aux jarrets ; une culotte courte venait jusqu'aux genoux où elle se bouclait ; des guêtres leur serraient les jambes et tombaient sur des souliers ornés de larges boucles d'argent ou de cuivre.

Le plus curieux de l'habillement des femmes était la coiffure. Elles portaient une coiffe à ample fond avec de larges et longues oreilles, qui leur couvraient le cou et les épaules lorsqu'elles assistaient aux offices de l'Église, mais qu'elles relevaient ordinairement des deux côtés de la tête.

Monsieur Pringault mort le 3 juillet 1778, eut pour successeur M. Clair MASSONNET, nom que tout Lignéen doit vénérer.

M. Massonnet fut le pasteur fidèle, veillant avec sollicitude sur son troupeau, particulièrement dans la tourmente révolutionnaire; il fut l'ami dévoué des mauvais jours, il fut le prêtre conscient de sa dignité et de ses devoirs, le prêtre dont l'âme fut plus haute que les adversités.

Il était né à Basse-Indre, le 24 mai 1742, d'une famille profondément chrétienne qui donna deux autres prêtres à l'Église : François, longtemps précepteur dans la famille Duchaffaut, puis, vicaire à Saint-Clément, et Louis, curé de Saint-Même.

Clair Massonnet fut vicaire à Sainte-Croix, plus tard, deuxième aumônier des religieuses des Couëts. Au concours, il obtint la cure de Ligné, le 30 juillet 1778.

En arrivant ici, il trouva un vénérable vicaire chargé d'ans et de mérites, M. François Leduc. Ce prêtre, originaire des Touches, devait mourir, 4 ans plus tard. Son acte de sépulture, inscrit au registre paroissial, est ainsi libellé : « Le 23 janvier 1782, a été inhumé au cimetière de cette paroisse, le corps de Messire François Leduc, prêtre, vicaire de cette paroisse depuis plus de 42 ans commencés, originaire des Touches, décédé hier, à la cure, âgé de 77 ans ».

Aidé de ses autres vicaires successifs, MM. Lévesque, Garnier [Note : Gilles Garnier, né en 1755, à Châteaubriant. Prêtre en 1780. Docteur en théologie. Vicaire à Ligné (1780-1783). Curé de Teillé en 1783. Selon Lallier, il aurait prêté le 30 juillet 1791 avec son vicaire un serment incomplet rétracté dès le 26 juillet 1795. Vicaire général de Mgr Duvoisin et chanoine en 1803. Vicaire capitulaire de 1813 à 1815. Mort en 1830], Blanchet, Gastepaille [Note : Gilles Gastepaille, vicaire à Ligné, âgé de 65 ans fut transféré le 10 septembre 1792 du château de Nantes au couvent des carmélites. Le 2 février suivant, il fut terrassé par une pleurésie. (Chan. JARNOUX, La Loire leur servit de linceul, p. 351 et 365)], Thoret, il se dévoua, il se dépensa sans compter au service de ses paroissiens. Il construisit à ses frais un nouveau cimetière ; à ses frais il rebâtit l'église. Ce fut lui aussi qui construisit la cure actuelle. Il était riche des revenus de sa cure : la dime qu'il percevait dans la paroisse lui rapportait 10 000 livres, mais il dépensait tout en bonnes œuvres. Lorsqu'on l'obligea à faire le voyage de Nantes, à l'occasion du serment que, d'ailleurs, il refusa, il fut obligé d'emprunter la somme de 10 livres [Note : Sur M. Massonnet, la Semaine Religieuse de Nantes du 30 juin 1888 p. 613-614 donne quelques détails supplémentaires. Également dans Notices sur les Confesseurs de la Foi du diocèse de Nantes pendant la Révolution, t. I, p. 694-695, par l'abbé BRIAND].

Il voyait venir la tempête ; mais il poursuivait ses œuvres avec une égalité d'âme extraordinaire. 1789 le trouva construisant le clocher de son église, qui fut bénite le 15 décembre de cette année.

(abbé Eugène Durand).

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