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LES SEIGNEURIES DE LIGNÉ

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Ligné passe dans la baronnie d'Ancenis — La Musse, la plus ancienne, la plus importante seigneurie de Ligné — Les maîtres de la Treluère, de la Bouvetière, de la Martinière, de la Rochefordière, du Ponceau — Les maisons bourgeoises des XVIème, XVIIème, XVIIIème siècle.

I

LIGNÉ fit longtemps partie du domaine épiscopal. Il en sortit par spoliation. Les prêtres avaient été massacrés par les barbares ; la religion avait presque disparu. Comme conséquence, la justice s'en était allée des consciences. Les grands avaient fait main basse sur le bien d'autrui. Les ducs de Bretagne eux-mêmes s'étaient fait une belle part dans le domaine du comté Nantais, et ils avaient taillé de riches baronnies dans les biens ecclésiastiques, qu'ils avaient données en récompense à leurs principaux fidèles.

C'était ce patrimoine ecclésiastique que Brice, évêque de Nantes réclamait au roi en 1123. Parmi ces fiefs enlevés à l'Évêque se trouvait Ligné. Mais, en quelles mains était-il tombé ? Ancenis était un lieu d'avant-garde, admirablement situé pour arrêter l'ennemi venant d'Anjou. En l'année 983, le comte de Nantes, Guérech, y construisit un château fortifié. Son successeur, Judicaël, le donna en garde à l'un de ses fidèles lieutenants, nommé Alfred, qu'il créa baron. Mais, à cette nouvelle baronnie, il fallait un apanage. Ce fut Belligné, Varades, Teillé, Ligné et d'autres biens, pris à l'Évêque, qui constituèrent la baronnie.

Depuis lors, Ligné fut intimement lié à la vie de la baronnie et en partagea les bons comme les mauvais jours. Les invasions et dévastations qu'il eut à subir furent nombreuses.

C'est d'abord le duc d'Anjou qui, prenant ombrage de cette forteresse, s'en vient l'assiéger et s'en empare en l'année 987. Bientôt les Angevins s'éloignent et la paix règne sous les premiers barons, Alfred Ier. Alfred II, Guihénoc Ier, Maurice, Guihénoc II.

Mais, en 1174, la guerre revient. C'est Henri Plantagenet, comte d'Anjou, devenu roi d'Angleterre, qui se présente devant Ancenis. Il avait fait alliance avec Conan IV qui lui avait abandonné presque toute la Bretagne. La ville d'Ancenis s'était soulevée, ainsi que beaucoup d'autres villes, contre l'Anglais. Henri II s'empare d'Ancenis et ravage tout le pays par le fer et par le feu, « ne pardonnant ni aux arbres, ni aux vignes ».

La paix étant revenue, Guihénoc part pour la croisade, avec des seigneurs de la baronnie, parmi lesquels peut-être le seigneur de Ligné (la Musse existait en 1178).

En 1214, l'Anglais apparaît encore avec Jean Sans-Terre. Par vengeance contre le roi de France, il s'empare d'Ancenis et du pays environnant. Il y demeure 15 ans, mettant tout à feu et à sang, jusqu'au jour — 30 juin 1230 — où saint Louis vient délivrer la ville et le pays.

Une longue paix s'ensuit sous les barons Geoffroy IV, Geoffroy V, Geoffroy VI — 1275-1351.

Mais voici que survient une époque troublée pour toute la Bretagne. La Maison de Monfort est en lutte contre la Maison de Blois-Penthièvre. Cette lutte dure plus de vingt ans. On voit des seigneurs de la même parenté, du même voisinage, batailler sous un drapeau différent, les uns avec les Français pour Penthièvre, les autres avec les Anglais pour Monfort. La guerre se termine à la bataille d'Auray, 29 septembre 1364. A cette bataille tombe Charles de Blois et, à ses côtés, Guillaume de Rochefort, baron d'Ancenis.

1468 — Louis XI cherche des prétextes pour s'attaquer à la puissance des grands seigneurs, et il trouve des raisons d'agir contre eux, tout particulièrement contre le duc de Bretagne qui s'entoure d'Anglais, et reçoit à sa cour le duc de Berry brouillé avec l'autorité royale. Louis XI s'empare d'Ancenis, de Chanto- cé, force le duc à se soumettre et à signer le traité d'Ancenis, 1468.

1484 — Le trouble est encore au duché, Landais, trésorier du duc François II, vient de faire périr le chancelier Chauvin, l’accusant, sans preuve établie, de trahison. Les grands se révoltent contre le favori. Ils viennent au château ducal pour s’emparer de lui ; mais ils échouent dans leur projet. Jean de Rieux, baron d'Ancenis, s'enfuit à Paris, tandis que la ville d'Ancenis est livrée aux flammes. Anne de Beaujeu qui gouverne alors la France promet aux seigneurs bretons, de Rieux, Rohan, Guémené, de les aider dans leur projet, mais à la condition qu'ils fassent le serment de reconnaître l'unique suzeraineté du roi de France à la mort du duc François II. Ils prennent cet engagement à Ancenis, en 1484. Mais ils ne sont pas longtemps sans regretter leur promesse et leur alliance avec la France. Une nombreuse armée française envahit le pays et met tout au pillage. « En ce temps était le roi de France à Ancenis, et y estaient les barons de Bretagne semblablement qui bien fort se repentaient de ce qu'ils avaient fait — car les gens d'armes de toutes parts gâstaient et pillaient le plât pays et les terres mêmes des barons n'estaient épargnées, non plus que les autres. » (Bouchard).

Alors, les seigneurs se rapprochèrent de leur duc et prirent les armes pour sauver l'indépendance de la Bretagne, mais ils furent vaincus à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, 1488. Trois ans plus tard, Anne de Bretagne se mariait à Charles VIII, apportant son beau duché à la France.

Avec l'indépendance de la Bretagne se terminent les fastes militaires de la baronnie d'Ancenis. Jean IV de Rieux, en 1498, relève son château que, cent ans plus tard, au temps de la Ligue, Henri IV renversera. Son fils Claude, très jeune, lui succède. La mère de Claude en 1533 obtient de Louis d'Acigné, administrateur du diocèse en attendant qu'il en soit l'évêque, la permission de faire peindre les armoiries des barons d'Ancenis sur les murs et les vitraux de l'église de Ligné ainsi que sur les vitraux des autres églises de son ressort féodal. La baronnie portait dans ses armées : « De gueules a trois quinte feuilles d'argent ; une hermine sur chaque feuille, le milieu percé ». La devise était : Folium ejus non defluet, Ps I, 3 [Note : Traduction : jamais son feuillage ne meurt (ou : sèche)].

Une autre famille de barons apparaît en 1548 avec René de Lorraine, marquis d'Elbeuf, marié à l'héritière Louise de Rieux. Puis, c'est le duc de Mercœur, 1599, chef des ligueurs, qui traverse notre contrée, luttant contre les armées protestantes et contre les armées royales. Ce sont les familles César de Vendôme, 1623 ; de Boilève, 1657 ; de Charost, 1680, dont le dernier du nom meurt en 1800.

II.

Dès le début, la baronnie d'Ancenis percevait des dîmes et de nombreuses rentes sur le territoire de Ligné.

La baronnie au XVème siècle était subdivisée en cinq sections : la Prévoté, le fief Guihéneux, Varades, Belligné, la Poitevinière. Ligné faisait partie du fief Guihéneux.

La plus ancienne et la plus importante Seigneurie de Ligné est celle de la Musse. Quel est le nom patronymique de la famille qui habitait ce lieu ? — Ce mot de la « Musse » tire son origine du verbe musser, cacher. Il s'écrivait la Musse, plus souvent la Muce.

Il y avait plusieurs la Musse au pays nantais : le Bois de la Musse, le Plessis de la Musse en Chantenay, la Musse en Bouguenais, la Musse en Couëron, la Musse en Saint-Étienne, la Musse en Saint-Viau. Toutes ces terres avaient appartenu à l'origine à la seigneurie de la Musse en Ligné. Il y avait bien d'autres la Musse en Bretagne, mais celles-là indépendantes de la Musse en Ligné.

La Musse méritait bien son nom. Le château était caché au milieu des bois sur la pente sud-ouest de la hauteur du Plessis. Plus tard, sur la pente nord de la même hauteur, s'élèvera le château du Ponceau. C'était ainsi, qu'autrefois, on choisissait ordinairement l'emplacement des demeures seigneuriales : dans un terrain bas, inaccessible aux regards, pouvant être facilement défendu, tout particulièrement par des douves.

La construction du château de la Musse est de date indéterminée. En 1200, celui qui l'habitait, Hux de la Musse, l'abandonnait parce qu'il était détérioré par le temps. Il faisait construire en Petit-Mars une nouvelle demeure seigneuriale. En même temps à proximité pour relier les deux rives de l'Erdre il établissait un pont appelé le Pont-Hux, d'où ce nom de Ponthux donné au château.

La vieille demeure de Ligné ne fut pourtant pas abandonnée aussitôt. Une branche de la famille y demeura quelque temps. En 1298, Geoffroy « de Ligné » y faisait sa résidence.

En 1580, au temps du protestantisme dont les la Musse étaient devenus les fidèles adeptes, elle avait perdu toute importance aux yeux de Mercœur et de ses soldats : l'histoire parle bien de la Rochefordière, de la Martinière, du Ponthux ; mais en la circonstance, elle ne fait aucune mention de la Musse. Trente ans plus tard, la demeure était en ruines. Une déclaration de la Musse en 1612 nous fait connaître qu'il n'y avait plus alors « qu'un vieil emplacement de château consistant en plusieurs fondements de murailles, doubles douves, et attaches de pont- levis, terrasses et fortifications autour, appelé château de la Musse, anciennement ruiné, et à présent en bois de haute futaie et de revenu, contenant 120 boisselées [Note : Boisselée : étendue de terre qu'on peut ensemenser avec un boisseau de blé] de terre ». En 1700, ces fondements n'existaient même plus. A cette date, Mme de Goyon, maîtresse de la Musse afféageait à Jean Rouxeau, marchand à Ligné, pour 34 livres de rente « les buttes où estait autrefois l'ancien château de la Musse en Ligné ». En 1788, Ogée, après l'avoir visité, écrit dans son Dictionnaire de Bretagne que la vieille demeure était entièrement en ruines [Note : « Même les ruines ont péri ! »].

Une petite éminence où à quelque profondeur l'on découvre des pierres calcinées ; des vestiges de douves longeant le bois, avec un embranchement entourant une surélévation qui devait supporter les assises d'un donjon : voilà tout ce qui restait de l'antique demeure en 1925.

La demeure disparut ; mais Ligné resta toujours le chef-lieu de la seigneurie.

— Le premier seigneur connu est Hux de la Musse. Il quitta son château de Ligné pour aller habiter vers 1200 la nouvelle demeure du Ponthux, situé en Petit-Mars, à l'entrée des marais de Petit-Mars, et de Saint-Mars. Et ce fut là, depuis lors, la résidence des seigneurs la Musse-Ponthux.

— Hugues de la Musse apparaît ensuite en 1258 avec son épouse Marguerite de la Guerche en Saint-Brévin. Ils ne conservèrent pas longtemps la Guerche qui devint la propriété d'Olivier de Tournemin, seigneur de la Hunaudoy.

— Puis, ce fut Jamet de la Musse et dame A. du Fresnay, 1268. Celle-ci apporta à son mari deux fiefs, en Pornic et en Saint-Viau, qui prirent le nom de la Musse. L'un, celui de Saint-Viau, fut donné en pur don à Guillaume de la Lohéric et devint le Boisrouaud ; l'autre, celui de Pornic, appartint aux sires de Gondy.

— Après Jamet, les aveux citent Guillaume de la Musse. En 1303, il fait appel au roi de France contre son suzerain le duc de Bretagne Jean III ; mais il a bientôt conscience de sa faute. Il se désiste de son appel ; il avouera ses torts, pourvu que le duc l'assure de son pardon.

En 1322, il veut terminer par un duel une querelle qui s'était élevée entre lui et Guillaume de Rochefort ; le duc de Bretagne intervient, et le duel n'a pas lieu.

— Le successeur de Guillaume paraît être Jean Ier. Déjà la seigneurie de la Musse devait avoir assez grande importance. Les filles des barons ne méprisaient pas ses jeunes seigneurs. En 1333, l'une d'elles, l'héritière du baron de Retz, nommée Jeanne, voulut épouser Jean. Ce mariage ne fut pas cependant sans lui apporter des déboires. Son père, Gérard Chabot, ne voulut pas donner son consentement à ce mariage ; il alla même jusqu'à déshériter sa fille, mais plutôt, semble-t-il, parce que Jean, étant très jeune, n'était pas encore chevalier. La coutume avait de ces exigences que le cœur ne connaissait pas.

— Jean de la Musse et Jeanne de Retz n'eurent pas d'entants. La seigneurie revint à une parente du précédent, nommée Jeanne de la Musse.

Jeanne se maria à Jean de Rougé, puis à Guy de Rochefort. Guy de Rochefort et Jeanne fondèrent, en 1383, une chapellenie qui porta le nom de chapellenie de la Musse et d'Assérac. Elle fut longtemps desservie à la collégiale de N.-D. de Nantes, puis transférée en la chapelle du Ponthux en 1738.

— Jeanne de la Musse ne laissa pas d'héritiers. Pourtant la famille de la Musse avait encore des représentants. En 1405, il est fait mention de Jamet II de la use marié Béatrice des Savonnières et à Jeanne de Goulaine. Ce fut lui qui, en 1428, acheta de Jean de Tournemine la seigneurie du Plessis en Chantenay.

Un peu plus tard, en 1459, une autre seigneurie également en Chantenay, nommé le Bois, tomba dans le domaine de la Musse par le mariage de Françoise de la Musse avec Jean Chauvin, fils de Guillaume Chauvin.

Ces deux terres en 1572, à la demande de Bonaventure de la Musse, furent réunies et érigées par le roi en chatellenie, sous le nom de Bois de la Musse. Peu après, en 1593, elles furent vendues par David, fils de Bonaventure, à Jean de la Tullaye, mais revinrent à la Musse en 1617, pour peu de temps cependant. En 1623, elles sortirent de la seigneurie de la Musse-Ponthux pour n'y plus revenir. David les vendit à François Le Porc, seigneur de la Porte-de-Vézin, pour acheter de ce dernier la seigneurie de Villeneuve en Nort. (La même année, David vendait la seigneurie de la Musse en Saint-Étienne, ancien démembrement de la Musse en Chantenay).

— Jamet II eut pour fils et successeur Guillaume II. Celui-ci, en 1435, rend aveu [Note : Terme du droit féodal. L'aveu était l'acte d'un vassal à son suzerain, reconnaissant tenir de lui tel ou tel héritage] au duc de Bretagne pour quelques fiefs de la seigneurie de la Musse. Jusqu'à lui, la Musse, quoique d'une certaine importance, n'était qu'une chatellenie, elle devint chatellenie bannerette [Note : Le banneret était un gentilhomme qui avait assez de vassaux pour lever bannière et former une compagnie militaire de 50 hommes au moins]. Par lettre patente du 12 novembre 1455, Pierre II, duc de Bretagne, créa banneret Guillaume, lui donna le droit de porter ses armes en bannière, d'avoir une justice patibulaire à quatre piliers [Note : Autrement dit, le droit de pendre les condamnés].

— Guillaume, que le duc avait ainsi avantagé, s'était marié à Aliette de Saint-Gilles. De cette union naquirent deux enfants : Marie, qui plus tard épousa Jean Eder, seigneur de Beaumanoir, et Jean qui porta les titres de seigneur de la Musse-Ponthux, de la Chaize-Giraud, de la Chapelle-Hermier. Jean s'unit à Gilette Eder. Cette famille était puissante : elle s'allia aux plus grands noms de Bretagne, nous voyons même les princes de Parme, les ducs de Bavière apparentés aux Eder. (Revue historique de l'Ouest).

— La maison de la Musse tomba encore une fois en quenouille. Jean et Gilette Eder n'eurent qu'une fille, Françoise. A 16 ans, en 1459, Françoise épousa Jean Chauvin, fils de Guillaume, chancelier de Bretagne. Jean eut à souffrir des malheurs paternels. En ce temps vivait à la cour du roi François II un ancien tailleur qui, par son intelligence, s'était élevé aux premieres places ; mais au dire de ses contemporains, était sans conscience, vindicatif et cruel ; il se nommait Landais. Celui-ci s'en prit à Guillaume Chauvin, chancelier, homme intègre dont la présence le gênait. Il l'accusa d'avoir trahi le secret de l'État, en divulguant au roi de France, la correspondance du duc avec le roi d'Angleterre. Il le traduisit devant des juges à sa solde ; sans pouvoir établir de preuves de culpabilité, il le traîne de prison en prison et le fit périr de misère et de désespoir. Il l'avait dépouillé de ses biens. Cette spoliation avait été exécutée avec tant de rigueur que la famille du chancelier tomba dans une extrême misère ; on vit même son épouse demander l'aumône, personne n'osait la secourir. Les biens que Jean Chauvin, époux de Françoise de la Musse, avait eu de son père furent de même saisis, et passèrent pour un temps dans la baronnie d'Avaugour. Jean fut un des conjurés qui, avec Rohan, de Rieux et Guéménée, se liguèrent pour châtier Landais. Landais fut saisi, jugé et pendu.

En 1450, Jean de la Musse est cité dans un acte relatif à l'assèchement du lac de Grandlieu. Il est choisi pour examiner le projet avec son voisin Jean Labbé, seigneur de la Rochefordière, et Jean Lepervier, dont la sœur, en 1442, était mariée à Jacques de la Musse, seigneur de Coislin en Campbon. Le projet n'eut aucune suite.

En 1484, Jean apparaît aussi dans un aveu qui lui est rendu par Messire Jean Colineau, desservant d'une chapellenie fondée par Jean de la Rivière en 1484.

En 1507, il engage une procédure contre François Rozier, seigneur de Saint-Philibert, débiteur d'une rente de 30 sols.

Le mariage de Jean Chauvin et de Françoise de la Musse avait été agréé par le duc, à la condition que les enfants prendraient le nom et les armes de la Musse. La Musse portait dans ses armes : De gueules à dix besants d'argent posés 4, 3, 2 et 1 (d'autres sceaux portent neuf besants posés 3, 3, 3). La devise orgueilleuse de la Maison seigneuriale de la Musse était : « Auro micante refulget » (Elle brille d'un or éclatant). Ils eurent deux enfants : une fille qui se maria à Robert Eder et, un fils, Pierre.

— Pierre Chauvin, seigneur de la Musse-Ponthux, du Bois, du Plessis, de la Chaize-Girault et de la Chapelle-Hermier, était en 1509 capitaine d'Ancenis et marié à Catherine Eder. Il eut de son mariage de nombreux enfants dont le premier fut Bonaventure ; il eut une fille, Claude, qui, mariée à Blanchard de la Blancharday, apporta en dot le fief de la Musse en Couéron ; une autre fille mariée à Le Matz de Montmartin ; une autre mariée à Pennec de l'Auvergnac ; un fils, Guy, seigneur de Limarault qui n'eut qu'un enfant mort sans postérité ; un autre qui fut tué par Jean et Julien de Malestroit, seigneurs d'Oudon. Ceux-ci étaient de vie peu recommandable. Ils furent aussi accusés de fabriquer de la fausse monnaie. Pris et enfermés au Bouffay, ils furent jugés, condamnés et exécutés en 1526.

Bonaventure, l'aîné de cette nombreuse famille, épousa Françoise Pantin de la Hamelinière qui lui donna une fille, Françoise. Jusqu'alors la clause du mariage de Françoise de la Musse avec Jean Chauvin n'avait point été exécuté ; ce fut Bonaventure qui, en 1572, demanda à Henri III de prendre le nom de Bonaventure de la Musse.

Le siècle où vivait Bonaventure de la Musse fut le siècle de la Réforme.

Beaucoup de famille nobles s'y montrèrent favorables, plutôt par opposition à l'autorité royale qui les accablait de charges et les pressurait sans mesure.

En Bretagne, ce furent les Rohan qui s'en firent les plus puissants champions. Un seigneur de moindre renom, René de la Chapelle, la propagea et la défendit farouchement dans notre contrée. Nort, Blain, Châteaubriant furent les témoins de ses méfaits : à son approche, lisons-nous dans l'Histoire de Châteaubriant, il fallait fermer les églises, cacher en lieu sûr les ornements et les argenteries des fabriques.

A Ligné, la plupart des grandes familles embrassèrent les idées nouvelles.

Mais la famille qui adhéra avec le plus d'empressement à l'hérésie fut celle de la Musse. Bonaventure Chauvin, seigneur de la Musse, se rangea dès le début au côté du prince de Navarre dont il devint le chambellan. Sa fortune, sa vie, furent mises au service du protestantisme. D'un zèle extraordinaire, il contribua à la formation des pasteurs : il entretint, à ses frais, à Genève, François Oyseau, qui devint plus tard pasteur de la Roche-Bernard, puis de Nantes. En 1566, il mit sa maison de Chantenay à la disposition des protestants de Nantes qui venaient d'être chassés de cette ville.

Bonaventure créa au Ponthux une annexe de l'église protestante de Nantes, avec prêche tous les jeudis et tous les dimanches.

Il inculqua à ses enfants ses principes religieux et en fit des protestants militants. L'aîné, jeune encore, fut tué à Broüage en 1577, emporté par un coup de canon ; un autre décéda à Vendôme en 1591 revenant du siège de Paris.

Lorsqu'il mourut, en 1591, Bonaventure était gouverneur pour le roi de la ville de Vitré. Le pasteur, en marge du registre des sépultures, écrivit, montrant l'estime que ses coreligionnaires avaient pour lui : « Va-t-en au ciel, Bonaventure Chauvin ».

— Il avait eu un troisième fils, nommé David, « bon protestant », lisons-nous dans une histoire de la secte. Celui-ci mourut à Crozon, près de Brest, en 1595, en luttant contre les Espagnols. Il avait épousé à Vitré, en 1592, Philippote de Gouyon, fille du baron de la Moussaye, morte peu après ; puis le 27 novembre 1598, Sara du Bouays de Baulac. De celle-ci il eut un fils, nommé David comme lui, regardé comme une des gloires de l'église réformée. Une assemblée politique avait été convoquée à La Rochelle en 1622. Le roi qui luttait pour l'union et la concorde dans son royaume l'avait interdite avec menace de poursuivre comme criminels de lèse-majesté tous ceux qui y prendraient part. David bravant l'autorité royale s'y rendit. Le parlement de Bretagne, en exécution de l'édit, le condamna « à être traîné sur une claie au devant de la principale porte et entrée de Saint-Pierre de Nantes ; là, à genoux, faire amende honorable et requérir pardon à Dieu et aux hommes ; puis tiré démembré par quatre chevaux ». Le parlement ordonna aussi que le château de David fut démoli, les bois et la haute futaie coupés à hauteur d'homme. David échappa personnellement à l'arrêt du parlement, mais sa propriété et son château furent détruits. Quel était ce château ? Celui de la Musse en Ligné ? Non, il était en ruines. Selon certains historiens, ce n'était pas non plus celui du Ponthux, demeure principale de la famille mais plutôt celui de Chantenay.

Les La Musse protestants ne cherchèrent point à violenter les consciences, du moins leur action fut sans effet à Ligné sur une population profondément attachée à la foi de ses ancêtres. Aux registres du pasteur du Ponthux on ne voit aucun nom de Ligné.

David II ne tarda pas à rentrer dans les bonnes grâces du roi Vaurigaud, dans les Églises réformées de Bretagne, nous dit même que David fut créé marquis de la Musse le 26 septembre 1622, quelques mois après sa condamnation à mort. Il avait épousé en 1618 Anne de la Noue, de laquelle il eut César. Le registre du pasteur protestant du Ponthux contient l'acte suivant : « 2 juin 1646, contrat de mariage de messire César de la Musse, chevalier, baron du dit lieu, de Limauraud, Villeneuve, Moulin de Rieux en Nort, et autres lieux, demeurant en son château du Ponthux en Bretagne, fils de feu messire David de la Musse, chevalier, baron des dits lieux, et de Anne de la Noue, —et de demoiselle Urceline de Champagne, fille de défunt messire Louis de Champagne, comte de la Suze, et de feu dame Charlotte de Roye de la Rochefoucauld ». Quoique protestant, il présentait lui-même à sa chapellenie de la Musse. Il s'occupait activement de son domaine, revendiquait ses droits de patronage, de prééminence en l'église de Mouzeil « la dite église et cimetière étant sans contredit dans son propre fief de la Maloray au bourg de Mouzeil ». Il mourut en son château du Ponthux âgé de 55 ans. Il laissa plusieurs enfants : Olivier, fils aîné, protestant exalté, il fut chassé de France et mourut en Angleterre. — Marguerite : dans la fleur de sa jeunesse elle eut une mort fort édifiante. — Élisabeth-Henriette qui, le 27 mars 1678, âgé de 27 ans, se maria à Claude de Gouyon, baron de Marcé, âgé de 45 ans. Le fils aîné de ceux-ci, Amaury de Gouyon, s'unit en 1714 à Marguerite Boschier d'Ourxigné. Il décéda à 52 ans. Il ne fut pas enterré au Ponthux, n'étant pas de la religion réformée, mais au cimetière de Petit-Mars. Il laissa plusieurs enfants, dont l'aîné Amaury était qualifié marquis de la Musse-Ponthux, comte de Marcé. Marié en 1747 à Marie-Madeleine de Saint-Pierre, Amaury n'eut pas d'enfants. Le château du Ponthux fut sa résidence jusqu'en 1789. Ce fut lui le dernier seigneur de la Musse-Ponthux.

***

La chatellenie de la Musse avait une certaine importance. Elle s'étendait sur les paroisses de Petit-Mars, Mouzeil, les Touches, Ligné, Nort. Les droits du seigneur de la Musse sur Nort provenaient de sa seigneurie de Villeneuve achetée par David. Elle avait sous sa juridiction la totalité de la paroisse de Petit-Mars, les trois quarts de celle des Touches, les quatre cinquièmes de celle de Ligné dont les principaux fiefs étaient le Longeon, les Rochettes, Champagne, le Bourg, la Veillardière, Saint-Philbert, le Plessis, la Roiserie, la Briantière.

Dans tous ces fiefs le seigneur de la Musse recueillait de belles rentes, tant en deniers qu'en grains. Mais ces redevances féodales ne représentaient qu'une fraction minime de ses revenus auprès des droits d'entrée, d'issues de marchés et de foires qu'il possédait. Vers 1472, le sire de la Musse obtint du duc François II le droit de tenir une foire en Ligné, le 10 mai, près de la chapelle Saint-Mathurin (foire qui subsiste encore de nos jours). En 1665, Louis XIV ajouta beaucoup à ce droit féodal de tenir foires et marchés. Il accorda à César de la Musse, malgré l'opposition du baron d'Ancenis, les marchés et foires qui suivent — au bourg de Nort : un marché tous les vendredis, et trois foires, le 23 avril, le 6 août et le 11 novembre, outre celle déjà établie le 24 juin — au nouveau bourg de Petit-Mars (cy devant appelé Patience), un marché tous les mardis, et une foire le 8 septembre, outre celle du 10 août déjà établie — au bourg de Ligné une foire le 25 juillet — au bourg des Touches une foire le 1er mai, outre la foire ancienne de Saint-Mélaine — au bourg de Mouzeil une foire le 29 septembre (Grandes Seigneuries de Haute-Bretagne, de Corson).

La seigneurie jouissait d'une haute justice qui s'exerçait en son auditoire [Note : Auditoire : lieu où l'on écoutait les plaidoiries et où se rendait la justice] au bourg de Ligné. Les fourches patibulaires à quatre piliers se dressaient non loin du château sur la lande dénommée la Grande Lande de Ligné.

Pour rendre la justice, pour gérer les biens seigneuriaux, il y avait des hommes aptes à ces fonctions. Le sénéchal [Note : Sénéchal : officier fiscal qui était chef de justice, dans le territoire de son ressort] en était le principal. Nous trouvons exerçant cette charge Charles Baudouin, 1580 ; Charles de Pontual, 1700. Le procureur fiscal avait à peu près les mêmes pouvoirs. Procureurs : Gilles Thébaud de la Perrière, 1558 ; Charles Richard du Bourg, 1689 ; Guillaume Argand « propriétaire de Beaujouet », 1734 ; Jean Guitton du Bourg, 1763. Le sénéchal avait pour adjoint le sergent. Plusieurs ont été aperçus dans les actes habitant divers villages de Ligné : Georges Javet du Bourg, 1740 ; Pierre Chevreul, 1750, de la Thébaudière. Le sergent, comme l'huissier de nos jours, était chargé de percevoir les rentes, à savoir les divers impôts assignés aux achats et aux ventes, le droit de fisc sur les marchandises exposées dans les foires et marchés. C'était le sergent qui publiait les bans de ventes publiques. Le sénéchal avait aussi un greffier ou secrétaire. Rolland Belorde du Bourg, en 1682, est gratifié de cette appellation. Le seigneur de la Musse avait son représentant attitré ; il est désigné dans un aveu en 1680, Mathurin Belorde de la Bérangerie, allouée [Note : Alloué : homme étranger à un fief qui payait une redevance au seigneur pour jouir des mêmes droits que les ressortissants du pays] et lieutenant de la Musse.

Riche de ses droits féodaux, le seigneur de la Musse l'était aussi de ses biens personnels. Il possédait aux alentours du château, en ruines depuis longtemps, 120 boisselées de terre, une maison au bourg appelée « le logis du seigneur » ; les métairies nobles de la Chapaudière et du Jarrier, les étangs et moulins de la Grande Lande et du Chalonge et les moulins à vent de La Hamonière, de Ligné, de la Gasnerie et de la Douve. Il possédait en Petit-Mars, le Ponthux, le château. Il est décrit dans un aveu de 1612 : « C'était plusieurs corps de logis formant deux cours environnées d'une ceinture d'épaisses et hautes murailles avec leurs tours, espérons [Note : Ou éperons : fortification en angle saillant], pont-levis, porte et grille de fer, le tout enfermé dans la douve du dit château et la rivière d'Erdre qui y entre. Hors de la dite douve il a jardin, portail et dépendances ; plus une deuxième douve et fossés où entre encore la rivière d'Erdre ; et hors la dite deuxième douve il y a bois anciens, terres, prés et métairie du dit château ; et une troisième douve où entre encore la rivière d'Erdre ». Ce château était une véritable forteresse. En 1662, il n'y avait plus qu'un emplacement du château démoli. Fut-il renversé en exécution de l'arrêt du parlement contre David ou bien dans les guerres de religion ? Il fut reconstruit par le marquis de Gouyon en 1773. En outre du château, le domaine du Ponthux comprenait les métairies de la Porte, de la Pierre, de la Hardière et du Rouvrais, — l'étang et le moulin de la Fellière, — l'étang des Hannes, et le moulin à eau du Tertre, — les moulins à vent de la Chutte, du Jouneau et du Boisabeau, en Petit-Mars, — des Buttes et du Mont, en les Touches, — la forêt de Mars et les marais de l'Erdre, « le tout ensemble de longueur une lieue et demie, et de largeur trois quarts de lieue par plusieurs endroits ».

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La Musse ne fut pas le seul château qui exista en Ligné.

Un voyageur parcourant son territoire en 1420 dans une diligence de l'époque pouvait apercevoir dans les bas fonds, dans les bois, ou se profilant parfois sur l'horizon, les tourelles d'un grand nombre de châteaux. Près de Saint-Mars-du-Désert, ayant vue sur ce bourg et sur la vallée de l'Erdre, était le château de la Tréluère. Le possesseur en était Jean de Saffré.

C'était un homme de guerre qui servait fidèlement son prince. En 1437, il fut anobli en récompense de cette fidélité. Voici à titre de curiosité les lettres d'anoblissement qui lui furent conférées : « Jehan par la grâce de Dieu duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemont, à tous ceux qui verront ces présentes lettres salut... Comme à nous il appartient et pas à autres en notre duché anoblir, franchir et exempter de tous subsides, maisons et héritages à ceux de nos sujets qu'il nous plaît et qui bien l'ont servi... Considérant les bons offices que le dit seigneur nous a faits en temps passés en nos guerres et affaires, et que il est présentement en cette armée que avons mis sur les frontières de notre pays, par ces présentes l'anoblissons, franchissons, quittons et exemptons de tous fouages [Note : Fouage : redevance ou impôt payé par feu ou foyer — la taille était un impôt levé sur les personnes ou sur les biens ; elle devint royale en 1439 et permanente ; elle n'était payée que par les roturiers — l'aide : secours pécuniaires dus par un vassal et qui portait sur les marchandises], tailles, aides, emprunts et voulons que pour le temps avenir le dit herbregement soit réglé et gouverné noblement comme les autres nobles maisons du pays ».

Jean de Saffré devait « foy et hommage » au seigneur de la Musse. Cette seigneurie dura peu de temps. Vers 1480, le propriétaire de la Treluère était Jean le Texier. En 1570, les notaires Duvau et Thébaut possédaient plusieurs terres en ce lieu. En 1575, Me Francis Luzeau, marié à Nicole Duvau, habitait le lieu dit le château ; ce devait être l'habitation de l'ancien seigneur ou son emplacement. En 1608, Jean Lestoc, marié à Esther Luzeau, arrondissait considérablement les terres laissées par son beau-père ; il signait Jean Lestoc, sieur de la Vachonnerie.

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A un kilomètre environ de la Treluère, vers le Nord, dans un fond, à l'abri du vent glacial s'élevait le château de la Bouvetière.

1420 — Le seigneur du lieu est Messire Jean de la Rivière. Ses terres ne sont-elles pas assez grandes, ou la passion de la chasse l'aveugle-t-elle ? Ce qui est certain, c'est qu'il ne se gêne pas pour faire courir ses chiens, prendre lièvres et lapins sur les terres de son voisin, le seigneur de la Rochefordière... Un procès en découle ; la cour de Rennes constate et porte son arrêt, un arrêt bien paternel : « Messire de la Rivière, vous ne chasserez plus sur les terres de Messire Devay ; mais vous aussi Messire Devay vous ne chasserez plus sur les terres de votre voisin ». Jean de la Rivière en veut un peu à ce voisin qui a levé le lièvre. Il lui fait une malice ; il exhausse la chaussée de son étang et dans quel but ? « Pour submerger le pré qui est au-dessous du moulin de la Rochefordière et refouler les eaux de l'étang neuf dans la roue du moulin et de cette manière l'empêcher de moudre ».

Cette façon pour le moins originale de nuire à son voisin sera pendant de longues années cause de chicanes entre les deux seigneuries ; enfin, en l'année 1635, la réconciliation se fera devant les juges ; le seigneur de la Bouvetière s'oblige à tenir l'eau de ses étangs en tel état que les prés de la Rochefordière, situés au-dessous, puissent être découverts à l'avenir du 15 mars jusqu'au 10 juillet.

En 1519, la famille de la Rivière avait disparu pour faire place à la famille Dolle ; celle-ci posséda la Bouvetière jusqu'en 1634. A cette date, le seigneur était Benjamin de Vassault. En 1667, Benjamin de Vassault céda ses terres pour 20 500 livres à Richard Rousseau, sieur des Équiffières. Ce dernier maria sa fille en 1680 à Guy Le Texier. La famille Le Texier fut propriétaire de la Bouvetière jusqu'en 1724. A cette date, Deloyne, dit Deluyne ou de Luynes, habitait le château, qui semble avoir alors été rebâti. Il y avait plusieurs entrées monumentales, aujourd'hui fort délabrées et privées de leurs grilles en fer forgé. Durant la Révolution, la Bouvetière fut pillée avec son excellente bibliothèque contenant les oeuvres de Buffon. Le château servit de quartier général aux Chouans. Après la Révolution, Mlle Catherine de Luynes, née au Pont-Saint-Martin, le 19 septembre 1775, hérita de la Bouvetière où elle décéda le 31 octobre 1860. On peut voir au cimetière de Ligné sa belle stèle funéraire ornée d'un crucifix sculpté dans la pierre.

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Près de la Bouvetière, au nord-ouest, à mi-côte, s'élevaient les tourelles d'un autre château : la Martinière. Derrière lui s'étendait une taillis de 100 boisselées se prolongeant vers la Belière ; devant, à quelque distance était un étang alimenté par les eaux du ruisseau...

La seigneurie relevait de la baronnie d'Ancenis.

Elle possédait en propre peu de terres. Les terres de la Riallenière lui appartenaient : c'était là son lieu de justice. Un jour, en l'année 1600, un homme, Jean Le Gal, reconnu coupable d'homicide par les juges de la seigneurie faillit y être pendu ; la cour de Rennes revisa la sentence et Jean Le Gal fut condamné aux travaux forcés à perpétuité sur les galères royales.

Les droits seigneuriaux de la Martinière s'étendaient sur quelques terres aux alentours. Y étaient assujettis : Pelliène de la Riétière (1490) qui donnait 8 boisseaux, Guillaume Parvis du fief Richard (1440) qui versait 12 boisseaux, 3 de plus que son père qui, en 1380, versait 9 boisseaux. Jean de la Lohérie de la Pirouaudière, qui payait 20 sols. Ce nom de Pirouaudière n'existe plus ; l'aveu dit : Pirouaudière ou Pré-Barrais. En 1500, Jean Le Cercler, qui possédait plusieurs boisselées sur le fief de la Jaminière, payait aussi quelques sols.

En 1551, Guillaume Bonnevrier, le frère de messire Bonnevrier, prêtre, offrait 4 sols pour quelques arpents situés sur la Sensive de Montremais. Qu'est-ce : Montremais ? Le Mourmas d'aujourd'hui. Voici messire Le Clerc, prêtre, même date 1551, qui, pour des terres situés au fief Colin-Jean, verse 4 boisseaux. Ce fief se nommait ainsi du nom de l'habitant ; il se nomma ensuite Colinière.

Quelques autres terres aussi dépendaient de la Martinière ; elles étaient situés à la Sepelière.

Les propriétaires de ce domaine furent : Guillaume de Montigné, 1390 ; Jean de Montigné, 1420 ; Olivier Hamon marié à Jeanne de Montigné ; Françoise Hamon, 1556 ; Pierre Mignot, procureur au parlement de Bretagne, marié à Marie Hauveix, 1563 ; Georges Mignot, marié à Claude de Monty, 1593 ; Ecuyer Robert Le Bouhier, marié à Marie Le Mignot, 1618 ; Chevalier Louis de la Rochefoucault, marié à Marie Le Bouhier, 1633. Quelques années plus tard, la Martinière dépendait de la Rochefordière.

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A l'est de la Martinière, ayant accès par une longue et somptueuse allée au chemin de communication entre Ligné et Saint-Mars, voici le château de la Rochefordière. Maison de grande importance. Rien n'y manquait. Chapelle domestique, chapelle avec enfeu [Note : Enfeu : du verbe enfouir, caveau funéraire] dans l'église paroissiale de Ligné, garennes où lapins et lièvres vivaient en liberté, colombiers aux nombreux pigeons... trop nombreux : ils causaient du dommage aux récoltes, ce dont se plaignaient les vassaux en 1580 ; étang dont les eaux faisaient tourner la roue d'un moulin ; fûtaie aux chênes majestueux. Au XVIIIème siècle, elle reçut visite de Lebrun, « Maître charpentier, porte manteau du Roi » [Note : Officier ou fonctionnaire, chargé de porter le manteau royal]. Il venait chercher des bois propres à servir à la construction des vaisseaux de Sa Majesté.

Elle possédait aussi un lieu de justice. Elle avait droit, comme la Martinière, de haute, basse et moyenne justice. En 1575, une femme, voleuse de 500 écus d'or et de deux diamants, avait été condamnée à être pendue. Le tribunal de Rennes réforma la sentence, elle fut condamnée à être fouettée, plus aux dépens et à la confiscation de ses biens.

Le château en 1380 était possédé par « Mons. Jahn de Saint-Philbert ». En 1392, par « Madame Michelle des Touches et son fils Jahn Labbé ».

Cette famille Labbé, ou du moins une branche de la famille était propriétaire des Yonnières en Saint-Mars-du-Désert. En 1463, un Jean Labbé, chambellan du duc de Bretagne, eut maille à partir avec les gens de Saint-Mars. Ceux-ci avaient brisé son banc dans l'église paroissiale et avaient arraché les pierres où étaient ses armoiries.

Le seigneur en appela au duc François II, faisant valoir un titre qui remontait à plus de 300 ans, d'où découlaient ses droits honorifiques en l'église de Saint-Mars. Le duc le réintégra dans la jouissance de ses droits, et ordonna aux juges de Nantes de poursuivre les coupables.

La famille Labbé de la Rochefordière vendit ses terres à un seigneur d'Oudon nommé Jean Devay. Vers 1480, le fils de celui-ci, Pierre Devay, et dame Marie Lebel, son épouse, viennent habiter le château. Pierre Devay meurt jeune. Sa femme reste aux prises avec de grandes difficultés, en butte à l'animosité de son puissant voisin, le seigneur de la Musse. Elle défend ses droits avec opiniâtreté ; la querelle s'envenime de plus en plus ; en 1520, elle a la douleur de voir son fils François, marié à Marie Duvernay, tué par les gens de Guillaume Chauvin de la Musse.

François Devay eut un fils, Guillaume, qui vivait encore en 1575. Guillaume s'était marié, et de ce mariage était né Claude. C'est l'époque où la guerre religieuse ravage la France, où royalistes, huguenots, ligueurs, se font une guerre farouche. A quel parti appartient Claude Devay ? A coup sûr, il n'est pas ligueur. Le 15 avril 1590, le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, prend des informations relativement à la maison de la Rochefordière ; il s'assure qu'elle appartient à « un qui est du parti contraire à la sainte union des catholiques ». Il charge alors le sieur de la Bilière, et un nommé La Salle, de s'emparer du château avec le concours de 10 soldats, afin qu'il ne tombe pas aux mains des ennemis des catholiques.

Au reste, les familles nobles des environs : la Musse, la Martinière, étaient imbues de la doctrine nouvelle de Luther. En 1596, les seigneurs de ces deux maisons, avec celui de la Rochefordière et plusieurs autres tiennent un conciliabule au Ponthux qui était alors une maison forte.

Voici brièvement les successeurs de Claude Devay : David Devay, 1615, marié à Suzanne du Hardatz ; Jacques Devay, fils du précédent, marié à Anne de la Poëze. En 1645, Antoine Hubert de Lasse, conseiller au parlement de Bretagne, marié à Suzanne du Pont, achète la Rochefordière pour 39 000 livres... Vers 1700, Agathe-Eulalie Hubert de Lasse se marie à Charles de la Moussay. François de la Moussay vend ses terres à la famille qui les possède actuellement, Pavret de la Rochefordière.

Cette famille était établie depuis longtemps au pays Nantais. En 1580, naissait à la Chapelle-sur-Erdre « Maître Jean Pavret ». Il se maria à Marguerite Langlois. Il eut 9 enfants, parmi lesquels :

Maître François Pavret, sieur du Meslier, en Grandchamp, né en 1626. Il épousa Mathurine Soullaz, de laquelle il eut 7 enfants, dont :

Jean Pavret, sieur de la Chabossonnière en Grandchamp, né en 1654, époux de Isabelle Leloup. Il eut 8 enfants, parmi les-quels :

Gabriel Pavret, sieur de la Chabossonnière, né en 1683, marié à Anne Janvier qui lui donna 7 enfants, dont :

Messire Pierre Pavret, né à Grandchamp en 1724. Vers l'âge de 30 ans, il partit pour l'Amérique. Il s'installa en l'île Saint-Domingue. Ils n'étaient pas rares à cette époque les hommes de Ligné qui allaient « aux Amériques » comme colons ou comme marins. En ce temps, le Plessis et Vieillevigne appartenaient à deux capitaines de navires marchands : Charles Legris, Pierre Taon.

Pierre Pavret posséda un nombre important de propriétés, de plantations. Mais cette fortune fut perdue par suite de la révolte des noirs. Revenu en France, il vivait à la Drouaire en Saint-Mars-du-Désert. En 1770, il acquit, du comte de la Moussais, la terre et seigneurie de la Rochefordière et de la Martinière. Il travailla sa propriété : c'est lui qui fit planter la magnifique avenue de chênes qui conduit au château. En 1775, il se maria avec Jeanne Dougé du Tertre en Saint-Mars-du-Désert. L'année suivante, il vit son château incendié ; il le rebâtit en 1777. Messire Pierre Pavret de la Rochefordière mourut à Nantes en 1789. Il eut trois fils :

Pierre Gabriel, né à Ligné en 1777, prit part aux événements de la Révolution avec son frère cadet, Pierre-Gabriel Pavret de Bel-Air. Plus tard, le troisième, François-Pierre-Gabriel Pavret de la Joliverie, se signalera comme capitaine lors des troubles de 1832 dans l'Ouest. Pierre Gabriel, l'aîné, s'était marié en 1814 à Marie-Sophie Terrien, de la Haye en Vallet. Parmi ses enfants :

Amédée-Pierre naquit à la Chauvelière en Saint-Julien-de-Concelles, en 1817. Il habitait la Chauvelière, mais faisait de nombreux séjours au château de la Rochefordière. Il se maria en 1859, à Noirmoutier, à Antonie Jacobsen de la Crosnière. Il mourut à Nantes, en 1882. Parmi ses enfants citons :

Marie-Gabriel, né à Nantes en 1862, propriétaire du château de la Rochefordière. De son mariage avec Marguerite-Marie Heurtaux il eut pour enfants :

A. — Gonzague-Guy-Anne-Marie-Joseph, né à Nantes, janvier 1893. En 1918, il commandait une escadrille de chasse « Spad 94... ». Mort en combat aérien inhumé au cimetière de Ligné.

B. — Maurice-Anne-Marie-Joseph, né à Nantes, novembre 1893.

C. — Anne-Marie, née à Nantes, décembre 1894, devenue carmélite en 1951.

D. — Hervé-André-Marie-Joseph, né au château d'Yseron, en Vallet, 1896. Marié à Sabine de Nanteuil. Ils eurent pour enfants : Guy — Annick, mariée au comte Derevitsky — Luc —Hubert — Colette, mariée à M. le Loup. Le Docteur Guy épousa Elisabeth Haëntgjens. Leurs enfants sont : Olivier (+ 1958) — Brigitte — Régis, marié à Violaine Bordeaux-Montrieux, et père de Ségolène et de Soizic — Dominique — Antoine. Pendant la Guerre 1914-1918, il conquit par sa magnifique conduite les grades de sous-lieutenant, lieutenant, capitaine ; il fut décoré de la Légion d'honneur ; il eut 7 citations. Au livre d'honneur du 152e R.I., il est plusieurs fois fait mention d'Hervé de la Rochefordiere que l'on qualifie « le plus jeune officier et aussi le plus brave ». Il avait 21 ans.

E. — Gonzague-Gabriel-Marie-Joseph, né à Nantes, octobre 1898.

F. — Monique-Thérèse-Marie-Joseph, née à Nantes, juillet 1911, mariée en mai 1944 à Jean du Merle.

La famille Pavret de la Rochefordière blasonne « D'argent au chevron de gueules, accompagné de 3 étoiles de même, 2 en chef, 1 en pointe ».

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Il y avait à Ligné d'autres seigneuries, maisons nobles, manoirs.

La Veillardière. — Cette maison était située près de la Contrie, au bas de la vigne de la Cure. Un ancien du village, il y a 25 ans, racontait que son père, dans sa jeunesse, avait vu là de vieux pans de murs, et que, creusant la terre aux alentours, la charrue rencontrait de nombreuses pierres de construction. Cela explique la largeur et la rectitude du chemin situé à l'est de ce lieu, et qui rejoignait l'ancienne et unique voie de communication de Ligné au Boulay : c'était évidemment une allée de la demeure. En 1700, cette demeure n'existait plus. Quels en furent les propriétaires ? Il est dit dans un aveu de 1767 que le sieur de la Morinière (un étranger au pays) payait une redevance à la baronnie de la Musse pour des terres situées au fief de la Veillardière.

Maison du Pas-Richeux. — Le Pas-Richeux fut d'abord habité par des officiers de la Musse : Amiot, procureur, 1550 ; Baudouin, sénéchal, 1580. Puis vint la famille de Pontual vers 1670. Cette famille, originaire de Saint-Malo, s'était d'abord établie à La Haye en Sucé, ensuite en Ligné. En 1680, Jean de Pontual, écuyer, et Jeanne Fouchard son épouse, eurent 4 enfants au Pas-Richeux : Jean ; Yves, plus tard marié à Maisdon à Rose Pineau ; Jean-Baptiste ; Jean-Marie, « mort sur mer ». En 1698, vivait au Pas-Richeux, Yves de Pontual, seigneur de Jouvante ; en 1720, René de Pontual, ancien recteur de Saint-Hilaire-du-Bois.

Il existait au bas du bourg, sur le côté droit de la route de Mouzeil, une maison noble dont on ignore le nom. Une partie de la tourelle subsiste encore. Ce devait être la demeure de la famille de Fleuriot. Nos registres parlent de Jean de Fleuriot, 1682 ; d'Alexandre de Fleuriot, 1707 ; de Barbe de Fleuriot, mariée à l'écuyer Charles de Pontual après 1700, et qui eut pour enfants : Reine, Elisabeth, Marie. En 1825, un de Fleuriot était percepteur à Ligné.

Maison de la Perretterie. — Là, de très vieille date, il dût y avoir une habitation. Ne serait-ce pas en ce lieu qu'était autrefois la maison du baron de la Musse appelée « le logis du seigneur » ? La maison actuelle a dû être élevée par des Bretons venus aux pays, les K'Martin, apparentés au grand saint de Bretagne ; saint Yves. Il est fait mention, vers 1706, de Henri de K'Martin et de ses enfants. En 1750, François de K'Martin se mariait à Marie de Pontual. En 1805, Henri de K'Martin était adjoint au maire de Ligné. Une demoiselle de K'Martin, née vers 1800, mariée à de Fleuriot, eut une fille, Adeline, qui épousa plus tard Edmond de Carheil. La demeure a changé de propriétaire.

Maison de la Chênaie. — Les premiers habitants du lieu furent vers l'an 1450, Jean Jochaud et Jeanne Ménoret. Ils eurent pour enfants entre autres : Jacques Jochaud, marié à Jacqueline Aubin. Jacques eut une fille nommée Jeanne qui devint l'épouse de Pierre Jua. Martine, fille de Pierre, se maria à Julien Letort. En 1560, la famille Letort habitait la Soudairie. A cette date, elle établit le légat du Buron. Julien Letort eut un fils qui devint prêtre : Gilles, mort à 24 ans, en 1635. Il eut un autre fils nommé Marc qui devint l'époux de Madeleine Hauveix. Un des fils de ceux-ci, Louis, marié à Guillemette Pavageau des Places, en Saint-Mars-du-Désert, était huissier à la Chambre des Comptes. Il est dit (insinuations. [Note : Registre indiquant les actes de propriété, les droits de mutation]) que Louis Letort, possesseur du légat du Buron y fit construire une « grande maison » qu'il appela Chênaie. Est-ce à croire que la vieille demeure ne s'appelait pas la Chênaie ?

Une de ses filles, Thérèse, en 1722, était mariée à Pierre de Fagondo, huissier lui aussi, à la Chambre des Comptes. Leur fils Charles de Fagondo, s'unit à Julie Lebeau du Bignon. Fille de Charles de Fagondo, Julie, mariée à Paul Babin des Ardillers. Fils de Paul Babin, Paul marié à Demoiselle Merland (Vendée). Fils de Paul Babin, Paul-François, marié à Catherine Ruilliers du Plessis, et en second mariage à Marie Boulonnais de Saint-Simon, 1775. Fils de Paul-François Babin, Paul-Joseph, marié à Odile de Saint-Sers, 1801. Fille de Paul-Joseph Babin, Odile, mariée à François du Ponceau, 1818. Fils de François du Ponceau, Auguste, marié à Berthe de Lavoyrie, 1853. Fille de Auguste du Ponceau, Marie, mariée à Le Gallic de Kérizouet.

Maison de Saint-Philbert. — C'était une propriété du seigneur de la Rochefordière en 1437. A cette date, il y eut échange entre celui-ci et N.-H. Colin possesseur des Rablais : de la Rochefordière donnait Saint-Philbert à N.-H. Colin qui en retour lui cédait les Rablais. En 1507, François Rozier est désigné seigneur de Saint-Philbert. Le maître de Saint-Philbert en 1651 est Chevery ; en 1700, Jean Beauchêne, marié à Marie Bidon. Le fils de ceux-ci, Gabriel, était marié à Monique Boulonnais.

Maison du Fayau. — que desservait une chapelle dédiée à saint Philippe et saint René. En 1686, le maître de la demeure était M. Jochaud. En 1689, c'était l'écuyer Isaac Jouin, marié à Marie Mazureau. A cette date, leur fils Mathurin fut baptisé à Nantes, en l'église de Notre-Dame.

Maison du Puits-Salé. — En 1680, le possesseur en était l'écuyer Julien Cosnier, marié à Hélène de Marzole.

Maison du Hardas. — Dans un aveu de 1515, l'on voit que l'épouse de David Devay, seigneur de la Rochefordière, se nommait Suzanne du Hardas. Dans un autre aveu, il est fait mention de l'écuyer François du Hardas, tuteur des enfants Devay.

Maison de Beaucé. — En 1612, elle était possédée par Jeanne de Bailleul, dame René Chenu, sieur de la Fetelière ; en 1635, par Charlotte de Beaucé ; en 1667, par Louise Macé, dame de Cadaran.

Maison du Mesnil. — En 1445, Aliette de Bailleul, dame Colin y demeurait. Bailleul portait en ses armes : D'azur au lion d'or, la queue nouée et passée en sautoir. En 1559, Jean Colin habitait la demeure ; en 1612, Mathurin Fournier ; en 1667, Marie Lorido ; en 1676, meurt N.-H. Claude Berthelot du Mesnil. En 1793, une vieille dame Berthelot vivait au Mesnil.

Maison de la Clergerie. — En 1609, le domaine appartenait à Gilles Thébaud, sieur du Plessis en Joué ; de 1617 à 1667, à l'écuyer Cosnier ; en 1680, à l'écuyer René Cosnier, époux de Marie Lebeau ; en 1711, à Alexis Cosnier, qui à cette date, présente son candidat à la chapellenie des Cosnier.

Toutes ces maisons ont disparu : Veillardière, Pas-Richeux, Chênaie, Saint-Philbert, Fayau, Puits-Salé, Hardas, Beaucé, Mesnil, Clergerie. Il ne reste plus que la maison du Ponceau.

Maison du Ponceau. — Vieille maison plus importante, dont les premiers maîtres nous sont inconnus. Au registre des sépultures, est inscrit l'acte suivant : « le vingt septième jour de Janvier mil cinq cent quatre vingt trois, a été enterré dans l'église de Ligné N. H. (noble homme) Jean du Ponceau ». En l'année 1585, Paul du Ponceau, fils probablement du défunt, revendique son droit à la possession d'un banc dans l'église. De 1625 à 1635, Messire Antoine du Ponceau, recteur d'Abbaretz, vient souvent aux baptêmes, aux mariages, aux sépultures de ses amis. Puis s'éteint la famille du Ponceau.

Les héritiers ou acquéreurs du domaine furent les Biré, seigneurs de Lestang.

En 1652, Marguerite Biré, veuve de Jean Macé, seigneur des Yonnières, le vendit à Mathurin Paris, seigneur de Soulanges. Mathurin Paris acheta ce domaine « tant en son nom qu'en celui de sa compagne Judith Gabard, veuve de Pierre Toublanc, seigneur de la Bouvardière ». Pierre Toublanc et Judith Gabard avaient eut un fils, Hardouin. C'est ce fils qui fut mis en possession du domaine du Ponceau, et en devint le seigneur. Les Toublanc étaient originaires du pays nantais. Ils étaient en général conseillers du Roi, au parlement de Bretagne. Ils habitaient Rennes ; ils habitaient également la Maison noble de la Bouvardière en Saint-Herblain. Toublanc du Ponceau porte dans ses armes : « D'argent aux larmes de sable, 2 et 1 du Ponceau ».

Voici les châtelains successifs du Ponceau :

Hardouin du Ponceau et Jeanne Boux, 1677. Fils de Hardouin du Ponceau, Yves, marié à Renée Le Sénégaller. Fils de Yves du Ponceau, Yves-François, marié à A. de Baye en 1789. Fils de Yves-François du Ponceau, François, marié à Odile Babin des Ardillières, 1818. Ce fut lui qui, en 1847, reconstruisit la maison sur le même emplacement que l'ancienne.

Fils de François du Ponceau, Auguste, marié à Berthe de Lavoyrie, 1853. Fille de Auguste du Ponceau, Valentine, mariée à Gilbert de Ponsay, 1875. Cette famlle porte pour armoiries : De gueules au chevron d'or au lion de même armé et lampassé de gueules. Fille de Gilbert de Ponsay, Odile, mariée à François de l'Estang du Rusquec. De l'Estang du Rusquec porte dans ses armes : Écartelé aux 1 et 4 d'or à la coquille de gueules qui est l'Estang ; aux 2 et 3 losanges d'argent et de sable, qui est Rusquec. M. et Mme François de l'Estang du Rusquec eurent pour enfants : Louis, né en 1917, marié en 1941 à Paule de La Jousselandière — Myriam, née en 1920, mariée en 1952 à Gilles de l'Espinay — François, né en 1923, décédé en 1934 — Gérard, né en 1924, marié en 1951 à Elisabeth de La Rochemacé. Ce sont eux qui habitent le Ponceau — Antoine, né en 1926, prêtre en 1952, à La Rochelle.

A côté de ces maisons nobles, il y avait un grand nombre de maisons bourgeoises. Ces familles avaient grandi, pour la plupart, à l'ombre de la baronnie de la Musse, qui avait pris chez elles ses sénéchaux, procureurs, notaires et greffiers.

Notables du pays, citons :

A la Bérangerie, — Claude Belorde dont l'épouse Louise Baud fut enterrée en la chapelle de la Trinité, 1645. Mathurin Belorde, lieutenant de la Musse, 1690. Les Belorde sont parfois qualifiés seigneurs de la Bérangerie.

A la Treluère, — Marie Duvau, 1620, peut-être dans l'ancien manoir de Jean de Saffré. L'étang Devau était une propriété de la maison.

A la Chauvelière, — Guillaume Duvau, 1638. René Duvau en 1665 présente son candidat à la chapellenie de la Trinité. N. H. Duvau est présent à la démission du recteur Georges Moreau en 1683.

A la Perrière, — Georges Thébaud, procureur fiscal de la Musse en 1580.

A la Soudairie, — Olivier Letort, décédé en 1636. Jean Guitton en 1696. Jean Guitton en 1737.

Au Plessis, — Charles Legris, marié à Marie Taon, capitaine de navire marchand en 1660. N. H. René Deloumeau, sieur des Bouclières ou Boucquelières, 1650-1710.

A Vieillevigne, — N. H. Pierre Taon, marié à Marguerite Bizeul, capitaine de navire marchand, apparaît en 1707 à la prise de possession de la cure de Ligné par Maître Pierre Blanchard. N. H. Claude Taon possesseur de la chapellenie du Fayau en 1659.

Au Chalonge, — N. H. Claude Guignard, 1660. Une de ses filles, Marie Guignard, était mariée en 1710 à Nicolas Dussable, fils du notaire Pierre Dussable ; une autre, Catherine, avait épousé, entre 1700-1710, Urbain Besson, frère ou neveu de messire Besson, recteur de Ligné. Urbain Besson habita le Chalonge.

Au Pas-Richeux, — Il y eut un recteur, messire Amiot, 1583, originaire de ce village. Son père était procureur fiscal de la Musse. Il y eut aussi au Pas-Richeux N. H. Charles Baudouin, sénéchal, 1580 ; Charles Baudouin, 1660.

A la haute Roche, — Jean Duvau, 1612.

Au bourg, — Entre autres, Claude Duvau à la maison de la Sensive, en 1769. Cette branche de la famille Duvau habita la Sensive jusqu'en 1805.

Pierre Guitton, procureur fiscal, 1767. Il donna son nom à cette partie du bourg bordant la route de Mouzeil, appelée la Guittonnerie.

Guillaume Argand, 1737, notaire et procureur, demeurant en sa maison « le Beaujouet ».

(abbé Eugène Durand).

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